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GéoPolitik - Page 7

  • État islamique

    État islamique : Téhéran très critique sur le rôle joué par l’Occident

         
    • Publié le : mercredi 1er octobre

    Alors que les raids aériens de la coalition menée par Washington se poursuivent en Syrie et en Irak, des hauts représentants des forces armées iraniennes ont tenu à prendre la parole.

    Le commandant en chef des forces terrestres des Gardiens de la révolution islamique, le général Mohammad Pakpour, a fait un certain nombre de révélations aux médias concernant la défense de son pays.

    Tout en soulignant que les drones actuellement en dotation dans les forces armées « survolaient nuit et jour, 24h/24, les frontières est et ouest du pays », il a indiqué que « la mission jihadique des Gardiens consiste à renforcer notre autonomie militaire et donc les forces des Gardiens de la révolution travaillent actuellement sur la fabrication d’un nouveau type de drone de combat, et nous avons déjà procédé à des tests réussis ». Il a précisé que ce drone de combat serait équipé de missiles RPG.

    Le commandant de l’armée de terre, le général Ahmad-Réza Pourdastan a quant à lui évoqué les menaces que l’État islamique fait planer sur la région et rappelé que le renseignement suivait de près les mouvements des groupes terroristes takfiris en Irak et en Syrie et se tenait prêt à leur porter des coups sévères dans le cas où ils franchiraient « des lignes rouges qui sont très loin de nos frontières ».

    Au sujet du « grand Satan » états-unien, il a déclaré que l’objectif principal de ce pays restait de lancer une guerre contre l’Iran, mais qu’à défaut d’avoir eu une opportunité d’agression décisive, le Pentagone avait attaqué l’Irak et l’Afghanistan dans le but d’engendrer des transformations nécessaires avant d’affronter l’Iran. Il a rappelé que les États-Unis étaient confrontés à de nombreux défis : des dépenses militaires colossales, des troupes démotivées, un peuple mécontent et une opinion internationale très critique, les poussant à changer de stratégie :

    « Ils ont mis à leur ordre du jour la guerre par procuration. Aujourd’hui, Daesh fait la guerre pour des États-Unis. Daesh n’est pas du tout l’objectif de la coalition mise en place par les États-Unis. Mais ils ont constaté que Daesh ne peut réaliser ses objectifs et se sont rendus sur le terrain pour renforcer leur présence. »

    Le général Pourdastan a tenu à rassurer le peuple iranien :

    « Compte tenu des difficultés auxquelles sont confrontés les États-Unis, nous ne sommes pas exposés à une menace étrangère. Toutefois l’essentiel des menaces vient des groupes terroristes takfiris, face auxquels nous avons pris les mesures nécessaires. En tenant compte des actions de l’armée et du peuple irakien, il sembler que cette menace sera éliminée par le peuple et l’armée irakienne. »

    En visite à Beyrouth mardi, Ali Shamkhani, chef du Conseil suprême de la sécurité nationale d’Iran fait savoir que son pays allait octroyer une aide militaire au Liban afin que le pays du cèdre puisse lutter efficacement contre les incursions de combattants de l’État islamique. En marge des échanges qu’il a eus avec des officiels libanais, il n’a pas hésité à qualifier la coalition internationale contre Daesh d’« infecte » et d’« imposture », et a lancé :

    « Qui est l’État islamique ? Qui l’a financé et qui a formé ses éléments ? Qui a préparé une scène propice à son émergence en Syrie ? L’Occident et ses amis en sont responsables ! [...] Les frappes aériennes sans action sur le terrain n’ont pas de valeur. Les militaires en sont tout à fait conscients. »

    Le responsable iranien s’est rendu aujourd’hui en Syrie est a rencontré le président Bachar al-Assad et lui a assuré du soutien indéfectible de son pays, tout en fustigeant à nouveau l’Occident :

    « Les frappes américaines [en Syrie] sont illogiques et inacceptables. Cette coalition est une mascarade ridicule. La lutte contre le terrorisme ne peut pas être menée par des États qui ont contribué à établir les organisations terroristes, qui leur ont fourni le soutien logistique et matériel, et ont répandu le terrorisme dans le monde. »

    Ces interventions ont lieu alors qu’aujourd’hui, le Premier ministre du régime sioniste, Netanyahu, a rencontré Barack Obama pour exiger que les États-Unis ne fassent aucune concessions sur le dossier du nucléaire iranien et ne coopèrent en aucune manière avec Téhéran dans le cadre de la campagne contre l’État islamique.

  • La lutte contre l’EI, un écran de fumée

    La lutte contre l’EI, un écran de fumée pour masquer la mobilisation US contre la Syrie et l’Iran

     
    ISIS_Iraq

    La menace de l’EIIL, ou EI, est de la poudre aux yeux. La force de l’EIIL a été délibérément gonflée pour que le public soutienne le Pentagone et pour justifier les bombardements illégaux de la Syrie. Elle est utilisée également pour justifier la mobilisation de ce qui apparaît de plus en plus comme un déploiement militaire massif, dirigé par les États-Unis, au Moyen-Orient. La puissance de feu et les moyens militaires engagés dépassent ce qui est nécessaire pour combattre les escadrons de la mort de l’EIIL.

    Alors que les États-Unis ont assuré leurs citoyens et le monde qu’aucun soldat ne serait envoyé sur le terrain, cela est très peu probable. C’est peu probable tout d’abord parce qu’il faut des soldats sur le terrain pour identifier et choisir les cibles. De plus, Washington considère que la campagne contre les combattants de l’EIIL va durer des années. C’est un double discours. Il s’agit en fait d’un déploiement militaire permanent ou, dans le cas de l’Irak, d’un redéploiement. Cette force pourrait être transformée par la suite en une plus grande force d’attaque qui menacerait la Syrie, l’Iran et le Liban.

    Un dialogue sur la sécurité entre les État-Unis et la Syrie et entre les États-Unis et l’Iran?

    Avant le début des bombardements américains en Syrie, des informations non vérifiées avaient commencé à circuler que Washington avait entamé, par l’intermédiaire de canaux russes et irakiens, un dialogue avec Damas pour discuter de coordination militaire et de la campagne de bombardements du Pentagone. Ces rapports avaient quelque chose d’étrange. Les agents de confusion étaient à l’oeuvre pour légitimer les bombardements de la République arabe syrienne.

    Les allégations d’une coopération entre les États-Unis et la Syrie par l’entremise de canaux russes et irakiens font partie d’une série d’articles d’intoxication et de désinformation. Les affirmations de coopération des États-Unis avec la Syrie ont été précédées d’affirmations similaires au sujet d’une coopération entre les États-Unis et l’Iran en Irak.

    Il y a quelques semaines, Washington et les médias américains avaient laissé entendre qu’un accord de coopération militaire avait été conclu entre Washington et Téhéran pour combattre l’EIIL et coopérer à l’intérieur de l’Irak. Cela avait été démenti catégoriquement et dénoncé comme de la désinformation par de nombreuses personnes de l’establishment politique iranien et par des commandants militaires iraniens de haut rang.

    Après que les Iraniens aient dit clairement que les affirmations de Washington étaient de la fiction, les États-Unis ont déclaré qu’il ne serait pas pertinent que l’Iran se joigne à une coalition anti-EIIL. L’Iran a réfuté tout cela. Washington était malhonnête et déformait les faits parce que les responsables américains avaient demandé plusieurs fois à Téhéran de se joindre à la coalition anti-EIIL.

    Avant de recevoir son congé de l’hôpital après une chirurgie de la prostate, l’Ayatollah Ali Khamenei, qui occupe le poste le plus élevé de la République islamique d’Iran, a déclaré à la télévision iranienne le 9 septembre 2014 que les États-Unis avaient demandé à trois reprises que Téhéran et Washington coopèrent en Irak. Il a expliqué que l’ambassadeur des États-Unis en Irak avait transmis un message à l’ambassadeur d’Iran en Irak dans lequel il demandait à l’Iran de se joindre aux États-Unis, alors que, dans ses propres mots, « le même [John Kerry]— qui avait déclaré devant les caméras et devant le monde entier qu’il ne voulait pas que l’Iran coopère avec eux— a demandé à M. Zarif [ministre iranien des Affaires étrangères de l'Iran] que l’Iran coopèrent avec eux sur cette question, mais M. Zarif a refusé cette [demande] ». La troisième demande a été faite par la sous-secrétaire américaine Wendy Sherman au vice-ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi.

    De plus, Khamenei a catégoriquement exclu toute coopération avec Washington sur la question. « Sur cette question, nous n’allons pas coopérer avec l’Amérique notamment parce qu’elle a les mains sales », a-t-il publiquement confirmé tout en expliquant que Washington avait de mauvaises intentions et des visées malveillantes en Irak et en Syrie.

    Comme la Russie, l’Iran soutient la Syrie et l’Irak contre l’EIIL. Tout comme Moscou, Téhéran s’est également engagé à combattre l’EIIL, mais ne se joindra pas à la coalition anti-EIIL de Washington.

    Nouvelle(s) invasion(s) et projets de changement de régime en préparation?

    Comme cela a été révélé le 20 juin 2014, pour Washington le gouvernement fédéral de Nouri Al-Malaki à Bagdad devait être écarté parce qu’il avait refusé de se joindre au siège américain de la Syrie, s’était aligné sur l’Iran, avait vendu du pétrole aux Chinois et avait acheté des armements à la Russie. La décision de l’Irak de participer à la construction du gazoduc Iran-Irak-Syrie a également contrarié les plans des États-Unis et de leurs alliés pour gagner le contrôle des flux d’énergie du Moyen-Orient et entraver l’intégration eurasienne.[1]

    Le gouvernement Al-Malaki à Bagdad a commis deux autres péchés capitaux impardonnables aux yeux de Washington. Cependant, ces offenses doivent d’abord être replacées dans leur contexte géopolitique.

    Souvenez-vous du slogan du gouvernement Bush II après le 11 Septembre, 2001, au début de sa série de guerres ? C’était le suivant: « N’importe qui peut aller à Bagdad, mais les vrais hommes vont à Téhéran ! » Ce que voulait dire ce slogan belliciste est que le Pentagone considérait que le chemin de Téhéran passait pas Bagdad et Damas.[2]

    Comme pour la Syrie, les péchés capitaux du gouvernement Al-Malaki sont liés au fait qu’il bloquait le chemin de Téhéran. En premier lieu, le gouvernement irakien avait expulsé le Pentagone d’Irak à la fin de 2011, ce qui avait forcé les États-Unis à retirer les troupes américaines directement stationnées à la frontière occidentale de l’Iran. En second lieu, le gouvernement fédéral irakien cherchait à expulser les militants iraniens hostiles et à fermer le Camp d’Ashraf, qui pouvaient être utilisés dans une guerre ou des opérations de changement de régime contre l’Iran.

    Le camp d’Ashraf était la base de l’aile militaire de l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI). L’OMPI est une organisation antigouvernementale iranienne qui a comme objectif le changement de régime à Téhéran. Cette organisation a même ouvertement appuyé les attaques menées par les États-Unis contre l’Iran et la Syrie.

    Bien que le gouvernement américain ait inscrit l’OMPI sur sa liste d’organisations terroristes, quand les États-Unis et la Grande-Bretagne, leur fidèle allié, ont envahi l’Irak, Washington a commencé à resserrer ses liens avec l’OMPI. Paradoxalement, les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient hypocritement utilisé le soutien de Saddam Hussein à l’OMPI pour qualifier l’Irak d’État soutenant le terrorisme et également justifier l’invasion anglo-américaine de l’Irak. Depuis, les États-Unis protègent l’OMPI.

    Depuis 2003, les États-Unis financent l’OMPI. Washington protège l’OMPI pour, d’une part, faire pression sur Téhéran et, d’autre part, se garder la possibilité de l’installer au pouvoir à Téhéran dans le cadre d’une opération de changement de régime contre l’Iran. L’OMPI a littéralement été incorporée à l’arsenal du Pentagone et de CIA contre Téhéran. Même après que les États-Unis aient transféré le contrôle du Camp d’Ashraf à Bagdad, le Pentagone a maintenu des troupes à l’intérieur du camp de l’OMPI.

    En 2012, les forces de l’OMPI ont été transférées à l’ancienne base militaire américaine de Camp Liberty, qui est maintenant appelé par un nom arabe, le Camp Hurriya.

    Le chef du bureau d’Istanbul du Christian Science Monitor, Scott Peterson, explique que les responsables américains ont commencé à réellement soutenir l’OMPI au début du printemps arabe en 2011. Ce soutien est lié aux rêves de changement de régime de Washington. Scott Peterson écrit que les responsables américains « parlent rarement du passé violent et anti-américain de l’OMPI et présentent ce groupe non pas comme des terroristes mais comme des combattants de la liberté ayant ‘des valeurs semblables aux nôtres’, comme des démocrates en attente prêts à servir d’avant-garde au changement de régime en Iran. »[3]

    Washington n’a pas abandonné ses rêves de changement de régime à Téhéran

    Washington n’a pas abandonné ses rêves de changement de régime à Téhéran. Est-ce une coïncidence que le soutien des États-Unis et de l’Union européenne à l’OMPI augmente alors que la menace de l’EIIL en Irak commence à recevoir une grande attention ?

    Le 27 juin 2014, 600 parlementaires et hommes politiques, pour la plupart des pays de l’OTAN, ont participé à un grand rassemblement de l’OMPI à Villepinte, en banlieue nord-est de Paris. La demande principale de ce rassemblement était un changement de régime en Iran. Des fauteurs de guerre et des personnalités sans scrupules comme l’ex-sénateur des États-Unis Joseph Lieberman, le porte-parole et apologiste d’Israël Alan Dershowhitz, l’ancien représentant du gouvernement Bush II et commentateur à Fox News John Bolton, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani, et l’ancien ministre français et ancien chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (MINUK) Bernard Kouchner ont participé à ce rassemblement de l’OMPI pour promouvoir la guerre et le changement de régime. Selon l’OMPI, il y avait plus de 80 000 personnes à ce rassemblement de changement de régime. Des partisans des insurrections en Irak et en Syrie étaient également présents au rassemblement de Villepinte et ont appelé à un changement de régime en Irak, en Syrie et en Iran.

    L’ironie est que cet événement a été financé probablement par le gouvernement américain lui-même. Les alliés des États-Unis ont probablement contribué aussi. Ce financement a servi aux activités de lobbying de l’OMPI auprès du Congrès américain et du Département d’État des États-Unis, qui fait du recyclage d’argent. Des gens comme Rudy Giuliani – probablement l’un des maires les plus détestés de l’histoire de la ville de New York jusqu’aux événements tragiques du 11 septembre – sont maintenant dans les faits des lobbyistes de l’OMPI. Selon le Christian Science Monitor, « un grand nombre de ces anciens hauts responsables américains – qui représentent l’ensemble de l’éventail politique – ont été payés des dizaines de milliers de dollars pour parler en faveur de l’OMPI. »[4]

    Rudy Giuliani participe aux événements de l’OMPI depuis au moins 2010. En 2011, il a réclamé publiquement un changement de régime à Téhéran et à Damas lors d’un rassemblement de l’OMPI. « Que diriez-vous si nous faisions suivre le printemps arabe par un été persan ? » a-t-il déclaré rhétoriquement.[5] Mais la phrase suivante de Giuliani montre bien que le soutien à l’OMPI est un produit de la politique étrangère des États-Unis: « Nous avons besoin d’un changement de régime en Iran, plus que nous en avons besoin en Égypte, ou en Libye, et tout autant que nous en avons besoin en Syrie ».[6]

    Le sénateur John McCain, partisan de la guerre et ami de Joseph Lieberman, n’a pas pu se déplacer, mais il s’est adressé par vidéo à ce rassemblement pour le changement de régime de la banlieue parisienne de Seine-Saint-Denis. Le représentant Edward Royce, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, a également envoyé un message vidéo d’appui à un changement de régime en Iran, tout comme le sénateur Carl Levin et le sénateur Robert Menendez.

    Des délégations importantes des États-Unis, de France, d’Espagne, du Canada et d’Albanie étaient présentes. En plus des personnes déjà mentionnées, parmi les participants américains au rassemblement du 27 juin 2014, il y avait:

    1. Newt Gingrich, ancien président de la chambre basse (Chambre des représentants) du Congrès bicaméral des États-Unis;
    2. John Dennis Hastert, un autre ancien président de la Chambre des représentants;
    3. George William Casey Jr., commandant de la Force multinationale en Irak qui a envahi et occupé l’Irak ;
    4. Hugh Shelton, cadre dans l’industrie des logiciels et ancien chef d’état-major des armées des États-Unis;
    5. James Conway, ancien commandant du Corps des Marines des États-Unis;
    6. Louis Freeh, ancien directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI);
    7. Lloyd Poe, le représentant des États-Unis qui est (1) membre de la Sous-commission sur l’Europe, l’Eurasie et les nouvelles menaces, et (2) Président de la Sous-commission sur le terrorisme, la non-prolifération et le commerce de la Chambre des représentants;
    8. Daniel Davis, membre de la Chambre des représentants des États-Unis (Illinois);
    9. Loretta Sánchez, membre de la Chambre des représentants des États-Unis(Californie);
    10. Michael B. Mukasey, ancien procureur général des États-Unis;
    11. Howard Dean, ancien gouverneur du Vermont;
    12. William Richardson, ancien secrétaire américain de l’énergie ;
    13. Robert Torricelli, ancien membre de la Chambre des représentants des États-Unis et ancien sénateur du Sénat des États-Unis; il est actuellement le représentant légal de l’OMPI en Irak;
    14. Frances Townsend, ancienne conseillère de George W. Bush Jr. pour la sécurité intérieure;
    15. Linda Chavez, ancienne directrice des relations publiques de la Maison-Blanche;
    16. Robert Joseph, ancien sous-secrétaire d’État qui a dirigé 1) le Bureau de contrôle des armements, (2) le Bureau de la sécurité internationale et de la non-prolifération et (3) le Bureau des affaires politico-militaires;
    17. Philip Crowley, ancien assistant-secrétaire d’État chargé des affaires publiques;
    18. David Phillips, ancien chef de la police militaire américaine qui a réorganisé la police irakienne et était responsable de la protection du camp d’Achraf et de la détention de Saddam Hussein;
    19. Marc Ginsberg, premier vice-président de la firme de relations publiques APCO Worldwide, ancien ambassadeur des États-Unis et ancien conseiller de la Maison Blanche pour la politique au Moyen-Orient.

    Comme la présence américaine, la présence française comprenait des personnalités politiques et des élus. En plus de Bernard Kouchner, parmi les participants notables de la France il y avait:

    1. Michèle Alliot-Marie, une femme politique française qui a assumé les portefeuilles ministériels de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères;
    2. Rama Yade, vice-présidente du Parti Radical, un parti conservateur français;
    3. Gilbert Mitterrand, président de la Fondation France Liberté, une organisation des droits de l’homme centrée sur les groupes ethniques comme les Kurdes, les Tchétchènes et les Tibétains;
    4. Martine Valleton, maire de Villepinte.

    D’Espagne, parmi les personnes notables présentes, il y avait:

    1. Pedro Agramunt Font de Mora, président du groupe parlementaire du Parti populaire européen (PPE) à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe;
    2. Jordi Xucla, président du groupe parlementaire Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe au Conseil de l’Europe;
    3. Alejo Vidal-Quadras, un homme politique espagnol et ancien vice-président du Parlement européen de l’Union européenne;
    4. José Luis Rodriguez Zapatero, ancien premier ministre d’Espagne (qui était accompagné de son épouse, Sonsoles Espinosa Díaz).

    Parmi les autres participants de pays euro-atlantiques, il y avait:

    1. Pandli Majko, ancien premier ministre de l’Albanie;
    2. Kim Campbell, ancienne première ministre du Canada;
    3. Geir Haarde, ancien premier ministre d’Islande;
    4. Ingrid Betancourt, ancienne sénatrice de la Colombie;
    5. Alexander Carile, membre de la Chambre des Lords britannique, la chambre haute du Parlement britannique;
    6. Giulio Maria Terzi, ancien ministre des Affaires étrangères de l’Italie;
    7. Adrianus Melkert, ancien dirigeant du Parti travailliste hollandais et ancien représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, en Irak.

    Non seulement le changement de régime a été discuté, mais la crise transfrontalière en Irak et en Syrie a été un sujet majeur de ce rassemblement. Fox News a donné une couverture médiatique spéciale à l’événement. Alors qu’en juillet, la direction de l’OMPI avait condamné le soutien de l’Iran au gouvernement fédéral irakien dans sa lutte contre l’EIIL, depuis que les États-Unis ont commencé à combattre l’EIIL elle a choisi de se taire.

    Avant ce rassemblement sur le changement de régime, la dirigeante de l’OMPI, que l’OMPI a désignée comme future présidente de l’Iran en 1993, a même rencontré à Paris, le 23 mai 2014, le chef du Conseil national syrien fantoche, Ahmed Jarba, pour discuter de coopération.

    Changement de régime à Damas par « dérapage de la mission » en Syrie

    La campagne de bombardement des États-Unis en Syrie est illégale et une violation de la Charte des Nations unies. C’est pourquoi le Pentagone a pris soin de déclarer que cette campagne de bombardements, dirigée par les États-Unis, était motivée par la menace d’une attaque « imminente » sur le territoire des États-Unis. Cette allégation destinée à donner une couverture légale aux bombardements du territoire syrien vient d’une interprétation déformée de l’Article 51 de la Charte de l’ONU qui autorise un pays membre de l’ONU à attaquer un autre pays si une attaque imminente contre un pays membre de l’ONU par ledit pays est sur le point d’avoir lieu.

    Barack Obama et le gouvernement américain ont fait de leur mieux pour semer la confusion et brouiller la réalité par une série de différentes mesures destinées à légitimer la violation du droit international que sont leurs bombardements de la Syrie sans l’autorisation de Damas. Bien que l’ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Samantha Powers, ait informé le représentant permanent de la Syrie auprès de l’ONU que des frappes, dirigées par les États-Unis, allaient avoir lieu sur le gouvernorat de Racca, informer Bashar Al-Jaafari par une notification formelle unilatérale ne peut être considéré comme recevoir le consentement légal de la Syrie.

    Les frappes, sous commandement des États-Unis, contre la Syrie n’ont pas non plus l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU. Cependant, le gouvernement américain a essayé de faire passer la réunion du Conseil de sécurité du 19 septembre 2014, que John Kerry a présidée, comme un signe que le Conseil de sécurité des Nations unies et la communauté internationale appuyaient sa campagne de bombardements.

    Ce n’est pas non plus une coïncidence qu’au moment même où les États-Unis formaient leur coalition multinationale pour combattre l’EIIL et son pseudo califat, John Kerry mentionnait commodément que la Syrie avait violé la Convention sur les armes chimiques (CAC). Tout en admettant que la Syrie n’avait pas utilisé de matériel interdit par la CAC, Kerry a dit aux parlementaires américains que Damas avait manqué à ses engagements en vertu de la CAC le 18 septembre 2014. En d’autres termes, Washington a l’intention de s’en prendre à la Syrie et de provoquer un changement de régime à Damas. Si cela ne confirme pas les intentions de Washington, alors le fait que les États-Unis veulent utiliser l’Arabie saoudite pour entraîner de nouvelles forces anti-gouvernementales le devrait.[7]

    La stratégie de provocation des États-Unis pour justifier leur campagne de bombardements contre la Syrie a pour but de créer un prétexte pour élargir cette campagne de frappes aériennes illégale, dirigée par les États-Unis, commencée le 22 septembre 2014.

    Ce que les États-Unis prévoient est une campagne de bombardements à long terme, qui menace aussi le Liban et l’Iran. Selon Ali Khamenei, les États-Unis veulent bombarder l’Irak et la Syrie en utilisant l’EIIL comme un écran de fumée, en suivant le modèle établi au Pakistan. Plus exactement, la situation devrait être appelée le modèle AfPak (l’Afghanistan et le Pakistan comme un seul théâtre d’opération). Les États-Unis ont utilisé les répercussions de l’instabilité en Afghanistan et l’expansion des talibans au Pakistan comme un prétexte pour bombarder ce pays. L’Irak et la Syrie ont été fusionnés en une seule zone de conflit, qu’Ibrahim Al-Marashi, usant de néologisme, décrit comme l’émergence du « Syrak ».

    L’objectif plus large: perturber l’intégration eurasienne

    Alors que les États-Unis font semblant de combattre les terroristes et escadrons de la mort qu’ils ont eux-mêmes créés, les Chinois et leurs partenaires s’affairent à l’intégration de l’Eurasie. « La guerre contre le terrorisme » de l’Amérique va de pair avec la reconstruction de la Route de la soie. C’est la vraie histoire et la motivation pour expliquer l’insistance de Washington à combattre et se redéployer au Moyen-Orient. C’est également la raison pour laquelle les États-Unis ont poussé l’Ukraine à affronter la Russie et l’UE à sanctionner la Fédération de Russie.

    L’Amérique veut perturber le réémergence de la Route de la soie et l’expansion de son réseau commercial. Alors que Kerry s’emploie à effrayer le public avec l’EIIL et ses atrocités, les Chinois se sont affairés à occuper l’espace en concluant des marchés à travers l’Asie et l’océan Indien. Cela fait partie de la marche vers l’ouest du dragon chinois.

    Parallèlement aux voyages de Kerry, le président chinois Xi Jinping a visité le Sri Lanka et est allé aux Maldives. Le Sri Lanka fait déjà partie du projet de la Route de la soie maritime de la Chine. Les Maldiviens sont les plus récents participants alors que des accords ont été conclus pour inclure l’île-nation dans le réseau de la Route de la soie maritime ainsi que les infrastructures que la Chine construit pour développer le commerce maritime entre l’Asie de l’Est, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe. Ce n’est pas une coïncidence que deux destroyers chinois aient accosté au port iranien de Bandar Abbas sur le golfe Persique pour mener des exercices conjoints avec des navires de guerre iraniens dans le golfe Persique.

    Parallèlement au commerce est-ouest, un réseau d’échanges et de transport nord-sud est en cours d’élaboration. Le président iranien Hassan Rouhani s’est rendu récemment au Kazakhstan, où lui et son homologue kazakh, le président Noursoultan Nazarbaïev, ont confirmé que les échanges commerciaux vont se multiplier. Le parachèvement du chemin de fer Kazakhstan-Turkménistan-Iran, qui permettra de créer un itinéraire de transit nord-sud, est attendu. La coopération entre Téhéran et l’union eurasienne a également été abordée par les deux présidents. Sur le côté ouest de la mer Caspienne, un corridor nord-sud parallèle allant de la Russie à l’Iran par la République d’Azerbaïdjan est en cours de réalisation.

    Les sanctions contre la Russie commencent à provoquer de l’inquiétude au sein de l’Union européenne. Les vrais perdants dans les sanctions contre la Russie sont les membres de l’Union européenne. La Russie a démontré qu’elle a des options. Moscou a déjà débuté la construction de son mégapipeline de gaz naturel Yakoutie – Khabarovsk – Vladivostok (aussi appelé gazoduc Force de Sibérie) pour livrer du gaz à la Chine alors même que son autre partenaire au sein du BRICS, l’Afrique du Sud, a signé un accord historique sur l’énergie nucléaire avec Rosatom. L’influence de Moscou sur la scène internationale est très évidente. Son influence est en hausse au Moyen-Orient et en Amérique latine. Même en Afghanistan où sont stationnées des forces de l’OTAN, l’influence russe est à la hausse. Le gouvernement russe a récemment dressé une liste de plus d’une centaine d’anciens projets de construction soviétiques qu’il souhaite récupérer.

    Une alternative aux sanctions des États-Unis et de l’UE est en train d’émerger en Eurasie. Mis à part l’accord commercial sur le pétrole contre des biens que Téhéran et Moscou ont signé, le ministre russe de l’Énergie Alexander Novak a annoncé que l’Iran et la Russie ont conclu plusieurs nouveaux accords d’une valeur de 70 000 000 000 euros. Bientôt les sanctions vont simplement isoler les États-Unis et l’Union européenne. Les Iraniens ont également annoncé qu’ils travaillent avec leurs partenaires chinois et russes pour surmonter le régime des sanctions des États-Unis et de l’UE.

    L’Amérique est en train d’être écartée. Elle ne peut pas se tourner vers l’Asie-Pacifique tant que les différends qui l’opposent à la Russie, à l’Iran et à la Syrie au Moyen-Orient et en Europe de l’Est ne sont pas résolus. C’est pourquoi Washington fait de son mieux pour perturber, diviser, redessiner, marchander et coopter. Lorsqu’il est temps d’agir, les États-Unis ne se préoccupent pas de combattre l’EIIL, qui a servi les intérêts de Washington au Moyen-Orient. La principale préoccupation de l’Amérique est de préserver son empire qui s’écroule et d’empêcher l’intégration eurasienne.

    Mahdi Darius Nazemroaya

     

  • Derrière l’alibi antiterroriste, la guerre du gaz au Levant

     

    Si chacun adhère au discours anti-terroriste de Washington et de ses alliés du Golfe, tout le monde comprend qu’il n’est qu’une justification oratoire pour une guerre qui poursuit d’autres fins.

    Les États-Unis affirment vouloir détruire l’Émirat islamique qu’ils ont créé et qui réalise pour eux le nettoyage ethnique nécessaire au plan de remodelage du « Moyen-Orient élargi ». Plus étrange encore, ils affirment vouloir le combattre en Syrie avec l’opposition modérée qui est composée des mêmes jihadistes que lui. Enfin, ils ont détruit à Rakka des bâtiments qui avaient été évacués deux jours auparavant par l’Émirat islamique. Pour Thierry Meyssan, derrière ces apparentes contradictions se poursuit la guerre du gaz.

    La campagne aérienne des États-Unis en Irak et en Syrie laisse songeur : on ne saurait détruire un groupe terroriste exclusivement par des bombardements aériens. En Irak, les États-Unis et le CCG ont couplé leurs actions avec celles de troupes irakiennes ou kurdes au sol. En Syrie, ils ne disposent d’aucune force sérieuse pour lutter contre l’Émirat islamique. Et même dans ce cas, « ces bombardements ne sont pas capables d’affecter les capacités de l’Émirat islamique ou ses opérations dans d’autres régions d’Irak ou de Syrie », selon le général William Mayville, chef des opérations à l’état-major états-unien [1].

    Au demeurant, et malgré les déclarations officielles, l’Émirat islamique est une création des États-Unis et du CCG, qui sert leurs intérêts et n’a pas démérité :

    • En mai 2013, le sénateur John McCain venait illégalement en Syrie rencontrer l’état-major de l’Armée syrienne libre (modéré), dont Abou Youssef, alias Abou Du’a, alias Ibrahim al-Baghdadi, l’actuel calife Ibrahim (chef des extrémistes) [2].

    • En janvier 2014, Reuters révélait que le président Obama avait convoqué une séance secrète du Congrès au cours de laquelle celui-ci vota le financement et l’armement des « rebelles » en Syrie, y compris ceux de l’Émirat islamique jusqu’en septembre 2014 [3]. Il s’agissait bien d’une séance secrète et non pas simplement à huis clos. L’ensemble de la presse états-unienne ayant respecté la censure de cette information.

    • Fière de cette reconnaissance la télévision publique saoudienne revendiqua alors le fait que l’Émirat islamique était dirigé par le prince Abdul Rahman al-Faiçal [4].

    • De son côté le chef du renseignement militaire israélien, le général Aviv Kochavi, mettait en garde face à une multiplication des combattants anti-Syriens et révélait que les membres d’Al-Qaïda, dont ceux de l’Émirat islamique (qui n’avaient pas encore divorcé) étaient entraînés [sous contrôle de l’Otan] dans trois camps en Turquie, situés à Şanlıurfa, Osmaniye et Karaman [5].

    • En mai 2014, l’Arabie saoudite livra à l’Émirat islamique des armes lourdes neuves achetées en Ukraine et quantité de Toyota neuves pour envahir l’Irak. Le transfert fut assuré par un train spécial affrété par les services secrets turcs.

    • Le 27 mai, Massoud Barzani, président du gouvernement régional kurde d’Irak, se rendait à Amman pour coordonner l’invasion de l’Irak entre les Kurdes irakiens et l’Émirat islamique. Une réunion supplémentaire se tenait, toujours à Amman, avec de nombreux partenaires sunnites, le 1er juin [6].

    • Début juin, l’Émirat islamique et le Gouvernement local du Kurdistan passaient à l’attaque. L’Émirat islamique, conformément à sa mission, semait la terreur de manière à réaliser le nettoyage ethnique que l’armée des États-Unis avait été incapable de faire en 2003. Ainsi se réalise le plan de l’état-major états-unien, adopté en 2001, de remodelage du « Moyen-Orient élargi ».

    Il n’y a donc aucune raison pour les États-Unis de détruire l’Émirat islamique, sinon la mort médiatisée — et suspecte — de trois de leurs ressortissants, qui ne saurait justifier ce déluge de feu.

    S’il est clair que la cible principale de cette campagne aérienne n’est pas celle qui est annoncée, personne n’est capable de dire précisément ce qu’elle vise à détruire. Tout au plus peut-on affirmer que les États-Unis et leurs alliés du CCG ont bombardé des bâtiments vides à Rakka — qui avait été évacuée deux jours auparavant par l’Émirat islamique — et une douzaine de raffineries à l’Est de la Syrie.

     

    Bombardement d’une raffinerie syrienne par l’armée de l’air états-unienne, le 24 septembre 2014. Les raffineries sont parmi les investissements industriels les plus coûteux.

     

    Que viennent donc faire ces raffineries dans une guerre prétendument livrée contre le terrorisme ? Selon le Pentagone, elles étaient contrôlées par l’Émirat islamique et lui rapportait de gros revenus.

    Cette réponse est évidemment fausse. Lorsque des États sous embargo tentent de vendre du gaz ou du pétrole sur le marché international, ils n’y parviennent pas. Mais l’Émirat islamique le fait, malgré les résolutions 1373 (2001) et 2170 (2014) du Conseil de sécurité. De notoriété publique, il vole des hydrocarbures en Irak et en Syrie, les achemine par pipe-line jusqu’au port turc de Ceyhan, d’où ils sont transportés en Israël par les pétroliers de Palmali Shipping & Agency JSC, la compagnie du milliardaire turco-azéri Mubariz Gurbanoğlu. Au port d’Ashkelon, les autorités israéliennes fournissent de faux certificats de provenance du gisement d’Eilat, puis ils sont exportés vers l’Union européenne, qui fait semblait de les croire israéliens.

    Surtout, la même filière servant également à exporter le gaz et le pétrole volés par le gouvernement local du Kurdistan irakien, les États-Unis et le CCG s’ils agissaient en application des résolutions 1373 (2001) et 2170 (2014) devraient également attaquer le Kurdistan irakien. Au contraire, ils le soutiennent (non pas contre l’Émirat islamique, mais contre le gouvernement central de Bagdad) [7].

    Le bombardement de ces installations ne peut donc se comprendre que comme la volonté de priver la Syrie de ses capacités de raffinage lorsque la paix sera revenue.

     

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    Le prince Khaled, fils de l’héritier du trône des Séoud, le prince Salman, participe au bombardement de la Syrie aux commandes d’un F-15.

     

    Il n’échappe à personne que dans cette affaire, les États-Unis s’appuient sur des membres du Conseil de coopération du Golfe, et particulièrement sur l’Arabie saoudite. À ce sujet, s’il est clair que les avions saoudiens ne décollent pas de leur pays, l’information publiée par les médias iraniens selon laquelle ils sont basés en Israël n’est toujours pas recoupée, mais probable.

    Nous avons souvent noté que l’un des buts principaux de la guerre contre la Syrie réside dans le contrôle de ses gigantesques réserves de gaz naturel et dans celui de son territoire par lequel pourrait passer soit un pipe-line en provenance d’Iran, soit son rival, en provenance du Qatar et d’Arabie saoudite.

    Or, depuis la résistance de la Novorussia et le soutien que lui apporte la Fédération de Russie, l’Union européenne tente de s’affranchir de sa dépendance au gaz russe. D’où l’idée du gouvernement iranien de proposer son gaz sur ce marché, ainsi que l’a annoncé le vice-ministre du pétrole Ali Majedi, le 9 août [8]. Pour l’Iran ce serait une alternative au blocage par l’Émirat islamique de la route irakienne vers la Syrie.

    Cette option, qui défend les intérêts étatiques de l’Iran, mais abandonne le combat anti-impérialiste du président Ahmadinejad, pourrait être validée par Washington dans le cadre d’un accord plus large, durant les négociations 5+1. L’Iran accepterait d’abandonner ses recherches révolutionnaires sur un mode de production d’énergie nucléaire qui puisse libérer le tiers-monde de sa dépendance au pétrole, tandis que les « Occidentaux » lèveraient leurs sanctions.

    Cependant, ce basculement, s’il doit avoir lieu, modifierait profondément l’équilibre régional. Il serait difficile à faire accepter à la Russie qui vient d’accueillir l’Iran dans l’Organisation de coopération de Shanghai. En outre, il supposerait un investissement de 8,5 milliards de dollars pour construire 1 800 kilomètres de pipe-line et relier les champs de production au système Nabucco. Le gaz iranien transiterait par l’Azerbaïdjan et la Turquie, puis par la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie, pour être distribué dans l’Union européenne depuis l’Autriche. C’est ce qu’a confirmé cheikh Hassan Rohani au président Hans Fischer, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies [9].

     

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    Le président iranien, cheikh Hassan Rohani venu expliquer à son homologue autrichier, Hans Fisher, son projet de livraison de gaz à l’Union européenne (New York, 24 septembre 2014).

     

    La relance du système Nabucco serait une aubaine pour l’Azerbaïdjan qui pourrait ainsi exporter plus facilement la production de son champ gazier de Shah Deniz. Du coup, Bakou s’éloignerait aussi de Moscou pour se rapprocher de Washington, ce qui expliquerait ses subits achats d’armes à Israël.

    Du point de vue syrien, un basculement de la politique énergétique iranienne ne serait pas forcément une mauvaise chose : la plupart des ennemis de la Syrie —hormis Israël — n’aurait plus de raison de poursuivre la guerre. En outre, l’éloignement de l’Iran renforcerait l’utilité de la Syrie pour la Russie. Si cet accord était conclu, Washington poursuivrait l’instabilité dans la zone sunnite de l’Irak, pour maintenir une séparation physique entre Téhéran et Damas, et soutiendrait certainement Daesh à Deir ez-Zor, mais laisserait le reste de la Syrie tranquille.

  • Le FBI a poussé des Américains musulmans à commettre des attentats

     

     
         

    Le FBI a "encouragé, poussé et parfois même payé" des musulmans américains pour les inciter à commettre des attentats, au cours d’opérations de filatures et clandestines montées de toutes pièces après le 11 septembre, conclut un rapport publié lundi.

    Dans nombre des plus de 500 affaires de terrorisme conduites par les tribunaux américains depuis le 11 septembre 2001, "le ministère américain de la Justice et le FBI ont ciblé des musulmans américains dans des opérations clandestines de contre-terrorisme abusives, fondées sur l’appartenance religieuse et ethnique", dénonce ce rapport de l’organisation Human Rights Watch (HRW) étayé de nombreux exemples.

    L’organisation aidée de l’Institut des droits de l’homme de l’École de droit de l’Université de Columbia a en particulier étudié 27 affaires, de l’enquête au procès, en passant par l’inculpation et les conditions de détention, et interviewé 215 personnes, qu’il s’agisse des inculpés ou condamnés eux-mêmes ou de leurs proches, d’avocats, juges ou procureurs.

    "Dans certains cas, le FBI pourrait avoir créé des terroristes chez des individus respectueux de la loi en leur suggérant l’idée de commettre un acte terroriste", résume un communiqué, estimant que la moitié des condamnations résultent de coups montés ou guet-apens. Dans 30% des cas, l’agent infiltré a joué un rôle actif dans la tentative d’attentat.

    L’étude cite notamment les quatre de Newburgh, accusés d’avoir planifié des attentats contre des synagogues et une base militaire américaine, alors que le gouvernement avait, selon un juge, "fourni l’idée du crime, les moyens, et dégagé la voie" et transformé en "terroristes" des hommes "dont la bouffonnerie était shakespearienne".

  • la propagande néoconservatrice déguisée en gauche progressiste

     
     

    7 décembre 2013

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    Machine de propagande capable d'infiltrer des médias historiquement ancrés à gauche, les néoconservateurs déguisés en progressistes obtiennent votre consentement aux guerres contemporaines, ou tout au moins, l’assurance de votre laisser-faire. Leurs armes ? Le détournement d’un discours moral, des choix éditoriaux incitant plus ou moins subtilement à la haine raciale, et une situation oligopolistique des médias. Cette étude vise à aller au delà de formule simpliste « les médias appartiennent aux marchands de canons », pour mettre à jour la mécanique de propagande de guerre et de haine ressassée en continu par les mass-médias sous le joug du lobbyisme néoconservateur. Pour ce faire, nous reviendrons sur le tournant de 2005 où être progressiste autorisait bizarrement à promouvoir la haine des musulmans. Puis nous découvrirons MEMRI, un des rouleaux-compresseurs propageant l’idée d’un choc des civilisations qui légitimerait le pire. Enfin, nous nous pencherons sur ces nombreux faux experts qui appartiennent à des groupuscules néo-cons et développent leur propagande dans tout l'espace médiatique. s

     

     
     
    Ils vous feront détester l'Islam et aimer la guerre
    Machine de propagande capable d'infiltrer des médias historiquement ancrés à gauche, les néoconservateurs déguisés en progressistes obtiennent votre consentement aux guerres contemporaines, ou tout au moins, l’assurance de votre laisser-faire. Leurs armes ? Le détournement d’un discours moral, des choix éditoriaux incitant plus ou moins subtilement à la haine raciale, et une situation oligopolistique des médias
     
    Cette étude vise à aller au delà de formule simpliste « les médias appartiennent aux marchands de canons », pour mettre à jour la mécanique de propagande de guerre et de haine ressassée en continu par les mass-médias sous le joug du lobbyisme néoconservateur. Pour ce faire, nous reviendrons sur le tournant de 2005 où être progressiste autorisait bizarrement à promouvoir la haine des musulmans. Puis nous découvrirons MEMRI, un des rouleaux-compresseurs propageant l’idée d’un choc des civilisations qui légitimerait le pire. Enfin, nous nous pencherons sur ces nombreux faux experts qui appartiennent à des groupuscules néo-cons et développent leur propagande dans tout l'espace médiatique.
     
    I. Comment le fait d'insulter les musulmans est devenu un attribut antifasciste
    La lutte contre l’islamisme est l'un des fers de lance du néoconservatisme. Les « caricatures de Mahomet » parues dans le journal danois Jylland-Posten ont été l’occasion, pour les néoconservateurs déguisés en progressistes, de favoriser l’émergence d’une islamophobie "de gauche" sous couvert de liberté d’expression. Pour appréhender toute la force de cet épisode qui a saboté pour longtemps le vivre ensemble, il est impératif d’en connaître le scénario.
     
    A - De « l’humour » issu d’une commande raciste ?
    Le magazine de gauche Counterpunch attribue au néoconservateur et extrémiste Daniel Pipes une partie de la responsabilité de la commande des caricatures de Mahomet. Toujours est-il que ces dessins ont été retrouvés sur le site du think tank Middle East Forum présidé par Pipes. Pour s’assurer de cette continuité idéologique et ne pas sombrer dans l’amalgame (méthode si chère aux néoconservateurs), il faut rappeler que le Middle East Forum a financé la défense de Geert Wilders, leader de l’extrême droite néerlandaise, poursuivi pour incitation à la haine raciale. Geert comparait le Coran à Mein Kampf et appelait les musulmans à se conformer à la « culture dominante » ou à s’en aller. Il sera relaxé en 2011.
     
    Les liens entre l'extrême-droite et les nécons sont très étroits comme le montre notre organigramme :
     
     
     B - Des dessins illustrant davantage les théories racistes que la liberté de la presse. 
    Le contexte géopolitique dans lequel interviennent les caricatures est imprégné de nouvelles idéologies racistes. Elles émergent dans le sillage de la réélection de George W. Bush :
       L’historien Daniel Pipes signe en 2002 « L’Islam militant atteint l’Amérique ».
    ·  En 2003, Robert Spencer fonde et dirige Jihad Watch. Ce blog a pour objectif de propager l’idée que l’Islam serait « intrinsèquement terroriste ».
       En 2005, le concept « Eurabia » est théorisé par Bat Ye’or. Il s’agit d’une thèse géopolitique servant d’argumentaire à des mouvements d’extrême-droite et selon laquelle l’Europe occidentale est en voie d’absorption par « le monde arabe ».
       En 2007, le néoconservateur historique Norman Podhoretz édite "La quatrième guerre mondiale : la longue lutte contre l’islamo-fascisme".
     
    C - ENAR : le lanceur d’alerte isolé
    Bien que les théories néoconservatrices aient atteint la population dans ses strates les plus à gauche sous couvert de défense de la liberté de la presse, l’European Network Against Racism tente d’alerter. Ce réseau d’ONG de lutte contre les discriminations rend en 2005 un rapport au contenu éloquent : « […] le plus grand journal danois […] a commandé […] 12 dessins très dérangeants et insultants, qui montrent le prophète Mohamed en terroriste et esclavagiste de femmes […] Cet appel involontaire à la provocation a empoisonné l’atmosphère et créé un conflit entre le Danemark et le monde islamique allant jusqu'à interférer avec les Nations Unies […] Dans une interview TV, le journal affirma que ses caricatures visaient à aider les musulmans progressistes par opposition à ceux qui sont plus religieux […] C’est un argument étrange parce que, si Jylland Posten avait vraiment voulu aider les musulmans modérés, alors insulter la religion de l’Islam et son prophète, c’était vraiment la dernière chose à faire […] ». L’ONG ENAR n’a d’ailleurs pas manqué de se demander « pourquoi les médias danois en général, et Jylland Posten en particulier, ont choisi l’islam. Tout le monde sait que les médias danois n’oseraient jamais s’en prendre aux autres religions […] ».
     
    D - Ces théories racistes appliquées aux médias déguisés en antifascistes français
     
    1 - La méthode Charlie Hebdo
    Après France Soir, Charlie Hebdo emboîte le pas du Posten en février 2006 et publie les fameuses caricatures. Les arguments du journal alors dirigé par Philippe Val ? La lutte contre l’intégrisme et la défense de la liberté d’expression.
     Sans vergogne, Charlie Hebdo enfonce le clou en 2006. Faisant appel à la mémoire des « 12 de 1940 » qui refondèrent le syndicalisme français face au régime de Vichy, le journal publie son « manifeste des douze » sous-titré « ensemble contre le nouveau totalitarisme ». Le texte vient soutenir l’idéologie d’une invasion barbare de source islamiste qu’il est impératif de combattre, puisqu'il est introduit ainsi : « Après avoir vaincu le fascisme, le nazisme, et le stalinisme, le monde fait face à une nouvelle menace globale de type totalitaire : l’islamisme ».
    2 - Le point Godwin, ou comment reconnaître un néocon déguisé en rebelle progressiste
    De manière plus générale, les thèses racistes de source néoconservatrice sont abondamment présentes dans des médias de masse se réclamant de gauche comme dans des groupuscules, issus de luttes antifascistes mais dévoyés depuis. Leur utilisation systématique du point Godwin permet de les identifier aisément. La méthode classique consiste à amalgamer Islam et nazisme, méthode qu’illustre à merveille la théorie de l’islamo-fascisme développée plus haut.
    Le prix Nobel Paul Krugman s’insurge contre ces thèses en 2007 dans le New York Times : « Arrêtez-vous, ne serait-ce qu'un instant, sur les implications du fait que Rudolph Giuliani se fasse conseiller par Norman Podhoretz, celui qui veut que nous bombardions l'Iran "dès que la logistique le permettra".
    M. Podhoretz, rédacteur en chef de Commentary et membre fondateur du néo-conservatisme, nous dit que l'Iran est "le principal foyer de l'idéologie islamo-fasciste contre laquelle nous nous battons depuis le 11 septembre ». Les "islamo-fascistes", nous dit-il, sont en passe de créer un monde "conçu à leur manière et taillé à leur mesure." Et même "Quelques observateurs nous mettent dès à présent en garde que d'ici la fin du XXIème siècle, la totalité de l'Europe sera transformée en un espace auquel ils donnent le nom d'Eurabia."
    Est-ce vraiment nécessaire de faire remarquer que rien de tout cela n'a de sens ? Pour une bonne et simple raison, c'est que cet "islamo-fascisme" est un produit de l'imagination des néoconservateurs. Une véritable prophétie tentant vainement de devenir auto-réalisatrice, pour des multiples intérêts géostratégiques. Le terme n'est devenu à la mode que parce que c'était un moyen pour les faucons de la guerre d'Irak de passer sous silence l'enchaînement étrange entre la poursuite d'Oussama Ben Laden, qui avait attaqué l'Amérique, et l'invasion de l'Irak, qui n'y était pour rien. Tout comme l'Iran n'avait rien à voir avec les attentats du 11 septembre 2001. De fait, le régime iranien coopéra avec les Etats-Unis lorsqu'ils partirent en guerre contre al-Qaïda et ses alliés Taliban en Afghanistan. » Fear Itself Craignant - New York Times.
     
    E - Catalogue sémantique de quelques lobbyistes du néo conservatisme français déguisés en acteurs antiracistes
     
    1 - Caroline Fourest en guerre contre « l’Arabia »
    Dans une tribune intitulée « War on Arabia » - « en guerre contre l’Arabia » - publiée en 2005 dans le Wall Street JournalCaroline Fourest estimait que les immigrants arabes, incapables de s’intégrer, représentaient une menace pour la démocratie car ce manque d’intégration pouvait les conduire à rejoindre des cellules terroristes islamistes. Que Caroline Fourest ignore que les peuples arabes sont minoritaires en Islam et peu source de terrorisme serait navrant mais anecdotique.
    Ce qui est à retenir est son adhésion au concept d’ « Eurabia », terme symptomatique des promoteurs du choc des civilisations de source néoconservatrice. Soit à l'exact opposé de la gauche engagée dont Fourest se réclame, les néoconservateurs sont depuis leur création sur l'extrême droite de l’échiquier politique. (Se rapporter à notre organigramme et les sites comme Dreuz.info et les déclarations de W. Kristol et N. Podhoretz.) En utilisant sciemment un terme d'extrême-droite, Fourest dévoile ses motivations profondes et ses accointances avec les milieux nauséabonds qu'elle dénonce pour partie lorsqu'il ne s'agit pas de ses amis...
     
    2 - Bernard-Henri Lévy et le « fascislamisme »
    Bernard-Henri Lévy, quant à lui, prétend sauver les musulmans du « fascislamisme » et se joint à Robert Misrahi en 2002 dans sa chronique sur Charlie Hebdo pour soutenir Oriana Fallaci. La journaliste affirmait entre autres que « Les hommes arabes, qui dégoûtent les femmes de bon goût » ou encore que « les mosquées grouillent jusqu'à la nausée de terroristes ou aspirants terroristes » et pour finir, épousant la théorie raciste et complotiste de l'Eurabia, elle déclare que les Arabes sous couvert de migrations envahissent l'Europe pour propager l'Islam et elle conclut en affirmant que les musulmans « se multiplient comme des rats » . BHL a les amis qu’il mérite...

    3 - Mohammed Sifaoui, le champion toutes catégories du Point Godwin et du confusionnisme
    Prompt à qualifier son adversaire politique du jour de « confusionniste », on comprend rapidement pourquoi Mohammed Sifaoui connaît bien cet adjectif. Pour ne pas se contenter de répondre « c’est celui qui le dit qui l’est », observons son déguisement de progressiste, dont la veste semble avoir plusieurs revers.
    Opportuniste, comme bon nombre de ses amis, Sifaoui a la faculté de se débiner quand l'affaire dans laquelle il est engagé tourne à son désavantage. Ainsi, en 2011, il reprend un billet d'SOS racisme : En raison de ses discours xénophobes, SOS Racisme appelle à faire barrage à Nicolas Sarkozy.
    Et pourtant, dans un entretien accordé en 2008 au Middle East Quarterly, dirigé par Daniel Pipes, Sifaoui estimait que « près de 20% des musulmans de la planète doivent être totalement rééduqués mais aussi combattus politiquement, idéologiquement et militairement ». L’islamisme serait selon lui comparable au fascisme et au nazisme, mais cela serait réductible aussi à l’Islam en général, en adéquation avec les théories néoconservatrices développées autour de 2005.
    La même année, il publie sur son blog « Fitna et Obsession », film du député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders qui juxtapose des images d'attaques terroristes avec des versets du Coran. Cette production délibérément raciste fût initialement présentée par Sifaoui avec la mention « à voir et à revoir » comme le prouve cette archive du site. A présent le ton est différent"Obsession". Vos avis ?
    Contributeur hyperactif pour Charlie Hebdo et la revue Prochoix de Caroline Fourest, Sifaoui a participé à la revue néoconservatrice Le meilleur des mondes. Ce magazine est le porte-voix du Cercle de l’Oratoire, groupe de réflexion néoconservateur français proche du PNAC (Project for a New American Century), le think tank néoconservateur américain dont étaient issus les principaux membres de l’administration Bush. Sifaoui a également fait la promotion de l'Institut de recherche des médias du Moyen-Orient, MEMRI, qui le lui rend bien.
    En effet, le lien entre des médias français qui se disent de gauche et des officines néoconservatrices dites « d’information » qui diffusent ces théories est mis en évidence par le MEMRI, ses thèses, ses fondateurs et financeurs, et ses relais dans les médias français.
     
    II - L'Institut de recherche des médias du Moyen-Orient, plus connu par son acronyme anglais MEMRI
     
    A - Une source redondante des médias néoconservateurs déguisés en progressistes
     
    En premier lieu, nous observons que le MEMRI se fait l'écho de Charlie Hebdo dans l’affaire des caricatures. Mais c’est surtout en tant que source de ces médias, que le MEMRI sait s’illustrer : version électronique de Prochoix, la revue de Caroline Fourest, Conspiracy Watch, le site de Rudy Reichstadt, et La Règle du Jeu, la revue fondée par Bernard-Henri Lévy. BHL pousse même le zèle en attribuant une section spéciale MEMRI sur son site !
     
    B - Une usine à fabriquer la peur envers l’islam
     
    Dans un rapport intitulé « L’usine à fabriquer des peurs : les racines de l' islamophobie », le Center for American Progress, groupe de réflexion américain proche du parti démocrate US, établit que le MEMRI « promeut la propagande islamophobe aux Etats-Unis au travers de choix de traduction sélectifs qui ont pour but de faire valoir que l'Islam est intrinsèquement violent et favorise l'extrémisme ».
    Parmi les nombreux points abordés, retenons que Robert Spencer et Daniel Pipes comptent sur le MEMRI pour leur propagande et que le terroriste norvégien Anders Breivik a cité le MEMRI seize fois dans son manifeste. Plus troublant encore, les traductions du documentaire enflammé antimusulman « Obsession : radical islam's war against the West » ont été fournies par le MEMRI. Le site du film fait aussi figurer le MEMRI comme source pour la vidéo « Radical Islam and Terrorism Today ».
     
    C - Une vitrine qui n’affiche pas son néo conservatisme
     
    Siégeant à Washington, le MEMRI a été cofondé en 1998 par Yigal Carmon, un ancien colonel, membre du renseignement militaire israélien de 1968 à 1988, et la politologue américaine d'origine israélienne, Meyrav Wurmser, le femme de David Wurmser, ancien conseiller pour le Moyen-Orient du vice-président américain Dick Cheney.
     
    Officiellement, le MEMRI se présente comme « chargé d’apporter des informations au débat sur la politique américaine au Proche-Orient. Il a des bureaux à Berlin, Londres et Jérusalem. Il fournit des traductions en anglais, allemand, espagnol, français, hébreu, italien, russe et turc, de textes écrits en arabe, persan, turc, ourdou, pachtou et dari ».
    Le MEMRI TV Monitor Project se donnant pour mission de surveiller les principales chaînes de télévision arabes et iraniennes. Sous couvert de renseignement, cette officine de surveillance est manifestement au service d’intérêts américains et israéliens tournés contre les musulmans.
     
    D - Un financement par les leaders du néo conservatisme
     
    Voici les sources de financement du MEMRI : 
    ·   La Fondation Randolph qui finance également le Council on Foreign Relations
    ·   Bradley Foundation qui fut le pourvoyeur de fonds pour le Projet pour un Nouveau Siècle Américain (PNAC), le cercle de réflexion néoconservateur réunissait en son sein Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Richard Perle, Paul Wolfowitz.
    ·   Le Département d'État des États-Unis qui a accordé en août 2011 une subvention de 200 000 dollars auMEMRI.
     
    E - Des acteurs décisionnels de la gouvernance W.Bush
     
       Donald Rumsfeld, le secrétaire à la défense de George W. Bush (Plainte pour "torture" déposée contre Donald Rumsfeld)
       Oliver "Buck" Revell, Président du groupe Revell, ancien directeur adjoint du FBI
       Elliott Abrams : conseiller du président George WBush
       Steve Emerson : journaliste, auteur de « Les terroristes parmi nous : Jihad en Amérique » directeur du Projet d’Investigation sur le Terrorisme (IPT)
       John Ashcroft, ancien procureur général américain lors du 1er mandat du président George W. Bush
       Jeffrey Kaufman : avocat spécialisé en propriété intellectuelle 
       Robert Reilly : ancien conseiller principal au Département de la Défense
     
    F - Des conseillers tout aussi néoconservateurs
           
       Bernard Lewis, conseiller de Benyamin Netanyahou alors ambassadeur d'Israël à l'ONU (1984-88)
       Michael V. Hayden, général, ancien directeur de la National Security Agency et directeur de la Central Intelligence Agency
       Jose Maria Aznar, ancien Premier ministre espagnol
       Stephen J. Trachtenberg, président de l'Université George Washington, choisi par George W.Bush pour l'accompagner à Jérusalem pour la célébration du 60e anniversaire de l'Etat d'Israël en mai 2008
       James Woolsey, ancien directeur de la CIA et sous-secrétaire de la Marine.
       John Bolton, ancien ambassadeur américain aux Nations Unies, signataire du projetnéoconservateur Project for the New American Century
       Jeffrey Kaufman : avocat spécialisé en propriété intellectuelle
       Ehud Barak, ancien Premier ministre d'Israël
       Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada
       Mort Zuckerman, président et rédacteur en chef, US Nouvelles & World Report et magnat de la presse
       Chin Ho Lee, ancien agent spécial du FBI
       Michael Mukasey, ancien procureur général dans le gouvernement de Georges Walker Bush
       Norman Podhoretz, Ancien rédacteur en chef de Commentary Magazine, une revuenéoconservatrice historique
       William Bennett, ancien secrétaire de l’éducation, membre du PNAC
       Christopher DeMuth, un ex de l’administration Reagan
       Paul Bremer, nommé le 6 mai 2003 directeur de la reconstruction et de l'assistance humanitaire en Irak, après l'invasion de ce pays par les États-Unis
       Peter Hoekstra, politicien américain du parti républicain et ancien membre 9 terme de la Chambre des représentants du Michigan
       Jack Kemp, un démocrate qui apporta son soutien au candidat George W. Bush
       Jeane Kirkpatrick, membre d'abord du Parti démocrate puis du Parti républicain sous Reaganen 2001 elle a rejoint le courant néoconservateur
       Irving Kristol, ancien rédacteur en chef du magazine CommentaryKristol et l'un des fondateurs du néo-conservatisme américain
       Elie Wiesel, qui fut déporté avec sa famille par les nazis à Auschwitz-Birkenau, puisBuchenwald. Cependant Norman Finkelstein, dans son ouvrage The Holocaust Industry, considère que Wiesel instrumentalise la Shoah dans le but de soutenir la politique israélienne (Finkelstein est fils de juifs survivants du ghetto de Varsovie). Maccarthysme au sein de l’université américaine (Le Monde diplomatique)
     
    G - Une ligne éditoriale édifiante
     
    A la vue d’un tel casting, on comprend le rédacteur en chef du Guardian pour le Moyen-Orient, Brian Whitaker, quand il affirme que le MEMRI est une « officine de propagande néoconservatrice et ultra-sioniste », ou encore Ibrahim Hooper, le directeur du Conseil des relations américano-islamiques, quand il déclare dans le Washington Times que « l'intention du MEMRI est de trouver les pires citations du monde musulman et de les diffuser aussi largement que possible ». 
     
    Vincent Cannistraro, un ancien de la CIA, accuse le MEMRI d'être sélectif et de diffuser une propagande au service du Likoud. Le MEMRI fait œuvre d’une « distorsion pure et simple » pour Ken Livingstone, l'ancien maire travailliste de Londres. William Rugh, qui fut l'ambassadeur des États-Unis au Yémen et aux Émirats arabes unis, retient que le MEMRI ne présente pas le point de vue arabe, que les propriétaires du MEMRI sont des pro-israéliens et anti-arabes qui veulent montrer que les arabes haïssent les juifs et l'Occident, qu'ils incitent à la violence et refusent toute solution pacifiste au problème palestinien.
     
    Quant à Lalila Lalami, journaliste à The Nation, elle écrit que le MEMRI « sélectionne de façon constante les déchets les plus violents et les plus haineux qu'il peut trouver, les traduit et les distribue aux medias et aux parlementaires U.S. dans sa newsletter. ». En 2012, le quotidien israélien Haaretz écrivait que les agences de renseignement israéliennes avaient réduit leur surveillance des médias palestiniens grâce au MEMRI et à Palestinian Media Watch, une autre machine de désinformation très à droite créée par un colon israélien, Itamar Marcus, qui fut épinglée par CounterPunch
     
    Dès lors, les liens étroits entre les néoconservateurs français que sont Caroline Fourest, Rudy Reichstadt, ou encore Bernard-Henri Lévy et MEMRI, cette officine extrémiste, doivent être rappelé à tous afin que l'on sache quelle idéologie gouverne ces histrions qui s'érigent en policiers de la pensée. Gargouilles grimaçantes cramponnées aux médias, ils ne manquent pas une occasion pour diffuser leur haine de l'islam tout en claironnant qu'ils veulent protéger les musulmans.
     
     
    III - Du retournement des valeurs à l’acceptation de la guerre totale
     
    Au moyen d'une propagande qui altère nos idées et nos jugements, ce bourrage de crâne est devenu le domaine privilégié d'un nouveau genre d'experts, « les désinformateurs ». Leur nombre est en constante augmentation ces dernières années. Omniprésents dans tous les médias, ces va-t-en guerre sont les agents incontournables d'un dispositif qui a pris pour habitude de déguiser la véhémence de ses objectifs par un discours faussement moral.
    Aux nombres de ces soi-disant experts, on trouve étrangement un lot conséquent de néo-cons qui font ouvertement parti de groupuscules défendant l'invasion de l'Irak, la torture, et autre joyeusetés digne des inquisiteurs du moyen-âge. 
    Ainsi, par leurs efforts répétés et conjugués, la peur du musulman s’insinue inexorablement dans les consciences et conduit à l’acceptation de guerres néo-coloniales.
    Après les embargos, les guerres d’Afghanistan, d’Irak, le blocus iranien, la Libye, qui font des millions de morts parmi les musulmans, les ténors de la "gauche" française appellent à la guerre en Syrie et en fustigent les opposants au prétexte qu’ils seraient des sympathisants de Bachar al Assad. Malgré tout,près des deux tiers des Français sont opposés à une intervention contre la Syrie.
    Alors qu'apparait au grand jour les plans de conquête du moyen-orient par les néoconservateurs, les agents infiltrés se revendiquant de la gauche politique française sont de véritables stakhanovistes de la propagande de guerre, montant au créneau médiatique parfois plus de 40 fois par semaine (BHL pour la guerre en Lybie) pour tenter de déclencher l'invasion d'un pays.
    Ainsi BHL vendant son "aventure" en Libye sur grand écran (2900 spectateurs malgré une campagne de promotion digne d'une superproduction hollywoodienne). On l'y voit tout smoking dehors, poseur mondain foulant les victimes civiles d'un pas décidé pour jouer au petit soldat et prier vainement le dieu des néo-cons afin de rentrer dans l'histoire.

    Le plus grave dans ces manigances, c'est que les néoconservateurs sont les plus ardents instigateurs de l'islamisme radical. Que ce soit la coopération plus qu'étroite entre les USA et l’Arabie Saoudite, ou encore les financements et armements d’al-Qaïda en Libye et Syrie par le Qatar, quasi-systématiquement lorsque les fanatiques islamiques montent en puissance ils sont attisés par ces néoconservateurs va-t-en-guerre. Il faut voir BHL tenter de convaincre l'opinion publique française de soutenir al-Qaïda en Syrie pour comprendre que la schizophrénie aiguë et le sophisme le plus pervers hante ces imprécateurs de la haine.

    On ne retiendra de lui que cette pitoyable prestation où Sarkozy l'exclu de la tribune Libyenne. Et on observera une minute de silence pour rappeler que cette mission humanitaire a coûté la vie à plus de 60 000 personnes.
    Ainsi, à la question fondamentale "BHL, Philippe Val, Fourest et compagnie, œuvrent-ils pour le bien commun ou pour leurs intérêts corporatistes et belliqueux ?", nous avons répondu par la mise en évidence des liens consanguins entre cette fausse gauche et les officines les plus extrémistes et intolérantes.
    On pourra donc en conclure que ces tartuffes s'autoproclament de gauche progressiste pour mieux appliquer leur idéologie néoconservatrice très proche de l’extrême-droite.
     
    Source : agoravox.fr