Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Empire - Page 14

  • Les réseaux néoconservateurs français

    Ce site se propose de faire connaître au public francophone la nébuleuse française au service de l’idéologie néo-conservatrice , un courant de pensée né aux États-Unis dans les années 70, dont les promoteurs ont accédé de façon coordonnée au pouvoir en 2001, à l’origine des grands bouleversements géopolitiques du XXIe siècle.

    Vous trouverez donc une compilation non exhaustive mais factuelle d’informations sourcées et/ou facilement vérifiables. Voici donc les véritables "réseaux de l’extrême" ! Ceux qui réduisent les cerveaux qui oseraient réfléchir et qui sous couvert de bonnes intentions tentent tout simplement de réduire au silence les opposants à leur "pensée inique".

    Il est important de déconstruire le travail de propagande puissamment organisé par de nombreux​​ "Think Thank" (cercles de réflexions​​) et autres officines tellement ​​intégrés au système que l'on fini par oublier leurs idéologies totalitaires et leur asservissement à des intérêts non démocratiques. ​​On retrouvera​ donc dans cet inventaire​ de très nombreux chiens de garde et autres​ "experts​" (en propagande). La collection étant, bien sûr, à complèter.

    Bonne lecture.

     

     

    Cliquez ici pour télécharger la CARTE en grand format

    Cliquez ici pour télécharger la CARTE INTERACTIVE en PDF 
    (avec LIENS CLIQUABLES)

    Les néoconservateurs et leurs complices 

    Une ambition modelée depuis plusieurs décennies

    D’anciens sympathisants de la gauche américaine, ces jeunes leaders déçus de l’enlisement des valeurs à gauche, ont basculé vers les élites de droite réactionnaire dans le but de régénérer le mythe américain. « Commentary Magazine », une revue fondée par l’American Jewish Committee en 1945, était à l’origine un journal positionné dans le courant libéral, mais au fil du temps, il est devenu une parution majeure pour le mouvement néocons. Dans son ouvrage « Running Commentary », Benjamin Balin écrit que « le magazine a transformé des juifs de gauche en néo-conservateur de droite ».

    Critique de livre : Running Commentary 

    Influences intellectuelles

    En premier lieu, citons l’américain d’origine allemande, le philosophe politique Leo Strauss qui a influencé plusieurs de ses élèves, comme Allan Bloom, Francis Fukuyama, et un petit groupe d’intellectuels qui dans leur jeunesse étaient trotskistes avant de devenir libéraux. Ces derniers comprennent entre autres Irving Kristol, éditeur de la revue Commentary, puis les éditeurs de la revue britannique Encounter, un journal subventionné par la CIA (révélation du New York Times en avril 1966). Norman Podhoretz, autre mentor des néo-conservateurs, fut de 1960 à 1995, le rédacteur en chef du mensuel Commentary.

    La doctrine 

    Le néoconservatisme est donc une variante de l’idéologie politique du conservatisme qui combine les caractéristiques du conservatisme traditionnel et de l’individualisme qu’il qualifie de libre entreprise. Les néoconservateurs ont approuvé la totalité des programmes anti-sociaux conçus pour bouleverser les structures de l’aide sociale. Pour eux, seules les initiatives privées ont pour fonction de renforcer la charité, via le financement d’organisations religieuses qui ont seules la vocation à s’occuper en direct des pauvres et des marginaux.L’Etat en est quant à lui réduit à devenir un simple auxiliaire des conglomérats de l’énergie ou de l’armement.

     En politique étrangère, les néo-conservateurs prétendent lutter contre le terrorisme et l’extrémisme, et mettre en œuvre l’installation de démocraties dans les pays émergents, sous la forme d’ « aides » auprès de ces pays pour qu’ils adoptent des gouvernements démocratiques. Dans les faits, le néoconservatisme a pris la forme d’une politique volontariste et interventionniste, soutenant certaines dictatures quand elles leurs étaient favorables, en particulier les monarchies pétrolières du Golf. Les néoconservateurs ont également apporté un soutien inconditionnel au Likoud, le parti de l’extrême-droite israélienne. Là est tout le paradoxe de cette mouvance : une alliance entre ultra-sionistes venue de la gauche trotskiste, et fondamentalistes chrétiens de type évangéliste, qui au nom de l’intérêt économique ont conforté des liens avec les monarchies arabes. Mais comme l’affirme un certain Henry Kissinger, « Les grandes puissances n’ont pas de principes, seulement des intérêts. » 

    Carlyle group, Bush et Ben Laden, une histoire de famille 

    En 1997, un petit groupe de personnes pour la plupart républicains sous l’influence idéologique des théoriciens Léo Strauss et Norman Podhoretz, fonde le « Project for the New American Century » - Projet pour le Nouveau Siècle Américain (PNAC) - véritable programme d’action qui va s’avérer capable d’influencer la plupart des partis, des réseaux d’influence, des niveaux décisionnels, et surtout des médias.

    Un think tank américain 

    … qui ne cache pas son ambition : Promouvoir le leadership américain sur le reste du monde. William Kristol, président du PNAC, nous explique en effet que « ce qui est bon pour l’Amérique l’est pour le monde ». Néanmoins, comme tout à un prix, cet expansionnisme demande de l’énergie diplomatique, mais surtout des moyens militaires. Le rapport rédigé en 2000 par les membres du PNAC « Reconstruire les défenses de l’Amérique » est sans équivoque, et résume à lui seul les intentions bellicistes du Project for the New American Century : Augmenter le budget militaire, maintenir une supériorité nucléaire, moderniser les équipements militaires… 

    Un cynisme sans équivalent

    En page 52 du rapport publié un an avant les événements du 11 septembre 2001, on peut y lire noir sur blanc que : « le processus de reconversion, même s’il introduit un changement radical, sera vraisemblablement long, à moins d’un événement catastrophique jouant le rôle de catalyseur – comme un nouveau Pearl Harbor. » 

    Reconstruire les défenses de l’Amérique.

    Qui sont-ils ?

    William Kristol, Robert Kagan, Devon Gaffney Cross, Bruce P. Jackson et John R. Bolton, Gary Schmitt, Dick Cheney (futur Vice-président des Etats-Unis), Donald Rumsfeld (futur secrétaire d’Etat à la Défense), Paul Wolfowitz (futur sous-secrétaire d’Etat à la Défense, Président de la Banque Mondiale), Jeb Bush (Gouverneur de Floride), Richard Perle (Conseiller de G.W. Bush aux Affaires Etrangères)…

    Leur stratégie est-elle toujours d’actualité ?

    Lors d’une conférence donnée à San Francisco le 3 octobre 2007, Wesley Clark, général 4 étoiles retraité des Forces armées des Etats-Unis, affirme que dix jours après le 11-Septembre, les invasions de l’Irak, de la Libye, de la Syrie, de l’Iran et de plusieurs autres pays du Moyen-Orient avaient déjà été planifiées.

    Le plan US post 11/9 : envahir 7 pays dont l’Irak, la Lybie, la Syrie et l’Iran, selon le général US Wesley Clark

    L’illusion d’un débat contradictoire : 

    1/ La version plutôt républicaine 

    Il s’agit de la doctrine du « Choc des civilisations » inspirée par l’intellectuel Samuel Huntington qui fut membre du Conseil de sécurité nationale au sein de l’administration Carter. Pour lui, la source fondamentale de conflit dans ce nouveau monde ne sera pas essentiellement idéologique ou économique, mais principalement culturelle, et les principaux conflits de la politique mondiale se produiront entre nations et groupes de différentes civilisations.

    Dès lors, comment concocter une stratégie de domination, déguisée en science, qui exploite ce constat ? Huntington souligne le retour des identités culturelles, mises entre parenthèses durant l’époque de l’ordre binaire de la guerre froide (1947-1990). Le monde se divise en une dizaine de civilisations : Les civilisations chinoise, japonaise, hindoue, islamique, occidentale, latino-américaine, africaine et orthodoxe. Une classification huntingtonienne purement arbitraire, contestable et contestée. En effet, Huntington ne tient pas compte dans sa proposition des enjeux politico-financiers, des différences religieuses entre mondes musulman et chrétien, il postule que l’Occident est garant des valeurs démocratiques, ou encore il inclut la Grèce uniquement dans l’univers orthodoxe. Selon lui le monde arabo-musulman serait entré en guerre contre le monde judéo-chrétien. Il décrit l’islam et la Chine comme « des puissances grandissantes potentiellement unies » et parle de « la filière islamo-confucéenne », face à un Occident déclinant au XXIe siècle. Opposé à un interventionnisme direct, il préconise le conflit par pays interposés afin d’éliminer les rivaux. Selon lui l’intervention occidentale dans les affaires des autres civilisations est probablement la source la plus dangereuse d’instabilité et de conflit potentiel global dans un monde multi-civilisationnel. Washington doit passer un accord de zone d’influence avec Moscou, soutenir le Japon habilement pour en faire un concurrent de la Chine en Asie, et ainsi empêcher Pékin d’élargir l’axe islamo-confucéen. 

    Malgré des différences notables, en particulier sur le procédé le mieux adapté pour servir les intérêts américains dans le reste du monde par des interventions directes ou indirectes, les thèses d’Huntington servirent de support idéologique aux dirigeants de l’administration Bush Jr, combinant ainsi une forme de sublimation du religieux à d’autres impératifs beaucoup plus stratégiques et pragmatiques, ce que Bush Junior a appelé « la guerre contre l’axe du mal ».

    (La formule « choc de civilisations » fut lancé pour la première fois par Bernard Lewis à la fois consultant du Conseil de sécurité nationale des États-Unis et conseiller de Benyamin Netanyahou alors ambassadeur d’Israël à l’ONU).

    JPEG - 704.6 ko
    http://www.agoravox.fr/IMG/jpg/bush...

    2/ La version plutôt démocrate

    Zbigniew Brzezinski n’est pas un néo-conservateur au sens strict, néanmoins son influence au sein du pouvoir profond américain fait de lui un personnage incontournable du dispositif américain en matière de politique étrangère. Il prône la méthode douce en apparence, et se fait une spécialité de la guerre indirecte et durable de faible intensité. Pour y parvenir, il défend le financement de groupes terroristes. Comme l’affirme l’ancien directeur de la CIA Robert Gates dans ses Mémoires : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l’intervention soviétique. Robert Gates, l’homme de Brzezinski, est le véritable fil conducteur des idées du PNAC chez les républicains et chez les démocrates. Il a été secrétaire à la Défense des États-Unis sous George Bush Jr, et il a conservé son poste avec Obama. 

    Pour Brzezinski la suprématie américaine est un impératif géostratégique. Il est primordial qu’aucun pays challenger n’émerge et soit capable de dominer l’Eurasie .

    Il écrit : « L’Asie centrale et la mer Caspienne sont connus pour contenir des réserves de gaz naturel et de pétrole qui éclipsent celles du Koweït, du Golfe du Mexique, ou de la mer du Nord… Cela met l’accent sur les manœuvres et les manipulations que ne devons mettre en place, afin de prévenir l’émergence d’une coalition hostile qui pourrait chercher à contester la primauté de l’Amérique. La tâche la plus urgente consiste à s’assurer qu’aucun Etat ou combinaison d’Etats gagne la capacité d’expulser les États-Unis de l’Eurasie ou même de diminuer de manière significative son rôle décisif d’arbitrage. »

    Zbigniew Brzezinski, un homme omniprésent quel que soit le pouvoir en place.Conseiller de la sécurité nationale sous la présidence de Jimmy Carter (1977-81), Administrateur et fondateur de la Commission Trilatérale  sous Ronald Reagan – membre du NSC-Département de la Défense, membre du Foreign Intelligence, ancien membre du conseil d’administration du Council on Foreign Relations (C F R ), en 1988 il est conseiller à la sécurité nationale pour l’administration Bush père, et il fut également l’un des membres participants au Groupe de Bilderberg. Actuellement, Brzezinski est le Conseiller d’Obama en politique étrangère. 

    Le néo-conservatisme d’aujourd’hui est un produit générique

    Contrairement à d’autres entités autoritaires de type fasciste, le système néo-cons est beaucoup moins rigide et grossier, et s’appuie sur une nébuleuse de sous groupes permettant ainsi de cibler un public spécifique. Dans les faits, il en résulte un réseau plus ou moins formel, aux engagements politiques multiples, imposant son propre dictat. N’y voir qu’un bloc monolithique contribue à mener à l’impasse toute analyse sur ce sujet. En effet, il est relativement vain de chercher une quelconque ressemblance culturelle entre un néo-cons millénariste créationniste américain et un néo-cons de tendance libertaire.

    Malgré tout, un examen d’ensemble nous permet de comprendre les liens qui les unissent. 

    En France, qui sont-ils ? Un faisceau d’indices à notre disposition

    Véritables agents de diffusion d’une idéologie, ils constituent un réseau de convergence d’intérêts considérables, venant d’horizons politiques pourtant très différents : Ultra gauche, gauche libérale, droite réactionnaire, droite libertaire ou encore simples opportunistes. Ainsi, ce qui pourrait apparaître comme un handicap au regard des antagonismes culturels initiaux, devient au final une arme redoutable qui fait d’eux de terribles représentants multi-cartes, un avantage certain quand l’objectif est d’influencer les médias et la société en général. 

    Terra Nova, l’American Jewish Committee et la guerre contre l’Iran – Les blogs du Diplo

    Une indication : Même déguisés, ils utilisent tous une sémantique similaire, ainsi « l’islamo-fascisme » est un terme utilisé de manière récurrente, toujours très présent chez les néo-cons revendiqués, notamment chez Norman Podhoretz le père spirituel.

    Autre indication : A aucun moment vous ne trouverez l’un d’entre eux appeler à juger comme criminels de guerre Georges W. Bush, Dick Cheney, Condoleezza Rice, ou bien Donald Rumsfeld. Ils concluront toujours par un « oui, mais l’Amérique est une grande démocratie ». 

    Quel est leur but ? 

    1/ Promouvoir le "leadership" mondial des États-Unis sur le reste du monde en justifiant les guerres impérialistes.

    2/ Lutter contre toute forme de conscience divergente et cela par tous les moyens envisageables, du contrôle des lignes éditoriales au recours à la calomnie et au mensonge.

    Alors pourquoi ce site ?

    Deux choix s’offrent à nous : Ne rien faire, et dans ce cas ces prédateurs nous confinerons assurément dans un véritable ghetto mental, ou alors résister en contestant ce qui les anime : « L’appétit du Pouvoir ». Dans un premier temps, il s’agit d’identifier leurs liens et leurs intérêts communs, afin de leur faire face en toute connaissance de cause. 

    Nous avons identifié cinq catégories bien distinctes parmi les soutiens français à l’idéologie néoconservatrice, même si certains peuvent appartenir à plusieurs groupes.

     
  • Du Lakota à Gaza

    La profonde blessure de Wounded Knee

    Du Lakota à Gaza (Counterpunch)

    Johnny Barber

    Le 29 décembre est le 122ième anniversaire du massacre de Wounded Knee. C’est une catastrophe dont le souvenir est encore frais dans l’esprit des peuples autochtones d’Amérique. Chaque génération en perpétue le souvenir.

    En 1891, en faisant l’historique du massacre, Thomas Morgan, le Commissaire aux Affaires Indiennes, a écrit :

    "Il est difficile de surestimer l’ampleur des calamités qu’a provoqué pour le peuple Sioux la disparition soudaine des bisons. Eux qui jouissaient d’un espace illimité sont maintenant enfermés dans des réserves ; eux qui bénéficiaient d’un approvisionnement abondant sont maintenant tributaires de subventions et fournitures gouvernementales de plus en plus maigres. Dans ces circonstances, n’importe quel être humain serait malheureux et agité et même agressif et violent."

    Le Commissaire Morgan ne s’attendrissait pas sur le sort des peuples natifs. Il ne faisait que décrire la réalité. Un an avant le massacre, en octobre 1889, il avait donné par écrit ses directives concernant la population autochtone :

    "les Indiens doivent adopter les "coutumes des blancs" de gré ou de force. Il faut qu’ils s’adaptent à leur environnement et à notre mode de vie. Notre civilisation n’est peut-être pas parfaite mais elle est ce qui peut arriver de mieux aux Indiens. Il ne faut pas qu’ils puissent y échapper et s’ils ne veulent pas s’y plier il faut les briser. Le tissu des relations tribales doit être détruit, le socialisme doit être anéanti et il faut leur substituer la famille et l’autonomie individuelle."

    Le massacre de Wounded Knee est toujours décrit comme une "bataille" dont personne n’est responsable mais s’il fallait vraiment nommer un responsable alors ce serait le Lakota qui a tiré le premier. C’est cela qui leur sert à justifier tout ce qui s’est passé. Un siècle après les meurtres, le Congrès a présenté des excuses et exprimé son "profond regret" pour les évènements de ce jour de 1890 où plus de 370 hommes, femmes et enfants qui s’enfuyaient devant l’armée ont été assassinés. Mais le massacre de Wounded Knee n’est en rien une anomalie, ni un accident. Wounded Knee c’est le symbole de toute l’histoire de la relation de l’Empire avec les peuples autochtones.

    "Je ne me suis pas rendu compte à l’époque de ce que cela signifiait. Quand je regarde en arrière du haut de mon grand âge, je vois les cadavres ensanglantés des femmes et des enfants entassés ou dispersés le long du ravin tortueux aussi clairement que quand j’étais jeune. Et je sais maintenant que quelque chose d’autre est mort dans cette boue sanglante et a été enterré dans le blizzard. Le rêve d’une peuple. C’était un rêve magnifique." Elan Noir.

    Les descendants des victimes commémorent le massacre afin d’honorer ceux qui sont tombés et de guérir leurs communautés toujours dévastées. Les descendants des coupables refusent de reconnaître le mal qu’ils ont fait et le mal prolifère.

    Depuis Wounded Knee, où quelques jours après le massacre, Frank Baum (qui a écrit plus tard "Le magicien d’Oz"), le jeune rédacteur en chef du journal The Pioneer, a écrit : "Le Pioneer avait déjà dit que notre sécurité dépendait de l’extermination totale des Indiens. Comme nous les avons maltraités pendant des siècles il était préférable, pour protéger notre civilisation, d’en finir une fois pour toutes au prix d’une vilenie de plus en effaçant de la surface de la terre ces sauvages indomptables."

    Jusqu’au Vietnam, où l’appel de Lyndon Johnson à gagner les coeurs et les esprits de la population civile a été perverti par les GI en "Tiens-les par les couilles, et leur coeur et leur esprit viendront avec."

    Jusqu’en Irak, où Madeleine Albright a répondu à la question de savoir si les sanctions qui avaient causé la mort d’un demi million d’enfants avaient valu la peine : "Je pense que c’était un choix difficile mais nous pensons que oui, ça en valait la peine."

    Jusqu’à Gaza, dont Dov Weisglass a dit : "L’idée c’est de mettre les Palestiniens au régime, mais sans les faire mourir de faim."

    Jusqu’en Iran, où selon le Département d’Etat, les nouvelles sanctions en place, "commencent à faire mal," et jusqu’en des dizaines d’autres endroits, le mal prolifère.

    Dans tous les cas, la puissance qui détient la supériorité militaire prétend que ceux qu’elle occupe et opprime sont dangereux et menacent jusqu’à son existence, alors même qu’elle affame la population, lui dénie toute liberté de mouvement et viole ses droits les plus élémentaires sous prétexte de "sécurité". Tous les efforts de "l’ennemi" pour faire la paix sont ignorés et qualifiés de "mensonges" pendant que le vol de la terre et/ou des ressources se poursuit impunément. Chaque fois que les opprimés font valoir leurs droits ou osent se retourner contre leurs oppresseurs, ces derniers prétendent qu’ils sont motivés par la haine et qu’ils veulent annihiler l’état. Les négociations sont considérées comme de la faiblesse et l’oppresseur n’accepte de négocier que s’il y voit un moyen d’accentuer l’oppression. Les oppresseurs parlent tout le temps de "rechercher la paix" tout en détruisant systématiquement tout ce qui s’oppose à leur entreprise.

    Nous tuons en affamant, en refusant des médicaments, en isolant. Quand ça ne suffit pas à faire taire les "mécontents" nous n’hésitons pas à faire parler le feu et les bombes. Souvenez-vous des paroles du Commissaire Morgan : "Notre civilisation n’est peut-être pas parfaite mais elle est ce qui peut arriver de mieux aux Indiens. Il ne faut pas qu’ils puissent y échapper et s’ils ne veulent pas s’y plier il faut les briser."

    Un jour nous aussi nous serons brisés par cette conception dévoyée de la civilisation.

    La doctrine Dahiya est une stratégie militaire ayant pour objectif la dissuasion qui consiste pour l’armée israélienne à cibler délibérément des infrastructures civiles pour faire souffrir la population civile et lui rendre la vie si difficile que résister à l’occupation et rendre les coups devient pratiquement impossible. La doctrine a pris le nom d’un faubourg résidentiel du sud de Beyrouth. Les bombes israéliennes ont détruit tout le quartier pendant la guerre du Liban de 2006. Mais cette doctrine n’est pas une stratégie moderne de contrôle des populations. Mettre Gaza "au régime" n’est pas non plus un moyen inédit de soumettre tout un peuple en le maintenant dans la pauvreté, la malnutrition, la lutte pour se procurer les produits de première nécessité ; la violence, qui est la manière étasunienne de procéder, a été adoptée par nos alliés les plus proches (qui sont aussi "la seule démocratie du Moyen Orient" avec "l’armée la plus morale du monde"), les Israéliens.

    Le 27 décembre marque le 4ième anniversaire du début de l’opération Cast Lead, (le nom vient d’une chant populaire pour enfants de Hannoukah à propos d’une toupie (dreidel) faite de plomb fondu). Pendant l’attaque de Gaza, 1417 personnes ont été tuées dont 330 enfants, 4336 personnes ont été blessées et 6400 maisons ont été détruites. Des hôpitaux, des mosquées, des usines électriques et des systèmes d’eau ont été délibérément ciblés.

    Israël accuse le Hamas de crimes de guerre pour avoir lancé des roquettes sans système de guidage en Israël. Les officiels israéliens prétendent que "le Hamas se cache derrière des civils" pour justifier le bombardement de centres de populations et d’infrastructures civiles. Tuer les citoyens de Gaza avec des armes de précision est un crime de guerre, qui que ce soit qui se cache derrière ces armes.

    Après le récent meurtre de 20 enfants dans une école de Newtown, Connecticut, le Président Obama essuyait ses larmes en disant :

    "Notre première tâche est de prendre soin de nos enfants. C’est notre principale mission. Si nous n’arrivons pas à le faire, alors nous n’arriverons à rien. C’est en fonction de cela que notre société sera jugée. Et pouvons-nous vraiment dire, en tant que nation, que nous assumons nos obligations dans ce domaine ?"

    Lors de la dernière opération israélienne de 8 jours contre Gaza intitulée "Pilier de nuée" (le nom est tiré de la Bible), trois générations de la famille al-Dalou, dont 4 enfants de 1 à 7 ans, ont été assassinées par un seule bombe. Le fils survivant ne parle pas de se rendre, ni d’abandonner les terres de la famille ni de disparaître. Il demande justice. A sa tristesse se mêle de la colère. Peut-on le lui reprocher ?

    Avec le cessez le feu, le peuple de Gaza a envoyé toujours le même message au monde. Nous somme ici. C’est notre patrie. Nous ne partirons jamais. Il faudra tous nous tuer.

    Quand les bombardements se sont arrêtés, notre Congrès a immédiatement voté un nouveau stock de munitions et de bombes à Israël pour qu’il puisse "se protéger". Le mal prolifère.

    Dans son discours le Président a ajouté :

    "Si nous pouvons faire quelque chose pour éviter à un seul enfant, un seul parent, une seule ville, le chagrin qui a submergé Tucson et Aurora et Oak Creek et Newtown et des communautés comme Columbine et Blacksburg auparavant, alors certainement nous devons le faire."

    Wounded Knee n’a pas disparu. Le peuple du Lakota existe toujours. Gaza n’a pas disparu. Le peuple palestinien existe toujours. En Afghanistan, Irak, Pakistan, Yémen, Libye et Somalie, les gens pleurent leurs enfants assassinés. Les violences qu’ils subissent en notre nom continuent. Si nous pouvons faire quelque chose pour sauver un enfant, nous devons le faire.

    Johnny Barber

    Johnny Barber qui était à Gaza vient de rentrer aux Etats-Unis.

    Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2012/12/28/the-deep-wound-of-wou...

    Traduction : Dominique Muselet

    URL de cet article 18830 
    http://www.legrandsoir.info/du-lakota-a-gaza.html

     
  • Aux Américains qui se posent des questions...

     

     
    USA

    Aux Américains qui se posent des questions sur la mort des enfants du Connecticut

    Traduction : Info-Palestine.net - Dominique Muselet 


    Un enfant irakien tient une photo le montrant avant que son visage ne soit ravagé dans la guerre déclenchée par les États-Unis - AFP
    Les larmes que votre président a versées lors de son discours sur le meurtre des 20 "beaux enfants' et des 6 "adultes remarquables" comme il les a appelés, m'ont profondément émue. Elles m'ont rappelé les larmes que j'ai versées lorsque mon pays a été détruit par les bombardements de l'opération shock and awe (choc et terreur) pendant la guerre d'Irak, il y a 10 ans. 

    Vous vous êtes réunis pour faire ensemble le deuil de ces enfants, mais quand vous avez déclaré la guerre à mon peuple, ma soeur et moi qui vivions à l'époque aux Etats-Unis, nous étions seules à pleurer sur nos familles qui étaient en Irak et dont nous ne savions rien. Les missiles étasuniens ne faisaient pas la différence entre les enfants et les adultes pendant la guerre, tous les Irakiens ont été menacés de morts tout au long. 

    Personne ne nous a présenté ses condoléances pour la perte de notre pays, de nos rêves et de nos espoirs en des jours meilleurs. Nous étions seules avec notre chagrin ; le monde entier regardait les bombardements en silence. Personne n'a écouté les rares protestataires. Les leaders du Moyen-Orient ont regardé leurs frères et soeurs se faire tuer ; vos bases militaires se trouvaient dans leurs pays, mais ils n'ont pas fait un geste pour arrêter la guerre. 

    Votre président a nommé chaque enfant assassiné par son nom. Nos enfants assassinés par les bombes étasuniennes n'avaient pas de nom. Je me souviens d'une photo où l'on voyait des petits cadavres ensanglantés empilés à l'arrière d'un camion, des enfants tués pendant le bombardement d'une petite ville irakienne. Personne n'a présenté d'excuses à leurs parents ni aux Irakiens pour avoir pris la vie de ces enfants... Il n'y a pas eu d'ours en peluche ni de bougies.. 

    Connaissez-vous Abeer ? Abeer est l'adolescente irakienne de 15 ans qui a été violée devant les membres de sa famille par des soldats étasuniens. Les soldats ont ensuite brûlé la maison pour cacher leur crimes. Combien d'Etasuniens savent ce qui est arrivé à Abeer ? 

    L'uranium appauvri que vos troupes ont utilisé à Fallujah a provoqué l'explosion des taux de cancer, de leucémie et de mortalité infantile. Les jeunes femmes de Fallujah en Irak ont peur d'avoir des enfants à cause du risque de mettre au monde un bébé difforme, un bébé sans bras, avec deux têtes, un seul oeil au milieu du front ou des membres manquants. Savez-vous que les petits enfants de Fallujah souffrent maintenant de cancer et de leucémie ? 

    Les troupes étasuniennes n'ont pas cessé de tirer sur notre peuple pendant la guerre et même après la reddition des troupes irakiennes, beaucoup de vos soldats ont continué à tirer sur tout ce qui bougeait. La femme d'un membre de ma famille a été tuée par des soldats à un checkpoint parce que son mari n'avait pas entendu le soldat qui lui avait dit de s'arrêter. La cause de la violence en Irak n'était pas "complexe" comme vous l'avez dit de celle qui vient d'endeuiller votre pays, la cause était la brutalité de vos troupes. 

    En Irak, personne ne se rend dans un centre commercial ou dans une école pour tuer des gens. Par contre, beaucoup d'innocents ont été assassinés par vos soldats. Pourquoi ? 

    Il y a quelques jours dans le Connecticut, votre président a cité les paroles de Jésus : "Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas car le royaume de Dieu leur appartient." 

    Les enfants irakiens que la guerre n'a pas tués ont regardé la télévision et ont compati à votre souffrance. Quant à ceux qui sont morts dans l'indifférence générale, le Royaume de Dieu leur appartient autant qu'aux petits Etasuniens qui viennent d'être assassinés. Les enfants sont des enfants, et ils méritent tous de vivre, qu'ils soient Irakiens ou Etasuniens. 

    Un homme a pris la vie de 20 beaux petits enfants et de 6 adultes remarquables, mais votre gouvernement a pris la vie de milliers de beaux enfants et de remarquables adultes en Irak pendant votre monstrueuse guerre. 

    Pourquoi la mort de 20 enfants vous affecte-t-elle tant alors que la mort de milliers d'enfants irakiens vous a laissés froids ? 

    Votre perte est grande, certes, mais la nôtre l'est infiniment plus... 
    Nesreen Melek vit au Canada mais son amour et sa dévotion pour sa patrie, l'Irak, sont inaltérables. On peut la joindre à : n_melek@hotmail.com
  • ÉTATS-UNIS • Le fusil d'assaut

    ÉTATS-UNIS  Le fusil d'assaut, ça vous vide la tête

    Dans le viseur de Barack Obama après le drame de Newtown, les armes semi-automatiques sont, pour de nombreux Américains, un hobby antistress comme le bowling ou le crochet.
     
    "Concentre-toi, Emilie, sinon tu ne réussiras jamais ton examen d'auto-défense" - Dessin de Schot (Pays-Bas)"Concentre-toi, Emilie, sinon tu ne réussiras jamais ton examen d'auto-défense" - Dessin de Schot (Pays-Bas)
    Quiconque souhaite limiter la vente d'armes d'assaut doit tenir compte du fait que des millions d'Américains possèdent des armes pouvant entrer dans cette catégorie et que bon nombre d'entre eux n'y voient rien de plus spécial qu'une moto ou une voiture de course, objets dont ils tirent d'ailleurs le même genre de satisfaction. 

    "C'est un très bon antistress, explique Chad Knox, auxiliaire médical installé à Marietta, dans l'Ohio, qui pratique le tir et chasse les animaux nuisibles de son terrain de 16 hectares à l'aide d'un fusil semi-automatique. Certains font du crochet, d'autres du shopping, et d'autres encore font du tir".

    Chad Knox possède un fusil de type AR-15, une arme inspirée d'un modèle militaire que les auteurs de plusieurs massacres récents – dont celui de Newtown – ont rendu célèbre.

    Une arme très populaire

    Interdits pendant une dizaine d'années par le gouvernement fédéral, certains modèles d'AR-15 pourraient redevenir illégaux si le président Obama parvient à convaincre le Congrès de rétablir l'interdiction fédérale (levée en 2004) sur les fusils d'assaut, ainsi qu'il s'est engagé à le faire.

    Pour de nombreux possesseurs de fusils semi-automatiques, le modèle AR-15 et ses semblables n'évoquent toutefois aucunement les terrifiantes images de tuerie. Ces gens utilisent leurs armes pour des exercices de tir et pour chasser de petits animaux comme les lapins, les écureuils ou les coyotes.

    Inspiré des modèles militaires M-16 et M-4, ce fusil est interdit dans les lieux publics et peut s'avérer moins précis qu'un fusil de chasse s'il faut se protéger chez soi.

    Chad Knox, 28 ans, apprécie la légèreté de cette arme et la relative faiblesse de son recul. "Si je pars chasser ou si j'essaie d'intéresser un jeune à la chasse, l'AR-15 est l'arme qu'il faut, explique-t-il. Il est très simple d'utilisation."

    La plupart des détenteurs de ce type d'armes de longue portée semi-automatiques (qui font feu à chaque pression sur la détente) semblent surtout s'en servir pour s'exercer au tir sur cible. Les chargeurs amovibles de grande capacité sont également très populaires. Pour les partisans du contrôle des armes, ces chargeurs font partie des accessoires qui devraient être interdits.

    "Comme le bowling"

    Propriétaire d'un atelier de carrosserie à Crown Point, dans l'Indiana, Arnie Andrews utilise son fusil Olympic Arms AR-15 plusieurs fois durant l'été pour tirer sur des cibles. Il possède un chargeur de vingt munitions, l'ancienne norme de l'armée (aujourd'hui relevée à trente munitions). "C'est un défi, on essaie de voir à quel niveau on se situe, explique cet homme âgé de 58 ans à propos du tir sur cible. C'est comme le bowling ou n'importe quel autre sport. Vous voulez voir si vous ferez mieux la prochaine fois."

    Si les armuriers affirment que l'AR-15 est le fusil le plus populaire aux Etats-Unis, certains connaisseurs n'aiment pas ce modèle. Kent Carper, ancien chef de la police et élu local de Kanawha, en Virginie-Occidentale, possède de nombreuses armes chez lui, mais il n'a jamais voulu de fusil d'assaut. "Je n'ai jamais acheté de ces extensions de chargeur auxquelles je ne comprends rien, déclare-t-il. On a vu trop de tragédies avec des fusils d'assaut et des extensions de chargeur".

    "L'argument consiste à dire que le droit de posséder et de porter des armes est garanti par la Constitution, donc vous avez le droit absolu d'avoir autant de munitions que vous voulez, poursuit Carper. Si vous poussez cette logique au bout, vous pouvez très bien avoir des missiles comme munitions."

    "Je veux voir ma pastèque exploser"

    Certains détenteurs d'armes parlent du tir comme d'un sport extrême. Tous les deux mois, quand il a mis assez d'argent de côté pour acheter 500 munitions, Patrick Mason part dans le désert autour de Las Vegas avec un ou deux amis pour faire un barbecue et tirer sur des cibles en fruits. "Je ne veux pas faire des trous dans des cibles en papier, je veux voir ma pastèque exploser", explique ce jeune assistant manager de 23 ans, employé dans un studio de yoga à Las Vegas.

    "C'est drôle et on s'amuse bien, mais c'est aussi une technique, un véritable art, ajoute-t-il. La comparaison peut paraître étrange, mais c'est un peu comme tenir un animal vivant dans ses bras. Quand vous tirez, il y a le recul et puis l'odeur." Mason ne chasse pas et ne considère pas ce qu'il fait comme un sport. Cela lui procure une décharge électrique, un frisson d'excitation. "Après avoir tiré vingt balles sur une cible, j'ai envie de me faire un burger !"

    Si certains possesseurs d'AR-15 utilisent leur arme pour chasser, d'autres estiment que l'utilisation d'une arme semi-automatique est contraire à l'esprit de la chasse. "Quand on chasse, on tire une fois, on n'arrose pas partout à la ronde", souligne Bill Den Hoed, propriétaire avec l'un de ses frères de Den Hoed Wine Estates, à Prosser, dans l'Etat de Washington.

    Cet homme de 54 ans possède un fusil Colt AR-15 depuis près de vingt-cinq ans et l'utilise uniquement pour tirer sur des cibles dans les vignes familiales, près de la rivière Columbia. Il reconnaît toutefois qu'un semi-automatique peut être utile pour chasser des animaux nuisibles comme les coyotes qu'on trouve dans la région. Sa fréquence de tir permet en effet de réduire le nombre de ces prédateurs, explique-t-il.

    Les interdire ne changerait rien

    Pour les possesseurs d'AR-15, l'interdiction de ce type d'arme n'empêcherait pas les massacres. Ils restent toutefois assez discrets, en partie parce qu'ils partagent la souffrance des familles des vingt enfants disparus dans la tuerie de l'Etat du Connecticut, en partie parce qu'ils estiment que cette nouvelle tentative de réduction de la violence par la limitation des armes ne servirait à rien.

    Ils ne croient pas que l'interdiction des fusils d'assaut et des chargeurs de grande capacité puisse empêcher des tueurs comme Adam Lanza de passer à l'action. D'après les autorités, Lanza a utilisé un Bushmaster de type AR-15 dans le Connecticut. "Si je pensais que l'interdiction était la solution, j'y serais probablement favorable, explique Everett Wilkinson, ancien marine installé dans le comté de Palm Beach, en Floride. Le problème, ce ne sont pas les armes, ce sont les fous."

    Un avis que partagent d'autres détenteurs d'armes. "Les tueurs utiliseront d'autres armes, une bombe ou dieu sait quoi, prédit Andrews, qui possède un permis de port d'arme dissimulée et a suivi une formation pour savoir comment réagir face à un tireur. "En toute honnêteté, si vous étiez dans une mauvaise passe, vous seriez content que je sois là."

     
  • Attaquer les pauvres et les bouches inutiles

    Attaquer les pauvres et les bouches inutiles et les assiéger par l’Austérité.

    Comment régler le problème de l’obsolescence des individus (Dissident Voice)

    William Manson

    Mémorandum : Interne (Confidentiel)
    Problème : Grand excédent de main d’oeuvre
    Solution : Austérité (soit, dans les faits, l’annihilation d’une classe sociale).

    Il y a un problème gênant qui refuse de disparaître : que faire de "l’excédent de population" (pour paraphraser Scrooge*, le Malthusien**) ? Je veux dire que dans notre économie post-industrielle du 21ème siècle, des dizaines de millions de personnes - des être humains, n’est-ce pas ? - ont désormais peu de "valeur marchande" pour ne pas dire plus du tout. Deux facteurs en sont principalement responsables : l’automatisation de haute technologie et la délocalisation (la fuite de capitaux, "la course au coût le plus bas"). Leurs compétences professionnelles traditionnelles sont devenues hors de prix, inutiles, dépassées et désuètes. On ne peut plus les exploiter comme salariés (sous-payés) ni comme consommateurs. Ils ne font rien, ils sont malheureux, agités et sujets à des accès spasmodiques de rage qui engendrent de l’agitation sociale.

    Que faire ? On parle ici d’environ 20% de la population des Etats-Unis. Selon la perspective idéologique du néocapitaliste - pour qui la "valeur" individuelle est totalement circonscrite à la "valeur marchande" - ils "ne valent rien". (Souvenez-vous des paroles de Margaret Thatcher : "Il n’y a pas de société civile"). On ne peut pas juste.... les tuer - bien que ce soit certainement le moyen le plus simple, le plus efficace et le moins coûteux de se débarrasser du problème. L’élite qui représente 1% (ou plutôt le dixième de 1%) pourrait même continuer à profiter, dans une impunité quasi-totale, des crimes et des abus commis par les machines à extorquer l’argent que nous appelons Entreprises. Mais il y a des restes de contraintes légales et normatives qui rendent difficiles le meurtre prémédité. (Avec toutefois une exception dont on ne parle jamais mais qui n’en est pas moins flagrante : le bombardement et la destruction de milliers de gens innocents dans des endroits comme l’Irak et l’Afghanistan.)

    Donc, je repose la question : que faire ? Rien qu’aux Etats-Unis, le chômage structurel (plus le "sous-emploi" du temps partiel) touche près de 20% de la population. Et selon les dernières statistiques de l’UNICEF, 23% des enfants étasuniens vivent désormais dans la pauvreté.

    Il y a une variante très efficace de la "doctrine du choc" qu’on peut résumer ainsi : "En ces temps d’incertitude financière - ou plutôt de crise ! - nous ne pouvons tout simplement plus "nous permettre" d’aider tous ces gens. Après tout, personne ne devrait être "en droit" de bénéficier de services à coûts réduits financés par le gouvernement comme la sécurité sociale et le logement (de standing inférieur)".

    En un mot il s’agit de l’Austérité. Quand ces gens n’auront plus aucune ressource, un coup de pied bien appliqué suffira à les chasser de la société. Réduits au désespoir, ils voleront un miche de pain (au sens figuratif) et cette armée de Jean Valjean pourra alors enfin rapporter un peu d’argent - en devenant des hôtes de longue durée de l’hôtellerie carcérale étasunienne (LLC). Mais la désespérance et l’absence d’avenir peuvent aussi pousser ces malheureux dans d’autres formes d’exclusion sociale autodestructrices et (souvent) mortelles comme l’alcoolisme, la drogue, l’emploi d’armes à feu et les "accidents". Pour parler comme les militaires, d’abord on a attaqué les pauvres et les bouches inutiles et maintenant on les "assiége" par l’Austérité.

    Tout cela n’est que du commerce : il faut faire un maximum de profit, c’est tout. Ces gens n’ont "aucune valeur" n’est-ce pas ? En plus ils nous irritent, nous contrarient, et nous voulons "nous en débarrasser". C’est bien cela n’est-ce pas ? Alors il ne faut plus tergiverser. L’histoire regorge d’exemples qui vous aideront à affiner votre stratégie pour mener à bien cette entreprise.

    William Manson a écrit The Psychodynamics of Culture (Greenwood Press).