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Empire - Page 12

  • Quand frappent les drones

    Analyse. En janvier dernier, le Rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’Homme et le contre-terrorisme a annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’utilisation de drones au regard du droit international. Au Yémen, ces avions sans pilote, utilisés depuis 2002 par les États-Unis pour éliminer de présumés combattants de la nébuleuse Al-Qaïda, suscitent la controverse.

    « Toutes les mesures prises au nom de la lutte antiterroriste ou d’autres défis sécuritaires au Yémen doivent avoir à cœur la protection des droits humains », selon Malcolm Smart, ancien directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Or, il semble que cette nécessaire vigilance au respect des droits fondamentaux ne soit pas suffisamment prise en compte par la politique américaine au Yémen. Le principal aspect de cette politique concerne la lutte antiterroriste contre la nébuleuse Al-Qaïda. Depuis la fusion des branches saoudiennes et yéménites en 2009, les États-Unis ont en effet placé le Yémen en tête de leurs priorités, allant jusqu’à décrire le pays comme la principale menace contre les intérêts américains dans le monde.

    Cette politique poursuivie par Barack Obama se fonde essentiellement sur l’utilisation des drones, des avions militaires sans pilote qui font partie de l’arsenal des robots militaires de plus en plus employés dans les zones de conflit.

    135149_Hermes_450_UAV_used_for_reconnais Drone Hermes 450 © Robin Ballantyne / Omega Research Foundation, sourced through Mispo.org

    La première frappe d’un drone au Yémen, en 2002, fut suivie d’un partenariat étroit entre l’administration américaine et le régime du président Saleh, pour lequel cette coopération signifiait d’importants gains financiers.

    Depuis le début du mandat d’Obama à la Maison Blanche, les frappes de drones ont augmenté de façon très significative en nombre et se sont étendues à plusieurs parties du territoire. Ces frappes sont dirigées à la fois par la CIA et le Pentagone, de façon indépendante, sans aucune transparence quant au processus, aux critères de décision, au mode d’établissement des « kill-list ». Tandis que les drones offrent des avantages indéniables pour les Américains, tels que l’absence de troupes au sol, une plus grande précision comparée aux frappes aériennes traditionnelles, et un effet psychologique sur les groupes armés, leur utilisation pose également de nombreuses questions d’ordre éthique, humanitaire et légal.

    Civils ou combattants

    « Selon le droit international, il y a une présomption de statut de civil et non de combattant. Il faut donc que celui qui intervient militairement prouve que vous participez directement aux hostilités, expliquait en mars dernier Stuart Casey Maslen, directeur de recherches à l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains à Genève*, Pourtant, la politique des États-Unis en la matière semble plutôt fondée sur la présomption de militant s’agissant des cibles potentielles. Ils ont donc inversé la charge de la preuve et parlent de Signature Strikes, des assassinats fondés sur de seuls “indices concordants” ». Auparavant, toutes les frappes visaient en effet un individu clairement identifié et dont les activités avaient été prouvées par le renseignement. Désormais, une personne « au comportement suspect » est susceptible d’être visée, même en l’absence de toute autre information sur son identité ou ses activités. De plus, tout individu masculin tué lors une frappe sera compté comme un membre de groupe armé et non comme civil, sauf s’il est prouvé qu’il était innocent de façon posthume. Cette nouvelle politique de Signature strikes, à laquelle s’ajoute la qualité incertaine du renseignement au sol, accroît la probabilité d’erreur causant des victimes civiles.

    CarteYemen_0.jpg Carte du Yémen © Afdec

    Le traitement médiatique de l’utilisation des drones laisse également perplexe. Tandis que leurs effets controversés sont désormais discutés, les Unes des principaux médias internationaux continuent de « vanter » leurs mérites, parfois à tort. Ainsi, le 17 décembre 2009, la presse internationale faisait état de 34 membres supposés d’Al-Qaïda tués par une frappe américaine : il s’agissait en réalité de 41 civils, dont 14 femmes et 21 enfants. De façon similaire en septembre 2012, les « dix militants [de groupes armés. ndlr] tués par un drone » se révélaient être des civils.

    L’effet boomerang des drones

    Les questions de la souveraineté yéménite, des victimes civiles et de la légalité de telles actions contribuent à rendre contre-productive cette politique américaine, selon certains analystes. En effet, il semblerait que les cibles éliminées soient rapidement remplacées, tandis que le montant des destructions et des victimes servent d’outil de recrutement par Al-Qaïda auprès de la population. Alors que l’on estimait à quelques centaines le nombre des membres de groupes armés liés à Al-Qaïda en 2011, les derniers chiffres de la CIA font état de quelques milliers. Il serait inexact d’attribuer cette nette augmentation à la seule utilisation des drones, mais le sentiment antiaméricain et le nombre de manifestations contre la politique américaine sont autant d’indicateurs du potentiel recruteur d’une telle politique pour les groupes armés.

    Les supporters des drones rétorquent qu’il n’y a pas d’alternative efficace. Même si ce point est discutable, il existe néanmoins des éléments permettant de limiter l’aggravation de la situation : des excuses officielles et une compensation pour chaque erreur ayant entraîné la mort de civils – comme c’est le cas en Afghanistan ou au Pakistan – une plus grande transparence quant à l’ajout de personnes sur les kill-list, un suivi plus étroit de l’aide militaire apportée à un régime corrompu, etc. Sur le long terme, un soutien plus efficace et une aide directe à la population pourraient s’avérer le meilleur moyen de lutter contre l’extrémisme. Pour certains Yéménites, les millions dépensés pour l’organisation des élections présidentielles de 2012 ou pour le dialogue, tandis que près de la moitié de la population est en insécurité alimentaire, sont perçus comme un signe de l’indifférence de la communauté internationale quant à la gravité de la situation au Yémen.

    Benjamin Wiacek pour La Chronique

    *Courrier international, 12 mars 2013

    Consultez le sommaire complet de La Chronique du mois de mai sur http://www.amnesty.fr/Informez-vous/Les-actus/Le-magazine-La-Chronique-de-mai-est-sorti-8406

  • Les attentats de Boston

    travers le prisme des médias américains

     


    Les attentats de Boston vus à travers le prisme des médias américains

    le 6 mai 2013

    Nous publions ci-dessous, avec leur autorisation, un article paru le 17 avril dernier sur le site socialistworker.org [1]. Il est suivi d’un post-scriptum d’Acrimed.

    Les médias ont essayé d’inscrire les explosions dramatiques du marathon de Boston dans le cadre cynique et raciste de la « guerre menée contre le terrorisme », selon Nicole Colson. 

    ***

    Dans la confusion, l’horreur et la désolation qui ont suivi les explosions du marathon de Boston le 15 avril, une seule chose était claire : certains avaient décidé qui étaient les responsables, au mépris des faits.

    Avant même qu’il y ait un bilan précis des victimes, certains dans les médias de droite et parmi les islamophobes patentés se sont mis à suggérer que cet acte ne pouvait bien évidemment être le fait que de terroristes musulmans.

    Dans l’ensemble, dans les heures qui ont suivi les explosions ayant fait 3 morts et 176 blessés, les médias sont restés, pour l’essentiel, assez mesurés, comparés à certains drames précédents. Les présentateurs n’ont fait que répéter la stricte vérité : il était trop tôt pour savoir qui avait perpétré ces attaques et connaître les motivations de leurs auteurs. Furent surtout mises en avant des images de courage et d’espoir – les secouristes et les gens ordinaires qui se sont précipités sur les lieux du carnage pour s’occuper des blessés, mettre les gens à l’abri et offrir un peu de réconfort.

    Mais au fil des heures, et du temps d’antenne à combler, les spéculations d’insipides « experts » médiatiques ont surgi.

    Sur CNN et WABC, on rapporta que la police recherchait un « homme à la peau foncée ou un homme noir » parlant « éventuellement avec un accent étranger ». Le New York Post, qui ne rate jamais une occasion de se vautrer dans le racisme, rapporta à tort que 12 personnes avaient été tuées, que la police croyait un Saoudien responsable de ces actes et que cet homme était sous surveillance dans un hôpital des environs.

    Sous entendu : on assistait à un nouveau 11 septembre.

    Or la police de Boston déclara un peu plus tard qu’il n’y avait pas de suspect en garde à vue, Saoudien ou autre.

    Un Saoudien, étudiant à l’université de Boston fut bien interrogé dans un hôpital des environs. Il figurait parmi les victimes des explosions ayant subi de graves brûlures. Selon Boston.com, un responsable des forces de l’ordre a affirmé que l’homme avait été taclé puis retenu par un passant après avoir été aperçu quittant les lieux précipitamment, à l’instar de centaines d’autres essayant d’échapper aux explosions.

    Malgré la déclaration de la police, Steve Emerson, expert en terrorisme autoproclamé, est allé sur C-SPAN dire ce qu’il pensait de l’étudiant saoudien non identifié, dès le lendemain des explosions. « J’ai eu accès à certaines informations top secrètes », a dit Emerson. « Il semble que c’est un acte terroriste commis pour des raisons politiques… sur la page Facebook de la personne en question, il y avait des messages assez révélateurs hostiles aux États-Unis. Certes il n’a pas été inculpé à l’heure qu’il est, mais les brûlures sur sa peau correspondent aux résidus de la bombe qui a explosé. »

    Sur Fox News, Emerson fut contraint d’admettre que « le suspect saoudien a été mis hors de cause ». Mais il a assuré à la présentatrice de Fox Megan Kelly que les explosions ne pouvaient être que l’œuvre de terroristes islamistes. Pourquoi ? Parce que l’utilisation d’une bombe est « la marque de fabrique » des terroristes islamistes, tandis que, toujours selon lui, les terroristes d’extrême droite « utilisent des armes à feu pour perpétrer leurs attaques ».

    Apparemment, cet « expert » en terrorisme avait oublié que c’est bel et bien une bombe qui explosa devant un bâtiment fédéral à Oklahoma City – attaque terroriste la plus meurtrière sur le sol américain jusqu’au 11 septembre –, déposée par des membres d’une milice suprémaciste blanche.

    Le raccourci raciste consistant à n’envisager la responsabilité que d’un terroriste musulman ne se limita pas aux médias. Les hommes politiques eurent tôt fait d’entrer dans l’arène.

    Interrogée pour savoir si elle connaissait le pourquoi des ces explosions, la sénatrice du Maine Susan Collins (membre du Parti républicain et de la commission chargée du renseignement au Sénat) déclara : « chaque fois qu’une attaque de ce genre se produit, il est difficile de ne pas songer à la responsabilité de l’extrémisme islamiste. » Semblant se rendre compte qu’elle était en train de proférer publiquement des accusations sans fondement, elle s’empressa d’ajouter : « Mais je n’ai aucune preuve qui puisse accréditer cette thèse. »

    Sur CNN, l’ancienne députée démocrate Jane Harman apparut dans l’émission The Lead quelques heures après les explosions dans lesquelles elle crut non seulement déceler la main d’Al-Qaïda, mais où elle annonçait également d’autres attaques à venir : « Je dirais, en m’appuyant sur ce qu’on sait de nos jours d’Al-Qaïda et des organisations liées à Al-Qaïda, que nous devons, si leur responsabilité est confirmée, nous attendre à d’autres attaques lors d’évènements sportifs, dans des villes très exposées ou encore lors de rassemblements de masse les jours fériés. »

    Le député républicain de l’Iowa Steve King profita de l’occasion pour lancer des pistes en matière de réforme de l’immigration. « Si l’on ne peut plus contrôler les antécédents des gens qui viennent d’Arabie saoudite, comment va-t-on contrôler les antécédents des 11 à 20 millions de gens qui vivent ici et qui sont originaires de je-ne-sais-où ?  » s’interrogea-t-il sur la National Review Online.

    Mais tout cela n’était rien comparé aux propos du commentateur de Fow News Erik Rush. Le jour des explosions, Rush a tweeté le message suivant : « Que tout le monde fasse l’autruche en matière de sécurité ! Laissons entrer toujours plus de Saoudiens sans les faire passer par les contrôles ! Allons-y ! » Et lorsque quelqu’un lui demanda si les musulmans dans leur ensemble étaient coupables de ces explosions, Rush répondit : « Oui, ils sont diaboliques. Tuons-les tous. »

    Rush eut recours un peu plus tard à la seule excuse – piteuse – possible : c’était « sarcastique ».

    Mais il ne précisa pas s’il était toujours sarcastique quand il tweeta un peu plus tard : « Qu’il est bon de voir tous ces apologistes de l’islam voler au secours de ceux qui se retourneraient contre eux en un clin d’œil. » Idem pour son article intitulé « Oui, l’islam est l’ennemi à abattre », dans lequel Rush déclarait : « La vérité, la voici : aussi bien la gauche que les islamistes aux États-Unis exploitent le 1er amendement et la nature généreuse des Américains afin de nous conquérir. C’est aussi simple que cela, et si cela doit aboutir à un conflit, je préfère être du côté des vainqueurs, quoi qu’il en coûte. »

    Rush a peut-être le verbe plus haut que les autres, mais ses commentaires reflètent le racisme profond à l’encontre des Arabes et des musulmans qui ne cesse de croître dans la société américaine depuis le 11 septembre.

    Car quand les vedettes médiatiques, les hommes politiques et d’autres attisent l’islamophobie, ce n’est pas sans conséquence. Dans les heures qui ont suivi les explosions de Boston, un torrent d’injures nauséabondes à l’encontre des Arabes et des musulmans s’est répandu dans les médias. Et le lendemain, un vol de la compagnie American Airlines au départ de l’aéroport Logan de Boston et à destination de Chicago fut rappelé à la porte d’embarquement après que des passagers ont fait part de leur inquiétude ayant entendu deux hommes parler arabe à bord. Ceux-ci furent finalement exclus du vol.

    Le délit de « l’Arabe en avion » n’est que trop familier pour de nombreux Arabes et musulmans aux États-Unis depuis le 11 septembre : des passagers sont soupçonnés dès qu’ils prient, qu’ils portent des vêtements islamiques ou, comme à Boston, qu’ils parlent une autre langue, tout simplement.

    Cette montée de la rhétorique anti-musulmans depuis les explosions de Boston accroît considérablement le risque d’attaques racistes. Il nous faut être solidaire de nos amis arabes et musulmans pour éviter qu’un tel retour de flammes ne se produise.

    L’islamophobie est la conséquence directe du jeu malsain de l’establishment politique américain avec la peur du terrorisme afin d’obtenir un plus large soutien à la guerre au terrorisme menée à l’étranger, tout en restreignant les libertés publiques ici, sur le territoire national.

    Comme l’a écrit le chroniqueur du Guardian Glenn Greenwald, « l’histoire de ce type d’attaques depuis 10 ans est claire et cohérente : elles sont menées afin d’accroître le pouvoir du gouvernement, de renforcer la surveillance de la part de l’État et de confisquer les libertés individuelles. »

    De nombreux organes de presse et autres commentateurs conservateurs se sont élevés contre l’absence du mot « terrorisme » dans la première déclaration de Barack Obama sur les explosions de Boston (sans doute parce que, dans la loi américaine, qualifier un acte de « terroriste » a des conséquences juridiques).

    Que les conservateurs de tous poils se rassurent, cependant. Moins d’un jour a suffit à Obama pour déclarer que « chaque fois que des bombes sont utilisées contre des citoyens innocents, c’est un acte de terreur. »

    Comme l’a écrit Greenwald : « Bien sûr, derrière la question "s’agit-il ou non de terrorisme ?", s’en cache une autre : "des musulmans sont-ils responsables ?" » Et pour cause : dans le discours politique américain, le « terrorisme » signifie forcément des violences commises par des musulmans contre l’Occident. La raison pour laquelle il y a eu une telle confusion et un tel flou autour de la notion de terrorisme est qu’il n’existe aucune définition claire et cohérente de ce terme. À l’heure actuelle, ce n’est guère plus que de la propagande visant à émouvoir et à manipuler.

    Parmi les spéculations sur la responsabilité des Arabes ou des musulmans dans les explosions de Boston, personne ou presque dans les médias n’a rappelé la longue série d’actes terroristes sanglants perpétrés par les racistes d’extrême droite.

    De la destruction du bâtiment Alfred P. Murrah à Oklahoma City en 1995 à l’explosion dans Centennial Park lors des Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996 en passant par les incendies visant des cliniques où sont pratiquées l’avortement et des mosquées, la liste d’attaques violentes et de complots terroristes issus de la droite est longue.

    Et pourtant, le visage du terrorisme reste associé aux Arabes ou aux musulmans. Le New York Times, par exemple, a affirmé que les explosions de Boston marquaient « la fin de plus d’une décennie au cours de laquelle les États-Unis subirent étonnamment peu d’attaques terroristes, notamment grâce à une stratégie fondée sur un maintien de l’ordre beaucoup plus strict au lendemain des attentats du 11 septembre. »

    De manière assez révélatrice, le journal a omis de parler du meurtre en 2009 de George Tiller, médecin pratiquant des avortements et ayant subi pendant des années menaces et violences avant d’être abattu dans une église par un fanatique anti-avortement. Pas plus que le journal de référence n’a mentionné les six victimes du néonazi Wade Michael Page lors de la fusillade survenue l’an dernier dans un temple sikh du Wisconsin.

    Est-ce parce que les auteurs étaient des hommes blancs que ces gens ne sont pas considérés comme victimes du terrorisme ?

    L’occultation par le New York Times de la violence d’extrême droite va de pair avec l’argument selon lequel la guerre menée contre le terrorisme a accru la sécurité des Américains – notamment sur le territoire américain, se traduisant par un renforcement des mesures de sécurité qui a généré une augmentation sans précédent des lois sécuritaires et une diminution des libertés publiques depuis le 11 septembre.

    « Dans le sillage du 11 septembre, il y a eu une révolution dans la façon dont les autorités ont traité ce problème » estime Gary Lafree, directeur du consortium national sur l’étude du terrorisme, dans les colonnes du New York Times. « Les équipes de police sous la houlette du FBI font beaucoup plus de prévention. Elles stoppent les complots avant même que les terroristes ne sortent de chez eux. »

    Mais dans un grand nombre de cas, le FBI et la police ne « stoppent » pas les complots. Elles les fomentent puis attrapent des individus vulnérables considérés comme responsables avant de les diaboliser.

    La vérité, c’est que la plupart des gens inculpés de terrorisme aux États-Unis au cours des dix dernières années dans cette guerre menée contre le terrorisme n’ont non seulement jamais tué quiconque, mais n’ont même jamais été sur le point de commettre une quelconque attaque sur le sol américain.

    Prenez par exemple le cas de Newburgh : quatre Afro-Américains originaires de Newburgh dans l’État de New York, arrêtés pour terrorisme en 2009 et suspectés d’avoir préparé des attentats dans deux synagogues et de vouloir abattre des avions militaires à l’aide de missiles. Ces hommes n’avaient ni les moyens ni la motivation de commettre de tels actes avant de rencontrer Shahed Hussain, agent provocateur du FBI, qui les a recrutés dans une mosquée locale en leur promettant une rétribution. Devant le tribunal, même les juges ont dit que cette affaire relevait de tout « sauf du terrorisme ».

    Au-delà de ces abus commis sur des individus marginaux comme le quatuor de Newburg, le gouvernement fédéral exploite ces « complots terroristes », aussi invraisemblables soient-ils, pour renforcer la sécurité nationale. Comme l’écrit encore Greenwald : « C’est précisément ce que fait le gouvernement à chaque fois (aidé en cela par l’armée déplorable "d’experts en terrorisme"), à savoir exploiter la peur suscitée afin d’accroître son propre pouvoir et d’affaiblir celui des individus, y compris celui d’avoir une vie privée. »

    Il est néanmoins possible de résister à l’hystérie médiatique, à ceux qui attisent la peur et à la tentation de faire d’un drame horrible un prétexte à un nouveau tour de vis gouvernemental. Les gens ordinaires à Boston ont montré la voie, des milliers de gens ayant pris part à une veillée funèbre pour les victimes en signe de soutien à leurs familles et à leurs amis.

    Les parents de Trayvon Martin – cet adolescent afro-américain assassiné par un milicien raciste l’an dernier en Floride – ont de la même façon marqué les esprits en envoyant un message à la famille de l’une des victimes des explosions, Martin Richard, âgé de huit ans (la sœur et la mère de Martin ont également été grièvement blessées).

    Une photo prise par Martin Richard brandissant lui-même une photo sur laquelle figure un symbole de paix après le meurtre de Trayvon Martin a beaucoup circulé dans les médias. Les parents de Trayvon, Sybrina Fulton et Tracy Martin, ont envoyé un message de solidarité à la famille du petit Martin : « Il semble que le symbole de paix que Martin brandit en photo qui circule actuellement dans les médias fit suite à un cours de son professeur portant sur la mort de notre fils et le problème de la violence en général. Nous vous adressons nos pensées et nos prières les plus sincères et nous souviendrons de votre fils pour toujours. »

    Puisse cet exemple synonyme de solidarité au cœur de l’horreur et de refus de céder à la peur être suivi à l’avenir.

    Traduction de Thibault Roques


    Post-scriptum d’Acrimed

    Ce type de journalisme de précipitation et d’anticipation, qui prétend connaître les coupables avant qu’ils soient identifiés, peut voir, parfois, ses prédictions tomber juste, ce qui ne change rien au fait qu’il se contente de relayer des rumeurs ou les préjugés de ses « sources », et ne se fonde en tout cas sur aucune information consistante et vérifiée…

    Du fait de la course au scoop et de la « nécessité » de tenir l’antenne ou de remplir des pages, la déontologie et les règles habituelles du journalisme semblent comme suspendues dans les heures, voire les jours qui suivent ce type d’évènement dramatique. En mars 2004, par exemple, faisant fi de toute prudence, les médias français, dontLe Monde, comme nous le soulignions ici-même, emboîtaient le pas de leurs confrères espagnols pour accuser à tort l’ETA d’être responsable des attentats qui venaient d’avoir lieu à Madrid.

    Il est ainsi quelque peu cocasse de lire dans Le Monde du 23 avril dernier un article – remarquable au demeurant – tançant CNN pour sa couverture des attentats de Boston… Nous attendons avec intérêt le jour où Le Monde se penchera avec la même lucidité critique sur ses propres turpitudes passées, présentes et à venir, comme sur celles des médias français.

    Notes

    [1] Site américain d’information alternative ancré à gauche.

  • 11-Septembre : Gérald Bronner

    Blog de l'association ReOpen911

    11-Septembre : Gérald Bronner ou le côté obscur de la sociologie

    Posté par .Rédaction le 28/04/2013

    Dans sa matinale du vendredi 1er mars, France Inter se demandait "comment distinguer la vérité et le fantasme dans l'actualité ?". En effet, comment savoir quelles sont les informations fiables et celles qu'il faut prendre avec des pincettes ? Un journaliste sérieux répondra qu'il faut tout simplement s'intéresser aux faits, les étudier, les confronter entre eux, c'est du moins ce qu'on enseigne habituellement dans les écoles de journalisme. Il faut pour cela réussir à mettre de coté ses préjugés, ses croyances, ses a priori et être capable de n'exclure aucune hypothèse. Mais les croyances peuvent s’avérer tenaces, y compris chez ceux qui les étudient…

     
    Gérald Bronnerprofesseur de sociologie à l'Université Paris-Diderot
     

     
    Gérald Bronner, l'invité de la matinale, est un sociologue, spécialiste des croyances. Il vient de publier La démocratie des crédules. Il aurait été utile que son analyse commence par définir ce que recouvre précisément le terme de « croyant » ou fournisse au moins les critères permettant de distinguer les croyances des convictions, des connaissances. Peut-on dire par exemple que celui qui adhère à la version des attentats du 11-Septembre telle qu’elle est présentée dans les rapports de l’administration américaine est un croyant ? A contrario, peut-on qualifier de croyant celui qui doute de cette description des évènements sans adhérer pour autant à une quelconque thèse alternative ?
     
    Selon la définition généralement admise, la croyance est « le processus mental expérimenté par une personne qui adhère dogmatiquement à une thèse ou des hypothèses, de façon qu’elle les considère comme vérité absolue ou une assertion irréfutable, et ce indépendamment des preuves, notamment empiriques, qui en attestent ou en contestent la crédibilité ».
     
    Une définition que ne partage visiblement pas le sociologue, pour qui celui qui a pris le temps d’examiner les faits et qui aurait des doutes serait un croyant, alors que celui n'ayant pas étudié le sujet mais qui s’en remettrait aveuglément au discours officiel ne serait lui, pas un croyant. Pourquoi ? Tout simplement parce que selon M. Bronner, la thèse officielle du 11-Septembre est vraie et donc ceux qui la critiquent sont dans l’erreur.
     
    Quelques jours plus tard, M. Bronner donnait aux auditeurs de France Culture sa définition toute personnelle de la croyance : « Une information, c’est une donnée : elle peut être vraie ou fausse. Ensuite selon qu’elle soit vraie ou fausse, on peut les classer en connaissance ou en croyance. »
     
    Nous verrons au cours de l’article que pour établir si une information est vraie ou fausse, M. Bronner adoptera le comportement des croyants qu’il étudie.
     
    L'émission - que vous pouvez écouter ici dans son intégralité - commence avec plusieurs réflexions pertinentes, que nous ne pouvons qu'approuver, mais dont la mise en application semble arbitraire :
     
    • « Une des grandes tentations du croyant, c'est d'aller chercher des informations qui confirment sa croyance (...) Nous avons tendance à aller chercher toujours une information qui va confirmer ce que nous pensons. Si nous sommes de droite par exemple, nous fréquentons tel type de journal, si nous sommes de gauche, nous fréquentons tel type de journal ». (2'08) 
     
    Et les journalistes convaincus par la thèse officielle ne vont fréquenter que les sites la défendant. Partant du postulat que la remise en question de la thèse officielle est infondée, nombre de journalistes accordent une confiance aveugle à ceux qui prétendent réfuter les arguments des sceptiques [1]. Aucune vérification n’est alors menée, aucune confrontation entre les deux partis n’est même envisagée, tant il leur parait évident qu’une telle démarche (pourtant à la base du travail journalistique) s’avèrerait une perte de temps.
     
     
    • « il y a un consensus scientifique et il y a quelques farfelus, quelquefois ils ont raison ces farfelus, mais la plupart du temps ils ont tort » (5'20) 
     
    Etrange raisonnement que nous délivre ici M. Bronner au sujet des « lanceurs d’alertes » [2] qui restent à ses yeux des « farfelus » quand bien même ils auraient raison. De notre côté, nous avons été quelques fois qualifiés de farfelus, de sales cons, de cerveaux malades, ou même d'extrémistes, par des gens victimes de préjugés ou qui voulaient nous discréditer. Nous ne prétendons pas détenir une quelconque vérité au sujet des attentats du 11-Septembre. Nous constatons simplement, à l'instar de nombreuses familles de victimes et d'associations de professionnels que le rapport officiel comporte de graves omissions et manipulations et qu'à ce titre, il est légitime, et non farfelu, de militer pour une nouvelle enquête.
     
     
    • « le droit au doute doit s'accompagner, comme tout droit, de devoir. Et le devoir du doute, c'est celui d'exprimer son doute de façon méthodique avec des arguments réfutables par la communauté scientifique. [Si vous refusez de discuter avec vos contradicteurs] vous n'acceptez pas de jouer le libre débat, argument contre argument, méthode contre méthode ». (6'18) 
     
    L’ingénieur en génie civil Jonathan Cole et le physicien Steven Jones n'ont pas attendu les conseils du sociologue et ont présenté des arguments basés sur des expériences que chacun peut reproduire et qui contredisent certaines hypothèses du NIST (l'organisme en charge de l'étude technique de la chute des 3 tours du WTC). Nous laissons à M. Bronner le soin de juger s'ils ont exprimé leur doute « de façon méthodique avec des arguments réfutables par la communauté scientifique » [3].
     
    Notons qu’en plus de se dispenser d’expériences pour valider ses hypothèses, le NIST refuse de livrer les données de ses simulations informatiques (au motif que leur divulgation « pourrait compromettre la sécurité publique ») et décline les invitations à débattre, n'acceptant pas ainsi - pour reprendre les mots de M. Bronner - « de jouer le libre débat, argument contre argument, méthode contre méthode ».

    En ce qui nous concerne, nous ne demandons pas mieux que de voir défenseurs et détracteurs de la thèse officielle débattre ensemble (c'est d'ailleurs l'un des principaux objectifs de notre association). Malheureusement, force est de constater que la plupart des médias ne semblent guère prêts à un vrai débat public sur les attentats du 11-Septembre [4].
     
    • « Si vous avez envie de croire cela, vous trouverez toujours une forme d'autorité pour assoir votre point de vue » (7'20)
     
    N'est-ce pas précisément ce que font les journalistes qui invitent M. Bronner à s’exprimer ? Par ailleurs, l'expert sollicité pour renforcer une croyance est flatté d'accéder à la reconnaissance de son travail, ce qui lui permet ainsi d'acquérir une notoriété qu'il estime bien méritée. On peut comprendre qu'il soit difficile pour n'importe quel spécialiste, invité à s'exprimer sur un sujet, d'envisager qu'il est sollicité non pas pour la qualité de ses analyses mais pour conforter les journalistes dans leurs préjugés [5].
     
    • « Les croyants sont beaucoup plus motivés que les non croyants en général, ce qui fait qu'ils arrivent à imposer souvent leur point de vue » (8'19)
     
    Notons que la motivation la plus forte ne pèsera guère si les arguments solides ne sont pas là pour soutenir les convictions défendues. Dans le cas du 11-Septembre, nous récusons évidemment ce terme de « croyant » car il ne s’agit pas pour nous d’imposer notre point de vue ou "nos croyances" mais d’essayer de faire entendre nos arguments. En revanche, lorsque des journalistes refusent par exemple la parole à des experts remettant en cause la thèse officielle [6], n'imposent-ils pas alors leur point de vue ?

     
    • « Le problème, c'est celui des indécis [...]. Si on laisse les croyants occuper une place majoritaire dans l'espace des idées, il est possible que ces indécis basculent du côté obscur de la rationalité ». (8'28)
     
    Heureusement pour M. Bronner, les éditocrâtes qui adhèrent sans réserve à la version officielle veillent assidûment à ce que les indécis ne basculent pas « du côté obscur de la rationalité ». Pour cela, ils disposent de toute une palette d’argumentaires : injures, accusations d’antisémitisme, de révisionnisme, de négationnisme, de conspirationnisme, d’antiaméricanisme, d’antidémocratisme, de soutien au terrorisme … sans oublier le recours aux intellectuels nous mettant en garde contre les dévoiements de la raison.
     
     
    C'est ensuite qu'intervient le journaliste Thomas Legrand :
     


     
    Transcriptions avec nos commentaires :
     
    Thomas Legrand : « Les conspirationnistes du 11-Septembre (terme bien pratique qui permet de discréditer celui qui se pose des questions) disent : "Les enquêtes ne vont pas jusqu'au bout, et donc il y a un complot (un raisonnement caricatural que ne tiennent généralement pas les sceptiques). Ce qu'on peut suspecter, c'est que si les enquêtes allaient jusqu'au bout (on reconnait donc que jusqu'à présent, les enquêtes n'ont pas été jusqu'au bout...), on verrait qu'il n'y a pas de complot évidemment (ni même un complot organisé par al-Qaïda ? Le 11-Septembre serait donc ... un accident ?), mais que effectivement les services secrets américains ont un peu (notion très relative) manipulé (mais il faut croire que ce n'est pas bien grave), ils ont peut-être (mais ce n'est pas sûr) mal réagit (comme par exemple une guerre en Irak et une autre en Afghanistan ?) à certains moments (qu'on imagine rares et brefs), mais ils n'ont pas organisé le 11-Septembre (félicitations à M. Legrand qui reconnait que les enquêtes ne sont pas allées au bout mais qui sait avec certitude quel en aurait été le résultat). »
     
    Gérald Bronner : « Oui, certainement pas ! » (parole d’expert en sociologie)

    Thomas Legrand : « Et peut-être que plus de transparence mettrait en cause des gens mais effondrerait cette théorie du complot (le journaliste Thomas Legrand ne peut donc qu’être favorable à notre demande d’une nouvelle enquête…). »
     
     
    Poursuivons avec notre sociologue :
     
    • « Quand on a demandé à Tony Blair quelle était sa plus grande erreur politique on aurait pu croire que c’était peut-être son alliance avec les Etats-Unis dans la 2ème guerre d’Irak (…) mais en fait c’est pas ce qu’il a dit du tout. Il a dit sur un ton semi-ironique, que sa plus grande erreur a été de faire voter la loi FOI qui est une loi de transparence, de liberté d’information pour le public. C’est une revendication démocratique à mon avis irrésistible : vous ne pouvez pas dire au nom de quoi j’aurais le droit de savoir et pas vous, sauf les secrets d’états bien entendu. Le problème, c’est que cette transparence, elle organise en effet… Pourquoi est-ce que Tony Blair a considéré que c’est sa grande erreur ? Parce qu'on a constaté que statistiquement les journaux de presse faisaient ensuite des articles de plus en plus basés sur la théorie du complot conspirationniste. Plus vous avez d’informations, plus vous pouvez mettre en scène ces informations pour raconter une histoire. C’est exactement ce que font par exemple les conspirationnistes du 11-Septembre… » (10’34)
     
    Touchante histoire que nous raconte ici M. Bronner mais bien éloignée de la réalité. Le 6 février 2003, Tony Blair déclarait : « Permettez-moi d’évoquer cette histoire de pétrole … la théorie du complot du pétrole est honnêtement une des choses les plus absurdes quand vous regardez ce qu’elle dit. Le fait est que si nous étions intéressés par le pétrole d’Irak, nous pourrions probablement conclure un accord dès demain avec Saddam Hussein sur ce pétrole. Ce n’est pas le pétrole le problème, ce sont les armes… »
     
    Seul problème : cette soi-disant « théorie du complot du pétrole » avancée par M. Blair n’en était pas une. Après plusieurs années de lutte, l’activiste Greg Muttit, spécialiste du pétrole irakien, parvient à faire déclassifier grâce à la loi FOI sur la liberté de l’information plus de 1000 documents confidentiels. On y trouve notamment un mémo du Foreign Office du 13 novembre 2002, faisant suite à un meeting avec BP : «L’Irak est [le pays] le plus prometteur en pétrole. BP veut absolument y mettre pied et s’inquiète de ce que des accords politiques ne lui offrent pas cette opportunité. Les potentialités à long terme sont énormes… »
     
    Si Tony Blair regrette d’avoir fait voter la loi FOI sur la liberté de l’information, ce n’est pas parce que cela propagerait les théories du complot comme le prétend M. Bronner, mais au contraire parce que celle-ci a permis de révéler au grand jour une stratégie secrète bien réelle. L'ancien premier ministre britannique a tenté de dissimuler ce fait en accusant ceux qui cherchaient les vraies raisons de la guerre en Irak d’être des théoriciens du complot [7].
     
    • « Aujourd'hui pour le 11-Septembre - et là internet joue le rôle d'incubateur de mythologies contemporaines -, on trouve plus de 100 arguments techniques différents. Certains relèvent de l'aspect sismologique, d'autres des cours de bourse avant le 11-Septembre, certains relèvent de la physique des matériaux. Donc tout ça compose un mille-feuille argumentatif. Chaque étage est ffff... fragile, faux, mais l'ensemble donne une impression de vérité et on retombe sur le "y'a pas de fumée sans feu" ». (12'25)
     
    M. Bronner reconnait qu’il existe de nombreux arguments techniques mais décrète qu’ils sont tous faux. Sur quelles recherches s’appuie-t-il pour en avoir la certitude ? Les auditeurs de France Inter ne le sauront pas, pas plus d’ailleurs que les lecteurs de son livre La démocratie des crédules [8].
     
    Déjà en janvier 2011, lorsque nous lui avions envoyé notre réponse au débunking de M. Quirant sur le documentaire "Jeudi Investigation : un Jeudi Noir de l'Information", M. Bronner avait simplement écrit :
     
    « Je ne répondrai pas point par point sur les arguments techniques que vous soulevez dans le lien que vous m'avez mentionné. Je crois qu'il s'agit d'une parfaite illustration de ce que je nomme un effet Fort (vous aurez peut-être la curiosité d'aller lire l'article que j'ai accepté d'écrire pour la Revue Raison Publique à paraître en 2012 sur la question des mythes du complot). »
     
    Nous avons eu cette curiosité [9], mais nous regrettons que M. Bronner n’en n’ait pas manifesté autant quand nous lui avions proposé de lire un article démontrant que Jérôme Quirant avait fait preuve de malhonnêteté dans sa réponse à notre documentaire. Il est d’ailleurs étonnant que M. Bronner ne se soit pas donné la peine de lire un article qui accuse de la sorte Jérôme Quirant : ce manque de curiosité pourrait-il s’expliquer par le fait que Jérôme Quirant fut le coordinateur du dossier de l'AFIS (association française pour l’information scientifique) [10]auquel avait participé un certain M. Bronner qui se trouve être par ailleurs membre du comité de parrainage scientifique de l’AFIS ?
     
    Nous invitons cordialement M. Bronner à lire l’article en question et à se prononcer simplement sur deux points :
     
    - Le journaliste de Canal+ Stéphane Malterre est-il honnête dans son reportage qui s'attaque à Loose Change ?
    - Le scientifique Jérôme Quirant est-il honnête dans sa défense de M. Malterre ?
     
    Il n’y a là aucun mille-feuille argumentatif : nous répondons simplement aux allégations de M. Quirant [11] et aucune connaissance technique particulière n’est nécessaire pour juger de l’honnêteté de Stéphane Malterre et Jérôme Quirant.
     
     
    • « Les mythes conspirationnistes sont surtout invraisemblables [car] à partir du moment où vous impliquez des dizaines voire des centaines de personnes, il est impossible dans la société dans laquelle nous sommes de ne pas imaginer que l’information va percer. » (15’27)
     
    Après l’avis du sociologue, voici celui de l’ancien analyste de la RAND Corporation Daniel Ellsberg, l’homme qui fut à l’origine de à la divulgation des fameux papiers du Pentagone révélant les mensonges de la guerre du Viêt Nam, sans doute une des plus grandes fuites de l’histoire :
     
    « C’est un lieu commun de dire que "vous ne pouvez pas garder un secret à Washington" ou "dans une démocratie", peu importe le degré de sensibilité du secret, vous êtes susceptibles de le voir [publié] le lendemain dans le New York Times. Ces banalités sont parfaitement fausses. Ce sont des histoires qui servent de couverture, de moyens de flatter ou de tromper les journalistes et leurs lecteurs, et cela fait partie intégrante du processus qui permet de garder les secrets bien au chaud ».
     
    Nous ne pouvons qu’inviter M. Bronner à lire le 4ème chapitre intitulé "Le critère de plausibilité" de notre réponse à Noam Chomsky et Jean Bricmont. Gérald Bronner, en sa qualité de membre du comité de parrainage scientifique de l’AFIS, sera très certainement intéressé de prendre connaissance de cette réponse qui prétend démonter la contribution de Jean Bricmont, président d’honneur de l’AFIS, qui fut publiée dans le dossier sur le 11-Septembre de l’AFIS.
     
     
    L'universitaire poursuit en nous présentant de beaux principes qu'il oublie de s'appliquer à lui-même :
     
    • « tout processus éducatif doit se fonder [...] sur la méfiance de nos propres intuitions » (20'35)
       
    • « beaucoup de nos intuitions qui se logent en nous, qui nous accompagnent tous, nous conduisent vers des erreurs sévères. » (20'44)
     
     
    L’interview se termine sur une remarque qui retiendra toute notre attention :
     
    • « Il est temps que les médias réfléchissent [...] à se doter d'instances de vérification de l'information, et pourquoi pas de sanctions. » (21'21) 
     
    En effet, il serait temps…
     
    Nous serons heureux d’apporter notre contribution à ces instances de vérification de l'information en leur proposant de visionner ces documentaires qui analysent le traitement médiatique du 11-Septembre. Nous attendons des médias qu'ils jouent pleinement leur rôle de 4ème pouvoir, au lieu d'en être un supplétif. Il en va de la confiance des citoyens envers les médias qui n'est pas, et c'est le moins qu'on puisse dire, au beau fixe.
     
    Plusieurs grands noms du journalisme ont pourtant fait part publiquement de leurs doutes comme par exemple Amy GoodmanRobert Fisk,Eric MargolisJohn Pilger ou encore chez nos compatriotes Karl ZéroJohn-Paul Lepers et Eric Laurent. Et de plus en plus de médias s'intéressent à cette controverse comme Le Huffington PostFrance3et bien d'autres. Les faits troublants du 11-Septembre représentent donc un intérêt et il est tout à fait possible de le traiter de façon journalistique et rationnelle au lieu de tomber dans la caricature comme c'est trop souvent le cas. Et pour simplifier la tâche des journalistes qui manquent généralement de temps, nous avons produit ou traduit plusieurs synthèses, comme par exemple le site Consensus911 qui recense, comme son nom l'indique, les points qui font consensus dans le mouvement.
     
     
    Le droit au doute ?

    Dans l’introduction de son dernier livre, M. Bronner cite le mail que nous lui avions adressé en décembre 2011 : « Ce qui a le plus attiré mon attention, c'est l'intitulé-objet de son mail : "droit au doute", qui indiquait que son expéditeur avait le sentiment de voir bafoué l'un de ses droits fondamentaux. On peut s'étonner que cette personne réclame un droit dont, manifestement, elle jouit déjà pleinement. Quelqu'un l'a-t-il empêché d'animer ce site, de poster des vidéos sur Internet, de publier des livres, d'écrire des articles, de distribuer des tracts dans la rue, d'organiser des manifestations publiques et de s'exprimer, d'une façon générale ? »
     
    Gérald Bronner aurait été bien inspiré de nous poser la question avant de publier son livre. Nous aurions pu lui donner quelques exemples manifestes d'atteinte à notre liberté d'expression, quand la projection de l'un de nos films est annulée à Rennes trois jours avant la date prévue (en septembre 2012) suite à des "recommandations" de la mairie, quand une autre projection est également annulée à Toulouse quelques mois plus tôt, quand nous sommes régulièrement insultés, ou recevons desmenaces d'agression physique. Doit-on s'inquiéter quand on entend que certains députés seraient prêts à supprimer notre liberté d'expression au prétexte que nous serions des « conspirationnistes » ? Quel degré de liberté a-t-on lorsqu’on s’expose à être traités de fanatiques, de farfelus, d’ennemis de la démocratie, d’extrémistes, de croyants, d’antisémites, de négationnistes, si jamais nous faisons part publiquement de nos doutes ? [12] Doit-on se résigner à ce que les médias empêchent tout débat argumenté sur le sujet au nom d’une prétendue responsabilité envers le public ? Peut-on réellement dans ces conditions affirmer que nous "jouissons pleinement" du droit au doute ?
     
     
    La sociologie est un sport de combat
     
    Toujours au cours de ces échanges par mail, nous avions envoyé à M. Bronner le lien d’une vidéo alors en cours de traduction où des psychologues expliquaient pourquoi selon eux il est si difficile pour certains d’accepter la remise en question de la thèse officielle. Sa réponse fut des plus lapidaires :
     
    « Un conseil, ne le traduisez pas : c'est une vidéo proprement ridicule. Supposer que la dissonance cognitive explique pourquoi une partie de la population n'adhère pas à vos thèses est franchement risible. Je crois que cette vidéo est parfaitement classique de la nature pseudo-technique des arguments que les croyants en quête de légitimité souhaitent mobiliser. C'est une bonne illustration aussi de la façon dont une théorie classique et parfaitement respectable peut être grossièrement instrumentalisée à des fins disons "idéologiques" à défaut d'autres termes. »
     
    Des psychologues face aux blocages du 11-Septembre (traduit par ReOpen911) :
     
     
    M. Bronner vit dans un monde finalement relativement simple : si vous doutez de la thèse officielle, alors vous êtes un « croyant », et si vous avez une compétence particulière, alors vous instrumentalisez votre discipline à des fins « idéologiques ». On imagine sans peine que pour lui, les ingénieurs en génie civil de cette liste et ces experts du contre-terrorisme qui remettent en question la thèse officielle doivent être bien dogmatiques…
     
    Des experts qui ne semblent guère intéresser non plus les médias, ces derniers trouvant plus amusant de demander leur avis sur la question à des peoples (des avis certes moins circonstanciés mais qui ont l’avantage non négligeable de pouvoir être discrédités plus facilement) ou d’inviter des sociologues à disserter sur ces étranges créatures que sont les « conspirationnistes ». Suite au passage de M. Bronner dans une émission de France Culture en septembre 2011, un de nos sympathisants avait noté à ce propos :
     
    « Invitons plutôt un sociologue confortablement assis et tentons une petite conversation appliquée sur le concept buté de la croyance irraisonnée. Sachons interroger de façon concise les fictions plutôt que les faits. Conversons sur la fantaisie populaire de toute époque et sur les rumeurs de toutes sortes colportées aujourd’hui via internet. N’analysons rien des incohérences scientifiques véhiculées par le NIST ou par la Commission d’enquête directement supervisée par l’ancien conseiller à la Sécurité Nationale auprès de Condoleezza Rice, M. Philip Zelikow. »
     
    Une tactique peu honorable qui parfois peut révéler des surprises. Ainsi, dans un des entretiens vidéos réalisés par Mediapart pour une série d'enquêtes sur les théories du complot, l’historien Emmanuel Kreis, docteur de l’École Pratique des Hautes Études (section sciences religieuses) déclare que ceux qui remettent en question la thèse officielle sur les attentats du 11-Septembre et qui se posent simplement des questions ne devraient pas être qualifiés de « conspirationnistes » car leurs questions sont « bien souvent même légitimes ». Des propos hétérodoxes qui ne seront toutefois pas cités dans l'article de Mediapart.
     
     
    Conclusion :
     
    Gérald Bronner est un universitaire régulièrement sollicité par les journalistes et dont le rôle consiste avant tout à les rassurer dans leurs préjugés, dans leurs croyances, de les conforter dans l’idée que le sujet ne mérite pas d’être étudié, analysé et qu’ils n’ont donc pas failli à leur devoir depuis plus de 11 ans. En d’autres mots, M. Bronner sert de caution intellectuelle à un système médiatique défaillant.
     
    Il prétend avoir « développé un certain nombre de réflexes » (pavloviens ?) pour démasquer les croyances, mais il ne voit pas celle qui est sous ses yeux sur le plateau de France Inter. Il est convaincu que les attentats du 11-Septembre se sont déroulés comme nous l'a rapporté l'administration américaine. Cette conviction ne s'appuie pourtant sur aucune enquête équilibrée de sa part : il accorde une confiance totale à ceux qui prétendent démonter les arguments des sceptiques et refuse de lire les contre-arguments présentés par ces derniers au prétexte de se retrouver face à un mille-feuille argumentatif.
     
    Comment déterminer quel camp a raison sur un point précis si on se dispense d’examiner et de discuter les arguments de l'ensemble des protagonistes ? Suffirait-il pour gagner un débat contradictoire d’être le premier à déclarer que les propos de son opposant sont une illustration de l’effet Fort ?
     
    M. Bronner prétend protéger la démocratie mais il fait en réalité parti de ces nombreux censeurs qui entendent délimiter le cadre de ce qui peut être discuté ou non. L'emploi du mot croyant n'a ici qu'un but : décréter que tout débat est impossible avec ceux qu'on qualifie ainsi. Comment en effet dialoguer avec des gens qui n’ont comme seuls repères des vérités révélées qu’on ne peut remettre en question ?
     
    Un procédé de mise à l’écart assez classique déjà utilisé par Libération en 2006 dans un article qui s'intitulait "La religion du complot" : «"Une fois qu'ils ont basculé, il est impossible de les convaincre", constate-t-il. Mark Fenster approuve : "C'est comme un débat entre un croyant et un athée. Il n'y a pas suffisamment de base commune." (…) "La seule chose que vous puissiez espérer, c'est empêcher ceux qui sont en train d'enjamber la palissade de passer de l'autre côté." »
     
    Les "conspirationnistes" du 11-Septembre ne sont pas les seuls à se faire stigmatiser par M. Bronner grâce au dévoiement des mots : derrière la neutralité de son titre d'universitaire se cache en réalité un idéologue [13qui n'hésite pas à qualifier de "croyants", "crédules" ou encore "farfelus", tous ceux qui ne partagent pas ses convictions, comme par exemple les citoyens nous mettant en garde contre les risques des OGM, ou bien ceux qui réclament de meilleures normes sanitaires ou environnementales.
     
    L’association ReOpen911 ne prétend pas détenir une quelconque vérité et ses membres ont d'ailleurs plus de questions que de certitudes sur le 11-Septembre. Nous ne cherchons pas à conforter des croyances mais à confronter une version à des faits.
     
    Nous invitons enfin tout spécialement les journalistes de Radio France à regarder par exemple ce documentaire ou celui-ci, afin de vérifier le sérieux de notre travail. Nous réitérons également notre demande de voir davantage de pluralisme dans l'information ou les débats, et qu'on puisse enfin discuter des faits, plutôt que de psychologie ou de sociologie. 
     
     
    -- La Rédaction de ReOpen911 –
     
  • La responsable des malheurs du monde

    La responsable des malheurs du monde : la « end bottom line »

    Divers auteurs cherchent à définir les responsables des malheurs du monde en citant tel ou tel groupe humain (franc-maçonnerie, juifs, etc.). C’est une erreur, montre Alain Benajam. Nous souffrons tous d’un système et c’est ce système qui doit être revu.

     | PARIS (FRANCE) | 21 AVRIL 2013 
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    Suite à mon article sur « Les voies d’une Nouvelle Révolution Française » [1], de nombreux lecteurs m’ont demandé qui pouvaient être désignés responsables de l’impérialisme, impérialisme que je plaçais à la source des malheurs du monde. Beaucoup me sommaient d’y voir la main de quelques communautés ou sectes particulièrement maléfiques qui tireraient les ficelles de cette machinerie impérialiste.

    Et bien non, il n’y a aucune secte, aucune communauté pour pousser le monde vers le gouffre ou il s’avance à grand pas. Nulles toges, nuls tabliers, nulles kabbales, nulles paroles sibyllines pour présider à l’impérialisme ; le véritable responsable est à chercher ailleurs et voici son nom : la « end bottom line » [2].

    La « end bottom line », dans la langue de l’impérialisme, désigne la dernière ligne du bas d’un bilan de société. Cette ligne doit afficher le résultat du bilan et donc les bénéfices réalisés ou non au cours d’un exercice annuel. Une partie de ces bénéfices, après paiement des impôts et éventuellement recyclage dans la société même en investissements, est distribuée aux actionnaires. C’est un moyen, pour ceux qui ont investi du capital dans cette société, d’augmenter leur mise de départ, ou de la diminuer ou la perdre en cas de résultat négatif.

    Ce système d’accumulation du capital est communément appelé capitalisme.

    Structure d’un bilan de société

    Conserver une « end bottom line  » positive n’est pas chose aisée pour le « manager » qui doit gérer la société. Celui-ci doit faire face à de nombreux obstacles pour la maintenir. On peut en relever un certain nombre ; leur description peut nous aider à comprendre les mécanismes qui peuvent affecter ce système et comprendre les moyens par lesquels chaque « manager  » peut palier chaque inconvénient qui surgit, et comment une tendance se dessine suite à l’ensemble additionné des moyens utilisés pour rendre positive cette fameuse « end bottom line ».

    Parmi les forces qui s’opposent à cette « end bottom line » on peut citer les suivantes.

    La concurrence est bien la première force destructrice de la ligne du bas.

    Considérons une entreprise A produisant une marchandise quelconque M a un prix donné, prix abordable pour le consommateur et permettant de dégager un bénéfice au profit des actionnaires de A. Si une autre entreprise B produit la même marchandise M à un prix moins élevé, les consommateurs vont évidemment acheter la moins cher et l’entreprise A ne vendra plus rien ou considérablement moins.

    Qu’elle devra être la réaction du dirigeant de l’entreprise A face à ce grave problème ?

    D’abord la haine s’emparera de ce dirigeant et des actionnaires de A, haine de l’entreprise B qui cherche à les appauvrir et haine de cette concurrence indésirable.

    Cette haine du dirigeant A sera d’autant plus vive que la conséquence de cette concurrence peut être le dépôt de bilan de sa société, et, pour lui, le chômage sans indemnité et le risque d’un plongeon dans la ruine et la pauvreté.

    Que peut-il faire ? Il peut évidemment baisser son prix de vente et accepter de faire moins de bénéfices, mais il peut surtout chercher à produire la marchandise M avec un prix de revient moindre afin de retrouver une marge afin de concurrencer B et lui soustraire le marché.

    Les dirigeants d’entreprises haissent la concurrence et préfèrent les monopoles.

    Dans le bilan de l’entreprise A comme B figurent deux colonnes ; le passif, à droite, dont les montants vont se soustraire a ceux de la colonne d’actifs à gauche dans laquelle figure, principalement, le montant des ventes.

    Dans la colonne de droite de passif, les postes les plus importants sont les achats des matières premières et des produits semi finis à transformer, et surtout les salaires avec les charges inhérentes qui y sont attachées. Il faut donc pour A diminuer le montant de la colonne passif de droite pour relancer les ventes et augmenter le montant de la colonne de gauche, actif.

    La dernière ligne du bas ou « end bottom line » montre la différence entre la somme des montants figurant dans ces deux colonnes.

    Pour produire moins cher A dispose de cinq solutions.

    - 1. Augmenter la productivité, c’est à dire produire plus dans le même temps d’emploi des salariés, donc mécaniser, rationaliser et simplifier les gestes productifs (taylorisme, fordisme), ce qui équivaut a diminuer le nombre des salariés pour faire baisser la valeur de la marchandise.

    - 2. Supprimer la concurrence : 
    • vendre de nouveaux produits, par l’innovation, en créant des marchandises qui seront momentanément sans concurrence ; 
    • monopoliser, étatiser, posséder des marchés protégés

    - 3. Employer une main d’œuvre acceptant de plus bas salaires pour le même travail

    - 4. S’approvisionner à moindre coût en matières premières et produits semi finis

    - 5. Abandonner carrément la production de marchandises devenues non rentables et utiliser le capital pour spéculer sur le coût des matières premières. Pour cela il lu faut évidement disposer d’un montant important de capitaux.

    Voici donc les principaux ennemis de la «  end bottom line » d’un bilan d’entreprise manufacturant des marchandises.

    - 1. la concurrence

    - 2. les salariés

    - 3. le coût des matières premières.

    - 4. enfin la marchandise elle-même dont la valeur s’écroule perpétuellement

    Bien entendu, si A peut agir sur ces cinq solutions évoquées plus haut, l’entreprise B peut en faire autant. Ceci va définir les tendances qui vont affecter ce mode de production dit capitaliste et son évolution dans le temps.

    Suite aux travaux des économistes libéraux du 18ème siècle et du début du 19ème siècle comme Adam Smith, David Ricardo et d’autres désignés comme « classiques », Karl Marx produisit un important ouvrage de description du mode de production capitaliste et de ses tendances, ouvrage intitulé Le Capital (Das Kapital dans la langue allemande dans laquelle il fut écrit) publié en 1867.

    Les fondateurs de l’économie politique

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    Adam Smith (1723 - 1790)
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    David Ricardo (1772- 1823)

    Ces tendances inéluctables comme la baisse de la valeur des marchandises, la baisse du taux de profit et l’appauvrissement (paupérisation) des producteurs, devaient selon Marx creuser la tombe du mode de production capitaliste dans un délai qu’il prévoyait très bref. Il n’en fut rien et ce mode perdure, pourquoi ?

    Les travaux de Marx sont intéressants pour la compréhension du système mais incomplets, il n’avait pas prévu que ces tendances inquiétantes et néfastes allaient engendrer des réactions qui purent, durant certaines périodes, susciter l’apparition de contre tendances positives amenant un formidable essor de l’humanité.

    Cependant, tendances néfastes et tendances positives, qui s’opposent en permanence dans ce que Marx a appelé la «  lutte des classes », voient l’une ou l’autre l’emporter momentanément et alternativement. Le résultat peu soit contredire Marx soit lui donner raison dans la description toujours négative qu’il fait du capitalisme.

    Les tendances, les contre tendances et la résultante

    - 1. L’augmentation de la productivité

    Elle engendre d’abord une diminution du nombre des producteurs et incidemment une augmentation du chômage. Elle conduit également à l’abaissement de la valeur des marchandises et en corollaire son acquisition à moindre prix par une masse plus importante de consommateurs. Elle conduit aussi parfois à une augmentation considérable des ventes et donc de la production et du nombre de producteurs. Elle conduit également vers une sophistication accrue des moyens de production, donc de la technologie usuelle.

    Elle peut conduire à une amélioration du niveau de vie, mais la baisse de la valeur atteint fatalement une limite au-delà de laquelle tout bénéfice devient impossible dans des conditions salariales données.

    - 2. La suppression de la concurrence…

    - 2. 1. … par la recherche de nouvelles marchandises innovantes 
    Ces nouvelles marchandises vont se trouver momentanément sans concurrence et bénéficier d’une valeur élevée jusqu’à ce qu’un concurrent soit en état de produire la même marchandise à un coût égal ou moindre. En 1990 un téléphone portable coûtait plus de 3 000 € et peu en avait ; aujourd’hui il est possible d’acheter un modèle pour 30 € et tout le monde en possède. 
    Cette tendance fut le moteur de l’innovation technique.

    - 2.2. … par la monopolisation et l’étatisation 
    C’est ce que les communistes des années 70-80 ont appelé le capitalisme monopoliste d’État. Ici il s’agit d’une tendance lourde actuelle de l’évolution du grand capitalisme de production. Cette tendance conduit à chercher et obtenir des marchés protégés par l’État pour palier les énormes coûts d’investissement dans les moyens de production. 
    Les grandes industries issues d’un processus de concentration par éliminations successives des concurrents sont contraintes de s’accaparer l’usage de l’État au travers de leurs hommes afin de protéger leur marché. Aujourd’hui toutes les entreprises cotées en bourses du CAC40 sont liées plus ou moins à l’État et ne pourraient fonctionner sans lui. 
    C’est la banque, l’industrie de l’énergie, de la chimie et la pharmacie, des transports de la construction aéronautique, de l’automobile et surtout l’industrie de défense. 
    On assiste à une véritable symbiose entre l’État et les grandes entreprises, ses dirigeants passant du sommet de l’État à la direction de ces entreprises et vice versa. Cette monopolisation/étatisation va être à l’origine de l’impérialisme, ce que Lénine a appelé le « stade suprême du capitalisme ». 
    La contre tendance est la nationalisation d’entreprises ne pouvant se passer de l’État pour vivre. Bien entendu nationalisations et privatisations ont alterné en France en fonction de la puissance des forces politiques s’affrontant dans la lutte des classes. 
    Le grand capitalisme hait particulièrement le libéralisme il préfère monopoles et étatisation.

    - 2.3. … par l’emploi d’une main d’œuvre acceptant des salaires moindres 
    Tout d’abord Marx n’avait pas prévu l’ampleur des luttes sociales qui sont menées dès la fin du 19ème siècle avec l’émergence des syndicats ouvriers. Ceux-ci parvinrent à obtenir satisfaction sur nombre de revendications, à obtenir le décret de lois sociales avec des salaires minimums, des congés payés, la sécurité sociale et autres. Ces luttes et ces lois permirent l’augmentation des salaires et des niveaux de vie et, en corollaire, l’émergence de nouveaux marchés de consommation. 
    Cela fut une formidable opportunité pour le mode de production capitaliste durant tout le 20ème siècle car les marchés furent en constante augmentation et permirent de palier les tendances néfastes en germe dans l’« end bottom line ». 
    Seulement voilà : cette fameuse « end bottom line » conserve sa logique propre, qui est, pour chaque entreprise, de diminuer la masse salariale. Ne pouvant employer des salariés payés en dessous d’une limite fixée par la loi, toute entreprise rivée à sa « end bottom line » est amenée, dès que l’opportunité lui en est donnée, à délocaliser sa production là ou les salaires sont bien plus bas et attractifs. 
    La dérégulation mondiale, un des aspects de la mondialisation, va changer la donne en permettant aux entreprises qui en ont les moyens de délocaliser. 
    Chaque entreprise ne peut considérer individuellement l’intérêt général, y compris pour son propre intérêt social, ce qui devrait logiquement la conduire à conserver un niveau d’emploi et de salaire élevé afin de maintenir des marchés. 
    Si « Intérêt général » n’est pas un poste dans un bilan, « masse salariale » figure au premier plan dans la colonne passif. Chaque entreprise va travailler à diminuer l’importance de ce poste en délocalisant et en important massivement une main d’œuvre étrangère pouvant accepter de très bas planchers de salaires quand cette délocalisation est impossible comme dans les travaux publics. 
    Les délocalisations massives d’entreprises occidentales en Chine attirées par les bas salaires et accompagnées de monumentaux investissements ont fait de ce pays qualifié de « communiste » la première puissance industrielle du globe. Le « manager » d’une entreprise ne dirige jamais en fonction d’une idéologie politique, encore moins d’une religion, celles-ci ne figurant pas dans la colonne passif ou actif du bilan. 
    Ce faisant cette fameuse « end bottom line » contribue à scier la branche sur laquelle chaque entreprise est assise avec les peuples ou elle opère.

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    Les conquètes sociales avec l’existance d’un puissant Parti Communiste ont préparé l’avènement des 30 glorieuses en augmentant le pouvoir d’achat des travailleurs avec en conséquence la promotion d’un capitalisme industriel devenu florissant.

    - 2.4. … par l’abaissement du coût des matières premières 
    La recherche du coût le plus bas pour les matières premières a poussé un certain nombre d’entrepreneurs à s’aventurer hors des frontières nationales afin de s’accaparer les richesses de régions transformées en « colonies » et, par la suite, tenter de vendre aux habitants de ces régions, cher, les produits manufacturés avec ces mêmes matières premières. 
    Par exemple les Britanniques exploitaient le coton produit par l’Inde le transformait en tissus sur leur territoire et le revendait aux Indiens, c’est la raison pour laquelle Gandhi avait toujours un rouet et passait son temps à filer le coton pour protester contre ce type d’exploitation impérialiste des britanniques. 
    Le colonialisme et les prémisses de l’impérialisme sont nés dés le 17ème siècle avec l’émergence des fameuses Compagnies des Indes de pays occidentaux. 
    Cette action coloniale ne pouvait se réaliser sans la puissance régalienne des États, notamment des forces militaires, une alliance intérêts privés moyens/publics a été alors scellée très tôt. À cette alliance colonialiste se sont greffés des moyens financiers privés bancaires afin de lever les importants capitaux nécessaires à l’exploitation et la vente sur les marchés occidentaux des matières premières.

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    Gandhi filant le coton en signe de protestation.

    - 2.5. … par l’abandon de l’industrie et la financiarisation du capitalisme
    L’exploitation des matières premières, appelées « commodities », et leur vente sur des marchés boursiers occidentaux avec fluctuation des cours en fonction de l’offre et de la demande a demandé la levée d’importants capitaux rapidement devenus spéculatifs. En effet il convenait souvent de surseoir à la vente d’une cargaison par exemple de coton, en attendant que les prix montent. Il fallait donc pour les capitalistes disposer d’importants moyens financiers pour attendre le meilleur prix de vente et faire des bénéfices d’autant plus importants que la cargaison ou le stock était volumineux et la mise de fond importante. 
    Ainsi naquit la spéculation haussière sur les matières premières, mode d’accumulation du capital qui a pris de l’importance au cours des 18 et 19ème siècle et qui, nous le voyons maintenant, est devenue la principale source d’accumulation du capital dans les pays occidentaux. 
    Aujourd’hui cette spéculation haussière se traite en salle dites de marché ou « platforms » qui ne voient jamais la moindre marchandise, et dans lesquelles tout se traite électroniquement à la vitesse électronique : des robots informatiques achètent et vendent, achètent et vendent, contribuant à une hausse incessante des prix. 
    On voit maintenant que la hausse incessante du coût des matières premières par spéculation haussière alourdit finalement la colonne passif des bilans au lieu de l’alléger et rend la fabrication de marchandises encore moins intéressante pour accumuler du capital.

    On peut constater maintenant :

    L’accumulation de capital, de nos jours, par la production de marchandises manufacturées est, dans les pays occidentaux, largement grevée par les hauts salaires et les lois sociales. Le taux de profit y est devenu trop faible, la tendance décrite par Marx arrive vers zéro.

    L’industrie ayant fait jadis la prospérité des pays de l’Europe occidentale et des USA quitte ces pays pour l’Extrême-Orient et surtout la Chine qui offre des bas salaires, peu de lois sociales et une main d’œuvre docile à l’exploitation.

    En conséquence les populations des pays occidentaux s’appauvrissent, et la paupérisation de ces populations décrite par Marx, un moment interrompue, reprend avec, en corollaire, la diminution du marché représenté par ces pays.

    Les lois tendancielles affectant la production de marchandises décrites par Marx vont s’appliquer à la Chine de la même manière.

    Spéculation haussière

    La spéculation haussière sur le coût des matières premières est devenue la principale source d’accumulation du capital. Les investissements quittent l’industrie manufacturière dans les pays occidentaux pour les « merchant account » des salles de marchés.

    Le rendement d’un « merchant account » d’une «  platform » peut être de 10 % par mois ; on est très loin de l’industrie où les bonnes performances se situent aux alentours de 5 % par an.

    Cependant, la spéculation toujours haussière sur le coût des matières premières n’est pas simple à organiser. La loi de l’offre et de la demande est insuffisante pour générer les immenses profits actuels.

    On comprend que pour organiser cette hausse continuelle il faut plus acheter que vendre ; en conséquence la disponibilité de matières premières réelles ne suffit pas ; il devient nécessaire de fabriquer des matières premières virtuelles, ou matières « premières papier » possédant la même valeur reconnue que les véritables. On arrive à cette situation où le volume des matières premières traitées en salle de marché est largement supérieur aux stocks réels disponibles

    Cette spéculation demande la disponibilité de capitaux toujours plus importants. Le volume de ces capitaux nécessaires dépasse le volume de la création monétaire habituelle traditionnellement gagée sur l’or.À partir des accords de Bretton Wood en 1945 toutes les monnaies ont été gagées sur le dollar ; seule la réserve fédérale US possédait en effet le stock d’or nécessaire pour gager sa monnaie.

    Le dollar des USA est devenu, en conséquence des accords de Bretton Wood, la seule monnaie utilisée en spéculation haussière sur les matières premières, donc la seule monnaie bénéficiaire de cette spéculation, ce qui la maintient à un niveau élevé.

    Il a fallu drainer vers le dollar et les salles de marché de grandes quantités de capitaux ; cela a été accompli avec l’organisation de l’endettement des riches pays occidentaux solvables et ceux de l’OCDE comme le Japon. En Europe, l’organisation de l’endettement est dévolue à l’Union Européenne et à sa monnaie unique privatisée l’Euro [3].

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    Les transactions bancaires d’achat et de vente de pétrole en dollar représentent à elles seules la moitié des transferts de capitaux.

    La génération de gros profit par spéculation haussière sur les matières premières nécessite d’acheter ces produits aux prix les plus bas possibles même quand les cours sont élevés. Les matières premières ne s’achètent jamais au cours du jour aux producteurs, mais avec un discount sur ce cours. Il est donc nécessaire pour les compagnies occidentales notamment pétrolières que ce discount soit le plus important possible, il est donc nécessaire de faire pression sur les nations productrices voire d’en prendre le contrôle pour minimiser voire supprimer les redevances qui leur sont dues.

    C’est ce qui conduit le grand capitalisme financier à supporter les idéologies mathusiennes de décroissance car selon lui :

    « La finance est l’industrie de demain car elle n’utilise pas de ressources naturelles de manière intensive  », telle est l’utopie évoquée par M. Bryan Scott-Quinn responsable du programme d’étude bancaire britannique [4].

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    Maintenant pour accumuler du capital, c’est la salle de marché plutôt que l’usine.

    Conclusion

    On voit à quoi conduit la logique intrinsèque de la « end bottom line ».

    - 1. À l’abandon de la marchandise comme moyen d’accumulation du capital.

    - 2. À laisser produire des marchandises de faible valeur à des nations où le niveau de vie des producteurs est faible (Chine).

    - 3. À reporter l’accumulation du capital sur ce qui est rentable encore, la spéculation haussière sur les matières premières.

    Les profits des négociants de matières premières dépassent ceux des banques

    En conséquence.

    - 1. Les nations occidentales s’appauvrissent rapidement et le marché qu’elles représentent va s’éteindre.

    - 2. Le coût des matières premières ne cesse d’augmenter accélérant le processus néfaste de baisse du taux de profit et donc de la paupérisation.

    - 3. La hausse continuelle des matières premières conduit à une inflation du montant des capitaux virtuels non gagés sur une richesse quelconque et au gonflement d’une bulle financière qui ne pourra qu’éclater comme cela s’est déjà produit en 2008, mais ce n’était là qu’un avertissement.

    - 4. Une petite oligarchie anglo-saxonne disposant seule du dollar, des salles de marché et des banques est devenue la seule bénéficiaire du nouveau système d’accumulation du capital par spéculation haussière.

    - 5. En disposant des moyens régaliens des USA, cette oligarchie financière est conduite à imposer sa volonté aux États, quitte à recourir à la plus extrême violence, en accélérant leur exploitation, soit par la dette pour les pays occidentaux encore riches, soit par la prédation sur les matières premières pour les pays producteurs dits « en voie de développement ».

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    Ainsi fonctionne l’impérialisme, stade suprême du capitalisme.

    Ceux qui pensent voir dans ce système une quelconque communauté ou un quelconque complot ne servent qu’à détourner l’attention des peuples des véritables problèmes et d’empêcher de les résoudre comme ce fut le cas après la révolution bolchevique en Russie avec l’avènement du fascisme.

    Le capitalisme en tant que mode de production est-il amendable ?

    Ce système en crise grave aujourd’hui a pourtant permis un formidable essor des forces productives et des niveaux de vie par la multiplication des initiatives, alors que le socialisme soviétique peinait à susciter ce développement. Le système capitaliste en fut capable quand il était encore sous le contrôle de chaque nation et de ses lois qui le contraignaient dans ses aspects positifs et bridaient ses aspects destructeurs.

    Cette dérégulation par l’affaissement des nations favorisées par les campagnes médiatiques et les politiciens corrompus a brutalement accéléré la dégénérescence du système principalement à partir des années 80.

    Il ne peut y avoir de solution sans commencer par rétablir des lois nationales et des frontières afin de favoriser la production nationale pour la consommation nationale, sans que soit aussi respecté le droit international qui interdit l’ingérence.

    Il est devenu nécessaire maintenant d’exiger le rétablissement d’une république véritable ou le peuple exercerait réellement la souveraineté afin que l’initiative économique reste au service de la nation.

    Une nouvelle révolution française s’avère donc nécessaire.

     
  • Marathon de Boston par Thierry Meyssan

    « SOUS NOS YEUX »

    Les mystères du Marathon de Boston

    Deux semaines après les attentats de Boston, les autorités états-uniennes donnent un à un les indices qu’ils auraient découverts. La question tourne autour de l’origine tchétchène des « coupables » et des conclusions qu’il faudrait en tirer. De leur côté les Internautes et la presse russe font apparaître une autre histoire, dans laquelle le « coupable » principal est un agent de la CIA.

     
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    Deux semaines après l’attentat de Boston (15 avril, 14h49), les autorités US ont désigné les frères Tamerlan et Dzhokhar Tsarnaev comme responsables. Elles affirment avoir tué l’ainé et arrêté son frère et complice. Le jeune homme, âgé de 19 ans, serait hospitalisé, mais ses blessures lui interdiraient de s’exprimer autrement que par des hochements de tête. Peu importe, il aurait reconnu les faits

    Cependant, on ignore tout des conditions dans lesquelles Tamerlan a été tué, ni de celles de l’arrestation de Dzhokhar. Ils auraient cédé au « syndrome Oswald » et se seraient distingués en tuant, sans raisons ni témoins, un officier de police de leur université. Puis, ils auraient pris en otage une Mercedes avec son chauffeur anonyme et l’auraient obligé à retirer 800 dollars à un guichet automatique. Cet homme a témoigné à la police qu’ils avaient revendiqués devant lui être les auteurs des attentats.

    À ce jour, la presse n’a pas rencontré le suspect, ni auditionné le témoin. Elle se contente de relayer les dires des parents et amis des suspects qui s’étonnent tous de les voir impliqués dans cette affaire.

    Quoi qu’il en soit, la juge Marianne B. Bowler a inculpé Dzhokhar pour « usage d’armes de destruction massive », à savoir des cocottes-minute bourrées de clous. C’est la première fois que la notion « d’arme de destruction massive » est appliquée à un outil ménager courant.

    De son côté, le leader démocrate de la Commission du renseignement, Dutch Ruppersberger, a affirmé, à l’issue d’une réunion à huis clos avec des responsables de trois services de renseignement, que les Tsarnaev avaient utilisé une télécommande de jouet pour actionner leurs deux bombes. Il y a vu la confirmation de ce que les suspects avaient appris à fabriquer leurs engins en lisant Inspire, la revue en ligne signée par « Al-Qaida dans la péninsule arabique ». Pourtant, si le numéro 1 de la revue (daté « été 2010 ») indique en détail la fabrication d’une bombe avec une cocotte-minute, à aucun moment, il n’indique comment utiliser une télécommande de jouet pour actionner un explosif installé dans une cocotte fermée.

    Tout ce vacarme tourne autour d’une seule conclusion : les frères Tsanaev étaient Tchétchènes, ce qui promeut la Russie au centre des débats. Le président Vladimir Poutine a discrètement éliminé les questions à ce sujet, lors de la longue séance de réponse au peuple qu’il a conduite jeudi dernier. Des jihadistes tchétchènes, il y en a en Syrie qui viennent de prendre en otage deux évêques orthodoxes. Et il risque d’y en avoir à Sotchi, lors des Jeux Olympiques. La Russie a tout intérêt à renforcer la coopération antiterroriste avec les États-Unis, surtout si elle compte réellement déployer des troupes de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) en Syrie.

    Pendant ce temps, les Internautes se divisent entre ceux qui s’alignent sur le FBI et ceux qui le contestent. Deux grandes objections circulent sur la Toile.

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    « Jeff Bauman » est-il Nick Vogt ?

    La première accuse les services de sécurité d’avoir mis en scène des personnages chargés d’histoires et d’émotions. Des images extraites d’une vidéo montrent deux individus en train de trafiquer le corps de Jeff Bauman, qui aurait perdu ses deux jambes. Il s’agirait en fait d’un lieutenant de l’US Army ayant perdu ses jambes à Kandahar, en novembre 2011, Nick Vogt. On ne peut qu’être étonné par le fait que « Jeff Bauman » porte toujours sa tête haute et ne semble pas souffrir d’une hémorragie alors qu’on le transporte sur une chaise roulante, sans que ses cuisses aient été fortement ligaturées. La chose est d’autant plus significative que c’est le témoignage de « Jeff Bauman » qui a permis d’identifier les suspects (conférence de presse du 18 avril, 17h20).

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    Des mercenaires de Craft International sur le lieu de l’explosion.

    La seconde porte sur la présence d’une équipe de sécurité, probablement de l’armée privée Craft International, qui semble porter les mêmes sacs à dos que celui montré par le FBI comme ayant contenu une des cocottes-minute.

    Mais le plus étonnant est ailleurs. Un exercice anti-bombes a été mené au Marathon de Boston, deux heures avant le drame, au lieu exact où les vraies bombes ont explosé. Pourtant, lorsque un journaliste a posé une question à ce sujet lors de la conférence de presse du FBI, l’agent spécial Richard Deslauriers a refusé de lui répondre et a cherché une autre question.

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    Izvestia : « Tamerlan Tsarnaev recruté par une Fondation géorgienne. L’un des responsables de l’attentat terroriste de Boston, a étudié au séminaire organisé par les Etats-uniens avec les services spéciaux géorgiens »

    Enfin, selon les Izvestia (24 avril), Tamerlan Tsarnaev a participé en Géorgie à un séminaire du Fonds pour le Caucase, une association paravent de la Jamestown Foundation, créée par la CIA. Il y a suivi un entraînement pour « augmenter l’instabilité en Russie » [1]. Dans une note de protestation, le Fonds du Caucase dément et évoque un homonyme [2].

    Il est trop tôt pour conclure sur ce qui s’est réellement passé à Boston. Une chose cependant est sûre : le FBI ment.