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Empire - Page 15

  • Après l’Irak et l’Afghanistan, les drones...

    SOURIEZ, VOUS ÊTES DRONÉS29/12/2012 à 17h42

    Après l’Irak et l’Afghanistan, les drones envahissent le ciel américain

    Elsa Ferreira | Rue89

    Utilisés par l’armée américaine en temps de guerre, les drones surveillent désormais aussi les citoyens, ce qui inquiète les défenseurs de la vie privée.


    Deux agents surveillent les frontières américaines grâce aux drones (Eric Gay/AP/SIPA)

    Demain, le futur ? Le ciel des Etats-Unis pourrait bientôt être envahi de dizaines de milliers de drones. 30 000 d’ici 2020. Leur mission : surveiller les citoyens américains.

    On connaît les drones pour leur utilisation par l’armée américaine en territoire étranger. Des bombardements à la télécommande qui ont fait beaucoup de morts dits « collatéraux ».

    Mais ils sont aussi utilisés dans le ciel américain. La police des frontières les utilisent depuis 2005 pour repérer les immigrants clandestins et le trafic de drogue entre les Etats-Unis et ses deux voisins, le Mexique et le Canada. A quelques reprises, et sous des conditions restreintes, le FBI (le Bureau fédéral d’investigation) et la DEA ( l’Agence de lutte contre les trafics de drogue) ont été autorisés à emprunter les robots volants de leurs collègues. En juin 2011, les forces de l’ordre du comté de Nelson (Dakota du Nord), procédaient à lapremière arrestation de citoyens américains assistée d’un drone.

    Espions-robots

    Ce n’est que le début... la « dronaïsation » du territoire s’accélère. En février de cette année, le congrès a voté une loi pressant l’Administration fédérale de l’aviation (la FAA) d’élargir les conditions de survol du territoire domestique aux drones. En plus de l’armée, le secteur privé et les agences civiles du gouvernement (au niveau fédéral, des Etats et local) seront autorisés à faire flotter les engins dans l’espace aérien américain.

    Selon le Christian Science Monitor, il y aurait déjà plus de 110 bases d’activité pour les drones, actuelles ou en construction, dans 39 Etats. La Electronic Fontiere Fondation a établi une carte répertoriant les autorisations données, ou en attente, pour leur utilisation. Le pays entier est quadrillé.

    D’un point de vue technologique, les drones sont de redoutables espions. De la taille d’un avion ou aussi petit qu’un colibri, ils peuvent être équipés de caméras infrarouges, de détecteurs de chaleur, de GPS, de détecteur de mouvement, d’un lecteur automatisé de plaque d’immatriculation et on leur prête un prochain système de reconnaissance faciale.

    Le scénario de science-fiction ne fait pas sourire les défenseurs de la vie privée, qui s’inquiètent d’un « Etat de surveillance ».

    Surveillance non-consensuelle

    Dans son article sur l’imminente « attaque des drones » pour le Guardian,Naomie Wolf publie un document non-classifié de l’armée de l’air américaine, clarifiant les limites de la « surveillance dronaire ». On y apprend que les robots-espions ne pourront pas « mener de surveillance non-consensuelle sur des personnes américaines spécifiquement identifiées, sauf si approuvé expressément par la secrétaire à la Défense. »

    Une bonne nouvelle... jusqu’à ce qu’on lise entre les lignes. Tout d’abord, cela veut dire que la surveillance contre leur gré des citoyens américains ne dépend que de l’approbation de la secrétaire à la Défense. Comme l’écrit Naomie Wolf :

    « Le Pentagone peut désormais envoyer un drone domestique rôder autour de la fenêtre de votre appartement, recueillir des images de vous et de votre famille, si la secrétaire de la Défense l’approuve. »

    Cela veut dire aussi que des personnes américaines non « spécifiquement identifiées » – « une détermination si vague qu’elle en perd son sens » – pourraient être surveillées à leur insu. Comme par exemple « un groupe de militants ou de manifestants », interprète l’auteure américaine.

    La fin du 4e amendement

    La surveillance des citoyens par les drones a déjà commencé. A titre d’entraînement. C’est ce qu’à découvert un journaliste du New York Times lors d’un reportage (en groupe) sur la « drone zone », une base d’entraînement pour les « pilotes » de drones.

    « Cela n’a pris que quelques secondes pour comprendre exactement ce que nous regardions. Un véhicule blanc, roulant sur l’autoroute à côté de la base, arrivait dans le viseur au centre de l’écran et était traqué alors qu’il roulait vers le sud le long de la route déserte. Quand le véhicule sorti de l’image, le drone commença à suivre une autre voiture.

    “ Attendez, vous vous entraînez à traquer l’ennemi en utilisant des voitures de civils ?”, demanda un journaliste . Un officier de l’armée de l’air répondit que ce n’était qu’une mission d’entraînement et le groupe (de journalistes, Ndlr) a été précipité hors de la pièce. »

    Si les informations peuvent être collectées à l’insu des citoyens américains, sous des conditions vagues, que deviennent-elles ensuite ? Là encore, le document de l’armée de l’air réserve quelques surprises.

    Il indique qu’en cas d’informations sur un citoyen américain « reçues par inadvertance », l’unité en question peut conserver ces informations jusqu’à 90 jours, pour déterminer si elles peuvent être gardées de façon permanente. « Ce qui en finit pour de bon avec le quatrième amendement », – amendement qui protège les citoyens américains contre les perquisitions et saisies non motivées et non justifiées –, juge Naomie Wolf.

    1984

    Les américains accueillent les drones avec méfiance. A la question « A quel point seriez vous inquiet si les forces de l’ordre américaine commençait à utiliser des drones avec des caméras haute technologie ? » posée lors d’un sondage réalisé par l’université de Monmouth, 42 % ont répondu qu’ils seraient « très inquiets ».

    Ils s’opposent également en masse (67 %) à l’utilisation des drones lors de dépassement de vitesse. Ils sont cependant largement favorable à l’utilisation des robots pour contrôler l’immigration illégale, pour poursuivre des criminels ou encore pour des missions de recherche et de secours (respectivement 64 %, 67 % et 80 %).

    Dans un article de la Stanford Law Review, le spécialiste de la vie privée et la robotique, Ryan Calo, s’excuse de l’inévitable référence au livre 1984 de George Orwell et écrit :

    « Les citoyens ne bénéficient pas d’une intimité raisonnable en public, même pas sur les portions de leur propriété, visible depuis un lieu public. En 1986, la Cour Suprême n’a pas estimé qu’il s’agissait d’une fouille lorsque la police vola au dessus du jardin d’un suspect avec un avion privé. Quelques années plus tard, la Cour a accepté des preuves obtenues par un officier qui avait regardé depuis un trou dans le toit d’une serre depuis un hélicoptère. Ni la constitution, ni la “ common-law ” ne semblent interdire aux médias ou à la police de faire de la surveillance quotidienne avec des drones. »

  • Irak : après les feux de la guerre, les cancers

    Irak : après les feux de la guerre, les cancers

    mercredi 5 décembre 2012, par Agnès Stienne

    C’est en homme satisfait que l’ancien premier ministre britannique Tony Blair déclarait à l’automne 2012 que « les forces britanniques devaient être fières de leur intervention en Irak, lors de l’invasion américaine, car le pays a connu une forte croissance économique depuis que Saddam Hussein a été chassé du pouvoir en 2003 », et se réjouissait d’« une chute de la mortalité infantile ». Ces déclarations enthousiastes ont indigné les médecins irakiens, qui doivent faire face à une progression alarmantes des cancers et des malformations congénitales des nouveaux-nés dans les villes bombardées par la coalition internationale.

    La situation environnementale de l’Irak est calamiteuse. En cause, les industries polluantes et l’absence de règlement pour les contrôler. Les guerres et les insurrections qui ravagent le pays depuis trente ans ont, elles aussi, des conséquences désastreuses sur l’environnement, notamment lorsque pipelines et sites industriels sont bombardés. Mais ce n’est pas tout. Il semble que les munitions utilisées pour soumettre les villes irakiennes pendant la guerre du Golfe (1990-1991) et l’invasion en 2003 par les Etats-Unis et ses alliés (Lire « Une guerre à mille milliards de dollars », Défense en ligne (blog du Monde diplomatique), janvier 2011) soient devenues un agent majeur de pollution environnementale, avec de graves conséquences sur la santé publique.

    « Atomisées » dans la nature lors des bombardements, elles continuent de tuer à petit feu les populations civiles plusieurs années après que les combats aient cessé. Les militaires réfutent, la science dénonce.

    Constats sanitaires alarmantsRetour à la table des matières

    En 2005, le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dans un rapport intitulé « Assessment of environmental hot spots in Iraq », estimait à plusieurs milliers le nombre de zones contaminées cumulant — à des degrés divers — pollutions industrielles et contaminations militaires. Plus de trois cents « points chauds » — comprendre hautement toxiques —, ont été identifiés, parmi lesquels quarante-deux sites concentrant des taux considérables de dioxine et d’uranium appauvri, et dont dix avec des taux très élevés de radioactivité.

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    Utilisation de munitions à uranium appauvri
    Carte : Agnès Stienne, 2012.

    On retrouve une forte accumulation de dioxine aux abords des installations industrielles détruites pendant la guerre du Golfe, alors que la stratégie consistait à pilonner systématiquement les sites industriels civils et militaires, pipelines et raffineries. Dans la région de Bassorah, l’une des plus touchées par les bombardements, c’est un véritable désastre sanitaire. « Business is business » : après 2003, la priorité fut donnée à la remise en service des installations pétrolières et gazières. Hélas, les pluies de pétrodollars — loués par M. Blair — n’ont pas encore réussi à lessiver les zones contaminées.

    L’uranium appauvri, interdit par certains pays, provient des munitions utilisées par la coalition en 1991 et 2003 [1]. Ce métal lourd a les faveurs de l’industrie de l’armement en raison de son fort pouvoir de pénétration des matériels blindés. Une fois la charge explosée, ce composant chimique se disperse et s’infiltre dans le sol et dans l’eau, occasionnant des pollutions durables dans les rues, les jardins, les champs ou les aires de jeu pour enfants… Il contamine aussi les soldats sans que le commandement ne s’en émeuve. D’autres métaux lourds, comme le plomb et le mercure, entrent dans la composition des munitions et se retrouvent aussi disséminés en quantités significatives dans l’environnement.

    Passé l’orage, le cauchemar se prolonge malgré tout pour les civils. Le ciel ne tonne certes plus, les armes se sont tues, la rue s’anime, on circule et on commerce. La vie reprend, semble-t-il, comme avant. Pas tout à fait, pourtant. Partout le même constat tragique : une hausse alarmante de la mortalité infantile, des leucémies, des cancers, des tumeurs, des malformations congénitales.

    La coalition réfute, la science dénonceRetour à la table des matières

    En dépit des avertissements successifs lancés par les médecins, aucune étude sérieuse n’a été menée pour déterminer l’origine de ces symptômes. Washington refuse de reconnaître un lien de causalité entre les contaminations militaires et ce très inquiétant problème de santé publique, et semble même déterminé à entraver toute recherche scientifique [2].

    En 2009, les médecins de l’hôpital général de Falloujah, effrayés par ce qu’ils constataient au fil des années, adressèrent un courrier commun aux Nations unies pour réclamer des investigations indépendantes : « En septembre 2009, sur 170 nouveaux-nés , 24 % d’entre eux sont morts dans leur première semaine, parmi lesquels 75 % présentaient des malformations importantes. » Des enquêtes partielles seront ensuite menées à Falloujah et à Bassorah quelques mois plus tard et les résultats publiés dans le« Bulletin of environmental contamination and toxicology » de l’université du Michigan [3]. Les auteurs résument leurs observations en une phrase qui veut tout dire : « Le taux de cancers, de leucémies et de mortalité infantile observé à Falloujah est plus élevé qu’il ne le fut à Hiroshima et Nagasaki en 1945. » [4] Il est rappelé que l’exposition aux métaux toxiques (dont les effets morbides sont reconnus) est source de complications sévères pour les femmes enceintes et le développement du fœtus. En conclusion, il est plus que probable que les munitions utilisées pour les bombardements dans ces deux villes soient à l’origine de ces tragédies.

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    Géographie des bébés à Falloujah
    Carte : Ag. St. 2012.

    A Falloujah, cinquante-six familles se sont mises à la disposition du personnel hospitalier pendant trois mois pour répondre à un questionnaire type et se soumettre à des examens.

    Entre 2004 et 2006, le taux de fausses couches s’élève à 45 % du nombre de grossesses et celui de bébés malformés à 30 % du nombre de naissances.

    Entre 2007 et 2012, le nombre de fausses couches diminue et tombe à 15 %, tandis que celui de bébés souffrant de malformations augmente sensiblement pour atteindre 54 %.

    Plus de la moitié des nouveaux-nés souffrent de malformations congénitales affectant le cœur, le cerveau, la moelle épinière, les poumons et le palais.

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    Natalité déréglée
    Graphique : Ag. St. 2012.

    Petit retour en arrière et gros plan sur la villeRetour à la table des matières

    Située à soixante-cinq kilomètres à l’ouest de Bagdad, Falloujah est toujours, en cette année 2004, un bastion des fidèles de Saddam Hussein et, pour cette raison, l’objet de fréquentes attaques menées par l’armée américaine. La situation s’embrase lorsque les corps de quatre mercenaires américains tués au combat sont exhibés à travers la ville. En représailles, l’artillerie lourde et l’aviation sont déployées. Un premier assaut meurtrier est lancé pour y déloger les insurgés — sans réel succès —, puis quelques mois plus tard, une seconde offensive, pendant laquelle les bombardements intensifs dureront plusieurs semaines. Le Pentagone reconnaîtra plus tard, dans une brève note, avoir utilisé des bombes au phosphore blanc [5]. Le nombre de morts côté irakien est incertain : plusieurs centaines d’insurgés et plusieurs milliers de civils. Côté américain, 95 soldats...

    Sur la base des chiffres fournis par le département de la défense, à Washington, John Pike, le directeur du groupe de rechercheGlobalSecurity.org, estime que les soldats américains ont tiré en moyenne entre deux cents cinquante à trois-cents mille munitions de petit calibre par insurgé tué en Irak et en Afghanistan [6].

    Voilà des chiffres qui laissent perplexe. Et s’ajoute à cela l’artillerie lourde. C’est au bas mot des milliers de tonnes de munitions éclatées en petites particules toxiques de métaux lourds, notamment du mercure et du plomb, qui contaminent les sols et l’eau. Ce n’est donc pas un hasard, si les analyses de cheveux des enfants de Falloujah souffrant de malformations congénitales révèlent la présence de plomb et de mercure à des taux très supérieurs par rapport au reste de la population.

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    Les enfants au plomb
    Graphique : Ag. St. 2012.

    À Bassorah, l’étude présente des résultats similaires. Les voix s’élèvent pour que des recherches plus poussées et exhaustives soient entreprises à travers tout le pays, afin que la situation soit enfin reconnue avec précision et des mesures adéquates mises en place. Pour la justice et les réparations, il faudra bien un jour mettre la coalition — principalement les Etats-Unis et le Royaume-Uni — face à ses responsabilités pour qu’elle reconnaisse enfin son rôle dans ce qu’il faut bien appeler un crime. Un crime de plus, puisque les crimes d’hier — Hiroshima, Nagasaki, Vietnam — demeurent, aujourd’hui encore, impunis.

    A consulter

    Depuis que les munitions à l’uranium appauvri (UA) ont été testées par les Etats-Unis contre l’Irak, décès et maladies inexpliquées se multiplient chez les combattants ayant servi dans le Golfe, mais aussi en Bosnie et au Kosovo. A des degrés divers, les agences des Nations unies ont imposé une chape de silence sur la dangerosité radiologique et chimique de cette arme. N’a-t-il pas fallu attendre janvier 2001 pour que l’Organisation mondiale de la santé « envisage » d’enquêter sur les effets de l’UA sur les populations du Golfe ?

    Notes

    [1] Lire Depleted Uranium Radioactive Contamination In Iraq : An Overview

    [2] Depleted Uranium Radioactive Contamination In Iraq : An Overviewhttp://www.brussellstribunal.org/DU...

    [3Metal contamination and the epidemic of congenital birth defects in Iraqi cities, septembre 2012, Bulletin of environmental contamination and toxicology

    [4] « The moral equivalent of Nuremberg », The Chicago Tribune, 18 octobre 2012

    [5] Lire « U.S. Used Phosphorous Munitions In Fallujah », The Washington Post, 16 novembre 2005

    [6] « US forced to import bullets from Israel as troops use 250,000 for every rebel killedThe Belfast Telegraph, 10 janvier 2011

  • Championne olympique puis escort girl

    Championne olympique puis escort girl, Suzy se repend

    Suzy est une athlète américaine de haut niveau. Elle fut sept fois championne nationale de demi-fond (les courses de demi-fond sont les distances de 800m et 1’500m aux Jeux olympiques). Elle a participé à trois olympiades. A Sydney en 2000, elle faisait course en tête au 1’500m, avant de s’écrouler à 200 mètres de l’arrivée. Terrible déception pour une athlète de ce niveau.

    Aujourd’hui âgée de 44 ans, elle vient de dévoiler la double vie qu’elle menait depuis un an. Elle a pratiqué le métier d’escort girl, soit prostituée, sous le pseudonyme de Kelly Lundy. Femme très belle de visage et de corps elle demandait 600$ de l’heure ou 6’000$ pour la nuit. Un client a eu l’indélicatesse de la dénoncer auprès d’un média à scandale. Etant dénoncée contre son gré elle a assumé publiquement.

    Les aveux de Suzy Favor Hamilton sont courageux. La prostitution reste injustement dans la part sombre de l’humanité. Mais, comme disait un homme il y a 2’000 ans, que celui qui est sans tache lui jette la première pierre. Il n’y a pas à juger Suzy, pas plus qu’une autre prostituée. Elle mène sa vie comme elle l’entend.

    « Je suis entrée dans ce métier en grande partie parce qu'il me procurait les moyens de traverser une période difficile de mon mariage et de ma vie. Il me fournissait une porte de sortie à la vie qui m'étouffait. C'était une double vie. Mais il avait du sens pour moi à l'époque où je frôlais la dépression.

    J'ai réalisé que j'avais pris des décisions hautement irrationnelles et j'en suis pleinement responsable. Je ne suis pas une victime et sais ce que je faisais. »


    Quelques réflexions sur ses déclarations. D’abord cette mode déplaisante d’avoir à se repentir publiquement. Je comprends le désir de Madame Hamilton de couper court aux rumeurs. Mais la repentance publique est un joug. Les confessions devraient se passer dans le silence du coeur. Conférer au public une telle autorité sur soi est une forme de soumission.

    La question n’est pas d’assumer publiquement, mais de s’en excuser et de s’en être caché en sachant ce que cela pouvait susciter dans le public. A titre de comparaison, Clara Morgane par exemple assume d’avoir fait des films classés X et ne s’en excuse pas. Et personne ne lui jette la pierre.

    Suzy elle estime aujourd’hui avoir fait une erreur. Elle dit qu’elle n’est pas victime. C’est à son honneur. Le culte moderne de la victime est détestable. Mais par quel parcours intellectuel en est-elle venue à la prostitution ? Comment a-t-elle considéré que le fait de louer ses charmes était une porte de sortie à une vie qui l’étouffait ? Nous n’en saurons pas plus mais ce fait divers est significatif d’autre chose.

    La célébrité est traîtresse, en particulier dans le sport où les carrières sont majoritairement courtes. Les vedettes sont adulées un jour et oubliées le lendemain. Après avoir senti des millions de regards sur elle, après que les médias aient fait d’elle une icône, elle se retrouve seule. Pas entièrement seule : son mari est là, qui la décourage à suzy-favor6.jpgentrer dans la prostitution. Mais son regard ne suffit peut-être pas. Peut-être a-t-elle encore besoin d’autres yeux sur elle, besoin d’être encore admirée, désirée par des inconnus comme dans le passé. Passer du haut de l’affiche à rien ne doit pas être simple à gérer.

    La célébrité est un étrange rapport au monde. Une personne capte sur elle l’attention de milliers d'autres personnes qui vibrent pour elle. Fait-elle un sourire à la télévision ou un geste sur le stade ? Ces milliers d’âmes pensent qu’elle s’adresse à elles personnellement. Toutefois l’affection de la star est virtuelle, et celle du public est versatile. La star ne donne d’elle que dans l’effort, dans le but de gagner. Ses fans fantasment, pensent être récompensés : ils ne sont que vampirisés. Le star système est un détournement affectif. Plus la star attire de regards plus elle gagnera d’argent. La relation entre une vedette et ses fans est une relation sans innocence, pervertie par le gain attendu. Cette relation est si courante, si installée dans la société, qu’on ne la perçoit plus comme détournée.

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    Il y a 1 mois

    Vous adorez les pixels ? Vos mains ont été sculptées, au fil des années, par les manettes de jeu (...)

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    Y a-t-il un parallèle entre la star qui ne donne d’elle qu’en surface, et la prostituée qui elle non plus ne s’investit pas affectivement mais gagne de l’argent grâce au fantasme qu’elle inspire ? La prostitution était-elle, pour Suzy Favor Hamilton, une manière de renouer avec sa gloire passée et avec ce type de relation d’admiration ?

    Tout n’est pas dit dans les aveux de la championne. Peut-être avait-elle aussi envie d’argent facile. Ou de se sentir désirée par de nombreux hommes et de vivre des choses que le couple classique n'admet que difficilement. Son fantasme pourrait être celui de la femelle entourée de mâles chauds, ce qui plaît à certaines femmes qui le vivraient plus souvent, n’était leur image sociale et leurs responsabilités familiales. Il n’y a pas que les hommes pour aimer les cours d’admirateurs. Et si c’était le cas de Suzy, c’est encore son affaire et sa liberté. Dans la mesure bien sûr où elle ne blesse pas délibérément ses proches, en premier lieu son mari.

     


    Suzy Favor Hamilton ajoute :

    « J'ai pleinement l'intention de me racheter afin de redevenir une bonne mère, épouse, sœur et amie. »

    Veut-elle signifier qu’elle a pratiqué la prostitution comme une arme contre elle-même ou contre la société ? Comme un rejet de la bonne mère, de la bonne épouse, de l’image parfaite qu’elle pensait devoir donner ? Ce serait une démarche intéressante. Mais pourquoi vouloir se racheter ? Peut-être n’assume-t-elle pas vraiment et veut-elle simplement garder l’affection du public en lui faisant soumission : « Je vais redevenir comme vous, une bonne mère et une bonne épouse, vous pourrez m’aimer à nouveau ». Le repentir n’est-il pas une forme dérivée du narcissisme ? Et est-il opportun de donner au public le rôle de juge et, dorénavant, de surveillant de ses actes et de son comportement ?

    Une partie de l’explication réside peut-être dans ces propos :

    « Suzy Favor Hamilton se décrit comme une perfectionniste qui a, durant toute sa carrière, lutté contre des voix qui lui répétaient qu’elle n’était pas assez bonne, qu’elle ne courrait pas assez vite et qu’elle devait faire mieux.

    Toute votre vie, on vous dit combien vous êtes exceptionnelle, que ce soit vos entraîneurs, vos amis ou vos parentsl. Je me devais d’être parfaite. Ce n’était la faute de personne. Je ne reproche rien à personne. C’est juste la société qui est ainsi faite. »


    Elle a été encouragée, valorisée, soutenue par son entourage. Qui ne désirerait une telle attention ? Mais une voix en elle disait qu’elle n’était pas assez bonne. Le système n’est pas en cause puisqu’il l’a soutenue. C’est sa propre histoire qu’elle a illustrée dans la prostitution. C’est peut-être la même histoire qu’elle fait durer en voulant redevenir la bonne mère et épouse.

    Elle place à nouveau la barre très haut. Reste à savoir comment elle gérera dorénavant sa dualité. Ça, c’est son histoire. La question suivante est : comment nous-mêmes gérons-nous nos contradictions et nos soumissions ?