Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Solidarité avec le peuple oublié du «printemps arabe »

     

     

    Tandis que les médias occidentaux s'échinent à trouver au microscope la moindre particule de favoritisme confessionnel dans une Syrie dotée pourtant des institutions les plus multiethniques et multiconfessionnelles de tout le monde arabo-musulman, les monarchies du Golfe, elles, s'en donnent à coeur joie dans la mise en application de l'apartheid confessionnel.

    C'est le cas du Royaume de Bahrein, un micro-Etat pétrolier allié aux puissances occidentales et dont les exactions contre la population n'intéressent guère nos médias mainstream.

     La dynastie régnante, Al Khalifa, est d'obédience wahhabite, un courant sunnite qui est l'un des plus puritains, violents et sectaires de l'Islam.

     Venue du Najd, une région du centre de l'Arabie saoudite à la fin du XVIIIe siècle, la famille Al Khalifa s'est imposée par la terreur sur la population locale avec le soutien de la Couronne britannique soucieuse de limiter l'influence iranienne sur l'archipel.

     Depuis, les Al Khalifa contrôlent tous les leviers du pouvoir.

     Tant et si bien qu'aujourd'hui, à la tête de l'Etat bahreïnien, tout le monde s'appelle Al Khalifa : le roi, Hamad Ben Issa Al Khalifa, le premier ministre, Al Khalifa, le ministre des affaires étrangères, Al Khalifa, le ministre de l'information, Al Khalifa, le ministre de la culture, Al Khalifa, le ministre de l'intérieur, Al Khalifa, le ministre de la défense, Al Khalifa, le chef de l'armée, Al Khalifa, le commandant de la garde nationale, Al Khalifa, les conseillers du premier ministre pour la sécurité, Al Khalifa, le directeur de l'Agence de sécurité nationale, Al Khalifa, l'ambassadeur en poste en Angleterre, la puissance tutélaire, Al Khalifa, le président de la Cour suprême, Al Khalifa...

     Les ennemis jurés des Al Khalifa : leur propre peuple, en particulier les chiites qui représentent plus de 70% de la population bahreïnienne.

     Ces derniers subissent une ségrégation terrifiante. Comme l'a constaté l'euro-députée portugaise Ana Gomes, les chiites de Bahrein n'ont accès à quasi aucun travail dans l'administration, sont systématiquement discriminés à l'embauche et n'ont pas droit à un logement décent.

     Des centaines d'entre eux sont poursuivis devant des tribunaux militaires, croupissent en prison et subissent la torture. Les ONG des droits de l'homme bahreïniennes dénombrent également plusieurs cas de disparitions forcées.

     La haine des chiites est telle dans le Royaume de Bahreïn que le 14 mars 2011, les autres puissances anti-chiites régionales coalisées au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont envoyé leurs troupes pour mater la révolte avec le soutien tacite des Etats occidentaux. Bilan : une soixantaine de manifestants tués sur la place de la Perle dans la capitale Manama.

     Depuis, un climat d'état d'urgence s'est installé dans le pays.

     Après 30 mois de terreur d'Etat, les Al Khalifa ont trouvé un nouveau stratagème pour venir à bout de la contestation : marginaliser la majorité chiite par une politique des naturalisation massive de sunnites étrangers et par la déchéance de la nationalité pour les chiites jugés trop récalcitrants.

     Ainsi, des milliers de réfugiés syriens ou d'immigrés jordaniens, yéménites et pakistanais de confession sunnite ont reçu la nationalité bahreïnienne ces dernières années.

     Nombre d'entre eux ont été enrôlés dans la police ou l'armée pour mater la population chiite.

     Malgré la répression, le mouvement populaire est demeuré résolument pacifique et uni au-delà des provocations sectaires du régime.

     Ce 14 ao�t, les révoltés du Bahreïn descendront massivement dans la rue pour manifester contre la dictature mafieuse des Al Khalifa à l'occasion du 42e anniversaire de l'Indépendance de Bahreïn, une fête célébrant le départ des troupes britanniques du pays mais ignorée par les Al Khalifa qui ont fixé la date de la fête nationale au 16 décembre, jour correspondant à l'intronisation de l'émir Issa Bin Salman Al Khalifa (1961).

     La dynastie régnante a d'ores et déjà annoncé que tout rassemblement serait interdit.

     Action de solidarité avec les révoltés de Bahrein

     Mercredi 14 ao�t à 12h, un groupe de militants pacifistes belges organisera un rassemblement devant l'ambassade de Bahreïn à Bruxelles pour exprimer sa solidarité avec la « Bahrein Tamarod », la révolte bahreïnienne.

     Venez nombreux.

     Adresse de l'Ambassade du Royaume de Bahreïn :

     Avenue Louise n°250

     1050 Bruxelles

     Pour toute info supplémentaire, veuillez contacter le numéro suivant : 0032 2 485 37 35 32

     Source : Investig'Action- michelcollon.info

     

    Auteur(s) : Bahar Kimyongur 

  • Affaire Snowden

    Affaire Snowden : Obama, roi des hypocrites

    Obama vient d'annuler son prochain sommet avec Poutine qui refusait d'extrader Edward

    Snowden. En réalité, ce jeune homme mérite non pas la prison, mais une statue. Non pas la

    torture, mais notre solidarité.

    Pour avoir défendu nos libertés en démontrant au monde entier que les Etats-Unis violent la vie privée de l'humanité entière. Cet Etat qui donne sans cesse des leçons de démocratie et de morale se comporte en réalité comme le Big Brother le plus totalitaire. Ces délinquants au-dessus de toute justice espionnent leurs propres citoyens, les Etats indépendants, leurs concurrents commerciaux et même leurs « alliés ». Téléphones, mails, ordinateurs, rien n'est respecté.

     Pour quoi ?

     Pour augmenter les profits de ces multinationales qui volent le monde entier. Aujourd'hui, les 300

    personnes les plus riches de la Terre possèdent plus que les trois milliards les plus pauvres, et cela est possible seulement grâce au pillage des ressources naturelles, à la surexploitation du travail, à la criminalité économique et à des guerres jamais humanitaires. C'est pour briser nos résistances à ces multinationales voleuses que les voyous de la NSA nous espionnent, et qu'Obama les protège.

     En plus, c'est le roi des hypocrites ! Il se fâche parce que la Russie (qui n'a pas de traité d'extradition avec les USA) a refusé de livrer Snowden. Lui épargnant ainsi la torture et la prison à vie, infligées à cet autre héros Bradley Manning qui révéla des milliers de mensonges des dirigeants US.

     Or, les Etats-Unis ont toujours refusé d'extrader les criminels qui leur avaient été utiles ! Même quand il y avait un traité. En 2003 et en 2007, ils ont refusé d'extrader les agents de la CIA coupables de kidnappings politiques en Italie. En 2010, ils ont refusé d'extrader leur protégé Luis Posada Carriles qui avait placé une bombe dans un avion cubain, tuant 73 personnes. En 2010, ils ont refusé de livrer l'ancien président bolivien Gonzalo Sanchez de Lozada, qui avait massacré les Indiens Aymara, mais était protégé par la CIA et avait engagé des lobbyistes du parti démocrate. Et on peut multiplier les exemples. Jamais, les Etats-Unis ne livrent à la Justice leurs complices, même pour les crimes les plus horribles.

     Joliment hypocrites aussi, tous nos gouvernements européens. Faisant semblant de découvrir un espionnage auquel ils ont collaboré et qu'eux-même pratiquent depuis longtemps. Protestant deux minutes du bout des lèvres pour ne pas offusquer le parrain US dont ils sont le paillasson. Accordant l'asile politique à une Femen anti-Poutine et le refusant aux défenseurs de nos libertés Snowden et Assange. Contradiction passée sous silence par les grands médias.

     Et qui donc a sauvé l'honneur de la démocratie en offrant l'asile définitif à Snowden ? Le Nicaragua, la Bolivie, le Venezuela. Tandis que l'Equateur protège Assange. A méditer.

    Article 12 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme (ONU, 1948)

     « Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »

     

     Sources :On Obama's cancellation of summit with Putin and extradition, Glenn Greenwald – the guardian.com

     <http://www.nytimes.com/2007/02/28/w...

    [http://www.nytimes.com/2007/02/28/world/americas/28iht-detain.4753522.html?_r=0]> <

    http://articles.washingtonpost.com/...

    Auteur(s) : Michel Collon Page 2/3Affaire Snowden : Obama, roi des hypocrites

    [http://articles.washingtonpost.com/2013-07-19/world/40669150_1_abu-omar-robert-seldon-lady-hassan-mustafa-osa

    ma-nasr]> <http://www.theguardian.com/commenti...

    [http://www.theguardian.com/commentisfree/2012/sep/09/america-refusal-extradite-bolivia]> : <

    http://www.elpasotimes.com/news/ci_... [http://www.elpasotimes.com/news/ci_16970097]> :

     Source : Investig'Action &ndash; michelcollon.info

     

    Auteur(s) : Michel Collon Page 3/3

  • Ces sept gifs vont vous hypnotiser


     
     

     

     

    A lire sur patakk.tumblr.com

    Et si ces gifs réalisés par l’artiste numérique croate Paolo Čeric étaient le meilleur moyen de faire passer la vilaine gueule de bois qui vous malmène le cerveau ?

    Si vous avez quelques minutes devant vous, perdez donc un peu de temps devant ces images hypnotiques.
    tumblr_mhkhweyxvH1qc0s10o1_r1_500

    tumblr_mf2tsiBK821qc0s10o1_500

    tumblr_mjmn8zobzz1qc0s10o1_r2_500

    tumblr_mkhss2Tpqv1qc0s10o1_500

    tumblr_mkp3zxlWtK1qc0s10o1_r2_500

    tumblr_ml7cyn0Sko1qc0s10o1_500

    tumblr_mojxuyDukT1qc0s10o1_500

  • Grande-Bretagne : le contrat zéro-heure

    Grande-Bretagne : le contrat zéro-heure ou la précarité institutionnalisée

    08/08/2013 | 16h45
    Un MacDo à Londres (Finbarr O'Reilly/Reuters)

    Ni temps de travail garanti, ni salaire minimum, les « zero-hours contracts » (contrats zéro-heure) concernent plus d’un million de Britanniques. Et c’est McDonald’s qui en comptabilise le plus, avec 82 800 employés sous ce type de contrat très spécifique.

     

    A la base du concept du contrat zéro-heure, une liberté quasi-totale : l’employeur n’est pas obligé d’offrir un travail régulier à son employé, l’employé n’est pas obligé d’accepter les heures que son employeur lui propose. Un retraité qui cherche à arrondir ses fins de mois s’en accommoderait parfaitement, et pourrait décliner poliment une proposition de travail le vendredi soir car un film qu’il adore passe à la télé. Un étudiant pourrait également se satisfaire de ce travail à la carte, et accepter toutes les heures qu’on lui propose en soirée comme en week-end, car il prévoit de s’offrir une place pour un festival de musique avec ses potes le mois prochain (festival pendant lequel il refusera légalement les heures de travail proposées).

    Sauf que le contrat zéro-heure concerne aujourd’hui plus d’un million de Britanniques, dont des hommes et des femmes devant subvenir aux besoins de leur famille. Ceux-ci se retrouvent, de par la nature aléatoire de leur contrat, dans une situation de précarité.

    Triste record pour MacDo

    Le nombre de contrat à zéro-heure en Grande Bretagne a dépassé le seuil record du million, et ne cesse d’augmenter. Ce chiffre alarmant a été révélé par le Chartered Institute of Personnel Development, contredisant le rapport officiel commandé par le gouvernement. En effet, si le Bureau national des statistiques a reconnu une hausse considérable des contrats zéro-heure, il ne les a chiffré qu’à 250 000 en 2012 – en admettant tout de même que ce chiffre était sans doute inférieur à la réalité. Pourtant présent depuis longtemps sur le pays (une porte-parole du groupe McDonald’s confie au journal anglais The Guardian que la chaîne emploie ce type de contrats depuis son implantation en 1974) c’est seulement sous le gouvernement Cameron que cette pratique a commencé à être quantifiée et à faire polémique.

    L’impact d’un tel type de contrat sur les conditions de travail et le niveau de vie des Britanniques a été ignoré. Aujourd’hui, les employés en contrat à zéro-heure n’ont aucune marge, aucune souplesse. Il leur est impossible de se projeter à moyen et long terme ou de rembourser leurs dettes. Ils peuvent travailler 12 heures ce mois-ci, 45 celui d’après : aucun salaire minimal garanti. Les syndicats travaillistes veulent interdire ce contrat d’un nouveau genre, et déplorent son expansion qui accentue selon eux la précarité. Militant pour cette abolition, le syndicaliste Andy Sawford ironise dans le journal anglais The Guardian en prenant pour cible les chaînes de fast-food comme McDonald, Subway ou KFC :

    « Dans la gestion de leurs produits, il savent précisément estimer les besoins de leurs clients pour leur donner la parfaite quantité de nourriture et éviter le gaspillage. Ils pourraient utiliser le même processus pour estimer les besoins de leurs employés et leur offrir la stabilité nécessaire. »

    McDonald’s n’avait pas besoin de l’émergence de ce type de contrats pour faire polémique autour des conditions de travail de ses employés. Le 5 août dernier, la plus grande chaîne alimentaire du Royaume-Uni a remporté le triste record de l’entreprise ayant signé le plus de contrats à zéro-heure. Avec 82 800 employés sous ce type de contrats, elle devance de loin la chaîne de pubs/bars JD Wetherspoon (24 000) et Sports Direct (20 000), la plus grosse chaîne de magasins de vente d’articles de sports du pays.

    Si Karl Marx voyait ça

    D’après le site du Guardian, un contrat type zéro-heure stipule à l’adresse de l’employé que :

    « L’entreprise n’a pas le devoir de vous proposer du travail. Vos heures de travail ne sont pas prédéterminées et vous seront notifiées sur une base hebdomadaire dès que le responsable du magasin sera en mesure de vous les fournir. L’entreprise a le droit de vous demander de travailler pour des heures variées, et prolongées. »

    Et si en contrepartie, l’employé peut refuser les heures qu’on lui propose, il s’expose à des représailles. L’employeur qui a besoin que son employé soit à son poste tel jour pendant tant d’heures, sera tenté, après un refus, de ne plus lui proposer de travail pendant une période donnée. Comme l’écrit le service économie du Guardian sur son blog, « dommage que Karl Marx ne soit plus là pour voir ça ».

  • NSA

    Ce que nous apprennent les dernières révélations sur la NSA

    10/08/2013 | 10h06
    Des gens portent des masquent d'Edward Snowden pendant le témoignage de Glenn Greenwald, au Brésil, le 6 août 2013 (Ueslei Marcelino/Reuters)

    Si nul ne doutait des capacités américaines à se doter de tels mécanismes de surveillance, les révélations sur les pratiques de la NSA pointent les failles d’un système américain « schizophrène » : entre surveillance à outrance et promotion de la liberté.

    Impasse. Les Etats-Unis semblaient avoir atteint une sorte de point de non-retour après l’affaire Snowden. En réalité, il se pourrait que ce ne soit qu’un début. Un ancien haut responsable de la NSA – sous couvert de l’anonymat – a confirmé ce jeudi au New York Times l’étendue du filtrage numérique de l’agence de sécurité américaine. Quelques jours plus tôt, le journaliste collaborateur du Guardian au Brésil, Glenn Greenwald, a également prévenu que l’espionnage américain ne se limitait pas à la lutte contre le terrorisme. Il serait également industriel et commercial. On se souvient du programme ECHELON (1999), utilisé pendant de nombreuses années aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande pour intercepter via des satellites les télécommunications commerciales à l’échelle mondiale.

    Glenn Greenwald aurait en sa possession près de 20 000 documents secrets reçus des mains d’Edward Snowden et pourrait les rendre public“d’ici une dizaine de jours”. C’est ce qu’il a déclaré, auditionné par la Commission des relations extérieures du Sénat brésilien sur les révélations de l’ancien consultant de la NSA actuellement en Russie. Mais si Snowden fait office de “détonateur”, il est loin d’être le seul administrateur de systèmes a avoir eu accès à ce types de données. Quatre millions d’Américains sont en effet dotés de la “top secret security clearance”. Autrement dit, 1 Américain sur 50 peut actuellement se procurer les informations confidentielles des renseignements américains. Parmi eux, on dénombre 500 000 entreprises privées comme celle pour laquelle a travaillé l’ancien consultant de la NSA.

    “Avant même d’arriver au grand public, on peut imaginer que de nouvelles fuites pourraient arriver dans les oreilles de puissances étrangères, d’entreprises du renseignement étranger ou d’autres services d’Etat”, estime Jérémie Zimmermann, porte-parole de la Quadrature du Net.

    Pour l’hacktiviste Nicolas Diaz, l’enjeu est de taille : “Les Etats-Unis risquent de perdre la confiance de leurs citoyens et des autres pays avec leur arrogance technologique”. La conséquence d’une “schizophrénie latente entre promotion des libertés fondamentales et surveillance à outrance”, selon lui

    >> A lire aussi : Plainte contre X de la FIDH dans l’affaire Snowden: “La France s’est couchée devant les autorités américaines”

    Du point de vue américain, cet espionnage acharné est “légitimé” depuis le 11 Septembre et le début de la guerre contre le terrorisme mondial initiée par Georges W. Bush. “Près de 300 terroristes ont été arrêtés”grâce à XKeyscore, affiche fièrement le diaporama de formation de la NSA. Et pour les défenseurs de l’agence de sécurité américaine, les récentes menaces d’attentats justifiant la fermeture d’ambassades américaines au Moyen-Orient et en Afrique démontrent plus que jamais la valeur de tels programmes. Sans contester leur utilité dans le démantèlement de réseaux terroristes, Nicolas Diaz déplore tout de même la position de l’administration Obama :

    “Les Etats-Unis sont encore sous la chape de plomb de la famille Bush fondée sur la terreur d’un Etat Policier. Obama continue la politique rampante créée avec le Patriot Act et c’est désemparant…”

    Ce texte législatif voté le 26 octobre 2001 autorise la surveillance de toutes les télécommunications sans aucune autorisation préalable au nom de la défense des intérêts américains contre la menace terroriste. Il vient amender une autre loi, le Foreign Intelligence Surveillance Act (Fisa) qui autorise les agents du renseignement américain à collecter “statutairement [des] informations des renseignements étrangers (…) à partir des fournisseurs de services électronique sous supervision judiciaire”. Malgré quelques modifications en 2007, Fisa rend légal la surveillance de citoyens américains pouvant être en relation avec des cibles terroristes étrangères. Ce que Jérémie Zimmermann considère comme un “emballement du système juridique américain post-11 Septembre qui donne de plus en plus de pouvoirs à la NSA”.

    Ces mêmes prérogatives dont l’ampleur a été mise à nue par les deux derniers programmes espions en date de la NSA : Prism, dévoilé par leGuardian et le Washington Post fin juillet, puis XKeyscore décrypté par le Guardian début août. Ce dernier permettrait à ses analystes de recueillir en temps réel à les métadonnées d’un internaute lambda à l’aide d’un simple formulaire et sans autorisation préalable. Emails, tchats, sites visités, tout pourrait être collecté grâce à 700 serveurs disposés dans le monde entier.

    “Grâce à ces révélations, on a appris que les Etats-Unis sont effectivement postés au niveau de ces ‘backbones’ ou ‘nœuds névralgiques’ numériques, qui fonctionnent comme des péages”, explique Nicolas Diaz.

    En étant présent au niveau de ces passages numériques obligés, les Etats-Unis interceptent ainsi tous les flux d’information qu’ils souhaitent à l’étranger comme sur leur territoire et font ensuite leur tri grâce à la puissance de calcul de Xkeyscore.

    Une surveillance “massive et généralisée”

    Pour ce faire, les agents de la NSA remplissent un formulaire, précisent la période pendant laquelle les informations doivent être stockées (la période de stockage varie selon le poids et l’importance des données concernées, quelques jours tout au plus) en justifiant plus ou moins précisément les motifs de sa recherche. Ils ont ainsi accès à l’ensemble des contenus et les “contenants”, plus connus dans le jargon sous le nom de métadonnées (nom d’utilisateur, adresse, langue…à des messages réceptionnés. Pour Jérémie Zimmermann ces révélations sont bien “la preuve irréfutable du caractère massif et généralisé de cette surveillance” :

    “Jusque là, on n’avait que de très fortes suspicions et on se faisait taxer de complotistes, de paranoïaques. On a aujourd’hui l’assurance que c’est une réalité”, ajoute le porte-parole de la Quadrature du Net.

    Tout internaute est donc susceptible d’être contrôlé. Si de son côté la NSA affirme ne surveiller que des “cibles étrangères”, le fameux témoignage d’un de ses anciens employés au New York Times tue une nouvelle fois dans l’œuf les prétentions de l’agence de sécurité américaine. Selon lui, en effet, la NSA stockerait non seulement les communications d’Américains en contact direct avec des étrangers sous surveillance mais elle filtrerait également tout contenu mentionnant des informations relatives à ces cibles, avant de les “copier” puis de les stocker pendant un laps de temps plus ou moins long, selon l’importance et la taille de telles données. Chargée de réagir à ces nouvelles déclaration, la porte-parole de la NSA, Judith A. Emmel, ressort le même discours :

    “Les renseignements recueillis ne visent pas les Américains mais ‘les puissances étrangères et leurs agents, les organismes étrangers et les terroristes internationaux’.”

    L’agence de sécurité précise que ses opérateurs doivent être sûrs à 51 % que l’individu ciblé soit étranger pour lancer leur traque numérique, dans le cadre notamment de l’autre programme d’espionnage Prism. Un“habillage cosmétique pour dire qu’ils accèdent aux données de tout le monde, tout le temps”, d’après Jéremy Zimmermann : “Quand tu es sûr à 50% de quelque chose, c’est pile ou face +1, tu n’es sûr de rien du tout”,ironise-t-il.

    La collaboration effective des géants d’Internet

    Les révélations successives relatives aux manœuvres de la NSA ont aussi cela d’inédit qu’elles dévoilent la collaboration effective des géants de la recherche sur Internet avec la NSA dans da traque globale des Etats-Unis. Le programme Prism permettrait aux renseignements américains d’utiliser les données issues des plus grands fournisseurs d’accès internet grand public : Google, Yahoo!, AOL, Youtube… Pour autant, un “accès direct” à leur données a très vite été démenti par les principaux concernés.

    “Nous n’avons pas de preuve qu’un contrat imposerait à Google et consorts de laisser les renseignements américains avoir directement accès à leurs serveurs”, confirme Nicolas Diaz.

    Les fournisseurs d’accès semblent jouer sur les mots, alors que la présentation du programme Prism mis en ligne par le Washington Postliste les compagnies concernées.

    “Ces firmes nient avoir un accès direct, mais des accès indirects suffisent… leur démenti est par là-même une arnaque complète”, continue le porte-parole de la Quadrature du Net.

    En France, ces soupçons de collusion ont également été réaffirmés par la FIDH à travers une plainte contre X déposée conjointement avec la LDH devant le procureur de la République française le 12 juillet dernier. Interrogé par les Inrocks, le président d’honneur de la Fédération, Patrick Beaudoin, a lui aussi émis des doutes certains sur cette collusion :

    “L’objet d’une potentielle enquête pourra apprécier si ces multinationales ont été complices ou victimes de ce système comme elles le laissent entendre. Mais je n’imagine pas qu’elles n’aient pu avoir connaissance d’une intrusion des renseignements dans leur logistique.”

    L’accusation peut inquiéter ces prestataires numériques qui se targuent d’une transparence absolue de leurs méthodes et du droit à la liberté numérique de leurs utilisateurs : “Votre vie privée est notre priorité”,rappelait Microsoft dans sa dernière campagne de pub, en mai dernier.

    Alors que son administration a été récemment sommée de s’expliquerdevant le Sénat, Barack Obama viendrait tout juste de recevoir à la Maison Blanche plusieurs représentants de sociétés high-tech, dont Tim Cook (PDG d’Apple) et Vint Cert (vice-président de Google) pour échanger sur les pratiques de surveillance de son gouvernement.