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  • La Palestine dans les manuels scolaires israélien

     
    Star of David

    La Palestine dans les manuels scolaires israéliens

    Traduction : Info-Palestine.net - Niha 

    Ramallah a connu, le mois de juillet dernier, la présentation par Nurit Peled-Elhanan de son dernier livre qui s'est intéressé à l'analyse des manuels scolaires israéliens. A travers cet ouvrage, la professeure dresse un constat alarmant et un tableau des plus décourageants au sujet de la Palestine et de tout ce qui la représente dans ces manuels scolaires. 

    Ramallah, Cisjordanie - Nena News, le 13 juillet 2012 - Il y a quelques semaines à Ramallah, la célèbre journaliste israélienne Amira Hass a organisé une rencontre très engageante pour présenter le dernier travail de sa concitoyenne Nurit Peled-Elhanan, professeure à l'Université Hébraïque de Jérusalem et co-fondatrice du Tribunal Russell sur la Palestine. 

    L'auteure du livre était également présente à cette rencontre qui s'est ouverte par une courte introduction de la journaliste de Haaretz. Amira Hass a voulu saisir l'occasion pour faire part à l'auditoire de la chance dont peut se réjouir une citoyenne israélienne comme Peled-Elhanan de pouvoir venir présenter ses œuvres et travaux à Ramallah, dans les Territoires Occupés, alors qu'un citoyen Palestinien, qu'il réside de l'autre côté du mur de séparation ou à Gaza, est interdit de se rendre à Jérusalem ou en Israël. 

    Amère, la journaliste souligne : « C'est vraiment désagréable d'exploiter les biens et les avantages des autres. C'est pourquoi, nous essayons, par divers moyens, de combattre le Régime des Privilèges dans lequel nous sommes malheureusement nés. » « Ce livre, conclut-elle, s'avère un excellent moyen pour renverser ce Régime. » 

    Intitulé « La Palestine dans les manuels scolaires israéliens : Idéologie et Propagande dans l'Education », ("Palestine in Israeli Books : Ideology and Propaganda in Education") l'ouvrage a été publié à Londres, en avril 2012. Il s'agit d'un travail d'analyse effectué par Nurit Peled-Elhanan qui a voulu mettre la lumière sur l'illustration de la Palestine dans les livres scolaires adoptés dans la majeure partie des écoles israéliennes, à l'exception des écoles ou instituts religieux ou d'inspiration et tendance sioniste. 

    Ce livre a donc porté sur l'analyse des textes sur l'histoire et la géographie, en examinant les publications qui s'étendent de 1996 à 2009. L'auteure a, de ce fait, insisté sur l'aspect sémiologique de son étude qui ne s'arrête pas seulement à la langue écrite mais qui se penche également sur l'analyse des représentations visuelles et des Mind Maps qui enrichissent les textes. 

    L'essai fait immédiatement ressortir les principes fondamentaux sur lesquels repose la propagande israélienne, ainsi que les concepts qui constituent le dénominateur commun de tous les manuels : l'antisémitisme, la menace arabe et le droit historique des juifs à retourner dans leur patrie. Devant cet état des choses, la professeure ne manque pas de critiquer : « Ces principes n'ont jamais été contestés par qui que ce soit, pas même par le mouvement des Nouveaux Historiens. » 

    Par ailleurs, la professeure fait remarquer que les livres soumis à examen ne décrivent jamais les Palestiniens comme des êtres humains mais plutôt comme un problème. Les photos qui illustrent les textes ne démontrent jamais des personnes physiques mais des lieux et des agglomérations urbaines, et les arabes (le terme « palestiniens » n'est jamais utilisé) sont représentés par des stéréotypes racistes qui en font des êtres primitifs aux pratiques tribales et archaïques, ennemis de la modernité et des hors-la-loi.

    Pour soutenir de telles conjectures, les photographies évocatrices sont sans appel : des méthodes obsolètes pour cultiver la terre (les ânes dans les champs et les charrues), des situations d'extrême pauvreté, de dégradation et de saleté. Les images vont jusqu'à pousser l'élève à la comparaison et ce, en montrant le contraste entre les vieilles habitations arabes construites en pierres blanches rugueuses et l'architecture ultra moderne et fonctionnelle des colonies au style suisse et aux toits anti-neige. 

    S'agissant des principaux points qui caractérisent le conflit israélo-palestinien, il est mentionné dans les textes d'histoire la prétendue fuite, depuis 1948, des Palestiniens qui ont abandonné leurs maisons, leurs villages et leurs terres pour aller se réfugier « ailleurs » volontairement ou bien en raison d'une force surnaturelle. 

    L'auteure explique également que la dépersonnalisation, même modérée, de la guerre et des violences justifie, selon une « logique mythologique », les principaux massacres comme ceux de Deir Yassin, de Kybia et de Kaffer Kassim. Ces massacres sont fortement signalés dans les livres mais sont représentés comme des « évènements » qui puisent leur légitimité historique et militaire dans le complexe et le plan insondable de l'Indépendance et de la défense du peuple juif qui vit avec la menace d'être liquidé. 

    Aujourd'hui, pour justifier l'occupation des territoires, il faut faire appel à une démocratie défensive qui exige le contrôle minutieux et au peigne fin des « frontières instables » qui regroupent une population militairement et démographiquement dangereuse. En outre, les textes ne manquent pas de vanter continuellement la singularité et l'unicité du peuple juif face à une communauté internationale qui ne réussit pas à comprendre ses actions et ses réactions. Dans cette perspective, il est sous-entendu par « Personne ne peut comprendre notre situation mieux que nous », une suggestion sournoise pour expliquer aux élèves pourquoi le Droit International n'est pas applicable sur l'Etat d'Israël. Cette tournure est tout simplement connue sous le nom d' « impunité ». 

    Nurit Peled-Elhanan se penche plus particulièrement sur la syntaxe et la sémantique utilisées dans les textes. Le choix des mots n'est jamais un jeu du hasard (par exemple, l'utilisation du terme Terre d'Israël plutôt qu'Etat d'Israël) car ils [les mots] sont utilisés pour contourner une vérité, et la preuve la plus frappante est l'absence du terme Palestine. Et là encore, pour être honnête, il y a un cas précis où l'adjectif palestinien est utilisé : lorsqu'il s'agit de l'associer au terrorisme. 

    Pour leur part, les phrases sont construites de façon à exclure toutes les suppositions ou les hypothèses ouvrant la voie devant la critique. Entre temps, le contenu de ces mêmes phrases appelle à l'indulgence et à la complaisance. Pour finir, l'auteure conclut que les textes ressemblent plus à un manifeste militaire qu'à un outil éducatif. 

    La présentation de l'ouvrage a été accueillie par un public large et hétérogène et la rencontre a été enrichie par de nombreuses questions. Pour Nurit Peled-Elhanan, il s'avère que l'aspect le plus marquant et surprenant lors de son travail de recherche et d'analyse n'était pas forcément le contenu des textes mais plutôt le degré de précision et de minutie avec lesquels ils répondent à toutes les catégories de racisme visuel et littéraire. Il y a eu également des questions qui ont finalement poussé l'auteure à parler brièvement de son expérience universitaire. En réponse à la question : « Comment réagissent vos étudiants israéliens lorsqu'ils apprennent de telles vérités pendant les cours ? » Peled-Elhanan a répondu : « Je n'ai jamais eu de problèmes pendant mes cours. Pour le reste, il y a certaines évidences qui, une fois révélées, on ne peut plus faire semblant de les ignorer ou de ne pas les voir. » 

    Nurit Peled-Elhanan a reçu le prix Sakharov du Parlement européen en 2001 pour ses plaidoyers en faveur de la paix au Moyen-Orient. Elle est professeure de littérature et de sciences de l'éducation à l'université hébraïque de Jérusalem, et co-fondatrice du Tribunal Russell sur la Palestine.

  • Agitprop occidentale sur la Syrie

    Agitprop occidentale sur la Syrie, un art où rien n’est laissé au hasard

    13 août 2012

    Il faut le reconnaître : en affaires intérieures comme en géopolitique, nos médias, nos intellectuels et nos stratèges mainstream manient à merveille l’art pour ne pas dire l’arme de la rhétorique inversée. A vouloir en découdre à tous prix avec le gouvernement de Damas d’une part et purger l’espace public des voix critiques et dissidentes sur le conflit syrien d’autre part, ils n’ont pas peur de verser dans l’idéologie, la propagande et le militantisme dignes des troupes de théâtre soviétiques d’agitprop. On trouvera bien sous leur plume une touche autocritique de ci de là pour se donner des airs pluralistes et libertaires. Mais consciemment ou pas, ils nous resservent la vieille soupe habituelle dans leur gamelle de soldats du système. Coup de projo sur la guerre des mots menée par nos « experts » embedded en Syrie. Sans blindé et sans camouflage.

    C’était déjà le cas lors du conflit libyen de l’an dernier. Un banlieusard de Benghazi recruté dans une mosquée salafiste mimant une décapitation avec son pouce sur son cou aux cris d’Allah ou Akbar, devenait miraculeusement un mignon combattant de la liberté.
    En revanche, ses compagnons français du « gang de Roubaix » ou de « Forsane Al Izza » n’ont pas eu droit aux mêmes éloges. On se souviendra que les unités du RAID n’avaient pas fait dans la dentelle pour « neutraliser » le frère toulousain du barbu de Benghazi.
    Alors, imaginez la tête et le discours des présentateurs du JT de TF1, imaginez l’attitude de l’armée française si 6.000 à 8.000 Mohamed Merah se déployaient dans Paris, Marseille ou Lyon comme à Homs, Damas ou Alep. Oserait-t-on parler de « soutien populaire » à propos de ces djihadistes s’ils trouvaient des appuis dans certaines cités HLM ?
    Idem pour les commandos qataris, saoudiens ou égyptiens partis mener le djihad contre la Libye verte de Mouammar Kadhafi. Tous ces légionnaires ont été dépeints comme des humanistes passionnés de démocratie. Par contre, un militant panafricain d’origine nigériane, malienne ou sahraoui qui combat aux côtés de Mouammar Kadhafi se transformait en vulgaire mercenaire, « violeur » de préférence pour bien entretenir le fantasme du Nègre libidineux. Avec des cargaisons de viagra livrées par le colonel s'il vous plaît !
    Concernant la Libye, il y a eu autant de désinformation qu’il n’y a de sable dans le désert de Syrte…
    Même topo en Syrie.
    Le djihadiste syrien adoubé par Riyad et Doha qui achève sa victime selon des pratiques satanistes est travesti en guérillero romantique sous le clavier magique de nos « spin doctors ». Mais un soldat syrien qui résiste à une invasion étrangère est sèchement présenté comme une sorte de SS à la solde de la « secte alaouite ». Un civil armé progouvernemental qui défend son quartier contre les incursions terroristes, contre les preneurs d’otages et les cambrioleurs, c’est d’office un chabbiha (partisan armé du régime) « briseur d’os et de crânes ». Même le milicien discipliné et patriote du Hezbollah libanais qui se trouve chez lui devient un odieux terroriste « auxiliaire de la dictature alaouite ».
    Autre comparaison : quand nos soldats tuent des innocents, cela s’appelle une bavure. Les miliciens de l’Armée syrienne libre (ASL) étant (à l’instar des soudards de Tsahal) nos protégés, les massacres qu’ils commettent sont eux aussi maquillés en bavures même quand leurs salves visent des quartiers résidentiels, des hôpitaux, des écoles et tuent le journaliste Gilles Jaquier ainsi que neuf manifestants pro-Assad à Homs.
    A l’inverse, quand c’est l’armée syrienne qui tue des innocents, ce qui arrive hélas très souvent, cela s’appelle un massacre prémédité.
    Un chasseur-bombardier de l’OTAN, ça mène des frappes, ciblées voire chirurgicales dira-t-on au risque de faire un pléonasme.
    Mais quand l’armée syrienne envoie ses MIG ou actionne son artillerie contre des terroristes et des mercenaires après avoir évacué les populations civiles (si les preneurs d’otages le permettent) pour éviter les victimes collatérales, cela s’appelle un « pilonnage intensif », un « massacre » ou une « boucherie ».
    Autre découverte lumineuse de nos fabricants du prêt-à-penser, le terrorisme existerait partout dans le monde sauf en Syrie où ce label serait une exclusivité du régime de Damas.
    Mieux, le terrorisme qui sévit en Syrie depuis bien avant le début du printemps arabe serait une « prophétie auto-réalisatrice » ou comment la presse occidentale s’invente des légendes urbaines.[1]
    On peut aisément comprendre le manque de zèle de la part de l’Occident à reconnaître ce terrorisme-là : il impliquerait une reconnaissance du droit du régime syrien à la légitime défense.
    Pour faire connaître la réalité du terrorisme anti-syrien en dépit du catéchisme manichéen dans lequel certains « experts » de la Syrie cherchent à nous enfermer, en avril dernier, j’ai publié un texte intitulé « Le terrorisme anti-syrien et ses connexions internationales  », par lequel je décrivais la consanguinité entre trois mouvements djihadistes antisyriens de naguère, d’hier et d’aujourd’hui, c’est-à-dire entre les Frères musulmans syriens qui ont dévasté le pays dans les années 70 et 80 avant d’être anéantis à Hama par l’armée syrienne en 1982, les mouvements anti-chiites comme Ousbat al Ansar, Fatah Al Islam ou Jound Al Cham qui ont contaminé les camps palestiniens du Liban au début des années 2000, puis qui ont vu leur force s'accroître après le départ des troupes syriennes du pays du Cèdre (avril 2005) surtout du côté de Tripoli au point de harceler l’armée syrienne sur son propre territoire et de frapper Damas et enfin, les filiales actuelles d'Al Qaïda en Syrie comme le Front al Nosrah, Ahrar Al Cham, la Brigade Tawhid etc. qui ont le vent en poupe à la faveur du prétendu « printemps syrien ».
    Hormis certains médias alternatifs, personne de la grande presse ne s’est intéressé à la genèse du terrorisme anti-syrien. Il y a comme un tabou à ce sujet.
    Tant et si bien que dès le début du printemps syrien, certains « experts » ont voulu nous faire croire qu’en Syrie, il n’existait pas de tradition d’Islam takfiriste et conquérant.
    Vous aviez beau leur rappeler que les plus farouches Inquisiteurs de l’Orient médiéval étaient syriens notamment Ibn Taymiyya ainsi que ses disciples Ibn Kathir et Ibn Qayyim, que certaines régions du pays s’abreuvent quotidiennement de prêches retransmis par des chaînes satellitaires saoudiennes comme Iqraa, Wessal ou Safa TV qui dépeignent les alaouites comme plus vils que les Juifs et les Chrétiens et qui appellent à « purifier » le pays des « impies », que pour cette raison, dans certains coins reculés de Syrie notamment en périphérie des zones de peuplement alaouites, les non sunnites et même les sunnites laïcs ne sont pas les bienvenus et ce, depuis des lustres, d’après notre presse officielle, ce serait malgré tout le gouvernement laïc et multiconfessionnel de Damas qui serait responsable de la « communautarisation » du conflit syrien.
    On se demande bien quel intérêt pourrait avoir Damas à nourrir une hostilité envers la population sunnite alors que le gros des effectifs militaires et l’essentiel de l’élite politique et économique du pays est sunnite.
    Pourquoi donc un gouvernement bénéficiant de l’appui de la majorité sunnite du pays s’aliénerait-il cette majorité ?
    Ceux qui connaissent le pays savent pertinemment bien que l’idéologie officielle ne tolère nullement le discours sectaire. Toute propagande à caractère « ta’ifiyyé » (sectaire) est pénalement punissable en Syrie.
    Or, seule l’opposition utilise la rhétorique sectaire, désigne les alaouites comme les « ennemis » ou les responsables de la répression et des injustices réelles ou supposées, accuse les druzes et les chrétiens de collusions avec le « régime alaouite » et menace les sunnites qui siègent au gouvernement de représailles pour leur prétendue trahison envers leurs coreligionnaires.
    Portée à bout de bras par les puissances sunnites (Turquie, Jordanie, Etats membres du Conseil de coopération du Golfe), l’opposition syrienne est l’unique camp qui peut réellement profiter de la confessionnalisation du conflit.
    En réalité, le ferment qui unit toutes ses forces contre le régime syrien n’a rien à voir avec la démocratie. C’est essentiellement la guerre contre l’Iran et ses soutiens politiques (la Syrie) et religieux (le Hezbollah) qui intéressent les bailleurs de fonds de la « révolution syrienne ».[2]
    Il convient de rappeler ici que la haine anti-chiite distillée par les régimes réactionnaires arabes d’inspiration sunnite s’est particulièrement exacerbée après les deux victoires du Hezbollah face à Israël, celle du 25 mai 2000 qui permit de libérer le Sud du Liban de l’occupation sioniste et celle qui couronna la « Guerre des 33 jours » durant l’été 2006.
    Ces deux victoires ont été conquises grâce au soutien sans faille de Damas. Depuis lors, les photos de Hassan Nasrallah, secrétaire-général du Hezbollah aux côtés de Bachar El-Assad ont fleuri dans tout le pays, ce qui n’a pas plu à tout le monde.
    En effet, le renforcement de la fraternité stratégique et idéologique entre la Syrie résistante et le Liban résistant a été brandi par les fondamentalistes sunnites férus de théories du « complot chiite » comme une menace pour « Ahl Al Sunna », la communauté des sunnites.
    Grâce à notre presse, l’opinion publique occidentale ignore dans sa majorité que les roitelets du Golfe ont à ce point paniqué de voir un mouvement chiite mettre Israël à genoux et générer une sympathie supra-confessionnelle dans la rue arabe qu’ils ont accusé celui-ci d’ « aventuriste », de « provocateur » et d’ « irresponsable ».
    Après cette mise au point nécessaire, revenons à d’autres cas d’abus de langage de notre presse engagée sur le front syrien.
    Quand un pays allié est attaqué par des groupes armés, ces derniers sont d’office des terroristes.
    Ainsi, le 5 août dernier, seize militaires égyptiens ont été tués dans le Sinaï non par des rebelles mais par des « terroristes ». [3]
    En revanche, les milliers de soldats syriens tués dans le même type de guet-apens sont les cibles légitimes des « révolutionnaires » et des « rebelles ».
    Un journaliste du camp ennemi tué par des terroristes est lui aussi une cible légitime puisqu’il n’est qu’un vulgaire « outil de propagande ». [4]
    Réduits à l’état de simples objets, de rouages inertes, les journalistes travaillant pour les chaînes publiques syriennes ne peuvent donc attendre la moindre compassion de la part de leurs confrères occidentaux.
    Le silence observé par les organisations internationales de défense de la presse à l’égard de la censure imposée par la Ligue arabe aux chaînes publiques syriennes n’a dès lors rien d’étonnant.
    Pour définitivement disqualifier un ennemi, rien de tel qu’une bonne dose de reductio ad hitlerum stalinumque.
    L’anti-hitlérisme et l’anti-stalinisme sont deux produits indétrônables de ce que Noam Chomsky appelle « l’industrie du consentement ».
    Les exactions commises par la police politique du régime de Damas sont ainsi assimilées aux pratiques « gestapistes » ou « staliniennes »[5] mais jamais à la répression survenue durant la guerre de Vendée ni aux horreurs perpétrées par la France lors de l’insurrection malgache de 1947 ni à l’usage massif de la gégène contre le peuple algérien ou en Indochine, ni aux tortures et exécutions perpétrées par l’armée US au Vietnam, à Bagram en Afghanistan, à Abou Ghraib en Irak ou en Amérique latine.
    Notre presse n’oserait jamais traiter nos alliés régionaux de Nazis, ni l’Arabie wahhabite de la dynastie Séoud peuplée de princes sadiques et de prêcheurs de la haine, ni l’émir putschiste et esclavagiste du Qatar ni le régime militaro-islamiste d’Ankara. Pourtant, ces trois régimes répriment, torturent, et emprisonnent. Cela dit, il est vrai que le premier nous approvisionne en pétrole, le deuxième nous fournit du gaz et rachète nos clubs de football et nos jolis quartiers et le troisième a un taux de croissance économique à deux chiffres. Et en plus, tous les trois sont Israel friendly.
    Dans les milieux atlantistes de gauche comme de droite, il est de bon ton de se référer à l’antifascisme pour « aider » le lecteur profane à décoder le conflit syrien.
    Pour Thomas Pierret, maître (incontesté) de conférences en islam contemporain à l'université d'Edimbourg, les djihadistes qui convergent en Syrie pour combattre le régime « impie » en Syrie font penser aux « Brigades internationales » mobilisées aux côtés de la République durant la guerre civile espagnole de 1936-39.[6]
    Mais il ne lui viendrait pas à l’esprit de comparer ces combattants aux recrues de la Division des grenadiers SS Charlemagne partis en découdre avec le bolchevisme sur le Front de l’Est durant la seconde guerre mondiale ou aux Contras qui ont combattu le gouvernement sandiniste du Nicaragua avec l’appui financier… de l’Arabie saoudite !
    L’utilisation abusive de la guerre antifasciste espagnole est devenue un classique parmi les marqueurs idéologiques permettant de distinguer les gentils des méchants.
    On se souviendra que l’an dernier, le philosophe mercenaire franco-israélien Bernard-Henri Levy s’était pris pour la réincarnation d’André Malraux affrontant les balles franquistes dans les tranchées de la République espagnole. Notre Don Quichotte milliardaire avait même confondu les Brigades internationales d’inspiration communiste avec les armées coloniales de l’OTAN et leurs supplétifs al-qaïdistes.
    Ces dernières semaines, les rebelles syriens et leurs alliés djihadistes venus « mourir à Alep » ont eu droit à de véritables chansons de geste dans notre presse où ils sont régulièrement comparés aux antifascistes du monde entier partis « mourir à Madrid » face aux troupes de Franco.[7]
    Je doute que BHL ne daigne offrir une image aussi épique de l’Internationale djihadiste qui se bat et meurt tout aussi « héroïquement » au Yémen ou au Pakistan à l’ombre des drones américains.
    Et puis, il y a ces mots aussi dévastateurs que des bombes…
    Suite à l’attentat du 18 juillet qui a visé les bureaux de la sécurité de Damas, le journaliste Pierre Prier du Figaro a interrogé le bloggeur associé du quotidien Le Monde, Ignace Leverrier, de son vrai nom Wladimir Glassman, le fameux borgne sioniste qui porte « un œil (un seul) sur la Syrie ».[8]
    Les deux comparses s’accordent à dire que le général Daoud Rajha victime de l’attentat était une « caution chrétienne » et un « idiot utile » du régime. Pour le sieur Leverrier/Glassman et pour bien d’autres observateurs, le régime syrien procède à des calculs ethniques pour « corrompre » les minorités et les rendre responsables de sa « politique de terreur ».
    En revanche, on ne les entendra pas utiliser les mêmes termes insultants à l’égard du Kurde Abdel Basset Sayda qui n’a été élu à la tête du Conseil national syrien (CNS) que pour draguer les Kurdes syriens et pour donner ainsi un cachet pluraliste à une opposition dominée par les Frères musulmans.
    Pourtant, Sayda, désormais grand ami de Sarkozy, est l’idiot utile par excellence, un parfait inconnu qu’une majorité de Kurdes syriens rejettent à la fois parce qu’il n’a aucun pedigree militant et parce qu’il siège dans une structure proche des services secrets turcs.
    Revenons sur le champ de bataille de la guerre des mots. Un imam sunnite soutenant le gouvernement de Bachar El-Assad est un « agent » du régime. Mais on n’utilisera jamais ce mot infamant à propos d’un imam de l’opposition inspiré par les prêches anti-chiites et inféodé au wahhabisme.
    Un gouvernement ennemi est toujours qualifié de « régime ». Il ne nous viendrait jamais à l’idée de parler de « régime » de Londres, de Paris, de Berlin ou de Washington.
    Un gouvernement ennemi doit continuellement inspirer haine et dégoût. C’est pourquoi, il doit être montré sous son jour le plus hideux.
    Par conséquent, la Syrie qui est à la fois un Etat-providence inspiré du modèle soviétique où le politique régule en grande partie l’économie, où le fonctionnariat est pléthorique, où l’enseignement est gratuit et de qualité de même que le système de santé, un Etat non endetté auprès de nos instances économiques et donc affranchi de la dictature financière occidentale, un Etat autosuffisant promoteur de la souveraineté alimentaire, un Etat tiers-mondiste et pro-palestinien, un Etat laïc et multiconfessionnel mais aussi un Etat policier où la torture et les exécutions sommaires sont monnaie courante, cette Syrie aux multiples facettes est dans notre presse réduite à son seul profil répressif. Les attributs de l’Etat syrien qui le rendent moins repoussant, seraient selon nos idéologues, tout bonnement fabriquées, bidonnés, manipulés et falsifiés.
    Un gouvernement ennemi est foncièrement machiavélique. Il est l’incarnation du Mal. Il tue ses ennemis mais aussi ses propres amis pour accuser ses ennemis. L’assassinat du fils du moufti pro-Bachar, c’est Bachar ! L’attentat contre les généraux de Bachar, c’est Bachar ! Les djihadistes anti-Bachar, une œuvre de Bachar ! Les étudiants pro-Bachar tués à l’université par des anti-Bachar, un coup de Bachar ! Les massacres de villageois, d’ouvriers, de fonctionnaires, de journalistes, de profs, de cinéastes, de sportifs pro-Bachar, un crime de Bachar ! Nos médias ne reculent devant aucune théorie du complot à propos de l’ennemi.
    Dans les rédactions occidentales comme dans la rue, celui qui n’associe pas l’Etat syrien aux termes « cynique », « brutal », « totalitaire », « féroce », « maffieux », « sanguinaire », « odieux », « barbare », « sectaire », « corrompu », « assassin » etc. est suspecté de sympathie envers l’ennemi.
    A moins de s’appeler Kofi Annan, défendre la paix, la modération, la réconciliation en Syrie comme le fit le défunt (premier) président algérien Ben Bella pour mettre un terme à la guerre civile qui déchira son pays devient suspect. Maccarthysme, le retour.
    Un gouvernement ennemi est « isolé » même s’il jouit du soutien des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), c’est-à-dire de nations qui totalisent plus de 40% de la population mondiale. Ajoutez à cette dynamique les Etats-membres de l’ALBA, l’Algérie, l’Iran ou encore la Biélorussie et vous arrivez à près de la moitié de l’humanité. Cela fait tout de même beaucoup d’amis pour un Etat mis en quarantaine.
    Un gouvernement ennemi comme celui de Damas a pour seul soutien populaire une bande de « profiteurs », de « clients » et d’ « apparatchiks »[9] mais les opposants achetés à prix d’or sur le marché de Riyad et Doha sont bien entendu des démocrates sincères et désintéressés.
    Quant au peuple, toujours d’après nos médias, c’est l’opposition qui en aurait l’exclusivité. En revanche, l’autre peuple, celui qui refuse de prendre part à l’anarchie, qui affiche un soutien total ou conditionnel au gouvernement, qui incarne la majorité silencieuse, ce peuple-là, n’existe pas. Au mieux, il est vaguement évoqué dans de rares articles d’analyse.
    La liste des mots détournés par le courant de pensée dominant dans le cas de la guerre civile syrienne est longue et le sujet mériterait que l’on y consacre un dictionnaire.
    Les quelques exemples cités dans ce billet montrent que dans une guerre, les mots ne sont pas neutres. Leur choix est déterminé par nos convictions. Ils sont le prolongement, le miroir de nos idées, de notre sensibilité. Les journalistes de guerre ne dérogent pas à la règle. Ils ne choisissent pas leurs mots, leurs sources ou leurs interlocuteurs au hasard. Avoir une idéologie et faire de la propagande n’a rien de surprenant en soi lorsque l’on a pour mission d’intéresser un public sur des événements politiques contenant une lourde charge émotive. Ce sont les intérêts sous-jacents qui doivent poser question et nous inciter à rester vigilants surtout lorsque ledit journaliste dissimule sa propagande sous les oripeaux d’une morale supérieure prétendument universelle.
    Source : michelcollon.info
    Notes :
    [1] Alain Jaulmes, Le Figaro, 31 juillet 2012
    [2] Il n’est pas toujours aisé de séparer le politique du religieux. Les courants orthodoxes comme les hétérodoxies cumulent souvent une dimension à la fois politique et religieuse.
    [3] France 24, 11 août 2011
    [4] AFP, 6 août 2012
    [5] Koen Vidal, De Morgen, 3 juillet 2012
    [6] Le Vif, 6 août 2012, Gokan Gunes, Syrie : qui sont ces djihadistes dont se sert Damas ?
    [7] Mourir à Madrid est un célèbre film documentaire de Frédéric Rossif consacré à la guerre civile espagnole
    [8] Le Figaro, 19 juillet 2012
    [9] Le Soir, 30 janvier 2012

     

  • Le Prophète Obama

    Le Prophète Obama fait le toutou devant l’AIPAC

    Vous connaissez peut-être l’AIPAC, un des principaux lobbies sionistes américain, une sorte de CRIF puissance 10… Barack Obama est allé faire ses courbettes et ses révérences devant ce très puissant lobby vendredi 27 juillet 2012.

    Mais pourquoi affubler le président américain du titre de prophète ? Ce n’est qu’un prophète de la guerre, et prix Nobel de la paix qui plus est ! Oui, mais dans son discours, ces petites phrases m’ont fait bondir : «La sécurité d’Israël est sacro-sainte », « Je crois que c’est Dieu qui a guidé mes actions [en faveur d'Israël] en tant que président », « Dieu bénisse Israël »…

    Propagande oblige, Obama reprend le mensonge à propos de la déclaration de Mahmoud Ahmadinejad, le fameux « rayer Israël de la carte« … Ceci n’est qu’un juste retour des choses, étant donné que l’AIPAC fut, avec le JPCA, le B’nai B’rith Canada et l’Israel Project, l’un des principaux diffuseurs du mensonge accusatoire envers le président iranien.

    Bref, il n’y a là rien de très surprenant, malheureusement. Je crois que l’essentiel est dit dans cette phrase riche en nuance : « Il ne devrait pas y avoir l’ombre d’un doute : j’ai fait le choix d’Israël ». Les palestiniens, ainsi que tous les épris de justice, apprécieront…

  • 11-Septembre : Il faut écouter April Gallop(moi j'ai plus de doute,et vous?)

    April Gallop travaillait pour le Département de la Défense américain. Le 11-Septembre, elle et son bébé ont survécu de justesse à l’attaque contre le Pentagone. Bien qu’elle se soit trouvée au cœur de la zone d’impact, April Gallop n’a jamais constaté ni débris d’avion, ni siège, ni bagage, ni aucune trace des dizaines de milliers de litres de kérosène que contenait le Boeing 757 de la version officielle supposé s’être écrasé à quelques mètres de son bureau. Le témoignage très détaillé d’April Gallop est fondamental dans le sens où il corrobore, en fait, les principales observations que tout citoyen est en mesure de faire par lui-même lorsqu’il s’affranchit du récit livré par le gouvernement américain, la théorie de la conspiration islamiste que les médias ont choisi de relayer en masse.

    Refusant l’argent qui lui était proposé en échange de son silence, April Gallop a choisi de se battre et a intenté en 2008 un procès contre Dick Cheney, Donald Rumsfeld et le général Richard Myers pour ne pas avoir fait évacuer le Pentagone alors qu’ils savaient que c’était une cible potentielle. Ainsi, elle a entamé un long parcours dans les méandres de la justice américaine, dénonçant courageusement et sans ambages de nombreuses anomalies concernant ces attaques, dont la destruction des ressources financières et comptables du Pentagone. Cependant, ce difficile parcours judiciaire se finira en 2011 dans une impasse, pour elle comme pour la démocratie américaine, étant donné qu’un des juges qui rendra le verdict contestant la validité de la démarche opposant April Gallop aux membres de l’exécutif américain sera tout simplement un certain John M. Walker, proche cousin du Président américain en exercice le 11-Septembre, George W. Bush : W pour Walker.

     
     
    April Gallop et son fils Elisha en 2011 :
    Elisha était âgé de deux mois et demi le 11 septembre 2001
    (photo : Bonnie Jo Mount/Washington Post)
     
     
     Un témoignage au cœur du Pentagone

    April Gallop a été à la fois victime et témoin de l’attaque du Pentagone le 11 septembre 2001. Professionnelle de l'Armée américaine en service depuis six ans, elle avait intégré le Département de la Défense en 2000 comme spécialiste des informations sensibles, et possédait une habilitation "Top Secret". Lors de l'explosion, elle se trouvait dans son bureau situé au rez-de-chaussée de l'anneau extérieur du bâtiment, à une douzaine de mètres de l'impact du supposé vol 77. L'explosion a fait s'écrouler autour d'elle murs et plafonds. La jeune femme évanouie a ensuite repris connaissance, le corps enseveli sous les débris. Elle est parvenue à se dégager et à sortir du bâtiment avec son bébé de deux mois et demi qu'elle a sauvé in extremis [2].

    April Gallop déclare n'avoir observé, à aucun moment, de débris d'avion ni dans les décombres du Pentagone ni à l'extérieur sur la pelouse où elle a dû patienter dans l'attente de son évacuation. Elle soulève également de nombreuses questions essentielles, en particulier concernant l'absence totale d'alerte, d'alarme et de riposte ce jour-là au sein d'un bâtiment suréquipé dans les domaines de la surveillance et de la sécurité, et constituant le centre névralgique de la première puissance militaire mondiale. Enfin, de son point de vue, l’ensemble des faits observables sur la zone d’impact démontre que les attentats ont été avant tout réalisés à partir d'explosifs placés dans une zone stratégique du Pentagone [3].

    Ce témoignage d'April Gallop est tout aussi saisissant que précieux, comme il est possible d'en juger par la conférence qu'elle a délivrée durant les rencontres "Freedom and Justice" qui se sont déroulées en 2007 en Californie, réunissant des personnalités, des témoins et des experts scientifiques à propos du 11-Septembre [4]. Cette femme raconte avec un langage clair et direct ce qu’elle a vécu le matin des attentats qui ont infligé à son enfant et à elle-même des blessures aux séquelles irréversibles. April Gallop fait partie des 106 victimes blessées, rescapées du Pentagone, recensées officiellement, mais elle est l'une des rares - peut-être la seule parmi les rescapées du Pentagone - qui se soit finalement mise dans la position de s'exprimer ouvertement et librement sur les événements de 2001, simplement parce qu'elle a choisi de refuser la prise en charge financière des soins médicaux que les autorités américaines acceptaient de lui accorder pour son fils et pour elle-même sous la seule condition d'un silence définitif de sa part sur les circonstances de l'attentat [5].

     

     
     
    Le témoignage d’April Gallop, le 10 mars 2007 
     

     

    Par ailleurs, pourquoi portons-nous davantage crédit aux propos d'April Gallop qui conteste la version officielle concernant l'attaque du Pentagone, plutôt qu'à d'autres déclarations - comme, par exemple, celle de Mike Walter - qui la soutiennent ? A la fois parce que le récit de la jeune femme est d'une grande cohérence et qu'il n'évolue pas au gré du temps et des convenances, mais aussi parce que rien dans son témoignage n'entre en contradiction avec ce que nous, citoyens, sommes en mesure de percevoir objectivement de la situation dans laquelle elle était impliquée : Gallop affirme qu'elle n'a pas vu d'avion et nous sommes portés à la croire du fait que les autorités s'opposent à produire publiquement les preuves matérielles fondamentales en mesure de valider la théorie officielle qui implique le crash d'un avion de ligne sur le Pentagone, les bandes vidéos des nombreuses caméras de surveillance du bâtiment ou tout simplement les débris résiduels - identifiés par leurs numéros de série - du Boeing 757 du vol 77. Enfin, il est manifeste qu'April Gallop n'a rien à gagner à s'opposer à la version officielle. Bien au contraire, le fait d'être restée centrée sur sa propre perception de l'événement et de ne pas aligner son récit sur celui de la théorie officielle ne lui a attiré que des problèmes depuis ce drame qui a fait basculer son existence [6].

     
     
     
    April Gallop lors d'une audience de la
    Commission d'enquête sur le 11-Septembre
     
     

    Tout comme les Jersey Girls, April Gallop fait partie des victimes et familles de victimes qui ont très tôt exigé que soit ouverte une enquête publique, de ceux et celles qui se sont battus pour la création d’une commission, attendant 441 jours avant que cela ne se réalise, qui ont assisté à de nombreuses audiences et qui, au bout du compte, se sont sentis terriblement trahis lorsqu’est paru, en 2004, le Rapport final de la commission d’enquête [7].

     

     

    « Quelqu’un aurait parlé… »

    Parmi les résistances qui retiennent certains citoyens de se libérer du carcan de la version officielle sur le 11-Septembre - quelles que soient les aberrations qu’elle contient et qui sont démontrées par le travail d’associations citoyennes comme ReOpen911 - on retrouve régulièrement un raisonnement formulé par des assertions telles que : « De toute façon, ça ne peut pas être une opération montée ou assistée de l'intérieur, sinon ça se saurait forcément… quelqu'un aurait parlé ! »

     
    Norman Mineta, Anthony Shaffer, Sibel Edmonds, Susan Lindauer, Karen Kwiatkowski et Barry Jennings
     

    April Gallop a parlé. Tout comme Norman Mineta, le secrétaire au Transports qui a indiqué devant la Commission d’enquête les agissements compromettants de Dick Cheney le 11-Septembre, mais dont les propos n'ont finalement pas été retenus, tout comme le colonel Anthony Shaffer qui était à la tête d’une équipe du Renseignement militaire et qui a révélé en détail le projet "Able Danger" et la surveillance de longue date du terroriste présumé Mohammed Atta, ou comme Sibel Edmonds employée par le FBI, ou Susan Lindauer qui travaillait pour la CIA, ou le lieutenant-colonel Karen Kwiatkowski, officier aux Affaires politiques et militaires au Pentagone ou encore Barry Jennings, employé de la ville de New York qui se trouvait dans la tour 7 du World Trade Center. Toutes ces personnes et bien d’autres encore ont été impliquées dans les événements du 11-Septembre et elles ont choisi de parler, le plus souvent au détriment de leur bien-être personnel et de leur situation sociale et financière, subissant généralement de fortes pressions et des représailles de toutes sortes pour avoir pris le parti d’alerter les citoyens des États-Unis des dérives qu’ils constataient au sein des services pour lesquels ils travaillaient, après avoir - pour la plupart - prêté serment de servir, entre autres, les intérêts de la nation et du peuple américains… [8]

     
     
     

    Concernant le 11-Septembre, l'attentat sur le Pentagone s’est trouvé enfermé dans la même parenthèse enchantéeque tous les autres événements survenus ce jour-là, à une petite ou à une grande échelle : quelles que soient les anomalies observées, les responsables en charge du Département de la Défense ont agi pour le mieux selon la version officielle, à commencer par le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, dont les réactions furent pourtant extrêmement inappropriées en cet instant crucial de l’Histoire des États-Unis [9].

    April Gallop, pour sa part, ne s’est pas laissée envouter par la parenthèse enchantée, loin de là. En 2008, elle a choisi de poursuivre en justice plusieurs hauts responsables de l'administration américaine, dont Dick Cheney et Donald Rumsfeld. Nous examinerons plusieurs points essentiels de l'exposé des faits, présenté à l'occasion du procès. Un procès, dont le dénouement survenu en 2011, est étrangement révélateur d'un système par lequel, aux États-Unis, un clan au sommet du pouvoir peut éventuellement organiser les conditions de sa totale impunité.

     
     
      
     
     
     
     
    Le témoignage d'April Gallop
    Transcription de ses propos recueillis le 10 mars 2007 
     

    Je vais vous livrer, en qualité de témoin, quelques détails de mon expérience [de la journée du 11-Septembre]. Alors me voilà, jeune maman, avec mon bébé de deux mois et demi. J'étais une jeune maman heureuse, et j’avais, à cette époque, différents projets que je souhaitais réaliser. Mon objectif du moment était : retrouver la ligne ! Etre parée pour faire l'école des officiers ! C'était mon but et, comme délai, je m'étais fixée décembre 2001. Alors, je n'avais pas beaucoup de temps pour me débarrasser de cet excès de… vous savez mesdames… vous savez ce dont je parle ! Je n'avais pas beaucoup de temps, mais j'allais le faire, j'étais motivée. Je savais que c’était le bon moyen pour améliorer ma situation et j’allais y parvenir de cette façon.

     
    J’ai repris le travail
    le 11 septembre 2001…
    Quelle façon de dire 
    « Contents de vous revoir ! »
     

    J'étais heureuse, mais encore tiraillée car, en tant que jeune maman, vous savez comment c'est… vous venez d'avoir votre enfant, vous voulez être attentive aux personnes qui l'entourent, ce genre de choses… Je voulais donc m'assurer que la garderie du Pentagone ferait bien ce qu'elle s'était engagée à faire afin que mon bébé soit pris en charge correctement, avant que je ne commence.

     
     
    Le Pentagone, côté entrée
     

    Ainsi donc, je reprenais le travail… le 11 septembre 2001 ! Quelle façon de dire « Contents de vous revoir ! » J’ai attaqué la matinée en prenant un thé glacé. C'est mon truc, j'adore le thé glacé, c'est délicieux, surtout avec du lait… Mais j'étais toujours tiraillée, en pensant : « Oh mon Dieu… c'est le premier jour… » Et ma seule préoccupation, c'était : me remettre au travail ! Donc, j'arrivais au Pentagone et là, j'ai reçu un appel sur mon portable : « April, on a besoin que vous veniez tout de suite au bureau, et vous pourrez vous rendre à la garderie plus tard. »

    Moi, je me suis dit : « Mais comment voulez-vous que j'obtienne l'autorisation d'entrer avec mon fils pour faire ce que vous me demandez de faire ? » Mais bien entendu, disciplinée, j'ai répondu : « Puis-je faire une suggestion… Je propose de passer d'abord à la garderie et ensuite, je reviens pour faire ce que vous me demandez. » J'étais vraiment disciplinée et j’avais l’habitude d’obéir aux ordres. Et j'ai reçu comme réponse : « Non, venez plutôt faire ce qu'on vous demande, et ensuite, vous l'emmènerez à la garderie. » Là j'ai dit : « Ok ! » Mais au fond de moi, je pensais : « Jamais je n'obtiendrai l'autorisation d'entrer avec mon fils, alors je reviendrai pour l'emmener à la garderie, quoi qu'il arrive ! Je vais donc faire comme si j'étais d'accord avec ce qui m’est demandé. »

     
    On est passé plus rapidement 
    que jamais auparavant…
    Automatiquement, ça a été
    pour moi un signal d'alerte
     

    Je me suis donc rendu au poste de sécurité et j'ai déclaré : « Ils m'ont demandé de faire entrer mon fils à l'intérieur. Je sais bien que ce n'est pas autorisé, Mais je veux d'abord voir ça avec vous, comme ça vous pouvez les appeler et le leur dire. » Et j'étais persuadée que [le gardien] allait répondre : « Oui vous avez raison, on ne peut pas le laisser entrer. » Mais pas en ce jour bien particulier, non : « Allez-y, entrez ! » On est passés plus rapidement que jamais auparavant pour pénétrer à l’intérieur du Pentagone. Et ça… automatiquement, ça a été un signal d'alerte pour moi, parce que j'ai pensé : « Mais pourquoi diable… et comment… ? » Je me posais pas mal questions… Cependant, j’ai pensé : « Ok, il faut y aller… » J'ai donc continué, je suis arrivée au bureau. Mon superviseur m'a dit : « Je vais à une réunion et quand je reviens, il faut qu’on parle tous les deux. » Et j'ai pensé : « D'accord… vous me demandez de venir ici immédiatement et vous partez à une réunion… OK ! Tout va bien… Pas de problème ! »

     
    Elisha Gallop, bébé
     

    Ainsi, je prends la poussette de mon fils, je l’installe à côté du bureau. Je vais pour appuyer sur le bouton de l'ordinateur pour l'allumer : BOUM ! C'est exactement comme ça que ça s'est passé. Il n'y a rien eu d'autre, rien de plus, c'était juste comme ça : J'ai pris mon fils, j'ai installé sa poussette à côté de mon bureau. J'allais appuyer pour allumer l'ordinateur, boum ! Et à cet instant, notre vie a complètement basculé, en ce jour bien particulier.

     
    Ma première pensée a été :
    « Oh mon Dieu, je reviens au travail
    juste pour perdre mon enfant »
     

    Bien, maintenant, voici quelques détails que vous devez savoir. Quand j'ai repris connaissance, évidemment, j'étais désorientée : « Qu'est-il arrivé ? Que se passe-t-il ? » J'étais ensevelie sous les débris de la nuque jusqu'aux pieds. Et les seules parties de mon corps qui dépassaient étaient mes bras et ma tête. J'ai secoué la tête comme pour me dire : « Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui arrive ? » Et tout ce que je peux dire, c'est que j'entendais mon fils pleurer. Il pleurait de plus en plus fort et de plus en plus fort. Et je suis sûr que les mamans qui sont ici en savent quelque chose, quand notre enfant est en détresse, on se retrouve soudain avec des super pouvoirs pour lui venir en aide, et on se dit « On va résoudre ça tout de suite, n’est-ce pas ? » Mais à cet instant, il s'est arrêté de pleurer. Et en fait, c'est ça qui m'a motivé pour m'en sortir, pour parvenir à m'extraire de tous ces débris, à chercher sous tous ces gravats, parce qu'il s'était arrêté de pleurer. Et ma première pensée a été : « Oh mon Dieu, je reviens au travail… juste pour perdre mon enfant. » J'avais plein de choses qui me passaient par la tête, il y avait de la peur, il y avait tant d'émotions au même instant… Quand je reviens en arrière et que j'y repense, je ne peux pas dire que je me sois sentie courageuse sur le moment. J'aimerais pouvoir le dire, parce que peut-être certains d'entre vous pourraient éventuellement me trouver héroïque, mais je ne peux vraiment pas dire ça. J'ai véritablement ressenti la peur, j'étais vraiment très effrayée et je craignais d'avoir perdu mon enfant le premier jour de mon retour au bureau.

    Indépendamment du fait que j'étais parvenue à me dégager, beaucoup de choses se passaient simultanément. Il y avait des personnes qui étaient ensevelies sous les débris, piégées entre deux étages et qui criaient : « Aidez-moi ! Sauvez-moi ! ». Il y avait tant de choses qui se passaient en même temps, et j'étais déchirée. J'avais un devoir et une obligation imposée par mon engagement militaire, le devoir et l'obligation de sauver ces personnes. Et là, il y avait mon enfant qui venait de s'arrêter de pleurer. J'étais déchirée : mon enfant ou les personnes ? Mon enfant ? Les personnes ? C'était très dur. J'ai déblayé des décombres pour voir si je pouvais atteindre mon enfant, pour voir s'il ne se trouvait pas trop loin de moi. Je n'arrivais pas à le discerner. Alors j'ai pensé : « Ok, je vais aider à sauver certaines de ces personnes, et comme ça ils pourront m'aider à trouver mon fils. » Je ne pouvais… je ne pouvais pas l’atteindre, j'ai essayé, il était enseveli sous les décombres, je ne pouvais pas.

     
    Je me disais :
    « Je n'ai pas retrouvé mon fils ! »
    A ce stade, je pensais juste
    repartir avec son corps
     

    Donc, j'ai pu aider quelques personnes en leur disant : « Aidez-moi à trouver mon fils ! Aidez-moi à trouver mon fils ! » Et bien entendu, il régnait une immense panique, donc je n'ai aucun reproche à faire aux personnes qui ne sont pas intervenues. Elles voulaient sortir de là, et je ne leur en veux vraiment pas. Des débris continuaient à tomber et on ne comprenait rien de ce qui se passait autour de nous, alors je ne condamne personne.

    On en est arrivé au point où ça continuait à s'effondrer et mon autre collègue, avec qui je suis toujours en contact aujourd'hui, m'a dit : « On doit s'en aller ! On doit partir maintenant ! » Et moi je me disais : « Je n'ai pas retrouvé mon fils ! » A ce stade, je pensais juste repartir avec son corps. On s'est hissé sur un gros tas de débris, et j'avais une jambe sur ce tas de débris, et deux autres personnes me tenaient le bras, ils me tiraient le bras en disant : « Viens ! On y va ! » Et j’ai répondu : « Je dois encore essayer ! Encore une dernière fois ! » J'ai plongé la main au hasard, sans réfléchir, sans aucun calcul, j'ai juste plongé la main, j'ai attrapé la grenouillère de mon fils. J'ai tiré sa grenouillère et j'ai remonté mon fils jusque par-dessus mon épaule. Les personnes m'ont extirpé par le bras, et à peine j’étais dégagée, d'autres décombres se sont encore effondrés dans cette zone. Donc, tout ça s'est passé juste à temps pour qu'on puisse s'en sortir et j'en éprouve beaucoup de gratitude, vous savez… mais ce n'était pas une question de stratégie ou de calcul, il n'y a eu aucune réflexion, aucun plan, ça s'est simplement passé comme ça.

     
    Je n'ai vu aucun débris d'avion,
    je n'ai vu aucun siège d'avion,
    je n'ai pas vu de métal,
    je n'ai pas vu de bagages
     

    Et voici quelques éléments-clés : pendant qu'on s'en allait pour sortir, je pouvais encore apercevoir des piliers qui supportaient toujours cette zone, mais pas énormément, certains étaient détruits et il y avait encore des câbles. Cependant, je n'ai vu aucun débris d'avion, je n'ai vu aucun siège d'avion, je n'ai pas vu de métal, je n'ai pas vu de bagages, je n'avais pas de kérosène sur moi. Quant aux personnes qu'on a aidées à s’extirper des différents étages… je n'ai jamais vu de kérosène sur elles. C'est juste que je n'ai rien vu de tout ça.

    Alors, sur le moment, après les faits… c'est tout ce que je pensais : « voilà ce que je n'ai pas vu… mais je sais ce que j'ai vu ». Et la plupart des décombres qui nous ont ensevelis et à travers lesquels nous sommes passés correspondaient à des équipements de bureau : du béton, des livres, des ordinateurs, des tables, des choses de ce type.

    Ainsi, on est sortis sur la pelouse par le fameux trou dont ils prétendent que c'est l'endroit par lequel l'avion est entré. Et au moment de sortir, j'ai soudain eu l'impression que quelqu'un avait attrapé un marteau et m'avait littéralement frappée de la tête aux pieds, et là je me suis écroulé. Il y avait cet homme qui aidait les personnes à sortir, il a attrapé mon fils, au moment où je tombais par terre. Il a trouvé un monsieur pour porter Elisha [le fils d'April Gallop], pendant qu'il m'emmenait à un autre endroit sur la pelouse. Maintenant, je ne sais vraiment pas comment ils identifiaient les différents grades, étant donné que j'avais mes habits civils sur moi, mais la plupart des hauts gradés victimes de blessures avaient déjà été transportés pour être pris en charge, et on a été laissés là sur le sol. Donc les personnes qui nous entouraient essayaient juste d'arrêter les voitures pour qu'on soit emmenés à l'hôpital.

     
     
    April Gallop et son bébé attendant la prise en charge 
    des secours sur la pelouse du Pentagone
     

    Mais pendant que j’étais sur la pelouse, je ne peux pas dire que j'ai vu une quelconque pièce argentée faisant partie d'un avion. Je n'ai rien vu de tel. Et c'est la seule chose que j'ai vraiment le sentiment de pouvoir vous affirmer, parce que ce sont des choses que je n'ai pas vues. Alors, ayant ça en tête, jamais je n'aurais cru que ça pouvait être un avion, simplement parce que je n'ai rien vu de particulier.

     
    Je ne sais pas ce qui a été le plus horrible : 
    le fait de vivre cette expérience 
    ou bien la vie après le 11-Septembre
     

    A partir du plan réalisé par l'équipe de rénovation du Pentagone, ils ont indiqué où chacun se trouvait, ce qui déterminait à quelle distance on se situait par rapport à l'impact, et d’après ce que l’on m’a dit, je me trouvais à environ 10 à 13 mètres du lieu d'impact, avec une approximation de 1 ou 2 mètres. Alors j'ai l'impression, vous savez, que si c'était le cas, il y aurait assurément dû y avoir quelque chose pour corroborer certaines données. Mais une fois encore, je reste centré sur ma version et sur ce que j'ai vu.

    En fait, je ne sais pas ce qui a été le plus horrible : le fait de vivre cette expérience, ou bien la vie après le 11-Septembre. Bien entendu, ils ont voulu nous inciter ou – au moins – nous communiquer comment ils souhaitaient que nous racontions cette histoire, ce qui s’était passé. Et je ne pouvais pas faire ça, à cause des choses que je savais ne pas avoir vues, je ne pouvais pas corroborer la version officielle parce qu'elle contenait des éléments que je n'avais pas observés. Et je ne peux pas dire qu'ils aient demandé précisément que je ne dise pas ceci ou cela, mais je peux dire qu'ils voulaient s'assurer que les choses soient communiquées selon leur version officielle… Je suis certaine que beaucoup d'entre vous sont conscients de ce qu'est la version officielle… Et je ne pouvais pas faire ça à partir de ce que j'avais vu à l'intérieur.

     
    Ils ne voulaient pas que 
    je communique sur le fait 
    que mon enfant avait été blessé
     

    Par ailleurs, l'autre élément dérangeant était le fait que mon enfant de deux mois et demi avait été autorisé à rentrer là [à l’intérieur du Pentagone]. Ça constituait le deuxième problème. Ils ne voulaient pas que je communique sur le fait que mon enfant avait été blessé dans à cet endroit précis. Ils prétendaient que c'était très inconvenant de ma part de partager cela avec le public. Et là encore, je ne pouvais pas faire ça, car sinon comment mon enfant aurait-il pu recevoir les soins de longue durée ? Comment aurait-il obtenu son traitement ? Comment allais-je expliquer ça aux médecins ? Qu'est ce que j'allais dire ? Comment allais-je expliquer de quelle façon il avait été blessé ? Il avait un creux… Vous savez, quand ils sont nouveaux nés, les bébés ont la tête encore malléable, et une large partie de son crâne avait été enfoncé. De plus, il saignait du nez… Enfin, il avait des problèmes.

    Ce n'est pas tant que, par rapport à certaines questions, il m'ait été indiqué des réponses spécifiques, c'est le fait qu'ils ne donnaient pas d'instructions précises. Qu'est-ce que j'étais supposé dire ? Qu'est-ce que j'étais supposée raconter aux docteurs ? Et si vous ne voulez pas répondre, alors… De nouveau, ça a été un signal d'alerte. […]

     
    Je pensais travailler dans un 
    des bâtiments les plus sûrs des USA, 
    mais ce jour-là, il n'y a eu ni alarme, 
    ni alerte, ni avertissement
     

    Autre chose que je sais et qui vous intéresse probablement : dans le programme d'accueil et d'intégration du Pentagone, il nous est dit que c'est un des bâtiments les plus sûrs de tous les États-Unis d'Amérique. Ca fait partie du programme d'accueil et d'intégration, on vous fait faire le tour du Pentagone, on vous dit certaines choses sur le Pentagone [dans une interview accordée au George Washington’s Blog et publiée le 13 juillet 2006, April Gallop précise qu’il s’agissait même d’une expression typique de la présentation du Pentagone [10] : « Vous êtes actuellement dans un des édifices les plus sécurisés de tous les États-Unis »]. De ce fait, je pensais travailler dans un des bâtiments les plus sûrs de tous les USA, mais en ce jour bien précis… il n'y a pas eu d'alarme… il n'y a pas eu d'alerte… et il n'y a pas eu d'avertissement. Maintenant, si on revient en arrière, quand je travaillais au Pentagone, ils faisaient des exercices si souvent que ça en devenait très exaspérant. Vous savez, c'est comme un labyrinthe là-dedans. Quand vous deviez livrer un document en partant d'une extrémité du bâtiment pour vous rendre à l'autre avec très peu de temps pour le faire, s’il y avait quelque chose comme une formation ou une alerte ou un quelconque exercice pratique, vous deviez vous arrêter pour participer à cet exercice, oui… ça devenait très agaçant.

    Et là, nous avons cette journée particulière où il n'y a eu ni alarme ni avertissement. Alors, je me suis demandée : « Quelle est la probabilité qu'en ce jour bien précis, il n'y ait ni alarme, ni alerte… absolument rien... en ce jour particulier ? » Maintenant, ce qui a bien marché, ce sont les portes à l'intérieur du bâtiment, qui ont piégé les autres personnes qui n'ont jamais pu sortir. Ces portes-là ont fonctionné et c'est pour cela que certaines personnes ont été plus ou moins brûlées vives.

     
    Comment se fait-il que 
    ce jour-là, précisément,
    absolument rien ne fonctionnait ?
     

    Alors, il nous faut prêter attention à ces éléments et les remettre en question, non par manque de patriotisme, mais parce qu'ils sont suffisamment préoccupants pour qu'on agisse ainsi. Et quand vous regardez ce bâtiment, il y certaines choses qui n'étaient pas même supposées pénétrer dans un périmètre donné autour du Pentagone, sans qu'il y ait une forme ou une autre d'alerte ou d'avertissement. Mais cette chose qu'ils prétendent être un avion, a réussi non seulement à pénétrer dans ce périmètre, mais elle a pu toucher la pelouse et même frapper le bâtiment… C'est réellement stupéfiant, compte tenu de tout l'argent qui est investi dans la surveillance et dans les mesures de sécurité ! Comment se fait-il que ce jour-là précisément, absolument rien n’ait fonctionné ? Parce que, croyez-moi, si j'avais été alertée, je me serais précipitée hors du bâtiment, quitte à sauter par une fenêtre pour sauver mon enfant. Toutes ces choses me préoccupent énormément et m’ont fait me poser beaucoup de questions. Ça m'a poussée à faire ce cheminement pour parvenir à la vérité, mais pas seulement pour ça, c’était aussi pour aller devant une cour de justice. Et je pense que c'est formidable ce que beaucoup de gens font pour nous aider à parvenir à ce but, parce que c'est vraiment nécessaire. […]

     
    Elisha, le fils d'April Gallop, est évacué vers les urgences,
    après l'attaque du 11-Septembre
     

    Je comprends que c'est un problème de taille qu'il n'y ait eu aucune d'alarme ni aucune alerte ce matin-là… et il n'y en a jamais eu une seule… d'aucune sorte. Et c'est particulièrement difficile à croire si on considère que le World Trade Center avait déjà été attaqué. Ils avaient un espace où tout ce qui se passait partout à travers le monde était observé, à travers différents fuseaux horaires et dans différents pays. Ils savaient donc que le World Trade Center avait été attaqué et ils n'ont même pas dit : « On a besoin que tout le monde se mobilise pour répondre à cette attaque ! » ou autre chose… quelque chose… « Faites quelque chose ! » La probabilité qu'ils ne fassent pas ça, compte tenu du niveau de sécurité qu'ils ont mis en place, des capacités qu'ils ont… Quelle est la probabilité ? Et j'ai proposé cet exercice, J'ai dit : « Si quelqu'un peut me dire quelle est la probabilité que rien ne fonctionne un jour donné, je ferais ce qu’ils exigent de moi (tant que ce n’est pas illégal ou rebutant et que c'est quelque chose de raisonnable sur quoi on se mettrait d’accord). » Et à ce jour, personne n'a été capable de me dire quelle est la probabilité que rien n'ait effectivement fonctionné ce jour-là.

     
    J'avais une perception 
    tellement différente avant,
    jusqu'à ce jour particulier
     

    Le Pentagone sélectionne les gens selon leur parcours de vie. J'ai été sélectionné sur les effectifs de l'Armée. J'étais à Heidelberg en Allemagne et j'ai été sélectionnée à partir de l'hôpital [où April Gallop était affectée - NDLR], et j'avais une perception très différente de l'Armée, de notre pays, de tout. J'avais une perception tellement différente avant, et jusqu'à ce jour particulier. Et je ne voulais vraiment pas remettre en cause certaines choses jusqu'à ce jour bien précis. Je viens d'une famille de militaires. Notre famille et notre génération au sein de ma famille a servi notre pays. Nous croyons dans le fait de servir Dieu, la patrie et les hommes. Et je crois toujours en cela, mais je ne crois plus dans certaines choses visant à usurper les forces armées, ou entretenir des mensonges pour, encore une fois, abuser de l’Armée. Mais je crois toujours que nous avons un devoir pour accomplir certaines choses. Donc c’était vraiment désolant de vivre cette expérience, puis d’affronter la vie après le 11-Septembre. J'espère que mon témoignage personnel et ma propre expérience aideront à apporter des réponses à beaucoup de questions que certains d'entre vous peuvent se poser au sujet du Pentagone. 

     
     
     
     

    Le langage de la justice

    En décembre 2008, April Gallop intente un procès à Dick Cheney, Donald Rumsfeld et Richard Myers, respectivement Vice-président des États-Unis, secrétaire à la Défense et chef d’état-major interarmées au moment des attentats, le 11 septembre 2001, pour ne pas avoir donné l’ordre d’évacuer le Pentagone alors qu’ils savaient que c’était une cible potentielle et plus largement pour leur part de responsabilité directe dans les actes criminels commis ce jour-là [11].

    Il est intéressant d’examiner dans un premier temps l’exposé des faits présenté par l’avocat d’April Gallop, William Veale, également fondateur de l’organisation Center for 9/11 Justice, qui propose sur son site l’accès au texte original de cette plainte. Nous noterons que cet exposé s’appuie avant tout sur des faits observables qui sont présentés et analysés. Mais dans le cadre du procès intenté contre Cheney, Rumsfeld et Myers, l’exposé est bien entendu accusateur et adopte un point de vue logiquement engagé qui indique sans ambigüité un objectif attribué aux accusés dont il dénonce les agissements [12].

     
    William Veale, avocat d'April Gallop et fondateur de Center for 9/11 Justice 
     
     

    • Exposé des faits : déclaration préliminaire

    « Plainte pour violation des droits civils, conspiration et autres torts. »

     

    « Le but des accusés en aidant et en favorisant cette attaque, et l'objectif d'ensemble de la (ou des) conspiration(s) était deprovoquer une catastrophe terroriste sans précédent, horrible et effrayante à l'intérieur même des États-Unis, qui donnerait naissance à une puissante réaction de peur et de colère au sein de la population, ainsi qu'à Washington. Cela pour engendrer un climat de consentement dans lequel la nouvelle administration pourrait promulguer et appliquer des changements radicaux dans la politique et les pratiques du pouvoir constitutionnel dans notre pays. La plupart de leurs intentions ont été énoncées avant même leur entrée en fonction, dans la publication du bien nommé Projet pour le Nouveau Siècle Américain, dont les accusés Cheney et Rumsfeld ont été les principaux commanditaires. Ainsi avaient-ils décrit des objectifs spécifiques concernant le développement de la puissance militaire américaine à l'étranger, en particulier en Irak, dans le golfe Persique, et dans d'autres régions pétrolifères. Cependant, les commanditaires avaient perçu que le peuple américain ne soutiendrait vraisemblablement pas leurs actions jugées nécessaires, sans le choc catalyseur d'un événement catastrophique : ‘un nouveau Pearl Harbor’. En permettant la réussite des attentats, les accusés et leurs alliés ont créé un support pour s'approprier une puissance extraordinaire, et un prétexte pour lancer la prétendue guerre globale contre le terrorisme, sous couvert de laquelle ils étaient libres de poursuivre les plans de conquête militaire, de ‘domination intégrale’ et de ‘primauté américaine’ à travers le monde, tels qu'en fait ils les ont réalisés. » [13]

     

    • Modus operandi

    « Dans le cas de l'attaque sur le Pentagone en particulier, la plaignante affirme que le récit officiel selon lequel un avion détourné s'est écrasé sur le Pentagone et a explosé (provoquant les blessures de la plaignante) est faux. En fait, l'attentat a été réalisé d'une autre manière, de façon à limiter les dégâts, à protéger les accusés, et à faire croire qu'un avion uniquement s'était écrasé sur le bâtiment. Cette affirmation est étayée par des données extraites de la supposée 'boîte noire' de l'avion, publiées par le National Transportation Safety Board (NTSB), qui indiquent que l'avion est passé au-dessus du bâtiment à très basse altitude, alors qu'une explosion et une boule de feu ont été déclenchées par d'autres moyens : une ou plusieurs bombes préinstallées et/ou un missile. Cela est confirmé par l'absence de toute preuve photographique de l'épave d'un avion de ligne sur le site du Pentagone, à laquelle s'ajoute la notice communiquée par le Ministère américain de la Justice, refusant de publier quelque 85 bandes vidéo enregistrées par les caméras de surveillance disposées au Pentagone ou à proximité du bâtiment, qui sont déclarées exemptées de la Loi pour la Liberté de Divulgation de L'information [FOIA pour Freedom of Information Act]. » [14]

    Schéma en coupe de la structure d'un Boeing 757

     

    • L’absence d’épave sur la zone impactée

    April Gallop avait perdu une chaussure lorsqu’elle est parvenue à s’extraire des débris. Elle avait donc un pied nu au moment où elle est sortie du Pentagone par la principale ouverture sur la façade de l’édifice provoquée par les dégâts de l’attaque. Rappelons que, selon la version officielle, le Boeing 757 du vol 77 contenait des dizaines de milliers de litres de kérosène au moment de son impact sur le bâtiment, et il faut savoir qu’un avion de ligne de cette envergure comprend environ un million de pièces assemblées. Le précédent article de cette série présente la démonstration de George Nelson, colonel à la retraite de l’U.S. Air Force qui dit en partie : « Chaque avion civil ou militaire transportant des passagers a de nombreuses pièces qui sont identifiées pour la sécurité du vol. Si l’une de ces pièces venait à défaillir pendant le vol, la défaillance provoquerait la perte de l’avion et de ses passagers. En conséquence, ces pièces sont contrôlées individuellement grâce à un numéro de série distinctif et suivies dans un document de ‘consignation des opérations de maintenance’ […] Le Vol 77 d’American Airlines a été rapporté comme étant celui d’un Boeing 757, avec le numéro d’enregistrement N644AA, transportant 64 personnes, dont l’équipage de vol et 5 pirates de l’air. Il a été rapporté que cet avion, avec son envergure de 38m, a percuté le Pentagone, laissant un trou d’entrée pas plus large que 5m. Suite à l’extinction de l’incendie qui en a résulté, il aurait été très facile de ramasser en un quart d’heure suffisamment de pièces sur le site pour identifier formellement le numéro d’enregistrement de l’avion. Des pièces aérospatiales semblent avoir été retrouvées sur le site, mais aucune tentative n’a été faite pour relever des numéros de série ou pour identifier des pièces spécifiques. Certains éléments retirés du bâtiment ont en réalité été cachés au public. » [15]

     
     
    La pelouse devant le Pentagone après l'impact supposé d'un
    Boeing 757 qui comprend environ un million de pièces assemblées
     

    L’exposé des faits revient sur les observations détaillées de la jeune femme et met en lumière les aberrations des versions contradictoires et changeantes de Donald Rumsfeld et du récit officiel : «  Que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de la façade du bâtiment que l'avion a soi-disant frappé, il n'y avait aucune épave, aucun fragment d'avion, pas de moteurs, pas de sièges, aucun bagage, pas de sections de fuselage avec des rangées de hublots, et surtout, aucune présence de kérosène enflammé. A l'intérieur, les murs, les plafonds et les équipements dans cette zone étaient détruits, mais il n'y avait aucune trace d'un avion écrasé. Un certain nombre de personnes présentes à l'intérieur comme à l'extérieur du bâtiment ont attesté de ce fait dans les rapports publiés. […] Il n'y a aucune photo d'une épave d'avion de ligne à l'endroit où le bâtiment a été frappé et incendié, ou d'une épave d'avion au niveau du trou dans l'anneau intérieur, que le nez de l'avion aurait traversé pour s'y échouer comme l'avait initialement déclaré Donald Rumsfeld, ou nulle part ailleurs dans le bâtiment. En outre, le nez d'un tel avion contient son équipement radar, et la coque extérieure est conçue avec un matériau poreux, un élément composite qui permet au radar de fonctionner. Par conséquent, le nez n'était pas capable de résister à un impact sur la façade extérieure sans être totalement écrasé, et encore moins pénétrer à l'intérieur jusqu'à la paroi de l'anneau C, 100 mètres plus loin. Bien que cette version ait été abandonnée par la suite, le défendeur Rumsfeld n'a jamais été publiquement interrogé sur sa déclaration indiquant que ça s'était passé ainsi. » [16]

     

    • L’absence d’alerte, d’alarme et de riposte au Pentagone.

    Etant donné que la version officielle du 11-Septembre soutient la thèse d’une attaque initiée de l’étranger ayant permis à des ennemis connus des États-Unis de frapper avec une facilité déconcertante le centre névralgique de la première puissance militaire mondiale, comment se fait-il que Donald Rumsfeld, alors aux commandes du Pentagone, n’ait jamais eu à rendre compte de sa responsabilité au regard d’un tel échec ? [9]

    April Gallop a confirmé le fait que le Pentagone possédait des capacités éminentes de communication et que l'édifice intégrait un centre de surveillance où étaient observés 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, entre autres, les médias du monde entier. Selon le rapport officiel, le Pentagone a été impacté à 9h 37, or CNN avait commencé à retransmettre l’image du World Trade Center en feu à 8h 49, trois minutes seulement après le premier impact sur la tour nord. [17]

     
    Pourquoi n'y a-t-il eu ni alarme, ni alerte, ni avertissement au 
    Pentagone alors que CNN diffusait ses premières images seulement 
    3 minutes après le premier impact sur le World Trade Center ?
     

    L’exposé des faits indique avec une approche logique, découlant des informations fondamentales de la journée du 11-Septembre, les anomalies accablantes qui impliquent la direction du Pentagone : « Il est clair que le haut commandement incriminé aurait dû avoir et a eu, au grand minimum, assez de connaissance préalable ce jour-là, ainsi que par avance avec les informations du renseignement, pour alerter à temps la plaignante et d'autres afin d'évacuer l'édifice, et éviter ainsi une grande part sinon l’ensemble des morts et blessés survenus. En fin de compte, plus d'une demi-heure s’est écoulée après la première alerte des contrôleurs aériens concernant le vol 77, alors que toutes les parties concernées étaient pleinement conscientes des attentats suicides à New York, c'était un délai largement suffisant pour que le Pentagone soit évacué à temps. Les chasseurs intercepteurs "Top Gun" sous les ordres même des accusés, disponibles et prêts à décoller, n'ont pas été engagés, et les personnes à l'intérieur du bâtiment, y compris la plaignante et son enfant, n'ont pas été averties. » [18]

    L’exposé des faits attaque également les responsables en place le 11-Septembre par rapport à leur réaction particulièrement inappropriée au regard des circonstances : « Ayant aménagé au préalable une défaillance coordonnée de la défense du Pentagone et de son système d'alerte, les accusés se sont dérobés, ont dispersé leur attention et ont par ailleurs manqué d'agir précisément au moment où ils étaient indispensables pour assurer la défense de l'édifice, et ils ont omis depuis lors, dans le cadre de la conspiration, de détailler où ils étaient et ce qu'ils faisaient pendant ce temps. Comme pour les avions qui ont frappé les tours à New York, l'Armée et la Commission d'enquête sur le 11-Septembre, tout en oubliant de pointer l’identité des responsables, ont justifié l'échec du lancement des chasseurs intercepteurs au Pentagone comme la conséquence d'un échec des contrôleurs aériens - ce que les membres de la FAA contestent - à prévenir à temps l'Air Force de la situation d'urgence aérienne. Cela constituait une opération de dissimulation dans le cadre de la conspiration. » [19]

    De même, au sujet de l’absence de réponse militaire appropriée : « Aucun système de défense au Pentagone n’est entré en mode riposte, aucun missile, aucune batterie antiaérienne n’ont été engagés que ce soit au sol sur le pourtour du bâtiment ou sur le toit, aucun tireur équipé de lanceur de missiles portatif n’a été déployé à proximité, rien. Et de façon stupéfiante, alors que les tours de New York avait déjà été frappées et que le Vol 77 (ou un substitut […]) n’était plus en contact radio et se dirigeait vers la capitale, et même lorsque l'avion approchait puis a fait une boucle pour opérer une longue plongée vers le bâtiment, aucune alarme n’a été déclenchée. » [20]

    Et l'auteur de l’exposé des faits d’envisager qu’en l’absence de conspiration, un pareil échec aurait nécessairement provoqué une recherche de responsabilités suivie de sanctions : « Sur la base de quelque deux cents ans d'histoire militaire américaine, la défaillance aurait entraîné une commission d'enquête ou une investigation publique officielle, afin de déterminer comment et pourquoi le dispositif de défense avait échoué. Des individus auraient été appelés à rendre compte afin d’aboutir à la découverte des responsabilités qui auraient été suivies de procédures disciplinaires et de rétrogradations, ou d’accusations formelles à l'encontre de ceux qui avaient manqué à leur devoir à l’égard du pays. » [21]

     
    Donald Rumsfeld
     

    Enfin, l’exposé revient sur la destruction des ressources financières et de l’équipe comptable situées dans cette zone : « En outre, il convient de noter que le 10 Septembre 2001, la veille de l'attaque, l'accusé Rumsfeld a tenu une conférence de presse au Pentagone dans laquelle il a annoncé publiquement qu’un audit financier déterminait que le Département de la Défense ne pouvait rendre compte de quelque 2300 milliards de dollars de montants financiers. Selon la connaissance et les certitudes de la plaignante, une partie de la zone du rez-de-chaussée du Pentagone détruit dans l’explosion est un endroit où les documents utiles pour tracer les fonds étaient conservés, et où travaillaient les personnes qui en avaient connaissance. Selon les informations connues, il n’y a eu à ce jour aucun rapport public concernant le sort de ces documents et de ces montants financiers. » [22]

     

     
     
    L’entente entre les puissants 
     

    Comme nous l’avons rappelé dans l'article au sujet du scandale Enron, le terme "conspiration" est devenu depuis le 11-Septembre un outil de la rhétorique de disqualification propre aux défenseurs de la version officielle du gouvernement américain. Ceux-ci usent et abusent de concepts qu’ils ont en bonne partie créés eux-mêmes tels que "conspirationnisme" ou "théorie du complot" laissant supposer que la vigilance citoyenne, lorsqu’elle touche à certains sujets, peut être considérée comme une forme de pathologie. Cette connotation péjorative a pour objectif de nuire à la crédibilité de tout citoyen qui entreprend de dénoncer des ententes, quelles qu’elles soient, au sein d’une élite politique ou économique qui peut tendre à accaparer pouvoirs, richesses et privilèges au sein de nos sociétés occidentales. Il devient alors plus ou moins suspect de douter un instant de l’infaillibilité démocratique des représentants que nous avons élus [23].

    Or, l’entente entre les puissants est une pratique qui existe fort logiquement depuis les premières organisations humaines et qui s’est développée au cours de l’Histoire dans toute forme de civilisations, les régimes démocratiques ne faisant pas, hélas, exception à la règle. Le discours de la servitude volontaire, texte écrit en 1549 par Etienne de La Boétie, alors âgé de 18 ans, est sur ce sujet d'une incroyable modernité et il offre un éclairage salutaire pour les citoyens du 21e siècle, comme le rappelle Olivier Gaiffe : « À 18 ans, Étienne de La Boétie fut le premier à s’étonner de la structure pyramidale du pouvoir, et à analyser les principes de la domination des peuples par un seul, ou par une poignée d’hommes. S’il est vrai que la tyrannie est ce dans quoi la démocratie menace le plus de verser, ce bref essai écrit en 1549 peut être regardé par les peuples de nos démocraties modernes comme une invitation perpétuelle à la vigilance à l’égard du pouvoir ; et ses problèmes et ses concepts, comme des outils indispensables pour une démocratie sans cesse à régénérer.  » [1]

    Il est d’ailleurs ironique de constater que le terme "conspiration" n’est en aucun cas une grossièreté et encore moins une expression taboue dans le langage juridique occidental et plus particulièrement américain. Bien au contraire, il est couramment utilisé pour caractériser tout un registre de crimes commis en particulier dans le domaine commercial où les ententes illicites, entre autres sur des pratiques abusives de prix, sont fréquemment l’objet de condamnations.

    Cependant, pour prouver qu’il y a eu conspiration, c’est-à-dire une entente secrète entre différentes personnes pour leur propre profit au détriment d’autrui et contre les principes de la loi, le droit américain exige qu’il soit démontré que s’est effectivement produite une « rencontre des esprits » entre les différents acteurs de cette conspiration. Or dans le domaine politique, et compte tenu de l’ampleur des moyens technologiques et des outils de communication secrète qui sont à la disposition des représentants du pouvoir aux États-Unis, une conspiration éventuelle de ces derniers devient relativement impossible à démontrer, à juger et à condamner. L’usage de cette définition juridique de la conspiration fait donc apparaître dans ce domaine une faille qui profite davantage aux représentants du pouvoir qu’aux citoyens comme April Gallop.

     
     
     
     
     

    La jonction effarante de deux pouvoirs : l’exécutif et le judiciaire

    Suite à l’action en justice entreprise par April Gallop, les avocats de Dick Cheney, Donald Rumsfeld et Richard Myers présentent, en mars 2009, une requête en irrecevabilité au tribunal du district fédéral de Manhattan qui a compétence sur tous les cas liés au 11-Septembre. Et après avoir attendu un an, le juge Denny Chin entérine cette requête, en mars 2010, précisant quel'affaire présentée par April Gallop est "illusoire et fantaisiste" [24].

    Cette dernière fait appel de cette décision, et le 5 avril 2011, la cour de New Haven, dans le Connecticut, examine l'appel. Or, il s'avère qu'un des trois juges en charge de se prononcer sur cet appel concernant l'affaire opposant une citoyenne américaine à trois hauts responsables de l’administration Bush n'est autre que le cousin de George W. Bush lui-même, le juge John M. Walker Jr[25]

     
    Le juge John M. Walker, cousin de George W. Bush
     

    William Veale, l'avocat qui défend April Gallop, dépose aussitôt une motion afin de disqualifier Walker, mais la Cour la rejette. Il demande alors un report d'audience afin d'examiner ce refus, mais là encore, la cour le refuse. Malgré la violation flagrante de l’éthique propre aux principes de la justice que représente en l’occurrence la proche parenté du Président des États-Unis en cause dans cette affaire avec le juge Walker, ce dernier ne se récuse pas [26].

    William Veale livre sa plaidoirie, mais bien entendu, l’appel est rejeté.

    Les termes employés dans la rédaction du verdict tendent à circonscrire les intentions d’April Gallop entre folie douce et malveillance tout en considérant les arguments avancés par son avocat avec une forme de condescendance qui s’attache à leur attribuer un caractère insignifiant :

    « Après un nouvel examen, nous n'avons aucune hésitation à conclure que le Tribunal de district a correctement déterminé queles quelques faits éventuellement ‘bien plaidés’ contenus dans la plainte de Gallop sont frivoles. Bien que d'une manière générale, Gallop, ou tout autre demandeur peut certainement prétendre que les responsables les plus éminents du gouvernement des États-Unis ont conspiré pour commettre des actes de terrorisme contre les États-Unis, les tribunaux ne sont pas tenus d’entendre ce qui est pure spéculation et conjectures. En effet, en tentant de rassembler une série d'allégations non fondées et incohérentes pour expliquer pourquoi le vol American Airlines 77 ne s'est pas écrasé sur le Pentagone, la plainte échoue totalement à énoncer une approche cohérente, présentant une théorie beaucoup moins plausible de ce qui s'est passé en réalité ce matin-là à Arlington, en Virginie.

    En outre et en dépit des hypothèses non étayées concernant le sort du vol American Airlines 77, la plainte omet également d’alléguer de façon plausible l'existence d'une conspiration entre les défendeurs et ne propose pas un seul fait pour corroborer son allégation d'une ‘rencontre des esprits’ parmi les conspirateurs. Il est bien établi que les allégations de conspiration ‘ne contenant que des affirmations péremptoires, vagues ou générales de conspiration en vue de priver une personne des droits constitutionnels ne peuvent pas résister à une requête en irrecevabilité.’ Nous convenons donc avec le Tribunal de district que les allégations de conspiration avancées par Gallop sont sans fondement et entièrement tissées de ‘délire et de fantaisie cynique’. Le Tribunal de district n'a pas commis d'erreur en rejetant la plainte pour préjudice. »

    Ainsi, au regard des faits qui peuvent être observés par le citoyen à partir de documents administratifs et qui démontrent des anomalies majeures dans le cadre des événements du 11-Septembre - anomalies qui méritent, au minimum, d’être examinées - les termes employés pour la rédaction de ce verdict sont pour le moins choquants et trahissent un manque de neutralité flagrant de la cour dont l’un des juges est également partie.

    Et s’il est difficile de nier le conflit d’intérêts que représente le fait que le juge Walker en mesure de mettre en échec la procédure entamée par April Gallop contre des responsables de l’exécutif américain soit aussi un membre de la famille du Président Bush, il est aussi difficile d’envisager qu’il puisse s’agir d’une coïncidence. Encore une, parmi les centaines de coïncidences propres aux événements qui se rapportent au 11-Septembre.

    Cette situation démontre en tout cas que la séparation fondamentale du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire, au sein des institutions américaines, n’est pas respectée, en tout cas elle ne l’est plus lorsqu’une citoyenne déterminée remet en cause les fondamentaux de la version officielle sur le 11-Septembre. Et si la présence de John Walker dans la trame de ce procès n’est pas le fruit d’une coïncidence, cela signifie qu’il s’agit d’une manœuvre qui, ironiquement, devient révélatrice : l’intervention d’une personnalité si proche du Président George W. Bush, appartenant au clan restreint de la famille Bush-Walker, pour empêcher que soient ainsi mis en cause d’anciens membres de l’exécutif, tend à valider - en creux - la pertinence des faits qui sont avancés dans la plainte d’April Gallop, et à démontrer que sa démarche, si elle aboutissait, pourrait représenter une réelle menace pour les responsables au pouvoir en 2001 : l’illusion des vertus qui leur sont attribuées par la magie de laparenthèse enchantée du 11-Septembre pourrait éventuellement se dissiper aux yeux de l’opinion publique pour laisser place à une réalité plus crue et, pour eux, bien moins avantageuse.

     
     

    En 2011, pour le dixième anniversaire des attentats, le Washington Post a publié une série de portraits présentant neufs personnes touchées de façons diverses par les événements du 11-Septembre. Le dernier portrait publié le 10 septembre était celui d’April Gallop [6]. Et on ne peut que saluer la relative finesse du long article qui lui a été consacré en comparaison du traitement que les médias traditionnels réservent d'ordinaire à toute personnalité qui ne cautionne pas la version officielle sur le 11-Septembre, aux États-Unis tout comme en France où le tabou sur cette question confine à l'absurde.

    Dans ce portrait, le journaliste Steve Hendrix n'esquive pas la position contestataire que revendique April Gallop. Il laisse apparaitre les questions qui la hante encore et toujours, ainsi que les épreuves qu'elle-même et son fils ont endurées durant les dix années qui ont suivi le 11-Septembre : la marginalisation sociale, la survie financière, l'enfer des tracasseries administratives et le labyrinthe interminable des actions en justice. Mais ce portrait montre aussi que la jeune femme est habitée maintenant par un certain recul, une hauteur d'esprit par rapport aux événements passés et une indéniable intelligence du coeur qui marque le combat qu'elle n'a jamais abandonné.

    April Gallop garde espoir de voir sa cause reconnue en faisant appel devant la Cours suprême des États-Unis. Et quoi qu'il arrive, elle reste - encore et toujours - centrée sur sa propre perception de l’expérience qu’elle à vécue dix ans plus tôt lorsqu’elle est sortie des décombres du Pentagone avec son bébé sur l’épaule, en passant par ce fameux trou qui perçait la façade du Pentagone. Comme elle en fait la remarque au journaliste du Washington Post : « Je ne fais que poser des questions. Quand tu es pieds nus et que jamais tu ne marches sur un seul débris d'avion… »

     

    À suivre : Lucky Guys

     

    Lalo Vespera
    La parenthèse enchantée
    Parution du livre en septembre 2012
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    Organigramme

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    Sources et références
     
    Un témoignage au cœur du Pentagone
     
    [1] Etienne de La Boétie (1530 - 1563)
    "Discours de la servitude volontaire" : ouvrage rédigé en 1549 par Etienne de La Boétie à l'âge de 18 ans. Sa première publication date de 1574, après la mort de l’auteur.
     
    [2] Center for 9/11 Justice - Complaint for Violation of Civil Rights, Conspiracy, and Other Wrongs (15 décembre 2008)
    Plainte déposée par April Gallop - Paragraphe 6
     
    David Ray GRIFFIN "Un autre regard sur le 11-Septembre. 10 ans après. Le nouveau Pearl Harbor 2" Editions Demi Lune (ouvrage publié aux États-Unis en 2008 et en France en 2011).
     
    [3] Center for 9/11 Justice - Complaint
    Paragraphes 3, 40-f et 43
     
    Physics 911 - The Pentagon Attack Papers par Barbara Honegger (mis à jour en janvier 2011)
     
    [4] ReOpen911 / Dailymotion 11-Septembre : Il faut écouter April Gallop - Conférence "Freedom & Justice" (10 mars 2007)
    La version intégrale de la conférence d'April Gallop est disponible en version non sous-titrée :
     
    9/11 Ripple Effect / You Tube - Courte interview d'April Gallop
     
    [5] U.S. Navy "Pentagon 9/11" (2007)
    Nombre des personnes blessées : page 24
     
    The Alex Jones Channel / You Tube - Interview d'April Gallop (18 septembre 2008)
     
    [6] The Washington Post "After 9/11, woman who was at Pentagon remains skeptical" par Steve Hendrix (10 septembre 2011)
    Article sur 5 pages
     
    [7] CNN.com Transcript CNN Live Event/Spécial "9/11 : A Nation Changed" (11 septembre 2004)
     
    The 9/11 Commission Report – Final Report of the National Commission on Terrorist Attacks upon the United States (2004)
    Rapport final de la Commission d’enquête Kean-Hamilton-Zelikow sur les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis.
     
    The Alex Jones Channel / You Tube - Interview d'April Gallop (18 septembre 2008)
    "On pensait que la Commission allait faire autre chose que ce qu'elle a fait et ça a été une grosse déception."
     
    [8] ReOpen911 / Global Research "Guide à la découverte des lanceurs d’alertes du 11-Septembre" par James Corbett (5 mars 2010)
     
    [9] ReOpen911 Les dossiers du 11 Septembre : "Que faisait Rumsfeld le 11 Septembre ?" par Matthew Everett
     
    [10] George Washington’s Blog "Interview with April Gallop" (13 juillet 2006)
     
     
    Le langage de la justice
     
    [11] Center for 9/11 Justice - Complaint for Violation of Civil Rights, Conspiracy, and Other Wrongs (15 décembre 2008)
    Plainte déposée par April Gallop
     
    [12] Center for 9/11 Justice 
    Le Centre pour la justice sur le 11-Septembre, organisation dont le fondateur est l’avocat qui défend April Gallop, William Veale.
     
    You Tube - William Veale "Center for 9/11 Justice sues Donald Rumsfeld, Dick Cheney and General Richard Myers"
     
    [13] Center for 9/11 Justice - Complaint
    Paragraphe 2
     
    [14] Center for 9/11 Justice - Complaint
    Paragraphe 4
     
    [15] The 9/11 Commission Report – Final Report of the National Commission on Terrorist Attacks upon the United States (2004)
     
    ReOpen911 "11 Septembre : l’attaque du Pentagone remise en question par des pilotes"
    Le site propose la traduction de l’essai du colonel à la retraite George Nelson, texte à l’origine de la coordination du collectif "Pilots for 911 Truth" en 2006.
     
    [16] Center for 9/11 Justice - Complaint
    Paragraphes 33 et 40-a
     
    [17] CNN News / You Tube - Les 5 premières minutes de diffusion en direct du World Trade Center, à partir de 8h 49 (11 septembre 2001)
     
    [18] Center for 9/11 Justice - Complaint
    Paragraphe 5
     
    [19] Center for 9/11 Justice - Complaint
    Paragraphe 25
     
    [20] Center for 9/11 Justice - Complaint
    Paragraphe 26
     
    [21] Center for 9/11 Justice - Complaint
    Paragraphe 30
     
    [22] Center for 9/11 Justice - Complaint
    Paragraphe 42
     
    [23] L’idiot du Village "Le dogme de l’infaillibilité démocratique" par Guillaume de Rouville (6 août 2012)
     
     
    La jonction effarante de deux pouvoirs : l’exécutif et le judiciaire
     
    [24] ReOpen911 "L’employée du Pentagone April Gallop déboutée par la justice dans sa plainte contre l’Administration américaine" (11 avril 2010)
    Traduction en français du document du document original accessible à cette adresse :
    http://11-septembre.com/docs/GallopJudgment.pdf

     

    Mary W. Maxwell "Thou shalt not kill Troy Davis - Conspiracy and the Power of Law" (2012)

    http://www.prosecutionfortreason.com/files/TD031RRM.pdf

    [25] Scribd.com Bush/Walker/Pierce/Robinson Family Tree
    http://www.scribd.com/doc/60047897/Bush-Walker-Pierce-Robinson-Family-Tree

    [26] No Lies Radio – The Kevin Barrett Show "April Gallop’s attorney William Veale immediately after court appearance" (5 avril 2011)
    http://noliesradio.org/archives/32320

     
  • La démocratie par les bombes expliquée par François Hollande

    La démocratie par les bombes expliquée par François Hollande

    M Hollande vient de prononcer devant la conférence des ambassadeurs un véritable discours d'anthologie.

    Derrière le ton policé et les mots choisis, ce discours constitue une telle rupture avec les fondements de la démocratie et les normes qui définissent les relations internationales qu'il mérite d'être totalement décrypté.

    Le Président de la République s'est adressé à l'opposition syrienne, lui demandant de former un gouvernement provisoire que la France reconnaîtra.

    « Bachar el-Assad doit partir. Il n'y a pas de solution politique avec lui… La situation en Syrie est insupportable pour la conscience humaine, inacceptable pour la sécurité et la stabilité de la région », a-t-il affirmé. François Hollande, qui a redit hier que la France ne participerait pas à une intervention sans mandat international de l'ONU, a également affirmé qu'il travaillait, avec ses partenaires, sur des « zones tampons ».

    Nous avons donc une diplomatie qui encourage et assiste des bandes armées dans le but avoué du renversement par la force et la violence du gouvernement légal d'une nation souveraine.

    Je ne m'attarderai pas sur le sens que peut avoir pour M Hollande la conscience humaine, ni sur le caractère sélectif de ses indignations, chacun connaît le statut d'extraterritorialité des territoires palestiniens occupés et les accommodements que peut trouver la conscience universelle au sort qui est fait à ses populations.

    M Hollande affirme donc que la France ne participera pas à une intervention sans mandat international de l'ONU, ce qui ne lui interdit nullement de voter toutes les résolutions présentées en ce sens et de peser de tout son poids pour ouvrir une telle issue.

    En attendant que l'obstacle du veto russe et chinois soit levé, il resterait ces 'zones tampons' qui permettraient de sauver les apparences tout en violant cet engagement de ne pas intervenir sans mandat de l'ONU.

    Une sorte d'équivalent des couloirs humanitaires ou des zones d'exclusion aérienne, en un mot la voie ouverte à l'intervention étrangère et au bombardement 'humanitaire' du pays, avant son éventuel démembrement si nécessaire à la 'sécurité et la stabilité de la région'.

    Rappelons simplement que la dernière fois que Damas a été bombardée, c’était en 1945 par le gouvernement du Général de Gaulle, ce dont chaque syrien se souvient.

    Les engagements de M Hollande quant au respect de la légalité internationale valent à peu près autant que ceux de M Sarkozy. Il prévient que l'utilisation d'armes chimiques en Syrie serait « une cause légitime d'intervention directe ». En attendant que la transition politique s'accélère, le chef de l'État entend continuer à faire pression sur la Chine et la Russie, qui font échec avec leur veto à toute résolution du Conseil de sécurité. « Le blocage du système, a-t-il regretté, conduit soit à son contournement, soit à son impuissance. »

    La farce des armes de destruction massive ayant déjà été jouée, on nous agite le chiffon rouge des armes chimiques qui justifieraient ce recours à la force que l'on fait semblant de condamner.

    Dans un aveu, sans doute involontaire, M Hollande nous explique « Le blocage du système, a-t-il regretté, conduit soit à son contournement, soit à son impuissance. »

    Nous allons donc contourner les principes que nous venons de proclamer inviolables, jolie leçon de morale politique à l'intention de nos ambassadeurs.

    M Hollande poursuit sa leçon d'édification morale en évoquant l'Iran,

    Dans un monde caractérisé selon lui par « l'instabilité » et « l'incertitude », la plus grave des menaces « tient au risque de la prolifération nucléaire et de ses conséquences » ainsi qu'aux « réactions légitimes préventives qu'elle peut provoquer, menaçant directement la paix ». En ligne de mire, la bombe iranienne et les menaces d'intervention israéliennes.

    Le fait que la première puissance nucléaire du monde soit la seule qui en fait usage à Hiroshima et Nagasaki, que cette puissance a manifesté une fâcheuse tendance à l'usage immodéré de la force et au bombardement d'une liste interminable de pays, rien de tout ceci ne révolte la conscience de M Hollande.

    L’éventuelle guerre déclenchée par Israël contre l'Iran est qualifiée par lui de « réaction légitime préventive, un peu l'histoire du gars qui quand il n'attaque pas ne cherche qu'à se défendre. La solution serait sans doute que l'Iran ou la Syrie ne puissent disposer que de pistolets à eau et d'épées de bois, mais on sait ce qu'il advient à ceux qui n'ont ques frondes contre des chars.

    Le pire de toute cette fumisterie est le sérieux et l'aplomb avec lequel elle est présentée, les graves hochements de tête approbateurs qui l'accompagnent et les applaudissements qui couvrent le fracas des bombes.