La démocratie par les bombes expliquée par François Hollande
La démocratie par les bombes expliquée par François Hollande
M Hollande vient de prononcer devant la conférence des ambassadeurs un véritable discours d'anthologie.
Derrière le ton policé et les mots choisis, ce discours constitue une telle rupture avec les fondements de la démocratie et les normes qui définissent les relations internationales qu'il mérite d'être totalement décrypté.
Le Président de la République s'est adressé à l'opposition syrienne, lui demandant de former un gouvernement provisoire que la France reconnaîtra.
« Bachar el-Assad doit partir. Il n'y a pas de solution politique avec lui… La situation en Syrie est insupportable pour la conscience humaine, inacceptable pour la sécurité et la stabilité de la région », a-t-il affirmé. François Hollande, qui a redit hier que la France ne participerait pas à une intervention sans mandat international de l'ONU, a également affirmé qu'il travaillait, avec ses partenaires, sur des « zones tampons ».
Nous avons donc une diplomatie qui encourage et assiste des bandes armées dans le but avoué du renversement par la force et la violence du gouvernement légal d'une nation souveraine.
Je ne m'attarderai pas sur le sens que peut avoir pour M Hollande la conscience humaine, ni sur le caractère sélectif de ses indignations, chacun connaît le statut d'extraterritorialité des territoires palestiniens occupés et les accommodements que peut trouver la conscience universelle au sort qui est fait à ses populations.
M Hollande affirme donc que la France ne participera pas à une intervention sans mandat international de l'ONU, ce qui ne lui interdit nullement de voter toutes les résolutions présentées en ce sens et de peser de tout son poids pour ouvrir une telle issue.
En attendant que l'obstacle du veto russe et chinois soit levé, il resterait ces 'zones tampons' qui permettraient de sauver les apparences tout en violant cet engagement de ne pas intervenir sans mandat de l'ONU.
Une sorte d'équivalent des couloirs humanitaires ou des zones d'exclusion aérienne, en un mot la voie ouverte à l'intervention étrangère et au bombardement 'humanitaire' du pays, avant son éventuel démembrement si nécessaire à la 'sécurité et la stabilité de la région'.
Rappelons simplement que la dernière fois que Damas a été bombardée, c’était en 1945 par le gouvernement du Général de Gaulle, ce dont chaque syrien se souvient.
Les engagements de M Hollande quant au respect de la légalité internationale valent à peu près autant que ceux de M Sarkozy. Il prévient que l'utilisation d'armes chimiques en Syrie serait « une cause légitime d'intervention directe ». En attendant que la transition politique s'accélère, le chef de l'État entend continuer à faire pression sur la Chine et la Russie, qui font échec avec leur veto à toute résolution du Conseil de sécurité. « Le blocage du système, a-t-il regretté, conduit soit à son contournement, soit à son impuissance. »
La farce des armes de destruction massive ayant déjà été jouée, on nous agite le chiffon rouge des armes chimiques qui justifieraient ce recours à la force que l'on fait semblant de condamner.
Dans un aveu, sans doute involontaire, M Hollande nous explique « Le blocage du système, a-t-il regretté, conduit soit à son contournement, soit à son impuissance. »
Nous allons donc contourner les principes que nous venons de proclamer inviolables, jolie leçon de morale politique à l'intention de nos ambassadeurs.
M Hollande poursuit sa leçon d'édification morale en évoquant l'Iran,
Dans un monde caractérisé selon lui par « l'instabilité » et « l'incertitude », la plus grave des menaces « tient au risque de la prolifération nucléaire et de ses conséquences » ainsi qu'aux « réactions légitimes préventives qu'elle peut provoquer, menaçant directement la paix ». En ligne de mire, la bombe iranienne et les menaces d'intervention israéliennes.
Le fait que la première puissance nucléaire du monde soit la seule qui en fait usage à Hiroshima et Nagasaki, que cette puissance a manifesté une fâcheuse tendance à l'usage immodéré de la force et au bombardement d'une liste interminable de pays, rien de tout ceci ne révolte la conscience de M Hollande.
L’éventuelle guerre déclenchée par Israël contre l'Iran est qualifiée par lui de « réaction légitime préventive, un peu l'histoire du gars qui quand il n'attaque pas ne cherche qu'à se défendre. La solution serait sans doute que l'Iran ou la Syrie ne puissent disposer que de pistolets à eau et d'épées de bois, mais on sait ce qu'il advient à ceux qui n'ont ques frondes contre des chars.
Le pire de toute cette fumisterie est le sérieux et l'aplomb avec lequel elle est présentée, les graves hochements de tête approbateurs qui l'accompagnent et les applaudissements qui couvrent le fracas des bombes.