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  • L'Internet et "l'élite" française

    Ma réponse aux «élites» qui détestent l'Internet

    Non, le web n'est pas un monstre fasciste mangeant le cerveau des humains. Non, nous n'évoluons pas dans le far-west de la jungle du chaos. Non, cela n'a rien à voir avec Auschwitz. Et non, ce n'est pas l'immédiateté le problème.

    Angry Blue Eyed Cat / Felinest via FlickrCC Licence by

    Angry Blue Eyed Cat / Felinest via FlickrCC Licence by -

    Les Français n’aiment pas Internet (1). Est-ce le résultat d’une nouvelle enquête menée auprès de 85 internautes? Nan. En fait, précisons: les élites françaises n’aiment pas Internet. Enfin… les élites… Disons les gens dont on parle dans les médias.

    Florilège des propos anti-web classés par «métiers»

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    (NDLE: si vous voulez passer directement à la réponse, cliquez là, mais ce serait dommage de rater ces déclarations)

    Les politiques

    Michèle Alliot-Marie, Le Figaro, le 5 septembre 2011

    «A travers les blogs et les tweets, il y a une mise en cause des principes de l’information. Le vrai et le faux sont traités de la même façon. L’exigence d’immédiateté empêche la vérification de l’info.»

    ***

    Patrick Ollier, à Public Sénat le 23 février 2011

    «Les .fr vont chercher des infos dans le caniveau.»

    ***

    Nadine Morano, le 15 août 2008

    «Internet, c’est comme une magnifique voiture de course. Si vous n’avez pas votre permis de conduire et que vous ratez un virage, c’est la mort.»

    La même à Rue89, le 8 mai 2008

    «Ah, Internet, je déteste, c’est le temple des rumeurs et de la caricature.»

    ***

    Jacques Myard, à l’Assemblée nationale en décembre 2009

    «J’espère que l’on va prendre conscience de la nécessité de nationaliser ce réseau.»

    ***

    Rassurez-vous, à gauche aussi

    Ségolène Royal, le 21 septembre 2009:

    «Je veux un site qui nous ressemble et pas nous qui ressemblions au site. Vous savez, c’est très rare ce que je dis-là. Parce que c’est très puissant le lobby d’Internet.»

    ***

    Martine Aubry, dans Le Point, le 6 juillet 2011:

    «Facebook et Twitter, j’ai horreur de ça… C’est typique de cette société où chacun pense à son nombril… Et puis tous ces faux amis… Ce n’est pas mon truc d’expliquer mes états d’âme (…) C’est typique de cette société où chacun pense à son nombril.» 

    ***

    Aurélie Filipetti, dans Polka magazine, juillet/août 2012

    «Si la presse abandonne la qualité, il n’y aura plus de différence entre les journaux, les magazines payants et la presse gratuite, notamment sur le Net où rien n’est éditorialisé.» 

    Les gens de la télévision

    Patrick Sébastien, dans Les Grandes Gueules sur RMC, le 29 novembre 2010:

    «Internet est une poubelle sans nom. (…) C’est un outil donné à la bassesse, à la lâcheté! Des anonymes se défoulent et se planquent derrière des pseudos pour balancer leurs opinions! Ils n’ont pas de couilles ! (…) Pendant la guerre on appelait ça des collabos, dans les milieux on appelait ça des balances, dans les villages on appelait ça des corbeaux et là, on a tout ça réuni.»

    ***

    Amanda Lear, dans Voici, le 18 novembre 2009:

    «C’est vrai qu’Internet ça me rend folle. Attendez, si je dis dans un magazine que Claire Chazal a les pieds plats, elle peut me faire un procès. Mais si j’écris sur Internet que le président de la République est un con, y’a pas de problème. C’est un espace de liberté mais à l’arrivée, ça devient n’importe quoi. Je vous le dis franchement, je rêve qu’on interdise ce truc!»

    ***

    Elizabeth Tchoungui sur AuFéminin.com, le 17 juin 2011:

    «En plus d’être inutile, Twitter est un réseau infréquentable. On y croise au choix: des pros de la drague lourdingue (...), des e-terroristes (..), des as du canular pas drôle. (…) n’en déplaise aux geeks qui me lisent, oui, Tweeter n’est que littérature de concierge, le style en moins: en 140 signes maximum, difficile de faire des miracles. »

    ***

    Jacques Séguéla, à On n’est pas couchés sur France 2, le 17 octobre 2009:  

    «Le Net est la plus grande saloperie qu'aient jamais inventée les hommes! C'est un dieu vivant! Car Internet permet à tous les hommes de communiquer avec les autres hommes. En quelques secondes, le Net peut détruire une réputation!»

     
    Séguéla attaque le web par Keyman_off

     Les journalistes des médias dits traditionnels   

    Catherine Naydans un éditorial sur Europe1, le 5 décembre 2010: 

    «Vous savez qu’aujourd’hui n’importe qui peut dire n’importe quoi sur autrui, balancer des vérités comme des calomnies et ça se promène sur la toile indéfiniment. Parce qu’Internet, c’est la Stasi en pire, parce que rien n’est jamais effacé, il n’y a pas de droit à l’oubli, c’est la damnation éternelle. En fait c’est l’œil dans la tombe qui regarde Caïn.»

    ***

    Christine Ockrent à Aujourd’hui la Chine, le 5 novembre 2010:

    «Il y a les blogs et les sites, ils disent ce qu’ils veulent et la plupart du temps leur job consiste à salir les gens. Ça correspond tellement à l’esprit français! Avec les nouvelles technologies on peut écrire absolument n’importe quoi sur n’importe qui, on ne vérifie rien, on voit si la mayonnaise prend et après c’est génial c’est parti! Cette course à la polémique amuse des gens mais ce n’est pas ce que j’appelle de l’info.»

    ***

    Philippe Val, éditorial paru dans Charlie Hebdo le 10 janvier 2001:

    «A part ceux qui ne l’utilisent (Internet) que pour bander, gagner en bourse et échanger du courrier électronique, qui est prêt à dépenser de l’argent à fonds perdus pour avoir son petit site personnel? Des tarés, des maniaques, des fanatiques, des mégalomanes, des paranoïaques, des nazis, des délateurs, qui trouvent là un moyen de diffuser mondialement leurs délires, leurs haines, ou leurs obsessions. Internet, c’est la Kommandantur du monde ultra-libéral. C’est là où, sans preuve, anonymement, sous pseudonyme, on diffame, on fait naître des rumeurs, on dénonce sans aucun contrôle et en toute impunité. Vivre sous l’Occupation devait être un cauchemar. On pouvait se faire arrêter à tout moment sur dénonciation d’un voisin qui avait envoyé une lettre anonyme à la Gestapo. Internet offre à tous les collabos de la planète la jouissance impunie de faire payer aux autres leur impuissance et leur médiocrité. C’est la réalité inespérée d’un rêve pour toutes les dictatures de l’avenir.»

    ***

    Laurent Joffrin, tribune dans Libération le 2 avril 2010:

    «Il faut rappeler que si le Net est un magnifique outil de diffusion, il ne produit rien.»

    ***

    Alain Duhamel dans Libération, le 17 septembre 2009: 

    «Dans l’affaire Brice Hortefeux, il n’y a qu’une victoire, celle des vidéos, et qu’un triomphe, celui d’Internet. Une fois de plus, la Toile a imposé son règne. Désormais, il se trouve toujours une caméra, un mobile, un appareil numérique pour saisir une scène, pour enregistrer une séquence ou une phrase, pour intercepter un geste, une mimique, un mot, un regard (…) Dès que la photo, la séquence ou la boutade se retrouve sur Internet, c’est aussitôt la fièvre, la théâtralisation, la contagion, la dénonciation, le scandale, la polémique. (…) La vidéo se rue sur Internet et déferle sur l’information, sans réflexion, sans recul et sans frein. C’est de l’information sauvage, du journalisme barbare, de la traque totale.»

    Les intellectuels/écrivains

    Frédéric Beigbeder, dans Sud-Ouest, le 24 août 2012:

    «Le numérique me fait peur, Facebook, c’est le nouvel opium du peuple (…) Internet, c’est l’empire de la méchanceté, de la bêtise; n’importe quel abruti a droit au chapitre.»

    ***

    Raphaël Enthoven, dans L’Express, le 21 avril 2011:

    «Sans loi, Internet n'est qu'un revolver entre les mains de milliards d'enfants.»

    ***

    Alain Finkielkraut, à Arrêt sur Images, le 30 avril 2009

    «Je vous explique qu’Internet est un asile pour les photos, les images, les conversations volées. C’est tout ce que j’essaie de dire, et peu importe l’auteur, peu importe le médiateur de ce nouveau type d’information (…) Est-ce qu’Internet est ce lieu que je décris ou non? Est-ce que ce n’est pas cette poubelle de toutes les informations?»


    Pour Finkielkraut, internet est une poubelle par asi

    ***

    Patrick Besson, dans Le Point, le 30 août 2012:

    «Les réseaux sociaux se déchaînent vite, car ils n’ont pas de chaînes. On devrait les appeler les réseaux asociaux, les messages de haine y étant beaucoup plus nombreux que les déclarations d’amour

    ***

    Luc Ferry, dans Le Figaro TV, le 1er  septembre 2011:

     «C’est un excellent outil mais dangereux. Certains disent que c’est la liberté; pour moi, c’est davantage Vichy! Rien ne s’efface, j’ai un sentiment mitigé. L’anonymat permet toutes les horreurs.»

    ***

    Les acteurs

    Mathilde Seignersur Europe 1, le 1er avril 2012:

    «Malheureusement, il y a cette machine qui s’appelle Internet qui est dramatique, qui est un drame de l’humanité. Je le pense.»

    ***

    Carla Bruni-Sarkozy, dans Le Figaro TV, le 16 février 2012:

    «A mon sens, Internet ou les jeux vidéo sont bien plus diaboliques que la télé, qui en serait presque devenue sage.»

    ***

    Alain Delon, dans Le Matin, le 1er juillet 2011:

    «Avec les jeux vidéo ultraviolents, Facebook, Internet et tout le reste, nos enfants vivent en permanence dans le virtuel. C’est vachement grave. Moi, je n’ai pas connu ça. Qu’est-ce que ça va donner dans vingt ans ? (…) Regardez ce qui se passe en France, cette enfant tuée à la sortie de l’école. C’est une horreur!»

    ***

    Mélanie Laurent, le 23 avril 2011:

    «Internet c’est une ouverture sur la haine, sur le principe des likes “j’aime/j’aime pas”, mais tu es qui pour venir déferler toute ta haine? Qu’est-ce que tu fais dans la vie?»

     

    Mais alors, face à un tel nombre de personnalités s’insurgeant devant l’abomination du web, peut-on simplement répondre qu’ils racontent des conneries?

    Oui.

    Ils déversent des torrents d’inepties. Pour la simple raison qu’ils ne connaissent pas ce dont ils parlent. Ce qu’ils disent est faux. Décryptage des éléments récurrents de leurs discours.

    1.Le monstre de l’Internet

    Ces personnalités médiatiques détestent l’Internet. Mais qu’est-ce que l’Internet pour elles? Après une étude approfondie de leurs discours, il semblerait qu’il s’agisse d’une entité monstrueuse se situant au croisement de Terminator, Frankenstein, Body Snatchers et Philippe Pétain. Une invention technique mise au point par les humains mais qui a brusquement pris une vie propre, une existence fasciste dont le but est de détruire la dignité humaine notamment en mangeant le cerveau des humains qui ont le malheur de s’approcher d’elle (victimes plus connues sous le nom d’internautes) de sorte qu’elle fait d’eux ses pantins désormais mus par la seule volonté de propager le mal.  

    Pourquoi une telle vision?

    On ne peut pas douter que ces personnalités sachent qu’en réalité Internet n’est qu’un médium, au même titre que le papier, et non pas une entité aliénante qui vampirise les humains. Avançons une hypothèse: peut-être que ces personnalités auraient du mal à dire qu’en réalité ce sont les internautes qu’ils détestent dans la mesure où ces internautes sont les mêmes individus qui achètent leurs livres, leurs journaux, vont voir leurs films, écoutent leurs émissions, etc.

    (Exception faite de Frédéric Beigbeder qui a le courage de dire le fond de sa pensée à savoir qu’avec Internet «n’importe quel abruti a voix au chapitre». Ce qui est tout à fait exact, cher Frédéric, mais ne suffit pas à condamner le principe même du réseau, à moins de limiter également le droit de vote en démocratie.)

    2.La jungle

    On ne compte plus le nombre de déclarations à base de «c’est un espace sans aucune loi, qui échappe à tout contrôle, un far-west de la jungle du chaos conduit par un revolver chargé à bord d’une décapotable qui fonce droit sur un enfant handicapé». Ce qui amène à «il est temps de civiliser/réguler/réglementer/surveiller» le web.

    Alors, répétons-le une énième fois: Internet est déjà soumis au code pénal. Sur le site Légifrance, quand on cherche «Internet» dans les textes législatifs depuis 1990, on trouve 13.040 mentions du mot.

    Non, la loi n’a pas oublié Internet, loin s’en faut.

    Ah oui, mais ces lois ne sont jamais respectées! Heu… Bah, ça dépend de vous en fait. Si vous portez plainte ou non. Un peu comme dans la «vraie vie» vous voyez… Prenons Marion Cotillard. Elle a très bien compris, en tout cas son avocat lui a très bien expliqué que de même qu’elle pouvait attaquer des magazines, elle peut attaquer d’obscurs sites. En août dernier, Anne Hildago (ou plutôt son avocat) avait mis en demeure Twitter en ciblant quelques tweets qui relayaient une rumeur sur sa vie.

    Oui, mais on ne va pas attaquer comme ça tout le temps! En règle générale, amis peoples, vous n’avez même pas besoin d’attaquer en justice. Il suffit de contacter le responsable du site et de lui signaler son infraction à la loi pour qu’il retire le contenu incriminé. C’est l’avantage avec les gens de l’Internet, ils sont souvent trop fauchés pour risquer un procès. 

    Par contre, il est vrai que vous ne pouvez pas déposer plainte contre un internaute parce qu’il a dit que votre dernier livre était une daube fourrée à la merde.

    Mais beaucoup d’autres propos tombent sous le coup de la loi. Les propos racistes et antisémites, la diffamation, les menaces de mort, les appels à la violence physique, etc. Des internautes sont régulièrement condamnés pour leurs commentaires outranciers –y compris, attachez-vous bien, quand ils les ont tenus sous couvert d’anonymat.

    C’est fou, non? Donc l’obsession de nos people pour l’anonymat révèle également leur ignorance crasse en la matière. La notion d’anonymat sur Internet reste en réalité très limitée. S’il y a un dépôt de plainte, la police remonte facilement jusqu’à l’identité du suspect. (Rappelons que 97% des trolls ne sont pas franchement des as du cryptage.)

    3.Le point Godwin

    Ce supposé anonymat nous amène donc au troisième argument: le Godwin de la dénonciation calomnieuse. Partant du postulat faux que l’anonymat est total sur le web et qu’aucune loi ne régit cet espace, on arrive je ne sais comment à comparer Internet au régime de Pétain. Cette comparaison est particulièrement répugnante: les lettres de dénonciation sous l’Occupation pouvaient vous conduire dans un camp de concentration. Non Patrick Sébastien, Philippe Val et Luc Ferry, vous ne finirez pas à Auschwitz parce qu’un internaute a écrit que vous étiez des gros cons. Et on ne va pas non plus tondre tous les blogueurs qui écrivent sous pseudo.

    Merci de nous épargner vos comparaisons douteuses.  

    4.L’immédiateté

    = Idée selon laquelle Internet a tué la déontologie journalistique.

    Excusez-moi, je pars calmer mon fou rire et je reviens.

    Comme l’explique cet article d’un blogueur du Monde.fr, Internet sert souvent de bouc-émissaire pour dénoncer des maux dont la société souffrait bien avant.

    C’est particulièrement vrai pour cette idée d’immédiateté. Non, le journalisme n’était pas meilleur avant. Albert Londres lui-même, qu’on nous érige systématiquement comme parangon de la vertu journalistique, n’était pas exempt de reproche sur ce qu’on appelle aujourd’hui la déontologie. Même du temps de Patrick Poivre d’Arvor, figurez-vous que le journalisme n’était pas d’une pureté aveuglante. Et Jean-Pierre Elkabbach n’a pas été étouffé par les scrupules quand il a tué Pascal Sevran.

    La course à l’info s’est accélérée avec les chaînes d’infos en continu. Mais ce n’est pas Internet qui est à l’origine de ce malheur. La seule question qui vaille, c’est celle de l’intégrité du journaliste. Une info, ça se vérifie —peu importe le média. Evidemment, il y a la tentation de faire la course pour être le premier. La peur de perdre du temps en vérifiant une info et de se faire passer devant par tous les autres sites. Sauf que cet impératif n’est pas technologique. Il est financier.

    Pourquoi vouloir être le premier? Parce que ça assure des visites, parce qu’une pression économique pèse sur tous les sites d’infos. Quand cette pression fait oublier les principes de base, ce n’est pas Internet qu’il faut blâmer mais à l’échelle individuelle le manque de sérieux d’un journaliste/d’une rédaction, et à une échelle plus large un système économique.

    Dans la presse papier, il existe de mauvais journalistes qui ne vérifient pas leurs infos.

    Sur Internet, il existe de bons journalistes qui vérifient leurs infos.

    L’avantage du web, c’est qu’il y a toujours des internautes pour signaler une erreur. Des fouineurs qui cherchent la petite bête, l’approximation, la déclaration tronquée, le chiffre arrondi. Le démenti arrive donc dans la minute et non pas 24h après.

    L’immédiateté fonctionne dans les deux sens. On peut peut-être se tromper plus vite, mais on rectifie plus rapidement. Comme l’écrit le blogueur Glenn Greenwald:

    «Les erreurs et les impostures ont une durée de vie très courte sur Internet. La possibilité de puiser dans les connaissances et les recherches collectives est tellement plus vaste que lorsqu’on est cantonné à une seule forme de publication journalistique. »

    (La suite de l’article explique que là où Internet échoue, c’est pour démanteler des croyances tenaces –du type théorie du complot–, croyances qui préexistaient au réseau.)  

    Dans tous ces propos anti-web, on lit l’horreur et le dégoût. Ces gens ont l’air de détester Internet. C’est peut-être une question de génération pour certains comme Alain Delon. Déteste-t-on les innovations techniques apparues après nos 40 ans?

    Une chose est sûre: la lutte contre le monstre de l’Internet est la lutte d’une classe sociale précise. Ces personnes qui sont médiatiquement exposées sont mécaniquement celles dont les moindres propos seront les plus durement commentés. Etre ainsi bousculé voire insulté, c’est évidemment désagréable.

    Ne minimisons pas le traumatisme que représente Internet pour ceux qui avaient l’habitude d’être écoutés, regardés, à qui on servait la soupe à température sans que personne ne les remette jamais en question.

    Internet a donné une voix à ceux qui n’avaient jusqu’alors que la possibilité de se taire. Cette brusque ouverture donne lieu à des exagérations qui sont sans doute proportionnelles au sentiment de frustration et d’exclusion des sphères de paroles traditionnelles. Rappelons trois éléments:

    • 1) la démocratisation d’Internet est récente, ses usages ne sont pas figés, il y a une éducation au web qui se fait petit à petit;
    • 2) la majorité des internautes ne commente pas. Réduire Internet à ses trolls, c’est méconnaître tous les autres utilisateurs;
    • 3) l’humanité n’est pas faite que de gens intelligents, mais tant qu’ils respectent la loi, même les abrutis ont le droit de s’exprimer —par contre personne n’est obligé de les lire. 

    Titiou Lecoq

    (1) J’utilise alternativement les mots Internet et Web pour désigner la même chose –ce qui techniquement est faux, mais c’est par facilité de langage. Je présente d’avance mes excuses aux puristes. Retourner à l'articlePARTAGER

     

     
     
     
  • Label BIO:Ah ces Incorrigibles Italiens...

    Comme si les fraudes n'existaient pas, la réglementation européenne autorise désormais toutes les dérives. 

    C'est une affaire dont la presse n'a pas fait ses choux gras. En décembre, la police italienne a démantelé un énorme trafic de faux produits bio. Les margoulins, soupçonnés d'être liés à la mafia, avaient trouvé la combine: acheter en Roumanie des céréales et des fruits secs bon marché, transformés en produits bio grâce à de faux documents, et revendus quatre fois plus cher à des grossistes qui n'y voyaient que du feu. Neuf pays européens, dont la France, ont profité de ces marchandises pleines de pesticides, dûment étiquetées « bio ». 

    Depuis cinq ans que durait le trafic, des milliers de tonnes de faux produits bio auraient ainsi été écoulées pour un paquet d'oseille, au moins 220 millions d'euros. Parmi les fraudeurs, cinq dirigeants italiens d'entreprises agroalimentaires et ça ne s'invente pas - deux responsables d'organismes de certification censés contrôler la filière bio... 

    Question : quelles quantités de céréales, pâtes alimentaires, farine de froment, raisins secs ou huile de tournesol faussement bio les consommateurs français ont-ils ingurgitées ? Huit mois après ce joli coup de filet, on n'en sait que pouic. Comme d'habitude, la Répression des fraudes, dont la mission est de traquer les tricheurs, est dans les choux. Incapable d'apporter la queue d'une précision. Au ministère de l'Agriculture, on parle de 7 000 tonnes importées en deux ans. 

    Ça la fiche mal quand on sait que 32 % du bio qui est dans notre assiette est importé. Même si les prix sur l'étiquette sont de 20 à 50 % plus élevés, les ventes de bio, chez nous, ont quadruplé en dix ans. 

    Pour ne pas tuer la poule aux œufs d'or - un marché annuel de 4 milliards - , les tenants français de l'agriculture biologique font valoir que leur filière est archi contrôlée. 

    « AB », ah bon ? 

    Au fait, comment ça marche, les contrôles du bio en France ? Neuf organismes certificateurs sont chargés de repérer les tricheurs parmi les 22 500 producteurs et 7 400 transformateurs qui arborent le fameux logo « AB ». Ces gendarmes du bio épluchent les dossiers de candidature et renouvellent, ou pas, les licences octroyées pour un an. On compterait chaque année une petite centaine de suspensions ou de retraits de licence. Dans sa chasse aux filous, la Répression des fraudes intervient en deuxième ligue, sur les étals. Ou plutôt sur le papier, parce qu'elle n'a pas les troupes suffisantes pour veiller au grain. D'ailleurs, quand on demande le nombre et le résultat des contrôles à la chef de cabinet du patron, responsable de la com', c'est silence radio. 

    Mais, qu'on ne s'y trompe pas, la vraie menace qui pèse sur le bio, ce n'est pas la fraude mais une entourloupe parfaitement légale, et même encouragée par l'Europe : le bio « industriel ». Un oxymore inventé par de puissantes coopératives agricoles liées aux géants de l'agroalimentaire. 

    Une nouvelle réglementation, pondue par Bruxelles, a rendu possible cette dérive. Quand vous achetez votre poulet bio, vous n'imaginez pas un instant qu'il ait pu être élevé dans un poulailler de 25 600 places. C'est pourtant ce qu'autorise, depuis 2009, le logo « AB » revu par la Commission européenne. Et, du côté des pondeuses bio, il n'existe aucune limite de taille pour les ateliers. 

    Privilège du bio, les poulets profitent toutefois, dès leur âge adulte, d'un parcours extérieur où ils peuvent s'ébattre en journée sur... 40 cm2 chacun. Mais la promiscuité leur tape sur les nerfs, et ils sont souvent « ébecqués » pour ne pas s'étriper. Enfin, le poulet bio a désormais droit, une fois par an, à des antibiotiques et, sans aucune limite, aux traitements antiparasitaires. 

    Poulet ou pigeon ? 

    Autrefois, la réglementation imposait qu'au moins 40 % du menu des volailles soit cultivé dans la ferme. Aujourd'hui, l'éleveur bio n'a plus à se décarcasser pour faire pousser lui-même blé ou maïs : il peut acheter toute la pitance à l'extérieur. Exit, le sacro-saint « lien au sol »qui garantissait la traçabilité et une transparence sur le contenu de la gamelle. 

    Tout cela permet de faire du poulet bio en système « intégré », pour le plus grand bonheur des monstres coopératifs qui ont investi le créneau. Comme Terrena (4 milliards de chiffre d'affaires annuel) ou Maïsadour (1,2 milliard), filiale du géant suisse de l'agrochimie Syngenta. Simple exécutant,l'éleveur bio se contente d'engraisser en quatre-vingt-un jours des volailles qui ne lui appartiennent pas, nourries avec des aliments fournis par la coopérative. Comme son cousin industriel, le poulet estampillé « AB » se goinfre désormais de soja importé, certes bio, mais qui peut contenir jusqu'à 0,9 % d'OGM sans perdre son label. Un aliment hypercalorique moins cher que le maïs ou le blé. Sauf qu'en s'approvisionnant à bas coût sur les marchés internationaux on n'y voit pas toujours plus clair sur la qualité du produit. Il y a quatre ans, Terrena s'est fait refourguer par les Chinois 300 tonnes de tourteaux de soja bio contaminé à la mélamine... 

    La qualité aux fraises 

    Le consommateur, lui, ne décèle aucune différence sur l'étiquette quand il achète son poulet bio. Le gallinacé élevé dans une ferme traditionnelle, où il picore ce qui pousse sur place, et la volaille produite en élevage intensif ont droit au même logo « AB ». 

    Avec les fruits et légumes bio, au moins, il ne devrait pas y avoir de mauvaises surprises. Eh bien, si ! Grâce à l'Europe, on peut produire hors-sol dans des serres géantes. La mode du bio a même gagné la province de Huelva, en Espagne, l'usine à fraises de l'Europe, avec 7 000 hectares de serres qui produisent toute l'année. « Un des plus gros maraîchers du coin, qui faisait de l'intensif, produit aujourd'hui des fraises bio en exploitant les mêmes immigrés et avec quasiment les mêmes techniques agricoles dans les mêmes serres », raconte Philippe Baqué, coauteur du décapant livre La bio entre business et projet de sociétéAu lieu de plonger les racines dans du gravier ou de la laine minérale, on utilise du sable, isolé du sol par une enveloppe en plastique, le tout irrigué au goutte-à-goutte. Et rebelote : aucune différence de logo entre une tomate bio cultivée en plein champ par un producteur local et une autre élevée hors-sol et hors saison. 

    C'est bio comme l'antique !

  • La répression contre Julian Assange

    La répression contre Julian Assange : une attaque contre la liberté et une farce journalistique.

     
    John PILGER

    La menace du gouvernement britannique d’envahir l’ambassade équatorienne à Londres pour s’emparer de Julian Assange est d’une importance historique. David Cameron, ancien chargé des relations publiques d’un magnat de la télévision et marchand d’armes auprès des monarchies du Golfe, est bien placé pour déshonorer les conventions internationales qui ont protégé des Britanniques qui s’étaient retrouvés au milieu d’un soulèvement. Tout comme l’invasion de l’Irak par Tony Blair a directement mené aux attentats terroristes de Londres le 7 juillet 2005, Cameron et le Ministre des Affaires étrangères William Hague ont mis en péril la sécurité des représentants britanniques à travers le monde.

    En menaçant de violer une loi prévue pour expulser des assassins d’une ambassade étrangère, tout en diffamant un homme innocent qualifié de « criminel présumé », Hague a fait de la Grande-Bretagne la risée du monde entier, même si cette information a été largement censurée dans la presse britannique. Les mêmes journaux et télévisions courageux qui ont soutenu le rôle britannique dans les crimes sanglants historiques, depuis le génocide en Indonésie jusqu’aux invasions de l’Irak et de l’Afghanistan, et aujourd’hui une attaque contre « le bilan des droits de l’homme » de l’Equateur dont le véritable crime a été de tenir tête aux voyous de Londres et de Washington.

    Comme si les joyeuses festivités des Jeux Olympiques s’étaient transformées en l’espace d’une nuit en un étalage de férocité colonialiste. Observez l’officier de l’armée britannique devenu reporter de la BBC, Mark Urban, « interviewant » l’ancien apologiste de Blair à Washington, Sir Christopher Meyer en train de beugler devant l’ambassade équatorienne, et regardez les tous les deux exploser d’une indignation réactionnaire contre l’insociable Assange et l’inflexible Rafael Correa pour avoir exposé le système de pouvoir rapace de l’Occident. Un affront similaire est encore tout frais dans les pages du Guardian, qui a conseillé à Hagues d’être « patient » et qu’un assaut contre l’ambassade provoquerait plus de problèmes qu’il n’en résoudrait. Assange n’est pas un réfugié politique, a déclaré the Guardian, parce que « ni la Suède ni la Grande-Bretagne ne déporterait quelqu’un qui risque la torture ou la mort ».

    L’irresponsabilité de cette déclaration est parfaitement dans la lignée du rôle perfide joué par the Guardian dans toute l’affaire Assange. Le journal sait parfaitement que les documents révélés par Wikileaks montrent que la Suède a constamment cédé aux pressions des États-Unis en matière de droits civiques. En décembre 201, le gouvernement suédois a brutalement révoqué le statut de réfugié politique de deux Égyptiens, Ahmed Agiza et Mohammedel-Zari, qui ont été remis à un escadron de la CIA à l’aéroport de Stockholm et « remis » à l’Égypte où ils ont été torturés. Une enquête par le médiateur de la justice suédois a conclu que le gouvernement avait « gravement violé » les droits humains de ces deux hommes. Dans un câble de l’ambassade US de 2009 obtenu par Wikileaks, intitulé « Wikileaks jette la neutralité dans les poubelles de l’histoire », la réputation tant vantée de la neutralité de l’élite suédoise se révèle une arnaque. Un autre câble US révèle que « l’étendue de la coopération [de l’armée et des services de renseignement suédois avec l’OTAN] n’est pas très connue » et devait être tenue secrète « au risque de provoquer des critiques contre le gouvernement ».

    Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a joué un rôle notoire dans le Comité pour la Libération de l’Irak de George W. Bush et entretient des relations étroites avec l’extrême-droite du Parti Républicain. Selon l’ancien procureur en chef suédois, Sven-Erik Alhem, la décision suédoise de demander l’extradition d’Assange sur accusation de « délit sexuel » est « déraisonnable et peu professionnel, ainsi qu’injuste et disproportionnée. » S’étant porté volontaire lui-même pour être interrogé, Assange a été autorisé à quitter la Suède pour Londres où là encore il s’est proposé pour être interrogé. Au mois de mai, lors d’un dernier appel contre l’extradition, la Cour Suprême britannique a rajouté dans la farce en faisant référence à des « charges » qui n’existent pas.

    Le tout a été accompagné d’une campagne virulente contre la personne d’Assange. Une bonne partie de cette campagne est venue du Guardian qui, tel un amoureux éconduit, s’est retourné contre son ancien informateur assiégé, après avoir énormément profité des révélations de Wikileaks. Un livre du Guardian a fait l’objet d’un contrat lucratif à Hollywood et ni Assange ni Wikileaks ne toucheront un centime. Les auteurs, David Leigh et Luke Harding, insultent gratuitement Assange en le qualifiant de « caractère fêlé » et d’« insensible ». Ils ont révélé aussi le mot de passe secret qui avait été confié au journal et qui était censé protéger le fichier informatique qui contenait les câbles US. Le 20 août, Harding se trouvait devant l’ambassade équatorienne, jubilant sur son blog que « Scotland Yard pourrait bien avoir le dernier mot ». Quelle ironie, mais en même temps assez logique, que de constater que l’éditorial du Guardian, qui assène le dernier coup en date contre Assange, s’inspire de la presse (à scandale – NdT) de Murdoch en surenchérissant de manière prévisible dans la bigoterie. Au temps pour Leveson, le Hackgate et tous les discours sur le journalisme respectable et indépendant et qui n’auront duré qu’un temps.

    Ce sont les assaillants d’Assange qui révèlent toute l’étendue de la persécution dont il fait l’objet. Accusé d’aucun crime, il n’est donc pas un fugitif de la justice. Les pièces versées au dossier, dont les textos envoyés par les femmes impliquées, démontrent à toute personne douée d’un minimum de raison toute l’absurdité des accusations de viol – accusations qui ont pratiquement été totalement écartées par la procureure en chef de Stockholm, Eva Finne, avant que n’intervienne un politicien, Claes Borgström. Au cours des auditions préliminaires de Bradley Manning, un enquêteur de l’armée US a confirmé que le FBI ciblait secrètement « les fondateurs, propriétaires ou dirigeants de Wikileaks » pour espionnage.

    Il y a quatre ans, un document du Pentagon qui est passé pratiquement inaperçu, et révélé par Wikileaks, décrivait comment Wikileaks et Assange allaient être détruits par une campagne de calomnies et un procès intenté pour « crime ». Le 18 août, le (quotidien australien) Syndey Morning Herald a révélé, grâce à des documents officiels obtenus dans le cadre de la loi sur la liberté d’information, que le gouvernement australien a régulièrement reçu la confirmation que les Etats-Unis menaient une persécution « sans précédent » contre Assange mais n’a formulé aucune objection.

    Parmi les motifs invoqués par l’Equateur pour accorder l’asile à Assange, se trouve celui d’avoir été abandonné « par l’état dont il est citoyen ». En 2010, une enquête de la Police Fédérale Australienne a conclu qu’Assange et Wikileaks n’avaient commis aucun délit. Sa persécution est une attaque contre nous tous et contre la liberté.

    John Pilger

    http://www.johnpilger.com/articles/the-pursuit-of-julian-ass...

    Traduction « s’il avait été Russe, on l’appellerait "le célèbre dissident" » par VD avec probablement les fautes et coquilles habituelles

  • 11 Septembre et Propagande néoconsevatrice

    11 Septembre et Propagande néoconsevatrice : Un Coloriage sur les Terroristes du 11 Septembre inclut... Julian Assange

    Enfant de la Société

     

    Les sites Conspiracy Truc (Cercle de l'Oratoire ) et Parano Maga-Machin (humour pro-NWO cryto-FM) sont aux anges : Leurs cousins d'outre-atlantique viennent de publier un coloriage à destination de la jeunesse étasunienne (et aussi de la jeunesse atlantiste disséminée de par le monde) présentant une liste de « Terroristes » menaçant (ou ayant menacé) les pacificateurs de l'Empire du Bien 

    On y retrouve pêle-mêle l'auteur présumé des attentats d'Oklahoma City, les « islamistes » au cutter des attentats du 11 Septembre, Saddam Hussein et le Président syrien en Assad, entre autres figures emblématiques de la terreur contemporaine, à la sauce de l'oncle Sam...
    Illustration – Coloriage pro-NWO à destination de la jeunesse présentant les terroristes du 11 Septembre et les autres terroristes qui menacent l’Empire atlantiste… dont le terrible et horrifique Julian Assange (manque plus que méluche…) – Source image : Yahoo internet (c)
    Intitulé We Shall never Forget 9/11, Volume II: The True Faces of Evil-Terror (en anglais : « Nous n'oublierons jamais le 11 Septembre, Volume II : Les vraies visages de la Terreur et du Mal »), ce coloriage pour enfants naïfs incorpore dans sa liste des 36 Terreurs mondiales à la Prévert le « terroriste » Julian Assange, actuellement retranché dans l'Ambassade de l'Equateur à Londres... 

    Toute cette propagande néo-conservatrice et pro-NWO à la Bush prêterait à rire si elle ne servait à préparer les cerveaux malléables de la jeunesses atlantiste au prochain niveau d'attaque des « Forces de la Liberté contre l'Axe du Mal » au Moyen Orient et très bientôt en Iran. 

    Quand on se remémore la seconde guerre mondial, ce genre de « coloriages » fait quand même froid dans le dos... 

    D'autant plus que la couverture de ce papier de coloriage et de propagande pro-NWO met en scène la future Tour du World Trade Center (le Centre des affaires) de New York, appelée sobrement One World Tour (la Tour du Monde « Un » (un clin d'oeil au One World Gorvenment, au gouvernement unique de l'agenda pro-NWO)... tout un programme. 

    Et sur ce coloriage, on peut également lire en sous-titre les termes suivants : 

    « 
    Véridique - Factuel - Honorable - Insensible au politiquement correct » 

    Loool !!!! Plus politiquement correct, plus faux, plus éloigné des faits et plus honorable tu meurs... 
  • Quand Charlie Hebdo chasse avec les chiens de garde

    Quand Charlie Hebdo chasse avec les chiens de garde.

    Vladimir MARCIAC

    Vous allez voir : nos médias ne supportent pas ça. Et pas que nos médias réputés de droite, hélas !

    Tandis que se construit l’Europe de la concurrence et de l’argent-roi, de la compétition inamicale entre les pays de l’UE, tandis que nos médias privés condamnent le travailleur grec (oisif et non imposé), l’Espagnol dépensier, l’Italien combinard, le Français aux 35 heures et qu’ils alimentent la crainte de voir arriver le plombier polonais, les pays du sous-continent latino-américain se dressent un à un contre l’Empire dans un processus solidaire où chacun aide l’autre et se réjouit de ses succès.

    Après Cuba, qui fut longtemps seule, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua, l’Equateur, d’autres, à des degrés divers, ont choisi l’entraide dans la récupération de leur souveraineté.

    Des organismes interétatiques ont été mis en place, qui réunissent nombre de pays latinos-américains. Une télévision, par satellite (Telesur) taille des croupières à CNN en langue espagnole, des programmes d’alphabétisation, de santé, d’alimentation ont été mis en place, les échanges commerciaux se paient parfois, non pas en monnaie, mais en services, dans une sorte de troc.

    Pour ces raisons-là, ces pays sont mitraillés par nos médias.

    Laissons, pour une fois, leurs cibles favorites (Cuba, le Venezuela) et passons à une autre qu’il faut diaboliser d’urgence car elle se mêle de gêner considérablement les USA et d’agacer l’aile droite de Charlie Hebdo.

    D’abord, le « violeur agresseur sexuel ».

    L’Equateur a décidé d’accorder l’asile politique à Julian Assange, le créateur de Wikileaks. Du coup, Rafael Correa, président élu de ce pays devient l’homme à abattre. Médiatiquement puisque la tentative d’exécution physique a échoué.

    Puis le futur despote…

    Le 7 mai 2011, Rafael Correa célébrait la 8 ème victoire électorale de la « Révolution citoyenne ». 11 millions d’Equatoriens venaient de voter oui à 61% aux 10 questions posées par référendum.

    Dans une interview rediffusée par Telesur, Rafael Correa a relevé, qu’une fois de plus, les grands médias ont mené une féroce campagne pour le « non ». Ce ne sont pas les opposants qui ont été les principaux adversaires du « Oui » mais une presse qui « a dépassé toutes les limites et a perdu tout scrupule ». Et Rafael Correa prévoit une nouvelle montée en puissance de la guerre médiatique

    Petit coup d’Etat sans importance pour nos défenseurs des droits de l’Homme 


    Bref retour en arrière pour rappeler que le président avait été victime d’une tentative de coup d’État le 30 septembre 2010, fomenté par des éléments d’extrême-droite de la police, alliés aux médias privés. Sa voiture mitraillée (17 impacts de balles), victime d’un lancer de grenade lacrymogène, Rafael Correa, qui se blessa alors au genou, et une poignée d’hommes (ses gardes du corps) avaient pu se réfugier dans une pièce de l’hôpital de Quito où ils s’apprêtaient à mourir quand les factieux armés entreprirent de les déloger.

    Maurice Lemoine, grand spécialiste de l’Amérique latine rapporte ceci dans le Monde Diplomatique : « Le ministre des affaires étrangères Ricardo Patiño et le maire de Quito Augusto Barrera appellent la population, déjà rassemblée en masse devant le palais présidentiel, à se rendre à l’hôpital militaire, « de façon tranquille et pacifique », pour en sortir M. Correa.

    Commence un long face à face pendant lequel les « forces de l’ordre » répriment – sans doute un mort et une centaine de blessés – les partisans du président, tentant, à l’aide d’un déluge de gaz lacrymogène, de les empêcher d’approcher. Ce n’est qu’au bout de onze heures de chaos, à 21h25, qu’un commando de l’armée, affrontant violemment les mutins, viendra « extraire » M. Correa ».

    Pendant ce temps, des militaires occupaient la piste de l’aéroport international et les putschistes tentaient d’empêcher la télévision publique équatorienne de continuer à diffuser des informations sur l’encerclement du président. TeleSur a permis de suivre les événements en direct et en continu.

    L’aile droite de Charlie Hebdo n’aime pas qu’on résiste aux milliardaires et aux USA.

    Charlie Hebdo du 29 août consacre un tiers de sa page 11 à (contre) l’Equateur. L’article est signé Gérard Biard, rédacteur en chef, qui fustigeait Cuba la semaine précédente, en jetant poivre et piment sur une dépêche de l’AFP qui lui paraissait trop castriste : www.legrandsoir.info/charlie-hebdo-contre-l-afp.html

    A Charlie Hebdo, l’international est assuré par Gérard Biard et par Eric Simon qui a confié à un administrateur du GS qu’il est pris de nausée devant les anti-impérialistes et qui qualifie LGS et ses administrateurs de nazis (rouges-bruns).

    L’article de Biard (on n’ose dire « enquête » sans galvauder ce mot) est un pamphlet contre Rafael Correa, accusé d’opprimer sa presse. C’est amusant, car le prétexte à cette attaque est l’asile accordée par l’ambassade de l’Equateur à Londres à Julian Assange (qui, dit Biard, fait des « déclarations hallucinées »). En d’autres temps, Charlie Hebdo, ses plumes historiques, auraient pris le parti du fugitif recherché par l’énorme machine flicarde internationale pour crime de diffusion d’informations incontestables.

    Mais là, le projet de Biard, c’est de démontrer que Rafael Correa ne respecte pas la liberté de la presse chez lui. Oh que non ! C’est amusant encore quand on sait qu’il y a, en Amérique-Latine, des dictatures, amies des USA, où les journalistes se font descendre comme des lapins, mais, bon, silence, hein ?

    De même que l’article d’Eric Simon était fondé sur des sources vaseuses (Ornella Guyet) décriées par toutes les consciences, celui de Gérard Biard puise dans les informations des médias de droite et chez Reporters sans frontières. Il faut ne rien connaître pour ignorer que RSF, financée par plusieurs agences qui sont des paravents, parfois avoués, de la CIA, mène un combat partisan contre tous les pays du monde qui prétendent résister aux USA.

    User des informations de RSF en la matière, c’est reproduire les dépêches des médias (privés) d’opposition de l’Equateur. Croire un mot de ce qu’elles racontent, c’est croire Landru quand il dit qu’il ne sait pas allumer un feu ou Sarkozy qui jurerait n’avoir jamais eu de montre ou Eric Simon quand il prétend que les administrateurs du GS invitent les nazis (les bruns) chez eux ou, bien sûr, Robert Ménard quand il prétend ne pas être proche du FN.

    L’Equateur à RSF : « la réalité du pays ne se réduit pas à celle de quatre familles propriétaires de médias ».

    En réponse à une lettre ouverte de Reporters sans frontières critiquant l’attitude du président Rafael Correa à l’égard des médias, le gouvernement équatorien lui a proposé de participer dans son pays à un débat sur la liberté de la presse :

    « Nous vous invitons, avec d’autres organismes internationaux défendant la liberté de la presse à participer à un forum » sur ce sujet. « Ainsi nous pourrons avoir une vision plus ample de la réalité du pays qui ne se réduit pas à celle de quatre familles propriétaires de médias ». Des journalistes, des étudiants et des patrons de presse seraient également invités.

    Invitation rejetée, à notre connaissance.

    L’article de Biard contre l’Equateur, disons-le tout net, est aussi malhonnête et mou du genou-déontologique que ceux de son comparse Simon et de son inspiratrice (Guyet) contre LGS.

    Exemples :

    Biard dit que Julian Assange est accusé d’agression sexuelle et de viol, sans préciser, même en deux mots, ce que la loi suédoise entend par-là et que la loi française ne retient pas. Charlie Hebdo : Assange est un agresseur violeur. Ah ? Ils sont vachement médiatisés, ces temps-ci, les agresseurs-violeurs. Dans le monde entier, dis-donc. Tous, n’est-ce pas ? On voit ici l’ampleur du foutage de gueule planétaire.

    En vérité, ce bon Obama compte faire voyager le fondateur de Wikileaks : Grande-Bretagne>Suède, Suède >USA, USA>Cuba (Guantanamo).

    D’après Biard, Correa a porté plainte contre le journal El Universo, parce qu’un article le traitait de dictateur et l’accusait de crimes contre l’humanité. Ce que le lecteur de Charlie Hebdo ne saura pas, c’est que ce journal accusait aussi Correa d’avoir « ordonné de tirer à discrétion dans un hôpital plein de civils ». Et que ce mensonge éhonté d’El Universo était la manière dont il rendait compte de l’encerclement du président dans cet hôpital, tandis que les putschistes tiraient sur lui et qu’ils essayaient (par la force des armes et les mensonges des médias privés) d’empêcher la foule d’arriver en renfort vers le président élu.

    Biard écrit que des journalistes ont été condamnés à verser au président des millions de dollars (1) « pour avoir évoqué des contrats publics douteux accordés, à son frère ». Nous lisons bien : le frère du président a (et non pas « aurait », ou « aurait selon l’opposition » ou « aurait selon la presse privée d’opposition ») bénéficié de contrats douteux. Et le seul fait de l’évoquer est puni.

    Et pourquoi est-ce puni ? Soit parce que l’information est diffamatoire, soit parce que la Justice est aux ordres. Dans ce dernier cas, comment expliquer des décisions de juges déboutant le gouvernement (Biard s’en réjouit) dans un procès contre des opposants à un projet d’exploitation minière et pétrolière ?

    De plus, Rafael Correa exerce un tel contrôle sur la justice que les auteurs du coup d’Etat raté sont quasiment tous remis en liberté ou non poursuivis.

    Par ailleurs, comment Biard peut-il se désoler du projet de création (approuvé par le peuple consulté par référendum) d’un « organe de contrôle des contenus journalistiques » sans dénoncer en même temps son pendant dans toutes les pays occidentaux et dont le nom en France est : le CSA ?

    D’autant plus que, me souffle un lecteur bien informé, « Le projet de loi sur la communication, bloqué depuis 2 ans à l’Assemblée Nationale équatorienne par l’opposition et les grands groupes de communication, ne crée pas une instance de contrôle du contenu des médias, mais une instance de régulation qui, entre autres, repérera les messages violents, sexuels et discriminatoires. Cette instance ne sera même pas supervisée par le gouvernement, n’aura aucun pouvoir de censure et disposera de beaucoup moins de pouvoir que le CSA en France, par exemple ».

    Comment Biard peut-il glisser une phrase où il concède que « Rafael Correa n’a pour le moment rien d’un despote… », alors que tout son article tend à persuader son lecteur du contraire. Et d’où tient-il la validité de son « pour le moment » ?

    L’art de plagier et triturer une dépêche d’agence sans la citer.

    Le 17 août, l’AFP diffusait une dépêche réquisitoire au titre assez « engagé » : « Correa - Quand un pourfendeur de la presse, se fait le héraut de la liberté d’expression. »

    Gérard Biard s’en inspire en douce pour titrer platement son article : « Correa défend la liberté d’expression, sauf chez lui ».

    Regardons maintenant les ressemblances entre la dépêche de l’AFP (source non citée par Biard), en notant bien les coupés-collés parfois affectés de variations infimes qui permettent à l’auteur de faire croire qu’il a creusé le sujet, de gommer ce que sa source dit de positif, d’en ajouter dans le négatif :

    Dépêche de l’AFPCharlie Hebdo (Gérard Biard)
    « Au pouvoir depuis 2007, ce dirigeant de gauche [Rafael Correa], qui jouit d’une forte popularité pour ses programmes sociaux… » Rien sur la popularité et les programmes sociaux.
    « En 2011, Rafael Correa avait porté plainte contre le journal d’opposition El Universo, dont trois dirigeants et un éditorialiste ont été condamnés à trois ans de prison et une amende record de 40 millions de dollars… » « En 2011, il avait porté plainte contre le journal d’opposition El Universo […] les trois dirigeants du journal et l’éditorialiste avaient été condamnés à trois ans de prison et à 40 millions de dollars d’amende, tout de même ! »
    « Cette peine avait provoqué la colère de nombreux journaux, organisations internationales de défense des droits de l’homme et de la presse, contraignant finalement M. Correa à demander l’annulation de la condamnation du journal en février dernier ». « Magnanime – et un peu sous la pression de toute la presse gouvernementale, de Reporters sans frontières et d’organisations de défense des droits de l’Homme -, Correa avait accordé son « pardon » aux journalistes »
    NB : Pardonnés ! mais il n’est pas précisé qu’il y a eu « annulation de la condamnation ».
    « Dans la foulée, il avait également accordé son pardon à deux autres journalistes condamnés le 7 février à lui verser deux millions de dollars après avoir publié un livre évoquant des contrats publics obtenus par son frère ». « En février 2012, deux autres journalistes furent condamnés à lui verser deux millions de dollars après avoir évoqué des contrats publics douteux accordés à son frère ».
    (Notez le « douteux » ajouté par Biard.)
    « Cette semaine, le Conseil de l’enfance et de l’adolescence, qui dépend du gouvernement équatorien, a déposé une nouvelle plainte contre le directeur d’El Universo. Ce dernier est accusé de violation de la vie privée après la publication - pourtant autorisée par leurs parents - de photos d’enfants lors d’une réception au palais présidentiel ». « Il y a deux semaines, le Conseil de l’enfance et de l’adolescence, dépendant du gouvernement équatorien, a porté plainte contre le journal pour avoir publié – après autorisation écrite des parents-, la photo d’enfants présents lors d’une réception au palais présidentiel. »

    Du plagiat malveillant parsemé de traficotages et d’insinuations. Un vrai journaliste aurait au moins appelé l’ambassade de l’Equateur pour avoir sa version, quitte à la contester.

    Mais ce n’est pas tout !

    Comment l’AFP et Gérard Biard mentent par omission et insinuation

    Etudions maintenant le dernier passage du tableau ci-dessus, relatif à une plainte pour une photo. Le texte est assez sibyllin, non daté, exempt de noms pour qu’aucune recherche et vérification ne puissent être faites par le lecteur qui, après cet ajout sans aucun rapport avec l’affaire Julian Assange, est mûr pour tirer une conclusion finale : Correa est un dictateur.

    Nous y apprenons en substance, avec les 60 000 (?) lecteurs de Charlie Hebdo enfumés par le rédacteur en chef que, passant outre l’accord et les droits des parents (lambdas), le gouvernement (liberticide) veut punir la publication de photos d’enfants (lambdas) prises lors d’une (anodine) réception en son palais présidentiel.

    Or, de quoi est-il question en vérité ? Pour protéger les enfants et les adolescents, le gouvernement équatorien a créé un « Consejo Nacional de la Niñez y Adolescencia » rattaché au ministère « de Inclusión Económica y Social », soutenu et en partie financé par l’Unicef. Voir étude de l’Unicef (en espagnol) : www.unicef.org/ecuador/Encuesta_nacional_NN ...

    Cet organisme prévoit, parmi des dizaines de dispositions couvrant un large éventail : travail des enfants, maltraitance, soins médicaux, alimentation, alphabétisation, abus sexuels, etc., un droit des enfants à leur image.

    Tous ces droits, on en sera d’accord, sont ceux des enfants et ne peuvent être dépendants du bon vouloir des parents.

    Or, un député de l’opposition, Dalo Bucaram, fils d’un ancien président qui avait fui au Panama en emportant plusieurs millions de dollars, a fait publier le dimanche 12 août 2012, dans El Universo, un article politique illustré d’une photo de ses trois enfants au Palais présidentiel auprès de Rafael Correa, comme preuves de réunions avec le président en vue du retour possible de l’exilé.

    Posons que cette affaire, l’utilisation d’enfants par leur père, député, fils d’un président fuyard, la réaction qu’elle a sucitée, peuvent paraître surréalistes à un citoyen français. Mais que dire de l’usage qu’en fait l’AFP par volontaire rétention d’informations et Gérard Biard, trop content de faire un copie-collé subreptice, à charge ? Et v’lan un coup de sabot final ! Pas la peine de s’embêter à vérifier ce qui s’est passé vraiment. Le lecteur n’ira pas voir, surtout s’il ne connaît pas la langue du coin.

    Et puis, contre les « anti-impérialistes » tout bois fait flamme. Quitte à désinformer le lecteur, ce cochon de payant qui, ne faisant pas partie de la rédaction du journal, est affecté d’un QI forcément inférieur à celui du rédacteur en chef emberlificoteur.

    Continuons à lire Charlie Hebdo :

    Quand le futur « despote » interdit « toute manifestation »

    Biard, déçu sans doute par la modération de l’AFP est allé fouiller dans un rapport d’Amnesty International publié le 17 juillet pour y découvrir que « Correa est accusé de détourner abusivement le système judiciaire pour empêcher toute manifestation ». Si cela est exact (mais on vient d’apprendre qu’il faut tout vérifier et tout contextualiser), c’est condamnable. La version de Charlie Hebdo nous trace en effet le portrait d’une dictature qui empêche TOUTE ESPECE DE MANIFESTATION dans le pays.

    Toute manifestation ? Non, dit en vérité le rapport cité qui déplore les « manœuvres semble-t-il délibérées visant à les empêcher [les indigènes et campesinos] de protester contre des projets ayant des répercussions sur leur environnement et leurs terres », c’est-à-dire des manifestations spécifiques en des lieux précis.

    De surcroît, si Biard rapporte ensuite fidèlement les écrits d’Amnesty international quand elle parle de 24 dirigeants inculpés « pour terrorisme, sabotage, blocage des routes et assassinat » en lien avec des manifestations de 2009 et 2010, il oublie au passage cette remarque du rapport : « Amnesty International reconnaît que l’État est tenu de maintenir l’ordre public et d’enquêter sur les crimes susceptibles d’être commis dans le cadre d’une manifestation ».

    Le lecteur novice du Grand Soir vient d’avoir une révélation : le journaliste n’est pas celui qui se fait rétribuer, c’est celui qui informe. LGS l’avait déjà dit, je crois.

    Jean-Luc Mélenchon complice de Rafael Correa.

    Il y a peut-être aussi un autre crime, plus récent, que Biard impute à Rafael Correa. Mais difficile pour lui d’y aller franco sans contrarier une partie du journal, dont son directeur de publication.

    Le 11 Avril 2012, l’Humanité publiait ce qui suit :

    « Rafael Correa, président de l’Equateur, soutient Jean-Luc Mélenchon

    Dans une lettre adressée, depuis Quito, à Jean-Luc Mélenchon, que nous reproduisons ici, le président de l’Equateur, Rafael Correa, salue et soutient la campagne du Front de gauche et de son candidat ».

    « Cher Jean-Luc,

    Les injustices et les inégalités générées par un système basé sur le pouvoir de quelques-uns et l’exploitation de la majorité, ont poussé, en Amérique latine, les citoyennes et les citoyens à s’unir pour redéfinir notre destin. La vérité, l’honnêteté, la force, la créativité et la simplicité des grandes idées résident en nos compatriotes et avec eux nous construisons ce futur que nous appelons tous de nos voeux.

    « Qu’ils s’en aillent tous  »

    En Amérique latine, ce système qui mettait le capital au-dessus de l’humain et les intérêts corporatistes au-dessus des droits citoyens s’est définitivement éteint. En Équateur, cela s’est traduit par le mot d’ordre du peuple : « Qu’ils s’en aillent tous ! ». Et c’est ainsi que nous avons débuté une révolution citoyenne destinée à changer les structures du pouvoir et à instaurer le bien vivre pour toutes et tous. Nos pas ne sont pas guidés par les recommandations du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, mais par une nouvelle Constitution, adoptée directement par le peuple, et dont les droits de l’homme constituent la colonne vertébrale.

    « Surmonter le fondamentalisme néolibéral »

    Le nouveau Front de Gauche que tu mènes est une référence pour les mouvements progressistes de toute l’Europe, nous sommes sûrs que vous saurez affronter les défis posés par ce moment historique de la réalité européenne. Ce soutien populaire croissant est une preuve que l’Europe peut, elle aussi, surmonter le fondamentalisme néolibéral qui fait subir aux citoyens le coût de la crise, repoussant ainsi les aspirations sociales et enracinant les inégalités.

    Les propositions sociales que tu fais ont d’ores et déjà commencé à être stigmatisées par les grands médias, lesquels te qualifient de « populiste » et « démagogue » :

    bienvenue dans la lutte, il s’agit là de la réaction du capital, lorsque se profilent les politiques et les mesures au bénéfice des travailleurs, des salariés, de la grande majorité.

    « Hasta la victoria Siempre »

    Reçois, cher Jean-Luc, au nom du gouvernement de la Révolution citoyenne, de tous les révolutionnaires de l’Équateur, et de moi-même, le soutien à ton projet de société au service de ton pays. Ici comme en France a sonné l’heure de la Révolution citoyenne et de la marche vers un avenir fait de vie et de paix, fruits de la justice.

    Nous saluons ta reconnaissance envers le travail quotidien que des millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens menent avec cohérence et volonté pour transformer radicalement et profondément les structures d’une réalité économique, sociale et politique qui nous avait plongés dans la pauvreté, la dépendance et le sous-développement.

    Nous te souhaitons, compañero, le succès dans cette élection présidentielle. Compte sur notre solidarité militante.

    Hasta la victoria Siempre,

    Rafael Correa Delgado, Président constitutionnel de la République ».

    Jean-Luc Mélenchon complice de Rafael Correa et de Julian Assange

    Julian Assange est intervenu le 24 août en direct par téléphone au cours des journées d’été du Parti de gauche (PG) . « La France a été un pays important pour Wikileaks », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Une partie de la presse française a été à nos côtés ». Oui, sauf celle qui savate le petit pays qui prend le risque de vous accueillir.

    Finalement, que lire le mercredi ?

    Bref, Rafael Correa, économiste modéré qui a fait ses études aux USA, entend ne plus laisser le puissant voisin considérer son pays comme une colonie officieuse. Il veut établir la justice sociale, protéger l’enfance et l’adolescence, arracher son peuple à la misère et récupérer le fruit des richesses de son pays (pétrole, cacao…). Il le fait contre des médias appartenant aux oligarques et qui remplacent l’opposition défaite par les verdicts des urnes. Il est victime d’un coup d’Etat auquel les médias participent. Il veut fixer des règles médiatiques s’approchant de celles dont nous nous accommodons. Il propose l’asile et la liberté au fondateur de Wikileaks.

    C’est trop pour les USA et les putschistes (on les comprend). C’est trop pour Charlie Hebdo (il n’est plus à gauche, cet hebdo ? Vous le saviez ? Ses lecteurs le savent ? Il est revenu, Philippe Val ?).

    Je viens de comprendre d’un seul coup pourquoi, autour de moi, des esprits libres et sans préjugés, qui ont un besoin hebdomadaire de satire, d’impertinence, de persiflage et de dessins, me disent acheter désormais le Canard Enchaîné, qui tire à 500 000 exemplaires.

    Du coup, je suis allé y voir. Claude Angelli qui y traite (prudemment) des affaires internationales, n’a aucun mal à contourner Biard et Simon sur leur gauche.

    Cependant, je vais m’astreindre régulièrement à décrypter la prose de Charlie Hebdo, comme ce journal a commencé à éplucher celle du Grand Soir avec, dit-il, une future mise en oeuvre de gros moyens.

    Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette, le premier qui mentira...

    Vladimir Marciac

    Voir aussi sur Le Grand Soir :
    Rafael Correa : l’insurrection citoyenne en 10 leçons
    http://www.legrandsoir.info/rafael-correa-l-insurrection-cit...


    Note :

    (1) Rafael Correa a renoncé à percevoir les amendes infligées aux médias condamnés. Biard signale qu’il a accordé son « pardon » (les guillemets et italiques sont de Biard). Pardonner est un privilège de tyrans. Les présidents démocrates, eux, usent « d’un droit de grâce ». C’est d’ailleurs cette formulation (Correa a gracié… ») qu’ont retenue nombre d’organes de presse (pas tous) puisque « perdonar » peut aussi être traduit par « gracier », ce qui convenait mieux ici. Objectivement. D’ailleurs, la dépêche de l’AFP parle de « pardon », mais évoque aussi « le directeur d’El Universo, condamné puis gracié ».