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  • La modification du génome humain devient réalité

     

     

    Une nouvelle technique de modification du génome se répand dans les laboratoires du monde entier, facilitant la suppression ou l’insertion de gènes. Une équipe de chercheurs chinois vient de prouver qu’elle peut être appliquée aux embryons humains, et permettre de corriger des défauts génétiques. Et même pourquoi pas de céder à la tentation eugéniste…

    Par Aymeric Pontier.

    Wooden sculputre of genetics science credits Epsos. de (CC BY 2.0)

     

     

    Considérée comme l’une des plus importantes révolutions médicales de ces dernières années, la technique CRISPR-Cas9 donne la possibilité aux chercheurs de modifier le génome avec précision, en employant des « ciseaux moléculaires » capables de cibler des gènes spécifiques dans les cellules.

    Pour ce faire, les scientifiques fabriquent tout d’abord un ARN artificiel (une méthode désormais éprouvée et maîtrisée) correspondant à la séquence d’ADN à découper, puis se servent d’une protéine bactérienne pour lier l’ARN à l’endroit voulu et retirer la séquence problématique. Dans la majorité des cas, cela se traduit par l’inactivation du gène « défectueux ». Il est également possible d’incorporer dans la cellule un ADN similaire à celui qui a été coupé contenant cette fois la « bonne »séquence.

    Depuis sa découverte, des équipes du monde entier se sont approprié cette technique simple et peu coûteuse de modification du génome en la testant sur des bactéries, sur des cellules de plantes et d’animaux ainsi que sur des cellules humaines somatiques en culture. En quelques mois, elle a fait l’objet de plusieurs centaines d’articles dans des revues scientifiques !

    Une équipe chinoise appartenant à l’université de Sun Yat-sen à Guangzhou vient de franchir une nouvelle étape dans cette course technologique en prouvant qu’il est également possible de modifier le génome d’un embryon humain, ce qui ouvre un champ vertigineux de possibilités.

    En utilisant des embryons humains non viables (pour éviter les critiques), les chercheurs ont supprimé un gène responsable de la thassalémie bêta, une maladie héréditaire provoquant une anémie. Sur les 86 embryons utilisés pour l’expérience, le retrait de la séquence d’ADN problématique a fonctionné sur 28 d’entre eux ! Et quelques embryons ont su utiliser la séquence artificielle pour s’auto-réparer.

    Si les essais cliniques (qui requièrent un taux de réussite proche de 100%) sont encore loin, nul doute que cette méthode va être considérablement améliorée dans les années à venir. Et les visées thérapeutiques sont aussi nombreuses qu’enthousiasmantes : la correction de gènes responsables de certaines afflictions héréditaires ou encore de gènes connus pour favoriser l’apparition de cancers ou d’autres maladies.

    Cependant, faciliter à ce point le génie génétique pourrait avoir d’autres applications bien plus sensibles et délicates sur le plan éthique. Par exemple, en employant cette technique sur les cellules germinales qui affectent la descendance, il est théoriquement envisageable de créer dans un avenir proche des êtres humains génétiquement « améliorés » dotés de meilleures capacités physiques ou intellectuelles…

  • Les laboratoires US de guerre biologique à l'origine de l'épidémie d'Ebola ?

    Voici la retranscription en français de l’interview récente du spécialiste en guerre biologique, Francis Boyle*, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet des armes biologiques américaines, dont celui paru en français aux Editions Demi Lune « Guerre biologique et terrorisme ».

     

     

    David Lindorff (du site ThisCantBeHappening) : Nous avons l’honneur d’accueillir sur notre antenne le juriste (lawyer) Francis Boyle, qui s’est distingué en portant plainte auprès d’un tribunal de Malaysie contre George W. Bush et Dick Cheney pour crime contre l’humanité. Il va nous parler de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Il a une opinion assez sinistre sur cette affaire. Francis, vous êtes là ?

    Francis Boyle : Merci beaucoup David de m’avoir invité. Pour contextualiser cette conversation, je suis celui qui a écrit le brouillon de la loi anti-terroriste contre les armes biologiques (Biological weapons anti-terrorism act) en 1989. Les États-Unis ont mis en place cette loi au titre de la Convention sur les armes biologiques, qui a été votée à l’unanimité par les deux chambres du Congrès US et mise en application par George W. Bush, et vous pouvez lire tous les détails dans mon livre « Guerre biologique et terrorisme », tout y est documenté…

    DL : D’accord. C’est évidemment un sujet que vous connaissez très bien, et j’ai lu une interview de vous par une chaîne grecque, qui était assez surprenante, où vous dites que cette épidémie n’est pas ce qu’on dit, avec cette histoire de chauves-souris qui sont venues par les airs depuis le Zaïre, et qu’il s’agirait ici d’une variante de l’ « Ébola du Zaïre » ce qui est curieux, car le Zaïre est à plus de 3500 km de là. De quoi s’agit-il à votre avis ?

    FB : Oui. Entre nous, toute cette histoire ne tient pas debout. Le gouvernement américain possède trois laboratoires BSL-4 (Bio Safety Lab niveau 4). Un en Guinée, un au Libéria, un en Sierra Leone, au cœur de l’épidémie en Afrique de l’Ouest. Et ces laboratoires BSL-4 font toutes sortes de recherches plus effrayantes les unes que les autres sur les armes biologiques.

    DL : Pourquoi sont-ils situés dans ces pays ?

    FB : Parce que la Guinée n’a pas signé la Convention sur les Armes biologiques, le Libéria non plus. La Sierra Leone l’a signée, mais c’est une colonie britannique. J’avais d’ailleurs contesté dès 1988 le programme du Pentagone de recherche sur la Défense biologique (Biological Defense program) – et vous pouvez le lire dans mon livre, et leur avais demandé pourquoi ils conduisaient cette « double recherche », offensive et défensive, sur les armes biologiques au Libéria – qui à l’époque était une dictature militaire sous le joug du Capitaine Doe soutenu par la CIA – en contournant ainsi la Convention sur les armes biologiques. J’ai tout ici, dans un document du gouvernement US intitulé « Biological Defense program », et vous trouverez tout ça dans mon livre : le Center for Desease Control (CDC) menait des recherches dans le domaine biologique pour le Pentagone, en Sierra Leone, déjà en 1988, et probablement même avant ça, car il a fallu construire le laboratoire. De plus, la Columbia University menait aussi des travaux dans le domaine des armes biologiques (Bio warfare) pour le Pentagone, au Libéria, dès 1988. C’est celui que j’avais contesté en parlant de contournement des termes de la BWC (Bio-Weapons Convention, ou Convention sur les armes biologiques). Voyez-vous David, tout ceci n’est qu’une vaste opération de camouflage par le CDC. Ils sont plongés jusqu’au cou dans ces horribles travaux de recherche sur les armes biologiques depuis au moins 1988.

    DL : Vous avez parlé de « double recherche », pouvez-vous préciser ?

    FB : Bien, voilà ce qui se passe : pour pouvoir justifier ces travaux effrayants, si vous lisez les contrats, et j’ai pu en lire un avant que tout ne soit classifié, vous y lisez : « Il pourrait y avoir cette terrible forme de maladie émergente, et nous devons développer un vaccin pour cela. Et donc, nous allons commencer à travailler sur ce virus, il est possible que nous ayons à le modifier génétiquement et… »

    DL : (l’interviewer a un rire nerveux)

    FB : Non David, ne riez pas, j’ai lu ces documents…

    DL : C’est un rire nerveux, c’est que je suis horrifié !

    FB : …au début des années 1980, sous l’administration Reagan, au moment où j’ai pris connaissance de tout ça, « et par conséquent, nous devons le modifier génétiquement, ou faire une chose de ce genre, pour créer un vaccin et protéger tout le monde. » C’est ce qui était écrit, et ils font ça pour tous les virus : L’ébola, la fièvre hémorragique, etc… Si vous ne me croyez pas, lisez l’édition du New York Times de vendredi dernier, où l’administration Obama a essayé d’enterrer tout ça au beau milieu du brouhaha des autres informations. Obama y dit : « Notre politique officielle est désormais d’arrêter ce type de recherche ». Ce qui revient à admettre qu’ils en faisaient.

    DL : C’était vendredi dernier ?

    FB : Oui, le New York Times de vendredi dernier. Cela revenait donc à admettre qu’ils faisaient ce genre de recherches jusqu’à vendredi dernier au moins. Et si vous jetez un œil sur la liste de ces recherches, le virus Ebola n’y figure pas. Pourquoi ? Cela ne signifie pas qu’ils ne faisaient pas de « double recherche » sur l’Ebola. Toutes ces informations sont publiques. Si Ebola avait été sur la liste vendredi, les gens auraient demandé : mais que faisiez-vous avec ce virus Ebola ? Okay ? Cet article de vendredi dans le New York Times, c’est un peu le « Smoking Gun » [la preuve irréfutable - NdT], puisqu’Obama admet que les USA ont mené ce genre de recherches. Et en consultant la documentation, j’ai pu remonter jusqu’à l’administration Reagan, avec ces néoconservateurs qui sont arrivés au pouvoir et qui voulaient des armes biologiques. Et vous pouvez aussi lire le document du PNAC [Project for the New American Century] en 2000, ces mêmes néoconservateurs de l’ère Reagan qui écrivaient clairement vouloir développer des armes biologiques. Ils sont revenus au pouvoir avec Bush Junior, et ils ont poursuivi dans cette voie. Les néocons voulaient ces armes biologiques, et je pense que ça a vraiment commencé sous Reagan et ça a continué depuis. La deuxième administration Reagan l’a fait aussi, pas la première, mais la 2e très certainement, sous l’influence de ce Richard J. Danzig qui est maintenant aux conseils d’administration de ces sociétés Big Pharma, et qui a établi des accords (bundle) en violation du Foreign Exchange (FX) and Governement Act.

    DL : A-t-on la preuve que la souche du virus Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest a été génétiquement modifiée ?

    FB : Laissez-moi vous dire ceci : toutes les précédentes épidémies d’Ebola en Afrique avaient été circonscrites, avec un taux de mortalité de 50%. Celle-ci n’est pas « contenue » et a un taux de mortalité de 70%. Cela me fait dire que nous avons affaire à un organisme génétiquement modifié, ou OGM. Nous savons que ce type de travaux était conduit à Fort Detrick. Il y a aussi ce docteur Kawaoka à l’University du Wisconsin de Madison, il a admis sur sa page Web avoir modifié génétiquement le virus Ebola pour le rendre plus violent. Il a aussi ressuscité le virus de la grippe espagnole, pour le Pentagone.

    DL : Doux Jésus…

    FB : Il a aussi fait des recherches très poussées sur la grippe, y compris en modifiant génétiquement le virus H5N1, ce virus de la grippe si dangereux qui a sévi lors de l’épidémie du SRAS [SRAS -Syndrome respiratoire aigu sévère – NdT]. Et le tout était financé par le Pentagone ou bien le National Institute of Health (NIH), ou par le CDC. Ces travaux étaient si dangereux qu’il avait dû transférer son laboratoire du Wisconsin vers le Winnipeg au Canada. Mais peut-être que les Canadiens ont dit « allez-vous-en d’ici, on ne veut pas de vous ici, c’est trop dangereux pour nous », je ne sais pas. Ce que l’on sait, c’est que le laboratoire BSL-4 Kanema de l’Université de Tulane était impliqué. Nous savons qu’ils font ce type de recherches sur les armes biologiques depuis longtemps. [Le laboratoire US de] Fort Detrick était impliqué aussi. Ils sont connus également depuis longtemps pour conduire ce genre de recherches, y compris sur le virus Ebola. Les trois laboratoires que j’ai cités ont tous été mis en place par l’USAID, qui n’est rien d’autre qu’une organisation servant de couverture pour la CIA. Je suis juste en train d’essayer de relier tous ces points entre eux, sur la base des informations que j’ai pu récolter sur ces armes biologiques, depuis si longtemps, depuis mes études à l’université de droit à Harward, et je me suis intéressé professionnellement à la question, puisque j’ai été appelé à défendre le Council for Responsible Genetics au début des années 1980, dans leur Comité sur les armes biologiques, etc…

    DL : Êtes-vous en train de suggérer que cette épidémie a été déclenchée délibérément, ou bien s’agit-il selon vous d’un accident, le virus leur aurait échappé sans qu’ils le veuillent ?

    FB : Vous savez David, si vous allez sur le site Web du Ministère de la Santé de la Sierra Leone – c’est une information publique – ils ont fermé le BSL-4 de Kanema cet été et ont affirmé que c’était la source de l’épidémie Ebola, car Tulane et d’autres laboratoires administraient des vaccins aux gens.

    DL : Vous voulez dire, au personnel des laboratoires ?

    FB : Non, aux gens, aux Africains de l’Ouest. Sur une large échelle.

    DL : Mais alors il y a un vaccin ?

    FB : Ils disent que c’est un vaccin, mais ce dont il s’agit, c’est un virus Ebola vivant. Ils ont affaire à un virus Ebola vivant pour ce soi-disant vaccin.

    DL : (rire nerveux du journaliste)

    FB : De plus, nous savons que le NIH, a travaillé avec le CDC, depuis un certain temps pour combiner le virus vivant d’Ebola avec celui du « rhume commun ».

    DL : Mon Dieu. Mais pourquoi font-ils ça ? Comment justifient-ils cela ?

    FB : Mais pour développer un vaccin, David.

    DL : C’est comme ça qu’ils l’expliquent ?

    FB : Eh oui, c’est tout ce qu’ils peuvent dire. Et donc, si vous mettez ensemble le virus vivant d’Ebola avec celui du rhume, vous obtenez quelque chose qui est aussi contagieux que le rhume commun, mais pas autant que la grippe. Et ça pourrait bien être ce à quoi nous avons affaire ici. Ce vaccin, ou appelez-le comme vous voulez, avec l’Ebola vivant et le rhume commun, a été injecté à une vaste population en Sierra Leone, et peut-être au Libéria, et c’est cela l’origine de l’épidémie, mais ne me croyez pas sur parole et allez voir le site Web du Ministère de la Santé de la Sierra Leone, et vous verrez que c’est leur conclusion sur ce qui arrive aujourd’hui, et c’est pour cela qu’ils ont ordonné la fermeture du laboratoire américain BSL-4 cet été.

    DL : Est-ce pour cela qu’ils sont contents que les Cubains soient venus, plutôt que de voir les Américains arriver ?

    FB : Le problème c’est qu’aucun Américain ne veut y aller, parce qu’ils savent que les USA sont derrière tout ça. Si vous regardez ce qu’ils appellent le « projet d’aide », c’est le vide total. C’est simplement une vaste mise en scène pour faire croire qu’ils font quelque chose, alors qu’en réalité ils ne font pratiquement rien.

    DL : Les USA n’ont d’ailleurs envoyé aucun médecin là-bas, seulement des soldats, n’est-ce pas ?

    FB : Exact. Et la raison est claire. La semaine dernière il y avait une réunion à Kanema, en Sierra Leone, avec des représentants de toutes ces organisations gouvernementales internationales, et la décision a été prise d’abandonner ces gens à leur sort. Pas de traitement…

    DL : Oui j’ai lu ça, il faut juste les laisser se soigner eux-mêmes.

    FB : Ils les renvoient à la maison avec du simple Tylénol (Doliprane). Ils sont désormais livrés à eux-mêmes, et ce à quoi nous assistons est seulement une mise en scène pour faire croire que les USA font quelque chose, alors qu’ils ne font rien. Les Cubains se sont montrés très héroïques vu la situation. L’organisation Médecins sans frontières est là aussi, et certaines ONG privées également. Mais toutes les organisations gouvernementales sont absentes, en fait elles n’ont jamais voulu s’en mêler, car elles ont réalisé que derrière l’épidémie, il y avait la recherche US sur les armes biologiques, et qu’il n’y avait pas grand-chose à faire, et que tout ce qui restait à faire c’était de laisser tout cela se consumer tout seul.

    DL : Ce que vous dites est vraiment convaincant et me suggère deux choses. La première est la suivante : bien que le milieu de la médecine inclut beaucoup de gens très motivés sur le plan de l’aide humanitaire, pourquoi n’avons-nous eu aucun « whistle blower » (lanceur d’alerte) sur ce sujet ? Cela semble si scandaleux et dégoutant que quelqu’un aurait dû lancer l’alerte, non ?

    FB : David, si vous regardez au cours de toutes ces années, et ces informations sont du domaine public, il y a environ 27 ou 28 microbiologistes qui sont morts.[1]

    DL : Oui j’ai lu ça.

    FB : 27 ou 28 microbiologistes morts. Je pense que ces chercheurs ont menacé de sonner l’alarme sur ces programmes aussi dangereux qu’illégaux de recherches américaines sur les armes biologiques, et on les a tués. Et c’est pour cela que nous n’avons pas de lanceurs d’alerte ici, parce qu’ils seraient tués eux aussi. Je crois que c’est clair.

    DL : Oui j’ai lu à ce sujet, la liste est impressionnante. Et il y a des histoires bizarres de personnes qui arrêtent leur voiture au-dessus d’un pont et qui sautent.

    FB : Des histoires souvent ridicules. Et je crois que tous ces microbiologistes, plutôt que de sonner l’alarme, ils sont allés voir leur supérieur, au CDC ou ailleurs. Cette information a suivi son chemin et on les a éliminés. C’est pour cela que nous n’avons pas de whistle blowers. En fait nous en avions, mais ils sont tous morts, avant qu’ils n’aient pu lancer l’alerte. DL : Avez-vous publié vous-même sur ce sujet et sur les documents dont vous me parlez ? Ou bien comptez-vous le faire ?

    FB : J’ai donné des interviews. Nous avons envoyé des communiqués de presse, à l’Institute for Public Accuracy, et j’ai donné aussi des interviews. J’ai travaillé sur d’autres sujets depuis le début de cette crise, mais si vous allez sur Internet, vous verrez que je suis un peu partout…

    DL : Oui, j’ai vu ça. Mais pas dans les grands médias, évidemment.

    FB : Évidemment, quelqu’un a donné l’ordre de ne pas m’interviewer, et d’ailleurs, après les attaques à l’anthrax d’octobre 2001, j’ai été le premier à dire qu’il s’agissait d’anthrax militarisé (weaponized anthrax) provenant d’un laboratoire gouvernemental américain. Ce qui fut confirmé plus tard. Mais personne ne m’a interrogé. Je crois que j’ai donné en tout et pour tout trois interviews. Une à Fox News, à Boston, j’ai donné une conférence à Harvard, et une interview à la BBC, et à une chaine de la Pacific à Washington. Je parle de tout ça dans mon livre. Cela s’est passé dans les tout premiers jours après les attaques, et après plus rien. Le grand silence. Plus personne n’a parlé avec moi. Plus personne parmi les grands médias. Ces communiqués de presse sont envoyés à plus de 8000 organes de presse tout autour du globe, tous l’ont vu. Tous savent qui je suis. Mais il est clair qu’un ordre a été donné de ne pas avoir affaire avec moi. Et donc, non, rien dans les grands médias. DL : Et les médias grands publics dans d’autres pays ? En Russie, en Chine, ou ailleurs ?

    FB : Très peu. En Grèce, j’ai donné une interview, mais c’est la seule. Le gouvernement US a probablement dit à ces médias de se tenir éloignés de Francis Boyle. Mais vous savez, je ne suis pas payé pour les interviews, je ne suis pas en train de perdre de l’argent, je fais ça pour informer le public, pour essayer de faire sortir la vérité. Les seuls à m’interviewer ont été des médias alternatifs comme le vôtre.

    DL : Ce qui est étrange dans cette histoire d’armes biologiques génétiquement modifiées, c’est qu’il est difficile de prévoir là où elle va frapper. En supposant que ce que vous dites est exact, comment peuvent-ils penser tenir ce virus éloigné des USA ?

    FB : Vous savez, M. Duncan est ici, aux USA. Il est le cas « zéro » [le premier en dehors des USA – NdT]. L’information est déjà parue, selon laquelle le Département de la Défense et le NIH ont un programme informatique qui simule tout ça, ils savent exactement ce qui va se passer, en Afrique de l’Ouest, et maintenant en Espagne, à cause de l’infirmière là-bas [apparemment guérie depuis – NdT], et ici aux USA à cause de M. Duncan, puisque c’est le cas « zéro », et donc la liste de ses contacts. Ils peuvent insérer tout cela dans l’ordinateur et voir ce qui va se passer. Dans le New York Times hier, il y avait un diagramme avec M. Duncan et tous ses contacts et leurs enfants, et chacun d’entre eux est surveillé. Sauf pour les 4000 personnes sur le bateau de croisière. Ce qui pose la question : pourquoi n’ont-ils pas mis tous les gens du bateau en quarantaine ? Au Nigéria, où ils disent avoir stoppé l’épidémie…

    DL : J’allais vous poser la question…

    FB : …ils ont contacté tout le monde et les ont mis sous surveillance. Mais pas les 4000 personnes sur le paquebot de croisière, et ils ont tous été relâchés sur recommandation du CDC, qui a d’ailleurs dit « il suffit d’une période de quarantaine de 21 jours », et donc tous les gens sur le paquebot ont été libérés. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a critiqué cette décision et dit qu’il faudrait une période de 42 jours de quarantaine. Et si vous regardez les chiffres qui sont derrière les calculs de l’OMS et qui ont abouti à cette période de 42 jours, c’est toujours avec un taux d’efficacité de seulement 98 % et un taux de mortalité de 50 %, et non de 70 %, ce dernier taux indiquant qu’il semble bien s’agir d’un virus manipulé génétiquement et qui est bien plus dangereux que l’Ebola d’origine. Je ne suis pas sûr, mais il me semble que par sécurité, il faudrait parler de période de quarantaine de 50 jours, et d’ailleurs tous ces chiffres du CDC ou de l’OMS sont simplement basés sur le rapport risque/coût, c’est tout. Ils disent simplement que c’est moins couteux de laisser les gens partir après 21 jours, ou 42 jours, plutôt que de les garder en quarantaine. C’est une analyse risque/coût (Cross-Benefit Analysis) au détriment de nos vies. Peut-être que nous serons comme le Nigéria, mais la différence entre le Nigéria et nous [aux USA] est que le Nigéria a retrouvé tous les contacts, alors que nous avons laissé partir dans la nature 4000 personnes de ce paquebot, et avec ces 4000 personnes, ils ont simplement appliqué les protocoles du CDC qui n’ont aucune valeur et sont très dangereux .

    DL : Et bien sûr vous ne pouvez pas mettre en quarantaine toutes ces 4000 personnes ensemble, il faut les maintenir séparées les unes des autres, pour ne pas qu’ils se contaminent les uns les autres.

    FB : Absolument. Ils auraient très bien pu les garder sur le bateau pendant 42 jours en leur expliquant les raisons, avant de les relâcher.

    DL : Vous faites le lien entre l’OMS et le CDC en disant qu’ils sont tous deux coupables dans cette affaire, mais l’OMS comprend de nombreux pays, il y a du personnel venant de pays qui ne sont pas alignés avec les USA. Comment est-ce que ça marche ?

    FB : David, je ne me rappelle pas exactement les chiffres, mais l’OMS est financée sur la même base que l’ONU, puisque c’est une organisation spécialisée.

    DL : Oui, environ 25% par les USA

    FB : En effet, environ 25%, plus le fait que nous devons des milliards de dollars à l’ONU. Et celui qui paie les musiciens choisit la musique. Je ne sais pas à quel point nous devons de l’argent à l’OMS, mais ils font ce qu’on leur demande de faire. Ils peuvent à l’occasion essayer de révéler quelque chose, mais ils ne vont pas se dresser contre nous. Toujours est-il que le CDC est trempé jusqu’au cou dans cette affaire, et ils font du camouflage, nous ne pouvez pas croire un mot de ce qu’ils disent.

    DL : Ouah. Mais alors que devons-nous faire face à cette situation ? Vu que nous ne pouvons pas faire confiance au gouvernement sur ce sujet ?

    FB : Mon conseil est le suivant : heureusement, selon la Constitution des États-Unis, la Santé publique ne relève pas du gouvernement fédéral. Elle dépend des États, des comtés, des villes, des communautés, des villages, des autorités sanitaires [locales]. Et donc ces autorités sanitaires locales doivent s’unir, et faire appel à des experts indépendants qui n’ont jamais participé à aucune recherche dans le domaine des armes biologiques pour le gouvernement américain, et partir de là, élaborer une stratégie pour leurs communautés. Si vous lisez les médias grands publics, ils contactent tous ces experts qui ont trempé dans des recherches en guerre biologique pour les USA.

    DL : Oui, c’est un peu comme demander à des généraux de nous parler des guerres.

    FB : Exactement. C’est la même chose. Vous ne pouvez accorder aucune confiance à ce qu’ils disent. Et donc, je pense qu’il y a vraiment quelque chose à faire, mais que cela doit se passer au niveau local, dans les communautés et avec les autorités sanitaires. Par exemple nous avons eu une crise ici à l’université de Droit. Les abrutis en charge de l’Université ont envoyé un juriste gouvernemental taiwanais. Et ils savaient que nous avions affaire à la tuberculose. J’ai découvert cela, et ai demandé que tout le monde passe des tests, ils ont refusé, alors j’ai lancé l’alerte. Et avec les autorités sanitaires et tous ici, nous avons finalement obtenu que tout le monde passe les tests et nous avons découvert que cinq personnes étaient infectées par la tuberculose. Heureusement on a pu les traiter et elles s’en sont sorties. Sans cela, elles auraient développé la tuberculose, qui est une maladie extrêmement contagieuse. Ce qui est sûr, c’est qui faut travailler avec les autorités sanitaires locales et des spécialistes qui n’ont jamais été impliqués dans des travaux de guerre biologique pour le gouvernement des USA. Malheureusement nous avons 14 000 scientifiques qui participent à ces affreuses recherches en armements biologiques pour le compte du gouvernement des USA, je les appelle les « scientifiques de la Mort », et plus de 1500 laboratoires aux États-Unis qui font ce type de recherche. Vous ne pouvez pas leur faire confiance.

    DL : Combien de laboratoires ?

    FB : 1500

    DL : Mon Dieu. Alors que nous ne sommes pas censés en faire.

    FB : C’est exact. Ce genre de travaux de recherche constitue un crime selon les termes de la loi antiterroriste contre les armes biologiques que j’ai écrite, et nous avons dépensé 79 milliards de dollars depuis le 11 septembre 2001 dans ce domaine de recherche, ce qui en dollar constant, représente le double de ce qui a été dépensé pour le projet Manhattan pendant la Seconde Guerre mondiale pour développer la bombe atomique.

    DL : Mais ils disaient que c’est défensif.

    FB : Oui, ils disaient que c’est pour protéger le peuple américain de virus émergents comme l’Ebola. Mais regardez autour de vous. Vous pouvez voir qu’ils n’ont rien fait pour protéger qui que ce soit.

    DL : S’ils travaillaient sur un vaccin depuis les années 80, ils devraient l’avoir maintenant, non ?

    FB : Soit ils devraient l’avoir, soit ils l’ont, et c’est dans les tiroirs au fin fond du laboratoire de Fort Detrick, mais ils ne nous le disent pas, et ils ne l’ont donné qu’aux plus hauts dirigeants de notre gouvernement. C’est très similaire aux attaques à l’anthrax d’octobre 2001, et le fait que tout le monde à la Maison-Blanche prenait du Cipro [antibiotique prévenant les effets de l’anthrax – NdT]. Mais bon, je ne sais pas s’ils l’ont. Soit nous avons le vaccin, soit tout cet argent a été dépensé en pure perte, soit (et ce n’est pas incompatible) ils l’utilisent pour développer des armes biologiques. Faites votre choix. Je dois vous laisser. Merci de l’invitation.

    DL : Merci Francis d’être venu si rapidement à notre antenne.

    * Francis A. BOYLE est un professeur états-unien de renommée mondiale dans sa spécialité, le droit international, qu’il pratique et dont il est un ardent défenseur. Il rédigea la loi anti-terrorisme de 1989 sur les armes biochimiques, la législation américaine mettant en application la Convention sur les armes biologiques de 1972. Titulaire par l’université de Harvard de deux doctorats, un de Droit (Magna cum laude) et un en Sciences politiques, il enseigne à l’université de l’Illinois, à Champaigne. (Source Editions Demi Lune)

    Traduction IlFattoQuotidiano.fr

    Notes de la Rédaction :

    1.A ce propos, il se trouve que Glenn Thomas, consultant de l’OMS à Genève et spécialiste du virus Ebola est mort en juillet dernier dans le crash du Vol Mh17 en Ukraine, en même temps que 17 spécialistes du virus du SIDA qui se rendaient à un conférence à Kuala Lumpur. Il est évidemment trop tôt pour en tirer des conclusions hâtives, c’est certainement un coup de malchance.

     

  • Si c’étaient des Blancs...

    « Si c’étaient des Blancs, la terre entière serait en train de trembler »

    • Publié le : 
      26/04/2015 à 16h47

     

    L’émission « Ce soir ou jamais » remonte au 24 avril. Ça commence à faire vieux en temps internet mais nous avons décidé d’en reproduire un extrait de par la qualité et la justesse des interventions de l’écrivaine Fatou Diome, franco-sénégalaise.

    Née au Sénégal, passionnée dès l’enfance par la littérature francophone, Fatou Diome s’installe en France à 22 ans. Au début, sa vie, c’est des petits boulots, pour payer ses études de lettres, avant de connaître la reconnaissance en tant qu’auteur. Ses livres, des fictions, évoquent bien souvent son histoire, situéeentre l’Afrique et la France.

    « Peut-on accueillir toute la misère du monde ? »

    Contexte de l’émission : le 24 avril, les invités de « Ce soir ou jamais » répondaient à la question : « Après le drame de Lampedusa, peut-on accueillir toute la misère du monde ? ». Présente sur le plateau, Fatou Diome n’a eu de cesse de dénoncer « l’hypocrisie européenne ».

    A plusieurs reprises (dans le texte ci-dessous), Fatou Diome cite un « monsieur ». Il s’agit de Thierry Henri Philippe Baudet, historien juriste et essayiste néerlandais, connu notamment pour vouloir un contrôle absolu des frontières étatiques.

    Voici quelques extraits issus des interventions de Fatou Diome :

    « Quand vous dites que l’immigration pose un problème, il faut aussi parler des avantages de l’immigration parce que moi, quand je travaille en France, je paie mes impôts ici. Les étrangers qui sont là, il y en a une partie qui peut envoyer [de l’argent] au pays pour aider, mais la majorité paie ses impôts, s’installe dans vos pays, enrichit vos pays. Donc, ce sont des citoyens productifs. [...]

    Je voulais m’indigner contre le silence de l’Union africaine. Les gens, là, qui meurent sur les plages, et je mesure mes mots, si c’étaient des Blancs, la terre entière serait en train de trembler. Ce sont des Noirs et des Arabes, alors eux, quand ils meurent, ça coûte moins cher. [...]

    Si on voulait sauver les gens dans l’Atlantique, dans la Méditerranée, on le ferait, parce que les moyens qu’on a mis pour Frontex, on aurait pu les utiliser pour sauver les gens. Mais on attend qu’ils meurent d’abord. C’est à croire que le “laisser mourir” est même un outil dissuasif. Et je vais vous dire une chose : ça ne dissuade personne, parce que quelqu’un qui part et qui envisage l’éventualité d’un échec, celui-là peut trouver le péril absurde, et donc l’éviter. Mais celui qui part pour la survie, qui considère que la vie qu’il a à perdre ne vaut rien, celui-là, sa force est inouïe parce qu’il n’a pas peur de la mort. [...]

    Au jour d’aujourd’hui, l’Europe ne sera plus jamais épargnée tant qu’il y aura des conflits ailleurs dans le monde. L’Europe ne sera plus jamais opulente tant qu’il y aura des carences ailleurs dans le monde. On est dans une société de la mondialisation où un Indien gagne sa vie à Dakar, un Dakarois gagne sa vie à New York, un Gabonais gagne sa vie à Paris. Que ça vous plaise ou non, c’est irréversible, alors trouvons une solution collective, ou bien déménagez d’Europe car j’ai l’intention d’y rester. [...]

    Quand quelqu’un part [du pays où il est né pour rejoindre l’Europe, ndlr], c’est comme quelqu’un qui est élu, choisi, peut-être le plus débrouillard. Il y a tout un clan, ou toute une famille, qui pose son espoir sur cette personne-là. Monsieur, là, je vous vois bien habillé, bien nourri. Si vous étiez affamé chez vous, peut-être que votre famille serait ravie d’imaginer que vous pourriez aller gagner de quoi faire vivre les autres. [...]

    [L’espace Schengen], quand il trouve que mon cerveau est convenable, là, il l’utilise. Par contre, ils sont embêtés à l’idée d’avoir mon frère qui n’est pas aussi diplômé que moi et qui pourrait avoir envie de travailler dans le bâtiment. Vos pays deviennent schizophrènes. On ne peut pas trier les gens comme ça, avec les étrangers utiles d’un côté et les étrangers néfastes de l’autre. [...]

    Quand les pauvres viennent vers vous, il y a des mouvements de foule qu’il faut bloquer, mais quand vous, avec votre passeport et avec toutes les prétentions que cela donne, vous débarquez dans les pays du tiers-monde, là, vous êtes en terrain conquis. Donc on voit les pauvres qui se déplacent mais on ne voit pas les riches qui investissent dans nos pays. L’Afrique se développe à un taux entre 5 et 10%, ce n’est plus de la progression, c’est de la surchauffe. [...]

    Sauf que quand des pays du tiers-monde se développent et qu’ils n’ont pas les moyens pour gérer tout ça, il faut une ingénierie, il faut une formation, il faut des populations pour installer une démocratie. […] Vous avez besoin qu’on reste dominés pour servir de débouchés à l’industrie européenne. Alors il faut arrêter l’hypocrisie : on sera riches ensemble ou on va se noyer tous ensemble. »

  • Luz lance une fatwa

    Luz lance une fatwa sur Val et renonce à dessiner le prophète des musulmans

    Luz, auteur de la Une controversée du numéro deCharlie Hebdo paru après la tuerie de janvier, déclare qu’il ne dessinera plus le personnage de Mahomet, dans un entretien au magazine Les Inrockuptibles, paru mercredi.

    "Je ne dessinerai plus le personnage de Mahomet, il ne m’intéresse plus. Je m’en suis lassé, tout comme de celui de Sarkozy. Je ne vais pas passer ma vie à les dessiner", déclare-t-il en réponse à une question sur cette couverture "devenue mondialement célèbre".

    Val "n’est plus Charlie"

    Alors qu’on l’interroge sur une déclaration de Philippe Val, l’ancien patron de Charlie Hebdo, qui avait estimé, peu après l’attentat, que les terroristes avaient gagné, il rétorque : "J’ai sauté au plafond en entendant ça". "C’est tellement dingue. Il n’est plus lui-même, ce garçon, et il ne parle qu’en son nom. Il n’est plus Charlie, il n’est pas Charlie. Il fait juste partie de l’histoire de Charlie. Il est dans le déni de ce qu’il a été pour ce journal", ajoute-t-il. "Les terroristes n’ont pas gagné. Ils auront gagné si la France entière continue d’avoir peur", conclut-il en estimant qu’il s’agit du "ressort du FN".

    Numéro des "survivants"

    Le numéro des "survivants" de janvier, avec la caricature de Mahomet en couverture, tenant une pancarte "Je suis Charlie", et le surtitre "Tout est pardonné", avait suscité des manifestations parfois violentes dans plusieurs pays musulmans. Sorti une semaine après la tuerie perpétrée par deux jihadistes, le 7 janvier, qui avait fait 12 morts, il avait été diffusé à 8 millions d’exemplaires, un record historique pour la presse française.

  • Les témoignages glaçants de soldats israéliens sur la guerre à Gaza

     

    mediaUn soldat israélien près de la frontière avec la bande de Gaza le 21 Août 2014.REUTERS/Baz Ratner

    L’ONG israélienne Breaking The Silence (Brisons le silence) publie les témoignages de plus de 60 officiers et soldats engagés dans la guerre à Gaza durant l’été 2014. Ils racontent comment l’armée israélienne a mené des attaques de manière indiscriminée sur le territoire palestinien, tuant des centaines d’innocents. Une réalité encore peu rapportée au public israélien.

    Avec notre correspondante à Jérusalem,

    « Si vous voyez quelqu’un, tirez ! ». C’est l’ordre qu’ont reçu des soldats israéliens envoyés dans la bande de Gaza, durant la guerre de l’été 2014, selon plusieurs témoignages recueillis par l’ONG Breaking The Silence. « Les ordres étaient de tirer pour tuer, même si la personne n’était pas identifiée », rapporte un sergent. Autrement dit, même s’il s’agissait d’un civil innocent.

    Avant d’entrer à Gaza, les soldats israéliens ont été briefés par leurs supérieurs. « Vous ne trouverez pas de civils dans les zones d’intervention. Si c’est le cas, ils sont forcément suspects », leur ont-ils affirmé. Un militaire raconte que deux Palestiniennes marchaient et discutaient dans un jardin lorsqu’elles ont été repérées par un drone. Elles ont été tuées, aucune arme n’a pourtant été retrouvée sur elles. « Si elles ont été tuées, c’est forcément qu’elles étaient terroristes… »

    D’autres témoignages font état d’attaques délibérées contre des civils, comme ce vieil homme palestinien abattu par un soldat israélien alors qu’il ne représentait apparemment aucun danger. Des troupes avaient été prises pour cibles quelques heures avant, et les soldats étaient apparemment sur les nerfs. 

    « On bombardait tout »

    Les destructions durant la guerre à Gaza ont aussi marqué les soldats israéliens. « Il y avait un sentiment de folie par rapport au nombre de bombardements », raconte un militaire. « 900 obus ont été tirés en une nuit à Chajaya », affirme un autre. Le but n’étant pas seulement de détruire des infrastructures du Hamas, mais de porter un coup au moral de la population, suggèrent plusieurs témoignages.

    Les militaires qui témoignent remettent aussi en cause la fameuse politique du « knocking at the roof », les tirs d’avertissement de l’armée israélienne avant de bombarder un bâtiment. « Les militants du Hamas avaient le temps de sortir, déclare un soldat, les civils pas forcément. Lorsqu’il s’agit de bouger toute une famille avec une grand-mère, c’est difficile ».

    L’armée avait aussi fait la liste des bâtiments sensibles, comme des écoles de l’ONU par exemple, à ne pas viser, sauf accord préalable du haut commandement. Mais la provenance des tirs des combattants palestiniens n’était pas toujours claire et « au final, on bombardait tout », raconte un commandant d’infanterie. Tant pis pour les dommages collatéraux.

    « Si vous tuez quelqu’un à Gaza, c’est cool, ce n’est pas grave » 

    Certains officiers parlent aussi d’une atmosphère délétère durant cette guerre, incomparable aux guerres précédentes. « Le discours était vraiment d’extrème droite, un discours raciste et nationaliste », selon un lieutenant. « Il y avait beaucoup de gens qui haïssaient les Arabes, vous pouviez le voir dans leurs yeux », témoigne un autre. Un discours qui encourage la violence: « [nos supérieurs] nous ont dit : si vous tuez quelqu’un à Gaza, c’est cool, ce n’est pas grave », rapporte un sergent.

    En publiant ces témoignages de militaires, tous anonymes, l’ONG Breaking The Silence, espère faire bouger les consciences des Israéliens qui, pendant la guerre, ont été surtout informés des pertes israéliennes, 73 morts dont six civils, et pratiquement pas du drame qui se déroulait côté palestinien, à Gaza, où 2 200 personnes ont été tuées, dont 1 500 civils.

    « Ce qu’il ressort de ces témoignages, c’est un échec éthique énorme de la part de l’armée israélienne », déclare Yuli Novak, le directeur de Breaking The Silence, qui réclame une enquête indépendante. Dans un communiqué, l’armée se dite prête à « examiner toute plainte crédible », mais affirme ne pas avoir eu accès aux témoignages de l’ONG, avant publication.  

    Plusieurs enquêtes internationales ont par ailleurs été lancées sur la guerre à Gaza, toutes dénoncées par le gouvernement israélien qui prétend avoir « l’armée la plus morale au monde ».