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  • L’Ananassurance: la quenelle de Dieudonné à ses fans !

    19 avril 2015
    Debout Les Belges
    Par Laurent Louis

    Il y a quelques jours, j’ai décidé de dénoncer le projet de l’Ananassurance dont l’idée de base était excellente mais qui, depuis l’arrivée d’Arnaud Sassi comme associé de Dieudonné, est en train de partir en vrille et de se transformer en pompe à fric. Malheureusement, je constate qu’on résume un peu trop ce différend en une simple querelle entre Dieudonné et moi. Je crois tout de même que le sujet qui concerne des milliers de personnes est plus important que ça et qu’il ne se limite pas à une dispute entre 2 anciens amis ou à une bête histoire de facture impayée, de jalousie ou de déception. Je vais donc tenter d’expliquer le fond du problème sans perdre mon temps, comme Dieudonné le fait depuis un certain temps sur Quenel+, dans des attaques purement personnelles.

    Oublions les attaques personnelles

    Jusqu’à présent, malgré mes arguments et mes critiques sur le fond du dossier, des arguments auxquels nombreux sont ceux qui aimeraient qu’on y réponde, l’humoriste se contente de faire ce qu’il sait faire de mieux: le comique, le clown attaquant l’homme plutôt que de répondre aux arguments. Dans les 3 articles publiés sur Quenel+ en relation avec mes révélations, pas un mot, pas une ligne sur le projet de l’Ananassurance en tant que tel. Dieudonné agit exactement comme les politiciens que j’avais en face de moi au Parlement et qui, pour éviter de répondre à des questions embarrassantes, préféraient se moquer de moi, me tourner en ridicule et humilier les personnes qui me soutiennent. Malheureusement, à vouloir trop noyer le poisson, il arrive qu’on avale soi-même de très grosses gorgées d’eau… Dieudonné est ainsi en train de gonfler dangereusement. Il n’en faut plus beaucoup pour que l’homme qu’il est réellement et ses mensonges explosent au grand jour…

    Si j’ai quitté le projet de l’Ananassurance ce n’est nullement parce que je n’ai pas obtenu le salaire ou la fonction que je souhaitais comme certains tentent de le faire croire. Si j’ai quitté ce projet c’est parce que j’ai constaté que l’esprit solidaire, social et humanitaire qui guidait ce projet à sa naissance avait disparu pour faire place à un projet purement commercial. Du fric pour le fric, ça ne m’intéresse pas.

    Dans sa première vidéo dans laquelle il évoquait l’Ananassurance, Dieudonné parlait de la situation en Palestine et proposait de créer une assurance afin de venir en aide aux Palestiniens. Il parlait même de faire un don d’un million d’euros à la Palestine grâce à son Ananassurance. (https://youtu.be/35LrpZ4QzCg) Dieudonné affirmait aussi ne pas vouloir toucher de salaire avec l’Ananassurance. L’idée m’avait totalement séduit. Venir en aide aux plus démunis, aux plus faibles et aux victimes du sionisme, voilà un projet qui me plaisait et c’est dans cet esprit que je développais l’Ananassurance après que Dieudonné m’ait confié les rennes du projet via la vidéo que vous êtes nombreux à avoir vue. A cette époque, notre entente était parfaite et nous étions sur le même longueur d’ondes ! (https://youtu.be/JuCAiC9cAVM)

    Des gens intéressés…

    Cet esprit solidaire fut présent dans le développement de l’Ananassurance jusqu’à l’arrivée dans le projet de 2 personnages: Noémie Montagne, la compagne de Dieudonné mais aussi sa productrice qui ne réfléchit qu’en terme d’euros, une femme pour laquelle le militantisme est une blague et qui voit les fans de Dieudonné uniquement comme des vaches à lait qu’il faut traire jusqu’à épuisement, et Arnaud Sassi, un ancien directeur de compagnies d’assurance qui a beaucoup bourlingué dans le milieu en Europe et au Maghreb non sans parfois connaître des difficultés comme ce fut le cas en Algérie où sa réputation fut salie alors qu’il dirigeait la compagnie d’assurance algérienne GAM. Selon une publication officielle du Conseil National des Assurances algérien dans son Press Book de 2010, l’homme fut accusé par la presse et par les autorités algériennes de fraudes financières, de transferts illégaux de devises à l’étranger, de malversations en matière de ré-assurance, de détournement de fonds, de non respect des engagements vis-à-vis de ses clients et de la commercialisation de produits non visés. En privé, Arnaud Sassi ne cache pas qu’il a dû fuir l’Algérie en en quelques jours… Avant de travailler en Algérie, Arnaud Sassi a exercé chez April Group en France où il dirigeait la filiale d’assurances dommages, Axeria IARD, après vingt années dans l’assurance, dont douze à l’international chez Groupama-GAN. Comme vous le voyez un homme de confiance pour développer une assurance émancipatrice… Laissez-nous rire !

    Noémie Montagne et Arnaud Sassi ont senti le potentiel économique du projet que je développais. Ils ont donc décidé de prendre la main et d’en changer la philosophie. Terminé la solidarité, terminé la lutte contre le monde des assurances, terminé les dons aux plus pauvres. L’Ananassurance allait désormais travailler en direct avec les compagnies d’assurance comme Axa, Allianz et les autres par souci de rentabilité mais en plus, les bénéfices futurs n’allaient plus servir à aider les démunis ou les victimes du sionisme mais bien être utilisés pour de nouveau générer des bénéfices. C’est ce que Dieudonné et Jo Lecorbeau appellent « l’économie vertueuse »: faire de l’argent avec l’Ananassurance et investir cet argent en rachetant des entreprises qui, elles-mêmes, produiront des bénéfices qui seront, de nouveau, investis pour produire encore et toujours plus de pognon. Cette logique est plus que rentable mais elle perd selon moi l’essentiel: son esprit solidaire !

    Comment fonctionnera l’Ananassurance ?

    Alors, vous vous demandez peut-être comment fonctionnera pratiquement l’Ananassurance. C’est en réalité très simple et je vais vous l’expliquer.

    En fait lorsque le client arrivera sur le site www.ananassurance.com, il devra choisir son pays en tout premier lieu. Ensuite, il choisira l’assurance qu’il souhaite souscrire (auto, habitation, etc…). Une fois l’assurance choisie, le client devra fournir toutes ses informations. Ses informations personnelles bien entendu mais aussi les informations sur le bien qu’il souhaite assurer. Le client devra télécharger les documents utiles à l’établissement de la police mais aussi sa dernière police d’assurance, les conditions générales de son contrat actuel et bien entendu la facture mentionnant le prix de la police actuellement payée. C’est à ce moment là qu’Arnaud Sassi entrera en lice avec son équipe basée en Hongrie ou au Maroc. Le client, après avoir renseigné toutes ces informations, sera invité à patienter de 12 à 24h. Passé ce délais, l’Ananassurance ou plutôt Arnaud Sassi, non sans avoir bien entendu signé des accords avec des compagnies d’assurances traditionnelles dont il connaît parfaitement les patrons, reviendra vers le client pour lui proposer 3 compagnies d’assurances afin que le client puisse faire « librement » son choix sur base des conditions du contrat et du prix de la prime proposée.

    Une fois son choix effectué, le client payera le prix de sa prime en direct sur le site de l’Ananassurance qui, en bon partenaire fiable, reversera à la compagnie d’assurance son dû. L’Ananassurance tirera ses bénéfices des économies qu’elle permettra aux clients d’effectuer (une commission de 30% du montant économisé sera demandée aux clients). Autant dire que la protection du client sera réduite au minimum afin de diminuer autant que possible les primes. Le rôle de l’Ananassurance sera aussi réduit autant que possible.

    Simple cabinet de courtage, l’Ananassurance ne remplira aucune des missions de suivi d’un courtier traditionnel. L’Ananassurance se contentera de vous proposer 3 compagnies traditionnelles et de prendre sa commission. Ensuite, en cas de sinistre ou de difficultés, le client devra s’adresser directement à sa compagnie d’assurance. De belles difficultés en perspective pour les clients de l’Ananassurance… C’est donc en réduisant ses services et en diminuant les protections que l’Ananassurance pourra proposer à ses clients des primes réduites. On diminue la qualité pour réduire les coûts dans la plus pure logique commerciale que nous connaissons actuellement. Bien sûr, vu la position un peu précaire des clients face à la compagnie suggérée par l’Ananassurance, Arnaud Sassi a sorti un lapin de son chapeau: inviter les clients à souscrire à une protection juridique, histoire de montrer qu’on veut tout de même protéger ses clients face aux grosses compagnies d’assurance mais surtout afin de faire rentrer de plantureux bénéfices mensuels dans les caisses de l’Ananassurance. Achetée à 1 euro par Arnaud Sassi, la protection juridique de l’Ananassurance sera revendue à 4,99 euros/mois. Jakpot garanti !

    Un exemple:

    Afin de bien vous expliquer, voici un exemple: un client veut assurer sa voiture en passant par l’Ananassurance. Actuellement il paye 1200 euros/an pour son assurance auto chez AXA. Après avoir remplis les formalités, l’Ananassurance lui proposera 3 compagnies: une assurance à 900 euros chez AXA, une assurance à 700 euros chez GAN et une assurance à 600 euros chez BTA Assurance (une compagnie lettone active en France). Attiré par l’économie de 600 euros, imaginons que le client choisisse BTA Assurance. Il devra donc payer directement en ligne, en un seul paiement, et sans le moindre contact humain sur le site de l’Ananassurance, la prime de 600 euros. Bien entendu, comme l’Ananassurance doit se financer et tirer des bénéfices, elle prendra une commission de 30% sur le montant économisé par le client à savoir: 1200 euros – 600 euros = une économie de 600 euros sur laquelle une commission de 30% sera exigée au client soit une commission dans le présent exemple de 180 euros.

    Afin de vous protéger face à cette compagnie lettonne peu connue et peu recommandée, l’Ananassurance vous proposera de souscrire à une protection juridique de 4,99 euros par mois. Ainsi, votre prime via l’Ananassurance s’élèvera à 600 euros (pour la compagnie) + 180 euros (pour l’Ananassurance) soit 780 euros et 4,99 euros/mois pour la protection juridique. Une telle réduction peut paraître intéressante mais qu’en sera-t-il de votre protection ? Pensez-vous parvenir à négocier directement avec une compagnie d’assurance lettonne si vous avez un sinistre ? Ne regretterez-vous pas en cas de problème de ne pas avoir un courtier qui puisse vous guider et vous aider dans vos démarches ? Réduire le prix, c’est bien et c’est simple mais s’il impose une réduction des services est-ce toujours aussi avantageux ? C’est là que se posent les plus gros problèmes au niveau de l’Ananassurance. Sans compter que dans une telle philosophie, l’Ananassurance travaille main dans la main et en direct avec les compagnies d’assurance traditionnelles qu’elle prétend combattre. Soyons clairs, les seules victimes de l’Ananassurance seront les courtiers indépendants et les futurs clients qui risquent de tomber de très haut au moindre problème… Je doute réellement que l’Ananassurance puisse connaître une longue vie dans ces conditions mais la pérennité est-elle l’objectif de Dieudonné ? J’en doute sincèrement !

    Une pompe à fric !

    Dans cette forme-là, l’Ananassurance n’est qu’une simple pompe à fric ! C’est faire de l’argent pour l’argent en engraissant les 2 actionnaires de la société: Noémie Montagne (+ou- 70%) et Arnaud Sassi (30%). Un argent qui en tout premier lieu devait aussi servir à Dieudonné pour s’acheter un théâtre propre. Une fois de plus, après son domaine du Mesnil-Simon près de Dreux, après la propriété de Saint Lubin utilisée comme bureaux pour les Productions de la Plume, après l’empire dont il dispose au Cameroun, voilà que les bénéfices de l’Ananassurance devraient encore être utilisés pour développer le patrimoine personnel de Dieudonné… A moins qu’ils ne servent à organiser la fuite au Cameroun de Dieudonné qui a déjà promis que son prochain spectacle ‘Dieudonné en paix » serait le dernier. Un spectacle dans lequel, comme par hasard, il ne parlerait ni des Juifs ni des chambres à gaz, 2 sujets qui ont fait son succès… Une volonté de partir en beauté, après une belle tournée d’adieu et des caisses bien remplies grâce à l’Ananassurance ? Dieudonné avait pourtant promis dans sa première vidéo que, contrairement aux patrons d’Axa, d’Allianz, etc, il ne profiterait pas de l’argent de ses clients pour s’enrichir ? Mais bon Dieudonné a déjà dit tant de choses qu’il n’a jamais respectées qu’il n’y aurait rien d’étonnant à un nouveau revirement… Ceux qui connaissent Dieudonné en privé, ceux qui ont travaillé avec lui et qui ne font pas partie de sa famille ou de celle de Noémie Montagne savent tous que la parole de l’homme ne vaut rien et qu’il respecte rarement ses engagements…

    Soyons bien clairs, en soi, ça ne me gêne pas. Dieudonné a le droit de gagner de l’argent et de s’enrichir mais ce qui me gêne c’est que Dieudonné mente et maintienne un voile trouble sur le concept mais aussi sur les buts et finalités de l’Ananassurance. Jamais jusqu’à présent il n’a communiqué sur la réalité du projet qu’il développait. Jamais il n’a accepté de répondre à mes accusations. Cette manière de faire est trop proche des méthodes utilisées par nos dirigeants pour nous entuber ! Dieudonné sait que l’Ananassurance ne sera pas une compagnie d’assurance mais un simple bureau de courtage. Il sait qu’il a décidé de travailler en direct avec les grandes compagnies qu’il disait vouloir combattre. Il sait que l’Ananassurance va combattre les petits courtiers indépendants et engraisser le système. Dieudonné sait qu’Arnaud Sassi est un homme trouble. Dieudonné sait que les clients de l’Ananassurance seront moins bien protégés en passant par ses services. Il sait que ses fans pensent sincèrement que l’Ananassurance sera une compagnie d’assurance émancipatrice alors qu’il n’en sera rien et pourtant, il se tait et cache la réalité qu’il sait difficile à accepter pour ceux qui le suivent. Plus il tente de gagner du temps et plus il s’enfonce dans la mensonge. Tout cela à cause de l’argent qui est en jeu. C’est triste.

    Le divorce LOUIS-Dieudonné !

    C’est parce que je ne voulais plus mentir aux gens que j’ai décidé d’annoncer il y a une semaine mon départ de l’Ananassurance. J’en ai marre de voir ce beau projet être transformé en un simple produit commercial ! Dieudonné peut le faire si ça lui chante mais de grâce qu’il dise la vérité à ceux qui le suivent et lui font confiance ! Il est trop facile de séduire les clients en parlant d’émancipation, en parlant de projets sociaux, de solidarité, de générosité ou de séduire les Musulmans en parlant d’aider Gaza alors que sur les bénéfices potentiels de l’Ananassurance (calculés sur une base de 60 000 personnes, soit 10 millions d’euros annuels) seront, selon les statuts de la société Nicomède qui gèrera l’Ananassurance, distribué aux 2 actionnaires: 70% pour Noémie et donc pour Dieudonné et 30% pour Arnaud Sassi. Avez-vous vraiment envie de verser 3 millions d’euros par an à Arnaud Sassi ? A vous de voir…

    De mon côté, j’ai toujours présenté des arguments de fond. C’est la philosophie de l’Ananassurance, son fonctionnement et les personnes qui dirigent la structure qui ne me plaisent pas. Dieudonné, quant à lui, s’est amusé à faire rédiger par ses sbires des articles calomnieux à mon encontre pour tenter de me discréditer et de noyer le poisson en me faisant passer pour un homme intéressé, amateur d’argent et ambitieux. Comique, c’est exactement ce qu’est Dieudonné… Enfin bref, ces attaques mesquines démontrent à quel point mes révélations sont justes. Si tel n’était pas le cas, Dieudonné aurait répondu à mes accusations au lieu d’attaquer l’homme. C’est un aveu d’impuissance ! Dieudonné est pris la main dans le sac et chacune de ses réactions la lui enfonce un peu plus à l’intérieur. La quenelle est douloureuse…

    Puisque Dieudonné attaque l’homme que je suis, je vais répondre aux accusations car je n’ai strictement rien à cacher: depuis le mois de juin 2014, Dieudonné m’a proposé de travailler à ses côtés dans l’Ananassurance. Dès le départ, il m’avait promis de m’offrir un salaire équivalent à celui que je touchais au Parlement belge en qualité de député. Ce salaire devait me permettre de poursuivre mes activités politiques en Belgique et de faire face aux nombreux procès auxquels je m’expose. 8500 euros bruts, ça peut paraître énorme mais quand vous êtes la cible de l’Etat, quand tous les mois vous devez vous présenter au tribunal, payer vos avocats, financer un mouvement politique, développer des actions concrètes sur le terrain, etc, ce n’est vraiment pas exagéré. En tout cas, ça ne permet pas de s’enrichir ! Pour jouer la carte de la transparence, après mon divorce en 2013 où j’ai accepté de perdre par amour le petit patrimoine hérité de mes parent, je ne dispose plus aujourd’hui que de quelques milliers d’euros de côtés et d’une Audi A4 de 120 000km. Je ne suis même pas propriétaire de l’appartement que j’occupe ! Etre l’ennemi du système, ça ne m’a jamais permis de m’enrichir. On ne peut pas en dire autant de Dieudonné… Cherchez l’erreur !

    En janvier 2015, Dieudonné m’a proposé de devenir le directeur de l’Ananassurance mais pour ce faire, il fallait que je quitte la Belgique et que j’abandonne mes prétentions politiques pour travailler dans l’ombre de Dieudonné. Le projet était tellement beau que j’acceptais rapidement la proposition. Me mettre au service d’une telle cause ne me dérangeait pas. Cependant, pour pouvoir m’installer en France et louer une maison, j’avais besoin d’un contrat de travail, ce que je n’avais pas. J’étais en outre obligé de continuer à payer mon loyer en Belgique jusqu’en juin 2015 pour des raisons strictement privées. Je ne pouvais assumer 2 loyers. C’est à ce moment-là que j’ai dû demander des garanties à Dieudonné. C’est alors que Noémie Montagne est entrée dans la danse reniant toutes les promesses de Dieudonné les unes après les autres. Et oui, chez Dieudonné, c’est Madame qui porte la culotte et prend les décisions importantes. Dieudonné n’a plus qu’à la fermer !

    En quelques semaines, Noémie m’a fait tourner en bourrique, elle m’a humilié, manqué de respect à plusieurs reprises, minimisé mes compétences et traité ma famille, ma femme et ma fille handicapée, comme des moins que rien. Je peux bien entendu prouver l’ensemble de ce que j’avance grâce aux mails que nous avons échangés… Dieudonné m’avait promis un salaire de député. Noémie me proposait 2000 euros nets par mois. Dieudonné m’avait promis de me louer une maison adaptée au handicap de ma fille. Noémie me proposait une caravane humide ! Dieudonné m’avait promis une voiture de fonction sécurisée pour assurer mon rôle de directeur de l’Ananassurance, un rôle sensible et particulièrement exposé. Noémie me proposait un vélo ! Et je vous passe encore l’épisode où Dieudonné m’avait proposé d’emménager chez lui, dans une des maisons situées sur sa propriété du Mesnil-Simon, une maison récemment rachetée à une vieille dame. Je devais y emménager avec ma petite famille au début février. Nous avions fait nos caisses, préparé nos valises mais 3 jours avant le déménagement, un mail laconique de Noémie m’informait que le déménagement n’aurait finalement pas lieu car cette solution portait atteinte à son intimité… Il nous fallait défaire nos caisses suite à la volonté de la Reine-mère ! Peut-on traiter une famille de cette manière ? Peut-on proposer d’héberger une petite fille âgée de 6 ans et lourdement handicapée dans une caravane en l’exposant à l’humidité et au froid alors qu’on habite soi-même une énorme propriété composée de 3 maisons, d’un parc, d’un terrain de tennis et d’une piscine ? Peut-on demander à un homme de quitter son pays pour une caravane et 2000 euros alors qu’on sait très bien que, vu sa situation familiale, il est le seul à pouvoir travailler ? Si c’est ça l’humanisme de Dieudonné, il y a de quoi avoir peur et se poser de grosses questions…

    Pour ma part,revoyant mes prétentions à la baisse, j’étais prêt à emménager en France pour 4000 euros nets et un logement décent. Ce ne fut jamais accepté. Je crois pourtant qu’il ne s’agissait pas là d’exigences démesurées surtout quand on sait que l’homme qui aujourd’hui me remplace, Arnaud Sassi, touchera 3 millions d’euros par an !

    C’est à cette période que je proposais à Dieudonné de nous quitter bons amis. Je sentais qu’on s’enlisait et qu’on allait droit dans le mur. J’avais travaillé des mois sur le projet, j’avais tout misé au niveau de ma reconversion sur l’Ananassurance, j’avais fait des dizaines de déplacements sur Paris, j’avais même été en Tunisie avec Dieudonné pour trouver des pistes mais vu l’impasse, vu le manque de respect de la parole donnée, je proposais à Dieudonné de rester bons amis tout en continuant nos routes chacun de notre côté.

    Je lui demandais juste de payer le travail de consultance que j’avais effectué. Une facture brute de 10 400 euros TTC. Une somme qui peut paraître importante mais qui n’est rien par rapport au temps passé à développer ce projet et à tenter de respecter les propos un peu irréfléchis de Dieudonné qui avait affirmé qu’il était très simple de créer une assurance. Une affirmation très éloignée de la réalité… Voulant éviter à tout prix de me payer pour ce travail, Dieudonné préféra retarder le paiement de cette facture en me faisant miroiter la direction de l’Ananassurance Belgique.

    A partir de ce moment-là, Dieudonné et Noémie me firent patienter sans manquer de me demander de suivre une formation de courtier à mes frais (3000 euros) afin de pouvoir développer l’Ananassurance Belgique. Pour être actif en Belgique, Dieudonné a en effet besoin d’un bureau de courtage belge, la raison pour laquelle il m’encouragea à suivre une formation de 150h que j’ai réussie sans difficultés. J’ai fais confiance à Dieudonné car je le considérais comme un de mes rares amis. Ce fut une grosse erreur de ma part.

    Mi-avril, constatant que Dieudonné n’avait aucune parole, constatant que le beau projet que j’avais développé se transformait entre les mains d’Arnaud Sassi en simple pompe à fric, j’ai décidé de faire une croix sur l’Ananassurance Belgique et de dévoiler les secrets de Dieudonné. C’est ainsi que j’ai dénoncé l’arnaque de l’Ananassurance et surtout les mensonges de Dieudonné. Ayant encouragé de nombreuses personnes à s’engager dans l’Ananassurance, j’avais le devoir moral de les informer de la situation et de l’arnaque mise en place. Je parle d’arnaque car une chose semble se vérifier: Dieudonné est en train de préparer sa fuite au Cameroun après avoir pompé une dernière fois et à grande échelle ses fans. Ne parle-t-il pas de son prochain spectacle « Dieudonné en paix » comme de son dernier spectacle ? L’homme en tout cas est fatigué et rêve d’une retraite paisible à la Picsou… Par amour de l’artiste, doit-on le laisser arnaquer ceux qui voient en lui un héros ou un sauveur ? Je ne crois pas !

    Depuis le mois de février ma facture de 10 400 euros est impayée alors que Dieudonné gagne 300 000 euros par mois avec sa tournée. Rien ne l’empêche de payer cette facture afin que nous nous séparions en bons termes mais il préfère le clash. Un clash qu’il pense pouvoir utiliser pour une fois de plus s’exonérer de ses dettes en jouant le pauvre petit artiste victime du chantage de jaloux. C’est trop facile ! Dieudonné doit assumer ses actes et ses paroles. Comment pourrions-nous admirer un homme qui donne des leçon à tout le monde alors qu’il n’est même pas capable de respecter ses propres promesses ?

    Pourquoi tout balancer ?

    S’il n’y avait que cette facture impayée, je n’aurais rien dit mais cette facture n’est rien par rapport à l’arnaque de l’Ananassurance. Arnaud Sassi a déjà fait n’importe quoi avec l’argent de ses clients en Algérie, allons-nous le laisser faire de nouveau ? Allons-nous accepter sans broncher les mensonges de Dieudonné ? Allons-nous tolérer de voir Dieudonné escroquer ses fans en mentant sur les buts, la philosophie et les finalités de l’Ananassurance ? Allons-nous nous taire et participer à une arnaque qui touchera les 125 000 personnes signataires de la pétifion de Dieudonné ?

    Non, quand on est un homme de vérité comme je le suis, on dénonce tous les mensonges, toutes les supercheries, toutes les manipulations, toutes les escroqueries ! Le projet de l’Ananassurance pouvait être magnifique, j’aurais pu être le garant de l’esprit de Dieudonné, le garant de l’éthique mais des gens mal intentionnés sont parvenus à transformer Dieudo en marionnette du système. Dieudonné est aujourd’hui aveuglé par l’appât du gain. Il est de notre devoir de le réveiller, de tenter par tous les moyens de le remettre sur le droit chemin même si je crains qu’il ne soit trop tard. Des figures éminentes de la résistance en ont déjà fait les frais… Dieudonné n’en est pas à son premier mensonge… Après Soral qui nous a prouvé son incohérence en montrant lamentablement qu’il n’appliquait pas dans sa vie privée les principes moraux qu’il défend dans ses analyses, Dieudonné est en train de dévoiler sa véritable personnalité. Le mensonge est toujours dévoilé à un moment donné. L’heure du jugement a sonné pour les usurpateur de la dissidence qui ont transformé ce beau mouvement en simple business !

    L’argent est en train de faire perdre la tête à l’homme qui était en mesure de développer le plus beau et le plus grand projet d’émancipation du 21ème siècle ! C’est une catastrophe pour de nombreuses personnes et une grande déception en ce qui me concerne. J’ai cru en toi Dieudo mais l’homme que j’ai appris à connaître n’est pas un homme digne de confiance qui mérite notre admiration. Continue sur la voie que tu suis actuellement, elle te mènera à la richesse financière mais aussi à la pauvreté morale !

    Bon vent Dieudo et merci pour ces quenelles…

    Laurent LOUIS

    En cliquant sur l’image ci-dessous, retrouvez l’interview de Laurent LOUIS sur Meta TV dans laquelle le Président de DEBOUT LES BELGES balance tout sur Dieudonné et l’Ananassurance:

    A la demande de Monsieur Arnaud SASSI et sous la menace de poursuites en justice, nous publions ci-dessous le droit de réponse que le nouvel associé de Dieudonné a souhaité nous livrer. En ce qui nous concerne, pour la partie consacrée à Monsieur Sassi, nous avons basé notre article sur des articles de presse algériens. Si ceux-ci sont faux et que les médias en question ont été condamnés, nous ne comprenons pas comment ils peuvent encore aujourd’hui se trouver sur le net… Pour ce qui est du passage sur l’Ananassurance, il est évident qu’en supprimant les courtiers et en laissant les futurs clients de l’Ananassurance de Dieudonné se débrouiller SEULS face aux compagnies d’assurances traditionnelles en cas de sinistre, il est très difficile de croire que ce projet pseudo révolutionnaire puisse renforcer la protection des assurés. Dans sa logique actuelle, en cas de sinistre, la seule réponse de Dieudonné à ses clients de l’Ananassurance sera sans aucun doute sa phrase culte: « ALLEZ TOUS VOUS FAIRE ENCULER ! »

  • L’incendie de Baltimore a sorti l’Amérique de sa torpeur

    Pourquoi Baltimore prend feu ?

    Publié le 20 mai 2015 dans Amérique du Nord
     
     
     

    L’élection d’un Président Noir n’a pas résolu le « problème Noir ».

    Par Guy Sorman.

    Norman Rockwell Mosaic credits Shannon (CC BY-NC-ND 2.0)

    Le 28 avril dernier, les quartiers Noirs de Baltimore furent ravagés par des émeutes telles que les États-Unis n’en avaient pas connues depuis l’été 1992 à Los Angeles. Le point de départ d’une nuit de destructions perpétrées par des adolescents afro-américains fut la mort inexpliquée d’un voyou, Freddie Gray, brutalisé par la police. L’incendie de Baltimore, précédé les mois antérieurs par des émeutes comparables dans la banlieue de Saint-Louis et à New York, a sorti l’Amérique de sa torpeur : l’élection d’un Président Noir n’a pas résolu le « problème Noir ». Barack Obama lui-même semble avoir été surpris : en six ans de présidence, il n’avait jamais abordé cette question de front, considérant sans doute que son parcours exemplaire suffirait à inspirer tous les Noirs. En vain.

    Barack Obama et son épouse Michelle témoignent en fait de la réussite et des inconvénients d’une politique volontariste de sélection des élites Noires, dite « affirmative action ». À partir des années 1970, à l’initiative de juges activistes, les administrations publiques nationales et locales telles que la police ou les pompiers, les entreprises travaillant pour l’État, les collèges et universités, ont été contraintes de recruter des quotas d’Afro-Américains et d’autres minorités (les Indiens, « Native Americans » par exemple) de manière à refléter la « diversité » de la nation. « L’affirmative action » a été un succès en ce qu’elle a détourné les élites afro-américaines de la tentation de la révolution – dominante dans les années 1960 – les intégrant dans les hautes sphères de la vie publique. La réussite de ces élites, dont les Obama sont le fleuron, a aussi désamorcé le racisme en illustrant combien les Afro-Américains étaient aussi aptes que les Blancs à occuper les plus hautes responsabilités. Mais cette politique a concentré les élites afro-américaines dans des fonctions publiques plutôt que dans le monde de l’entreprise : or, aux États-Unis, l’entreprise est plus respectée que le service de l’État. Autre inconvénient de « l’affirmative action » : un Noir qui « réussit » aux États-Unis quitte le quartier de ses origines et cesse d’être un modèle pour ses congénères. Ne restent dans les quartiers Noirs que les plus défavorisés, environ les deux tiers des quarante millions de Noirs américains. Pourquoi ceux-ci, adolescents, passent-ils plus de temps dans la rue qu’à l’école, pourquoi les mères sont-elles plus souvent célibataires que mariées, pourquoi la moitié des jeunes Noirs de Baltimore ou de Saint-Louis sont-ils chômeurs, pourquoi se reconnaissent-ils dans la culture des gangs, pourquoi constituent-ils à la fois la majorité des criminels, des auteurs et victimes de crimes et, par conséquent, la majorité des prisonniers ? À Baltimore, ville à majorité noire, un homme afro-américain sur deux, à vingt-cinq ans, est passé par la prison.

    Freddie Gray, victime de mauvais traitements, se trouvait entre les mains de policiers Noirs, dans une ville dont le maire est une femme Noire ; le procureur qui a inculpé les policiers est aussi une jeune femme Noire. Baltimore symbolise à la fois la réussite des élites Noires en politique – conséquence de « l’affirmative action » – et l’enfermement de tous les autres dans une culture de la violence. Sociologues et économistes américains ne cessent de s’interroger sur cette permanence d’une culture de ghettos, dont les Noirs sont acteurs et victimes. Seraient-ils victimes du racisme des Blancs ? L’accusation ne tient plus quand le maire, le chef de la police et le procureur de Baltimore sont Noirs. De nombreux analystes incriminent l’absence du père dans ces familles pauvres et violentes : mais cette absence est une conséquence de la culture du ghetto, pas la cause. Plus probablement, la culture du ghetto et les comportements qu’elle engendre sont-ils la conséquence du ghetto lui-même. Le seul fait de concentrer une population à risques en un lieu renforce les traits les plus négatifs de cette population : à Baltimore, le modèle que les jeunes Noirs ont sous les yeux est le chef de gang, pas Barack Obama. Le seul type de famille que les jeunes du ghetto connaissent est une famille sans père. Preuve a contrario : des cartes de populations publiées après les émeutes de Baltimore montrent que le destin d’un jeune Afro-Américain aux États-Unis est essentiellement dicté par la géographie. S’il naît et grandit dans un quartier où les Noirs sont peu nombreux, ses chances de réussite scolaire, familiale et professionnelle sont identiques à celles de n’importe quel autre Américain. Le problème Noir américain n’est pas une conséquence du racisme ou un trait culturel immuable mais une affaire de logement. Tous les gouvernements américains, depuis un demi-siècle, ont favorisé le logement « social », ce qui a généré une géographie de la pauvreté. Paradoxe : le logement social reproduit involontairement la ségrégation de jadis, particulièrement à Baltimore où Noirs et Blancs, jadis, n’avaient pas le droit de vivre dans les mêmes quartiers. Cette erreur fatale a été reproduite en Europe où les immigrés les plus récents sont regroupés dans des habitats « sociaux » : leurs enfants y créent spontanément une culture du ghetto, mimétique de la culture noire américaine, avec les mêmes conséquences désastreuses.

    Ce problème noir américain est devenu un problème européen : les « Noirs » d’Europe ne sont pas forcément Noirs, ils sont plus souvent d’origine arabe, mais leur nombre s’accroît avec l’afflux des réfugiés. Il est grand temps, ou peut-être trop tard, pour empêcher que l’Europe soit parsemée de « Baltimore ».

     

     

  • Une république de balances !

    Publié le 13 mai 2015 dans Politique
     

    Avec le gouvernement socialiste, la délation devient l’acte civique par excellence.

     

     Par Nafy-Nathalie D.

    Le numéro vert anti-djihadiste vient de fêter son premier anniversaire. Ce numéro, qui serait un « succès », aurait permis de recenser 1864 personnes radicalisées en un an dont 25% de mineurs, 43% de femmes et 56% de convertis. Le gouvernement socialiste avait mis en place ce numéro ou un formulaire à compléter pour permettre à chaque citoyen de dénoncer son voisin qui se radicaliserait « de manière violente ».

    Cela n’a rien d’étonnant puisque déjà en 2012, Manuel Valls, à l’époque ministre de l’Intérieur, appelait dans une interview publiée par Paris Match chaque français à dénoncer toute dérive vers un islam sectaire. Forcément ! Dans l’esprit de Manuel Valls :

    La réponse du PCF avait été cinglante mais n’avait pas arrêté les ardeurs de Manuel Valls puisque devenu Premier ministre, il revenait à la charge de multiples manières.

    Très curieuse des conclusions du rapport de la fameuse commission d’enquête en charge de ce sujet délicat, je l’ai consulté aussitôt. Mon intention était d’obtenir des précisions sur le nombre de signalements qui avaient été faits et surtout pouvoir mettre en perspective le nombre de dénonciations faites et le nombre d’individus effectivement radicalisés. Ayant sans doute mal cherché, je n’ai pas trouvé.

    En revanche, ce fameux rapport indique qu’il est regrettable que ce soient principalement des familles « non musulmanes » qui dénoncent leur proche, ce qui a pour effet de fausser le profil type d’individu radicalisé que l’on pourrait tirer de ce dispositif. Donc, débauche de moyens financiers et humains a été mise en œuvre pour exploiter une tendance naturelle que les musulmans auraient eu à verser dans la dénonciation. Racisme primaire ou croyance absurde que les musulmans de France d’aujourd’hui pourraient se comporter aussi mal que certains Français lors de la seconde guerre mondiale ? La question reste ouverte.

    Toutefois, il est certain qu’un an après, le constat est fait que les musulmans n’ont pas la délation dans le sang et que les familles musulmanes, sur lesquelles on comptait beaucoup pour constituer cette base de bébés terroristes, ne s’inquiètent pas que leurs proches puissent pratiquer avec plus de ferveur leur foi. Forcément !

    Au lieu de considérer l’absurdité du dispositif, la commission recommande de le renforcer par des mesurettes et surtout d’agir de manière à ce que les musulmans deviennent plus concernés par la dénonciation de leurs proches. Effrayant !

    Mais pour en revenir à l’idée de délation, il semble difficile de faire la part entre l’acte civique et la saloperie basse. Il se pourrait qu’il s’agisse juste d’une question culturelle ou une question de motivation.

    Le peuple français est – du moins était – foncièrement contre la dénonciation. L’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme a même consacré le principe de la fraternité, principe opposé à l’idée d’un regard inquisiteur sur ses voisins. Cet article proclame que « Tous les êtres humains doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Tout petit, à l’école, le citoyen français apprenait qu’il ne devait pas « cafter ». Adulte, il n’hésitait pas à se lever contre toute forme de dénonciation obligatoire institutionnalisée. Ainsi par exemple la proposition des « citoyens relais » avait failli mettre le feu à Douai. Le souvenir de la seconde guerre mondiale et de cette période peu glorieuse où, sous influence du 3ème Reich, beaucoup ont dénoncé leurs voisins, reste une honte nationale profondément ancrée.

    Les seules dénonciations acceptables étaient celles dites « nobles » avec une idée de justice inspirante comme par exemple le fameux « J’accuse » de Zola ou celles relatives à un crime violent (maltraitance d’un enfant, viol, meurtre) ou encore des affaires politiquo-financières-judiciaires comme l’affaire Cahuzac.

    Mais peu à peu, la législation aidant, les mentalités se sont mises à changer. Ainsi quelques évolutions récentes du droit français posent la dénonciation comme acte civique (témoignages sous X, statut de repentis, les indics…). Puis, doucement, avec les initiatives de nos élus socialistes, notre société s’est mise à dériver vers une dénonciation sordide qui, encouragée légalement, est devenue délation avec des motivations qui peuvent poser question.

    Ainsi à Paris, depuis 2013, dans l’indifférence générale, il est possible en téléchargeant une application pour téléphone de dénoncer son voisin pour les incivilités qu’il pourrait commettre. Il existe aussi l’application pour pouvoir dénoncer son voisin au fisc qui fonctionne depuis 2012. Les chefs d’entreprise se retrouvent obligés de surveiller les sous-traitants avec lesquels ils travaillent et de les dénoncer en cas de constatation d’infraction avec l’administration. Ce matin je découvre également que maintenant les employeurs devront dénoncer leurs employés qui commettent des infractions au code de la route. Aucun domaine n’est épargné.

    En appuyant habilement sur nos peurs, en agitant l’idée de faire le bien de tous, la gauche « modérée » transforme peu à peu les mentalités avec le consentement du citoyen. La civilisation des Droits de l’homme construite sur des valeurs nobles pour lesquelles il s’est battu devient une république qui fonde la délation comme l’acte civique par excellence. En 1789, il s’était battu pour obtenir la liberté, l’égalité et la fraternité mais il n’était sans doute pas prêt à assumer ce qu’il réclamait. À peine 200 ans plus tard un amer constat est fait. Les libertés, gagnées dans le sang, perdent du terrain à chaque nouvelle promulgation de loi. L’égalité, obtenue dans la souffrance, se fait par un nivellement vers le bas. L’idée de fraternité, conquise dans la douleur, commence à disparaître doucement.

  • Le très "cultivé" Philippe Val

    Le nouveau marathon promotionnel du très cultivé Philippe Val

    par Martin Coutellier , Mathias Reymond, le 20 mai 2015

     

    Si la surface médiatique dont dispose un auteur pour faire connaître ses ouvrages était corrélée à l’intérêt du contenu de ceux-ci, cela se saurait. Pour autant, lire, voir et entendre Philippe Val tenir un discours parfois grotesque et souvent simpliste dans les médias pourrait surprendre. Malheureusement, il n’y là rien de nouveau : copinages, renvois d’ascenseur et bienveillance du petit groupe des éditocrates pour l’un des leurs. Même si les plus enthousiastes ne sont pas ceux que l’on attendait !

    Dans son dernier livre, Philippe Val se surpasse [1]. Ayant déjà démontré sa maestria dans l’art de la calomnie, du mensonge, de la compromission, de la fabulation et de l’expertise psychiatrique, l’ancien directeur de Charlie Hebdo n’a plus rien à prouver, et continue de parsemer ses idées de noms d’auteurs connus (jusqu’à cinq en une seule phrase), usant jusqu’à la corde le name dropping qui lui vaut parfois l’appellation d’« intellectuel ». De longue date également, Philippe Val méconnaît la sociologie, et en particulier celle de Pierre Bourdieu dont il construit de mauvaises contrefaçons pour les battre en brèche. Ce thème – central dans son livre – est au cœur de ses nombreuses interventions médiatiques : la France souffre du « sociologisme » qui « dit où est le bien et le mal » et « déresponsabilise l’individu ». D’après Val, cette pensée remonte à Jean-Jacques Rousseau, dont la thèse serait : « c’est la faute à la société », et aurait « engendré » des discours aussi divers que ceux de Lénine, Trotsky, Bourdieu, Pol Pot, Sartre ou plus généralement « la gauche totalitaire ».

    On pourrait naïvement penser que ces amalgames grotesques ne susciteraient que peu d’écho dans la presse. Ce serait se méprendre profondément sur les règles qui régissent la médiatisation des idées. Pourtant, force est de constater que les médias n’ont pas tous applaudi aussi fort… Si à droite, le livre est adoré, à gauche, et surtout chez certains de ses amis, on est embarrassé, voire agacé. 

    Une campagne médiatique

    Le 5 mars 2007, nous écrivions déjà : « Le regard hautain, la verve méprisante, le ton arrogant, Philippe Val se montre partout. Philippe Val - son personnage et non sa personne - est un symptôme. Un symptôme, parmi d’autres, des consécrations croisées et des complaisances mondaines qui permettent à l’"élite" de s’en décerner le titre. (…) Un symptôme des capacités digestives du cercle fermé des omniprésents qui absorbent toutes les formes de contestation. » La sortie de son dernier livre [2] est l’occasion de constater que peu de choses ont changé depuis. Si sa présence médiatique s’est largement réduite puisqu’il ne signe plus d’éditorial dans Charlie Hebdo et ne chronique plus sur France Inter, Philippe Val jouit toujours d’une attention soutenue pour cette nouvelle campagne de promotion.

    Le livre sortant le 8 avril 2015, les festivités commencent dès le 2 avril par un long entretien dans Le Point. Ensuite, le 5 avril, il enchaîne sur Canal Plus dans l’émission « Le Supplément ». Il accorde une interview au Figaro le 6 avril et s’installe sur France 5 le 9 avril : d’abord dans « C à vous », puis dans « La Grande Librairie ». Le lendemain, il est questionné par ses anciens subordonnés dans la matinale de France Inter. Puis c’est Europe 1 et Anne Sinclair qui l’accueillent le 11 avril. Il est invité le 17 avril dans « Le Grand Journal » sur Canal Plus. Le 20 avril, il se rend sur TF1 dans l’unique émission littéraire de la chaîne « Au fil de la nuit ». Les auditeurs de France Culture peuvent l’écouter le 5 mai. Enfin, il est convié par L’Express le 7 mai. Ouf ! À l’heure où nous écrivons, ses apparitions se font plus rares, mais gageons que la campagne n’est pas complètement terminée… Un marathon qui a donné lieu à quelques échanges cocasses et parfois fort intéressants (!). 

    « C’est la faute au système » donc « c’est la faute aux juifs »

     Le 5 avril, « Le Supplément » de Canal Plus consacre 15 minutes à la sortie de son livre, avec un long portait suivi d’un entretien. Le portrait, qui relate très favorablement les « milles vies » de l’ancien troubadour libertaire, ses « coups d’éclat, [ses] coups de gueule et [ses] polémiques », contient néanmoins une charge critique, au travers de l’intervention de Catherine Sinet, rédactrice en chef de Siné Mensuel et épouse du dessinateur Siné licencié par Val en août 2008 [3]. Concernant son livre, l’invité ne se voit poser qu’une seule question, dont l’énoncé incohérent et caricatural semble assez bien résumer le contenu de l’ouvrage : 
    - Maïtena Biraben : « Dans ce livre, […] vous dites "le monde n’est pas noir et blanc", y a pas les méchants et les gentils, et tout le monde en prend pour son grade : Snowden roule pour l’Iran, Assange est antisémite, la palme d’or "Entre les murs" minimise l’antisémitisme en France et Edwy Plenel c’est Claude François. C’est pour rire ou vous pensez tout ça vraiment ? » 
    - Philippe Val (avec aplomb) : « Non, je le pense vraiment. »

     Le 9 avril, Philippe Val campe sur France 5. Dans « C à vous », entouré de gens bienveillants (Pierre Lescure trouve son livre « absolument passionnant »), il expose une nouvelle fois le fond de sa pensée : « L’islamophobie c’est un mot pour éviter de parler du danger que représente la radicalisation au sein de l’Islam ». Ou encore : « il faut arrêter d’inverser la charge de la preuve entre la démocratie et les terroristes, mais c’est une vieille histoire, parce que ça vient aussi, comment dire, de la famille sartrienne, qui au moment de la guerre d’Algérie a cru bon de justifier le terrorisme. Voilà. » L’animatrice Anne-Sophie Lapix ne bronche pas.

    Le même jour, sur la même chaîne, dans l’émission littéraire « La Grande Librairie », l’ex patron de France Inter décrète : « Quand on sait où est le bien et où est le mal grâce à la sociologie, c’est plus la peine de se cultiver ». Puis il enchaîne et se déchaîne : « Rousseau prétend que l’homme est bon dès le départ, ce qui est une connerie, c’est quand même la culture, la sensibilité, la confrontation aux autres, aux talents des autres, aux défauts des autres, qui fait qu’un homme devient, qu’une femme devient, civilisé. Rousseau prétend le contraire, c’est sa thèse, c’est sa thèse de base, et la sociologie de l’EHESS d’aujourd’hui, majoritairement (…), elle pense ça, elle pense que la société rend l’homme mauvais, et pire que tout, surtout les États de droit, c’est toujours les États de droit qui ont tort. »

     Ensuite, le 10 avril, c’est en terrain non seulement conquis, mais connu, que se rend Philippe Val : chez Patrick Cohen dans le « 7-9 » de France Inter [4]. Après avoir permis à son ancien patron de se présenter comme le seul défenseur de la liberté d’expression en France depuis 2006 et « l’affaire des caricatures », l’animateur formule sa première question : « Expliquez-nous cette détestation de la sociologie, ou disons des explications sociologisantes ? ». Ayant fabriqué l’amalgame qui convient à son invité, Cohen ouvre la voie à cet échange burlesque :


    - Philippe Val : « Le premier chapitre du livre commence par Rousseau parce que Rousseau est celui qui relance l’idée pour les temps modernes que l’homme est bon et que la société le pervertit, ce qui veut dire que l’homme est bon… » 
    - Patrick Cohen : « Enfin depuis Rousseau il y a eu, Lénine, Trotsky, Mao, Bourdieu, Sartre… » 
    - Philippe Val : « Oui, oui, mais ce sont ses enfants. Ce sont les enfants de Rousseau. » 
    - Patrick Cohen : « Oui. » 
    - Philippe Val : « Et, le pauvre, on ne peut pas l’accuser d’avoir engendré Pol Pot. » 
    - Patrick Cohen : « Non, et puis on ne peut plus débattre avec lui. » 
    - Philippe Val : « On ne peut plus débattre avec lui, il peut plus se défendre. Mais il a engendré tout ça, il a engendré cette famille de la gauche qu’on appelle la gauche totalitaire. »

    Les approbations monosyllabiques de l’intervieweur semblent galvaniser l’interviewé, qui s’élance à corps perdu dans « l’antisociologisme », c’est-à-dire dans la bataille contre le moulin à vent qu’il vient de construire (celui qui abrite Rousseau, Bourdieu, Mao et Pol Pot – entre autres) : « Accuser le système, la mécanique intellectuelle qui consiste à dire c’est la faute au système, ensuite c’est la faute à la société, ensuite c’est la faute à un bouc émissaire forcément, ensuite la faute aux riches, et ensuite d’avatar en avatar (sic), on arrive toujours à c’est la faute aux Juifs. » Qu’en pense Patrick Cohen ? Il accompagne gentiment le délire de Philippe Val lorsque celui-ci ne trouve plus ses mots pour condamner cette fameuse « mécanique intellectuelle » : 
    - Philippe Val : « Ça tue la culture, (…) ça remplace le jugement, on sait où est le bien, c’est-à-dire, euh, euh... » 
    - Patrick Cohen : « Les opprimés ? » 
    - Philippe Val : « Les opprimés. Et on sait où est le mal, c’est-à-dire la société. »

    Pourtant Patrick Cohen et ses comparses sentent bien que quelque chose ne tourne pas rond, et, comme de nombreux relais habituels de Philippe Val, ils sont embarrassés… 

    Des amis embarrassés

    Ainsi, pour prétendre défendre l’existence de la sociologie sans contredire Philippe Val, l’animateur use de quelques contorsions intellectuelles qui ne peuvent que briser la logique la plus élémentaire : « Vous ne pouvez pas jeter le bébé de la sociologie avec toute l’eau du bain de l’actualité (sic), tous les sociologues n’ont pas des explications qui tiennent à 100% à la sociologie. » En substance : certains sociologues ne sont pas entièrement mauvais, puisqu’ils ne font pas de la sociologie à 100% ! Puis, dans la seconde partie de l’entretien, Philippe Val se verra opposer quelques arguments (un peu) plus sérieux, notamment par Thomas Legrand.

    Le samedi 11 avril, c’est au tour d’Anne Sinclair, sur Europe 1 [5], d’être désorientée quand Philippe Val pourfend à nouveau le « sociologisme », exactement dans les mêmes termes que la veille sur France Inter. Mais l’animatrice semble mieux réveillée que Patrick Cohen, et reste interdite devant tant d’amalgames. Ainsi, lorsqu’elle dénonce un raccourci (« blâmer la société, c’est excuser les terroristes : on n’en est plus là quand même »), et signale que « dans l’ensemble de la gauche, personne ne s’est trouvé derrière les terroristes », cela débouche sur une réponse amphigourique :


    - Philippe Val : « Non bien sûr, une fois qu’ils commettent leurs crimes, on les lâche. Mais… Regardez Dieudonné par exemple, le nombre d’intellectuels, le nombre même de certains juristes de haut niveau, le nombre de journalistes, le nombre d’humoristes qui l’ont soutenu, soutenu, soutenu, alors que c’était une évidence qu’il était antisémite, qu’il tenait des propos scandaleux, mais enfin, avec des métaphores, des machins… Il a fallu vraiment qu’il fasse monter Faurisson sur scène, et qu’il tienne des propos nazis, pour qu’ils le lâchent... jusqu’au dernier moment… Alors, quand ils passent la ligne, on les lâche, mais tant qu’ils passent pas la ligne, on les soutient. Tout ça est insupportable. Et je pense que tous les mômes qui aujourd’hui se convertissent à l’Islam radical dans les banlieues, on ne peut plus analyser ça comme un phénomène social, c’est un phénomène politique et culturel qu’il faut traiter politiquement et culturellement, mais on ne va pas dire : c’est la faute à la société. Faut regarder les chiffres, les chiffres de l’argent public, qui s’est déversé sur les banlieues ces vingt dernières années, mais c’est énorme ! Il fallait le traiter culturellement, et politiquement. » 
    - Anne Sinclair, ne sachant que répondre, enchaîne : « Euh … Euh … Bon, alors, Rousseau … Euh … L’état de nature, on l’a vu (…). »

    Dans L’Express également, si l’hebdomadaire a soutenu Philippe Val à l’époque des caricatures de Mahomet et si Christophe Barbier fait partie de ses obligés, les questions qui lui sont posées laissent à penser que la pitance servie par l’ancien comparse de Patrick Font est trop indigeste : « Vous dénoncez dans votre livre les intellectuels qui pratiquent "l’exécution sommaire". Mais vous-même n’hésitez pas à tirer dans le tas, à "exécuter" brutalement Bourdieu, les sociologues, les écologistes, Plantu, Le Monde...  »  ; « Plantu et Bourdieu ne se résument pas à ce que vous en dites dans votre livre... »  ; « [Les gens] ne peuvent-ils être à la fois déterminés par l’histoire, l’environnement social et leur libre arbitre ? » ; « Dire que la crise économique est partie de la dérégulation sauvage de la finance mondiale, est-ce céder à ce principe du bouc émissaire ? » ; « Il n’est donc pas autorisé de reprocher aux États-Unis d’espionner ses alliés européens et de s’en offusquer ? » ; etc.

    En conclusion de ce long entretien, on comprend que toute critique venant de l’intérieur est inacceptable pour Val, « comme Bradley Mannings, s’interroge le journaliste, ce soldat américain qui a alimenté en informations Wikileaks parce qu’il se disait révolté par la torture de son armée ? » La réponse est sans appel : « La torture est inefficace, grotesque, horrible, on n’a pas le droit de torturer. Mais la torture vient après le terrorisme. Qu’est-ce qui engendre la torture ? C’était vrai pour la France au moment de la guerre d’Algérie, c’est vrai aujourd’hui pour les démocraties confrontées au terrorisme. On rend responsables de la torture les seules démocraties, alors que la torture et le terrorisme sont l’avers et le revers d’une même médaille. » [6].

    Mais la plus grande déception provient de Libération et elle est signée Laurent Joffrin : « on ne peut s’empêcher de conclure, en refermant le livre, qu’il y a là beaucoup de circonvolutions pour masquer une conversion. Philippe Val quitte la gauche comme certains quittent leur femme, en lui trouvant soudain tous les défauts de la Terre. » (17 avril 2015). Puis le directeur du quotidien se retrouve même à défendre Pierre Bourdieu : « La sociologie de Pierre Bourdieu, par exemple, est autrement plus complexe que ce qu’en dit ce procureur sommaire. » Et de conclure en soulignant le grotesque de la thèse de Val : « Reste la question-clé, celle de l’égalité, dont Val se défie avec vigueur. Comment peut-on qualifier de "totalitaires" ceux qui s’en soucient ? Chacun voit bien que l’égalité des chances, dont il se réclame, n’est pas assurée dans une société où le capitalisme dérégulé crée d’énormes inégalités de condition qui se reproduisent inéluctablement. » 

    Adoré par la droite

    Si les médias de centre-gauche, ses alliés habituels, sont parfois un peu frileux dans leur soutien, ce n’est pas du tout le cas à droite où l’on acclame le revirement conservateur du libertaire des années 1970.

    Dans Le Point, Emmanuel Berretta chronique le livre de Val avec l’exaltation d’un fan authentique : « Sa protection policière renforcée depuis les attentats ne le dissuade pas d’attaquer toujours et encore, d’une plume acérée, les ennemis de la liberté. (…) Un brûlot animé d’un esprit voltairien. À lire absolument ». Dans Le Figaro, quotidien de droite s’il en est, Yves Thréard, qui recueille les propos de l’ancien chansonnier, contient difficilement sa joie : « Révolté par le prêt-à-penser médiatique, indigné par la lâcheté des intellectuels, déçu par la gauche française », « iconoclaste », l’ex-patron de presse aux « mille métiers » est loué pour son désir proclamé de vouloir « regarder la réalité en face ».

    Le 19 avril, dans le périodique libéral L’Opinion, le très droitier Éric Le Boucher est aux anges : « Ah le bon livre ! Voilà des années qu’on attendait un joyeux et méchant livre contre la bien-pensance de gauche, contre la sociologie du ressentiment, contre le journalisme moralisateur. » Et rend grâce à l’ex-patron de Charlie Hebdo : « Merci à Philippe Val (…). Il cogne, il disperse façon Audiard, les intellos, les gauchos, les écolos, les bobos, dans des formules assassines, des jugements à la hache, parfois exagérés, toujours jubilatoires. »

    Enfin, dans l’hebdomadaire ultra réactionnaire Valeurs Actuelles, le 24 avril 2015, on rassure d’abord le lecteur : « L’homme n’est pas un habitué de Valeurs actuelles, c’est même le moins que l’on puisse dire… Il est issu de cette gauche libertaire, antimilitariste et provocatrice plus à l’aise dans les colonnes de Libération ou de Charlie Hebdo, dont il a été le rédacteur en chef, que dans les nôtres. » Puis on tente d’expliquer l’évolution : « Il est très probablement de gauche, mais il est avant tout un homme libre, ce qui est bien pire aux yeux de certains, car un homme libre est un homme capable de renier en partie ce en quoi il a cru et ce qu’il a défendu, dès lors que la raison le lui commande. » Avant de s’enthousiasmer devant « ce livre aux démonstrations parfois fulgurantes. »

    « Les masques tombent ! » s’exclameront les nouveaux pourfendeurs de Philippe Val. Pourtant Acrimed avait déjà mis en garde ses aficionados dès 2003, et avant nous, PLPL l’avait rangé dans la catégorie des « faux impertinents » en juin 2000. Il y a donc bien longtemps que le masque tombe. Même si la chute est longue, nous attendons avec une impatience éberluée de voir où se fera l’atterrissage.

    Martin Coutellier et Mathias Reymond 



    Annexe – En guise de bonus, un échange très significatif sur France Inter

    Sur France Inter, l’échange entre Thomas Legrand et Philippe Val, commencé avec des « vous » et fini avec des « tu » est finalement interrompu par Patrick Cohen : « Bon, alors, on va sortir de cet entre-soi, certes sympathique, mais qui reste un peu un entre-soi ». On retrouve cette idée dans un tweet d’auditeur lu à l’antenne par « Bernadette » (les liseuses de tweets n’ayant apparemment pas de nom de famille) : « MadMarx qui vous voit invité partout et qui se demande si c’est pour votre seule mérite individuel, le tutoiement de Thomas fait penser effectivement à un certain entre-soi ». Le froid jeté dans le studio par cette remarque justifie que Patrick Cohen y revienne (après une nouvelle démonstration de « philosophie valienne » sur « l’expérience marxiste ») : « Je réponds à la dernière question qui s’adresse d’avantage à nous qu’à Philippe Val, qui ne s’est pas invité lui-même au micro de France Inter, c’est nous qui l’avons invité. Et si nous l’avons fait ce n’est pas parce que Philippe Val est ancien directeur de France Inter, mais parce qu’on a jugé que son livre était intellectuellement intéressant et stimulant, comme on invite un certain nombre d’essayistes, d’intellectuels à ce micro, qu’il méritait en tout cas d’être débattu ». Serait-ce verser dans le sociologisme que d’envisager qu’une certaine proximité, un certain « entre-soi » justement, puissent expliquer l’inclinaison de Patrick Cohen à trouver les analyses de Philippe Val intéressantes et stimulantes intellectuellement ?

  • La « banlieue » selon M6

     

    par Vincent Bollenotle 11 mai 2015

    En cette période de bruit médiatique aux lendemains des attentats perpétrés contre Charlie Hebdo, mais aussi au moment où certaines thématiques favorites du Front national ont pignon sur rue, « Zone Interdite », magazine d’information et de reportage de M6, a décidé de consacrer, le 19 avril 2015, une heure et quarante minutes d’antenne aux « zones sensibles ». Une heure quarante de clichés qui n’ont pour effet que de perpétuer une image désastreuse de « la banlieue », proche semblerait-il de la réserve de bêtes sauvages. Ce traitement médiatique biaisé de leurs quartiers a provoqué la résistance des habitants.

    Enquête en « zone interdite »

    Le ton du reportage diffusé sur M6 est donné dès l’introduction, en moins de deux minutes. Sur fond de musique angoissante, sont montrés de jeunes hommes trafiquant de la drogue, des parents convertis à l’islam faisant prier leurs enfants, ou encore un adolescent armé d’un revolver.

    La présentatrice donne ensuite le « La » politique de l’émission :

    Il y a trois mois, après les attentats à Paris, Manuel Valls a employé des mots très forts pour décrire la France d’aujourd’hui : un pays divisé par l’ « apartheid ». Une partie de la population serait mise à l’écart sans possibilité de s’intégrer. (…) Si certains habitants jouent la carte de l’intégration [on voit l’image d’un homme noir en costard], d’autres au contraire s’enferment dans leur communauté ethnique ou religieuse [on voit une femme noire qui danse en boubou]. Dans ces ghettos, une constante apparait : l’absence des pères. Sans modèle, sans autorité, certains jeunes dérivent, et jusqu’au pire. Quartiers sensibles, le vrai visage des nouveaux ghettos.

    Il ne faudra donc pas s’attendre à une analyse politique et sociale des « quartiers sensibles » puisque cette mise en bouche annonce un plat amer : la distribution de bons et de mauvais points symboliques entre ceux qui « jouent la carte de l’intégration », et les autres qui« s’enferment dans leur communauté ethnique ou religieuse  ». Les mots « communauté » et « communautarisme » seront d’ailleurs prononcés pas moins de douze fois en 1 h 40 ! Car il va de soi, suppose insidieusement l’émission, que seuls les étrangers ou les « immigrés de xième génération » (paradoxal statut symbolique) se tournent vers leur « communauté ». Et cela ne fait pas de doute que l’ « enfermement » dans une communauté relève d’un choix individuel, et ne répond pas à des assignations sociales… et médiatiques !

     

    « Repli communautaire »

    Le reportage commence à Roubaix, où l’on apprend que « les habitants des quartiers se sentent discriminés » et qu’« à Roubaix, le repli communautaire semble être devenu une solution face aux problèmes d’emploi et de misère. Ce repli est tel que certains habitants se convertissent à l’islam ». Un peu plus loin on apprend qu’en s’éloignant du centre ville, « les commerces communautaires se multiplient », puis un propriétaire de boucherie halal fait faire au reporter le tour des commerces « communautaires » du quartier.

    Imaginons un instant les déclinaisons possibles de cette brillante manière de voir les choses : « multiplication des bistros français à New York, le "vivre ensemble" américain menacé » ; ou encore :« ouverture de dizaines de crêperies rue de Brest : la communauté bretonne met en danger la République ». Un habitant interviewé se défend donc : « C’est la société qui nous pousse au communautarisme, ce n’est pas nous qui le voulons, c’est la société qui nous pousse à ça ». Pas très difficile de deviner la question à laquelle il répond… Ne lâchant pas son leitmotiv, la voix off affirme une minute plus tard que « le marché est aussi un endroit où les communautés s’affichent. Depuis peu, certains articles religieux ont pris place sur les présentoirs, comme ces voiles musulmans à dix euros. »

    Après quelques minutes consacrées à filmer des jeunes récoltant des fonds pour la construction d’une mosquée, on retrouve la thématique favorite de « Zone Interdite » : « À Roubaix et dans la métropole Lilloise, l’appartenance religieuse a pris une place importante dans certains quartiers. Cette affirmation communautaire séduit de plus en plus d’habitants qui se convertissent à l’islam. » Viennent alors huit minutes consacrées à une famille convertie à l’islam.

    En définitive, sur 28 minutes accordées à Roubaix, si l’on ne prend pas en compte toutes les autres (et nombreuses) invocations de la religion parsemant le reportage, c’est plus d’un quart de l’enquête qui est consacré à l’islam. Ce rôle central accordé à la religion dès le début d’un reportage portant, rappelons-le, sur les « quartiers sensibles » et non sur la religion, n’est évidemment pas anodin. L’espace médiatique est ainsi occupé par la religion, perçue comme un « problème », plutôt que d’être centré autour du chômage, des services publics, des associations, de l’exclusion scolaire, des discriminations raciales, etc. Et pourtant, une critique des médias est distillée par l’une des musulmanes interrogées qui, tendant un numéro de Valeurs Actuelles (flouté), dénonce l’image des musulmans véhiculée par certains médias.

    On retrouve notre thématique un peu plus loin, dans une partie consacrée aux trafics de drogue (au lieu de le consacrer à un autre aspect de la vie quotidienne et sociale des gens « des quartiers »). Après avoir donné brièvement (puis repris précipitamment) la parole aux « jeunes », qui ont l’honneur d’être sous-titrés, tels des étrangers, alors qu’ils parlent un français tout à fait compréhensible, la voix-off nous renseigne ainsi : « Pourtant, il y a des opportunités à Evreux, mais les rares cas de réussite sont communautaires. »Puis, quelques secondes plus tard : « Le pouvoir politique ne semble pas avoir pris en compte la montée du communautarisme que l’on constate aujourd’hui dans les quartiers. »

    Plus loin, aux Mureaux, on nous martèle que les familles les plus pauvres, restées dans un quartier promis à la destruction faute de solution de relogement, « se sont repliées sur elles mêmes », que les gens y « vivent presque exclusivement entre eux ». Les questions posées à une femme noire portent à nouveau sur son appartenance, comme l’indique sa réponse : « On vit en communauté, il y a la communauté africaine […] il y a la solidarité. […] Ce n’est pas notre choix, on nous a obligés à faire ça. » À nouveau, ces « communautaristes » noirs sont sous-titrés…

     

    « Absence du père »

    Vient ensuite le (long) chapitre de psychologie de bas étage. Les problèmes des « quartiers sensibles » seraient en (grande) partie dus à l’absence généralisée de père. Sans statistiques à l’appui [1], on apprend ainsi que « dans les quartiers, de nombreux pères n’assument pas leur rôle de parent. La figure d’autorité à la maison c’est alors bien souvent la mère. […] Quel est l’impact d’absence de père sur ces enfants ? Comment se construisent-ils sans cette autorité ? » Peu avant, on entendait que le « père attentif, [est en banlieue] un exemple trop rare ». En plus du sous-entendu sexiste voire homophobe de tels propos, cette analyse n’est à nouveau politiquement pas anodine. Elle laisse à penser que les problèmes de banlieue ne sont pas avant tout politiques et économiques mais d’ordre psychologique et trouvent leurs causes dans la « perte de repères » familiaux.

    À Marseille, le mépris de classe pour ces parents des milieux populaires qui, décidément, ne savent pas éduquer leurs enfants, n’est pas plus dissimulé : « Il est 18 h 30, les jeunes trainent, les parents, eux, sont invisibles ». Les parents sont même accusés de« ferm[er] les yeux » sur le trafic de drogue. Enfin le journaliste explique que derrière les jeunes, « il y a des parents, des parents qu’il faut écouter, comprendre, mais aussi parfois rappeler à l’ordre ». Puis il déplore qu’au stage de responsabilité parentale assigné par la justice auquel il a l’occasion d’assister, sur 22 familles convoquées, seules 10 soient venues, représentées par les seules mères. Le registre est le même dans la question s’adressant à une femme de Bobigny : « Cinq enfants, ça peut paraitre beaucoup de nos jours, surtout pour quelqu’un qui ne travaille pas, t’as jamais pensé à prendre la pilule ? » Puis, face à une organisation de sa vie qui visiblement le dépasse complètement, le journaliste demande :« Est-ce que les cinq enfants étaient désirés ? » La violence de l’interrogatoire se passe de commentaire. De même que cette ultime allégation après un passage sur un jeune délinquant : « Un père absent, une mère qui baisse les bras, Loan n’a personne à admirer. »

    Ainsi, après la stigmatisation du « communautarisme », ce sont les mauvais parents, ces pères et ces mères des classes populaires incapables d’élever leurs enfants, qui sont pointés du doigt et vus comme les causes des problèmes des banlieues.

    Comme si le reportage n’avais pas été assez explicite, la présentatrice conclut, après ces 1 h 40 d’images insolites : « On vient de voir la dérive de ces jeunes, sans pères, sans repères, sans horizon. Alors que faire pour enrayer la violence et le repli communautaire ? »

     

    La résistance des habitants contre M6

    Ce genre de reportage est constitué de véritables attaques symboliques contre les quartiers populaires. Non parce qu’ils traitent d’aspects de la vie qui posent problème dans ces lieux (drogue, délinquance…), mais parce que sous prétexte de parler des quartiers populaires, ils ne traitent que de (certains de) leurs problèmes, qui plus est avec un ton paternaliste.

    Face à cela, les habitantes et les habitants des quartiers filmés ont réagi : les Jeunes Communistes des villes de Bobigny et Drancy ont déposé plainte, lundi 20 avril 2015, auprès du procureur du TGI de Bobigny. Par ailleurs, le « fixeur », employé par les journalistes pour entrer dans les quartiers vus dans le reportage, a lui aussi décidé de porter plainte [2]. Des habitants d’Evreux ont quant à eux pris l’initiative d’une pétition pour demander des excuses à M6. Des articles publiés sur Internet ont aussi critiqué l’émission (voir surRue89 ou sur le Huffington Post, entre autres).

    Accusée sur de nombreux fronts d’avoir pris de nombreuses libertés avec la réalité, la direction de M6 s’est défendue avec élégance : « Le magazine a fait son travail en montrant la vérité et si la vérité dérange, ce n’est pas de notre faute ». De deux choses l’une : soit elle n’assume pas et couvre un magazine racoleur censé apporter de l’audimat, soit, plus probablement, elle pense que ce qui est montré dans son reportage est « la vérité ». C’est dire alors la vision des quartiers populaires qui domine dans cette rédaction.

    Vincent Bollenot

    Notes

    [1] On apprendra seulement vers la fin qu’à Bobigny « officiellement » une famille sur cinq (donc 20 %) est monoparentale, mais que « officieusement », ce serait beaucoup plus (sans qu’aucune source ne soit citée). Pour information : en France, 22 % des familles avec enfants sont monoparentales.

    [2] Les « fixeurs » sont employés par les journalistes en terrain de guerre et… en banlieue. Ils aident les journalistes à trouver des repères dans un terrain dans lequel ils n’ont jamais mis les pieds, n’étant pour leur immense majorité pas issus des quartiers populaires.