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Azel Guen : Décryptage de l'Actu Autrement - Page 125

  • Les entrepreneurs proposent une baisse du coût du travail

     

    Il fallait bien que le sujet soit abordé! Vous pensiez réellement que nous allions y échapper?

    Les dirigeants des plus grandes entreprises privées françaises proposent au gouvernement socialiste, dans les colonnes du Journal du dimanche, un « pacte pour relancer la croissance et l’emploi » prévoyant notamment une baisse du coût du travail.

    « La France doit se transformer en profondeur. Il est urgent d’agir maintenant et collectivement. Nous préconisons une réponse globale adossée à des mesures simples et concrètes », écrivent-ils dans le JDD sous la forme d’une mise en garde.

    Pour ces grands patrons, « avec une dépense publique record de 56% du PIB, nous sommes arrivés au bout de ce qui est supportable. L’Etat doit réaliser 60 milliards d’euros d’économies (trois point de PIB) au cours des cinq années à venir ».

    Pour renforcer la compétitivité des entreprises, il faut baisser le coût du travail d’au moins 30 milliards d’euros sur deux ans, en réduisant les cotisations sociales qui pèsent sur les salaires moyens (2 smic et plus), affirment ces grands patrons.

    Pour eux, ce transfert serait financé pour moitié par un relèvement de la TVA de 19,6% à 21% (la moyenne européenne) et l’autre moitié par une baisse des dépenses publiques.

    S’agissant de la gouvernance des entreprises, les grands entrepreneurs proposent de renforcer le code Afep-Medef en soumettant les rémunérations des dirigeants à un vote consultatif des actionnaires lors de l’assemblée générale annuelle.

    Ils suggèrent également de créer un Haut Comité du gouvernement d’entreprise habilité à intervenir auprès des conseils d’administration et de limiter à deux le nombre de mandats d’administrateurs pour les dirigeants mandataires sociaux.

    Source: Reuters

  • BAC de Marseille : l’omertà

    SOCIÉTÉ

    BAC de Marseille : l’omertà

    16 octobre 2012 à 19:26
    (Dessin Alain Brillon)
    Par DOMINIQUE MANOTTI Auteure de polars

    Il y a trois ans, j’ai publié un roman noir, Bien connu des services de police (1), qui était une chronique de la vie quotidienne d’un commissariat dans une ville du 9-3, avec sa BAC, évidemment. Lorsque je l’ai écrit, j’ai eu le souci constant de ne jamais forcer le trait, de rester mesurée pour avoir une toute petite chance d’être crédible. Il n’empêche. Pendant près de deux ans, j’ai rencontré mes lecteurs pour discuter de ce livre. A chaque rencontre, sans exceptions, revenaient des remarques comme : «C’est vrai ce que vous racontez ? On ne peut pas y croire !» ; «Non, ce n’est pas possible, pas chez nous, pas à ce point.»Parfois, rarement, des policiers en exercice participaient aux rencontres. Leur avis était unanime : «Vous caricaturez à partir de brebis galeuses très rares et très isolées, qui sont des cas non significatifs.»

    Je dois reconnaître que, sous les coups de la BAC de Marseille-Nord, des lecteurs que je rencontre maintenant me disent : «Finalement, vous aviez raison.» Quand tout un service dérape lourdement pendant des années, il n’est plus possible de parler de brebis galeuses. Mais une autre question se pose : comment la société française a-t-elle fait pour éviter pendant aussi longtemps de voir, de regarder, de reconnaître les problèmes moraux, sociaux, politiques que lui posait le fonctionnement de sa police ? Etaient-ils si profondément cachés qu’il était impossible de soupçonner leur existence ? Non. J’ai travaillé à partir de sources accessibles à tous : des témoignages d’habitants des quartiers, de victimes de bavures, et à partir du suivi de nombreux procès dans lesquels des policiers étaient partie prenante. L’état des lieux est parfaitement connu, et toléré pour des raisons diverses, de la hiérarchie intermédiaire qui n’est pas composée d’imbéciles. La question peut être reformulée ainsi : pourquoi l’information disponible sur les dysfonctionnements de la police ne circule-t-elle pas largement dans la société ?

    Je propose quelques réponses très polémiques. C’est le but du jeu, non ? D’abord, un problème avec la majorité des journalistes, la masse d’entre eux qui fait l’opinion. Leur source d’information majeure, souvent unique, sur les affaires qui impliquent la police, est la police elle-même, par l’intermédiaire de porte-parole officieux que sont les syndicats policiers. Le résultat est celui qu’on peut attendre avec de telles méthodes. Nul. Les chercheurs en sciences sociales. J’ai été très surprise de voir l’accueil fait à l’analyse très critique et très documentée que Didier Fassin (2) a publié l’an dernier sur le fonctionnement d’une BAC de la région parisienne, qui recoupait presque point par point ce qui constituait la matière de mon propre roman. La réaction des «chers collègues» a été : «C’est peut-être vrai, on a des doutes, mais si c’est vrai, il ne peut s’agir que d’un cas isolé.» Les spécialistes de la police ont-ils perdu tout recul par rapport à l’objet de leur étude ? En tout cas, ils n’ont pas rempli de façon satisfaisante leur rôle de signal d’alerte. Les juges. Là, les responsabilités sont très lourdes. La justice a couvert presque systématiquement et par tous les moyens à sa disposition les dérapages policiers face à la population. Pour me faire bien comprendre, je prends un exemple. En 1997, un policier d’une BAC, à Fontainebleau, abat d’une balle dans la nuque un jeune de 16 ans au volant d’une voiture en fuite. Il plaide la légitime défense. En 2001, la Cour de cassation confirme la légitime défense, en se référant à un arrêt de la Cour de 1825 qui donne, pour les policiers, une définition très extensive de la légitime défense. Les juges savent, et choisissent. Ce choix de politique judiciaire est le pivot du sentiment d’impunité qui fonde toutes les dérives policières, en particulier celles des BAC.

    Enfin, et ce n’est pas la moindre des raisons, la façon dont les policiers eux-mêmes voient leur profession. Le corps de la police doit être opaque face à l’extérieur et soudé à l’intérieur. Quelques règles de vie : un policier doit toujours être solidaire de tous ses collègues, quelles que soient les circonstances, il ne doit jamais témoigner contre un de ses collègues, et ne jamais avouer une faute. Le faux témoignage, rédigé en groupe de préférence, est un mode de fonctionnement courant dans la police, et pour ma part, dans les procès que j’ai fréquentés, je ne l’ai jamais vu sanctionné par la justice. Cette solidarité à toute épreuve a un nom : c’est l’omertà mafieuse. Tous ceux qui prennent part au fonctionnement de l’institution policière (hiérarchie policière, juges) en connaissent la réalité, mais l’ensemble de ces dysfonctionnements explique que l’information n’irrigue pas, comme elle le devrait, la société «civile». Sauf dans des moments de crises ouvertes comme aujourd’hui avec la BAC de Marseille. Les auteurs de romans noirs ont encore de beaux jours devant eux.

    (1) Folio, 2010. (2) «La Force de l’ordre», Seuil, 2011.

  • "Coup de filet" d'islamistes:la parole policière...

    "Coup de filet" d'islamistes: la parole policière, vérité révélée pour les médias ?

    Editeur
     

    LE PLUS. Douze interpellations, un mort, et un traitement médiatique qui questionne Eric Hazan, fondateur des éditions La Fabrique. Selon lui, les médias ont couvert les arrestations d'hommes soupçonnés d'appartenir à une cellule terroriste en prenant la parole policière pour parole d'évangile, sans recul. Et sans tenir compte des précédents...


     Opération anti-terroriste à Strasbourg, le 6 octobre 2012 (P. HERTZOG/AFP)

    Opération anti-terroriste à Strasbourg, le 6 octobre 2012 (P. HERTZOG/AFP)

     

    Dans l’affaire de la "cellule terroriste démantelée" à Strasbourg et à Cannes au début du mois d’octobre, les médias ont été unanimes à reprendre sans état d’âme les déclarations de la police. Aucun conditionnel, aucune petite phrase prudente permettant une retraite éventuelle en bon ordre.

     

    RER D, incendie rue Popincourt, Tarnac...

     

    Ce n’est pas la première fois. On se souvient de l’agression antisémite du RER D en 2004, de cette jeune femme victime de "6 étrangers, dont 4 Maghrébins et 2 Noirs", un acte odieux dénoncé par toute la presse, par le président Chirac, par Villepin, ministre de l’Intérieur, par toute la classe politique, droite et gauche mêlées. Dommage, c’était une mythomane.

     

    On n’a pas oublié non plus le scandaleux incendie criminel du centre social juif de la rue Popincourt, la même année : le ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, était venu à Paris pour visiter les lieux et critiquer le laxisme français face aux actes antisémites. Pas de chance, là non plus : l’incendie était l’œuvre d’un vieux fou, juif de surcroît. Dans un cas comme dans l’autre, tous les médias ont donné dans le panneau, aucun sauf erreur n’a présenté d’excuses.

     

    Plus près de nous, dans les premiers jours de "l’affaire Tarnac", presse écrite, radios et télévisions ont été unanimes à dénoncer l’action terroriste des "anarcho-autonomes", de "ce noyau dur qui avait pour objet la lutte armée", dixit le procureur Marin. "Libération" titrait en une "L’ultra-gauche déraille", "Le Point" parlait de "nihilistes clandestins", le Figaro Magazine des "caténaires de la peur", France 2 de "la petite épicerie tapie dans l’ombre" qui servait de QG au "commando". Là non plus, pas d’excuses quand le montage policier s’est profilé à l’horizon.

     

    La construction d'un ennemi intérieur

     

    Dans le coup de filet récent, il est possible que Jérémie Louis-Sidney, "un converti de 33 ans, apprenti terroriste qui voulait finir martyr" (France 24) ait été abattu par des tirs de riposte des policiers, il est possible que les hommes placés en garde à vue pendant cinq jours, puis inculpés, soient bien ceux qui ont lancé une grenade contre l’épicerie juive de Sarcelles.

     

    Mais l’unanimité des médias à tenir la parole policière pour vérité révélée, l’indignation générale des politiques, l’énorme retentissement donné à toute l’affaire, tout cela a un sens. En dénonçant les dérives françaises de "l’islam radical", les médias asservis et les politiques cherchent à faire monter dans le pays un sentiment de peur.

     

    La peur est la meilleure des diversions possibles – voir ce à quoi ont servi en leur temps la grippe aviaire, la vache folle, la grippe H1N1 ou les JO de Londres. Et puis, en montrant que la barbarie n’est plus seulement à nos portes mais qu’elle est désormais parmi nous, en incriminant une fois de plus – tout en jurant le contraire – la jeunesse des quartiers populaires, on reste entre nous, on resserre les rangs, on relègue à l’arrière-plan le racisme et la misère.

     

    Construire un ennemi intérieur est un procédé politicien médiocre, mais c’est bien du camp des médiocres que proviennent souvent les plus graves dangers.

  • Vingt ans après la mort de Thomas Sankara

    Vingt ans après la mort de Thomas Sankara : « on peut tuer un homme mais pas ses idées »

    « On peut tuer un homme mais pas ses idées », avait l’habitude de dire Thomas Sankara, le « président du Faso », comme l’appellent encore les Burkinabés.

    Sankara a été tué il y a vingt-cinq ans, le 15 octobre 1987, mais ses idées, ses valeurs, ses enseignements sont plus vivants que jamais. Le jour de ce sinistre anniversaire, nous devons nous rappeler qui était Thomas Sankara, le Che Guevara de l'Afrique. Son histoire révolutionnaire commence en Haute-Volta le 4 août 1983 lorsque, capitaine de l’armée voltaïque, il prend le pouvoir à la faveur d’un coup d'État sans effusion de sang. Le pays, ancienne colonie française, abandonne bientôt son nom colonial et devient officiellement le Burkina Faso, qui signifie « terre des hommes intègres  ».

    Et c’est cette intégrité qui poussa Sankara à changer les choses. « Nous ne pouvons pas faire partie d’une riche classe dirigeante alors que nous sommes dans un pays pauvre », disait-il. Les actes valant souvent mieux que les paroles, il fit très rapidement remplacer les très confortables voitures bleues des hauts fonctionnaires du gouvernement par des voitures plus « utilitaires ». « Il est inacceptable qu'il y ait des hommes propriétaires d'une quinzaine de villas à cinq kilomètres de Ouagadougou quand les gens n'ont même pas assez d'argent pour acheter de la nivaquine », disait le Président du Faso qui continuait de vivre dans un foyer modeste. Á lire sa déclaration de revenus de 1987, on estime qu’il possédait à l’époque une vieille Renault 5, des livres, une moto, quatre vélos, deux guitares, des meubles et un appartement d'une chambre avec un prêt hypothécaire. Afin de relancer l'économie du pays dont la terre n’a jamais été fertile, il décida de compter sur ses propres forces, de « vivre à l’africaine ».

    « Il n'y aura pas de salut pour notre peuple si nous ne tournons pas résolument le dos aux modèles que des charlatans ont essayé de nous vendre à tous crins pendant des années ».

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    Il y a 1 année - 16 minutes

    Thomas Sankara: Discours historique sur la Dette

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    « Nous consommons Burkina Faso », pouvait-on lire sur les murs de Ouagadougou, tandis que, pour encourager l’industrie textile locale, les ministres étaient obligés de revêtir le faso dan fani, le vêtement traditionnel de coton, tout comme Gandhi l'a fait en Inde avec le khādī. Sankara a utilisé les ressources de l'État pour lutter contre l'analphabétisme, les maladies telles que la fièvre jaune, le choléra ou la rougeole, et fournir au moins dix litres d'eau et deux repas par jour à chaque Burkinabé, tout en faisant en sorte que l'eau ne tombe dans l’escarcelle des multinationales étasuniennes et françaises.

    En très peu de temps, le président du Burkina a acquis le rang de célébrité en Afrique, ce qui soulève l'inquiétude des grandes puissances et des multinationales. Et ses grands combats - le problème de la dette en Afrique, la lutte contre la corruption, l’émancipation de la femme, les problèmes des zones rurales, l'éducation - ont été très vite considérés comme des exemples à suivre. Mais sa renommée et sa détermination ont fini par lui coûter cher. C'est à l'occasion de l'assemblée de l’Organisation de l'unité africaine réunie le 29 juillet 1987 à Addis-Abeba, en Éthiopie, que Sankara signa son arrêt de mort en annonçant son intention de ne pas payer la dette : « Nous sommes étrangers à la création de cette dette et nous n’avons donc pas à payer pour cela. (...) La dette sous sa forme actuelle est une reconquête coloniale organisée avec soin. (...) Si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas, soyons-en sûrs ; par contre si nous payons, c’est nous qui allons mourir, soyons-en sûrs également ».

    En outre, dans son discours à Addis-Abeba, Sankara a déclaré, en présence de dirigeants africains : « Nous devons dans la lancée de la résolution de la question de la dette trouver une solution au problème de l’armement. Je suis militaire et je porte une arme. Mais monsieur le Président, je voudrais que nous désarmions. Parce que je ne possède qu’une unique arme, alors que d'autres ont camouflé les leurs. Alors, chers frères, avec le soutien de tous, nous pourrons faire la paix chez nous. Nous pouvons également utiliser ces immenses potentialités pour développer l'Afrique parce que notre sol et notre sous-sol sont riches ».

    Quelques mois après ce discours, le président Sankara a été assassiné avec ses camarades lors du coup d’État orchestré par son meilleur ami Blaise Compaoré, avec le soutien de la France, des États-Unis et de la Côte d 'Ivoire. Sur le certificat de décès du président assassiné, la mention « mort naturelle » apparaissait encore en 2008, date à partir de laquelle l'ONU a contraint les autorités du Burkina Faso à supprimer le mot « naturel ». Son corps a été jeté dans une fosse commune à Ouagadougou, situé à un jet de pierre d’une décharge à ciel ouvert. Vingt-cinq années plus tard, la justice n'a toujours pas été rendue et la plupart des protagonistes de sa mort, parmi lesquels figure en bonne place l’actuel président Blaise Compaoré, sont encore au pouvoir. Mais le mythe de Sankara est plus vivant que jamais ...

    Capitaine Martin

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  • Les drogues, l’irrationnel et les irresponsables

     

    Les toutes dernières saillies de l’opposition, en particulier celle de Rachida Dati envoyée au front comme « spécialiste » (vu son expérience familiale en la matière), et la sèche réponse de Matignon comme quoi « il n’y aura pas de changement à la loi de 1970 », indiquent, comme le faisait remarquer le regretté Peter Cohen (La culture de l’interdit du cannabis, Université de Gent, 3 décembre 2007), que tout débat sur ce produit relève de la religion. Comment expliquer autrement que les dizaines d’études, d’interventions, de résultats, de faits, n’ont aucune influence sur la croyance qui a engendré la loi de 1970 en France, et sur l’impossibilité de la changer en fonction des acquis scientifiques, des résultats concernant non seulement l’usage (la France est devenue la plus grande consommatrice de cannabis en Europe), mais aussi de trafic et ses effets (néfastes) concernant la justice, la police et en fin de compte l’Etat de droit, l’égalité et l’équité dans ce pays. 

    La levée des boucliers moralistes et irrationnels contre la politique de la réduction des risques concernant l’héroïne tout au long des années 1990, n’a pas - heureusement -, sabordé cette initiative enclenchée par les professionnels en la matière et ainsi - personne n’en parle non plus -, a enrayé puis fait disparaître le long cortège des victimes de cette drogue en France. Ce résultat positif qui a sauvé des centaines de vies et a enrayé sérieusement l’épidémie du SIDA dans notre pays, (et qui s’est faite en dépit de la lettre et de l’esprit de la loi de 1970), est sans doute le meilleur résultat de la lutte contre les drogues enregistré par la France, et Paris, au lieu de marmonner sur ses applications futures (sales dites d’injection par exemple), devrait en tirer fierté et la partager avec le (peu) de pays européens qui n’ont pas encore mis en place cette politique.

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    Il y a 5 jours - 20 minutes

    « A TITRE PERSONNEL » – Rachida Dati l’assure : le cannabis mène à l’héroïne

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    Tout dogme est difficile à contester, il appauvrit la pensée, dénude d’intelligence tout débat, le faisant traîner dans les limbes du n’importe quoi, des platitudes et des idées reçues. En ce sent, le débat sur le cannabis, en particulier, et les drogues, en général, reste eschatologique. Or, figer un problème, le faire entrer dans une glaciation de l’entendement, n’aide en rien à le résoudre. Bien au contraire : les effets pervers directs et les dommages collatéraux de cette politique sont désormais visibles à l’œil nu. Multiplication et rajeunissement des consommateurs, inégalité devant la loi, compromissions et corruptions de ceux qui sont en charge de cette politique, conflits perpétuels entre les juges et les forces de l’ordre, découragement de ces derniers par leur supplice de Tantale imposé, insertion des fonds illégaux dans l’économie par la corruption, apparition de nouvelles générations d’une criminalité organisée, abandon des espaces de la République qu’ils soient situés dans les quartiers sensibles ou dans le monde de la banque au point qu'Antonio Maria Da Costa, directeur de l'UNODC pouvait affirmer que l'argent des trafiquants de drogue injectés à l'économie financière a sauvé les banques de la crise financière (The economics of crime, avril 2011, Costa corner, htpp ://www.antoniomariacosta.com). 

    Le débat sur le cannabis devrait porter beaucoup plus sur le Rif marocain, où en quinze ans les cultures se sont multipliées par trois, posant de graves problèmes écologiques, politiques et sociaux, des luttes pour la terre irrigable et une corruption assumée aux plus hautes sphères de l’Etat. Le débat sur les drogues devrait assumer que depuis l’intervention en Afghanistan ce pays est devenu le premier producteur d’opium, que désormais il contrôle toutes les phases de cette production exportant massivement, de l’héroïne multipliant les voies d’acheminement maritimes et asiatiques, tandis que sous les Talibans la production était proche de zéro. L’Etat devrait, s’il était vraiment responsable réfléchir sur la mexicanisation de nos banlieues et de nos Dom Tom antillais, et prendre justement plus au sérieux ce qui se passe au Mexique et aux Caraïbes où justement les responsables politiques, observant une déperdition dramatique de l’Etat de droit exigent la fin de la « guerre à la drogue » et d’une prohibition forcenée qui a jadis permis toutes les interventions musclées des USA sur le sous continent latino-américain et la criminalisation du politique. Enfin, l’Etat responsable devrait, avant de lancer des cris de guerre hallucinants, observer la gangrène financière qui entraîne une culture de l’illégalisme, basée sur l’appât du gain. Lorsque le commissaire européen Olin décrit le monde comme régit par la cupidité et la peur, il ne parle pas des caïds des quartiers, mais bien de nos hommes d’affaires, de nos financiers et il serait naïf de la part des gouvernants de croire que cela n’a aucune incidence sur justement ces apprentis caïds. Ceux qui prônent un débat et souhaitent la fin d’une politique qui a fait ses preuves criardes d’inefficacité sont responsables. Sont irresponsables ceux qui s’attachent désespérément à un dogme désuet, tandis que ceux qui évitent le débat, laissant les sondages et leurs communicants décider à leur place, le sont encore plus. 

    Les libertés que l’on prend avec des structures, des hommes et des Etats dès lors qu’ils semblent garantir la lutte contre nos phobies élémentaires issues d’un monde instable, ou, trivialement, par pur intérêt économique ont comme conséquence la déperdition des règles les plus élémentaires de l’Etat de droit, pour ne pas introduire ici d’autres, tout aussi fondamentales et qui concernent l’éthique et la morale. C’est au sein de ce no man’s land de l’arbitraire juridique et institutionnel - et sur lequel on agit si peu -, que naît et se développe le crime polymorphe organisé.

    Nos gouvernants devraient faire l’effort d’aller voir Sauvages le dernier film (plutôt médiocre) d’Oliver Stone, qui traite justement de tous les sujets inhérents à la drogue, cette mixture d’une modernité bourgeoise googelienne qui se voudrait zen et carburant au tetrahydrocannabinol au contact de la sauvagerie des cartels et s’épanouissant grâce aux compromissions d’une police corrompue jusqu’à l’os qui devient de la sorte partie pérennisant du problème. Soldats perdus de l’Irak recyclés à l’industrie de l’herbe, geeks écolos, bobos millionnaires et hackers « pragmatiques » dessinent et surtout singent le monde absurde tel qu’il est : irrationnel, individualiste et sauvage régit par l’argent comme seule variable constante. Le joint c’est mauvais ; Mais dans un monde aussi cruel et absurde, c’est plutôt bon dit le commentaire. Ce film confus perçoit la réalité et sa complexité bien mieux que tous les politiques, en leur renvoyant sur la figure leur propre incompétence, leur mauvaise foi et surtout leur irresponsabilité. 

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    Crimes, trafics et réseaux
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