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Sionisme - Page 4

  • Netanyahou, président de la droite américaine ?

    par Serge Halimi, mercredi 4 mars 2015

    Il y a une vingtaine d’années, un ancien candidat républicain à l’élection présidentielle américaine avait comparé le Congrès des Etats-Unis à un « territoire israélien occupé ». En 2015, il est devenu inimaginable qu’un dirigeant républicain s’exprime avec autant de perfidie. M. Benyamin Netanyahou et ses idées s’imposent en effet sans résistance et sans effort dans le cénacle des parlementaires de Washington. Ils rencontrent davantage d’opposition… à la Knesset israélienne.

    La chose ne s’explique pas uniquement par une majorité républicaine dans les deux chambres du Congrès, car les démocrates — et M. Barack Obama lui-même — ne refusent presque jamais rien à la droite israélienne et à son puissant lobby, l’AIPAC (1). Défendant devant celui-ci la cause du président des Etats-Unis et de son administration, Mme Samantha Powers, ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, vient de rappeler que, ces six dernières années, le président Obama avait consacré 20 milliards de dollars à la sécurité d’Israël (2).

    Néanmoins, en partie pour des raisons religieuses liées à la prégnance chez les évangélistes les plus conservateurs de théories fumeuses sur l’Apocalypse (3), en partie parce que le Parti républicain, comme l’actuel premier ministre israélien, adore décrire un Occident encerclé d’ennemis (en général musulmans) afin de justifier des interventions armées plus nombreuses et des dépenses militaires plus plantureuses, M. Netanyahou est devenu le héros de la droite américaine, son Winston Churchill. Celui qu’elle aimerait avoir comme chef d’Etat plutôt que l’actuel locataire de la Maison Blanche, un homme qu’elle exècre au point de douter sans cesse de son patriotisme, voire de la nationalité américaine inscrite sur son passeport (4).

    Lors de la dernière expédition meurtrière d’Israël à Gaza, enthousiasmée par les moyens employés à cette occasion, l’une des vedettes de Fox News, Ann Coulter, avait avoué : « J’aimerais que Netanyahou soit notre président. Oui, bien sûr, parfois des enfants palestiniens sont tués. Mais c’est parce qu’ils sont associés à une organisation terroriste qui fait du mal à Israël. Et Netanyahou se moque bien de ce que des responsables religieux lui disent en pleurnichant à propos des enfants palestiniens. Il se moque bien de ce que lui disent les Nations unies. Il se moque bien de ce que lui disent les médias. Nous sommes un pays, nous avons des frontières. Netanyahou, lui, fait respecter les siennes. Pourquoi ne pouvons-nous pas en faire autant ? (5) »

    M. John Boehner, président républicain de la Chambre des Représentants, a donc, sans prévenir M. Obama, invité cet homme à poigne afin qu’il explique aux parlementaires américains que la politique iranienne de la Maison Blanche menace l’existence même d’Israël. Spécialiste de la communication et ayant une longue expérience des Etats-Unis, où il fut ambassadeur de son pays auprès des Nations unies (ce qui lui valut des centaines d’invitations dans les médias), le premier ministre israélien n’a pas manqué de se recueillir devant le mur des Lamentations (et quelques caméras) avant de s’envoler pour Washington. Et d’y assimiler sans relâche le régime iranien avec celui du IIIe Reich.

     Lire Trita Parsi, « Le temps de la haine entre les Etats-Unis et l’Iran est-il révolu ? », Le Monde diplomatique, mars 2015, en kiosques.Devant le caractère grossier — pour ne pas dire la grossièreté — de la démarche, M. Obama s’est montré plus audacieux qu’il n’en a l’habitude : il a fait savoir aussitôt qu’il ne recevrait pas le premier ministre israélien. Et même que ni son vice-président Joseph Biden ni son secrétaire d’Etat John Kerry n’assisteraient au discours solennel du chef du Likoud, destiné à pourfendre la politique étrangère de leur administration sous un tonnerre d’applaudissements parlementaires. Il y a près de trois ans, pour expliquer l’engagement inhabituellement voyant de M. Netanyahou dans la campagne présidentielle de M. Mitt Romney contre M. Obama, le quotidien israélien Haaretz soulignait déjà que le premier ministre israélien « ne parle pas seulement anglais, ou même américain, il parle couramment le républicain. »

    Sa fastidieuse diatribe devant le Congrès des Etats-Unis permettra-t-elle à M. Netanyahou de rendre politiquement impossible tout accord entre Washington et Téhéran en présentant celui-ci comme un nouveau Munich, et M. Obama comme un Chamberlain nouvelle manière ? Lui assurera-t-elle un avantage électoral grâce auquel il l’emportera une nouvelle fois lors du scrutin du 17 mars prochain (lire Marius Schattner, « Le coup de poker de M. Netanyahou ») ? En tout cas, cette fois, « Bibi l’Américain » semble avoir réalisé l’impossible aux Etats-Unis : il a indisposé une partie de l’opinion publique, qui lui était jusqu’alors largement acquise quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise.

  • La liberté d'expression de Mr Dumas

    Tollé après les propos de Dumas sur Valls

    Publié le 16/02/2015 à 10:07, Mis à jour le 16/02/2015 à 15:31

    A la Une

    Le Premier ministre Manuel Valls et sa femme Anne Gravoin, à l'hôtel Matignon, à Paris - Joel Saget - AFP/Archives
    Le Premier ministre Manuel Valls et sa femme Anne Gravoin, à l'hôtel Matignon, à Paris Joel Saget  /  AFP/Archives

    L'ex-ministre PS des Affaires étrangères Roland Dumas a provoqué un tollé lundi en affirmant sur RMC et BFMTV que Manuel Valls était "probablement" sous influence juive, évoquant ses "alliances personnelles" et, sans la nommer, l'épouse du Premier ministre, Anne Gravoin.

    Le Premier ministre est-il sous influence juive, l'invite à préciser le journaliste Jean-Jacques Bourdin après des propos tenus par M. Dumas en ce sens. "Probablement", "je peux le penser", a répondu l'ancien président du Conseil constitutionnel, âgé de 92 ans. "Il a des alliances personnelles qui font qu'il a des préjugés. Chacun sait qu'il est marié avec quelqu'un, quelqu'un de très bien d'ailleurs, qui a de l'influence sur lui", a-t-il également déclaré.

    Manuel Valls est régulièrement attaqué avec cet argument dans les milieux proches de l'extrême droite et ceux proches de Dieudonné M'Bala M'Bala, qui avait qualifié l'actuel Premier ministre "de petit soldat israélien veule et docile".

    Dans un dossier consacré à M. Valls, le 30 janvier 2014, le très droitier hebdomadaire Valeurs Actuelles écrivait notamment: "De nombreuses sources, Place Beauvau, attestent du +jusqu'au-boutisme+ d'Anne Gravoin, elle-même membre de la communauté juive, dans la lutte contre l'humoriste controversé (Dieudonné, NDLR). Une influence qui expliquerait que Manuel Valls ait mis tout son poids dans un combat pourtant loin d'être prioritaire".

    "Les mots de Roland Dumas sont inadmissibles et dangereux", a dénoncé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll sur Tweeter.

    La ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a déploré, également sur Twitter, des propos "atterrants". "Roland Dumas nourrit l'antisémitisme ordinaire. Soutien à tous ceux qui combattent la haine".

    Ce sont des "propos inacceptables", qui "dépassent l'entendement en mettant en cause le Premier ministre avec un vocabulaire d'extrême droite", a renchéri le PS dans un communiqué.

    "C'est lamentable. C'est le discours des années 30 sur la France enjuivée. J'ai connu Roland Dumas résistant et pas reprenant le discours de ceux qu'il combattait", a renchéri le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis sur TV5 Monde.

    Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, s'est dit "révulsé". Proche de Manuel Valls, le sénateur PS Luc Carvounas a dénoncé des "propos nauséabonds", en rappelant que M. Dumas avait "apporté son soutien à Dieudonné en 2006" tandis que l'ex-ministre Benoît Hamon a lâché: "Dumas est écœurant".

    Claude Bartolone, le président PS de l'Assemblée nationale, s'est dit, également sur Twitter, "révolté" par des propos "qui relèvent d’un antisémitisme ordinaire et d’un complotisme délirant", appelant à "ne rien laisser passer".

    Jean-Jacques Urvoas, le président PS de la commission des Lois de l'Assemblée, proche du chef du gouvernement, a ironisé en postant sur Twitter: "Pour la 1ère fois je me sens gaulliste: la vieillesse est un naufrage. Dumas le démontre".

     

    Dumas 'tordu', disait Mitterrand

    Pour Carlos Da Silva, porte-parole du PS, "Roland Dumas a perdu les pédales". "Il faut qu'il arrête de s'exprimer. Des tombes ont été profanées, des citoyens français attaqués parce qu'ils étaient juifs, voilà de quoi on parle!", a dénoncé ce proche de M. Valls sur Europe 1.

    Jérôme Guedj, président PS du Conseil général de l'Essonne, a pour sa part jugé que "les mots choisis de Dumas sont assassins. Pas d'excuse dans l'âge: vieux ou jeune, c'est le même antisémitisme, qui va des mots au meurtre".

    A droite, les propos de l'ancien ministre de François Mitterrand ont également été condamnés: " Les propos de Roland Dumas sur sont inadmissibles et proprement scandaleux Quel naufrage!", a tweeté l'ancien ministre UMP des Transports Dominique Bussereau.

    "Roland Dumas va avoir 93 ans... L'âge du silence médiatique... ou de la révélation de la vraie personnalité? Ses propos sont odieux... comme lui?", a réagi le sénateur et ex-ministre UMP Roger Karoutchi.

    Roland Dumas avait été proche de François Mitterrand, ce qui n'empêchait pas ce dernier de porter un regard sévère sur lui: "J'ai deux avocats, Robert Badinter pour le droit, Roland Dumas pour le tordu", disait l'ancien chef de l'Etat.

    M. Dumas, ancien résistant et fils de résistant fusillé, a par ailleurs rejeté lundi l'expression "islamo-fascisme" employée par M. Valls. "Le fascisme, c'était pas ça, l’hitlérisme non plus, il ne faut pas exagérer". "Il y a une sorte d'escalade qui se produit, moi j'appelle à la raison", a-t-il dit.

     

  • La Licra, son livre contre le racisme ...

    La Licra, son livre contre le racisme et l'antisémitisme : un prêche partial pro-israélien

    Publié le 06-02-2015 à 18h13 - Modifié le 07-02-2015 à 10h51

    139 réactions | 42945 lu

    Temps de lecture Temps de lecture : 4 minutes

    Avatar de Pascal Boniface

    Par 
    Directeur de l'IRIS
     

    LE PLUS. En septembre dernier, la Licra a publié un ouvrage rassemblant 100 textes, relatifs à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Problème, quand il est question d'Israël, il n'est jamais question de Palestine. Pour Pascal Boniface, qui a décortiqué les textes, ce traitement de la question du racisme et de l'antisémitisme est extrêmement problématique.

    Édité par Henri Rouillier  Auteur parrainé par Maxime Bellec

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    Antoine Spire, l'un des co-directeurs de l'ouvrage de la Licra, ici le 30 octobre 2012 (REVELLI-BEAUMONT/SIPA).

     

    La Licra a édité en septembre 2014 "100 mots pour se comprendre, contre le racisme et l’antisémitisme", sous la direction d’Antoine Spire et Mano Siri, aux éditions "Le bord de l’eau".

     

    Ce livre vient d’être publié sur le site Eduscol du ministère de l’Education nationale, qui a récemmentrenouvelé son partenariat avec la Licra, pour des interventions dans des établissements scolaires, ou la formation des formateurs.

     

    Un traitement fondamentalement partial de la question


    Combattre le racisme et l’antisémitisme, rien de plus nécessaire. Il n’est pas certain que ce livre y contribue réellement. On parle beaucoup d’éviter d’importer le conflit du Proche-Orient en France. J’ai déjà eu l’occasion de dire que ceci me paraissait vain, ce conflit étant de fait déjà importé. Le véritable objectif doit être d’en limiter les conséquences négatives sur notre société.


    Le livre en question aborde bien le sujet, mais de façon tout à fait partiale. La volonté de donner un visage positif d’Israël est nette. L’entrée Israël est rédigée par Frédéric Encel. On peut y lire (p.93) :

     

    "Seule authentique démocratie au Moyen-Orient, Israël fut confronté dès sa création au rejet quasi unanime des voisins arabes, et mena plusieurs guerres pour asseoir son existence."

     

    Des élèves qui auraient fait un peu d’histoire pourraient s’interroger sur qui fut à l’origine de guerres en 1956, 1967 et 1982.


    Rassurons-nous, le processus de paix "finira sans doute par aboutir à un partage territorial entre l’État juif d’Israël et un État arabe de Palestine". On ne sait pas trop quand. Mais aucun mot sur l’occupation, les checkpoints, la répression ou la colonisation, pour ne pas parler du blocus de Gaza.


    "Quant au racisme, s’il existe hélas autant en Israël que dans d’autres pays, celui-ci tombe sous le coup de la Loi." (p.94)


    C’est oublier un peu rapidement les multiples déclarations de l’extrême-droite israélienne ou les manifestations où l'on crie "mort aux Arabes".


    On apprend aussi, à la même page, qu’"une forte minorité arabophone dispose des mêmes droits et devoirs civiques que ceux de la majorité juive."

     

    D'énormes oublis, dont le mot "islamophobie"


    Le terme Palestine, Palestiniens, n’apparaît pas. Le terme sionisme (antisionisme), oui. Il est jugé utile d’écrire que "l’arrivée d’Hitler au pouvoir et les débuts de la Shoah accompagnent la montée en puissance du mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini qui croit pouvoir, en soutenant les nazis, contribuer à liquider la question juive de Palestine." (p.140)


    Mais rien sur les attentats des extrémistes juifs pour faire partir les Britanniques avant la création d’Israël. On apprend que "les armées arabes pourtant supérieures en nombre perdent la guerre" (de 1948) et qu’"Israël conquiert 26% de territoires supplémentaires par rapport au plan de partage."


    Mais les termes de "réfugiés" ou "nakba" n’apparaissent pas.


    Un chapitre est consacré au terrorisme, qui est réduit à sa dimension islamiste.


    Le terme islamophobie est absent, et celui d’islamiste assimilé à islamiste radical ou terroriste, sans nuance. On apprend dans l’introduction (p.13) : "Chaque islamiste contribue un peu plus à diaboliser l’Islam." Ennahda, l’AKP, les Frères musulmans, le Hamas, Al-Qaida, Daesh, tous dans le même sac ?

     

    Une présentation grossière et biaisée

     


    Peut-être certains lecteurs adhéreront à ce type de message et en tireront une approche plus favorable à Israël. On peut penser qu’une partie non négligeable y verra un souci de donner aux évènements du Proche-Orient une lecture biaisée et pro-israélienne. Que tous ne sont pas à ce point ignorants de la situation et que le caractère excessif du parti-pris dans un document censé rassembler leur sautera aux yeux.

     

    Cela les conduira à contester ce document. Va-t-on dès lors dire qu’ils contestent l’objectif de la lutte contre le racisme ?


    Parmi les rédacteurs, on retrouve Robert Redeker, présenté comme "philosophe, menacé de mort suite à une tribune parue dans Le Figaro". Les menaces reçues par Redeker sont inadmissibles. Chacun doit exprimer sa solidarité pour dénoncer de telles menaces. Cela n’oblige pourtant pas à adhérer à ses propos qui permettent de se demander s’il est réellement bien placé pour participer à un outil pédagogique de lutte contre le racisme.

     

    Rappelons quelques extraits de sa prose de l’époque, dans "Le Figaro", du 19 septembre 2006 : "Le Coran est un livre d’inouïe violence" ; l'islam est "une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine" ; Mahomet est "un chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame". 


    On conviendra que ceci ne le rend pas très crédible pour participer à un manuel de lutte contre le racisme. Que sa présence peut légitimement être reçue par les musulmans comme une provocation.


    Y-a-t-il quelqu’un qui au ministère a relu ce livre avant de le référencer ?


    Ses auteurs ont manifestement choisi de privilégier la défense d’Israël à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. C’est leur libre-choix. Que l’Éducation nationale le cautionne officiellement est beaucoup plus discutable, et risque plus de faire monter les tensions que de susciter de l’apaisement.

     

     

     

     

     

    Sur le web : Le défenseur des droits appelle à lutter contre le racisme
     
     
  • Les médias français frileux sur Gaza

     

    Décryptage
    CAROLINE CONSTANT ET 
JUSTINE REIX
    VENDREDI, 8 AOÛT, 2014
    L'HUMANITÉ
    Il aura fallu presque un mois de conflit pour que les télévisions et les radios prennent conscience 
du massacre perpétré à Gaza par l’armée israélienne. Et encore…
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    Après un mois de conflit à Gaza, un constat s’impose : les radios et les télévisions françaises n’arrivent pas à le rapporter. Nul autre conflit sur la planète n’a le droit à cette volonté d’équilibrer à tout prix l’information sur les deux camps. Du 8 juillet au 6 août, les journaux de TF1, France 2 ou BFMTV et les matinales de France Inter et d’Europe 1 ont été scrutés à la loupe.

    1 Égalité de traitement entre l’agresseur et l’agressé ?

    D’emblée, ce qui choque le plus est sans doute la volonté de tracer un signe d’égalité entre la cinquième armée du monde et une population empêchée de fuir puisque enclavée, qui subit un déluge de bombes. Cette volonté de parité joue à la fois sur le temps consacré à chacune des parties, et aussi sur la volonté de mettre en avant les dommages causés par la guerre des deux côtés de l’enclave palestinienne. Idem pour les reportages diffusés : à la détresse de Gazaouis, qui ont perdu leur famille et leur maison, répondent des images frôlant parfois le mauvais goût. Comme mardi dernier, sur France 2, où le journal s’ouvre sur des images embarquées avec les soldats et deux civils israéliens qui font part de leur ressenti sur la trêve. Le second témoin civil, du fond de son jardin, dit alors, sans être recadré : « On aurait dû frapper encore plus fort, les anéantir. » Soit un appel au génocide, sur une chaîne publique, à 20 heures, même pas souligné par le présentateur, Julian Bugier, ni le reporter. Sous couvert d’une sacro-sainte « neutralité », les chaînes accordent la même importance à une terrasse désertée et à un quartier rasé.

    2 Le champ lexical utilisé 
n’est pas anodin.

    Il est fréquent que le terme employé pour nommer l’armée israélienne soit « tsahal ». Or, cette désignation est utilisée par les Israéliens avec une connotation « familière et affective », relève le journaliste Akrad Belkaïd. La manier sans recul n’est donc pas anodin. Il n’est jamais non plus, ou presque, fait mention de « territoires occupés », et encore moins, évidemment, de « résistance palestinienne ». Mais de « tunnels » dans Gaza et de « terrorisme du Hamas ». Qui finissent du coup par englober la population civile. De la même façon, toutes chaînes et radios confondues ont repris en chœur, au moment de la disparition d’un soldat israélien, le 1er août, les termes d’« otage » ou d’« enlèvement ». Alors que ledit soldat est par définition un prisonnier de guerre. La disproportion des chiffres est ainsi éludée, aussi, en mettant en avant un cas individuel, face aux 1 800 morts de Gaza. Au mieux, quand le terme « colonisation » est évoqué, comme par une élue marseillaise, le 30 juillet, sur Europe 1, il est tout de suite repris et atténué par une deuxième personne (un autre élu, en l’occurrence). Cela posé, les médias ont été forcés d’évoluer au fur et à mesure qu’arrivaient des images de Gaza : la vidéo des enfants palestiniens tués sur la plage, diffusée pour la première fois sur TF1 le 16 juillet, a ainsi agi en déclencheur. À noter que, pour le coup, le champ lexical pour qualifier les manifestants pro-Palestiniens a évolué à ce moment. Même si l’agresseur reste dans un statut d’agressé, lorsque radios et télévisions reprennent en chœur les communiqués officiels d’Israël.



    3La loi du mort/kilomètre 
est la plus forte.

    L’été rime souvent avec faits divers et sujets bidon dans les journaux télévisés, et ce mois de juillet n’a pas dérogé à la règle : les sujets d’été sur le parfum des glaces, les chassés-croisés de vacanciers sur les routes ou encore… la pluie font florès. Le phénomène de « la loi du mort/kilomètre », qui veut qu’un mort proche de chez soi émeuve autant que mille aux Antipodes, se ressent encore plus lorsque le public a les pieds en éventail. Les sujets de ce type ont disputé l’ouverture des journaux à Gaza. Avec une prime au week-end dernier, où les bouchons sur les routes de France ont régalé les rédactions de TF1 et France 2. Pire : le mauvais goût. TF1 a ainsi procédé à une incroyable transition mi-juillet : après avoir décompté les morts et des destructions, côté palestinien, le présentateur a enchaîné avec un reportage vantant les mérites de vacances en Israël…

    4 Les experts ne se bousculent pas aux micros.

    La télévision est friande d’analystes en tout genre. Pour le coup, sur le conflit en cours, elle a été d’une totale discrétion. Jusqu’à jeudi matin, aucune chaîne de radio ou de télévision n’a invité de véritable commentateur, hors Charles Enderlain, sur France 2, qui est journaliste. Au-delà, les intervenants traditionnels sur le conflit ont aussi été boudés. Leïla Chahid intervient bien sur RFI le 21 juillet, mais pas ailleurs. Pour autant, quand elles se décident à sortir de ce mutisme, radios et télévisions font sens : ainsi sur France 24, le 22 juillet, Majed Bamya, diplomate palestinien au ministère des Affaires étrangères, démonte point par point l’argumentaire de l’autre invité, Yaron Gamburg, porte-parole de l’ambassade d’Israël en France. Et raconte surtout la réalité de Gaza

  • Le lobby juif : Attaque contre la liberté d’expression (26ème partie

     

    par Frank BRUNNER


    En date du 7 octobre 2014, la Cour de Justice de Genève a rendu, à mon encontre, un jugement me condamnant à 5 mois de prison ferme dans le litige qui m’oppose, depuis fin janvier 2009, à la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD), une organisation du lobby juif opérant depuis Genève.


    Suisse

    Ce qui est frappant, quand on lit cet arrêt long de 51 pages, c’est que l’argumentation repose sur des fragments de mes articles et commentaires systématiquement présentés comme étant mensongers. Il en a été de même tout au long de cette procédure judiciaire. Pourtant, deux gros classeurs de preuves ont été remis à la Cour afin d’attester de la véracité de mes critiques. Encore ne s’agissait-il que d’échantillons de toutes les preuves qu’on aurait pu produire dans chaque cas. A aucun moment il n’est tenu compte de ces preuves. Aucune de ces preuves n’est jamais citée, alors même que la Cour soutient que je mentirais, voire que je calomnierais.

    S’agissant du révisionnisme, la Cour de Justice refuse explicitement d’entrer en matière sur les preuves. Elle se retranche derrière un arrêt du Tribunal fédéral suisse selon lequel le génocide des juifs est un fait notoire dont la véracité n’a pas à être prouvée. C’est-à-dire que, quelles que soient les preuves qu’ils puissent produire à l’appui de leurs thèses, les révisionnistes n’ont aucune justice à attendre des tribunaux. Quant à ceux qui traitent les révisionnistes de « faussaires de l’histoire », ils n’ont jamais à prouver que leurs allégations sont fondées. Ils peuvent affirmer que 6 millions, 60 millions ou 600 millions de juifs ont été exterminés ici ou là-bas, jamais aucune preuve ne sera exigée d’eux. On est vraiment aux antipodes de la justice telle que la conçoit le sens commun.

    Par ailleurs, en lisant l’arrêt de la Cour de Justice, on relève un certain nombre d’allégations totalement infondées. Ainsi, par exemple, page 22, chiffre e, : « De son avis [Frank Brunner], la CICAD avait pris le contrôle du gouvernement[genevois] et écartait quiconque voulait critiquer l’Etat d’Israël et les juifs ».

    Je n’ai jamais rien écrit de tel et j’ignore sur quoi repose cette allégation.

    Page 36, la Cour cite une série de mes critiques à l’égard des juifs ou du lobby juif et conclut : « Pour toutes ces raisons, il[Frank Brunner] considère que l’extermination des juifs serait un bienfait pour l’humanité et que ces derniers devraient être expulsés des administrations et gouvernements ».

    En réalité, si je préconise l’expulsion des juifs des administrations et des gouvernements, c’est en raison du comportement des sayanim -les juifs collaborant sur demande avec le Mossad-, dont la Cour affecte d’ignorer l’existence, en sorte que mon propos apparaisse comme une volonté de discrimination dénuée de fondement. Or, à mon sens, ce n’est pas plus discriminatoire que le fait de refuser d’embaucher dans la police une personne titulaire d’un casier judiciaire. On considère a priori qu’une personne titulaire d’un casier judiciaire ne serait pas un policier fiable. Dans le cas des juifs, le risque d’espionnage est manifestement très élevé. La plupart de leurs organisations et ceux qui sont censés représenter leur communauté font ostentation de leur allégeance à Israël.

    Quant à mon texte de 2009 sur les causes de l’antisémitisme, il énumère toute une série de faits (manifestations de soutien à Israël dans le monde entier, tentatives de réduire au silence les pro-Palestiniens, calomnies, agressions à leur encontre, etc...), ayant suscité d’abord mon indignation, puis mon aversion, et enfin un sentiment de haine à l’encontre des juifs dans le contexte de la guerre de Gaza à l’époque. Il est vraisemblable que mes sentiments, tels que je les décrits, ont été largement partagés au sein de la population. Les comportements que je dénonçais alors ont à nouveau été constatés à l’occasion du dernier carnage dans la bande de Gaza. Or, la Cour présente un sentiment suscité par des circonstances particulières et effectivement révoltantes comme s’il s’agissait d’un état d’esprit permanent. C’est comme si on affirmait qu’une personne qui, dans un contexte de massacre, a critiqué « les Boches » au cours de la seconde guerre mondiale, éprouve encore actuellement de la haine à l’égard des Allemands.

    Toujours à la page 36, la Cour m’accuse de propager une idéologie pour le motif que j’ai écrit que l’antisémitisme est suscité par le racisme juif. Le fait que le Talmud soit effectivement un torchon raciste et qu’on ne compte plus les déclarations racistes -y compris et surtout de rabbins- et les manifestations racistes de juifs, est complètement passé sous silence par la Cour. A l’en croire, le fait que les non-juifs soient assimilés à des animaux à l’égard desquels le Talmud autorise même le meurtre n’est pas censé expliquer l’aversion que les juifs ont suscitée depuis que le judaïsme existe. Selon la Cour, ma prétendue idéologie serait prouvée par une volonté de « rabaisser et dénigrer systématiquement les personnes de confession juive », alors même que je publie continuellement des articles dont les auteurs sont juifs et que je prends la défense des juifs persécutés par leurs coreligionnaires.

    Toujours à la page 36, la Cour m’accuse de développer « la thèse de la conspiration juive contre l’Occident », alors que je n’ai jamais usé de cette formule. J’ai écrit que le lobby juif constitue une menace pour la démocratie, parce qu’il s’efforce systématiquement de corrompre les élus de tous bords afin d’imposer partout une politique pro-israélienne. Les preuves abondent et des juifs antisionistes dénoncent eux-mêmes continuellement cette politique. Au demeurant, la Cour semble confondre mes écrits avec ceux d’une autre personne évoquée dans un arrêt du Tribunal fédéral où il est question d’« Occident chrétien ». Elle mentionne cet arrêt à la page 33.

    A la page 37, avant-dernier paragraphe, la Cour affirme que j’aurais reconnu, devant le Tribunal de police, « être motivé par des mobiles de haine et de discrimination raciale », alors que je n’ai jamais rien dit de tel. Il semble, là encore, qu’on fasse une extrapolation à partir de mon article sur les causes de l’antisémitisme pour présenter les sentiments décrits en 2009 comme un état d’esprit permanent.

    A la page 39, la Cour mentionne certaines de mes critiques relatives à la CICAD et à ses dirigeants, en présentant ces critiques comme des calomnies, alors que les preuves de leur véracité ont été produites, ce que la Cour s’abstient évidemment de mentionner. Ces preuves figurent dans un mémoire de 12 pages qui énumère des calomnies avérées des dirigeants de la CICAD, soit dans leurs plaintes pénales, soit dans leurs déclarations aux magistrats. Encore ce mémoire ne couvre-t-il qu’une partie de la procédure.

    En résumé, l’arrêt de la Cour de Justice genevoise est un cas d’école en matière d’appréciation arbitraire des preuves. De toute évidence, les juges ne veulent pas savoir et ferment délibérément les yeux sur tout ce qui contredit les allégations de l’accusation. Le fait que je produise les preuves de la véracité de mes écrits est retenu comme une circonstance aggravante. En effet, à la page 46, on peut lire : « Il [Frank Brunner] ne cesse de s’ériger en victime et refuse de remettre ses agissements en question, s’entêtant à vouloir prouver la véracité de ses propos ».

    Frank BRUNNER

    AUTEURS