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Politique française - Page 8

  • BAC de Marseille : l’omertà

    SOCIÉTÉ

    BAC de Marseille : l’omertà

    16 octobre 2012 à 19:26
    (Dessin Alain Brillon)
    Par DOMINIQUE MANOTTI Auteure de polars

    Il y a trois ans, j’ai publié un roman noir, Bien connu des services de police (1), qui était une chronique de la vie quotidienne d’un commissariat dans une ville du 9-3, avec sa BAC, évidemment. Lorsque je l’ai écrit, j’ai eu le souci constant de ne jamais forcer le trait, de rester mesurée pour avoir une toute petite chance d’être crédible. Il n’empêche. Pendant près de deux ans, j’ai rencontré mes lecteurs pour discuter de ce livre. A chaque rencontre, sans exceptions, revenaient des remarques comme : «C’est vrai ce que vous racontez ? On ne peut pas y croire !» ; «Non, ce n’est pas possible, pas chez nous, pas à ce point.»Parfois, rarement, des policiers en exercice participaient aux rencontres. Leur avis était unanime : «Vous caricaturez à partir de brebis galeuses très rares et très isolées, qui sont des cas non significatifs.»

    Je dois reconnaître que, sous les coups de la BAC de Marseille-Nord, des lecteurs que je rencontre maintenant me disent : «Finalement, vous aviez raison.» Quand tout un service dérape lourdement pendant des années, il n’est plus possible de parler de brebis galeuses. Mais une autre question se pose : comment la société française a-t-elle fait pour éviter pendant aussi longtemps de voir, de regarder, de reconnaître les problèmes moraux, sociaux, politiques que lui posait le fonctionnement de sa police ? Etaient-ils si profondément cachés qu’il était impossible de soupçonner leur existence ? Non. J’ai travaillé à partir de sources accessibles à tous : des témoignages d’habitants des quartiers, de victimes de bavures, et à partir du suivi de nombreux procès dans lesquels des policiers étaient partie prenante. L’état des lieux est parfaitement connu, et toléré pour des raisons diverses, de la hiérarchie intermédiaire qui n’est pas composée d’imbéciles. La question peut être reformulée ainsi : pourquoi l’information disponible sur les dysfonctionnements de la police ne circule-t-elle pas largement dans la société ?

    Je propose quelques réponses très polémiques. C’est le but du jeu, non ? D’abord, un problème avec la majorité des journalistes, la masse d’entre eux qui fait l’opinion. Leur source d’information majeure, souvent unique, sur les affaires qui impliquent la police, est la police elle-même, par l’intermédiaire de porte-parole officieux que sont les syndicats policiers. Le résultat est celui qu’on peut attendre avec de telles méthodes. Nul. Les chercheurs en sciences sociales. J’ai été très surprise de voir l’accueil fait à l’analyse très critique et très documentée que Didier Fassin (2) a publié l’an dernier sur le fonctionnement d’une BAC de la région parisienne, qui recoupait presque point par point ce qui constituait la matière de mon propre roman. La réaction des «chers collègues» a été : «C’est peut-être vrai, on a des doutes, mais si c’est vrai, il ne peut s’agir que d’un cas isolé.» Les spécialistes de la police ont-ils perdu tout recul par rapport à l’objet de leur étude ? En tout cas, ils n’ont pas rempli de façon satisfaisante leur rôle de signal d’alerte. Les juges. Là, les responsabilités sont très lourdes. La justice a couvert presque systématiquement et par tous les moyens à sa disposition les dérapages policiers face à la population. Pour me faire bien comprendre, je prends un exemple. En 1997, un policier d’une BAC, à Fontainebleau, abat d’une balle dans la nuque un jeune de 16 ans au volant d’une voiture en fuite. Il plaide la légitime défense. En 2001, la Cour de cassation confirme la légitime défense, en se référant à un arrêt de la Cour de 1825 qui donne, pour les policiers, une définition très extensive de la légitime défense. Les juges savent, et choisissent. Ce choix de politique judiciaire est le pivot du sentiment d’impunité qui fonde toutes les dérives policières, en particulier celles des BAC.

    Enfin, et ce n’est pas la moindre des raisons, la façon dont les policiers eux-mêmes voient leur profession. Le corps de la police doit être opaque face à l’extérieur et soudé à l’intérieur. Quelques règles de vie : un policier doit toujours être solidaire de tous ses collègues, quelles que soient les circonstances, il ne doit jamais témoigner contre un de ses collègues, et ne jamais avouer une faute. Le faux témoignage, rédigé en groupe de préférence, est un mode de fonctionnement courant dans la police, et pour ma part, dans les procès que j’ai fréquentés, je ne l’ai jamais vu sanctionné par la justice. Cette solidarité à toute épreuve a un nom : c’est l’omertà mafieuse. Tous ceux qui prennent part au fonctionnement de l’institution policière (hiérarchie policière, juges) en connaissent la réalité, mais l’ensemble de ces dysfonctionnements explique que l’information n’irrigue pas, comme elle le devrait, la société «civile». Sauf dans des moments de crises ouvertes comme aujourd’hui avec la BAC de Marseille. Les auteurs de romans noirs ont encore de beaux jours devant eux.

    (1) Folio, 2010. (2) «La Force de l’ordre», Seuil, 2011.

  • "Coup de filet" d'islamistes:la parole policière...

    "Coup de filet" d'islamistes: la parole policière, vérité révélée pour les médias ?

    Editeur
     

    LE PLUS. Douze interpellations, un mort, et un traitement médiatique qui questionne Eric Hazan, fondateur des éditions La Fabrique. Selon lui, les médias ont couvert les arrestations d'hommes soupçonnés d'appartenir à une cellule terroriste en prenant la parole policière pour parole d'évangile, sans recul. Et sans tenir compte des précédents...


     Opération anti-terroriste à Strasbourg, le 6 octobre 2012 (P. HERTZOG/AFP)

    Opération anti-terroriste à Strasbourg, le 6 octobre 2012 (P. HERTZOG/AFP)

     

    Dans l’affaire de la "cellule terroriste démantelée" à Strasbourg et à Cannes au début du mois d’octobre, les médias ont été unanimes à reprendre sans état d’âme les déclarations de la police. Aucun conditionnel, aucune petite phrase prudente permettant une retraite éventuelle en bon ordre.

     

    RER D, incendie rue Popincourt, Tarnac...

     

    Ce n’est pas la première fois. On se souvient de l’agression antisémite du RER D en 2004, de cette jeune femme victime de "6 étrangers, dont 4 Maghrébins et 2 Noirs", un acte odieux dénoncé par toute la presse, par le président Chirac, par Villepin, ministre de l’Intérieur, par toute la classe politique, droite et gauche mêlées. Dommage, c’était une mythomane.

     

    On n’a pas oublié non plus le scandaleux incendie criminel du centre social juif de la rue Popincourt, la même année : le ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, était venu à Paris pour visiter les lieux et critiquer le laxisme français face aux actes antisémites. Pas de chance, là non plus : l’incendie était l’œuvre d’un vieux fou, juif de surcroît. Dans un cas comme dans l’autre, tous les médias ont donné dans le panneau, aucun sauf erreur n’a présenté d’excuses.

     

    Plus près de nous, dans les premiers jours de "l’affaire Tarnac", presse écrite, radios et télévisions ont été unanimes à dénoncer l’action terroriste des "anarcho-autonomes", de "ce noyau dur qui avait pour objet la lutte armée", dixit le procureur Marin. "Libération" titrait en une "L’ultra-gauche déraille", "Le Point" parlait de "nihilistes clandestins", le Figaro Magazine des "caténaires de la peur", France 2 de "la petite épicerie tapie dans l’ombre" qui servait de QG au "commando". Là non plus, pas d’excuses quand le montage policier s’est profilé à l’horizon.

     

    La construction d'un ennemi intérieur

     

    Dans le coup de filet récent, il est possible que Jérémie Louis-Sidney, "un converti de 33 ans, apprenti terroriste qui voulait finir martyr" (France 24) ait été abattu par des tirs de riposte des policiers, il est possible que les hommes placés en garde à vue pendant cinq jours, puis inculpés, soient bien ceux qui ont lancé une grenade contre l’épicerie juive de Sarcelles.

     

    Mais l’unanimité des médias à tenir la parole policière pour vérité révélée, l’indignation générale des politiques, l’énorme retentissement donné à toute l’affaire, tout cela a un sens. En dénonçant les dérives françaises de "l’islam radical", les médias asservis et les politiques cherchent à faire monter dans le pays un sentiment de peur.

     

    La peur est la meilleure des diversions possibles – voir ce à quoi ont servi en leur temps la grippe aviaire, la vache folle, la grippe H1N1 ou les JO de Londres. Et puis, en montrant que la barbarie n’est plus seulement à nos portes mais qu’elle est désormais parmi nous, en incriminant une fois de plus – tout en jurant le contraire – la jeunesse des quartiers populaires, on reste entre nous, on resserre les rangs, on relègue à l’arrière-plan le racisme et la misère.

     

    Construire un ennemi intérieur est un procédé politicien médiocre, mais c’est bien du camp des médiocres que proviennent souvent les plus graves dangers.

  • A propos de l’affaire Balme

    A propos de l’affaire Balme, du Front de Gauche et de « qui est pris qui croyait prendre »
    Jean Bricmont

    juillet 2012

     

    Pendant des décennies, la gauche, particulièrement la « gauche radicale », a utilisé la « lutte contre le fascisme et l’antisémitisme » (ou la « lutte contre le fascisme, le racisme et l’antisémitisme », pour être plus politiquement correct) comme arme contre l’extrême-droite et, parfois même contre la droite, en faisant fi du fait que, d’une part, cette lutte avait pour fonction essentielle de faire taire les critiques « excessives » de la politique israélienne ou de ceux qui la soutiennent en France, et, d’autre part, violait souvent des principes fondamentaux en ce qui concerne la liberté d’expression [1]

     

    Mais lorsque la même arme a été utilisée par Rue 89 contre René Balme, militant du Parti de gauche, maire de Grigny et candidat du front de gauche aux élections législatives, son parti l’a simplement abandonné, ce qui a entraîné sa démission et un communiqué particulièrement affligeant du Parti de gauche.

     

    Que reproche-t-on à René Balme ? D’avoir été l’animateur d’un site (oulala.net, aujourd’hui fermé) ou l’on trouve des articles ou des liens avec des anti-sionistes « obsessionnels » (Israël Shamir, Gilad Atzmon), avec des « complotistes » (Thierry Meyssan) ou avec Dieudonné et Soral.

     

    Personne n’a donné le moindre argument montrant que René Balme lui-même a en quoi que ce soit des opinions racistes ou antisémites. Ce que l’on fait, c’est éplucher soigneusement un site, contenant des milliers d’articles, pour en exhiber certains qui sont qualifiés de « suspects », dont on se dispense d’ailleurs d’en faire une critique détaillée.

     

    Dans le réquisitoire de Rue 89, on trouve, par exemple, des perles comme : « René Balme s’est inspiré de la télévision vénézuélienne Vive TV pour créer Vivé (pour « vidéo-vérité »), « école internationale de vidéo et de TV participative » après un voyage en 2006 au pays d’Hugo Chavez. » C’est vrai, quand on a déjà TF1, pourquoi créer d’autres médias ? Et n’est-il pas « suspect » de voyager « au pays d’Hugo Chavez » ? Par ailleurs, tout le monde sait que la TV participative est un dangereux pas vers le fascisme.

     

    La même méthode, de culpabilité par association, est d’ailleurs utilisée contre des sites comme Le Grand Soir ou celui de Michel Collon. Eh bien, jouons à ce jeu, mais différemment. Le parti travailliste israélien a participé à la colonisation des territoires occupés, à l’offensive contre Gaza, et à plusieurs guerres israéliennes. Or ce parti est dans l’Internationale Socialiste. Et, hop, culpabilité par association : tous les partis socialistes sont « liés » à la colonisation, aux guerres etc. Le tour est joué. Pire : Mélenchon, qui a appelé à voter pour les candidats socialistes aux élections présidentielle et législative, est aussi « lié à » tout cela. Ou prenons les dirigeants américains : ils ont tous des liens avec les principaux partis français et ont presque tous attaqué des pays qui ne les menaçaient pas, bombardé des civils, violé le droit international, assassiné sans jugement (au moyen de drones par exemple).

     

    Peut-on m’expliquer pourquoi être « lié » à cela est moralement plus acceptable qu’être « lié » à un film de Dieudonné ou à un livre de Meyssan ou de Soral ? La différence étant que, dans un cas, on parle de morts (par centaines de milliers), dans l’autre, de mots ou d’images. Et, dans les deux cas, on a tout autant affaire à des choix délibérés (sans doute bien plus dans le cas des partis, puisqu’on peut difficilement s’attendre à ce que René Balme, maire de Grigny, vérifie soigneusement le contenu de chaque article de son site).

     

    Je ne connais pas bien René Balme, mais pour autant que je puisse voir, il est une sorte d’écologiste radical, partisan d’une démocratie participative qui, par ailleurs, prend fait et cause pour le peuple palestinien. Le type même du « fasciste » (dans la triste France d’aujourd’hui).

     

    En réalité, à moins de vivre totalement coupé du monde, chacun a des contacts avec toutes sortes de gens, par nécessité, par hasard, par intérêt... La culpabilité par association, c’est comme la censure-elle n’est utilisée que par les forts contre les faibles et, si elle était appliquée de façon impartiale, elle mènerait vite à une condamnation universelle.

     

    Cette culpabilité par association, tout comme la censure, la diffamation, les accusations sans preuves, ne devraient pas faire partie de l’arsenal d’une gauche véritable ; pour utiliser le langage de la gauche morale, toutes ces tactiques devraient être « contraires à ses valeurs ». Mais quand il s’agit de « combattre le fascisme et l’antisémitisme », on a décidé que « tous les moyens étaient bons ». C’est la racine du problème et, ce que l’affaire Balme montre, c’est que ces moyens finissent par se retourner contre la véritable gauche elle-même. Des armes telles que censure, amalgame, diffamation, légitiment l’arbitraire et sont toujours, en fin de compte, les armes du pouvoir.

     

    Par ailleurs, quand on voit les obstacles rencontrés par les révolutions française, russe, chinoise, vietnamienne, algérienne, cubaine, iranienne, ou par des réformateurs comme Allende, Chavez et Lumumba, on peut difficilement prendre au sérieux un parti qui prétend « combattre le capitalisme » et qui capitule à la première salve du canon de la « lutte contre le fascisme et l’antisémitisme ».

     

    Jean Bricmont

     

    Note :

    [1] Voir http://www.dailymotion.com/video/xrw0zl_jean-bricmont-resister-au-sionisme-defendre-la-liberte-d-expression_news pour une discussion plus détaillée des problèmes posés par la censure, en ce qui concerne la solidarité avec la Palestine.

    Anti-fascisme - Antisémitisme - Coupable par association

     

  • Promesses Politiciennes...

    Parlons (Inter) Net
    Contrôle au faciès : Manuel Valls enterre le projet de récépissé.

    Manuel Valls : c’est une mesure « beaucoup trop bureaucratique et lourde à gérer ». Dame, contrôler, puis écrire sur un papier le nom du noir, heu, de l’ara… heu de l’individu d’apparence négroïde ou musulmane !

    Dans un second temps, et pour les mêmes raisons, il envisagerait de renoncer aux verbalisations des automobilistes mal garés. Relever le numéro d’immatriculation, écrire le PV, transmettre la souche au service qui enverra l’avis de contravention après avoir trouvé sur l’ordinateur l’adresse du fautif, recevoir une lettre en retour avec le chèque, le faire encaisser, éventuellement faire une relance, quel boulot paperassier !

    Et les élections ! On va la garder, cette usine à gaz ? Pas obligé, si les promesses électorales ne servent qu’à faire entrer Valls dans les godillots ferrés de Guéant et Hortefeux.

    Théophraste R. (Chef du bureau « Zéro papier »).

  • Le planteur de cannabis

     

    Le planteur de cannabis qui voulait être jugé comme un criminel
    Emmanuelle Germain | Journaliste

    Pierre-Michel Zipstein, 57 ans, fume entre cinq et dix joints par jour. Depuis trente ans, il fait pousser du cannabis chez lui, près de Carlucet dans le Lot. Il ne deale pas, mais le consomme avec ses amis. Il a été coincé il y a trois ans.

    Engagé au Circ – mouvement prônant la dépénalisation du cannabis –, il a alors mené jusqu’à la Cour de cassation une bataille étonnante : il a exigé d’être jugé non pas par un tribunal correctionnel, mais par le jury d’une cour d’assises spéciale : la loi considère en effet comme un crime la production de stupéfiants. Mais sa croisade, visant à mettre en lumière l’absurdité de la loi, a échoué : mercredi, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi.

    Une législation kafkaïenne

    Août 2009 : M. Zipstein est poursuivi pour la détention de 29 pieds de cannabis. Son avocat plaide par l’absurde l’incompétence du tribunal correctionnel de Cahors : il n’est pas qualifié pour juger des crimes. Les juges ne tiennent pas compte de ce qu’ils considèrent comme une provocation et condamnent Zipstein à 10 000 euros d’amende et douze mois de prison, dont six ferme.

    Il fait appel en soulevant une question prioritaire de constitutionnalité devant la cour d’Agen sur la question de l’absence de définition du mot « stupéfiant ». Jugée « sérieuse » par le tribunal d’Agen, la QPC est transmise à la Cour de cassation. C’est un échec. L’affaire revient donc devant la cour d’appel d’Agen où M. Zipstein argue à nouveau de l’incompétence de la juridiction correctionnelle. Pas de surprise, c’est un rejet.

    En dernier recours, il forme un pourvoi en cassation contre cet arrêt. Mais la Cour de cassation a rejeté sa demande en validant ce mercredi l’arrêt attaqué. Son avocat, maître Caballero, dénonce une pratique illicite du parquet. Il explique :

    « Pour le cannabis et les stupéfiants, les principes généraux du droit sont souvent violés par la jurisprudence et en particulier par la chambre criminelle de la Cour de cassation. En rejetant le pourvoi, elle dit que les tribunaux correctionnels sont compétents pour juger les planteurs. C’est une fois de plus une violation de la procédure pénale, du droit pénal, et des principes normaux dans une société démocratique. Ça me choque, la loi est mal faite. »

    Des peines inapplicables ?

    Les faits reprochés constituent un délit de détention de stupéfiant (article 222-37 du code pénal) mais aussi un crime de production (article 222-35), une infraction relevant de la compétence exclusive de la cour d’assises spéciale (article 706-27 du code de procédure pénale).

    L’avocat dénonce une technique de « correctionnalisation » du parquet, pratique illégale qui consiste à négliger la primauté de la qualification criminelle sur la qualification correctionnelle.

    Cette mauvaise habitude évite l’encombrement des cours d’assises spéciales et permet de mieux contourner la loi. Car « vingt ans de réclusion pour quelques plants de cannabis dans son jardin, c’est une peine manifestement disproportionnée », souligne maître Caballero.

    Hippie des premières heures qui assure ne pas être « redescendu depuis l’île de Wight en 68 », héritier d’une famille enrichie dans la distribution (les magasins Hamon), Pierre-Michel Zipstein revendique son mode de vie :

    « Depuis plus de quarante ans, la justice m’ennuie pour le cannabis. J’ai bientôt 60 ans et je continue à me battre pour sa légalisation. Je n’ai pas le choix : je suis consommateur, j’en fais pousser, ils me poursuivent, donc je me défends. »

    « J’adore la peine de prison »

    Sur sa propriété de 50 hectares, ce « pur et dur » comme il se décrit, ne craint plus les hélicoptères de la gendarmerie qui repèrent ses plantations :

    « Je continue de planter pour ma consommation. Je me bats pour les 5 à 10 millions de consommateurs que nous sommes en France et que la justice ne veut pas reconnaître. »

    Il ne craint pas la prison ou le bracelet qui l’attend :

    « J’adore la peine de prison qu’on me donne à chaque fois ! De toute façon, ils ont fermé la prison du coin donc ils vont devoir me mettre un bracelet électronique. Sauf que moi, je suis hippie, j’adore les bracelets ! Ce qui m’ennuie le plus dans l’histoire, c’est cette amende. »

    Jardinier bio, Zipstein milite chez les Verts. Mais sa philosophie de vie va au-delà d’un banal engagement politique : 

    « La guerre de la drogue, ça fait quarante ans qu’elle dure, et c’est toujours les mêmes hypocrisies. Moi, ça m’est égal, je suis là pour continuer l’histoire, de toute façon je suis déjà tellement repéré, ils ne peuvent pas me repérer plus ! Faudrait que la loi change et elle va changer. La lutte continue tant que le cannabis ne sera pas dépénalisé ou légalisé. »