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Monde - Page 8

  • La poussière sous le tapis

     

    Il ne fait pas de doute que le triste record de progression du taux de CO2 dans l’atmosphère soit passé aux pertes et profits de la société de consommation, comme si désormais l’effondrement total( la destruction programmée de toute vie sur terre) était considéré comme inéluctable.

    Quoi que l’on fasse ou quoi que l’on dise, aucuns des acteurs majeurs de la fuite en avant sociétale et économique du monde ne désire réellement se passer de son pouvoir de nuisance. Le FMI vient à point nommé nous rappeler aujourd’hui que les 0.5 % plus riches de la population mondiale détiennent à eux seuls 35 % de la richesse de ce bas monde.

    Comme ceux-là mêmes qui spolient effrontément tous les autres n’ont aucune envie de se passer de cette part du gâteau, il n’y a aucune chance que le reste de l’humanité se contente de bouffer des miettes, aussi la seule issue possible reste la poursuite de la mondialisation qui perpétue les inégalités et protège les oligarchies mondiales. Ce système intègre le fait de dégrader tant et plus les derniers arpents de terres vierges, les dernières gouttes d’or noir et les derniers camps retranchés du bon sens commun.

    La société de consommation est l’ultime féodalité, faite de terre brûlée, de saccages environnementaux, de destruction massive des écosystèmes, de transformation du bien durable en un austère périmètre de subsistance artificielle. De compétition généralisée entre les hommes, d’esclavagisme intellectuel pour la multitude.

    Tout ce qui est périssable, et les ressources carbonées en sont l’exemple emblématique, doit être exploité, vendu, converti en royalties pour une bande de profiteurs occultes. Jusqu’à transformation complète de notre lieu de vie ancestral. Les dégâts collatéraux sont énormes mais ceux-ci participent de la croissance, comme la guerre participe du PIB global.

    Comme le nettoyage d’une plage participe autant de la croissance que la marée noire qui le rend nécessaire.

    Alors comme l’alerte du franchissement du seuil de 400 ppm de CO2 dans l’atmosphère n’a ému personne, d’aucuns se demande déjà comment faire du business avec l’enfouissement de ce CO2 dans le sous-sol.

    Voilà la méthode absolue, le green business, la croissance verte comme ils disent.

    Produisons tant et plus du CO2, ne nous soucions plus des moyens de ne plus en produire mais trouvons plutôt les moyens de l’enfouir dans le sous-sol, comme une vulgaire poussière qu’on aurait envie de planquer sous le tapis. Cela aura au moins l’avantage de contenter tout le monde, les producteurs et les nettoyeurs, qui récolterons les fruits de l’ingéniosité économique, à défaut de ceux de l’intelligence écologique.

    L’idée se fait donc jour dans la tête de nos apprentis-sorciers modernes de capter à la source le CO2 produit et de l’envoyer dans des couches de terrain, traduisant dans les gestes l’argumentaire des planqueurs de déchets nucléaires. Cette solution est le plan de la CCS la Carbon Capture and Storage, basée sur une technologie controversée et risquée.

    il s'agit rien moins que de capter le CO2 dans les lieux industriels les plus pollueurs, puis de le transporter par des pipe-lines ou par bateau, pour l'enfouir enfin sous terre. Greenpeace a déjà fustigé cette solution qui ne serait viable à grande échelle que dans une vingtaine d'année mais qui a surtout l'inconvénient de produire elle-même de la pollution par l'énergie nécessaire et émettrice de gaz à effet de serre, autant durant les opérations d'extraction que d'enfouissement et de transport.

    Comme si le green business n'était qu'une vaste plaisanterie destinée à rassurer l'opinion sur l'infaillibilité de l'économie de marché. Comme si le développement n'avait de durable que le temps du profit.

  • LA SOUS-CATASTROPHE DU BANGLADESH

    09h16 le neuf-quinze
    LA SOUS-CATASTROPHE DU BANGLADESH, TROIS SEMAINES APRÈS
    Par Daniel Schneidermann le 16/05/2013

     

    C'est fait, ils ont réagi, ils sont sur le coup: France Inter est au Bangladesh, et raconte comment les grandes marques de textile (sauf Wal-Mart et Gap) vont signer un accord instaurant des inspections indépendantes des ateliers de confection. La veille au soir, le 20 heures de France 2 était aussi à Dacca, palpant les épaisses grilles des ateliers qui, lors du prochain sinistre, interdiront encore les évacuations d'urgence, ou montrant les lances à incendie, hors d'usage, transformées en fil à linge. Un excellent reportage, conclu par un plateau du journaliste économique montrant les marques occidentales mises en cause, et concluant d'un audacieux: "on peut se demander si ces marques n'ont pas préféré fermer les yeux". En effet. Bref, trois semaines après l'effondrement le 24 avril de l'atelier de la banlieue de Dacca (1120 morts à ce jour) la grosse machine bouge, envoie ses reporters, braque ses projecteurs sur l'atelier mortel de nos petites fringues sympa (si vous avez raté le début, notre émission est ici).

    Il n'aura fallu, au fond, que trois semaines. A ce rythme, ils auraient pu faire le voyage en bateau. Pourquoi trois semaines ? Quand se produit une catastrophe naturelle, même dans une région lointaine, tremblement de terre, tsunami, raz de marée, attendent-ils trois semaines ? Vous me répondrez: oui, mais s'agissant des tremblements de terre, le feuilleton ne s'arrête pas au jour de l'événement. On peut ensuite suivre les recherches des héroïques sauveteurs dans les décombres, la polémique sur les responsabilités, etc. Certes. Mais ce fut aussi le cas au Bangladesh, où l'on a retrouvé une miraculée 17 jours après l'effondrement. Miraculée qui a eu droit à quelques unes de journaux, à quelques articles ici et là, mais pas aux gros titres. Eût-elle seulement attendu quatre jours de plus...

    Pourquoi trois semaines ? Question de budget ? Mais, chère France 2, renoncez donc à vos duplex imbéciles sur le pont de l'autoroute, devant l'Elysée, ou sous la neige. Avec l'argent de cent duplex, vous vous payez le billet d'avion. Attendre trois semaines, ce n'est pas seulement réduire l'événement au statut de fatalité naturelle. C'est le cantonner dans un statut encore inférieur, encore moins important, encore plus anecdotique, d'une sous-catastrophe. Quelques minutes après le reportage au Bangladesh, le journal de 8 heures de France Inter diffuse un autre sujet, de la plus haute importance: les dernières nouvelles du film d'Abel Ferrara sur DSK, "un DSK que seul Gérard Depardieu pouvait interpréter", conclut, énigmatique, le journaliste. Escort girls, limousines, champagne, finance internationale. Sur cet événement-là, pas question d'attendre trois semaines : la première bande-annonce a été mise en ligne pas plus tard que dans la nuit. Vivement que Depardieu se laisse convaincre d'interpréter une ouvrière du Bangladesh.

    Bangladesh, marques

  • Sexisme...

    Sexisme : quelque chose de pourri au royaume de Danemark ?

    Selon sudinfo.be, c’est « l’émission la plus sexiste de l’histoire. Humiliante, dégradante, ordurière et sexiste. » Direct.cd affirme : « Une émission danoise qui humilie les femmes. Du sexisme à l’état pur. » Selon rtl.be, « Le sexisme atteint des sommets à la télévision. »

    Nue devant toi

    Une partie de la Toile se déchaîne contre une nouvelle émission de télévision. Elle est diffusée au Danemark. L’animateur est Thomas Blachman, personnage connu de la télévision locale. Sa nouvelle émission, nommée simplement « Blachman », propose à des femmes de se déshabiller devant lui et un invité. Les deux hommes commentent, analysent et critiquent alors le corps de la femme : les seins, les fesses, les jambes. Le but : faire savoir aux femmes ce que des hommes pensent réellement d’elles.

    « L’idée du show est de laisser les hommes parler du corps de femmes nues pendant que la femme se tient debout devant eux. Le corps de la femme a soif de mots. Des mots d’un homme. »

    Dur dur pour ces femmes ! Comment oser supporter deux regards qui ne feront pas de compliments obligés ? Deux hommes qui diront, peut-être crûment, ce qu’il pensent sur l’esthétique du corps ? Mais dur aussi pour les deux hommes. Ce n’est pas si facile à dire pour un homme. C’est en tous cas plus facile à penser qu’à dire. Le corps est comme il est. Nous ne pouvons modifier sa structure. Il n’est pas comme un habit qui embellit, gomme, avantage. La nudité est crue, impitoyable, mais aussi émouvante et touchante. Une telle émission avec des hommes nus commentés et critiqués par des femmes serait tout aussi crue. Devrait-on faire de même pas dogme d’égalité ? Non, aucune obligation.

    Avant de pousser des cris d’orfraie sur le supposé sexisme misogyne, reconnaissons que la beauté physique, l’esthétique, l’apparence, travaillent les filles au corps dès la puberté - voire avant. Reconnaissons que nombre de femmes ont besoin de compliments répétés sur leur beauté. Qu’elles s’inquiètent de savoir si leur homme les désire encore, et ce quiblachman,danemrak,vénus,nudité,corps,hommes,femmes,sexisme,misogynie,hamlet,bible,cantique,plage,beauté,esthétique,fesses,seins,leur plait. Sinon pourquoi y aurait-il autant de salon d’esthétique, de lignes de maquillage, de magasins de mode, de périodiques conseillant en matière de beauté, de feuilles de choux qui apprennent aux adolescentes comment retenir les garçons et aux femmes de 25 ans comment avoir un corps de rêve - ferme et tonique - sur la plage ?


    Si, si, les hommes pensent

    Croit-on que les sculpteurs de toutes les époques ne se livraient pas à une analyse sur le corps de leurs modèles ? Que la beauté physique n’est pas importante ? A vingt ans j'ai fait quelques séances de pose aux Beaux-Arts pour gagner un peu d'argent. je me souviens d'une étudiante qui m'a analysé sans fausse pudeur. Cela paraissait normal. Et pourquoi donc les strip-teaseuses et les top-models ont-elles ou ils des corps qui font rêver les femmes autant que les hommes ?

    Croit-on qu’un homme ne pense rien quand une femme passe sur la plage ou se déhanche sur le dancefloor ? Qu’il ne la « dévisage » pas de la tête aux pieds quand elle passe dans la rue ? Qu’il ne fait pas la différence entre des seins généreux ou des seins presque plats ? Qu’il ne remarque pas les fesses rebondies des africaines, et les fesses deux fois plus larges que les épaules de trop d’adolescentes et de femmes qui doivent se gaver de féculents ?

    Il ne le dit pas mais le voit et le sait en quelques secondes. Ceux qui disent le contraire sont des menteurs. Cela ne préjuge évidemment pas des qualités de la personnes, de son intelligence, de sa sensibilité, ses compétences. Mais pourrait-on prétendre que la beauté physique n’est pas un critère fort dans les relations hommes-femmes ? A l’identique pour les femmes : croit-on qu’elles n’analysent pas les fesses des hommes dans la rue, leur ventre, leurs épaules, leur muscles, leur manière de marcher, de parler, de regarder ? Tout y passe. Celles qui disent le contraire sont des menteuses.

    Simplement on ne se le dit pas. Pourquoi ne le dit-on pas ? Une pudeur, et peu de situations qui le permettent sans équivoque. Dans l’émission Blachman, il n’y a ni équivoque, ni agressivité. Les femmes qui s’y présentent ne sont pas obligées et n’y gagnent pas d’argent. La seule chose qu’elles gagnent est d’entendre ce que deux hommes pensent d’elle. A elles ensuite de s’assumer et de se trouver belles comme elle sont.


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    On peut reprocher à la télévision cet étalage qui suit le chemin des émissions de téléréalité. Il faudrait alors aussi censurer la Bible qui parle des seins et du corps de la fiancée dans l’allégorie du Cantique des cantiques :

    « Que tu es belle, que tu es agréable,
    O mon amour, au milieu des délices !
    Ta taille ressemble au palmier,
    Et tes seins à des grappes.
    Je me dis : Je monterai sur le palmier,
    J'en saisirai les rameaux !
    Que tes seins soient comme les grappes de la vigne ».

    Il faut cependant souligner le courage des ces femmes qui vont se mettre sous le feu de commentaires masculins. Elles se livrent librement à un exercice particulièrement difficile. Je ne sais si ce sont des figurantes ou des anonymes qui viennent chercher leur instant de célébrité. Mais il faut avoir du cran pour s’y présenter. De plus je trouve intéressant de se dire ce que l’on pense. Cela devrait renforcer la capacité à s’accepter, en particulier sur des critères que l’on ne peut pas vraiment changer. Je pense aussi qu’une femme qui s’accepte est plus attractive qu’une femme qui se refuse elle-même.

    Mais qui produit cette émission supposée misogyne ? Une femme, Sofia Fromberg. Elle défend son projet : « Nous avons un programme qui révèle ce que les hommes pensent à propos des corps féminins. Sérieusement, où est le problème ?! » Je partage son point de vue. Y voir du sexisme est pour moi un signe de la déviance intellectuelle et relationnelle de notre époque. On ne peut plus rien dire sur l’autre qui ne soit taxé de sexisme, de racisme et d’autres ismes. Les femmes et les hommes se sont toujours regardés, évalués. Dans le temps cela semblait normal. Plus aujourd’hui.

    Putain d’époque... Crier au sexisme devient pavlovien. Comme dirait Hamlet, il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark : la peur du sexisme voudrait que le silence règne. Hypocrisie.




    Un exemple de l’émission, qui montre que rien d’agressif ne se passe et que la femme est filmée avec une certaine pudeur :http://www.dr.dk/tv/se/blachman/blachman-5-6-2# !/
     

     

    Et ici une autre sous-titrée en anglais :http://www.dr.dk/tv/se/blachman/blachman-6-6. Je pense que les propos tenus méritent une vraie réflexion.


    Etre ou non un objet sexuel

    D’abord considérons que les femmes qui se prêtent au jeu le font librement. Aucuneblachman,danemrak,vénus,nudité,corps,hommes,femmes,sexisme,misogynie,hamlet,bible,cantique,plage,beauté,esthétique,fesses,seinscontrainte ni physique ni sociale ne les y oblige. Elles font l’usage de leur pleine et entière liberté. En ce sens, les critiques devraient plutôt encenser cette émission, qui quelque part est une victoire du féminisme : une femme nue, devant des millions de gens, qui a ce courage, et qui n’est pas traitée de catin. C’est la fin de la mentalité bourgeoise puritaine.

    Ensuite, soyons réalistes. Comme le dit avec humour l’invité (sexologue) de l’émission sous-titrée : « Il y a pire que d’être un objet sexuel. C’est de ne pas en être un. » Comme il dit plus loin : nous souhaitons tous être des objets sexuels, soit des personnes désirables, sexuellement, corporellement désirables. Nous savons bien que la relation passe par cela. Et c’est normal. Normal qu’un homme regarde une femme avec désir, et réciproquement. C’est, de manière basique, la survie de l’espèce qui se joue à chaque désir sexué.

    Les contradictions de la sociétés arrivent maintenant en pleine vue. Il y a deux jours je citais madame Taubira qui sous prétexte de préserver une catégorie de jeune du racisme, fait elle-même de la discrimination ethnique. Incohérent.

    Le féminisme en est arrivé au même point de contradictions insurmontables. Quatre exemples. En ne dénonçant le sexisme que quand il concerne des femmes, on créée une catégorie séparée alors même que la catégorisation, la division des tâches et responsabilités, est combattue. En prônant l’abolition de la prostitution (celle qui est choisie), on fait du sexe féminin quelque chose de sacralisé tout en criminalisant le sexe masculin ; on crée encore deux catégories avec une discrimination à la clé. On catégorise en posant la femme comme intouchable, comme si aucun discours ni aucune critique ne devait lui être adressée - ici la quête féministe rejoint le rêve bourgeois d’être une princesse. Enfin en critiquant le fait qu’une femme décide librement d’être nue sur un plateau de télé, on lui refuse sa liberté et l’on retombe dans un puritanisme qui en d’autres temps était combattu.

    A croire que le féminisme n’est rien d’autre, a part quelques combats initiaux légitimes, qu’une culture de l’insatisfaction féminine.

    Bref les contradictions aujourd’hui démontrées vont obliger les extrémistes à revoir leur copie. Rouvrir la parole masculine, comme le fait cette émission danoise, y contribuera également.


    blachman,danemrak,vénus,nudité,corps,hommes,femmes,sexisme,misogynie,hamlet,bible,cantique,plage,beauté,esthétique,fesses,seinsQu’est-ce que le sexisme ?

    De tout cela il faut tirer l’enseignement que le sexisme est une notion trop et mal utilisée aujourd’hui. L'on devrait s'en tenir à une définition précise, sans quoi le langage et les comportements seront sans cesse sous surveillance avec des levées permanentes d'interdits. Je doute que cela serve les femmes et les hommes : on suscite une nouvelle méfiance, une nouvelle adversité, fondée sur une perception agressive et délictueuse des relations de genre.

    On ne devrait parler de sexisme que s'il y a une intention discriminante avec des conséquences matérielles préjudiciables pour la personne concernée. D'ailleurs, en tant que théorie globale, ne devrait être considéré comme du sexisme qu'une action pouvant porter préjudice à l'ensemble des personnes du sexe concerné. Montrer une femme ou un homme idiot dans une pub ce n'est pas du sexisme. Je prends du recul par rapport à cela, même en ce qui concerne les hommes. Par contre, montrer systématiquement toutes les femmes ou tous les hommes comme idiots, et en tirer des conclusions sociales pouvant porter un préjudice réel, cela c’est du sexisme.

    La société doit tolérer l'élasticité culturelle (on peut se parler en présupposant une différence de genres), mais pas juridique. Si on ne tolère pas l'élasticité culturelle, si tout devient suspect et porteur d'interdit ou de stigmatisation, on en vient à un néo-protestantisme !

    Ici, la critique sur le corps ne concerne que la personne qui se présente et non toutes les femmes. On mettrait Adriana Karembeu nue pour être jugée par des hommes, ce serait elle seule qui serait concernée et non l'ensemble des femmes. Les candidates à l'émission ne sont pas critiquées parce qu'elles sont femmes, et l'intention n'est pas de leur enlever un droit juridique ou moral, ni de commettre une action préjudiciable à leur encontre ou de les faire considérer comme inférieures.

    La réflexe pavlovien de la censure morale qui fait crier au sexisme est le dernier rempart d’un mouvement féministe à bout de souffle, qui n’a plus que la répression pour se donner encore une identité. Mais cela suffit de traiter les femmes d’objets et de les infantiliser. Laissons-les être elles-mêmes, sans garde-chiourme. Ras-le-bol du paternalisme féministe. Elles font ce qu’elles veulent, mêmes nues sur un plateau télé. On peut critiquerblachman,danemrak,vénus,nudité,corps,hommes,femmes,sexisme,misogynie,hamlet,bible,cantique,plage,beauté,esthétique,fesses,seinsle recours trop permanent à des émissions-confessions, à cette télé-réalité qui exhibe nos corps et nos âmes pour faire de l’audimat. Cela existe parce que les gens regardent, et parce que la parole personnelle a longtemps manqué dans notre société. Mais c’est un autre débat.

    Il y a plusieurs manière de distiller un sexisme officiel, comme de manipuler les chiffres pour laisser entendre avec lyrisme que les hommes sont plus dangereux sur la route. Pour moi l’indécence et l’humiliation ne sont pas dans une femme nue et deux hommes qui parlent d’elle. L’indécence, c’est l’émission « Toute une histoire ». C’est Sophie Davant, toujours cadrée à son avantage, et au brushing semi-sauvage si parfait même quand on lui raconte les choses les plus sordides. Ce sont ses questions bêtes et son voyeurisme patent, ce sont les interventions de la psy déjantée, c’est la complaisance principalement féminine d’aller se vider à cette émission où l’on pleure sur soi sans plus aucune pudeur. L’important est de se montrer et d’être dans la compétition victimaire. Bientôt elle fera une émission sur « Pourquoi je suis devenu sérial killer après que mon petit frère m’ait piqué un bonbon un dimanche matin d’automne, après la messe, et que ma maman, malade à l’hôpital, n’a pas pu le gronder et que mon papa n’a rien vu parce qu’il réparait la voiture pour aller à l’hôpital et qu’il avait peur de rater les heures de visites ».

    N’en déplaise aux censeurs et aux néo-puritains, il n’y a ni bourreau ni victime ni justicier dans l’émission Blachman. Cela nous change !

     

  • Bangladesh : la terreur du capitalisme

     

    13 mai 2013

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    Mercredi 24 Avril. Au lendemain de la demande faite par les autorités aux propriétaires de faire évacuer leur usine de confection, l’immeuble s’est écroulé. Le bâtiment, le Rana Plaza, situé dans la banlieue de Dhaka, à Savar, confectionnait des vêtements pour la chaîne de fabrication qui prend forme dans les champs de coton en Asie du Sud et finit dans les enseignes de distribution occidentales. Les vêtements de marques célèbres y sont cousus, comme le sont les habits que l’on retrouve disposés sur les étagères sataniques de Wal-Mart. Les secours ont pu sauver deux mille personnes à l’heure où nous écrivons, confirmant ainsi la mort de trois cents autres. Le bilan devrait inéluctablement s’alourdir (on en est à plus de 1100 aujourdhui, ndlr). Il est intéressant de mentionner que le tribut payé lors de l’incendie de la Shirtwaist Factory de New York en 1911 s’élevait à cent quarante-six personnes. Le bilan est à ce stade deux fois plus élevé à Dhaka. Cet « accident » survient cinq mois après l’incendie de l’usine de confection de Tazreen (le 24 Novembre 2012) qui a coûté la vie à cent douze travailleurs au moins.

     

     
    Dans les décombres du Rana Plaza.
    Photo de Taslima Akhter.

     

     

    La liste des « accidents » est longue et insoutenable. En Avril 2005, une usine de confection s’est effondrée à Savar, tuant soixante-quinze salariés. En Février 2006, une autre usine a connu le même sort, tuant dix-huit personnes. En juin 2010, un bâtiment s’est effondré à Dhaka, tuant 25 personnes. Telles sont les « usines » de la Mondialisation de ce 21e siècle – des abris à peine construits où la production s’opère lors de longues journées de travail, à l’aide de machines de piètre qualité et réalisée par des travailleurs dont les vies sont soumises aux impératifs de la production en « just in time ». Ecrivant alors sur le régime de production en Angleterre au 19e siècle, Karl Marx soulignait « Dans sa quête aveugle et sans limites, face à son appétit insatiable de productivité toujours accrue, le capital a non seulement outrepassé le seuil moralement acceptable, mais aussi les limites physiques d’une journée de travail. Il usurpe le temps nécessaire au développement, à la croissance et à l’entretien sain du corps. Il vole le temps requis à la consommation d’air frais et de soleil…sa seule préoccupation est d’utiliser uniquement et simplement le maximum de main-d’œuvre possible au cours d’une journée de travail. Il atteint son but en écourtant la durée de vie du travailleur, à la manière d’un fermier trop gourmand qui arracherait une production accrue de la terre en réduisant sa fertilité » (Capital, Chapitre 10).


    Ces usines du Bangladesh sont un exemple du paysage offert par la mondialisation et qui est reproduit dans ces usines le long de la frontière Américano-Mexicaine, à Haïti, au Sri Lanka, et à d’autres endroits qui ouvrent leurs portes au nouvel ordre de production et de commerce de l’industrie de la confection des années 1990. Des pays soumis, qui n’ont ni la volonté patriote de se battre pour leurs citoyens ni le moindre intérêt dans l’affaiblissement de leur ordre social à long-terme, se sont précipités pour accueillir la production textile. Les gros fabricants de textile ne voulaient plus investir dans des usines – ils se sont tournés vers les sous-traitants en proposant des marges très faibles et les forçant ainsi à gérer leurs usines comme de véritables prisons du travail. Ce modèle de la sous-traitance a permis à ces firmes de nier toute responsabilité pour ce que faisaient les vrais patrons de ces petites usines, leur permettant de profiter des bénéfices des produits à bas prix sans que leur conscience ne soit entachée par la sueur et le sang des travailleurs. Cela a aussi permis aux consommateurs occidentaux d’acheter d’énormes quantités de biens, souvent à crédit, sans qu’ils se soucient des méthodes de production. Une vague d’indignation ponctuelle pourra voir le jour contre telle ou telle enseigne, mais ce sera sans une appréciation globale des méthodes de production que des entreprises comme Wal-Mart ont introduites, sans appréciation non plus des pratiques commerciales qui ont été normalisées et qui sont à l’origine de telle ou telle campagne d’indignation.


    Les travailleurs bangladais ne sont pas aussi bien placés que les consommateurs occidentaux pour le faire. Pas plus tard qu’en Juin 2012, des milliers de travailleurs de la zone industrielle d’Ashulia, à l’extérieur de Dhaka, ont manifesté pour réclamer des augmentations de salaire et des meilleures conditions de travail. Pendant plusieurs jours, ces travailleurs ont fermé plus de 300 usines, bloquant l’autoroute Dhaka-Tangali à Narasinghapur. Les travailleurs gagnent entre 3000 taka (35$) et 5500 taka (70$) par mois ; ils demandaient une augmentation comprise entre 1500 taka (19$) et 2000 taka (25$) par mois. Le gouvernement a envoyé trois mille policiers pour sécuriser la zone, et le Premier Ministre a vaguement promis qu’elle se pencherait sur leur cas. Un comité composé de trois membres a été créé, mais rien de substantiel n’en a est ressorti.


    Conscients de la futilité des négociations avec un gouvernement entièrement acquis à la logique de la chaîne de fabrication, Dhaka a connu une explosion de violence à mesure que les informations en provenance de l’usine de Rana survenaient. Les travailleurs ont bouclé le secteur de Dhaka, bloquant les routes et vandalisant des voitures. L’insensibilité de l’Association des Fabricants de textile du Bangladesh (BGMEA) a également contribué à jeter de l’huile sur le feu. A la suite des manifestations de Juin, Mr Shafiul Islam, à la tête de la BGMEA, a accusé les travailleurs d’être impliqués dans « une conspiration  ». Il a argué du fait qu’il n’y avait « aucune raison logique pour augmenter le salaire de travailleurs  ». Cette fois-ci, le nouveau Président de la BGMEA, Mr Atiqul Islam, a suggéré que le problème n’était pas la mort des travailleurs ou des mauvaises conditions d’exercice des travailleurs, mais « l’arrêt de la production causé par le mécontentement et les hartals (grèves) ». Ces grèves, a-t-il dit, sont « juste un coup dur porté au secteur de la confection  ». Il ne fait dès lors plus aucun doute que ceux qui sont descendus dans la rue n’ont plus foi en les sous-traitants et en leur gouvernement.


    Les tentatives pour solutionner l’exploitation ont été mises à mal par une pression continue de la part des autorités et par le recours au meurtre. Toute approche visant à faire évoluer le Code du travail au Bangladesh est éclipsée par une exécution très sommaire de la part du Service d’Inspection du Ministère du Travail. On dénombre en tout et pour tout 18 inspecteurs et inspecteurs-adjoints pour contrôler 100 000 usines sur la zone de Dhaka, où sont situées la plupart des usines de confection. Si une infraction est détectée, les amendes sont trop faibles pour initier une quelconque réforme. Quand les travailleurs essaient de se regrouper en syndicat, la répression féroce de la part de la Direction suffit à réduire tout effort à néant. La Direction préfère le recours anarchique à la violence plutôt que le maintien durable de la main-d’œuvre. En effet, la violence a conduit le Gouvernement bangladais à créer une Cellule de Gestion de Crise ainsi qu’une Police Industrielle, non pas en vue de contrôler les violations au Code du Travail, mais pour surveiller les leaders syndicaux. En Avril 2012, des agents de la capitale ont kidnappé Aminul Islam, un des organisateurs clés du Centre pour la Solidarité des Travailleurs au Bangladesh. Il a été retrouvé mort quelques jours après, son corps présentant de nombreuses marques de torture.


    Le Bangladesh est secoué ces derniers mois par des vagues de protestation historiques – la violence terrible qui s’est abattue sur les combattants pour la liberté de la Jamaat-e-Islamien 1971 a entraîné l’arrivée de milliers de personnes à Shanbagh à Dhaka ; cette protestation s’est transformée en une guerre civile entre les deux principaux partis, laissant de côté les appels à la justice pour les victimes de ces violences. Cette contestation a enflammé le pays, avec pour conséquence, une répression assez sanguinaire et une terreur quotidienne contre les travailleurs du secteur de l’habillement. L’accident du Rana Building peut constituer un moment charnière du mouvement de protestation. Sans quoi, il partira à la dérive.


    L’Occident, quant à lui, est bien trop absorbé par les Guerres contre le terrorisme et la crise économique pour espérer une introspection profonde sur le mode de vie qui repose sur une consommation alimentée par le crédit et qui se fait au détriment des travailleurs de Dhaka. Les personnes ayant trouvé la mort dans l’accident de Rana sont les victimes non seulement de la malfaisance de sous-traitants, mais aussi de la mondialisation du 21e siècle.

     

  • Afrique du Sud: feu vert...

    Afrique du Sud: feu vert pour des chaînes télé pornographiques



    Les stars des Hot d'or seront désormais aussi sur les télés sud-africaines
    • Les stars des Hot d'or seront désormais aussi sur les télés sud-africaines

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      L'autorité de régulation de l'audiovisuel sud-africain a donné mercredi son feu vert au lancement des premières chaînes pornographiques du pays, malgré l'opposition de groupes religieux.

      L'Autorité indépendante des communications d'Afrique du Sud (Icasa) a jugé qu'"il n'y a pas de loi interdisant la production et la distribution de contenus pour adultes" comme l'entend le bouquet de télévision à péage TopTV.

      Les trois chaînes -Desire TV, Playboy TV et Private Spice- doivent diffuser des programmes pornos de 20H00 à 05H00.

      Elles devaient être lancées au début 2012, mais la Haute Cour de Johannesburg avait posé son veto dans l'attente d'une autorisation explicite de l'Icasa.

      Celle dernière a jugé que les objections qu'elle a reçues de Partis religieux et églises étaient fondés "sur des raisons morales plus que sur des preuves scientifiques démontrant un lien entre la pornographie et les violences faites aux femmes".

      Le paysage de l'audiovisuel sud-africain est dominé par les trois chaînes de la télévision publique SABC, qui cohabitent avec un service à péage (M-Net), la chaîne gratuite eTV et les bouquets de chaînes par satellite DSTV et TopTV.

      TopTV, présent sur le marché depuis 2010, peine à décoller et espère que les films pornographiques lui apporteront de nouveaux clients.

      Belga