Sexisme...
Sexisme : quelque chose de pourri au royaume de Danemark ?
Selon sudinfo.be, c’est « l’émission la plus sexiste de l’histoire. Humiliante, dégradante, ordurière et sexiste. » Direct.cd affirme : « Une émission danoise qui humilie les femmes. Du sexisme à l’état pur. » Selon rtl.be, « Le sexisme atteint des sommets à la télévision. »
Nue devant toi
Une partie de la Toile se déchaîne contre une nouvelle émission de télévision. Elle est diffusée au Danemark. L’animateur est Thomas Blachman, personnage connu de la télévision locale. Sa nouvelle émission, nommée simplement « Blachman », propose à des femmes de se déshabiller devant lui et un invité. Les deux hommes commentent, analysent et critiquent alors le corps de la femme : les seins, les fesses, les jambes. Le but : faire savoir aux femmes ce que des hommes pensent réellement d’elles.
« L’idée du show est de laisser les hommes parler du corps de femmes nues pendant que la femme se tient debout devant eux. Le corps de la femme a soif de mots. Des mots d’un homme. »
Dur dur pour ces femmes ! Comment oser supporter deux regards qui ne feront pas de compliments obligés ? Deux hommes qui diront, peut-être crûment, ce qu’il pensent sur l’esthétique du corps ? Mais dur aussi pour les deux hommes. Ce n’est pas si facile à dire pour un homme. C’est en tous cas plus facile à penser qu’à dire. Le corps est comme il est. Nous ne pouvons modifier sa structure. Il n’est pas comme un habit qui embellit, gomme, avantage. La nudité est crue, impitoyable, mais aussi émouvante et touchante. Une telle émission avec des hommes nus commentés et critiqués par des femmes serait tout aussi crue. Devrait-on faire de même pas dogme d’égalité ? Non, aucune obligation.
Avant de pousser des cris d’orfraie sur le supposé sexisme misogyne, reconnaissons que la beauté physique, l’esthétique, l’apparence, travaillent les filles au corps dès la puberté - voire avant. Reconnaissons que nombre de femmes ont besoin de compliments répétés sur leur beauté. Qu’elles s’inquiètent de savoir si leur homme les désire encore, et ce quileur plait. Sinon pourquoi y aurait-il autant de salon d’esthétique, de lignes de maquillage, de magasins de mode, de périodiques conseillant en matière de beauté, de feuilles de choux qui apprennent aux adolescentes comment retenir les garçons et aux femmes de 25 ans comment avoir un corps de rêve - ferme et tonique - sur la plage ?
Si, si, les hommes pensent
Croit-on que les sculpteurs de toutes les époques ne se livraient pas à une analyse sur le corps de leurs modèles ? Que la beauté physique n’est pas importante ? A vingt ans j'ai fait quelques séances de pose aux Beaux-Arts pour gagner un peu d'argent. je me souviens d'une étudiante qui m'a analysé sans fausse pudeur. Cela paraissait normal. Et pourquoi donc les strip-teaseuses et les top-models ont-elles ou ils des corps qui font rêver les femmes autant que les hommes ?
Croit-on qu’un homme ne pense rien quand une femme passe sur la plage ou se déhanche sur le dancefloor ? Qu’il ne la « dévisage » pas de la tête aux pieds quand elle passe dans la rue ? Qu’il ne fait pas la différence entre des seins généreux ou des seins presque plats ? Qu’il ne remarque pas les fesses rebondies des africaines, et les fesses deux fois plus larges que les épaules de trop d’adolescentes et de femmes qui doivent se gaver de féculents ?
Il ne le dit pas mais le voit et le sait en quelques secondes. Ceux qui disent le contraire sont des menteurs. Cela ne préjuge évidemment pas des qualités de la personnes, de son intelligence, de sa sensibilité, ses compétences. Mais pourrait-on prétendre que la beauté physique n’est pas un critère fort dans les relations hommes-femmes ? A l’identique pour les femmes : croit-on qu’elles n’analysent pas les fesses des hommes dans la rue, leur ventre, leurs épaules, leur muscles, leur manière de marcher, de parler, de regarder ? Tout y passe. Celles qui disent le contraire sont des menteuses.
Simplement on ne se le dit pas. Pourquoi ne le dit-on pas ? Une pudeur, et peu de situations qui le permettent sans équivoque. Dans l’émission Blachman, il n’y a ni équivoque, ni agressivité. Les femmes qui s’y présentent ne sont pas obligées et n’y gagnent pas d’argent. La seule chose qu’elles gagnent est d’entendre ce que deux hommes pensent d’elle. A elles ensuite de s’assumer et de se trouver belles comme elle sont.
Le courage des femmes
On peut reprocher à la télévision cet étalage qui suit le chemin des émissions de téléréalité. Il faudrait alors aussi censurer la Bible qui parle des seins et du corps de la fiancée dans l’allégorie du Cantique des cantiques :
« Que tu es belle, que tu es agréable,
O mon amour, au milieu des délices !
Ta taille ressemble au palmier,
Et tes seins à des grappes.
Je me dis : Je monterai sur le palmier,
J'en saisirai les rameaux !
Que tes seins soient comme les grappes de la vigne ».
Il faut cependant souligner le courage des ces femmes qui vont se mettre sous le feu de commentaires masculins. Elles se livrent librement à un exercice particulièrement difficile. Je ne sais si ce sont des figurantes ou des anonymes qui viennent chercher leur instant de célébrité. Mais il faut avoir du cran pour s’y présenter. De plus je trouve intéressant de se dire ce que l’on pense. Cela devrait renforcer la capacité à s’accepter, en particulier sur des critères que l’on ne peut pas vraiment changer. Je pense aussi qu’une femme qui s’accepte est plus attractive qu’une femme qui se refuse elle-même.
Mais qui produit cette émission supposée misogyne ? Une femme, Sofia Fromberg. Elle défend son projet : « Nous avons un programme qui révèle ce que les hommes pensent à propos des corps féminins. Sérieusement, où est le problème ?! » Je partage son point de vue. Y voir du sexisme est pour moi un signe de la déviance intellectuelle et relationnelle de notre époque. On ne peut plus rien dire sur l’autre qui ne soit taxé de sexisme, de racisme et d’autres ismes. Les femmes et les hommes se sont toujours regardés, évalués. Dans le temps cela semblait normal. Plus aujourd’hui.
Putain d’époque... Crier au sexisme devient pavlovien. Comme dirait Hamlet, il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark : la peur du sexisme voudrait que le silence règne. Hypocrisie.
Un exemple de l’émission, qui montre que rien d’agressif ne se passe et que la femme est filmée avec une certaine pudeur :http://www.dr.dk/tv/se/blachman/blachman-5-6-2# !/
Et ici une autre sous-titrée en anglais :http://www.dr.dk/tv/se/blachman/blachman-6-6. Je pense que les propos tenus méritent une vraie réflexion.
Etre ou non un objet sexuel
D’abord considérons que les femmes qui se prêtent au jeu le font librement. Aucunecontrainte ni physique ni sociale ne les y oblige. Elles font l’usage de leur pleine et entière liberté. En ce sens, les critiques devraient plutôt encenser cette émission, qui quelque part est une victoire du féminisme : une femme nue, devant des millions de gens, qui a ce courage, et qui n’est pas traitée de catin. C’est la fin de la mentalité bourgeoise puritaine.
Ensuite, soyons réalistes. Comme le dit avec humour l’invité (sexologue) de l’émission sous-titrée : « Il y a pire que d’être un objet sexuel. C’est de ne pas en être un. » Comme il dit plus loin : nous souhaitons tous être des objets sexuels, soit des personnes désirables, sexuellement, corporellement désirables. Nous savons bien que la relation passe par cela. Et c’est normal. Normal qu’un homme regarde une femme avec désir, et réciproquement. C’est, de manière basique, la survie de l’espèce qui se joue à chaque désir sexué.
Les contradictions de la sociétés arrivent maintenant en pleine vue. Il y a deux jours je citais madame Taubira qui sous prétexte de préserver une catégorie de jeune du racisme, fait elle-même de la discrimination ethnique. Incohérent.
Le féminisme en est arrivé au même point de contradictions insurmontables. Quatre exemples. En ne dénonçant le sexisme que quand il concerne des femmes, on créée une catégorie séparée alors même que la catégorisation, la division des tâches et responsabilités, est combattue. En prônant l’abolition de la prostitution (celle qui est choisie), on fait du sexe féminin quelque chose de sacralisé tout en criminalisant le sexe masculin ; on crée encore deux catégories avec une discrimination à la clé. On catégorise en posant la femme comme intouchable, comme si aucun discours ni aucune critique ne devait lui être adressée - ici la quête féministe rejoint le rêve bourgeois d’être une princesse. Enfin en critiquant le fait qu’une femme décide librement d’être nue sur un plateau de télé, on lui refuse sa liberté et l’on retombe dans un puritanisme qui en d’autres temps était combattu.
A croire que le féminisme n’est rien d’autre, a part quelques combats initiaux légitimes, qu’une culture de l’insatisfaction féminine.
Bref les contradictions aujourd’hui démontrées vont obliger les extrémistes à revoir leur copie. Rouvrir la parole masculine, comme le fait cette émission danoise, y contribuera également.
Qu’est-ce que le sexisme ?
De tout cela il faut tirer l’enseignement que le sexisme est une notion trop et mal utilisée aujourd’hui. L'on devrait s'en tenir à une définition précise, sans quoi le langage et les comportements seront sans cesse sous surveillance avec des levées permanentes d'interdits. Je doute que cela serve les femmes et les hommes : on suscite une nouvelle méfiance, une nouvelle adversité, fondée sur une perception agressive et délictueuse des relations de genre.
On ne devrait parler de sexisme que s'il y a une intention discriminante avec des conséquences matérielles préjudiciables pour la personne concernée. D'ailleurs, en tant que théorie globale, ne devrait être considéré comme du sexisme qu'une action pouvant porter préjudice à l'ensemble des personnes du sexe concerné. Montrer une femme ou un homme idiot dans une pub ce n'est pas du sexisme. Je prends du recul par rapport à cela, même en ce qui concerne les hommes. Par contre, montrer systématiquement toutes les femmes ou tous les hommes comme idiots, et en tirer des conclusions sociales pouvant porter un préjudice réel, cela c’est du sexisme.
La société doit tolérer l'élasticité culturelle (on peut se parler en présupposant une différence de genres), mais pas juridique. Si on ne tolère pas l'élasticité culturelle, si tout devient suspect et porteur d'interdit ou de stigmatisation, on en vient à un néo-protestantisme !
Ici, la critique sur le corps ne concerne que la personne qui se présente et non toutes les femmes. On mettrait Adriana Karembeu nue pour être jugée par des hommes, ce serait elle seule qui serait concernée et non l'ensemble des femmes. Les candidates à l'émission ne sont pas critiquées parce qu'elles sont femmes, et l'intention n'est pas de leur enlever un droit juridique ou moral, ni de commettre une action préjudiciable à leur encontre ou de les faire considérer comme inférieures.
La réflexe pavlovien de la censure morale qui fait crier au sexisme est le dernier rempart d’un mouvement féministe à bout de souffle, qui n’a plus que la répression pour se donner encore une identité. Mais cela suffit de traiter les femmes d’objets et de les infantiliser. Laissons-les être elles-mêmes, sans garde-chiourme. Ras-le-bol du paternalisme féministe. Elles font ce qu’elles veulent, mêmes nues sur un plateau télé. On peut critiquerle recours trop permanent à des émissions-confessions, à cette télé-réalité qui exhibe nos corps et nos âmes pour faire de l’audimat. Cela existe parce que les gens regardent, et parce que la parole personnelle a longtemps manqué dans notre société. Mais c’est un autre débat.
Il y a plusieurs manière de distiller un sexisme officiel, comme de manipuler les chiffres pour laisser entendre avec lyrisme que les hommes sont plus dangereux sur la route. Pour moi l’indécence et l’humiliation ne sont pas dans une femme nue et deux hommes qui parlent d’elle. L’indécence, c’est l’émission « Toute une histoire ». C’est Sophie Davant, toujours cadrée à son avantage, et au brushing semi-sauvage si parfait même quand on lui raconte les choses les plus sordides. Ce sont ses questions bêtes et son voyeurisme patent, ce sont les interventions de la psy déjantée, c’est la complaisance principalement féminine d’aller se vider à cette émission où l’on pleure sur soi sans plus aucune pudeur. L’important est de se montrer et d’être dans la compétition victimaire. Bientôt elle fera une émission sur « Pourquoi je suis devenu sérial killer après que mon petit frère m’ait piqué un bonbon un dimanche matin d’automne, après la messe, et que ma maman, malade à l’hôpital, n’a pas pu le gronder et que mon papa n’a rien vu parce qu’il réparait la voiture pour aller à l’hôpital et qu’il avait peur de rater les heures de visites ».
N’en déplaise aux censeurs et aux néo-puritains, il n’y a ni bourreau ni victime ni justicier dans l’émission Blachman. Cela nous change !