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La poussière sous le tapis

 

Il ne fait pas de doute que le triste record de progression du taux de CO2 dans l’atmosphère soit passé aux pertes et profits de la société de consommation, comme si désormais l’effondrement total( la destruction programmée de toute vie sur terre) était considéré comme inéluctable.

Quoi que l’on fasse ou quoi que l’on dise, aucuns des acteurs majeurs de la fuite en avant sociétale et économique du monde ne désire réellement se passer de son pouvoir de nuisance. Le FMI vient à point nommé nous rappeler aujourd’hui que les 0.5 % plus riches de la population mondiale détiennent à eux seuls 35 % de la richesse de ce bas monde.

Comme ceux-là mêmes qui spolient effrontément tous les autres n’ont aucune envie de se passer de cette part du gâteau, il n’y a aucune chance que le reste de l’humanité se contente de bouffer des miettes, aussi la seule issue possible reste la poursuite de la mondialisation qui perpétue les inégalités et protège les oligarchies mondiales. Ce système intègre le fait de dégrader tant et plus les derniers arpents de terres vierges, les dernières gouttes d’or noir et les derniers camps retranchés du bon sens commun.

La société de consommation est l’ultime féodalité, faite de terre brûlée, de saccages environnementaux, de destruction massive des écosystèmes, de transformation du bien durable en un austère périmètre de subsistance artificielle. De compétition généralisée entre les hommes, d’esclavagisme intellectuel pour la multitude.

Tout ce qui est périssable, et les ressources carbonées en sont l’exemple emblématique, doit être exploité, vendu, converti en royalties pour une bande de profiteurs occultes. Jusqu’à transformation complète de notre lieu de vie ancestral. Les dégâts collatéraux sont énormes mais ceux-ci participent de la croissance, comme la guerre participe du PIB global.

Comme le nettoyage d’une plage participe autant de la croissance que la marée noire qui le rend nécessaire.

Alors comme l’alerte du franchissement du seuil de 400 ppm de CO2 dans l’atmosphère n’a ému personne, d’aucuns se demande déjà comment faire du business avec l’enfouissement de ce CO2 dans le sous-sol.

Voilà la méthode absolue, le green business, la croissance verte comme ils disent.

Produisons tant et plus du CO2, ne nous soucions plus des moyens de ne plus en produire mais trouvons plutôt les moyens de l’enfouir dans le sous-sol, comme une vulgaire poussière qu’on aurait envie de planquer sous le tapis. Cela aura au moins l’avantage de contenter tout le monde, les producteurs et les nettoyeurs, qui récolterons les fruits de l’ingéniosité économique, à défaut de ceux de l’intelligence écologique.

L’idée se fait donc jour dans la tête de nos apprentis-sorciers modernes de capter à la source le CO2 produit et de l’envoyer dans des couches de terrain, traduisant dans les gestes l’argumentaire des planqueurs de déchets nucléaires. Cette solution est le plan de la CCS la Carbon Capture and Storage, basée sur une technologie controversée et risquée.

il s'agit rien moins que de capter le CO2 dans les lieux industriels les plus pollueurs, puis de le transporter par des pipe-lines ou par bateau, pour l'enfouir enfin sous terre. Greenpeace a déjà fustigé cette solution qui ne serait viable à grande échelle que dans une vingtaine d'année mais qui a surtout l'inconvénient de produire elle-même de la pollution par l'énergie nécessaire et émettrice de gaz à effet de serre, autant durant les opérations d'extraction que d'enfouissement et de transport.

Comme si le green business n'était qu'une vaste plaisanterie destinée à rassurer l'opinion sur l'infaillibilité de l'économie de marché. Comme si le développement n'avait de durable que le temps du profit.

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