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  • La grande corruption règne en maître au Maroc

     

    Le Monde | 25.06.2012 à 18h25 • Mis à jour le 25.06.2012 à 18h25 | Par Ahmed Benchemsi, chercheur à l'université Stanford (Etats-Unis), ex-directeur du magazine marocian "TelQuel"

    Imaginez que le chef de l'Etat français soit aussi, dans le même temps, propriétaire de la plus grosse holding privée du pays. Difficile à envisager ? Attendez, cela ne fait que commencer. Imaginez aussi que le secrétaire général de l'Elysée soit le PDG de cette holding. Imaginez que cet homme, ainsi devenu l'homme d'affaires le plus puissant de la République, possède par ailleurs une ribambelle d'entreprises en son nom propre, qui décrochent des concessions ou marchés publics à tour de bras. Inconcevable, dites vous ? Ce n'est pas fini. Imaginez maintenant que le premier ministre prévoie, par décret officiel, d'investir des millions d'euros d'argent public dans une société privée appartenant au secrétaire général de l'Elysée… Et enfin, le coup de grâce : imaginez que la société en question soit une entreprise fantôme sans locaux ni personnel et qui présente — le pompon — de faux chiffres en guide de plan d'affaires !

    Si seulement le dixième de tout cela était vrai, le président français tomberait immédiatement, entraînant le gouvernement, voire la cinquième République dans sa chute. Mais ce qui n'est pour la France qu'une fiction invraisemblable est la réalité crue du Maroc, un pays ami et allié.
    Pour ceux qui l'ignorent encore, le roi Mohammed VI est en effet l'actionnaire majoritaire du groupe SNI, qui comprend entre autres la plus grosse banque privée, le plus gros opérateur minier et la plus grosse chaine de distribution du royaume. L'homme qui dirige ce conglomérat tentaculaire, dont le chiffre d'affaires équivalait il y a quelques années à 8% du PIB, s'appelle Mounir Majidi, et il occupe en même temps la fonction de secrétaire particulier de Mohammed VI.

    A ce titre, il est le plus proche collaborateur du souverain puisqu'il aménage son agenda, organise ses rencontres, filtre les informations qu'il reçoit, etc. Cette double casquette fait de M. Majidi l'homme le plus détesté par les milieux d'affaires marocains. Forcément : il leur livre, au nom du roi, une concurrence aussi impitoyable que déloyale, vu son influence démesurée sur des organismes financiers comme la Caisse de dépôt et de gestion, le ministère des finances, l'administration des impôts, etc. Mais l'homme d'affaires de la monarchie n'oublie pas ses propres intérêts. Egalement propriétaire de plusieurs entreprises opérant dans divers secteurs, M. Majidi n'hésite pas, pour défendre ses affaires personnelles, à tirer sur les leviers étatiques dont il dispose.
    Révélée il y a deux semaines sur le blog de l'auteur de ces lignes, l'affaire BaySys illustre jusqu'à la caricature la mécanique implacable du "Majidi business", aujourd'hui au cœur de la corruption d'Etat au Maroc.

    Ce qu'il faut en retenir : en 2010, le secrétaire particulier de Mohammed VI entre en contact avec BaySys, un équipementier aéronautique américain à la recherche d'un partenaire financier pour le tirer d'une mauvaise passe. Plutôt que sortir son propre chéquier (il en a pourtant les moyens), M. Majidi oriente l'équipementier américain vers Royal Air Maroc (RAM). C'est donc la compagnie aérienne publique qui devra débourser les quelque 25 millions d'Euros dont BaySys avait besoin, en ponctionnant l'argent du contribuable… mais non sans que M. Majidi n'en profite au passage. A cet effet, le Secrétaire particulier du roi crée en août 2010 BaySys Morocco, une coquille vide sans locaux ni personnel qu'il contrôle à 100% via deux sociétés écrans.

    Quelques mois plus tard, un décret officiel du Premier ministre marocain Abbas El Fassi autorise la RAM à prendre des parts dans BaySys Morocco. Mieux encore : les prévisions qui justifient cet investissement sont particulièrement fantasques. Il est ainsi prévu que la société de M. Majidi réalise un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros et un bénéfice net de 4,3 millions d'euros… dès sa première année d'exercice, et sans qu'aucune hypothèse de calcul n'étaye ces chiffres incroyables ! Le plus aberrant est que ces prévisions peu crédibles ont traversé, sans changement, cinq niveaux de vérification supérieurs de l'Etat marocain : la RAM elle-même, puis le ministère des Finances, la Primature, le Secrétariat général du gouvernement et enfin la Banque Centrale, qui a publié les mêmes chiffres quelques mois plus tard, tels quels, dans un document interne. Les hauts fonctionnaires marocains seraient-ils tous incompétents ? Bien sûr que non. Seulement, à partir du moment où le tout-puissant Secrétaire particulier du roi est impliqué dans une procédure, les commis de l'Etat, aussi haut placés soient-ils, signent ce qu'on leur demande de signer sans poser de questions.

    Au final, l'investissement n'a pas eu lieu car l'affaire a capoté pour des raisons qui restent à éclaircir (malgré de multiples relances, les responsables de BaySys International sont restés muets). La manière dont tout cela a été goupillé, néanmoins, renseigne sur la nature réelle du régime marocain : un système où les conflits d'intérêts règnent et où le trafic d'influence bat son plein, au plus haut niveau de l'Etat et avec la complicité des autorités élues. Abbas El Fassi, chef d'un parti politique et ancien premier ministre qui a signé le décret BaySys, est aussi, incidemment, le père de Fihr El Fassi, ancien DG de l'une des sociétés de M. Majidi. La société en question, FC Com, domine le marché de l'affichage au Maroc grâce aux conditions extrêmement avantageuses accordées par les municipalités et offices publics. Salaheddine Mezouar, autre chef de parti et ancien ministre des Finances qui a cosigné le décret BaySys, est aussi un des obligés de l'entourage royal. Il a récemment été épinglé pour s'être accordé des primes mirobolantes, au prix d'un échange de faveurs avec Noureddine Bensouda, actuel trésorier général du royaume, ancien directeur des impôts et autre membre de la Cour. Et ainsi de suite…

    L'année dernière, pourtant, le Maroc avait lui aussi vécu son "printemps arabe". Confronté à des manifestants réclamant la démocratie, Mohammed VI avait fait promulguer une nouvelle Constitution sensée instaurer la "bonne gouvernance" et la "reddition des comptes". Une réforme qualifiée alors d'"exemplaire" par Nicolas Sarkozy et d'"historique" par Alain Juppé. Jugez plutôt : l'article 36 du nouveau texte fondamental interdit expressément… le trafic d'influence ! —un délit par ailleurs puni de 2 à 5 ans de prison par l'article 250 du code pénal marocain. Mais au Maroc, la théorie est une chose et la pratique en est une autre. Quel procureur serait assez fou pour enclencher des poursuites contre Mounir Majidi, ou en général contre les membres d'une clique couverte par le roi en personne ? Jaafar Hassoun, un juge qui s'était essayé à titiller des proches du monarque, s'est retrouvé en 2011 radié de la magistrature, interdit de se reconvertir dans le barreau et harcelé pour abandonner toute velléité de se lancer en politique.

    En l'absence de contre-pouvoirs fonctionnels, la grande corruption s'épanouit librement au Maroc, face à l'apathie grandissante d'une opinion publique désabusée par tant de duplicité. Naguère rugissante, la presse indépendante n'est plus que l'ombre de ce qu'elle était, vaincue par une décennie de harcèlement judiciaire et économique. M. Majidi, également le premier annonceur publicitaire du pays, a démontré sa capacité à boycotter des journaux jusqu'à les acculer à la faillite. Aujourd'hui, les titres de presse les plus courageux peuvent encore épingler des seconds couteaux comme MM. Mezouar ou Bensouda. Mais dès qu'on approche du premier cercle royal, silence général. Il est révélateur que l'affaire BaySys, alors même qu'elle "buzzait" intensément sur Internet et les réseaux sociaux (elle a même engendré le hashtag #MajidiGate sur Twitter)… n'ait pas été mentionnée par un seul journal marocain. Quant au gouvernement islamiste de Abdelilah Benkirane, élu sur la promesse de lutter contre la corruption, il est tout aussi silencieux. Et pour tout dire, simplement hors sujet.

    Ahmed Benchemsi, chercheur à l'université Stanford (Etats-Unis), ex-directeur du magazine marocian "TelQuel"

  • Des fruits mûrs pour Daech

    C’est l’éducation, dans les maisons et les écoles, qui prépare nos enfants à tomber comme des fruits mûrs dans les bras de Daech.

    Les choix vers lesquels semble s’orienter la France et une partie du monde pour lutter contre le terrorisme sont classiques et ressemblent assez aux choix faits même par un pays comme le Maroc: fermer les mosquées qui prêchent la haine ou, à défaut, chasser les imams les plus violents. Ce choix compréhensible sera-t-il suffisant? Probablement non.

     

    Le terrorisme, tel qu’on le voit aujourd’hui, convoque plusieurs grandes questions de notre temps. La question religieuse est au cœur du problème, mais il existe d’autres problèmes et d’autres questions.

     

    Le contrecoup du colonialisme, par exemple, est un vrai problème avec de nombreux dégâts collatéraux, dont le terrible mélange humiliation- hogra toujours vivace dans le monde musulman, puisque transmis de génération en génération.

     

    La politique étrangère des grands pays occidentaux est un autre problème. Cette politique est très mal comprise et elle enfonce le clou en donnant aux musulmans d’aujourd’hui le sentiment que l’Occident est directement responsable de tous les conflits et de tous les problèmes dans le monde. Ce même Occident qui, pense-t-on, soutient Israël et empêche les Palestiniens de récupérer leurs terres, ce qui rajoute à la colère et au désarroi du monde musulman.

     

    Mais ne nous y trompons, le plus grand problème du monde musulman, aujourd’hui, s’appelle l’éducation. Parce que c’est l’éducation qui exacerbe les questions soulevées plus haut et fait naître, dans le cœur et l’esprit du musulman moyen, la conviction qu’il est un être aimé par Dieu mais détruit par les assauts répétés de l’Occident (qui l’a colonisé, souillé sa religion et son identité, surarmé ses ennemis, fabriqué Israël et imposé les dictateurs qui le gouvernent et lui volent ses richesses).

     

    Cette éducation fait croire au musulman qu’il est le nombril du monde. Il est certes sous-développé et endormi mais ce n’est pas de sa faute, pas de son fait. Lui, c’est un géant. Un géant victime d’arbitraire et d’injustice, qui sont le fait de l’Occident et de son allié sioniste. Un géant qui ne peut se remettre debout que s’il retourne à la vraie religion.

     

    Comme on a pu le constater avec les derniers événements de Paris, tous les terroristes sont décrits de la même manière. Ceux qui les connaissent disent la même chose : «Je ne comprends pas, il aimait la vie et n’avait rien de radical, c’est une surprise totale ». La radicalisation et le passage à l’acte kamikaze seraient donc un phénomène rapide, brutal, surprenant et inattendu, comme un simple retournement de situation. C’est ce qu’on pense, mais est-ce vraiment le cas ?

     

    Dans «Le mythe de Sisyphe», Albert Camus décrit le suicide comme un acte qui prend les voisins et les amis par surprise. Personne n’a vu le coup venir et le suicidé, pense-t-on, a simplement été victime d’un accès de folie, une illumination, un «accident». Le grand écrivain existentialiste démonte cette construction point par point et conclut que le suicide n’est que le couronnement logique d’une longue suite d’événements généraux et personnels.

     

    Si on considère que le terrorisme est aussi une forme de suicide, les kamikazes d’aujourd’hui sont à ranger à côté des suicidés décrits par Camus il y a presqu’un siècle. Ou le suicide, et le terrorisme, comme résultat final et logique d’une longue préparation, une maturation, une éducation.

     

    Aujourd’hui encore, on enseigne à nos enfants que les musulmans iront seuls au paradis et tous les autres brûleront en enfer. Même le pape. Même mère Teresa. Même Mandela. Même les enfants innocents. Tous en enfer, tous sauf nous, les enfants d’Allah.

     

    Aujourd’hui encore, on dit à nos enfants que la vie ici-bas n’est rien comparée à la vie éternelle, au ciel, au paradis. On leur inculque l’idée que la vie, la vraie, est inférieure à la mort, que la vie n’est qu’une étape et presque un prétexte à la mort et au paradis.

     

    Aujourd’hui encore, on apprend à nos enfants que la clé de la réussite, avant le travail, s’appelle le retour à la religion, la vraie, celle de nos glorieux et lointains ancêtres. Et qu’en dehors de l’islam, il n’y a nul salut pour l’ensemble de l’espère humaine.

     

    C’est cette éducation qui prépare nos enfants à tomber comme des fruits mûrs dans les bras de Daech et d’autres organisations terroristes. Et cette éducation, cette «formation», ce lavage de cerveau, nous continuons à les dispenser même dans nos écoles et nos maisons.

  • Comme une longue et mauvaise nuit

     

    Par Karim Boukhari le 14/11/2015 à 18h25
    © Copyright : DR

    En hommage aux victimes des attentats de Paris, et à toutes les victimes de la barbarie humaine.

    Parfois les mots ne viennent pas. Ils refusent et restent immobiles, comme glacés. Ils ne remontent plus à la surface des lèvres. Les mots restent perdus quelque part, prisonniers de la cage thoracique et de la tête. Parce qu’il y a les mots du cœur et puis il y a les mots de la tête. Comment faire le tri entre ceux-ci et ceux-là ? Les premiers sont chauds et les deuxièmes sont froids alors qu’ils ne voudraient pas.

     

    Aujourd’hui les mots du cœur se confondent avec les mots de la tête. Ils sonnent tous les deux pareil. Même musique, triste et noire comme une longue et mauvaise nuit.

     

    Je suis amateur de foot, fan de rock et des ambiances de la nuit. J’aime aller aux stades, aux salles de concert et aux pubs. C’est comme ça depuis tout petit. Je ne vais pas changer, je ne crois pas. C’est moi.

     

    J’aurais pu être à chacun des endroits ciblés par les attentats de Paris. J’aurais pu être parmi ces corps explosés et ces personnes perdues et qui crient.

     

    Je refuse de comprendre la logique de ceux qui tuent. Je refuse de les écouter invoquer Allah ou la Syrie ou n’importe quelle contrée meurtrie pour justifier leur barbarie.

     

    Il n’y a rien à justifier.

     

    Je ne suis pas l’Occident, je ne suis pas Paris. Je suis moi. Et c’est moi aussi, le simple être humain que je suis, que des idiots et des criminels ont attaqué.

     

    Je refuse de me définir par mon ethnie, ma couleur de peau, ma religion ou même mon sang. Je me définis par les choses que j’aime. Celles que j’ai choisies, que j’ai acquises et construites l’une après l’autre, les choses qui me ressemblent, qui me touchent, et vers lesquelles je suis librement allé.

     

    Je parlais plus haut des mots de la tête et de ceux du cœur. Il y a aussi ces mots qui fusent des poumons, ces mots explosifs, explosifs comme des bombes artisanales, des bombes faites de clous et de morceaux de plomb. Des mots comme cracher, tuer, venger. Ces mots, je les retiens dans mes poumons. Je les condamne à l’oubli.

     

    S’il y a quelque chose que je hais, c’est la barbarie. Le reste est littérature.

     

    Parfois, quand on voit quelqu’un pleurer, on pleure aussi en pensant à quelqu’un ou à quelque chose que l’on a perdu. On ne peut pas lutter contre cela. La compassion est une vertu humaine et naturelle. Je remercie le ciel d’éprouver encore et toujours de la compassion, de ne pas rester de marbre, de me sentir touché et concerné par le drame qui frappe une ville splendide et un peuple voisin et ami.

     

    Depuis toujours, la vie a triomphé de la mort. C’est ce qu’on enseigne aux enfants et c’est vrai. Mais il faudra l’enseigner aussi aux adultes. Les adultes du monde entier. Il faudra leur dire très simplement que le bien c’est la vie, et le mal c’est la mort. Il faudra leur dire comme on dit aux enfants. Il faudra leur dire avec la main, avec des grands et des petits gestes, il faudra leur expliquer par tous les moyens possibles que l’humanité n’est pas une prison dans laquelle on isole les fidèles des mécréants et des impies. L’humanité n’aime pas la mort mais la vie.

     

     
  • Vos guerres nos morts

    Lis moi avec webReader
     

    LR  le 14 novembre 2015

    Nos morts sont insupportables, nous n’aurions pas du supporter vos guerres !

    Le choc des barbaries mis en oeuvre partout dans le monde par des politiciens cyniques, n’épargne donc pas la France car elle y contribue ostensiblement.

    Ces tragiques événements ne surviennent pas dans un ciel serein. Ils étaient parfaitement prévisibles et prévus. Les mises en garde ont été nombreuses mais elles n’ont pas été écoutées.

    Ces attentats qui ont provoqué la mort et les blessures de tant d’innocents en France sont abominables, nous condamnons sans réserve tous les meurtres d’innocents, comme nous les condamnons partout où ils se produisent dans le monde, quelque soit la couleur de la peau ou la religion des victimes.

    Les centaines des milliers de morts innocents en raison des guerres de tout type organisées par la France et ses alliés occidentaux, depuis des décennies ont des conséquences tout aussi dramatiques et insupportables.

    Avec tous les hommes de bonne volonté, nous nos affligeons devant tant d’horreurs, nous les dénonçons mais sans en camoufler les causes comme le font les puissants et leur presse qui cherchent à occulter l’analyse et la compréhension des faits sous un flot d’émotions feintes.

    Le terrorisme n’est pas tombé du ciel, il a été sciemment construit et nul n’ignore qui le met en scène, qui le manipule au gré de son intérêt et surtout qui le finance, hormis les ignorants volontaires.

    Il n’y a jamais de paix sans justice.

    Comme après « Charlie » nous allons assister à un déferlement de passions parmi lesquelles se feront entendre encore plus, le nationalisme, le racisme et l’islamophobie. Désigner, un ennemi commun, un bouc émissaire pour faire diversion est le projet de toute oligarchie qui veut faire corps autour d’elle en période de crise. Les fascistes de Daech sont le miroir des impérialistes et de leurs forces spéciales encore bien plus meurtrières.

    Nous ne ferons pas de comptabilité macabre, nous n’exprimerons pas de compassion sélective avec les fauteurs de guerres. Les guerres sont toujours menées par des tyrans pour leurs intérêts de tyrans sur les dos des peuples.

    Toutes sortes de méthodes sont mises en oeuvre, pour cacher aux peuples qui sont leurs véritables ennemis, elles ont fait la preuve de leurs efficacités dans un passé sinistre. Pourtant bien des apprentis-sorciers nous ressortent les vieilles rengaines de l’ennemi à combattre tous ensemble, le peuple uni derrière les multinationales et les politiciens qui les servent.

    Les faux combats contre la violence par ceux qui veulent en ignorer la source tout en l’alimentant sont l’oeuvre de sinistres pompiers incendiaires. Ils sont les responsables de touTEs ces mortEs et blesséEs. Leurs mines défaites et leurs mains sur le cœur devant les caméras sont insupportables à voir, comme sont insupportables les nouvelles menaces de terroriser les terroristes, aussi inutiles lors de l’attentat de Charlie hebdo du 7 janvier, qu’elles le sont aujourd’hui. Elles sont tout juste utiles pour s’attaquer aux libertés et renforcer encore un état policier dans un tout autre but.

    Ils n’empêcheront pas les attentats de demain si la même politique de chaos est poursuivie à l’identique que celle voulue et mise en place depuis des décennies par les impérialismes dont le français. Grand pourvoyeur en armes des dictateurs, il prend toute sa place dans ce dispositif des fauteurs de guerres.

    Le peuple français, encore une fois, est victime d’un gouvernement impérialiste qui sème la misère et la terreur pour défendre le capital international sous les oripeaux d’un « socialisme » mille fois trahi. Et c’est la France qui est bien entendu une nouvelle fois frappée, en raison de ses interventions militaires directes ou indirectes qui suscitent des réactions de haine partout où elles sont menées.

    la France paie cher les rodomontades guerrières du « socialiste » Hollande qui a voulu jouer au chef de guerre, tout comme son prédécesseur, tout aussi grotesque dans ses postures martiales.

    Fauteur de guerres ailleurs, meurtrier d’innocents et responsable de la mort de nouveaux innocents ici, chez nous,  français ou immigrés de toutes générations. Et tout ça pour remonter dans les sondages … Hollande et toute sa clique, dégagez !

    Sans doute, nous aurons des camarades, des amiEs, des proches parmi les victimes, même inconnuEs, elles et ils sont nos mortEs, nous les regretterons, nous les pleureront mais nous savons que c’est à cause de vos guerres et que vous êtes responsables de leur mort et de leurs blessures.

    NOS MORTS VOS GUERRES #vosguerresnosmorts

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    « Dès demain, fermeture de tous les équipements de la Ville: écoles, musées, bibliothèques, gymnases, piscines, marchés alimentaires » … Mais pas les grands magasins ni les supermarchés, car les « terroristes » n’auront sans doute pas la mauvaise idée de s’y rendre ! Les sempiternels moulinets inutiles des pompiers incendiaires …

    #vosguerresnosmorts

  • Un monde immonde engendre des actes immondes...

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    15 novembre 2015

    Article en PDF :

    A l’heure où nous écrivons le bilan des tueries parisiennes est de 128 morts et de 300 blessés. L’horreur de cette violence injustifiable est absolue. La condamnation doit l’être tout autant, sans aucune restriction et/ou nuance. Les acteurs et/ou commanditaires de ces meurtres aveugles ne peuvent invoquer aucune raison légitime pour justifier ces actes immondes. La tragédie que nous vivons débouchera sur une prise de conscience collective des dangers qui nous menacent ou au contraire sur un processus de reproduction dramatique, en fonction de notre capacité collective à tirer les leçons de la situation qui engendre un tel résultat. L’émotion est légitime et nécessaire mais ne peut pas être la seule réponse. La réponse uniquement sécuritaire est également impuissante. C’est justement dans ces moments marqués par l’émotion collective que nous ne devons pas renoncer à la compréhension, à la recherche des causes et à la lucidité face aux instrumentalisations de l’horreur.

     



    Les postures face à notre tragédie

    En quelques heures toute la panoplie des postures possibles face à la tragédie s’est exprimée. Il n’est pas inutile de s’arrêter sur chacune d’entre elles. La première se contente de dénoncer Daesh et à exiger cette dénonciation de manière pressante de nos concitoyens musulmans réels ou supposés. Le projet politique de Daesh et les actes qui en découlent ont déjà été dénoncés par la très grande partie des habitants de notre pays, populations issues de l’immigration incluses.

    Il faut vraiment être coupés de nos concitoyens musulmans réels ou supposés pour en douter. Ces concitoyens français ou étrangers vivant en France sont les premiers à souffrir de cette instrumentalisation de leur foi à des fins politiques, réactionnaires et meurtrières. « Qu’est-ce qu’on va encore prendre » est la réaction la plus fréquente qui suit l’émotion face à ces meurtres, conscients qu’ils sont des instrumentalisations de l’émotion à des fins islamophobes qui ne manquerons pas. Il ne s’agit pas d’une paranoïa mais de l’expérience tirée du passé et en particulier des attentats du début de l’année. Dans ce contexte les injonctions à la dénonciation sont ressenties comme une suspicion de complicité ou d’approbation. Une nouvelle fois ce qui est ressenti c’est une accusation d’illégitimité de présence chez soi. Voici ce qu’en disait Rokhaya Diallo dans une émission radio à la suite des attentats de janvier :

    « Quand j’entends dire que l’on somme les musulmans de se désolidariser d’un acte qui n’a rien d’humain, oui, effectivement, je me sens visée. J’ai le sentiment que toute ma famille et tous mes amis musulmans sont mis sur le banc des accusés. Est-ce que vous osez me dire, ici, que je suis solidaire ? Vous avez vraiment besoin que je verbalise ? Donc, moi, je suis la seule autour de la table à devoir dire que je n’ai rien à voir avec ça (1). »

    La seconde posture est l’essentialisme et le culturalisme. Les actes barbares que nous vivons auraient une explication simple : ils sont en germe dans la religion musulmane elle-même qui à la différence des autres, porterait une violence congénitale, une barbarie consubstantielle et une irrationalité dans son essence. Cette religion à la différence des autres religions monothéiste serait allergique à la raison et inapte à la vie dans une société démocratique. De cette représentation de la religion découle la représentation de ses adeptes. Les musulmans seraient, contrairement aux autres croyants, une entité homogène partageant tous le même rapport au monde, à la société et aux autres. Une telle posture conduit inévitablement à l’idée d’une éradication, l’islam apparaissant comme incompatible avec la république, la laïcité, le droit des femmes, etc. Résultat de plusieurs décennies de diffusion politique et médiatique de la théorie du « choc des civilisations », cette posture s’exprime dans des formes plus ou moins nuancées mais est malheureusement bien ancrée dans notre société (2).

    La troisième posture est celle de la relativisation de la gravité des tueries. Celles-ci ne seraient que le résultat d’une folie individuelle contre laquelle on ne pourrait rien si ce n’est de repérer le plus tôt possible les signes annonciateurs dans les comportements individuels. Nous ne serions qu’en présence d’accidents dans les trajectoires individuelles sans aucune base sociale, matérielle, politique. Une telle posture de "psychologisation" occulte que les individus ne vivent pas hors-sol et que leur mal-être prend telle ou telle forme en rencontrant un contexte social précis. C’est à ce niveau que se rencontre l’individu et sa société, la trajectoire individuelle et son contexte social, la fragilisation et les offres sociales et politiques qui la captent pour l’orienter. Il est évident que les candidats « djihadistes » sont issus de trajectoires fragilisées mais cela ne suffit pas à expliquer le basculement vers cette forme précise qu’est la violence nihiliste (3).

    La quatrième posture s’exprime sous la forme de la théorie du complot. Les tueries seraient le fait d’un vaste complot ayant des objectifs précis : complot juif mondial, "illuminati", actes des services secrets, etc. Elle conduit à un aveuglement face au réel et à l’abandon de l’effort de compréhension du monde et des drames qui le secouent. Elle suscite une dépolitisation se masquant derrière une apparente sur-politisation : dépolitisation car il serait vain de rechercher dans l’économique, le social, le politique, etc., les causes de ce que nous vivons et sur-politisation car tout serait issu d’une cause politique occulte portée par un petit groupe secret. Elle est entretenue par la négation dominante de la conflictualité sociale, des oppositions d’intérêts et des stratégies des classes dominantes pour orienter l’opinion dans le sens de ses intérêts matériels. A ce niveau l’accusation de « confusionnisme » de toute dénonciation des stratégies des classes dominantes conduit consciemment ou non à entretenir la théorie du complot. Certains « anti-confusionnistes » de bonne foi ou non entretiennent en effet boomerang le « complotisme ». Ce faisant, certains « anti-confusionnistes » entretiennent la confusion (4).

    La cinquième posture est l’explication en terme du « virus externe ». Notre société serait victime d’une contamination venant uniquement de l’extérieur contre laquelle il faudrait désormais se prémunir. Elle débouche sur une logique de guerre à l’externe et sur une logique sécuritaire à l’interne. Elle est créatrice d’une spirale où la peur et le discours sur la menace externe suscite une demande d’interventions militaires à l’extérieur et de limitation des libertés à l’interne. Susciter une demande pour ensuite y répondre est un mécanisme classique des périodes historiques réactionnaires. L’absence de mouvement anti-guerre dans notre société est le signe que cette posture est largement répandue. Or comme la précédente, elle conduit d’une part à l’abandon de la recherche des causes et d’autre part au sentiment d’impuissance (5).

    Il reste la posture matérialiste ne renonçant pas à comprendre le monde et encore plus quand il prend des orientations régressives et meurtrières. Minoritaire dans le contexte actuel, cette posture est pourtant la seule susceptible d’une reprise de l’initiative progressiste. Elle suppose de recontextualiser les événements (et encore plus lorsqu’ils prennent des formes dramatiques) dans les enjeux économiques, politiques et sociaux. Elle nécessite la prise en compte des intérêts matériels qui s’affrontent pour orienter notre demande et qui produisent des conséquences précises. Elle inscrit les comportements individuels comme étant des résultats sociaux et non des essences en action. Elle prend l’histoire longue et immédiate comme un des facteurs du présent. Elle peut certes se tromper en occultant par méconnaissance une causalité ou en la sous-estimant, mais elle est la seule à permettre une réelle action sur ce monde.

    Dans un monde marqué par la violence croissante sous toutes ses formes, le renoncement à la pensée nous condamne pour le mieux à une posture de l’impuissance et pour le pire à la recherche de boucs-émissaires à sacrifier sur l’autel d’une réassurance aléatoire.

    Une offre de « djihadisme » qui rencontre une demande

    Il existe une offre de « djihadisme » à l’échelle mondiale et nationale. Elle n’est ni nouvelle, ni inexplicable. Elle a ses espaces de théorisations et ses Etats financeurs. L’Arabie Saoudite et le Qatar entre autres, pourtant alliés des Etats-Unis et de la France, en sont les principaux (6).

    Ces pétromonarchies appuient et financent depuis de nombreuses années des déstabilisations régionales dont elles ont besoin pour maintenir et/ou conquérir leur mainmise sur les richesses du sol et du sous-sol du Moyen-Orient. Cette base matérielle est complétée par un besoin idéologique. Elles ont besoin de diffuser une certaine vision de l’Islam pour éviter l’émergence et le développement d’autres visions de l’Islam progressistes et/ou révolutionnaire qui menaceraient l’hégémonie idéologique qu’elles veulent conquérir. Plus largement les pétromonarchies sont menacées par toutes les théorisations politiques qui remettent en cause leur rapport aux grandes puissances qui dominent notre planète : nationalisme, anti-impérialisme, progressisme dans ses différentes variantes, communisme, théologie de la libération, etc.

    C’est à ce double niveaux matériel et idéologique que s’opère la jonction avec la « réal-politique » des puissances impérialistes. Elles aussi ont un intérêt matériel à la déstabilisation de régions entières pour s’accaparer les richesses du sol et du sous-sol, pour justifier de nouvelles guerres coloniales en Afrique et au Moyen-Orient, pour supplanter leurs concurrents, pour contrôler les espaces géostratégiques et pour balkaniser des Etats afin de mieux les maîtriser. Elles aussi ont un besoin idéologique de masquer les causes réelles du chaos du monde c’est-à-dire la mondialisation ultralibérale actuelle. Il n’y a aucune amitié particulière entre les classes dominantes occidentales et les pétromonarchies et/ou les « djihadistes », mais une convergence relative d’intérêts matériels et idéologiques. Comme le soulignait De Gaulle pour décrire la réal-politique : « Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». C’est cette réal-politique qui a conduit dans le passé à présenter les « djihadistes » en Afghanistan comme des combattants de la liberté et qui conduit un Fabius à dire aujourd’hui : « El Nosra fait du bon boulot ».

    Mais se limiter à l’offre ne permet pas de comprendre l’efficacité actuelle du phénomène. Encore faut-il expliquer le fait que cette offre rencontre une « demande ». Nous disions plus haut que cette offre n’est pas nouvelle. Nous l’avons-nous même rencontrée dans les quartiers populaires, il y a plus de trois décennies. Simplement à l’époque, elle ne rencontrait aucune « demande ». Nous pensions à vivre, à nous amuser, à militer et à aimer et regardions ces prédicateurs comme des allumés. C’est la raison pour laquelle il faut se pencher sur les processus d’émergence et de développement de cette demande « made in France ». A ce niveau force est de faire le lien avec les processus de paupérisation et de précarisation massive qui touchent les classes populaires. L’existence avérée de candidats « djihadistes » non issus de familles musulmanes souligne que c’est bien l’ensemble des classes populaires qui sont concernés par ces processus conduisant les plus fragilisés de leurs membres à sombrer dans des comportements nihilistes. Force également est de faire le lien avec les discriminations racistes systémiques et institutionnelle qui abîment des vies pour nos concitoyens noirs, arabes et musulmans. Force enfin est de prendre en compte dans l’analyse les effets des discours et pratiques islamophobes qui se sont répandus dans la société française et qu’il de bon ton de relativiser, d’euphémiser, voir de nier. Ce sont l’ensemble de ces processus qui conduisent à l’émergence du nihilisme contemporain.

    Enfin la vision méprisante des habitants des quartiers populaires comme « sous-prolétariat » incapable de penser politiquement conduit à sous-estimer le besoin du politique dans les classes populaires en général et dans leurs composantes issues de l’immigration post-coloniale en particulier. Ces citoyennes et citoyens observent le monde et tentent de le comprendre avec les grilles disponibles dans une séquence historique donnée. Ils et Elles ne peuvent que constater que des guerres se multiplient et que l’on trouve des financements pour le faire alors qu’on leur serine que les caisses sont vides. Elles et ils ne peuvent qu’interroger la soi-disant nécessité urgente d’intervenir en Irak, en Afghanistan, en Syrie, en Lybie, en Côte d’Ivoire, au Mali, etc. et à l’inverse la soi-disant nécessité urgente à soutenir l’Etat d’Israël en dépit de ses manquements à toutes les résolutions des Nations-Unies. Tous ces facteurs conduisent pour la majorité à une révolte qui cherche un canal d’expression et pour une extrême minorité à l’orientation nihiliste.

    A ne pas vouloir comprendre qu’un monde immonde conduit à des actes immondes, on constitue le terreau de la rencontre entre l’offre et la demande de nihilisme.

    Notes :

    1) http://www.atlasinfo.fr/Charlie-Heb...

    2) Voir sur ce sujet : Jocelyne Cesari, l’Islam à l’épreuve de l’Occident, La Découverte, Paris, 2004.

    3) Sur la rencontre entre le contexte social et effets fragilisant sur les trajectoires individuelles voir Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Le Seuil, 1952.

    4) Luc Boltanski, Enigmes et complots. Une enquête à propos d’enquêtes, Gallimard, Paris, 2012.

    5) Voir notre article avec Yvon Fotia « Discrimination systémique » , Dictionnaire des dominations de sexe, de race, de classe, Syllepse, Paris, 2012.

    6) David Benichou, Farhad Khosrokhavar, Philippe Migaux, Le jihadisme, comprendre pour mieux combattre, Plon, Paris, 2015. Et Richard Labévière, Les dollars de la terreur, Les Etats-Unis et l’islamisme, Grasset, Paris, 1999.

    Source : www.investigaction.net