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Comme une longue et mauvaise nuit

 

Par Karim Boukhari le 14/11/2015 à 18h25
© Copyright : DR

En hommage aux victimes des attentats de Paris, et à toutes les victimes de la barbarie humaine.

Parfois les mots ne viennent pas. Ils refusent et restent immobiles, comme glacés. Ils ne remontent plus à la surface des lèvres. Les mots restent perdus quelque part, prisonniers de la cage thoracique et de la tête. Parce qu’il y a les mots du cœur et puis il y a les mots de la tête. Comment faire le tri entre ceux-ci et ceux-là ? Les premiers sont chauds et les deuxièmes sont froids alors qu’ils ne voudraient pas.

 

Aujourd’hui les mots du cœur se confondent avec les mots de la tête. Ils sonnent tous les deux pareil. Même musique, triste et noire comme une longue et mauvaise nuit.

 

Je suis amateur de foot, fan de rock et des ambiances de la nuit. J’aime aller aux stades, aux salles de concert et aux pubs. C’est comme ça depuis tout petit. Je ne vais pas changer, je ne crois pas. C’est moi.

 

J’aurais pu être à chacun des endroits ciblés par les attentats de Paris. J’aurais pu être parmi ces corps explosés et ces personnes perdues et qui crient.

 

Je refuse de comprendre la logique de ceux qui tuent. Je refuse de les écouter invoquer Allah ou la Syrie ou n’importe quelle contrée meurtrie pour justifier leur barbarie.

 

Il n’y a rien à justifier.

 

Je ne suis pas l’Occident, je ne suis pas Paris. Je suis moi. Et c’est moi aussi, le simple être humain que je suis, que des idiots et des criminels ont attaqué.

 

Je refuse de me définir par mon ethnie, ma couleur de peau, ma religion ou même mon sang. Je me définis par les choses que j’aime. Celles que j’ai choisies, que j’ai acquises et construites l’une après l’autre, les choses qui me ressemblent, qui me touchent, et vers lesquelles je suis librement allé.

 

Je parlais plus haut des mots de la tête et de ceux du cœur. Il y a aussi ces mots qui fusent des poumons, ces mots explosifs, explosifs comme des bombes artisanales, des bombes faites de clous et de morceaux de plomb. Des mots comme cracher, tuer, venger. Ces mots, je les retiens dans mes poumons. Je les condamne à l’oubli.

 

S’il y a quelque chose que je hais, c’est la barbarie. Le reste est littérature.

 

Parfois, quand on voit quelqu’un pleurer, on pleure aussi en pensant à quelqu’un ou à quelque chose que l’on a perdu. On ne peut pas lutter contre cela. La compassion est une vertu humaine et naturelle. Je remercie le ciel d’éprouver encore et toujours de la compassion, de ne pas rester de marbre, de me sentir touché et concerné par le drame qui frappe une ville splendide et un peuple voisin et ami.

 

Depuis toujours, la vie a triomphé de la mort. C’est ce qu’on enseigne aux enfants et c’est vrai. Mais il faudra l’enseigner aussi aux adultes. Les adultes du monde entier. Il faudra leur dire très simplement que le bien c’est la vie, et le mal c’est la mort. Il faudra leur dire comme on dit aux enfants. Il faudra leur dire avec la main, avec des grands et des petits gestes, il faudra leur expliquer par tous les moyens possibles que l’humanité n’est pas une prison dans laquelle on isole les fidèles des mécréants et des impies. L’humanité n’aime pas la mort mais la vie.

 

 

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