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  • Les tiraillements du Camp du Bien

     

    Publié le 13 mai 2015 dans Édito

    Il y a encore quelques années, il était assez facile de repérer les bons des méchants. Mais petit à petit, avec la crise et l’arrivée au pouvoir des Socialistes officiels, les cartes se sont brouillées, les méchants sont devenus foutrement plus nombreux, à mesure que les dénonciations des bons s’empilaient. En ce mois de mai 2015, on doit se rendre à l’évidence : le Camp du Bien s’est démultiplié pour ne faire qu’une succession de petits baraquements retranchés d’où partent des tirs nourris, tous azimuts.

    Pour tout dire, c’est le bazar et une vache n’y retrouverait pas ses chatons.

    Chat bourré

    Jusqu’au 7 janvier dernier, on pouvait encore trouver des grandes idées qui rassemblaient mollement les individus, à l’instar des petits coquillages ballotés par une mer paresseuse. Il y avait l’antiracisme, bien sûr, la lutte contre les discriminations et pour l’égalité, décidément, la volonté d’en finir avec le méchant turbo-libéralisme (évidence nécessaire). À dose plus ou moins modérée, les combats pouvaient comprendre aussi ceux contre la pollution et le réchauffement climatique, la domination patriarcale et le massacre des bébés phoques. Simple, vous dis-je.

    Après le 8 janvier, les choses sont devenues nettement plus complexe, tout d’un coup. Le Camp du Bien s’est retrouvé plongé dans un abîme de perplexité.

    charlie hebdo intouchablesIl devait dénoncer l’abominable, mais devait à tout prix éviter l’amalgame, ce truc dangereux à base de bête immonde pilée et macérée dans du jus de communautarisme le plus aigre. Le Camp du Bien devait à la fois garantir, rubis sur l’ongle, la liberté des uns à s’exprimer, de préférence en faisant des dessins de figures religieuses sodomisant des enfants (suggestion de présentation), tout en expliquant aux autres la notion de respect et l’absolue nécessité de ne pas stigmatiser qui que ce soit, le tout en poursuivant ceux qui affirmaient s’exprimer autrement que dans les cases prévues à cet effet, tout en préparant ouvertement une loi de surveillance que la NSA n’aurait même pas osé pousser en loucedé.

    Fatalement, même pour le Camp du Bien dont la souplesse intellectuelle est légendaire et lui permet de plier la réalité avec une dextérité invraisemblable, ce genre d’exercices acrobatiques peut provoquer des foulures (du droit) et autres entorses (aux principes de base) assez carabinées. Ce qui devait arriver arriva : le Camp du Bien explosa.

    À présent, l’état des lieux est impossible à faire. Les Camps du Bien se tirent les uns sur les autres. Tenez, dans l’actualité, on trouve de tout.

    Le Camp du Bien ne stigmatise pas, c’est dit. Mais comme le Camp du Bien est laïc, il ne voudra pas de certains signes ostentatoires, comme … une jupe trop longue. Le Camp du Bien est poursuivi par une association du Camp du Bien pour discrimination. Là encore, rassurez-vous, le Camp du Bien gagnera à la fin (je vous laisse choisir lequel, moi, je m’y perds).

    Le Camp du Bien Caroline Fourest est pour la liberté d’expression, on l’a vu, et il lui arrive même de se fendre de livres entiers pour l’expliquer en long, en large et parfois un peu de travers. Alors le Camp du Bien Aymeric Caron dissèque et critique, dans une émission officiellement Camp du Bien Laurent Ruquier. Et parfois, ça se termine en distribution d’anathèmes. Prendre parti sera complexe. Le Camp du Bien gagnera, quoi qu’il arrive.

    Le Camp du Bien, il n’aime vraiment pas trop discriminer. C’est très vilain, ça, monsieur. Mais le Camp du Bien admet que, parfois, faire des statistiques ethniques, ça peut le faire, à tort ou à raison. Bien sûr, lorsque le Camp du Mal entreprend de faire mine de s’y employer, c’est la tempête : Ménard qui tente de savoir combien d’enfants musulmans il peut avoir sur sa commune en comptant les patronymes arabes, c’est insupportable en République Socialiste du Bisounoursland. Sauf qu’à bien y réfléchir, il devient difficile de lui reprocher ce que d’autres prônent, ou font carrément. Au sein même du Camp du Bien, le Deux Poids, Deux Mesures entraîne des crispations…

    D’un côté, on comprend que le Camp du Bien (ici, le ministre du Chômage, François Rebsamen), travaille pour l’égalité entre les hommes et les femmes au travail. De l’autre, le Camp du Bien ne saura pas tolérer qu’on supprime le « rapport de situation comparée » (RSC), institué par la loi Roudy de 1983. Le Camp du Bien lance donc une pétition contre le Camp du Bien. Rassurez-vous, le Camp du Bien gagne à la fin, même si on peut s’étonner que le Camp du Bien désire si ardemment faire des statistiques sexuelles, alors qu’il s’interdit de faire des statistiques ethniques.

    Egalité, Taxes, Bisous : République du Bisounoursland

    Le Camp du Bien, il a été Charlie. Mais à lire les Grands Penseurs Inévitables de ce Camp, il n’aurait pas dû, ou s’il l’a été, c’était pour camoufler son islamophobie. Le Camp du Bien bondit (forcément, se faire traiter de cryptofascisme et de pétainisme, ça picote un peu). La bataille sera homérique, le Camp du Bien en sortira vainqueur, c’est évident.

    Et bon courage pour y comprendre quelque chose …

    Alors que les scories de mai 68 retombaient en France, la société s’est progressivement accommodée de ces individus aux agendas politiques socialistes les plus agressifs, qui ont eu la présence d’esprit de se placer dans les strates les plus efficaces pour diffuser leurs messages, essentiellement les médias, l’enseignement et la politique. Ces messages bien spécifiques ont, « avec brio » si l’on regarde la société actuelle, fait passer le plaisir immédiat avant le bonheur, la consommation avant l’épargne, l’amusement et le divertissement avant le sérieux, et l’insouciance inculte avant la culture et le savoir. Après presqu’un demi-siècle, ça y est, la mission est réussie, qui consistait à faire en sorte que partout, tout le temps, les soldats de la Pensée Autorisée soient à l’affût, prêts à dégainer et à fusiller sur place le moindre impétrant qui aurait eu l’audace de penser de travers et de le dire.

    Cette observation peut être faite dans à peu près tout le monde occidental, avec des variantes en fonction du terreau local, parfois plus conservateur, parfois plus progressiste. Mais en France, le mal est si profond, si bien implanté et la liberté d’expression est si bien corsetée que la moindre formule de dissidence est rapidement attaquée par des meutes de sicaires fanatisés du Camp du Bien.

    Jusqu’à présent, cela avait eu pour effet de réduire au silence, ou à peu près, tout ceux qui ont le malheur de réclamer moins d’État, moins de cette solidarité gluante, de cette déresponsabilisation galopante, de cet égalitarisme forcené qu’on nous fourre partout, à toutes les sauces, dans tous les discours, à toutes les occasions, dans chaque commémoration, célébration ou événement. A contrario, tous ceux qui réclamaient exactement l’inverse ont eu des boulevards médiatiques, et, par voie de conséquence, les subsides généreux d’une République reconnaissante.

    Seulement voilà : deux effets sont apparus progressivement.

    D’une part, comme je l’ai dit, la mission du Camp du Bien est un succès : l’attrition des ennemis sous ses feux est complète. Malheureusement, des mercenaires sans ennemis finissent bien vite par s’ennuyer, et finissent par se chamailler.

    D’autre part, la crise aidant, les subsides sont plus difficiles à distribuer. Le nombre de mercenaires du Camp du Bien a tant augmenté que payer leur solde devient fort coûteux. Il faut choisir celles des factions qui recevront, celles qui seront aidées, celles qui devront se débrouiller. Les repas sont plus frugaux, les appétits s’aiguisent, les crocs sortent. Et comme, en plus, aucun alpha n’a vraiment pris la direction, que le seul qui pourrait y prétendre est tout sauf un chef crédible, … les dissensions se muent en batailles rangées.

    Le Camp du Bien n’a plus ni ressources intellectuelles ou morales, ni plus la moindre colonne vertébrale doctrinaire. Les penseurs et intellectuels, depuis longtemps éteints, ont été remplacés par des vendeurs de soupe populiste qui ont choisi de se tirer dans les pattes en s’accusant mutuellement de censure, de fascisme, de racisme ou de discrimination amalgamante pétaino-islamophobe (ne reculons devant rien) pour exister médiatiquement et grappiller, tant que cela sera possible, les quelques miettes que la France pourra encore leur offrir.

    Le délitement du pays continue. Regardez-les bien se débattre dans la purée collante que tous ces groupes ont contribué à former. Regardez cette magnifique élite se focaliser sur ces kyrielles de sujets dilatoires alors que l’économie n’a jamais été aussi mauvaise. Regardez-les bien se foutre presque sciemment (j’insiste sur presque) de ceux qui paient pour leurs combats grotesques, leurs idées pourries et leurs débats indigents.

    Regardez-la bien, cette élite, et profitez-en tant que vous pouvez. Parce qu’à un moment ou un autre, la réalité, implacable, va reprendre ses droits et tout ça va devoir s’arrêter. Ça risque d’être un peu douloureux.

    le socialisme c'est magique

     

  • Un périple autour du monde

    Un périple autour du monde : à la découverte de l’Afrique

    Publié le 4 juin 2015 dans Culture

    Parce qu’un con qui marche va toujours plus loin qu’un intellectuel assis, deux frères sont partis sur les routes depuis de longs mois, traversent les frontières, les villes et les campagnes à l’occasion d’un tour du monde à durée indéterminée, sans casques ni golden-parachutes. Au fil de leur voyage, ils livrent leurs impressions sur des expériences qui les ont marqués.

    Aujourd’hui, arrivée mouvementée en Afrique du sud.

    Par Greg.

    J’arrive à Johannesburg à 6h00 du matin après deux retards successifs à New York et Dubai. Pas le temps de gamberger, je déplie le vélo et sors de l’aéroport sans trop savoir où je suis, et des pesos colombiens plein les poches que personne n’a voulu me changer. Je sais simplement que je veux me diriger à l’Est. Coup de pot, l’aéroport est du bon côté et je m’enfile donc directement sur l’autoroute sans réfléchir, ce qui m’évite de traverser une ville plus célèbre pour ses carjackings au magnum et les tours/safaris dans Soweto que pour le charme de ses ruelles.

    La route est d’abord sans intérêt et d’un banal à faire blêmir une méduse. Quelques propriétés barbelées et des débuts de bidonvilles me rappellent où je suis et me sortent de la torpeur où mes deux heures de sommeil me glissaient petit à petit. Mon premier vrai contact avec la population se fait au supermarché, car il fallait que je rachète le peu de victuailles que les douanes m’avaient confisquées. Je découvre rapidement que les gens n’arrêtent pas de déconner ici, bien loin de l’image qu’on peut en avoir de l’étranger. Pour le moment, ceux qui me parlent ont tous la banane bien que je découvre quelques visages fermés ou inamicaux au détour d’un quartier moins fréquenté.

    Après une petite sieste vitale de deux heures dans un champ, voilà qu’un premier policier m’arrête pour me signaler que l’autoroute n’est pas faite pour les vélos.
    – Vous voyez des gens sur l’autoroute ici ?
    – Euh… oui. Plein. Regardez, là !
    – Oui bon bref, c’est interdit donc vous prenez la 4ème sortie pour rejoindre la route qu’il vous faut et c’est marre.

    La quatrième sortie débouche directement sur un township bondé. Il rêve éveillé, l’argousin, je vais pas là-dedans pour mon premier jour en Afrique du sud, ma bande d’arrêt d’urgence me convient parfaitement. Il m’escortera si ça l’amuse mais je ne bouge pas d’ici.
    J’ai beau m’éloigner de la ville, la densité de marcheurs/autostoppeurs le long de la route reste constante, pas moyen de trouver un coin isolé. Je m’enfonce donc rapidement dans un champ de maïs, décapite trois plans et y passe une nuit paisible à l’abri des regards indiscrets.

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    Au petit matin, alors que je chargeais mes affaires sur mon véhicule à l’entrée du champ, un black en salopette bleue se pointe. Je me dis que c’est un ouvrier du champ et qu’on va discuter tranquillement. Il entame les démarches :

    – « Qui t’es ? Tu fais quoi ? Donne moi de l’argent !
    – De l’argent, pourquoi ?
    – Parce que t’es trop riche ! »

    Ah, ça sent le faisan, là.

    – « Moi trop riche ? Mais non regarde, je dors dans les champs. C’est ton champ ?
    – Securit’ ! Give me money !
    – Non, de toute façon je dois y aller.
    – Don’t move ! »  
    me dit-il en relâchant la courroie qu’il tient dans la main et en appelant je ne sais qui d’autre avec son portable.

    Un type, je peux gérer, il peut éventuellement me faire mal mais il n’arrivera pas à me maîtriser avec sa pauvre courroie. Et j’ai aussi quelques arguments matériels. Par contre, s’il fait rappliquer ses potes, je ne me sens pas l’âme d’un Jet Li. Le dialogue de sourd dure quelques secondes de plus jusqu’à ce que j’attrape ma chaise pliante pour la ranger. Sur ce, mon créancier prend peur (de ma chaise ?) et s’enfuit en courant téléphone à l’oreille. Ni une ni deux, je cours sur l’autoroute profitant d’une si belle occasion. Première matinée en Afrique, ça promet. À mon avis, c’était un ouvrier du champ qui a tenté sa chance car je verrai beaucoup d’autres salopettes bleues par la suite mais je ne tiens pas vraiment à le savoir.

    Les jours suivants me rassureront progressivement. Les habitants devenaient de plus en plus sympathiques au fur et à mesure que je m’engouffrais en direction de Nelspruit et de la « Panorama Road ». Les blancs me demandaient si je n’étais pas effrayé du taux élevé de crimes tandis que les blacks me parlaient plutôt des serpents que je risquais de rencontrer lors de mes soirées camping. Mais en pleine campagne, je ne voyais ni serpents, ni malfaisants, alors je rassurais régulièrement tout le monde d’un sourire.

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    Sur la route après Graskop, les paysages de toute beauté qui se succédaient pendant plusieurs jours, couplés aux discussions toujours drôles que j’avais avec les locaux, m’ont fait complètement oublier la réputation du pays. Je me cachais toujours pour dormir mais c’était presque plus par habitude que par réelle crainte. La route que j’empruntais surplombait une immense plaine que l’on apercevait par intermittence. Sur quelques kilomètres, The Pinnacle, God’s Window ou encore Three Roundavelts m’offraient certains des plus beaux paysages de mon voyage. On m’a dit que la région de Cape Town était encore plus belle, il faudra donc que je revienne vérifier. J’étais en plein rêve, l’Afrique était paradisiaque et ne ressemblait en rien à tout ce que j’imaginais avant d’y poser mes roues. Mes journées devenaient même de plus en plus longues à cause des discussions hilarantes que j’avais avec les locaux.

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    Puis j’arrivais à Burgersfort, petite ville que j’avais pointée sur ma carte comme prochain lieu de ravitaillement. Un sentiment mitigé m’envahissait dès l’entrée de la ville. J’avais bien vu le supermarché Spar, mais l’ambiance qui régnait devant ne me plaisait guère et je ne m’arrêtai donc pas. Pas de sourires, on répondait à mes saluts par des gestes dédaigneux de la tête (vous savez, ce mouvement de bas en haut comme pour dire ouais, t’es qui toi ?!  ). Je fais le plein d’eau à la station service et les employés du car cash m’interpellent, ils s’inquiètent pour moi. « Don’t sleep in the bush, here people kill other people. You should stay at the next garage tonight. Etc. » Il est 14h30, si je dors au garage dans 200m je suis pas bien plus avancé. J’aperçois des policiers, je vais donc leur quémander un avis objectif. C’est à peine s’ils me considèrent. « Mouais, c’est OK tu peux y aller » Je sais bien que je peux y aller gros malin, je veux savoir si je vais en sortir surtout. Toujours pas vu un autre blanc dans le coin. Bon, j’y vais, je n’aime pas cet endroit et je veux partir vite, pensant quitter la ville en 10 minutes. J’essaye de saluer le plus de monde possible et très peu me répondent, jusqu’à ce que certains commencent à me gueuler des trucs en dialecte local. Je ne sais pas trop si c’est hostile ou non même si le ton laisse peu de place au doute. Je souris tout de même bêtement pour les détendre. « Fuck off ! » « Leave ! Leave ! » Ah, ça c’est hostile. Je le sens de moins en moins, la ville ne s’arrête jamais et grimpe légèrement sur 20km, j’en peux plus et je m’attends à voir surgir un type avec une machette pour me tailler en pièces pendant plus d’une heure.

    Puis les maisons se dispersent un peu, les esprits semblent plus calmes et certaines voitures s’arrêtent désormais pour savoir ce que je fais là, mais gentiment. Au coucher du soleil, je trouve finalement refuge chez Harry, un ingénieur électricien de la mine de platine. Il m’offre un coin de son jardin pour la nuit et part dans un fou rire à chaque fois que je lui explique comment je vis.

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    Au petit matin, à la sortie d’un bain salvateur, sa femme prit pitié de moi et de mon unique chemise mouillée en m’en offrant une de son mari. On me confirme également une première fois (d’autres suivront plus tard) que Burgersfort n’est définitivement pas un coin recommandable pour un blanc-bec en vélo. Le mauvais endroit donc. Outre les grandes agglomérations, il existe donc quelques îlots à éviter en Afrique du Sud. Après cet épisode, j’ai demandé aux gardiens blacks d’une mine qui m’hébergeront pour la nuit s’il existait encore des tensions raciales en Afrique du Sud. Ils en rigolent presque. Pour eux « c’est du passé, mais on ne peut pas empêcher quelques imbéciles d’exister. »

    La suite de la route vers Mokopane puis à la frontière Botswanienne est des plus tranquilles, quelques animaux de safaris font leur apparition au loin dans les réserves et les Sud-Africains ont tous retrouvé le sourire. Il est pas beau celui de Georges?

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    On insiste pour me filer de l’herbe à fumer dont je ne veux pas, et surtout, ils se foutent de ma façon de voyager. Je suis complètement con pour eux. Ils ne comprennent pas. « Mais pourquoi tu t’infliges ça ? » est une question récurrente. « On te paye pour ça ? Non ? » Ou alors « Tu vas en Ethiopie ? Avec ce vélo ? Tu mens ! » . Parfois j’indique simplement que je me rends à la prochaine ville et que je repars en France pour abréger. Autrement, s’en suivent systématiquement des dialogues hilarants de 20 minutes où un attroupement se forme autour de moi pour parler de mon périple, ou bien interpelle des automobilistes inconnus pour les prévenir. Automobilistes qui s’arrêtent à leur tour au milieu de la voie pour poser des questions. Ça klaxonne derrière mais personne ne bouge sans au moins connaître ma destination finale, d’où je viens et pourquoi je fais ça. Question à laquelle il est parfois plus ardu de répondre qu’on ne pourrait le penser.

    La route jusqu’à la frontière du Botswana est infiniment droite et plate. Plus aride aussi. Ça ressemble à l’Afrique qu’on voit dans les reportages animaliers. Je rencontre beaucoup de blancs qui s’en vont en Safari et qui m’apprendront que mon chemin au Botswana comprend une portion de 300km avec des lions et des éléphants en liberté. Des lions ?! Mais c’est dangereux ça ! « Ah oui mais les éléphants encore plus. Si tu restes sur la route tu devrais être OK. » Je devrais, l’emploi du conditionnel est admirable.

    Le voyage en vélo semble être un concept encore peu répandu en Afrique du Sud (en comparaison à l’Amérique latine par exemple) et les réactions des gens me laissaient presque penser que j’étais le seul cycliste du pays, ce qui m’étonnait un peu. Jusqu’à ce qu’on me signale un matin que mon ami était passé 20 minutes avant moi. Mon ami ? Un type en vélo ? Faut que je le rattrape ! Après une vingtaine de kilomètres au galop, je rattrapais Eelco, un Sud-Africain de 65 ans qui voyage en vélo de Cape Town jusqu’aux chutes Victoria. Il a déjà fait la route il y a 30 ou 40 ans et connaît quelques coins où dormir à peu près en sécurité sur la route des lions. Eh bien voilà des infos qui datent un peu mais qui valent de l’or 50km avant de passer la frontière.

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    L’Afrique du Sud a été une très bonne découverte. J’en étais un peu effrayé avant d’arriver et j’ai découvert un pays magnifique aussi bien pour ses habitants que ses panoramas incroyables. Oui, il existe encore quelques zones d’ombre, certains lieux à éviter, les nombreuses pubs pour les compagnies de sécurité en témoignent. Bien sûr, les infos mettront toujours plus l’accent sur ces zones que sur les points positifs du pays. Vous entendez beaucoup de bonnes nouvelles en écoutant les news ? Bref, ferme ta TV et file découvrir l’Afrique du sud :

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  • « Les complices de l’islamisme »

    « Les complices de l’islamisme » :Marianne au zénith de la médiocrité journalistique

    par Julien Salinguele 26 mai 2015

    « Les complices de l’islamisme ». Tel est donc le titre de l’épais dossier (24 pages) de l’hebdomadaire Marianne du 22 mai 2015 (n°944) qui entend dénoncer, comme l’annonce la « une », les « alliés objectifs, compagnons de route [et] idiots utiles » de « l’islamisme ».


    Le dossier et son contenu ont rapidement fait le « buzz », notamment en raison d’un article, particulièrement remarqué, contre la station de radio Beur FM, et plus précisément contre l’émission quotidienne « Les Z’informés » [1]. 

    Voilà qui ne pouvait manquer d’attirer l’attention d’Acrimed.

    Nous avons donc lu attentivement le dossier et, le moins que l’on puisse dire est qu’en comparaison des ambitions affichées et desdéclarations tonitruantes du directeur de la rédaction de MarianneJoseph Macé-Scaron, nous sommes restés sur notre faim. En effet, une fois de plus [2], Marianne nous propose un dossier qui déborde de biais journalistiques divers, du plus insignifiant au plus grave : approximations, raccourcis, amalgames, absence de pluralisme, manœuvres voire manipulations, et sensationnalisme à peu de frais.

    Critiquer l’islam ? C’est évidemment le droit de tout un chacun, de même que chacun doit pouvoir librement dénoncer les dangers représentés par les intégrismes religieux, qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans, et par leurs alliés. La critique des intégrismes religieux et des religions en général est même un exercice indispensable en démocratie, à la condition toutefois d’accepter certains principes : ne pas confondre une religion, des expressions radicalisées de cette religion, et les croyants ; tolérer la « critique de la critique » sans tomber dans le binarisme bushien (« Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes avec les terroristes ») ; être construite de manière argumentée, rigoureuse et intègre.

    Or le moins que l’on puisse dire est que le dossier de Marianne est loin, très loin de répondre à ces critères.

    Pour ne pas accabler nos lecteurs et lectrices, et par souci de cohérence, nous avons concentré notre examen critique du dossier sur le long article de cadrage (huit pages, soit un tiers du total), rédigé par Éric Conan. Cet article condense en effet l’essentiel des thèses du dossier, les autres articles (que nous évoquerons brièvement en dernière partie) servant essentiellement à illustrer le propos d’Éric Conan, ainsi résumé dans le chapeau introductif :« Quatre mois après les attentats de janvier, certains arguments et certaines pratiques ont refleuri, qui, par lâcheté, idéologie, cynisme ou naïveté, balisent le chemin de l’islamisme. Enquête sur ces complicités, pas toujours conscientes mais toujours dangereuses ».

     

    I) Un voile sur la déontologie et la rigueur

    « L’enquête » d’Éric Conan s’appuie, comme toute enquête qui se respecte, sur un nombre important de témoignages, analyses et commentaires, venus d’intellectuels, de journalistes, d’universitaires, de responsables politiques et autres acteurs de la sphère publique. Si l’on s’en tient aux personnes (et groupes) explicitement cités (guillemets à l’appui), on dénombre pas moins de 43 noms, certains étant cités à plusieurs reprises.

    À première vue, le journaliste de Marianne a donc sérieusement enquêté et conduit un nombre important d’entretiens avec des acteurs divers, qui ne manquent pas de fournir matière et crédit à ce long article.

    Mais, à y regarder de plus près, les choses sont un peu différentes : la quasi-totalité des citations sont en effet extraites d’interviews ou de déclarations antérieures, pour la plupart déjà publiées dans d’autres médias. Sans qu’Éric Conan ne juge bon de le préciser, laissant penser qu’il est l’auteur de ces entretiens.

    Démonstration, chiffres à l’appui.

    Pour rendre justice à Marianne, nous avons retiré de notre comptabilité les déclarations publiques des responsables politiques français (tout en conservant les interviews « exclusives » accordées à certains médias), que l’hebdomadaire n’entend pas présenter comme des témoignages qu’il aurait lui-même recueillis [3], ainsi que celles du ministre des Affaires religieuses algérien Bouabdellah Ghlamallah. Nous avons également enlevé les citations lorsque la référence à l’original était explicite, ainsi qu’une déclaration de l’AFP, une déclaration d’enseignants de Seine-Saint-Denis et une déclaration du syndicat des chefs d’établissements. Nous avons enfin retiré, pour des raisons évidentes, une citation de Charb.

    Ce qui donne la répartition suivante : 
    Déclarations publiques de responsables politiques : 6 
    Citations sourcées : 4 
    Déclaration de l’AFP : 1 
    Déclaration d’enseignants du 93 : 1 
    Déclaration du syndicat des chefs d’établissements : 1 
    Citation de Charb : 1 
    Autres noms : 30 
    Total : 44 [4]

    Puis, nous nous sommes intéressés à ces « autres noms », et avons tenté d’établir combien d’entre eux avaient été réellement interrogés par Marianne, en examinant si les citations étaient des citations inédites ou si elles avaient été « empruntées » [5]. Le résultat est sans appel : 
    Citations inédites [6] : 2 
    Citations empruntées : 29 
    Total : 31 [7]

    Soit, plus précisément [8] :

    Au total, ce sont donc plus de 93% des témoignages, opinions ou analyses rapportées par le journaliste de Marianne qui sont issus d’articles de presse ou d’interviews antérieures et, au mieux, 7% d’entre eux qui sont des « nouveautés ». L’originalité de « l’enquête » en prend un coup : ces chiffres signifient en effet qu’Éric Conan s’est largement contenté de bricoler un article sur la base du travail préalable de ses confrères, reprenant les noms et les citations en les agrégeant pour produire un effet de légitimation dans son argumentation.

    C’est bien évidemment son droit le plus strict, mais la moindre des choses est, dans ce cas, de ne pas prétendre proposer une « enquête » et, surtout, de faire savoir que la quasi-totalité des citations sont « empruntées » à d’autres journalistes.

    On ne pourra en outre s’empêcher de relever que les citations (éventuellement) originales sont le fait de personnes tenant des propos qui vont à l’appui des thèses défendues par Marianne. En d’autres termes, et dans la mesure où il n’est précisé nulle part, dans l’article, que X ou Y aurait été sollicité mais aurait refusé de répondre aux questions d’Éric Conan [9], on en déduit que le journaliste n’a, au pire, pas contacté celles et ceux qui expriment un point de vue divergent, ou n’a, au mieux, pas jugé bon de publier leurs propos [10].

    Une démarche qui ne surprend guère quand on s’aperçoit que, parmi les « interlocuteurs » [11] cités, la proportion de personnes dont les déclarations vont à l’appui du propos général d’Éric Conan est de 24 sur 30, soit 80% des noms listés dans notre tableau.

    Ainsi :

    1) La rigueur et la déontologie d’un journaliste qui se contente, pour l’essentiel, de copier-coller des citations trouvées chez ses confrères, sans même prendre la peine de mentionner les sources originales, laissent à désirer.

    2) Le fait de n’avoir sollicité (ou fait parler) aucun opposant à ses thèses, de même que le fait d’avoir (très) largement privilégié les propos légitimant ses propres opinions, n’est pas le signe d’une enquête contradictoire, mais plutôt d’une instruction à charge. C’est ainsi par exemple que, lorsque le journaliste évoque « la scission d’une partie des Économistes atterrés dénonçant le suivisme d’Attac », une seule des deux parties a droit à la parole.

    3) Davantage que d’une enquête, il s’agit donc d’un article à charge construit autour de citations glanées ça et là et servant le propos général de l’auteur, sans que le parti-pris de ce dernier soit clairement assumé, et sans que les « emprunts » soient signalés. Des pratiques journalistiques condamnables, a fortiori lorsqueMarianne se permet d’infliger (nous y reviendrons), dans le même dossier, des leçons de journalisme à ses confrères de Beur FM. 

     

    II) Petites et grosses manipulations : l’intégrité sacrifiée

    Les biais que nous venons d’exposer ne sont, malheureusement pour Marianne, pas les seuls. Force est de constater qu’une fois de plus [12], les petites et grosses manipulations ne manquent pas, qu’il s’agisse des citations tronquées ou détournées de leur signification originale, des mensonges par approximation ou des amalgames douteux.

    1) Premier exemple de ces manipulations, avec un passage de l’article d’Éric Conan consacré à ce qui est selon lui l’un des multiples avatars des « complicités avec l’islamisme » : le « clientélisme diplomatique ». Extrait (p. 47) :

    Reprenons : si François Hollande, en privilégiant le nom « Daech », refuse d’associer à ce que Marianne nomme « l’État islamique », les termes de « monstre » ou une référence explicite (en français [13]) à l’islam, c’est pour plaire aux pétromonarchies du Golfe. Mais l’AFP a quant à elle « sèchement » refusé d’avoir recours à un tel « subterfuge ». On en déduit, et c’est ce que semble confirmer la citation attribuée à l’AFP, que cette dernière n’hésite pas, quant à elle, à utiliser le terme « État islamique ».

    Mais la vérité est très différente, et il suffit de se reporter au texte original de l’AFP [14], mais dans sa version non coupée parMarianne, pour s’en apercevoir :

    Comment appeler l’« État islamique » ?

    Nous avons décidé de ne plus employer telle quelle l’expression « État islamique ». Désormais, l’AFP utilisera l’expression « l’organisation État islamique » ou « le groupe État islamique ». Dans les titres des dépêches ou dans les « alertes », nous utiliserons si possible l’expression « djihadistes de l’EI ».

    [En d’autres termes, l’AFP rejette « sèchement » le nom adopté (entre autres) par… Marianne. Il valait donc mieux couper ce passage.]

    Une agence de presse internationale ne peut céder au « politiquement correct », ni aux pressions des uns et des autres pour que nous employions des termes tendancieux comme « terroristes » ou « égorgeurs ».

    [La manipulation d’Éric Conan est ici évidente : il a coupé la fin de la phrase (après « tendancieux ») pour laisser entendre que le terme considéré comme « tendancieux » par l’AFP était « Daech ». Il n’en est rien ! Ce sont les termes « terroristes » et « égorgeurs » qui sont visés ici par l’AFP. Et aussi, probablement, « monstres » ?]

    Bien sûr, nous ne pouvons pas changer le nom de cette organisation si elle a décidé de s’appeler comme ça, ni employer quelque chose comme « organisation qui se fait appeler État islamique ». De même, le mot « Daesh », l’acronyme de l’EI en arabe qui a été choisi notamment par le gouvernement français pour désigner l’organisation, est difficilement compréhensible pour le plus grand nombre.

    [Le refus d’utiliser le terme « Daech » n’a donc rien à voir avec les motifs « politiques » avancés par Éric Conan. Il s’agit d’un problème de « compréhension ».]

    Nous jugeons que l’expression « État islamique » est inappropriée pour deux raisons : un, il ne s’agit pas d’un véritable État, avec des frontières et une reconnaissance internationale. Et deux, pour de nombreux musulmans, les valeurs dont se réclame cette organisation ne sont en rien « islamiques ». Le nom « État islamique » est donc susceptible d’induire le public en erreur.

    [Soit l’argument exactement opposé à celui d’Abdennour Bidar et d’Éric Conan : l’AFP refuse d’assimiler « l’organisation État islamique » à l’islam en général et privilégie un nom qui permet d’opérer une distinction entre les deux entités, contrairement à Marianne qui, si l’on en croit l’AFP, utilise un nom « susceptible d’induire le public en erreur ».]

    Petit mensonge ou grosse manipulation ? À nos lecteurs et lectrices de juger.


    2) Autre exemple de ces manipulations, la référence (p. 49) au « rapport Obin », rédigé en 2004 :

    Donc, le « rapport de l’inspecteur Obin » aurait porté sur « les incidents islamistes et antisémites à l’école », et aurait de ce fait été « dissimulé ». C’est tout ? C’est tout.

    Mais, à la lecture des 37 pages dudit rapport Obin, il semble que les choses soient un peu plus complexes que ce que veut bien nous dire le journaliste de Marianne. Le titre du rapport tout d’abord, qui est sensiblement différent de la formulation d’Éric Conan : « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires ». Nuance ?

    Le concept même d’« incident islamiste », ensuite : le terme « islamiste » ne figure à aucun moment dans le rapport Obin qui, s’il entend décrire, entre autres, un développement des expressions « islamiques » dans certains établissements scolaires, ne les confond jamais avec une pénétration « islamiste ». Un détail ? Pas vraiment. Nous y reviendrons.

    De même, et si le rapport Obin dénonce, entre autres, le développement d’un antisémitisme qui serait « généralement le fait de condisciples d’origine maghrébine » (p. 22), il n’est à aucun moment établi de corrélation directe entre l’islam et l’antisémitisme, contrairement à ce que la formule d’Éric Conan (« incidents islamistes et antisémites à l’école ») pourrait laisser entendre. Tout au plus peut-on lire ce qui suit (p. 15) :

    Ainsi, certaines « manifestations d’appartenance religieuse d’élèves » pourraient déboucher sur des incidents, et parfois sur certaines formes de racisme (et pas seulement l’antisémitisme). Mais une lecture attentive du rapport nous confirme que, parmi les religions étudiées, l’islam est loin d’être seul en cause, que l’antisémitisme n’est pas le seul des racismes constatés, en d’autres termes que la présentation un peu hâtive du rapport Obin comme étant un rapport « sur les incidents islamistes et antisémites à l’école » est largement erronée, pour ne pas dire malhonnête. Extrait (p. 15) :

    On constate donc, quand bien même l’honnêteté intellectuelle nous amène à dire que c’est surtout de l’islam (et non de l’islamisme, répétons-le) qu’il est question dans ce rapport, que les nuances sont un peu plus subtiles que ce qu’Éric Conan veut bien laisser entendre. Et, en l’espèce, l’argument de la nécessité d’être concis n’est pas recevable, a fortiori dans un article de huit pages : soit le rapport Obin est évoqué, et dans ce cas il convient de restituer sa complexité et ses nuances, soit il n’est pas évoqué. Le raccourci simplificateur du journaliste de Marianne, qui « résume » un rapport par une formule laconique destinée à servir son propre propos, n’est pas à son honneur, et nous lui conseillons en outre de (re- ?)lire attentivement le rapport auquel il se réfère qui, s’il peut venir à l’appui de certaines de ses thèses, comporte de nombreux passages tendant à les relativiser, voire même à les contredire [15]. On ne peut enfin que recommander à Éric Conan de tenir compte de l’avertissement figurant à la page 6 du rapport Obin : quand bien même les établissements scolaires étudiés constitueraient « sans doute un panel assez représentatif de cette marge particulièrement active du système éducatif »« cette étude ne peut donc prêter à généralisation et à dramatisation excessive : les phénomènes observés l’ont été dans un petit nombre d’établissements ».


    3) Islam ou islamisme ? Dernière manipulation (ici par approximation) que nous évoquerons : la confusion soigneusement entretenue par Marianne entre « islam » et « islamisme », voire même entre « intégristes », « musulmans » et « personnes d’origine étrangère ».

    Précisons tout d’abord que Marianne réussit l’exploit de consacrer un dossier de 24 pages aux « complices de l’islamisme » sans jamais donner de définition précise de ce que serait « l’islamisme » [16]. Voilà qui est pour le moins gênant, surtout lorsque l’on sait que ce terme est très loin de faire consensus : pour certains, le mot « islamisme » lui-même est ainsi sujet à caution, tandis que ceux qui l’emploient peinent à s’entendre, y compris et notamment dans le milieu de la recherche universitaire, sur l’étendue et la continuité du spectre qu’engloberait cette appellation. Cette absence de définition est non seulement une faiblesse majeure du dossier de Marianne, mais elle est en outre un terreau sur lequel peuvent s’épanouir confusions et amalgames.

    Nous venons ainsi d’évoquer la référence au « rapport Obin » comme un rapport portant sur « les incidents islamistes et antisémites à l’école », alors qu’il porte avant tout, comme son titre l’indique, sur « les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires » : un exemple de cet amalgame récurrent dans le champ politique et médiatique français, qui consiste à assimiler « naturellement » expression d’une identité musulmane [17] et « radicalisation islamique ».

    Un autre passage de l’article d’Éric Conan, où les positions supposées d’Edwy Plenel sont décriées, est emblématique de cette confusion (volontaire ?). Extrait (p. 46) :

    Nous doutons qu’Edwy Plenel ait jamais dit ou écrit que « l’islamisme » avait été « humilié par la colonisation », et nos lectures de ses livres et articles nous incitent plutôt à penser que selon lui ce sont les Musulmans, voire l’islam, qui ont été « humiliés ». Mais c’est à lui de répondre, s’il le souhaite. Ce qui est à noter ici, c’est que Marianne tire un trait d’égalité entre « islamisme », « catholicisme » et « judaïsme ». En d’autres termes, on assiste à une mise en équivalence entre deux religions (le catholicisme et le judaïsme) et l’expression particulière (et déformée) d’une troisième (« l’islamisme »). Si Marianne avait souhaité faire une distinction nette entre « islam » et « islamisme » (en général compris comme l’expression d’un islam radicalisé), il aurait alors fallu le mettre en parallèle avec, par exemple, « l’intégrisme catholique » et « l’intégrisme juif ». Ce qui n’a pas été fait, et ce qui entretient (volontairement) la confusion…

    Des confusions qui ne sont pas nouvelles, comme nous l’avions déjà relevé dans notre précédente étude d’un dossier de Marianne [18]. Tellement peu nouvelles que l’hebdomadaire recycle un exemple déjà utilisé (il y a quatre ans !) dans le dossier en question, exemple qui, s’il dégageait déjà une odeur peu agréable à l’époque, sent cette fois-ci très fortement le moisi (p. 51) :

    Puisque Marianne se répète, nous nous répéterons aussi :

    En quoi l’hostilité fondée sur une référence nationaliste à la Turquie est-elle musulmane ? (…) Bien malin serait le journaliste de Marianne qui pourrait nous expliquer ce qui, en islam, proscrit l’enseignement du génocide arménien.

    Ici, il ne s’agit plus seulement de mélanger « islam » et « islamisme », mais bel et bien d’amalgamer à l’intégrisme islamique des populations d’origine étrangère, ici les Turcs, sous prétexte que leurs parents ou leurs grands-parents auraient émigré d’un pays majoritairement musulman. Une forme d’essentialisation donc, qui consiste à lire les comportements des individus et des groupes musulmans (réels ou supposés) à travers le seul prisme d’une référence à l’islam.

    Puisqu’il affirme mener des « enquêtes », Éric Conan devrait savoir que la contestation du génocide arménien n’a rien à voir avec l’islam. Ce génocide a d’ailleurs été commis par un pouvoir, le régime des Jeunes-Turcs, qui brandissait fièrement le drapeau de la laïcité.

     

    ***


    Et le fond ? Telle est la question que certains nous poseront peut-être, avec des intentions plus ou moins louables, à la lecture de cet article. Le problème est qu’en l’espèce, il nous est impossible de séparer le fond de la forme. Nous le disions en introduction : Peut-on critiquer l’islam ? Oui ! L’intégrisme religieux ? Évidemment ! Celles et ceux qui, à visage couvert ou découvert, seraient les alliés d’un projet de société réactionnaire ? Bien sûr ! Et ce n’est certainement pas Acrimed qui affirmera le contraire.

    Tout le problème est que le dossier de Marianne est un dossier empli de parti-pris non assumé, de légèreté déontologique, d’approximations, de manipulations et d’amalgames [19]. Impossible dès lors de produire un jugement distancié sur le « fond » qu’il prétend apporter, a fortiori si l’on ajoute à notre étude de l’article principal un examen des autres articles du dossier : de l’attaque en règle contre une station de Radio, Beur FM, sur la base de deux phrases prononcées par des invités en avril dernier [20], à la critique virulente du Parti des Indigènes de la République sans qu’aucun des documents politiques de l’organisation ne soit cité, en passant par les six pages (un quart du dossier !) consacrés à un « imam radical » de Toulouse, à propos duquel l’hebdomadaire lui-même avoue ne pas savoir s’il est« obscurantiste ou illuminé », on reste dans le ton et la méthode de l’article d’Éric Conan.

    Si Marianne entendait démontrer autre chose que son manque de professionnalisme et d’honnêteté, c’est raté : la médiocrité du dossier et les méthodes contestables, voire déplorables, employées, ne convaincront personne sinon les lecteurs déjà convaincus par leurs propres préjugés. On serait même tenté de dire que l’ensemble de ces biais tendent à largement décrédibiliser par eux-mêmes la thèse de Marianne, à savoir l’existence d’un vaste réseau d’alliés et de complices de « l’islamisme » qui mettraient en péril le « ciment républicain ». Il serait temps que certains comprennent que les approximations, amalgames et manipulations, destinés à flatter les préjugés et à jeter l’opprobre ou la suspicion sur des individus ou des secteurs entiers de la société, n’ont rien à voir avec le journalisme.

    Julien Salingue

    P-S  : L’auteur de cet article, qui participe de façon régulière à l’émission « Les Z’informés », mise en cause par Marianne, a été présenté dans l’article consacré à Beur FM comme y intervenant en tant que « représentant d’Acrimed ». Ce qui n’est absolument pas le cas : il n’a jamais été, et ne s’est jamais, présenté comme tel. Encore une approximation de Marianne...

    Les membres de l’association Acrimed peuvent avoir des interventions (orales ou écrites) diverses, qui n’engagent personne d’autre qu’eux-mêmes, et en aucun cas l’association elle-même : la parole d’Acrimed s’exprime sur son site et dans son magazineMédiacritique(s), ainsi que dans ses propres initiatives publiques ou lorsque des membres de l’association prennent la parole publiquement au nom, et sur mandat, de l’association. (Acrimed)

  • Les Républicains, ou le joli troll de Sarkozy

     

    Effervescence dans tout le pays : l’UMP, probablement fatiguée d’être confondue sans arrêt avec une arme à feu ou une urgence médico-psychologique, a décidé de changer de nom !

    On peut comprendre les dirigeants de ce parti politique : ce nom commence à dégager une petite odeur fétide, et comme les couches hygiéniques qui retiennent ce qu’il faut où il faut, mais pas indéfiniment, il devenait indispensable d’en changer. Et pour ceux qui ne sont pas très au fait de la politicaillerie française, rappelons que l’UMP n’est, essentiellement, que le nom de l’ancien RPR (un précédent parti, lui aussi de drouate), fusionné avec Démocratie Libérale et d’autres micro-partis rigolos au début des années 2000 par un Chirac pétillant de sagacité. Après un peu plus de 10 ans dans la vie politique française, le parti change donc encore de patronyme.

    Il faut bien ça : la drouate, ce repaire de conservateurs étatistes arc-boutés sur un passé figé, change en effet beaucoup plus souvent de vitrine que la gôche, dépotoir officiel des progressistes et autres forcenés du Changement Maintenant, dont le nom (Parti Socialiste) n’a, lui, pas changé d’un pouce depuis un bon demi-siècle. Que voulez-vous : les progressistes français aiment tendrement leurs habitudes multi-générationnelles alors que les conservateurs français ont la bougeotte. On ne s’étonnera donc pas du pataquès invraisemblable qui s’empare des premiers lorsque les seconds décident de changer le nom d’un parti politique minoritaire, d’autant que son président, Nicolas Sarkozy, a eu un certain culot : il entend l’appeler « Les Républicains » et son logo est déjà prêt !

    Une typo s'est glissée dans ce logo. Ami lecteur, sauras-tu la retrouver ?Une typo s’est glissée dans ce logo. Ami lecteur, sauras-tu la retrouver ?

    Quelle audace ! Et surtout, quelle impudence !

    En choisissant un tel nom, a-t-il bien mesuré la portée de son acte impertinent ? Morbleu, a-t-il pensé à tous ces gens dont le patronyme familial est, justement « Républicain » et qui se retrouvent ainsi, à leurs corps défendant, horriblement acoquinés avec le parti de l’ex-président, victime d’un abominable amalgame, chose officiellement interdite parce que définitivement pas-Charlie ? Pensez donc ! Jules Républicain, Gérard Républicain ou Régis Républicain (un indécis, sans doute) ne veulent surtout pas être associés avec Les Républicains, parce que c’est sale, c’est honteux d’être répub… Ah non, pardon, c’est parce qu’il est sale d’être dans un parti politique qui se prétend républ… Non plus.

    Hum, voilà qui corse l’affaire.

    Ah oui, voilà : ce serait parce que ce terme, une fois déposé et pris comme marque et modèle déposé ™ⒸⓇ serait une « appropriation du bien commun », comme si, en quelque sorte, ces salauds de drouate voulaient s’approprier l’air, l’eau et le républicanisme qu’on respire et qu’on boit partout, à chaque seconde de notre vie en France !

    C’est intolérable !

    Dès lors, comme le souligne avec une lucidité remarquable Christophe Léguevaques, un des avocats portant la plainte, il y a « trouble manifeste » :

    « Nous sommes tous républicains de par l’article premier de la Constitution, la France est une République indivisible. Et là, les deux tiers de la population se trouvent exclus ! »

    Ben oui, c’est limpide : si le nom était pris par ce parti, ceux qui n’y sont pas encartés s’excluront de fait de cette grande et belle idée, ne participeront pas à la vie républicaine de la société française, et seront donc montrés du doigt, houspillés par le reste de la population et on leur retirera le droit de voter et de payer des impôts, et …

    cat wait what

    Non, il n’y a pas à dire, voilà un beau (bien que probablement involontaire) trolling de Nicolas Sarkozy. En jouant avec un terme aussi large et fourre-tout, il pensait sans doute élargir son parti d’opposition français. Mais avec les petites éructations de Pierre Laurent, le sénateur communiste (évidemment communiste), son troll est d’autant plus réussi qu’à présent, tous les médias se sont emparés de la micro-affaire pour couvrir l’événement judiciaire : le nom sera-t-il autorisé par la cour ? Fouyaya, fouyaya, épineux problème d’importance capitale dans un pays frais, dispos et en bonne santé, qui devait bien occuper quelques journalistes, avides d’un bon petit papier à l’idée que cette nouvelle marque soit retoquée au grand dam de l’ancien président, et mobiliser un sénateur et une poignée de gogos embrigadés dans cette sombre manipulation politicienne d’un niveau assez consternant.

    Las. La justice aura finalement donné gain de cause à Sarkozy et sa fine équipe qui ont donc en définitive le droit d’appeler leur parti Les Républicains™ : le tribunal des référés de Paris a autorisé le nouveau nom et ni le « trouble manifestement illicite », ni le« dommage imminent » invoqués par les plaignants ne sont donc démontrés. Zut, mis à part quelques petits papiers de clôture de l’affaire dans les médias, le feuilleton devrait s’arrêter là. Et encore plus Zut alors, du côté des plaignants, c’est les pleurs et les grincements de dents. Un de leurs avocats estime même rien moins que :

    « l’usage du nom “Les Républicains” par un parti quel qu’il soit va très vite poser des problèmes de compétition déloyale, par exemple à l’égard de certains de nos clients. Que vont pouvoir faire les candidats du mouvement Cap 21 de Corinne Lepage ou du MRC face à des candidats qui vont se présenter comme Les Républicains ? »

    Effectivement, que faire devant l’arme ultime d’un nom qui fouette l’air comme un coup de sabre laser dans l’eau ? Comment combattre l’hydre de la drouate maintenant protégée par un blase du tonnerre de Brest qui fait de la compèt’ déloyale à Cap21 ou MRC ?

    Pour ne pas s’avouer vaincus, les plaignants réfléchissent à faire appel, probablement et malheureusement parce que le ridicule ne tue pas (Corinne Lepage, justement, en étant une preuve vivante) : nos frétillants Républicains pas Républicains™ (mais républicains, hein, oh, attention !) peuvent engager une action sur le fond, le juge de l’urgence n’ayant statué que sur la base du « trouble illicite », non démontré. Ouf, les médias pourront pondre quelques rebondissements dans cette palpitante chronique d’une France apaisée.

    Cependant, en toute bonne logique, et en tenant compte aussi bien du programme qui anime les mouvements intestinaux du parti que de son historique extrêmement éclairant, un nom à la fois plus exact et beaucoup plus provocateur aurait été Les Socialistes™.

    Moyennant un petit logo ravivant la flamme patriotique, l’ensemble aurait été en parfaite adéquation avec le paysage politique français, dont le spectre n’est plus guère composé que de socialistes plus ou moins musclés de l’interventionnisme étatique. Et puis, question trolling, ça, au moins, ça aurait eu de la gueule…

    Le vrai logo des principaux partis politiques françaisLe vrai logo des principaux partis politiques français
     
     

     

  • INTERVENTIONS DU RAID...

    enquête du 16/06/2015 par Vincent Coquaz

    INTERVENTIONS DU RAID AU DOMICILE DE MILITANTS PRO-PALESTINIENS

    Des agressions attribuées à Ulcan (qui "nie formellement")

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    Mots-clés : ChelliPierre StambulRaidUJFPUlcan

    Quatre personnalités "pro-palestiniennes" ou "anti-sionistes" ont été visées en quelques mois par une pratique appelée le "swatting" : les forces de l’ordre sont envoyées chez la victime par de faux appels téléphoniques. Pour Pierre Stambul, président de l’Union Juive Française pour la Paix, visé le 9 juin, le hacker franco-israélien Ulcan serait derrière ces attaques à distance. Ce dernier nie toute implication (mais est félicité pour l'agression par ses partisans sur Facebook).

    "Il était 3h50 du matin lorsque les policiers du RAID sont rentrés de force chez la voisine et ont pointé un pistolet sur elle en criant «on cherche M. Stambul». [...] J’ai immédiatement été plaqué au sol, tutoyé, insulté, menotté avec des menottes qui vous blessent les poignets et se resserrent dès que l’on bouge.raconte à Politis Pierre Stambul, co-président de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), organisation juive pro-palestinienne et anti-sioniste. La cause de cette intervention particulièrement musclée du Raid, dans la nuit du 8 au 9 juin ? Un appel à la police d’une personne qui s’est faite passer pour Stambul et qui assurait avoir tué sa femme. Une pratique appelée "swatting" (de l'anglais SWAT, nom des forces d'élite américaines) dont le but était ici d’empêcher une réunion publique que Stambul devait animer le lendemain, pour le compte de l’UJFP et l’association BDS France (qui défend le boycott d’Israël), sur le thème : "Antisemitisme/antisionisme : à qui profite l’amalgame ?" (réunion à laquelle il a finalement pu participer).

    Pierre Stambul a décrit la scène et montré les dégâts causés par le Raid à France 3

    Contacté par @si, Stambul assure avoir été blessé lors de cette "visite" des forces d’élite de la Police nationale : "Je sors de chez le médecin. J’ai un énorme hématome au pied qui m’empêche quasiment de marcher". Menotté par les forces de l’ordre, qui pouvaient pourtant constater que sa femme était toujours en vie, il a par ailleurs passé sept heures en garde à vue, suspecté d'être à l’origine des fausses déclarations.

    Il rapproche son agression de celles subies par d’autres personnalités proches de sa mouvance, dont l’autre co-président de l’UJFP, Jean-Guy Greilsamer, chez qui la police est venue le 2 mars, ou une membre de l’UJFP, Pessi Borell, trois jours plus tard. Le lendemain du swatting de Stambul, c’était enfin au domicile parisien de l’ancien député et ex-président de l’association France-Palestine Solidarité Jean-Claude Lefort que la police frappait (mais ce dernier n’était alors pas chez lui).

    UN CANULAR "TRÈS BIEN MONTÉ"

    Tous attribuent plus ou moins directement la responsabilité au hacker franco-israélien ultra-sioniste Grégory Chelli, alias Ulcan, sans pouvoir le prouver pour le moment. "Ulcan ne gagnera pas, on part à Toulouse dans un petit moment", lançait ainsi, à chaud, Stambul. "J’ai alors pensé à un individu ultra-sioniste et très agressif qui depuis Israël a utilisé le même mode opératoire", estimait de son côté Greilsamer peu de temps après son agression.

    Mais Pierre Stambul va plus loin en évoquant une complicité des autorités israéliennes, dans le contexte d’une "hystérie israélienne autour du boycott". Pour arriver à cette conclusion, il s’appuie sur la technique employée par la personne à l’origine de l’attaque. Selon le préfet de Marseille, Laurent Nuñez, la police a procédé à un contre-appel, c’est-à-dire qu’ils ont rappelé le téléphone de Stambul pour s’assurer que le premier appel venait bien de lui. Or, c’est de nouveau la personne à l’origine de la fausse alerte qui a répondu. Une technique plus complexe que le simple fait d’appeler en camouflant son numéro avec celui d’une autre ligne ("spoofing"), et qui prouverait selon Stambul les moyens importants à la disposition d’Ulcan.

    Politis

    Le préfet y voit plutôt la marque de pirates doués. En rappelant, les policiers "sont retombés sur le même individu - une manipulation possible pour des personnes sachant manier certaines techniques de piratage -, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte [et qu'il attendait la police] avec un fusil. C'est ce contre-appel qui a déclenché l'opération du Raid", détaille ainsi le préfet, cité par Le Figaro.

    Cette technique du contre-appel, insuffisante dans le cas de Stambul, avait été imposée aux commissariats par le ministère de l’Intérieur suite à une précédente vague d’appels du même type en juillet 2014, qui visaient spécifiquement le journaliste de Rue89 Benoit Corre (sur notre plateau ici), dont le père est mort d’une crise cardiaque quelques jours après l’irruption des forces de l’ordre chez lui, mais aussi le fondateur de Rue89, Pierre Haski. Pour Laurent Nuñez, cité par Mediapart, Stambul a donc été victime d’un "canular très bien monté" par un "hacker" pour l'instant encore non identifié. Concernant l’implication d’Ulcan, Nuñez a admis que l’incident correspond à ce dont est capable Chelli, "autant sur le mode opératoire que sur les cibles".

    "ULCAN NIE FORMELLEMENT TOUT LIEN AVEC CETTE AFFAIRE"

    Pourtant, Ulcan lui-même a nié "formellement tout lien avec cette affaire", au site JSS News, proche de la droite israélienne. Il accuse même Stambul d'avoir prévenu lui-même la police pour faire sa promotion. Également évoqué comme suspect lors de "canulars" contre deux animateurs de l’émission Touche pas à mon poste (D8) et celui d’un Youtubeur jeu vidéo, Ulcan avait déjà indiqué ne pas en être le responsable. Il n’écartait toutefois pas que ces agressions émanent d’utilisateurs de son tchat "Viol vocal", estimant n’être pas responsable de ce qui s’y passait : "Je ne suis pas l'auteur des swattings de TPMP, ni de celui de BIBIX. Je ne suis pas non plus responsable des 6000 membres de vvocal.com, tout comme Bill Gates n'est pas responsable de tous les appels passés via Skype."

    Cependant, les "fans" d’Ulcan sur Facebook sont tous persuadés que Chelli est bien derrière le "swatting" de Pierre Stambul et rivalisent d’insultes contre le président de l’UJFP. Des félicitations auxquelles Ulcan ne répond à aucun moment pour nier son implication.


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    Surtout, ce n’est pas la première fois qu’Ulcan nie être à l’origine d’attaques… même s’il revendiquait dans un premier temps les avoir commises. Ainsi, après plusieurs semaines où il narguait ouvertement les équipes de Rue89 et revendiquait le harcèlement, il avait finalement nié être à l'origine du hacking du site et avait minimisé la gravité des attaques contre les journalistes (@si vous en parlait ici). Un rétropédalage qui pourrait être lié aux nombreuses procédures en cours qui le visent toujours en France.

    Un évènement en particulier pourrait également expliquer son changement de comportement : selon Mediapart, "fin octobre 2014, le hacker a été arrêté et placé en garde à vue, puis relâché après 48 heures d'interrogatoire par les policiers d'Ashdod (Israël), où il réside. L’ambassade d’Israël en France venait de publier un communiquéassurant aux autorités françaises leur volonté de coopérer dans le traitement judiciaire de cette affaire, même si les deux pays ne disposent d'aucune convention d'extradition." Un élément déjà donné par France Info en octobre dernier.

    Problème : Le Point a depuis démenti cette information. "Contrairement à ce qui a pu être relayé il y a quelques mois, Ulcan n'a fait l'objet d'aucune mesure de garde à vue en Israël où il est réfugié", écrit ainsi l'hebdo. Surtout, contacté par @si, le journaliste de France Info à l’origine de l’information confesse que "s’il avait bien pu recoupé l’information à l’époque", il n’est plus forcément "certain" de ce qu’il avançait. "J’avais eu des informations par la suite sur le fait qu’il avait été arrêté, mais pour des motifs totalement différents des affaires françaises. Mais c’était invérifiable et je n’ai jamais eu le fin mot de cette histoire, donc je suis passé à autre chose."


    En plus des canulars téléphoniques, Ulcan a aussi revendiqué l’attaque de plusieurs sites, dont France Info, France Inter, Mediapart mais aussi @rrêt sur Images. L'occasion de revoir notre émission sur l'affaire Ulcan : "Benoit, ils ont dit que tu étais décédé !"

    MAJ 17 juin 2015 : Ajout du démenti du Point et de la réaction de journaliste de France Info sur une possible arrestation de Chelli à Ashdod.