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Politique de l'Empire - Page 14

  • Jean Bricmont:Sur les interventions humanitaires...

    8 septembre 2012
    Interview de Jean Bricmont par KOUROSH ZIABARI

    Sur les interventions humanitaires, l’Iran, Israël et les pays non-alignés. (Counterpunch)

     
    Jean BRICMONT

    Dans votre article, « The case for a Non-Interventionist Foreign Policy », vous parlez des justifications que les puissances impériales utilisent pour rationaliser leurs expéditions militaires dans le monde. Une politique étrangère belliciste ne constitue-t-elle pas un avantage pour les politiciens dans le monde occidental, particulièrement aux États-Unis, pour attirer les votes et le soutien des populations ? Les américains peuvent-ils élire un président pacifiste qui s’engage ouvertement à en finir avec les guerres états-uniennes et à s’abstenir d’en mener d’autres ?

    Je ne suis pas sûr que cela attire les votes. En Europe, certainement pas. Les politiciens les plus bellicistes, Blair et Sarkozy, n’ont pas été populaires, sur le long terme, à cause de leurs politiques étrangères. En Allemagne, la population est systématiquement en faveur d’une politique étrangère de paix. Comme le remarquait le pacifiste américain A. J. Muste, le problème dans toutes les guerres réside chez les vainqueurs - ils pensent que la violence paye. Les vaincus, comme Allemagne, et à un certain degré le reste de l’Europe, savent que la guerre n’est pas toute rose.

    Cependant, je pense que, excepté en temps de crise, comme lors des guerres du Vietnam et d’Algérie, quand cela a mal tourné pour les États-Unis ou la France, la plupart des gens ne sont pas vraiment intéressés par la politique étrangère, ce qui est compréhensible, étant donné leurs problèmes quotidiens, et parce que celle-ci semble être hors de portée de la majorité des citoyens.

    Par contre, chaque candidat à l’élection présidentielle aux États-Unis doit faire des déclarations patriotiques, « nous sommes les meilleurs », « une lueur au sommet de la colline », un « défenseur des droits de l’homme », etc. Évidemment, ceci est vrai pour tous les systèmes de pouvoir, la seule chose qui varie sont les « valeurs » auxquelles on se réfère (être un bon chrétien ou un bon musulman ou bien un défenseur du socialisme, etc.).

    Et il est vrai que, pour attirer les votes, il faut avoir le soutien de la presse et des puissances d’argent. Cela introduit un énorme biais en faveur du militarisme et du soutien à Israël.

    Les puissances impériales, comme vous l’avez indiqué dans vos écrits, mènent des guerres, tuent des innocents, pillent les ressources naturelles des pays les plus faibles sous prétexte d’amener la démocratie. Qui doit donc se charger des principes du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté ? Attaquer d’autres pays tous azimuts et tuer indifféremment des civils sans défense est d’une illégalité flagrante. Est-il possible de ramener ces puissances à la raison et de les rendre responsables de ce qu’elles font ?

    Je pense que l’évolution du monde va dans la direction du respect pour les principes du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté. Comme je l’ai dit, les populations européennes sont plutôt pacifiques, à la fois à l’intérieur de l’Europe et à l’égard du reste du monde, du moins comparé au passé. Certains de leurs dirigeants ne sont pas pacifiques et il y a une forte pression en faveur de la guerre de la part d’une étrange alliance entre les interventionnistes des droits de l’homme et les néoconservateurs, qui sont très influents dans les médias et au sein de l’intelligentsia, mais ce ne sont pas les seules voix autorisées et elles sont plutôt impopulaires au sein de la population.

    Pour ce qui est des États-Unis, ils sont dans une crise profonde, pas seulement économique, mais aussi diplomatique. Ils ont perdu depuis longtemps le contrôle de l’Asie, sont en train de perdre celui de l’Amérique Latine et, actuellement, aussi du Moyen-Orient. L’Afrique se tourne de plus en plus vers la Chine.

    Donc, le monde est en train de devenir multipolaire, qu’on le veuille ou non. Je perçois là au moins deux dangers : que le déclin des États-Unis ne produise des réactions « folles », menant à une guerre globale, ou bien que l’effondrement de l’empire américain ne crée un chaos généralisé, un peu comme ce qui s’est passé lors de l’effondrement de l’empire romain. Il est de la responsabilité du mouvement des pays non alignés et des BRICS d’assurer une transition ordonnée vers un véritable nouvel ordre mondial.

    Ce qui semble être hypocrite dans l’attitude des puissances occidentales à l’égard du concept des droits de l’homme est qu’elles condamnent, d’une façon incessante, les violations des droits de l’homme dans les pays avec lesquels elles sont en conflit, mais restent intentionnellement silencieuses quant aux violations dans les pays qui leurs sont alliés. Par exemple, vous savez certainement comment on maltraite et torture les prisonniers politiques en Arabie saoudite, l’alliée numéro un de Washington parmi les pays arabes. Pourquoi ne protestent-elles pas et ne condamnent-elles pas ces violations ?

    Connaissez-vous un quelconque pouvoir qui ne soit pas hypocrite ? Il me semble que le pouvoir fonctionne ainsi partout et tout le temps.

    Par exemple, en 1815, à la chute de Napoléon, le Tsar de Russie, l’empereur d’Autriche et le roi de Prusse se sont unis dans ce qu’ils ont appelé la Sainte Alliance. Ils prétendaient baser leur ligne de conduite sur « les sublimes vérités contenues dans la religion éternelle du Christ notre sauveur », de même que sur les principes « de leur sainte religion, préceptes de justice, de charité et de paix » et ont juré de se conduire à l’égard de leurs sujets « comme un père envers ses enfants ».

    Pendant la guerre des Boers, le premier ministre Britannique, Lord Salisbury, déclarait que c’était « une guerre pour la démocratie » et que « nous ne visons ni les mines d’or ni le territoire ». Bertrand Russell, qui cite ces remarques, ajoute que « des étrangers cyniques » n’ont pas pu s’empêcher de faire remarquer que « nous avons néanmoins obtenu et les mines et le territoire » .

    Au plus fort de la guerre du Vietnam, l’historien américain Arthur Schlesinger décrivait la politique des États-Unis comme faisant partie de « notre programme global de bonne volonté internationale » . À la fin de cette guerre, un journaliste libéral écrivait dans le New York Times que : « Pendant un quart de siècle, les États-Unis ont essayé de faire le bien, d’encourager la liberté politique et de promouvoir la justice sociale dans le Tiers-Monde » .

    En ce sens, les choses n’ont pas changé. Les gens pensent parfois que, parce que notre système est plus démocratique, les choses ont dû changer. Mais ceci suppose que les populations soient bien informées, ce qui n’est pas vrai à cause des nombreux biais dans les médias, et cela suppose aussi qu’elles participent activement à la formation de la politique étrangère, ce qui n’est pas vrai non plus, sauf en temps de crise. La formation de la politique étrangère est quelque chose de très élitiste et peu démocratique.

    L’attaque ou l’invasion d’autres pays sous prétexte d’une intervention humanitaire peut être légalisée et admissible avec l’unanimité des membres permanents du Conseil de Sécurité. S’ils votent tous en faveur d’une attaque militaire, celle-ci se produira. Mais ne pensez-vous pas que le fait même que seuls 5 pays peuvent prendre des décisions sur 193 membres des Nations Unies, et que cette majorité considérable n’a aucun mot à dire sur le cours des évènements internationaux, est une insulte à toutes ces nations et à leur droit à l’auto-détermination ?

    Bien sûr. Mais maintenant que la Chine et la Russie semblent avoir des positions indépendantes vis-à-vis de l’Occident, il n’est pas évident que de nouvelles guerres seront légales. La situation actuelle au sein du Conseil de Sécurité n’est pas satisfaisante, mais je pense néanmoins que, globalement, les Nations-Unies sont une bonne chose ; elle fournissent des principes opposés à l’ingérence et un cadre pour l’ordre international, et leur existence offre la possibilité à différents pays de se rencontrer et de discuter, ce qui est mieux que rien.

    Bien sûr, réformer les Nations-Unis sera une affaire compliquée, parce que cela ne peut se faire sans le consentement des membres permanents du Conseil de Sécurité, et il y a peu de chances qu’ils soient enthousiastes à la perspective de lâcher une part de leur pouvoir.

    Ce qui importera en fin de compte sera l’évolution des rapports de forces, et celle-ci ne se fait pas en faveur de ceux qui pensent actuellement contrôler le monde.

    Parlons de certaines questions contemporaines. Dans vos articles, vous avez parlé de la guerre au Congo. Ça a été un choc pour moi d’apprendre que la seconde guerre du Congo a été la plus meurtrière dans l’histoire de l’Afrique avec 5 millions d’innocents morts, mais les médias dominants aux États-Unis ont occulté cela, parce qu’un des belligérants, l’armée rwandaise, était un allié proche de Washington. Quelle est votre position à sujet ?

    Je ne suis pas un expert sur cette région du monde. Mais la tragédie rwandaise de 1994 est souvent utilisée comme argument en faveur des interventions étrangères qui, dit-on, auraient pu arrêter les tueries, alors que la tragédie au Congo devrait être considérée comme un argument contre l’intervention étrangère et pour le respect du droit international, puisqu’elle était dans une large mesure due à l’intervention du Rwanda et de l’Ouganda au Congo.

    Bien sûr, le fait que ce dernier argument n’est jamais invoqué montre, une fois de plus, à quel point le discours sur l’intervention humanitaire est biaisé en faveur des pouvoirs en place, qui veulent s’attribuer le droit d’intervenir, quand ça les arrange.

    Il y a quelque jours, le secrétaire général des Nations-Unis, Ban Ki Moon, condamnait les dirigeants iraniens pour leurs propos incendiaires et haineux envers Israël. Cependant, je ne me souviens pas qu’il ait condamné les officiels israéliens pour leurs menaces de guerre fréquentes et répétées contre l’Iran. Quelle est la raison de cette hypocrisie ?

    Comme vous le savez, l’hypocrisie en Occident vis-à-vis d’Israël atteint des proportions ahurissantes et Ban Ki Moon, bien qu’il soit secrétaire général des Nations-Unies, est sur des positions très « pro-occidentales ». Bien que je doute de la sagesse de la rhétorique iranienne sur Israël, je pense néanmoins que les menaces d’actions militaires contre l’Iran par Israël sont de loin beaucoup plus sérieuses et devraient être considérées comme illégales du point de vue du droit international. Je pense aussi que les sanctions unilatérales contre l’Iran, prises par les États-Unis et leurs alliés, pour plaire à Israël, sont honteuses. Et, bien que les gens qui se disent antiracistes en Occident ne dénoncent jamais ces politiques, je pense pour ma part qu’elles sont profondément racistes, parce qu’elles sont acceptées uniquement parce que des pays soi-disant civilisés, Israël et ses alliés, exercent cette menace et ces sanctions contre un pays « non-civilisé », l’Iran. Dans le futur, on se souviendra de cela de la même manière qu’on se souvient aujourd’hui de l’esclavage.

    Il y a des personnes comme vous qui s’opposent au militarisme des États-Unis, à son imposture et à son hypocrisie quant aux droits de l’homme et à leur tentative de dévorer le Moyen-Orient riche en pétrole, mais je dois dire que vous êtes une minorité. C’est le Congrès dominé par Israël et les « think tanks » bellicistes comme le Council on Foreign Relations et le National Endowment for Democracy qui dirigent les États-Unis, et pas les penseurs anti-guerre, progressistes, qui sont pour la paix, comme vous. Quel est le degré d’influence qu’ont les penseurs progressistes et les médias de gauche sur les politiques décidées aux États-Unis ?

    Je pense qu’on doit faire une distinction entre le soutien à Israël et le désir de « dévorer » le pétrole. Les deux politiques ne sont pas les mêmes et sont en fait contradictoires. Comme l’ont montré, je pense, Mearsheimer et Walt , les politiques pro-israéliennes des États-Unis sont dans une large mesure dues au lobby pro-israélien et elles n’aident ni leur économie ni leurs intérêts géostratégiques. Par exemple, pour autant que je sache, rien n’empêcherait nos compagnies pétrolières de forer en Iran, s’il n’y avait pas de sanctions imposées à ce pays ; mais ces sanctions sont liées à l’hostilité d’Israël à l’encontre de l’Iran, pas au désir de contrôler le pétrole.

    La seconde remarque est que les gens qui sont contre la guerre ne sont pas nécessairement de gauche. Il est vrai qu’une grande partie de la droite est devenue néoconservatrice, mais il y a aussi une grande partie de la gauche qui est influencée par l’idéologie de l’intervention humanitaire.

    Aux Etats-Unis, il existe une droite libertarienne, Ron Paul par exemple, qui est résolument contre la guerre, et il y a aussi quelques vestiges d’une gauche pacifiste ou anti-impérialiste. Remarquez que cela a toujours été le cas (même à l’époque coloniale) : la division entre pro et anti-impérialistes ne coïncide pas avec la division gauche-droite, si celle-ci est comprise en termes socio-économiques ou en termes « moraux » (sur le mariage homosexuel, par exemple).

    Il est vrai que nous avons trop peu d’influence, mais cela est dû en partie au fait que nous sommes divisés, entre une gauche anti-guerre et une droite anti-guerre. Je pense que la majorité de la population est opposée à ces interminables et coûteuses guerres, principalement en Europe, à cause des leçons de la Deuxième Guerre mondiale, ou à cause des défaites dans les guerres coloniales et, aux États-Unis, à cause d’une certaine lassitude envers la guerre, après l’Afghanistan et l’Irak.

    Ce que nous manque est un mouvement anti-guerre fort ; pour que celui-ci se construise, il faudrait se focaliser sur la guerre elle-même et unir les diverses opposition (de gauche et de droite). Mais si des mouvements peuvent être construits autour de questions comme l’avortement ou le mariage homosexuel, qui mettent de côté les problèmes socio-économiques et les questions de classe, pourquoi pas ?

    Bien qu’un tel mouvement n’existe pas encore, ses perspectives ne sont pas totalement désespérées : si la crise économique s’aggrave, et si l’opposition mondiale aux politiques des États-Unis prend de plus en plus d’ampleur, les citoyens de différentes couleurs politiques pourraient s’unir et essayer de construire des alternatives au militarisme.

    Quel est votre point de vue en ce qui concerne la guerre de sanctions, d’embargos, d’assassinats de scientifiques et d’opérations psychologiques que mènent les États-Unis et leurs alliés à l’encontre de l’Iran ? L’Iran subit pratiquement une attaque multilatérale des États-Unis, d’Israël, et de leurs serviles acolytes européens. Y a-t-il un quelconque moyen pour l’Iran de s’extirper de cette situation et de résister à la pression ? Connaissez-vous l’Iran ? Avez-vous entendu parler de sa culture et sa civilisation, dont les médias dominants ne parlent jamais ?

    Je ne connais pas bien l’Iran, mais je ne pense pas que j’aie besoin d’en savoir beaucoup à propos de ce pays, bien que j’aimerais certainement en savoir davantage, pour m’opposer aux politiques que vous mentionnez. J’étais aussi opposé à l’intervention occidentale en ex-Yougoslavie et en Libye.

    Certains pensent qu’il y a des bonnes et des mauvaises interventions. Mais la question principale pour moi est : qui intervient ? Ce ne sont jamais réellement les « citoyens » ou bien la « société civile » en Occident, ou même les pays européens uniquement, c’est-à-dire sans le soutien des États-Unis, qui interviennent. C’est toujours l’armée américaine, principalement son armée de l’air.

    Maintenant, on peut bien sûr défendre l’idée qu’il faille ignorer le droit international et que la défense des droits de l’homme doive revenir à l’U.S. Air Force. Mais beaucoup de gens qui soutiennent les « bonnes » interventions ne disent pas cela. Généralement, ils disent que « nous » devons faire quelque chose pour « sauver les victimes » dans telle ou telle situation particulière. Ce que ceux qui défendent ce point de vue oublient, est que le « nous » qui est supposé intervenir ne fait pas référence à ceux qui tiennent ces discours, mais à l’armée américaine et à elle seule.

    Par conséquent, le soutien à n’importe quelle intervention ne fait que renforcer l’arbitraire du pouvoir américain qui, bien sûr, exerce ce pouvoir comme bon lui semble et non pas, en général, selon les souhaits de ceux qui soutiennent les « bonnes » interventions.

    Et pour conclure, pouvez-vous nous donnez un aperçu de comment les grands médias servent les intérêts des puissances impériales ? Comment fonctionnent-ils ? Est-il moralement justifiable d’utiliser la propagande des médias pour atteindre des objectifs politiques et coloniaux ?

    Le lien entre les « grands médias » et la propagande de guerre est complexe, comme l’est la relation entre le capitalisme et la guerre. La plupart des gens de gauche pensent que le capitalisme a besoin de la guerre ou y conduit. Mais la vérité, à mon avis, est beaucoup plus nuancée. Les capitalistes américains font des fortunes en Chine et au Vietnam maintenant qu’il y a la paix entre les États-Unis et l’est de l’Asie (pour les travailleurs américains, c’est une autre histoire, évidemment).

    Il n’y a aucune raison pour que les compagnies pétrolières ou d’autres sociétés capitalistes occidentales ne fassent pas du commerce avec l’Iran (du moins, du point de vue de ces compagnies), et, s’il y avait une paix stable dans cette région, les capitalistes s’abattraient sur elle comme des vautours pour y exploiter une main d’œuvre bon marché et relativement qualifiée.

    Ceci ne veut pas dire que les capitalistes sont gentils, ni qu’ils ne peuvent pas être individuellement en faveur de la guerre, mais que la guerre n’est pas, en général, dans leur intérêt, et qu’ils ne constituent pas nécessairement la force principale qui pousse à la guerre.

    Les gens sont amenés à faire la guerre entre autres par des conflits idéologiques et religieux, surtout quand ces idéologies prennent des formes fanatiques - par exemple, quand vous croyez qu’une certaine parcelle de terre vous a été offerte par Dieu, ou que votre pays est investi d’une mission spéciale, comme exporter les droits de l’homme et la démocratie (selon la volonté divine, d’après Mitt Romney), de préférence avec des missiles de croisière et des drones.

    Le fait qu’une idée qui est fondamentalement laïque et libérale, celle des droits de l’homme, ait été transformée en l’un des principaux moyens d’attiser l’hystérie de guerre en Occident est une cruelle ironie. Mais c’est la réalité de notre temps, et il est urgent et important de la changer.

    Cette interview a d’abord été publiée en anglais sur le site Counterpunch (http://www.counterpunch.org/2012/08/31/an-interview-with-jea...et a été traduite avec l’aide de Amazigh A. et Imène H.

    Kourosh Ziabari est un journaliste iranien, correspondant de presse et militant pour la paix. Il est membre de la "World Student Community for Sustainable Development". Vous pouvez le contacter à l’adresse : kziabari@gmail.com

    (1) Bertrand Russell, Freedom and Organization, 1814-1914, London, Routledge 2001.

    (2) The New York Times, February 6, 1966.

    (3) William V. Shannon, The New York Times, September 28, 1974. Cité par Noam Chomsky dans “Human Rights” and American Foreign Policy, Nottingham, Spokesman Books, 1978, p.2-3. Disponible sur : http://book-case.kroupnov.ru/pages/library/HumanRights/

    (4) Voir leur livre Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, Editions La Découverte, 2009.

  • La répression contre Julian Assange

    La répression contre Julian Assange : une attaque contre la liberté et une farce journalistique.

     
    John PILGER

    La menace du gouvernement britannique d’envahir l’ambassade équatorienne à Londres pour s’emparer de Julian Assange est d’une importance historique. David Cameron, ancien chargé des relations publiques d’un magnat de la télévision et marchand d’armes auprès des monarchies du Golfe, est bien placé pour déshonorer les conventions internationales qui ont protégé des Britanniques qui s’étaient retrouvés au milieu d’un soulèvement. Tout comme l’invasion de l’Irak par Tony Blair a directement mené aux attentats terroristes de Londres le 7 juillet 2005, Cameron et le Ministre des Affaires étrangères William Hague ont mis en péril la sécurité des représentants britanniques à travers le monde.

    En menaçant de violer une loi prévue pour expulser des assassins d’une ambassade étrangère, tout en diffamant un homme innocent qualifié de « criminel présumé », Hague a fait de la Grande-Bretagne la risée du monde entier, même si cette information a été largement censurée dans la presse britannique. Les mêmes journaux et télévisions courageux qui ont soutenu le rôle britannique dans les crimes sanglants historiques, depuis le génocide en Indonésie jusqu’aux invasions de l’Irak et de l’Afghanistan, et aujourd’hui une attaque contre « le bilan des droits de l’homme » de l’Equateur dont le véritable crime a été de tenir tête aux voyous de Londres et de Washington.

    Comme si les joyeuses festivités des Jeux Olympiques s’étaient transformées en l’espace d’une nuit en un étalage de férocité colonialiste. Observez l’officier de l’armée britannique devenu reporter de la BBC, Mark Urban, « interviewant » l’ancien apologiste de Blair à Washington, Sir Christopher Meyer en train de beugler devant l’ambassade équatorienne, et regardez les tous les deux exploser d’une indignation réactionnaire contre l’insociable Assange et l’inflexible Rafael Correa pour avoir exposé le système de pouvoir rapace de l’Occident. Un affront similaire est encore tout frais dans les pages du Guardian, qui a conseillé à Hagues d’être « patient » et qu’un assaut contre l’ambassade provoquerait plus de problèmes qu’il n’en résoudrait. Assange n’est pas un réfugié politique, a déclaré the Guardian, parce que « ni la Suède ni la Grande-Bretagne ne déporterait quelqu’un qui risque la torture ou la mort ».

    L’irresponsabilité de cette déclaration est parfaitement dans la lignée du rôle perfide joué par the Guardian dans toute l’affaire Assange. Le journal sait parfaitement que les documents révélés par Wikileaks montrent que la Suède a constamment cédé aux pressions des États-Unis en matière de droits civiques. En décembre 201, le gouvernement suédois a brutalement révoqué le statut de réfugié politique de deux Égyptiens, Ahmed Agiza et Mohammedel-Zari, qui ont été remis à un escadron de la CIA à l’aéroport de Stockholm et « remis » à l’Égypte où ils ont été torturés. Une enquête par le médiateur de la justice suédois a conclu que le gouvernement avait « gravement violé » les droits humains de ces deux hommes. Dans un câble de l’ambassade US de 2009 obtenu par Wikileaks, intitulé « Wikileaks jette la neutralité dans les poubelles de l’histoire », la réputation tant vantée de la neutralité de l’élite suédoise se révèle une arnaque. Un autre câble US révèle que « l’étendue de la coopération [de l’armée et des services de renseignement suédois avec l’OTAN] n’est pas très connue » et devait être tenue secrète « au risque de provoquer des critiques contre le gouvernement ».

    Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a joué un rôle notoire dans le Comité pour la Libération de l’Irak de George W. Bush et entretient des relations étroites avec l’extrême-droite du Parti Républicain. Selon l’ancien procureur en chef suédois, Sven-Erik Alhem, la décision suédoise de demander l’extradition d’Assange sur accusation de « délit sexuel » est « déraisonnable et peu professionnel, ainsi qu’injuste et disproportionnée. » S’étant porté volontaire lui-même pour être interrogé, Assange a été autorisé à quitter la Suède pour Londres où là encore il s’est proposé pour être interrogé. Au mois de mai, lors d’un dernier appel contre l’extradition, la Cour Suprême britannique a rajouté dans la farce en faisant référence à des « charges » qui n’existent pas.

    Le tout a été accompagné d’une campagne virulente contre la personne d’Assange. Une bonne partie de cette campagne est venue du Guardian qui, tel un amoureux éconduit, s’est retourné contre son ancien informateur assiégé, après avoir énormément profité des révélations de Wikileaks. Un livre du Guardian a fait l’objet d’un contrat lucratif à Hollywood et ni Assange ni Wikileaks ne toucheront un centime. Les auteurs, David Leigh et Luke Harding, insultent gratuitement Assange en le qualifiant de « caractère fêlé » et d’« insensible ». Ils ont révélé aussi le mot de passe secret qui avait été confié au journal et qui était censé protéger le fichier informatique qui contenait les câbles US. Le 20 août, Harding se trouvait devant l’ambassade équatorienne, jubilant sur son blog que « Scotland Yard pourrait bien avoir le dernier mot ». Quelle ironie, mais en même temps assez logique, que de constater que l’éditorial du Guardian, qui assène le dernier coup en date contre Assange, s’inspire de la presse (à scandale – NdT) de Murdoch en surenchérissant de manière prévisible dans la bigoterie. Au temps pour Leveson, le Hackgate et tous les discours sur le journalisme respectable et indépendant et qui n’auront duré qu’un temps.

    Ce sont les assaillants d’Assange qui révèlent toute l’étendue de la persécution dont il fait l’objet. Accusé d’aucun crime, il n’est donc pas un fugitif de la justice. Les pièces versées au dossier, dont les textos envoyés par les femmes impliquées, démontrent à toute personne douée d’un minimum de raison toute l’absurdité des accusations de viol – accusations qui ont pratiquement été totalement écartées par la procureure en chef de Stockholm, Eva Finne, avant que n’intervienne un politicien, Claes Borgström. Au cours des auditions préliminaires de Bradley Manning, un enquêteur de l’armée US a confirmé que le FBI ciblait secrètement « les fondateurs, propriétaires ou dirigeants de Wikileaks » pour espionnage.

    Il y a quatre ans, un document du Pentagon qui est passé pratiquement inaperçu, et révélé par Wikileaks, décrivait comment Wikileaks et Assange allaient être détruits par une campagne de calomnies et un procès intenté pour « crime ». Le 18 août, le (quotidien australien) Syndey Morning Herald a révélé, grâce à des documents officiels obtenus dans le cadre de la loi sur la liberté d’information, que le gouvernement australien a régulièrement reçu la confirmation que les Etats-Unis menaient une persécution « sans précédent » contre Assange mais n’a formulé aucune objection.

    Parmi les motifs invoqués par l’Equateur pour accorder l’asile à Assange, se trouve celui d’avoir été abandonné « par l’état dont il est citoyen ». En 2010, une enquête de la Police Fédérale Australienne a conclu qu’Assange et Wikileaks n’avaient commis aucun délit. Sa persécution est une attaque contre nous tous et contre la liberté.

    John Pilger

    http://www.johnpilger.com/articles/the-pursuit-of-julian-ass...

    Traduction « s’il avait été Russe, on l’appellerait "le célèbre dissident" » par VD avec probablement les fautes et coquilles habituelles

  • 11 Septembre et Propagande néoconsevatrice

    11 Septembre et Propagande néoconsevatrice : Un Coloriage sur les Terroristes du 11 Septembre inclut... Julian Assange

    Enfant de la Société

     

    Les sites Conspiracy Truc (Cercle de l'Oratoire ) et Parano Maga-Machin (humour pro-NWO cryto-FM) sont aux anges : Leurs cousins d'outre-atlantique viennent de publier un coloriage à destination de la jeunesse étasunienne (et aussi de la jeunesse atlantiste disséminée de par le monde) présentant une liste de « Terroristes » menaçant (ou ayant menacé) les pacificateurs de l'Empire du Bien 

    On y retrouve pêle-mêle l'auteur présumé des attentats d'Oklahoma City, les « islamistes » au cutter des attentats du 11 Septembre, Saddam Hussein et le Président syrien en Assad, entre autres figures emblématiques de la terreur contemporaine, à la sauce de l'oncle Sam...
    Illustration – Coloriage pro-NWO à destination de la jeunesse présentant les terroristes du 11 Septembre et les autres terroristes qui menacent l’Empire atlantiste… dont le terrible et horrifique Julian Assange (manque plus que méluche…) – Source image : Yahoo internet (c)
    Intitulé We Shall never Forget 9/11, Volume II: The True Faces of Evil-Terror (en anglais : « Nous n'oublierons jamais le 11 Septembre, Volume II : Les vraies visages de la Terreur et du Mal »), ce coloriage pour enfants naïfs incorpore dans sa liste des 36 Terreurs mondiales à la Prévert le « terroriste » Julian Assange, actuellement retranché dans l'Ambassade de l'Equateur à Londres... 

    Toute cette propagande néo-conservatrice et pro-NWO à la Bush prêterait à rire si elle ne servait à préparer les cerveaux malléables de la jeunesses atlantiste au prochain niveau d'attaque des « Forces de la Liberté contre l'Axe du Mal » au Moyen Orient et très bientôt en Iran. 

    Quand on se remémore la seconde guerre mondial, ce genre de « coloriages » fait quand même froid dans le dos... 

    D'autant plus que la couverture de ce papier de coloriage et de propagande pro-NWO met en scène la future Tour du World Trade Center (le Centre des affaires) de New York, appelée sobrement One World Tour (la Tour du Monde « Un » (un clin d'oeil au One World Gorvenment, au gouvernement unique de l'agenda pro-NWO)... tout un programme. 

    Et sur ce coloriage, on peut également lire en sous-titre les termes suivants : 

    « 
    Véridique - Factuel - Honorable - Insensible au politiquement correct » 

    Loool !!!! Plus politiquement correct, plus faux, plus éloigné des faits et plus honorable tu meurs... 
  • “Tout le monde est suspect”

    Société

    Big Brother ne fait plus dans le détail : “Tout le monde est suspect”


    La NSA, l’Agence de sécurité nationale américaine, est connue pour être le Big Brother américain. L’agence fédérale recueille des données et des renseignements sur les communications étrangères à des fins de sécurité nationale. Mais selon deux anciens hauts responsables de la NSA, les programmes de surveillance vont désormais plus loin. En effet, selon les témoignages d’un haut fonctionnaire de la NSA, Drake Thomas, et de Kirk Wiebe, un ancien analyste chevronné, la NSA est désormais soucieuse de surveiller activement n’importe quel citoyen américain afin d’obtenir le maximum de renseignements sur chacun d’eux. Il s’agit, affirment-ils, d’une très importante opération d’espionnage. Rappelons que l’opération 11-Septembre a été un catalyseur pour lancer cette agence sur orbite et lui obtenir des très gros fonds de la part de l’Etat fédéral. Les Etats-Unis sont désormais surveillés comme n’importe quelle nation étrangère dans la mesure où les risques d’explosion sociale sont désormais à un niveau de plus en plus élevé. Big Brother ne fait donc pas dans les détails. 
    Pourquoi collecter des informations sur les citoyens américains? A quelles fins? Que doit-on craindre comme situation répondant au critère de “sécurité nationale”? 
    Les anciens responsables de la NSA avertissent du danger des réseaux sociaux aujourd’hui qui assurent des “prises de filet” extrêmement larges. On peut fréquenter quelqu’un qui sera dans le futur estimé “dangereux” et ainsi devenir “suspect par rapprochement” parce que l’on est dans le “filet”. “Nous sommes dans un processus dangereux parce que sans limite aujourd’hui, puisque les politiciens ne disent rien…Toute règle légale ne tient pas quand il s’agit de lutte contre le terrorisme” et que la définition du “terroriste” est à géométrie variable. 

  • USA;aide pour petit frère;l'ogre criminel

    Pentagone : 70 millions de dollars pour le dôme d’acier



     Le ministre américain de la Défense Leon Panetta a annoncé jeudi à son homologue israélien Ehud Barak une aide de 70 millions de dollars pour 2012

    afin « d'aider Israël à développer son système de défense antimissile Iron Dome (Dôme d’acier) », a indiqué le Pentagone.

     

    Le chef du Pentagone a annoncé à Barak, dont c'est la troisième visite à Washington en trois mois, que le montant de l'aide serait évalué chaque année en fonction des besoins.

     

    A l'issue de leur entretien, Panetta a affirmé dans un communiqué : « Mon but est d'assurer qu'Israël dispose des fonds dont il a besoin chaque année pour produire ces batteries afin de protéger ses citoyens. C'est pourquoi, pour les trois prochaines années, nous avons l'intention de demander des fonds supplémentaires pour Iron Dome, sur la base d'une estimation annuelle des besoins sécuritaires d'Israël ».

     

    Et d’ajouter : « Cela fait partie de notre engagement solide comme le roc envers la sécurité d'Israël et qui représente environ trois milliards de dollars d'aide annuelle pour Israël ».

     

    Selon le quotidien israélien Haaretz, Ehud Barak était venu au Pentagone pour « tenter de finaliser une aide militaire américaine supplémentaire à Israël d'un montant total de 680 millions de dollars afin de financer le développement du système et l'acquisition de deux nouvelles batteries »

     

    L’entité sioniste dispose déjà de trois de ces batteries, et Ehud Barak a récemment annoncé qu'il souhaitait doter Israël de dix autres.

     

    « Les Etats-Unis ont déjà dépensé 205 millions de dollars pour le programme », a rappelé le secrétaire US à la Défense.

     

    La question du programme nucléaire iranien a également été évoquée entre les deux hommes. Les Etats-Unis essaient de rassurer « Israël » sur leur volonté d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique et de le convaincre de privilégier les sanctions et la diplomatie plutôt que des frappes contre les installations nucléaires iraniennes.

     

    Dans une tribune publiée jeudi par le Wall Street Journal, d'anciens responsables des services de renseignement de plusieurs nationalités, parmi lesquels l'Israélien Meir Dagan et l'Américain James Woolsey, ainsi que d'anciens diplomates et militaires ont appelé à « durcir les sanctions contre Téhéran afin de porter un coup économique terrible et potentiellement décisif au régime ».

     Selon eux, « les sanctions déjà instaurées ont un impact tangible mais il est maintenant temps pour la communauté internationale de vraiment isoler le régime » en appliquant les sanctions « les plus fortes de l'histoire contre l'Iran ». 

    « Ces mesures comprendraient notamment l'interdiction totale pour l'Iran d'accès au système bancaire international, au transport maritime international, y compris pétrolier, ainsi que l'obligation pour toutes les sociétés de dévoiler leurs investissements et activités en Iran », ont-ils proposé.