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Maroc - Page 2

  • L’art et la spiritualité au service de la santé

    Mardi 12 août 2014 - par 

    44 commentaires - 7159 lectures
    L’art et la spiritualité au service de la santé

    La santé ne se résume pas à la santé de chacun de nos organes. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) précise bien qu’il s’agit de la santé du corps, de l’esprit et de la vie relationnelle. Être en guerre avec son voisin, son pays ou soi-même perturbe vite la santé. Les conséquences en sont multiples. Le stress agit sur tous nos organes, le tube digestif en priorité : l’estomac irrité jusqu’à l’ulcère, le reflux gastro-œsophagien qui brûle jusqu’au cancer, la rectocolite qui pleure le sang au goutte-à-goutte.

    Ainsi les burn-out se multiplient dans toutes les professions et les familles.

    Pour apaiser, réduire les tensions si puissantes de ce monde, point besoin d’aller très loin, à une heure et demie de Montpellier, en avion direct, low cost, vous voilà dans la ville jumelle, Fès, héritière de l’Andalousie médiévale où juifs, chrétiens et musulmans s’enrichissaient de leurs expériences et de leurs différences.

    Pour la cinquième année consécutive, j’ai participé comme intervenant à ce magnifique festival qui s’améliore d’année en année. « L’Esprit de Fès », animé par notre grand ami Faouzi Skali [1], c’est une bouffée d’air pur dans le monde où règnent tant de brutes et d’ignorants inconscients.

    Ce monde dit hyper-développé, orgueilleux et stupide, voit se développer à toute vitesse de plus en plus de maladies de civilisation : diabète, obésité, cancers et maladies auto-immunes, des rhumatismes à l’Alzheimer, sans parler des maladies psychiques qui envahissent les cabinets des psys. Évidemment, pas un mot de prévention au sommet de l’Etat. Il ne voit pas ce que cela pourrait lui rapporter en termes d’économies ou de réélection. Ses conseils de prévention ne sont que des vœux pieux. Priorité aux lobbies pharmaceutiques à la recherche de nouvelles molécules, de vaccins de rêve, pour tenter de sauver ce qu’il reste de la santé en promettant Alzheimer et Parkinson à tous les anciens et l’euthanasie quand vous ne servez plus à rien.

    Priorité aussi aux lobbies des phytosanitaires, pourvoyeurs de pesticides toxiques qui poussent les états et l’Europe à interdire les remèdes naturels et plantes qu’ils ne possèdent ni ne maîtrisent, au détriment de la santé des agriculteurs qui ne sont plus libres d’utiliser les plantes naturelles et sauvages traditionnelles, à bon escient évidemment.

    Priorité aux lobbies de l’agro-alimentaire qui ont détourné et cloné les semences au détriment des paysans et de leur liberté de semer ce qu’ils ont récolté, et nous formatent à consommer leurs produits pour nous “faciliter” la vie, au détriment de notre santé… et de notre porte-monnaie.

    Comme si les comportements propices à une bonne santé n’existaient pas !

    Au festival des musiques sacrées du monde, à Fès, vous êtes emportés dans un autre monde, où vous sont offertes la paix et la santé de tout l’être. Celles dont tous les peuples rêvent. Ils l’attendent !

    Les musiques peuvent abattre les murs les plus tenaces de la peur, de la haine et de l’angoisse. Musiques du monde, hébraïque et chrétienne, arabo-andalouse, indienne, arabe du Maghreb et d’Iran, d’Afghanistan et du Kazakhstan, du Pakistan mais aussi de Chine, musique grégorienne et latino, euro-méditerranéenne, euro-sud-africaine et Sénégalaise sont le plus court chemin pour relier les cœurs. Un enchantement !

    La musique révèle le monde. De par sa dimension spirituelle et universelle, elle est un appel à la transcendance, mémoire et aspirations communes au bien-être auquel chacun aspire.

    Dès l’inauguration du 20e Festival de Fès 2014, c’est le splendide spectacle du Cantique des Oiseaux, à partir du conte mystique du XIIIe siècle de Farid Ud-Din Attar.

    Comment la huppe un jour a décidé de réunir tous les oiseaux – nous-mêmes – pour les inviter à un long voyage, à l’issue duquel ils doivent rencontrer le Simorgh, le roi des oiseaux. Le spectacle inaugural grandiose conçu par Leila Skali fut un enchantement, avec ses Sept vallées du désir : la quête, l’amour, le savoir, la liberté, la solitude, la perplexité et l’anéantissement dans l’océan de l’amour.

    C’est bien l’aventure humaine qui nous est contée, celle de l’histoire  de l’humanité en quête de sens dans des langages multiples… invitant à cheminer ensemble. Car le chemin est aussi important que le but.

    Comme la cigogne apporte la pluie, signe d’abondance au Sahel, on apprend à Fès non pas à posséder la terre pour l’exploiter, mais à l’habiter. Et plus on est petit, plus on peut atteindre l’infini. Difficile de vivre sans savoir où l’on va ni d’où l’on vient.

    À Fès, la parole est ouverte, bienveillante, accueillante, à fois spirituelle et concrète. La santé de tout l’Être est à l’œuvre. Nul doute que le jumelage de Fès avec Montpellier ouvre des perspectives pour ce festival de part et d’autre de la Méditerranée. L’Esprit de Fès rejoint celui de nos vieux maîtres montpelliérains, lorsque les médecins arabes se joignaient aux juifs et aux chrétiens pour aborder le corps malade.

    Cela à l’heure où, chez nous, la spiritualité est encore proscrite par l’Etat, au nom d’une laïcité étriquée qui paralyse les mentalités, resserre les cœurs, stimule et oppose les communautarismes et les familles.

    C’est le retour trente-quatre siècles en arrière aux conservatismes des idoles palpables du veau d’or et de ce qui l’entoure. L’angoisse de l’homme de ce siècle cherche à être réduite, par le fric vite gagné – tous les moyens sont bons –, les addictions aux plaisirs éphémères, sucrés ou sexuels. Au bout du chemin, les maladies : surtout ne changez pas vos habitudes. Continuez dans vos comportements d’adulescentsincultes, votre santé est prise en charge ! Le malheur c’est que cela ne comble en rien les profondeurs de notre être, en particulier lorsqu’il est confronté à la maladie et à la mort.

    Les causes de nos « maladies de civilisation » sont pour la plupart identifiées : des comportements consommateurs à outrance qui, de plus, peuvent se transmettre de génération en génération. L’épigénétique, c’est démontré aujourd’hui, peut actionner la génétique !

    L’Etat ne sachant pas lui-même où il va, sauf à garder son pouvoir, diffuse cette fumée qui encombre corps et âme. Comment s’en détacher sinon en refusant l’intégration stupide au monde des affaires qui oblige à consommer et déglingue la santé ?

    À Fès, on ne s’occupe pas tellement de son corps physique. La force de l’esprit de Fès, endroit unique au monde, est de s’occuper non plus de ses misères corporelles ou de leurs causes, mais de la partie de notre être enfoui, celle qui apaise tout le reste. Notre âme, si souvent exprimée par les meilleurs guides spirituels des siècles passés !

    À Fès, nous sommes loin de penser comme ce chirurgien limité à ses dissections qui affirmait au temps de Napoléon qu’il n’avait pas trouvé l’âme sous son scalpel, ou comme Youri Gagarine, premier cosmonaute affirmant soviétiquement qu’il n’avait pas rencontré Dieu en tournant autour de la terre !

    À Fès se rejoignent les grands noms qui nourrissent notre âme : Abraham et Moïse avec ses dix Paroles qui donnent le code à notre humanité, Joseph – vendu aux Égyptiens par ses frères – devenu Premier ministre de Pharaon, le persan Attâr, poète des oiseaux, Choaïb Abou Madyane El Andaloussi dit “Sidi Boumediène”, considéré comme un pôle du soufisme en Algérie et au Maghreb qui disait : « Quand la Vérité apparaît, elle fait tout disparaître ! » Évidemment, l’Emir Abd El Kader né près de Mascara, mort à Damas après avoir sauvé du massacre des milliers de chrétiens, le grand Afghan le Commandant Massoud, lâchement assassiné comme Martin Luther King, et enfin le grand Nelson Mandela, sans oublier d’une manière aussi lumineuse la grande Thérèse d’Avila et la petite de Lisieux.

    Notre corps psychosomatique est plus sensible qu’il n’y paraît à tant de nourritures spirituelles.

    La santé de tout notre être ne peut se limiter à quelque organe ou cellules en trop

    N’oublions pas que nous ne sommes pas qu’un amas de cellules, mais des êtres uniques et de relation, destinés au bonheur.

    Faites-le savoir autour de vous, vous en retirerez de la joie et votre santé n’en sera que meilleure.

    C’est le message de l’Esprit de Fès.

    Professeur Henri Joyeux



    Pour en savoir plus, cliquez ici : http://www.santenatureinnovation.com/lart-et-la-spiritualite-au-service-de-la-sante/#ixzz3BbsIgTc3

  • Ministre français et enfants marocains a Marrakech

    Quel est cet ancien ministre français qui a abusé sexuellement d’enfants marocains à Marrakech ?

    La presse marocaine rapporte ces jours-ci l’humiliation subie par le ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar dans un aéroport parisien, tout en faisant le parallèle avec le traitement de faveur qui est offert aux officiels français lorsqu’ils sont au Maroc.

    Elle révèle ainsi que « le Maroc couvre les crimes sexuels d’un ministre français à Marrakech ». Le quotidien marocain Assabah, cité par le site électronique Alif Post, évoque « le traitement très hospitalier et combien respectueux réservé aux responsables français, anciens et actuels, lors de leurs séjours au Maroc. Cette hospitalité prend des tournures spéciales lorsque la justice marocaine ferme les yeux sur leurs crimes sexuels dont les victimes sont des mineurs marocains ».

    Le journal, qui s’indigne de la mésaventure du ministre Mezouar à l’aéroport Charles-de-Gaule à Paris, en profite pour « s’interroger sur les multiples faveurs accordées par le pouvoir marocain aux responsables français en visite au Maroc, qui va de la mise à disposition de jets privés aux invitations tous frais payés dans des hôtels de luxe dans la cadre de la "diplomatie de laMamounia.

    Cette générosité peut choquer l’opinion publique lorsqu’elle devient juridiquement inadmissible et moralement inacceptable », précisant que « c’est ce qui est arrivé quand la police marocaine est tombée sur un ancien ministre français qui abusait sexuellement d’enfants marocains mineurs dans la ville Marrakech. ». « Au lieu de le déférer devant la justice, elle a couvert le crime », affirme le journal.

    « Le Maroc officiel a préféré le silence, mais des journalistes et des hommes politiques français ont révélé le scandale et dévoilé le nom du ministre qui fréquentait Marrakech. Par la suite, des associations des droits de l’Homme et des acteurs de la société civile ont exigé de la justice marocaine l’ouverture d’une enquête après ces déclarations publiées par les médias français. En vain », souligne le journal qui estime que « dans ce cas, c’est le silence du Maroc officiel qui a été un vrai complot contre la dignité et l’honneur du Maroc et des Marocains ».

  • Jeunes MRE: Les raisons de leur échec

     

    Jeunes MRE: Les raisons de leur échec

    ETUDE Le mythe du MRE riche qui revient au pays à bord de bolides d’enfer s’étiole. Le Marocain d’ici ouvre désormais ses yeux sur des phénomènes, autrefois insoupçonnés, touchant le Marocain d’ailleurs. La crise n’explique pas tout, comme le montre cette étude de Rabia Hajila.

    Rabia Hajila, Docteur en sciences économiques, option économétrie, a décortiqué les raisons de l’échec scolaire chez des jeunes Marocains vivant en France. C’est là un sujet qui doit intéresser le département en charge des expatriés marocains qui a tendance à s’intéresser aux MRE adultes en oubliant les enfants et les jeunes parmi eux, qui sont les MRE de demain. « Au cours de l’été 1995, j’ai rencontré des élèves immigrés marocains qui sont venus passer leurs vacances au Maroc et qui ont tous abandonné l’école française. Chacun a argumenté son échec à sa façon, chose qui m’a provoqué et m’a poussé à mener une enquête sur le terrain pour déceler les vraies causes de cet abandon.» confie Rabia Hajila à L’Observateur du Maroc. Sa curiosité scientifique l’a amenée à des conclusions qui méritent d’être prises en compte par les responsables concernés.

    Menée à Paris et dans le département des Yvelines (Poissy, Mantes La Jolie, Les Mureaux, Chanteloup, Achères, …), son enquête a consisté en un travail de terrain de longue haleine et le dépouillement de pas moins de 600 questionnaires. Synthèse. Selon les résultats de l’enquête, la répartition des élèves ayant abandonné l’école montre la prééminence du sexe masculin qui représente 61,5% contre seulement 38,5% pour le sexe féminin. Sur l’ensemble des élèves qui ont abandonné leurs études 40% ont un âge de 22 ans, suivi de ceux qui ont un âge compris entre 20 et 21 ans avec des taux respectifs de 23,1% et 23,8%. 50% des élèves ayant abandonné leurs études ont commencé leur scolarisation à l’âge de 6 ans. Les enfants nés en 8e rang sont plus exposés à l’abandon scolaire avec un taux de 25% suivi des enfants nés en 7e rang avec un taux de 12,5%. Les résultats de l’enquête ont montré qu’il existe plus d’abandons lorsque l’âge du père se situe entre 45 et 59 ans et celui de la mère entre 40 et 49 ans. La baisse du niveau d’instruction des parents est une cause principale de l’augmentation du nombre d’abandons des élèves.

    La baisse du niveau d’instruction des parents est une cause principale de l’augmentation du nombre d’abandons des élèves.

    96,2% des pères et 88,2% des mères des élèves qui abandonnent leurs études ont un niveau d’instruction inférieur au secondaire. La répartition des élèves ayant abandonné leurs études montre la prééminence de ceux qui ne sont pas aidés par leurs parents dans le choix de l’option. La famille peut alors jouer un rôle dans la définition du projet scolaire et social de leurs enfants. Le changement de lieu de résidence favorise l’échec scolaire : 80,8% des élèves ayant abandonné leur scolarité ont changé leur lieu de résidence au moins une fois. Certaines variables de comportement telles que la consommation de cigarettes et/ou de drogue et d’alcool peuvent avoir un impact négatif sur les résultats scolaires. En effet, le pourcentage des élèves ayant abandonné leurs études est, par exemple, 7 fois supérieur chez les élèves consommateurs de drogue. Parmi les différentes raisons de l’abandon scolaire avancées par les élèves qui ont quitté l’école : 42,3% préfèrent travailler, 30,8% sont lassés des études, 1,5% veulent se marier pour faciliter l’établissement d’un cousin en France, 7,7% n’ont pas le niveau et ont peur de l’échec, 3,9% à cause des professeurs et 3,8% à cause de la délinquance.

    Parmi les nombreuses autres variables intervenant dans les défections, la plus importante est celle des rapports entre l’adolescent et sa famille. Le risque de le voir quitter prématurément l’école augmente parallèlement au nombre de circonstances défavorables qui jouent en sa défaveur, à l’opposé de bonnes relations familiales devraient lui permettre de surmonter presque toutes les difficultés. En règle générale, l’élève qui risque d’abandonner ses études a des notes médiocres, est peu motivé, n’aspire pas à poursuivre des études supérieures, en étant également issu de parents de conditions socio-économiques inférieures qui ne le prédisposent guère à faire preuve d’autonomie. Ce dernier facteur joue un rôle décisif. Les adolescents à qui le père laisse une autonomie et une part de responsabilité raisonnable ont plus de chance d’acquérir l’attitude constructive, l’assurance et le sens de l’effort si importants pour la réussite scolaire.

  • Viol et mariage des mineurs

    Viol et mariage des mineurs: Quelle suite ?

     

    VIOL ET MARIAGE DES MINEURS Quelle suite ?

    FLÉAU Le mariage des mineurs est un véritable phénomène de société au Maroc, autant que le viol. Les cas se multiplient et les lois tardent à changer.

    Le 10 mars 2012, le suicide d’Amina Filali, 16 ans, secoue le Maroc. Forcée de se marier avec son violeur, la jeune fille préfère mettre fin à ses jours en prenant de la mort aux rats. Une mort tragique qui soulèvera une vague de protestations contre l’article 475 du code pénal. Coupable d’offrir une issue aux violeurs, cette loi est alors accusée par les militants féministes de permettre aux violeurs d’échapper à la prison aux dépends des victimes. Qualifiée d’aberration totale par les défenseurs des droits des femmes, la suppression de la clause donnant au violeur le choix d’épouser sa victime est au centre d’un grand débat national. Un article parmi tant d’autres qui sont considérés comme décalés et incompatibles avec l’esprit d’une législation se voulant plus protectrice des droits des enfants et des femmes.

    Un an après cette triste affaire et au bout de nombreuses manifestations et d’un important débat national mené par la société civile sur l’article 475, Mostafa Ramid, ministre de la Justice, annonce, le 22 janvier 2013, l’amendement de cette loi. D’après le ministre, les amendements introduits à cet article controversé sont de nature à garantir la protection nécessaire des mineurs contre toutes les agressions sexuelles. Trois alinéas seront ajoutés à l’article 475 du Code pénal pour protéger davantage les enfants victimes d’atteinte sexuelle après un enlèvement ou un viol. Les amendements proposés par le département viendront également durcir les sanctions à l’encontre des criminels. « Si une relation sexuelle, même consentie, est suivie par un enlèvement ou un viol, la peine pourrait atteindre dix ans, et en cas d’attentat à la pudeur, elle atteindrait vingt ans ; en cas de viol, le coupable pourrait être puni d’une réclusion de trente ans », explique-t-on au ministère de la Justice.

    Chiffres
    ● Pas de chiffres officiels sur le
    nombre de viols au Maroc. Certaines
    sources associatives estiment
    qu’elles sont des dizaines
    de milliers à en être victimes
    ● 40.000 mariages de mineures
    en 2011
    ● Un chiffre qui représente 12%
    du total des unions au Maroc.
    ● 93% concernent les filles
    entre 16 et 18 ans
    ● 6% des mariées ont moins
    de 16 ans.

    « Ce sont les droits des mineurs qui seront protégés davantage grâce à la suppression de ce second paragraphe. La législation pénale marocaine doit s’adapter à l’évolution de la société et aux valeurs universelles des droits de l’Homme », commente Najat Anouar, présidente de l’association «Touche pas à mon enfant ». Si pour de nombreux observateurs, la suppression de cette clause est une victoire de la société civile qui a tant milité pour la protection juridique des femmes et des enfants, ces deux catégories n’en sont pas moins menacées. Car pour de nombreuses ONG féministes, le combat n’est pas encore fini. L’amendement de la loi 475 étant toujours en gestation à la chambre des représentants, un autre débat se lève cette fois par rapport aux propositions d’amendements de l’article 20 du Code de la famille pour stabiliser l’âge de mariage à 16 ans.

    Cet article autorise en effet aux juges de donner des dérogations pour le mariage des mineurs (moins de 18 ans). Une proposition qui a suscité la colère des féministes qui réclament la suppression immédiate des articles 20, 21 et 22 autorisant toute dérogation. Un grand recul, c’est ainsi que les activistes féministes évaluent ce projet d’amendement proposé par le même Ramid qui veut amender l’article 475. « Un pas en avant, deux en arrière », crient les protestataires. seraitce le cas ? Pour en savoir plus, attendons la rentrée qui s’annonce déjà chaude et animée par les feux de débats cruciaux pour les droits des femmes, mais également des enfants.

  • Demain les libertés ?

     

    Freedom, liberte

    ZOOM La condamnation d’un jeune marocain à deux ans et demi de prison par le tribunal de première instance de Taounate, pour abandon de la religion islamique et prosélytisme chrétien remet sur la place publique la question des libertés individuelles. Éclairage.

    83% des Marocains sont pour l’application de la charia, seuls 15% d’entre eux sont favorables à l’égalité homme/femme en ce qui concerne l’héritage, alors que ce pourcentage atteint 88% dans un pays comme la Turquie. Autre chiffre confirmant le conservatisme des Marocains : 92% des sondés croient que la femme doit, de par la religion, obéissance à son mari. Les chiffres de l’enquête annuel de l’Institut Américain PEW Research Center dresse un portait sans fard de la société marocaine. Et pourtant…

    La liberté de culte 
    Des jeunes déclarent publiquement leur homosexualité, des jeunes femmes marocaines s’associent aux combats du mouvement FEMEN, des intellectuels revendiquent la liberté de culte et la possibilité d’appartenir ou non à une religion, des chiites et des chrétiens marocains font leur coming out, la liberté sexuelle n’est plus un tabou mais un débat de société. Tout cela est mis sur la place publique. Les vives polémiques que suscitent toutes ces questions et bien d’autres rendent ces débats certes difficiles, mais c’est salutaire pour une société tiraillée entre un référentiel religieux bien ancré dans les moeurs et le désir d’émancipation d’une partie de la société des carcans religieux, sexuels ou politiques. La transgression du conformisme n’a pas manqué de provoquer des querelles entre « modernistes » et « conservateurs ». L’intellectuel Ahmed Assid a fait les frais de ce débat houleux.

    Ses prises de positions audacieuses, et loin de la pensée dominante, lui ont valu l’animosité de milieux islamistes. Sur nos colonnes, il déplore le recul de la culture démocratique : « Ce que je regrette, c’est la régression du niveau du débat publique. Le Maroc connaissait une effervescence intellectuelle qui encourage la réussite de la transition vers la démocratie. Hélas, il y a des gens qui n’adhèrent pas du tout à ce processus. Ils portent en eux les germes d’un projet contradictoire à l’idéal démocratique ». Malgré une ambiance souvent électrique, le débat continue à être animé, avec quelques sorties de pistes. La fatwa (avis religieux) du Conseil supérieur des oulémas (CSO) sur l’apostasie a soulevé un tollé général. Le CSO interdit ainsi aux musulmans la liberté de croyance et pense que tout musulman qui renie l’Islam mérite la peine de mort ! Cet avis a remis au goût du jour la question de la liberté de croyance. Quelques semaines après cet avis, le roi a pris ses distances de la pensée du CSO.

    Ahmed Assid

    Ce que je regrette, c’est la régression du niveau du débat publique. » Ahmed Assid

    Lors d’une prière du vendredi en présence du souverain, un imam a relativisé le jugement de ce Conseil en faisant référence au verset coranique : « Il n’y a point de contrainte en religion ». L’autre grosse polémique a été provoquée par l’arrestation d’un enseignant à la province d’El Jadida suite à son accusation de « promotion de l’athéisme ». Une accusation que le concerné réfute et qui a été condamnée par les associations de défense des droits de l’Homme. Celles-ci l’ont qualifiée de « chasse aux sorcières ». Les libertés individuelles ne peuvent exister sans libertés publiques. Hélas, tous les rapports internationaux crédibles constatent « des atteintes répétées aux droits humains au Maroc ». Les faits reprochés au Royaume se recoupent avec ceux mis en avant par l’AMDH dans son rapport de 2012. Cette association dénonce les détentions politiques, les cas de torture et de disparitions forcées, la répression de manifestations pacifiques, l’interdiction illégale d’associations et de partis politiques. Le gouvernement Benkirane II changera-t-il la donne ?