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GéoPolitik - Page 23

  • La Libye s’enlise

    TRIBUNE17/02/2013 à 11h48

    La Libye s’enlise dans la violence des milices

    Hélène Bravin | “Kadhafi, vie et mort d’un dictateur” (Ed. Bourin)

    TRIBUNE

    La Libye s’enlise. Deux ans après la révolution, le pays est aujourd’hui coupé en cinq zones (Misrata, Barqa, Djebel Nefusa et Zouwara, Zentan, la Zone du Sud avec les Toubous).

    Les milices constituées par des éléments tribaux disposent chacune de leur propre armée dans les quatre premières zones. A cela il faut ajouter de nombreux conflits tribaux. Ainsi que des populations en déshérence.

    Que veulent ces milices ? Si dès la fin de la révolte, les « Thowars » ont revendiqué la paternité de la révolution, aujourd’hui, elles entendent assurer leur mainmise sur les villes, les quartiers et les édifices publics conquis par la force des armes.

    Les milices entre police et politique

    Cette mainmise, notamment sur les bâtiments ministériels ou lieux stratégiques (les aéroports, les bases militaires, les casernes militaires ou les commissariats de polices…) a amené ces milices à avoir une emprise directe sur les politiques libyens.

    En outre, certaines milices ont tenté l’aventure politique. C’est le cas des milices de Abdulhakim Bel Haj qui a constitué son propre parti, « El Watan », lors des élections de juillet 2012. Il n’a obtenu aucun siège.

    Via les purges orchestrées notamment par la Haute commission pour l’intégrité et le patriotisme (HCIP) – bientôt remplacée par un comité d’« isolation » –, principalement constituée d’islamistes, les milices, notamment islamistes, ont par ailleurs réussi à pénétrer les administrations et les entreprises nationales.

    Cette mainmise risque à long terme, si rien n’est fait pour freiner les velléités du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui financent les mouvements islamistes, d’entraîner une forme d’exclusion nouvelle en Libye : l’attribution des postes sur une base tribalo-religieuse.

    Imposer la charia, diriger les trafics

    Ces milices veulent aussi rendre justice. Lourdement armées, elles ont crié vengeance pour les exactions commises durant la révolte, faisant ainsi fuir entre 1 à 1,5 million de pro-Kadhafistes et leurs familles en dehors des frontières du pays.

    Des vengeances aveugles ont entraîné des milliers d’arrestations de personnes soupçonnées d’avoir appartenu à l’ancien régime. Ou tout simplement parce qu’elles possèdent quelque richesse. Il ne faut pas se faire d’illusion, ces milices ou gangs sont avides d’argent et de 4x4.

    Leur intégration dans l’armée régulière fait d’ailleurs l’objet d’incessants chantages. Elles veulent avant tout percevoir leur solde tout en gardant leur structure hiérarchique.

    Certaines milices d’obédience salafiste veulent instaurer exclusivement la charia et n’hésitent pas à s’en prendre aux tombes des marabouts ou à la communauté chrétienne, du jamais vu en Libye !

    Enfin, ces milices veulent diriger les trafics. En cela, il est à prévoir qu’elles entreront directement en conflit avec les cellules des salafistes djihadistes. Avant l’intervention française au Mali, des instructeurs sont venus de ce pays frontalier pour former ces cellules aux techniques de kidnapping, de camouflage des armes… Depuis l’intervention française, certains djihadistes sont passés en Libye.

    Des gangs nés avant la révolution

    Ces éléments de la nouvelle Libye tirent leur origine de bien avant la révolte. Ce qui explique la grande difficulté à les déraciner. Ils ne sont en aucune façon des éléments post-« révolutionnaires », nés spontanément lors de la révolte.

    Les gangs sont ainsi apparus au début des années 90 – période de l’embargo – au cours de laquelle la Libye est en pleine déliquescence et où Kadhafi décide de la quasi-disparition des comités révolutionnaires (1995), sortes de milices de l’ordre et gardiennes de l’idéologie kadhafienne. Ces gangs se sont engouffrés dans ce vide. Kadhafi réussira à les atomiser sans les faire pour autant disparaître.

    Même chose pour les islamistes. Au début des années 90, les mouvements islamistes explosent, prenant ainsi le relais des comités révolutionnaires en désuétude.

    Malgré la répression menée par Kadhafi et qui à cette époque – faut-il le rappeler – touche essentiellement les islamistes, ils prennent pied. De nombreuses cellules se forment notamment sous l’égide de Mohamed Hamed Abou e-Nasser, le « guide » des Frères musulmans en Libye.

    Des mouvements islamistes armés ont également surgi dans la société de Kadhafi. Issus de la guerre en Afghanistan –1979, début des années 80 –, ces vétérans soudainement sans mission sont revenus en Libye pour former des groupuscules.

    Tout comme les Frères musulmans, leur nombre explose aussi durant les années 90 au cours desquelles ils mènent une guerre de maquis contre Kadhafi. Celui-ci est alors le premier à lancer en 1995 un mandat d’arrêt international contre Ben Laden !

    En 2003, une réconciliation

    Le combat de ces islamistes va se prolonger jusqu’au milieu des années 2000. Dans ce combat, les Frères musulmans leur prêtent main forte.

    En 2003, Seif El Islam, le deuxième fils de Kadhafi, actuellement aux mains de la milice de Zentan, au nom d’une réconciliation – pratiquée par d’autres pays –, fait libérer des islamistes. Il souhaitait en faire des alliés.

    De son côté, son père Kadhafi, d’accord sur leur libération, le fera pour d’autres raisons. Entre autre, afin de les utiliser contre les occidentaux, lesquels, à son sens, traînaient les pieds pour assurer une véritable intégration de la Libye sur la scène internationale.

    Tout en les surveillant de près et en menaçant de les réprimer au moindre faux pas, son chantage était de signifier : soit c’est mon régime, soit c’est eux.

    En dépit de cette réconciliation, certains d’entre eux portent allégeance en 2006 à Al Qaeda. C’est le cas de certains chefs, tels que :

    • Abdulhakim Belhaj ;
    • Abou Yahya el-Libie (numéro deux d’Al Qaeda, de son vrai nom, Mohamed Hassan Qaïd, tué au Pakistan par un drone américain en juin 2011) ;
    • Sufian al-Quma, le chauffeur personnel d’Oussama Ben Laden ;
    • et Abdul Hakim el-Hasadi qui a combattu en Afghanistan avant de rejoindre l’insurrection libyenne.

    Durant la révolte de février 2011, les islamistes djihadistes étrangers ont indéniablement encadré les manifestants. Des éléments d’Al Qaeda et particulièrement d’Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) sont venus prêter main forte à leurs frères libyens.

    L’intégration des milices dans l’armée

    Pour contrer les milices, le gouvernement utilise apparemment plusieurs stratégies. La première est l’intégration des milices dans l’armée nationale. Pour l’instant, celle-ci a eu un impact très limité. Une seule milice a intégré l’armée et encore en gardant ses propres structures, autrement dit son chef !

    Le gouvernement a employé une autre stratégie, plus dangereuse. A la fin de la révolte, il n’a cessé de « déléguer » aux milices le règlement de conflits tribaux. L’exemple type étant celui de Sabha (Sud), l’ancien fief des Maghraha, la tribu de Abdesselam Jalloud, l’ex-numéro deux du régime.

    Les Toubous se sont battus contre la puissante tribu des Oulad Slimane. Enfin, au mois de novembre dernier, le gouvernement s’est allié aux milices de Misrata contre Beni Walid, considéré comme un fief de la résistance kadhafiste !

    En cela, le gouvernement n’a pas joué son rôle pacificateur – le problème principal entre Misrata et Beni Walid étant celui des prisonniers détenus de part et d’autre. L’opération a certes été dévastatrice mais, du coup, l’« unité » de Misrata en est ressortie renforcée.

    S’il se réglait par la victoire d’une milice sur l’autre, le pouvoir central sera alors confronté au bon vouloir du vainqueur. Et il sera fragilisé.

    Plus le temps passe et plus il sera difficile de désarmer les milices. Le chômage existait sous Kadhafi et il existe encore. Dès lors, comment convaincre un jeune sans diplôme de rejoindre une administration, une usine ou de monter sa propre entreprise alors qu’il peut vivre des trafics d’armes ou autres ?

    MERCI RIVERAINS 
  • Sa Majesté des drones

    ÉTATS-UNIS  Sa Majesté des drones à la Maison-Blanche

    Le chroniqueur conservateur Charles Krauthammer condamne vigoureusement la stratégie de lutte contre le terrorisme adoptée par Obama. L'usage massif des drones est en totale contradiction avec l'image de droiture morale que le président affiche, estime-t-il.
    Barack Obama : Et maintenant volez, mes jolies ! Volez !! Sur la feuille : liste d’exécutions.Barack Obama : Et maintenant volez, mes jolies ! Volez !! Sur la feuille : liste d’exécutions.Dessin de John Cole paru dans The Scranton Times Tribune, Scranton.

    La lecture d'un récent article du New York Times portant sur la "petite activité hebdomadaire" du président a de quoi laisser pantois. On y apprend que tous les mardis Obama étale devant lui des cartes d'un genre très particulier où figurent les photos et les notices biographiques de terroristes présumés pour choisir quelle sera la prochaine victime d'une attaque de drone. Et c'est à lui qu'il revient de trancher : la probabilité de tuer un proche de la cible ou des civils se trouvant à proximité mérite-t-elle ou non d'interrompre la procédure ?

    Cet article aurait pu s'intituler : "Barack Obama, Seigneur des drones". On y apprend avec force détails comment Obama gère personnellement la campagne d'assassinats téléguidés. Et l'article fourmille de citations officielles des plus grands noms du gouvernement. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il ne s'agit pas de fuites mais bien d'un véritable communiqué de presse de la Maison-Blanche.

    L'objectif est de présenter Obama comme un dur à cuire. Pourquoi maintenant ? Parce que, ces derniers temps, le locataire de la Maison-Blanche apparaît singulièrement affaibli : il semble impuissant alors que des milliers de personnes se font massacrer en Syrie ; il se fait rouler dans la farine par l'Iran comme en témoigne l'échec des dernières négociations sur le nucléaire à Bagdad ; Vladimir Poutine le traite avec mépris en bloquant toute intervention dans ces deux pays et lui a même infligé un camouflet public, en décidant de se faire remplacer [par son Premier ministre Medvedev] lors des derniers sommets du G8 et de l'Otan.

    Le camp Obama pensait que l'exécution d'Oussama Ben Laden réglerait tous ses problèmes de politique étrangère. Mais la tentative par le gouvernement d'exploiter politiquement le premier anniversaire du raid meurtrier contre le chef d'Al-Qaida n'a pas eu les effets escomptés, bien au contraire. Après avoir abattu sa meilleure carte (la mort de Ben Laden), il lui fallait donc en trouver une nouvelle, et c'est là qu'intervient le "Seigneur des drones", un justicier solitaire, sans pitié pour les membres d'Al-Qaida.

    Qu'est donc devenu cet artisan de paix récompensé par un prix Nobel, ce président favorable au désarmement nucléaire, cet homme qui s'était excusé aux yeux du monde des agissements honteux de ces Etats-Unis qui infligeaient des interrogatoires musclés à ces mêmes personnes qu'il n'hésite pas aujourd'hui à liquider ? L'homme de paix a été remplacé – juste à temps pour la campagne électorale de 2012 – par une sorte de dieu vengeur, toujours prêt à déchaîner son courroux.

    Quel sens de l'éthique étrange. Comment peut-on se pavaner en affirmant que les Etats-Unis ont choisi la droiture morale en portant au pouvoir un président profondément offensé par le bellicisme et la barbarie de George W. Bush et ensuite révéler publiquement que votre activité préférée consiste à être à la fois juge et bourreau de combattants que vous n'avez jamais vus et que peu vous importe si des innocents se trouvent en leur compagnie.

    Il ne s'agit pas de condamner les attaques de drones. Sur le principe, elles sont complètement justifiées. Il n'y a aucune pitié à avoir à l'égard de terroristes qui s'habillent en civils, se cachent parmi les civils et n'hésitent pas à entraîner la mort de civils. Non, le plus répugnant, c'est sans doute cette amnésie morale qui frappe tous ceux dont la délicate sensibilité était mise à mal par les méthodes de Bush et qui aujourd'hui se montrent des plus compréhensifs à l'égard de la campagne d'assassinats téléguidés d'Obama.

    En outre le Seigneur des drones est un piètre stratège, car les terroristes morts ne peuvent pas parler. Les frappes aériennes de drones ne coûtent pas cher, ce qui est une bonne chose. Mais aller à la facilité a un coût. Ces attaques ne nous offrent aucune information sur les réseaux terroristes ni sur leurs projets. Capturer un seul homme pourrait être plus utile qu'en tuer dix. Le gouvernement Obama a révélé publiquement son opposition aux tribunaux militaires, sa volonté de juger Khalid Cheik Mohammed [considéré comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001] à New York et d'essayer vigoureusement (mais sans succès puisque, ô surprise, il n'y a pas d'autres solutions) de fermer Guantanamo Bay. Et pourtant ces délicates attentions à l'égard des terroristes quand ils sont prisonniers coexistent avec une volonté de les tuer directement dans leur lit.

    Les prisonniers ont des droits, alors ne faisons pas de prisonniers, il y a là une morale perverse. Nous n'hésitons pas à tuer des terroristes, mais nous renonçons délibérément à obtenir des informations qui pourraient sauver des vies. Mais cela nous y penserons plus tard. Pour l'instant, réjouissons-nous de la haute stature morale et de l'absence de complaisance de notre Seigneur des drones présidentiel.

    Graphiques drônes

     
  • DRONES • Un ancien "pilote" américain raconte

    Brandon Bryant était pilote de drone au sein d’une unité spéciale de l’armée de l’air américaine. Depuis l’Etat du Nouveau-Mexique, il a tué des dizaines de personnes. Jusqu’au jour où il a déclaré forfait.

     
    Un drone MQ-1 Predator lors d'une sortie d'entraînement sur la base de Creech, dans le Nevada - US Air Force/Brian FergusonUn drone MQ-1 Predator lors d'une sortie d'entraînement sur la base de Creech, dans le Nevada - US Air Force/Brian Ferguson

    Pendant plus de cinq ans, Brandon Bryant a travaillé dans un container allongé de la taille d’une caravane, sans fenêtres, à température constante de 17 °C, et dont la porte était condamnée par mesure de sécurité. Devant les yeux de Brandon et de ses collègues scintillaient quatorze écrans. Sous leurs doigts, quatre claviers. Il suffisait que Brandon presse un bouton au Nouveau-Mexique pour qu’un homme meure à l’autre bout de la planète. 

    A l’intérieur du container, des ordinateurs ronronnent. C’est le cerveau d’un drone. Dans l’US Air Force, on appelle cette pièce un “cockpit”. A cette différence près que les pilotes du container ne volent pas – ils se contentent de piloter. 

    Brandon était l’un d’entre eux. Il se souvient très précisément des huit que décrivait le Predator dans le ciel afghan, à plus de 10 000 kilomètres de l’endroit où il se trouvait. Dans le réticule du drone, une maison aplatie en terre, avec une étable pour les chèvres, se rappelle-t-il. Lorsque l’ordre de faire feu tombe, Brandon presse un bouton de la main gauche, “marque” le toit au laser, et le pilote assis à côté de lui déclenche le tir à l’aide d’un joystick. Le drone lance un missile de type Hellfire. Il reste alors seize secondes avant l’impact. “Les secondes s’écoulent au ralenti”, se souvient Brandon aujourd’hui. Enregistrées au moyen d’une caméra infrarouge orientée vers le sol, les images sont transmises par satellite et apparaissent sur son moniteur avec un décalage de deux à cinq secondes.

    Plus que sept secondes, pas l’ombre d’un humain. A cet instant, Brandon aurait encore pu détourner le missile roquette. Trois secondes. Brandon scrute le moindre pixel sur l’écran. Soudain, un enfant qui court à l’angle de la maison. Au moment de l’impact, le monde virtuel de Brandon et le monde réel d’un village situé entre Baghlan et Mazar-e Charif se télescopent. 

    Brandon voit une lueur sur l’écran – l’explosion. Des pans du bâtiment s’écroulent. L’enfant a disparu. Brandon a l’estomac noué. 

    “On vient de tuer le gamin ?” demande-t-il à son collègue assis à côté. 
    “Je crois que c’était un gamin”, lui répond le pilote. 
    “C’était un gamin ?” continuent-ils de s’interroger dans la fenêtre de messagerie instantanée qui s’affiche sur leur écran. 
    C’est alors que quelqu’un qu’ils ne connaissent pas intervient, quelqu’un qui se trouve quelque part dans un poste de commandement de l’armée et qui a suivi leur attaque : “Non, c’était un chien.” 

    Ils se repassent l’enregistrement une nouvelle fois. Un chien sur deux jambes ? Lorsque Brandon Bryant sort de son container ce jour-là, le cœur de l’Amérique profonde s’étale devant lui : l’herbe drue de la steppe à perte de vue, des champs, l’odeur du lisier. A intervalles de quelques secondes, la tour de radar de la base de Cannon [au Nouveau-Mexique] de l’US Air Force projette un éclair dans le crépuscule. Une guerre est en cours. 

    La guerre moderne est invisible, la distance lui ôte de sa gravité. C’est une guerre larvée, contrôlée, téléguidée depuis de petites unités high-tech disséminées en différents points du globe. La guerre nouvelle se veut plus précise que l’ancienne. Pour cela, beaucoup la disent “plus humaine”. C’est la guerre d’un intellectuel : plus qu’aucun autre avant lui, Barack Obama l’a encouragée. 

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    Deux pilotes aux commandes d’un drone Predator en Irak, à la Balad Air Base, en août 2007. US Air Force/CC

  • Aux États-Unis, la justice légalise...

     

     
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    Aux États-Unis, la justice légalise les fraudes de l'industrie pharmaceutique...

    Vendre un médoc' anti-rhume en le faisant passer pour un anti-cancéreux... sans aucune justification scientifique : c'est désormais possible, au pays de l'oncle SAMM (sans AMM)... au nom de la liberté d'expression ! 

    C'est un jugement qui va profondément bouleverser l'industrie américaine de la santé, si les choses en restaient là : une cour d'appel vient d'autoriser les firmes pharmaceutiques et leurs représentants à vendre des médicaments pour des indications non approuvées par les autorités de santé. 

    Alfred Caronia, un vendeur du labo Orphan Medical Inc, a été condamné en 2008 pour avoir promu un narcoleptique contre l'insomnie et la fibromyalgie, entre autres. Si la pilule en question, le Xyrem, avait bien été approuvée par les autorités US pour traiter la narcolepsie, celles-ci ne s'étaient jamais prononcées sur les autres pathologies. Il est même possible qu'aucune étude n'ait jamais été effectuée sur le sujet. Mais qu'à cela ne tienne... la Cour d'appel de New York a jugé lundi (à deux juges contre un) que cette condamnation contrevenait au premier amendement... qui garantit la liberté d'expression ! 

    Vendre du poison est donc désormais autorisé... au nom de liberté d'expression. Il fallait l'inventer... 

    "Le gouvernement ne peut poursuivre ni les firmes pharmaceutiques ni leurs représentants [pour la promotion de l'utilisation d'un médicament hors AMM*] sans contrevenir à la liberté d'expression" a déclaré le juge Denny Chin. Cette décision "remet en cause les fondements mêmes de notre système centenaire de réglementation des médicaments" écrit la juge (réfractaire) Debra Ann Livingston. Un système "mis au point pour protéger les consommateurs contre les allégations mensongères et sans fondement concernant la sécurité et l'efficacité des médicaments" conclut-elle. 

    Le gouvernement peut toujours porter l'affaire devant la Cour Suprême. En attendant, les Big Pharma trinquent à leur (propre) santé... c'est bien ça l'important. 

    [* AMM: autorisation de mise sur le marché attribuée à un médicament bien précis pour une ou plusieurs pathologies bien précises ]