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  • Les contre-pouvoirs médiatiques n’existent pas en France

    Les contre-pouvoirs médiatiques n’existent pas en France =
    Une réflexion non exempte de critiques que je soumets à votre sagacité. La vérité est sans pitié.
    La colère m’a fait crier justice pour tous, j’avais le cœur blessé. Alors je peux lutter avec les opprimés.

    Si pour une fois Internet pouvait servir à servir la France, les français, déclencher une prise de conscience collective, assainir la politique, réveiller les médias, pourquoi pas ?? Utopie ???
    Les Médias, la presse, les journalistes qui devaient contrôler, se sont endormis sur la complaisance.
    Quand la souffrance fera pleurer des larmes de sang aux médias, les Médias auront les yeux lavés. Alors les médias défendront leurs frères de sang.

    Préambule=
    Georges ORWEL disait « 
    Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire », alors qu’attendent les journalistes et les médias. Un pessimiste voit une difficulté dans chaque opportunité et un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté.
    A méditer, « Un homme qui n'a pas d’ennemi n'a rien fait de sa vie
     ! (Winston Churchill)
    Deux très grands journalistes qui nous apportent la réponse=
    -« 
    Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie » Albert Londres
    -« Il n’est pas un crime, pas un truc, pas un sale coup, pas une escroquerie, pas un vice qui ne perdure sans le secret qui l’entoure. Exposez ces faits au grand jour, décrivez-les, attaquez-les, ridiculisez-les dans la presse et, tôt ou tard, l’opinion publique les chassera. Informer n’est peut-être pas la seule chose nécessaire mais c’est une chose sans laquelle toutes les autres démarches resteront vaines »Joseph Pulitzer

    Où est la force de l’indignation de la presse en France car ce que dit Blaise PASCAL (Pensées) devrait s’étendre aux médias « Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu’il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force ; et pour faire cela faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste ».
    La presse devrait être un contre-pouvoir, une force démocratique importante pour tous les citoyens, les TPE-PME , à conditions que la presse les défendent et fasse éclater la vérité et l’injustice.

    Développement =
    Le désamour des français à l’égard des médias et des politiques s’explique aisément.
    En fait en France les médias comme les politiques ne se préoccupent pas des abus de pouvoir et des injustices quotidiennes que subissent les citoyens, TPE-PME...etc , la classe d'en bas en fait . Comment peut-on apprécier les médias et les politiques dans cette situation ?
    Pourtant la loi permet non seulement aux journalistes mais aux politiques d’intervenir et de défendre la vérité, le respect des lois , combattre les abus de pouvoir ..etc. Les médias et les partis politiques traditionnels s’étonnent de perdre des lecteurs et des électeurs ; mais ils sont aveugles ou sophistes et certainement pusillanimes !
    Cet article sur ce sujet est donc très important pour l'équilibre démocratique des pouvoirs. Les Médias sont importants et c'est la raison 1ere des puissants de les posséder pour abuser, défendre leur puissance et pouvoir. Les médias français font des généralités et sont devenus les portent paroles des politiques aux pouvoirs. De plus la Presse aussi est soumise aux changements de la pensée, il y a 40 ans les médias pensaient local et agissaient global mais maintenant les médias doivent penser global et agir local pour les citoyens les plus faibles, les TPE-PME et faire régner la justice au sens le plus large. Le Journal MEDIAPART a entrepris ce chemin de croix de la recherche de la vérité, et de réaliser cet acte révolutionnaire, mais qui se préoccupe des injustices, les abus de pouvoir subis au quotidien par les TPE-Pme et les citoyens de la classe d’en bas ; qui les dénonce, qui fait éclater la vérité, qui investigue, qui écoute le citoyen???
    Les puissants, l’Etat Français, les multinationales sont les propriétaires des médias et ont affaibli peu à peu le pouvoir et le rôle des médias dans la démocratie. La vérité est enfermée, et réduit les libertés des plus faibles tous les jours : TPE-PME, Citoyens.

    Il faut tourner la page ? Non Il faut changer de livre! La liberté n’est pas une faveur c’est un combat quotidien.
    Voltaire disait « Pour être libre il faut être informé' "je ne suis pas d'accord avec vous mais je suis prêt à mourir pour que vous puissiez vous exprimer « 

    Nos concitoyens ont le sentiment que les médias ne font pas ce que l’on attend d’eux.
    Je pense que non seulement nos concitoyens ont compris ce qu'est le journalisme mais les journalistes doivent comprendre ce que veut dire être journaliste. En fait nos concitoyens ont raison, la presse n'est que le reflet aussi d'une société française corrompue et mafieuse, médiocrate, un pandémonium et ce n’est pas un euphémisme. Les évènements et dénonciations diverses, en particulier du média MEDIAPART et sur les médias qui commencent à ouvrir les yeux, corroborent mon affirmation. Encourageant, la presse est en train de se réveiller, face à cette crise démocratique et il faut l’aider à ouvrir totalement les yeux et les oreilles.

    Albert Eisntein disait "On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés" et comme disait Balzac " La comédie humaine c'est avant tout l'échec du politique". Ce n'est donc pas un signe de bonne santé démocratique que la presse française soit bien adaptée à une société profondément malade. C'est la réalité sauf si les médias, la presse et les journalistes cessent d'être aveugles, avant que de bonnes vérités leurs crèvent les yeux.
    Prenons l’affaire de M. Jérôme KERVIEL qui fait la démonstration du fonctionnement mafieux et inéquitable de la justice. En réalité M. Jérôme KERVIEL demande la vérité et à nos politiques, Président de la République de la défendre. Je salue le courage de Mme la Commandante Nathalie Leroy pour son témoignage. Il faut aussi protéger les témoins qui mettent à nue les dérives de la justice parce que des pressions ont été faites sur des personnes qui font parties de l'appareil judiciaire pour faire obstruction à la vérité . Ces témoins dans ces affaires mettent en causes des intérêts mafieux.
    M. Jérôme KERVIEL ne demandait pas de passe-droit, il demandait LE DROIT ET LA Vérité!

    Une information sur le fonctionnement des médias en Francequi devraient être à la pointe de la recherche de la vérité, Information pour votre sagacité=Quelques liens démonstratifs et explicatifs, à voir absolument :
    L’investigation un métier perdu, Une réflexion humoristique , Tant que l'on ouvre pas une huitre l'on croit que c'est un caillou , = https://www.facebook.com/photo.php?v=836529933043290
    Liberté de la presse : la France descend à la 39e place sur 180 =
    http://www.les-crises.fr/reprise-liberte-de-la-presse-la-france-descend-a-la-39e-place-sur-180/
    Aides à la presse, un scandale qui dure :Sébastien Fontenelle | monde-diplomatique.fr | novembre 2014 . Instaurées en France dès la fin du XVIIIe siècle pour « encourager la libre communication des pensées entre les citoyens », les aides de l’Etat à la presse n’étaient destinées qu’aux publications d’intérêt général. Elles profitent désormais aux groupes puissants, sans que leur contribution au débat démocratique saute aux yeux. Pourtant, les procureurs les plus inflexibles de la réduction des dépenses publiques restent cois…la suite : http://www.monde-diplomatique.fr/2014/11/FONTENELLE/50945
    La Réalité de La France un journaliste et un Magistrat dénoncent :
    https://www.dailymotion.com/video/x2evw9p_un-magistrat-et-un-journaliste-en-activite-temoignent-a-visage-masque-la-france-big-brother-laurent_news?start=194

    La démocratie, médiocratie, française a atteint ses limites, il faut impérativement apporter les changements nécessaires. Tout cela nuit au développement économique. La démocratie qui reposait sur le contrôle, s’est endormie sur la complaisance, rien d’autre. La France a besoin "de contre-pouvoir" que nous n'arrivons pas, nous citoyens dotés de réflexions, et bon sens à créer ; c'est hélas navrant et très grave pour ce Pays. Pour ma part, il y a longtemps que j'ai pris la décision de dénoncer TOUS LES TRAVERS DE LA SOCIÉTÉ..."PEUT-ON ENCORE SAUVER LA France ?"
    La France a donc besoin de contre-pouvoir
    médiatiques pour dénoncer tous les dysfonctionnements et abus de pouvoir, car une injustice faite ne fût-ce qu'à une seule personne est une menace pour nous tous, la raison pour laquelle avec quelques Amis nous avons décidé de créer un journal ci-dessous, mais avec peu de moyen financier. Le but était d’être à l’écoute du citoyen et de l’aider à faire éclater la vérité pour faire respecter le droit et combattre les abus de droit , les abus de pouvoir d’où qu’ils viennent (ETAT, Administration, …etc) . Nous voulions obtenir une présence nationale Papier, Internet, TV internet...etc. Force est de constater que cet objectif n’est pas encore atteint. Mais cela nous a permis de mieux comprendre la réalité de la médiocratie française. Ce JOURNAL a été appelé « TOP ALERTE » le journal qui fait éclater la vérité.J’ai compris aussi qu’Il est inutile de compter sur le gouvernement, nos élus, actuellement, pourtant la loi les obligent, car ils sont les garants d’une bonne justice.
    Informations de ce que nous essayons de faire avec le journal TOP ALERTE=
    1) Journal TOP ALERTE octobre 2011 n°19 (affaire Richard ARMENANTE) : http://injustice.blog.free.fr/public/Journal_Top_Alerte_octobre_2011_n_19.pdf
    2)
    Info sur le Journal TOP ALERTE, Business plan Français, Pourquoi ce journal, and so one :
    http://injustice.blog.free.fr/public/PROJET_charte_et_business_plan_journal__top_alerte.pdf

    3)
    Info des journaux TOP ALERTE :
    http://injustice.blog.free.fr/public/Edition_journal_TOP_ALERTE.pdf
    4)
    Liens FACEBOOK=
    https://www.facebook.com/pages/Journal-TOP-ALERTE/146578242113478

    Information complémentaire = La réalité des médias en France, une information sur le fonctionnement de certains médias qui devraient être à la pointe de la recherche de la vérité, à voir absolument=
    http://www.dailymotion.com/video/xpj5bo_les-nouveaux-chiens-de-garde-les-10-premieres-minutes_shortfilms

    Les citoyens ne doivent compter que sur leur propre détermination pour faire respecter le droit et combattre les abus de pouvoir. Aidez-vous, en vous soutenant les uns les autres, fortifiez ceux qui, parmi vous, sont faibles, unissez-vous, organisez- vous et vous ferez gagner La France.
    Les citoyens doivent être plus exigeants des élus, de la presse, des administrations, des syndicats…etc.
    La Presse doit rentrer en résistance et arrêter la collaboration à la médiocratie !
    La presse doit retrouver le gout de l’absolu et ne plus se contenter d’une médiocrité tranquille.

    La France est devenue peu à peu un pandémonium et ce n’est pas un Euphémisme !
    Payons-nous des impôts en France pour avoir une Médiocratie et une injustice de qualité??

    Conclusion : La vraie faute, c'est celle que l'on ne corrige pas. "Confucius"

    Pour votre réflexion et votre sagacité « et Vous pouvez partager »
    Autres Publications que j'ai faites sur MEDIAPART :
    1)
    Une démocratie qui n'évolue pas, est soumise à la médiocrité des Hommes =
    http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/250515/une-democratie-qui-nevolue-pas-est-soumise-la-medioc
    2) Réflexion d’un citoyen face à l’injustice =
    http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/090515/reflexion-d-un-citoyen-face-l-injustice
    3) La Justice Française 37ème sur 43 pays européens ?! =
    http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/090515/la-justice-francaise-37eme-sur-43-pays-europeens
    4) L’administration et la Justice non indépendante ont un rôle économique évident =
    http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/060515/l-administration-et-la-justice-non-independantes-en
    5) Le Mensonge et la tricherie en France détruisent à petit feu l’économie=
    http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/180515/le-mensonge-et-la-tricherie-en-france-detruisent-pet

  • Posséder ou partager ?

     

    Et si l’usage ne correspondait pas nécessairement à la propriété ? Soucieuses d’en finir avec l’hyperconsommation d’objets qui ne servent que très rarement, confrontées à un pouvoir d’achat en berne, de nombreuses personnes s’organisent pour partager et troquer. Un mouvement en pleine expansion que les groupes privés ont vite détourné pour élargir le cercle… des acheteurs.

    par Martin Denoun et Geoffroy Valadon, octobre 2013

    « Au domicile de chacun d’entre nous, il existe à la fois un problème écologique et un potentiel économique. Nous avons dans nos foyers de nombreux biens que nous n’utilisons pas : la perceuse qui dort dans un placard et ne servira en moyenne que treize minutes dans sa vie, les DVD visionnés une ou deux fois qui s’entassent, l’appareil photo qui attrape la poussière plus que la lumière, mais aussi la voiture que nous utilisons en solitaire moins d’une heure par jour ou l’appartement vide tout l’été. La liste est longue. Et elle représente une somme impressionnante d’argent comme de déchets futurs. » Telle est, en substance, l’accroche des théoriciens de la consommation collaborative. Car, assène avec un grand sourire Rachel Botsman (1), l’une de leurs chefs de file, « vous avez besoin du trou, pas de la perceuse ; d’une projection, pas d’un DVD ; de déplacements, pas d’une voiture ! »…

    Jeremy Rifkin est celui qui a diagnostiqué cette transition d’un âge de la propriété vers un « âge de l’accès (2) » où la dimension symbolique des objets décroît au profit de leur dimension fonctionnelle : alors qu’une voiture était autrefois un élément de statut social qui en justifiait l’achat au-delà de son usage, les consommateurs se sont mis à louer leur véhicule.

    Aujourd’hui, c’est même leur propre automobile ou leur propre domicile que les jeunes proposent à la location. S’ils font ainsi le désespoir de nombreux industriels du transport ou de l’hôtellerie, d’autres y voient un détachement vis-à-vis des objets de consommation porteur d’espoir. Les plates-formes d’échange permettent une meilleure allocation des ressources ; elles atomisent l’offre, éliminent les intermédiaires et facilitent le recyclage. Ce faisant, elles érodent les monopoles, font baisser les prix et apportent de nouvelles ressources aux consommateurs. Ceux-ci seraient ainsi amenés à acheter des biens de qualité, plus durables, incitant les industriels à renoncer à l’obsolescence programmée. Séduits par les prix réduits et par la commodité de ces relations « pair à pair » (P2P), ils contribueraient à la réduction des déchets. La presse internationale, du New York Times au Monde en passant par The Economist, titre sur cette « révolution dans la consommation ».

    Un tour de passe-passe

    Les partisans de la consommation collaborative sont souvent des déçus du « développement durable ». Mais, s’ils lui reprochent sa superficialité, ils n’en font généralement pas une critique approfondie. Se réclamant surtout de Rifkin, ils n’évoquent jamais l’écologie politique. Ils citent volontiers Mohandas Gandhi : « Il y a assez de ressources sur cette terre pour répondre aux besoins de tous, mais il n’y en aura jamais assez pour satisfaire les désirs de possession de quelques-uns (3). » Cela ne les empêche pas de manifester une forme de dédain à l’égard des décroissants et des militants écologistes en général, vus comme des utopistes marginaux et « politisés ».

    « C’est en 2008 que nous avons buté contre le mur. Ensemble, mère nature et le marché ont dit “stop !”. Nous savons bien qu’une économie basée sur l’hyperconsommation est une pyramide de Ponzi (4), un château de cartes », argumentait Botsman lors d’une conférence Technology, Entertainment and Design (TED) (5). Selon elle, la crise, en contraignant les gens à la débrouille, aurait provoqué un sursaut de créativité et de confiance mutuelle qui aurait fait exploser ce phénomène de la consommation collaborative (6).

    De plus en plus de sites Internet proposent de troquer ou de louer des biens « dormants » et coûteux : lave-linge, vêtements de marque, objets high-tech, matériel de camping, mais aussi moyens de transport (voiture, vélo, bateau) ou espaces physiques (cave, place de parking, chambre, etc.). Le mouvement touche jusqu’à l’épargne : plutôt que de la laisser dormir sur un compte, des particuliers se la prêtent en contournant les banques (7).

    Dans le domaine des transports, le covoiturage consiste à partager le coût d’un trajet ; une sorte d’auto-stop organisé et contributif, qui permet de voyager par exemple de Lyon à Paris pour 30 euros, contre 60 euros en train, et de faire connaissance avec de nouvelles personnes le temps du trajet. Plusieurs sites sont apparus en France dans les années 2000 pour proposer ce service. Puis s’est produite l’évolution typique des start-up du Web : on se bat pour s’imposer comme la référence incontournable de la gratuité, et, une fois cette position obtenue, on impose aux utilisateurs une facturation à travers le site, « pour plus de sécurité », en prélevant une commission de 12 %. Alors que le numéro un français, Covoiturage.fr, est devenu BlaBlaCar afin de se lancer à la conquête du marché européen, et que son équivalent allemand, Carpooling, arrive en France, des covoitureurs excédés par le virage mercantile du site français ont lancé la plate-forme associative et gratuite Covoiturage-libre.fr.

    L’autopartage traduit lui aussi une avancée culturelle et écologique. Des plates-formes comme Drivy permettent la location de véhicules entre particuliers. Pourtant, les acteurs dominants du marché sont en fait des loueurs flexibilisés (location à la minute et en self-service) qui ont leur propre flotte. La réduction annoncée du nombre de véhicules est donc toute relative. Même la flotte Autolib’, mise en place par la mairie de Paris avec le groupe Bolloré sur le modèle des Vélib’, se substitue aux transports en commun davantage qu’elle ne permet de supprimer des voitures (8).

    S’agissant de l’hébergement, Internet a également favorisé l’envol des échanges entre particuliers. Plusieurs sites (9) permettent de contacter une foule d’hôtes disposés à vous recevoir gratuitement chez eux pour quelques nuits, et cela dans presque tous les pays. Mais le phénomène du moment, c’est le « bed and breakfast » informel et citadin et son leader incontesté, Airbnb. Cette start-up vous propose de passer la nuit chez des Athéniens ou des Marseillais qui vous concocteront un généreux petit déjeuner « en option » pour un prix inférieur à celui d’un hôtel. Une pièce vide chez vous ou votre appartement lorsque vous partez en vacances peuvent ainsi devenir une source de revenus. En un mot : « Airbnb : travel like human » Avec Airbnb, voyagez comme des êtres humains »). Dans la presse économique, cependant, la start-up montre un autre visage. Elle s’enorgueillit de prélever plus de 10 % de la somme payée par les hôtes, et de voir son chiffre d’affaires de 180 millions de dollars en 2012 croître aussi rapidement que sa capitalisation boursière, de près de 2 milliards de dollars.

    « La richesse réside bien plus dans l’usage que dans la possessionAristote », clamait l’entreprise d’autopartage City Car Club. Mais, à y regarder de plus près, le détachement vis-à-vis de la possession diagnostiqué par Rifkin ne semble pas en impliquer un vis-à-vis de la consommation : le rêve d’antan était de posséder une Ferrari ; aujourd’hui, c’est simplement d’en conduire une. Et si les ventes diminuent, les locations augmentent. Cet « âge de l’accès » révèle une mutation des formes de la consommation lié à un changement logistique : la mise en circulation des biens et des compétences de chacun à travers des interfaces Web performantes. Loin de s’en effrayer, les entreprises voient dans cette fluidification tout un potentiel de transactions nouvelles dont elles seront les intermédiaires rémunérés.

    D’une part, cela permet d’élargir la base des consommateurs : ceux qui n’avaient pas les moyens d’acheter un objet coûteux peuvent le louer à leurs pairs. D’autre part, la marchandisation s’étend à la sphère domestique et aux services entre particuliers : une chambre d’amis ou le siège passager d’une voiture peuvent être proposés à la location, de même qu’un coup de main en plomberie ou en anglais. On peut d’ailleurs anticiper le même effet rebond que dans le domaine énergétique, où les réductions de dépenses issues de progrès techniques conduisent à des augmentations de consommation (10) : les revenus qu’une personne tire de la mise en location de son vidéoprojecteur l’inciteront à dépenser davantage.

    Pourtant, il existe bien de nouvelles pratiques qui vont à rebours du consumérisme. Elles sont très diverses : les couchsurfers (littéralement, « surfeurs de canapé ») permettent gracieusement à des inconnus de dormir chez eux ou bénéficient de cette hospitalité. Les utilisateurs de Recupe.net ou de Freecycle.org préfèrent offrir des objets dont ils n’ont plus l’utilité plutôt que les jeter. Dans les systèmes d’échange locaux (SEL), les membres offrent leurs compétences sur une base égalitaire : une heure de jardinage vaut une heure de plomberie ou de design Web. Dans les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), chacun s’engage à s’approvisionner pendant un an auprès d’un même agriculteur local avec lequel il peut développer des liens, et participe bénévolement aux distributions hebdomadaires de légumes. Cet engagement relativement contraignant traduit une démarche qui dépasse la simple « consomm’action » consistant à « voter avec son portefeuille ».

    Quel est le point commun entre ces projets associatifs et les start-up de la distribution C2C — pour consumer to consumer, « de consommateur à consommateur » ? Comparons les couchsurfers et les clients d’Airbnb : pour les premiers, l’essentiel réside dans la relation avec la personne rencontrée, et le confort est secondaire, tandis que pour les seconds, c’est l’inverse. Les critères de leurs évaluations respectives sont donc sensiblement différents : ce qui prime sur Airbnb, au-delà du prix, c’est la propreté du lieu et la proximité avec le centre touristique, alors que sur Couchsurfing.org, au-delà de la gratuité, ce sont les moments avec l’hôte. De même, les plates-formes telles que Taskrabbit.com proposent des échanges de services entre particuliers payants, alors que les SEL reposent sur le don.

    Si, dans leurs articles destinés au grand public, les promoteurs de la consommation collaborative citent souvent les initiatives associatives pour vanter l’aspect « social » et « écologique » de cette « révolution », celles-ci disparaissent au profit des start-up lorsqu’ils s’expriment dans la presse économique. Non seulement parce que les échanges à but non lucratif sont plus difficilement monétisables, mais aussi parce qu’ils ne sont pas « massifiables ». En fait, on ne peut réunir les deux démarches sous l’étiquette d’« économie du partage » qu’en se focalisant sur la forme de ces relations, et en minorant les logiques très différentes qui les nourrissent. Cet amalgame, qui culmine dans le tour de passe-passe consistant à traduire to share partager ») par « louer », est largement encouragé par ceux qui cherchent à profiter du phénomène. Par un subterfuge qui s’apparente au greenwashing habillage vert »), des projets tels que les AMAP en viennent à servir de caution. Ceux qui s’en font l’écho en minorant les valeurs sociales sous-jacentes à ces projets participent ainsi à une sorte de collaborative washing. Les personnes qui offrent leur toit, leur table ou leur temps à des inconnus se caractérisent en effet généralement par des valeurs liées à la recherche de pratiques égalitaires et écologiques ; ce qui les rapproche davantage des coopératives de consommation et de production que des plates-formes d’échange C2C.

    Cette dualité en recoupe bien d’autres : celle qui sépare le « développement durable » de l’écologie politique, ou encore le mouvement du logiciel open source — qui promeut la collaboration de tous pour améliorer les logiciels — de celui du logiciel libre — qui promeut les libertés des utilisateurs dans une perspective politique. A chacun de ces domaines, on pourrait étendre la fameuse distinction opérée par Richard Stallman, l’un des pères du logiciel libre : « Le premier est une méthodologie de développement ; le second est un mouvement social (11). »

    Martin Denoun et Geoffroy Valadon

    Animateurs du collectif La Rotative, www.larotative.org
  • Myopie médiatique contre longue mémoire

     

     

    Par Guy Sorman.

    chien à lunettes credits alison elisabeth X (licence creative commons)

    chien à lunettes credits alison elisabeth X (licence creative commons)

    Submergés par la marée incessante de l’actualité médiatisée, nous savons simultanément tout sur rien et rien sur tout : l’information remplace la connaissance. Bombardés par les médias traditionnels et nouveaux, il nous échappe que tout événement s’inscrit dans une histoire longue : une compréhension véritable de cette hyper-actualisation exigerait une connaissance du passé et des écoles de pensée qui l’éclairent. Apportons quelques illustrations à notre thèse.

    Considérez la dette grecque. La réduire à un affrontement entre les partisans de « l’austérité » et une « libération » du peuple grec ne permet pas de comprendre combien cette dette s’inscrit dans un cycle qui remonte à l’Indépendance de la Grèce moderne au début du XIXe siècle, puis au traitement de faveur dont elle a bénéficié, en 1919, après la Première guerre mondiale. Depuis que la Grèce a été ressuscitée dans les lieux où naquit la civilisation hellénistique, deux mille cinq cents ans plus tôt, les Grecs modernes ont bénéficié d’une indulgence exceptionnelle : les poètes comme les dirigeants européens ont projeté sur cette tribu ottomane toute leur nostalgie de l’Hellénisme. Cette tribu était « grecque » non pas parce qu’elle descendait des Hellènes, mais parce que de religion orthodoxe – byzantine donc plutôt que Hellène – dans un océan musulman. Ces néo-Grecs, reconnus par les Européens pour ce qu’ils n’étaient pas, ne se crurent jamais contraints de gérer leurs affaires de manière sobre : l’Europe payerait pour l’éternité, une pension alimentaire à la mère supposée de la civilisation occidentale et de la démocratie. L’entrée dans la zone Euro a encouragé les néo-Grecs à s’endetter plus encore, arc-boutés sur leur histoire longue réinventée, une caution définitive contre leurs créditeurs. Une institution à elle seule pourrait libérer la Grèce de sa dette : l’Eglise orthodoxe qui possède un tiers du territoire et ne paye aucun impôt. Mais nul, pas même un gouvernement gauchiste, n’ose incriminer cette Église, parce qu’elle fut et reste l’incarnation de la Grèce contemporaine à la manière dont l’Église catholique en Pologne n’a jamais cessé d’incarner la nation. À la lumière de cette histoire longue, la question est donc moins « La Grèce est-elle en Europe ? » que « L’Église orthodoxe est-elle en Europe ? ». N’appartient-elle pas plutôt à l’Orient ainsi qu’on le constate dans une autre zone de conflit : l’Ukraine ?

    L’Ukraine de l’Ouest, qui fut polonaise, reste catholique et pro-occidentale, tandis que l’Est ukrainien orthodoxe est pro-russe, en un  temps où, de nouveau, le nationalisme russe se confond avec l’Église orthodoxe ressuscitée. Vladimir Poutine semble mieux connaître cette Histoire que les Européens.

    Passons à la Libye, autre exemple : on ne comprend rien aux combats présents si l’on ne se rappelle pas que la Libye contemporaine fut l’assemblage de deux nations distinctes, le Cyrénaïque et le Tripolitaine, par le colonisateur italien. Lorsque les Français et les Britanniques décidèrent d’intervenir en Libye, cette intervention n’aurait eu de sens que pour restaurer les deux nations antérieures, pas pour replâtrer la Libye coloniale.

    La même myopie historique éclaire les conflits en Syrie, Irak et Kurdistan : on ne peut les interpréter que par référence au Traité de Sèvres qui, en 1920, répartit, entre les colonisateurs français et britanniques, des territoires anciennement ottomans. Les Ottomans respectaient la diversité tribale et religieuse : chacun dans l’Empire dépendait des autorités de la religion à laquelle il appartenait. Après le dépeçage, les colonisateurs et leurs successeurs ont imposé des États centraux à des peuples qui, jamais, ne se reconnurent en eux. Les diplomates Sykes et Picot, qui tracèrent en 1917 la ligne droite qui aujourd’hui encore sépare la Syrie et l’Irak, ignoraient tout de ces cultures locales et ne connaissaient pas la différence entre un Chiite et un Sunnite. En 2003, le Général David Petraeus qui, à la demande de George W. Bush, s’empara de Bassorah n’en savait pas plus : n’étaient-ils pas tous Irakiens ?

    Tout le continent africain est pareillement affecté par cette négation du passé : des États trop nombreux y consomment l’essentiel des richesses locales pour perpétuer des frontières coloniales absurdes qui ont balkanisé les cultures. N’allons pas chercher plus loin les causes de la pauvreté en Afrique : le nationalisme y a remplacé et asphyxié le développement.

    Cette ignorance de l’histoire longue génère la plupart des désordres contemporains : une ignorance qui conduit à la guerre, aux migrations de masse, à la pauvreté collective, mais profite aux intérêts acquis. Prospèrent les chefs d’État dont l’État ne coïncide avec aucune nation, les Seigneurs de la guerre, les contrebandiers et – plus modestement – les bureaucrates internationaux chargés de perpétuer cet ordre artificiel. Le Fonds monétaire international, autre exemple de la mémoire courte, emploie dix mille fonctionnaires pour remplir une mission qui n’existe plus. Créé en 1945 pour pallier les déséquilibres des balances des paiements qui avaient semé le désordre économique dans les années 1930, le FMI continue alors que ces déséquilibres ont disparu : saint est l’oubli des origines.

    Par lui-même, aucun événement d’actualité ne fait sens : toute information publiée dans les médias ne devrait-elle pas – dans un monde évidemment théorique – être accompagnée d’une notice explicative, à la manière dont les médicaments sont assortis d’une notice recensant les contre-indications et effets toxiques ? Bien des informations sont toxiques parce que l’opinion publique les engloutit en toute bonne foi et parce que les dirigeants ne sont pas nécessairement, ou ne souhaitent pas être, mieux informés que l’opinion qui les porte.

  • Conso : Nous vivons une époque formidable…

    TRAVAILLEZ (pour des cacahuètes)

    CONSOMMEZ – PAYEZ…

    ET FERMEZ-LÀ !

    VOUS ÊTES « CONNECTÉS » ET SOUS CONTRÔLE

     

    Amazon Dash : le cauchemar commercial bientôt en Europe ?

    Sur votre lave vaisselle, un bouton de la marque de votre détergent préféré. Sur votre lave linge, un autre pour votre savon habituel. Idem pour votre paquet de couches, de papier toilette ou d’eau minérale. Magique : en pressant ce bouton, une commande automatique est envoyée par les airs, et Amazon vous livre les produits, sans que vous n’ayez rien eu d’autre à faire. Rêve du consommateur pressé ? Ou cauchemar du consumérisme sans limite ? C’est en tout cas le nouveau service que déploie actuellement la célèbre firme logistique sur Internet, pour l’instant aux États-Unis.

    « Amazon Dash » – consommer n’a jamais été aussi simple

    Amazon a conçu une véritable révolution commerciale. Les boutons Amazon Dash sont aujourd’hui disponibles d’après lesite pour 271 produits. Apposez-le où vous souhaitez grâce à son adhésif repositionnable, et, via votre application sur smartphone, vous pouvez le configurer pour que chaque pression passe commande du produit que vous souhaitez. Chaque commande passée par le bouton est inscrite sur votre téléphone, où vous devez la confirmer dans la demi-heure.

    Précaution bienvenue : même si vous pressez plusieurs fois le bouton, celui-ci ne peut effectuer une nouvelle commande tant que la précédente n’a pas été approuvée et livrée. Votre nourrisson précoce ou votre chat prodige ne pourront donc pas commander frénétiquement – respectivement… – leurs bonbons ou leur litière préférés.

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    Donc, avec Dash – un trait, en français, comme dans courir d’un trait, mais aussi « foncez », voire « précipitez-vous » -, comme le met en avant Amazon, l’idée c’est de « simplement presser et ne jamais être à court ». Amazon promet de livrer les produits favoris de la maison, pour que « vous puissiez sauter le trajet de dernière minute au magasin. » Pressez le bouton et vous êtes livré dans les deux jours, indique la porte-parole de la société, Kinley Pearsall.

    Slogan existentiel proposé « ne laissez pas le fait d’être à court vous gâcher la journée »

    On imagine les armées de drones livrant sur votre pas de porte en urgence votre marque absolument indispensable de mousse à raser ou, comme dans la vidéo ci-dessous (en anglais) de capsule café, sans laquelle « votre journée serait gâchée »… Ouf, merci Amazon Dash!

     

     

    Ce n’est pas une blague

    Le fait que l’annonce ait été faite aux États-Unis la veille du 1er avril aurait pu laisser penser à une blague. Non, l’offre est tout à fait sérieuse, même si elle est actuellement réservée aux « membres premium » d’Amazon, et sur invitation, et aux seuls habitants des États-Unis.

    Toutefois, la soif commerciale d’Amazon, qui se positionne comme fournisseur sur Internet d’une gamme de produits de plus en plus large, est bien connue. A n’en pas douter, ce premier test est annonciateur d’une stratégie de déploiement ambitieuse, tablant sur l’ubiquité des smartphones et des accès wifi (dont les boutons Dash ont besoin).

    Le shopping sous son plus mauvais jour

    La vidéo d’Amazon paraît presque être une anti-publicité pour son service. Même sans comprendre les paroles, si l’anglais n’est pas votre fort, ce qu’on y voit met en scène le consumérisme moderne sous son pire jour : une consommation de produits standardisés en masse, à un rythme frénétique, et selon un cycle semble-t-il infini, et qu’il ne faudrait surtout pas ralentir. A l’opposé direct de la consommation de produits locaux, aux emballages réduits, consommés et appréciés en quantité adéquate.

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    Et on n’a pas tout vu. Amazon travaillerait d’après le Wall Street Journal avec des fabricants pour développer des machines – lave-linge, machine à expresso, distributeur de nourriture pour animal domestique, etc. – qui anticiperaient vos besoins en produits pertinents et les commanderaient pour vous avant même d’en venir à bout. Kinley Pearsall, la porte-parole, indique ainsi au journal que « le véritable but à long terme c’est que vous n’ayez jamais à vous préoccuper de presser ce bouton ».

    Tel Mickey dans cette scène de Fantasia où les balais se multiplient à l’infini et versent toujours plus d’eau dans le château que Mickey devait nettoyer, serons-nous aussi un jour noyés sous les hordes de coursiers, drones et autres camions de livraison d’Amazon nous livrant des montagnes de bouteilles de liquide vaisselle ou de rouleau d’essuie-tout ?

  • Pilleurs d'Etat

    Pilleurs d'Etat : pourquoi nos élus en arrivent à se prendre pour des surhommes (et s'en mettent plein les poches)

    Philippe Pascot a côtoyé les élus de tout bord pendant près de 25 ans. Il recense dans cet ouvrage les abus légaux dans lesquels tombe la classe politique française : salaire exorbitant, exonération d’impôts, retraite douillette, cumuls, emplois fictifs, déclarations d’intérêts et d’activités bidons et tant d’autres petits arrangements entre amis... Extrait de "Pilleurs d'Etat", publié aux éditions Max Milo (2/2).

    Bonnes feuilles

    Publié le 15 Mai 2015

    Certains de nos élus en arrivent à se prendre pour des surhommes, au-dessus des lois. Crédit Reuters

    C’est l’ancienne ministre Michèle Delaunay, députée de Gironde, qui a très bien décrit le phénomène sur son blog en septembre 201430. Elle y décrit le parcours carriériste de nombre de ses collègues qui suivent tous à peu près le même chemin, certains allant juste plus vite que d’autres. Elle constate aussi que les élus (de plus en plus nombreux) et les parlementaires ne savent rien de la vraie vie, celle des fins de mois difficiles, des courses à faire pour la semaine, des repas à préparer pour les enfants, de la voiture qui tombe en panne au mauvais moment, des transports en commun bondés et toujours en retard.

    De tous ces petits détails, qui empoisonnent la vie quotidienne de tout un chacun, ils n’ont jamais connu l’ombre d’une miette. De la vie, ils ne connaissent que celle qu’ils se sont bâtie en consacrant l’essentiel de leur temps à atteindre le seul objectif qu’ils se sont fixé : être élu. Et comme le dit très justement Mme Delaunay, le virus sympathique du départ, cette envie de transformer le monde, d’aider son prochain, se mue en maladie incurable de celui qui sait tout, dont la parole devient d’évangile, la volonté de puissance remplace celle de bien faire : le surhomme vient au monde. Celui qui, parce que le système le veut, perd toute spontanéité et se met à calculer ce que veut voir l’électeur et non ce qu’il faut faire en réalité pour l’intérêt général.

    Car à ce stade de la carrière naissante de l’élu, celui-ci prend goût au pouvoir et à tout ce qu’il représente. Du jour au lendemain, son statut change, il cesse de faire partie du commun des mortels, il devient un personnage, un notable, quelqu’un de respectable et de respecté.

    Je l’ai moi-même vécu après mon élection en tant que conseiller régional d’Île-de-France, puis de président de la commission de la formation professionnelle et de l’apprentissage de la Région Île-de- France. D’un coup d’un seul, je suis devenu quelqu’un d’autre. On aurait pu croire qu’une fée s’était penchée soudainement sur mon berceau d’élu et, d’un coup de baguette magique, m’avait rendu immédiatement beau et intelligent… Du jour au lendemain, un certain nombre de courtisans administratifs, souvent des chefs de service qui hument la possibilité d’une promotion, venaient me voir, l’échine courbée, me serinant de façon obséquieuse du « Le président veut-il… » ou du « Si le président pense… » à chaque phrase requérant mon attention.

    À l’époque, ce tumulte soudain m’avait tellement perturbé que j’ai mis une bonne journée à comprendre que le président dont parlaient sans arrêt ces gens, et qui paraissait si important à leurs yeux, eh bien c’était moi ! Et non Jean-Paul Huchon, le président de Région, comme je l’ai cru toute la journée.

    Cela crée un choc et vous propulse vite, si on n’y prend pas garde, sur un nuage où on se laisse vite bercer..

    Le pouvoir que l’on vous octroie procure les avantages qui en sont l’accessoire (téléphone, Internet, frais de représentation, invitations diverses et variées…), eux-mêmes doublés d’un soupçon de privilèges et d’un zeste de passe-droits qui font que très vite, de tout là-haut sur le petit nuage, les vraies gens deviennent tout petits, voire insignifiants. Vous venez de toucher le gros lot et plus rien ne compte vraiment que la contemplation de ce que vous êtes devenu.

    Une fois bien installé, l’élu, prenant goût à la fonction, commence à réfléchir et se demande comment faire pour que de locataire de son mandat, il en devienne propriétaire. Sans s’en rendre compte ou par calcul (pour toujours davantage d’élus), l’élu fait ce qu’on appelle « un plan de carrière ». Il commence alors à cumuler : un mandat pour la soif, un autre au cas où, une viceprésidence par-ci, un petit mandat local comme base de repli par-là, un territoire à garder pour avoir sa base arrière…

    Le formatage des élus : un frein à la diversité, la créativité et la prise de risques

    On entre maintenant en politique, toutes tendances confondues, avec un plan de carrière préétabli. On va essayer dans un premier temps de gagner sa place au soleil, puis de la garder et d’agrandir à mesure son terrain de jeu. Le tout entre gens du même monde, de la même corporation, qui se serrent les coudes quand on essaye de toucher à leurs prérogatives. Certes, de temps en temps, ces gens se donnent quelques coups de griffes, mais en général ce sont plutôt des coups de pattes, comme le ferait une portée de chatons joueurs entre eux, juste pour désigner celui qui sera le dominant de la tribu.

    Comme de plus en plus d’élus à responsabilités multiples ont quasiment le même parcours pour arriver au pouvoir, qu’ils sont tous issus à peu près des mêmes couches sociales (à quelques rares exceptions près), qu’ils ne travaillent, vivent, respirent quasiment qu’en vase clos, il tombe sous le sens que la compréhension de la vie au quotidien leur échappe. Dans le même moule de fonctionnement, ne vivant que pour et par leur carrière emportée de haute lutte, entourés d’une foule d’assistants courtisans qui les conseillent tout en montant autour d’eux un cordon sanitaire infranchissable pour celui qui n’est pas coopté par le « sérail », ces élus parlementaires aux mandats multiples ne peuvent plus comprendre et sentir les besoins d’une population dont ils ne font plus partie car ils n’en partagent plus rien (si ce n’est les petits fours lors des inaugurations, des comices agricoles et pince-fesses nombreux).

    Ils décident, peaufinent, détaillent, inventent des règles et des lois qui sont à 100 000 lieues des préoccupations quotidiennes de la population. Comment des parlementaires peuvent-ils comprendre qu’il est difficile de vivre avec un revenu de 500 euros par mois alors que tous sont plus que largement à l’abri du besoin ? En 2012, il ne restait au sein du Palais-Bourbon qu’un seul député ouvrier. Depuis cette date, légère amélioration, il y a 11 députés ouvriers et employés, soit environ 3 % de l’ensemble de l’Assemblée31.

    Si on ne doit pas tomber dans les clichés simplistes et stériles, on est quand même obligé de constater que nos parlementaires ne sont plus à l’image de leurs mandants. La fracture entre ceux « d’en haut » et ceux « d’en bas » s’agrandit d’année en année.

    Dans un rapport du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof ) de 201232, on constate qu’il n’y a quasiment plus aucun parlementaire qui le devient au titre d’un premier mandat. Quasiment tous ont déjà une longue carrière politique ou d’appareil derrière eux. La plupart ayant commencé leur parcours avant 25 ans dans des instances politiques soit comme assistants parlementaires, soit comme conseillers municipaux ou régionaux.

    La politique n’est plus vue comme un sacerdoce dans lequel on s’engage pour défendre la veuve et l’orphelin mais comme une carrière au long cours. Il faut la gérer avec prudence au sein d’un groupe qui vous protégera, et sa continuité passera, pour beaucoup, par une soumission profonde sous des dehors de liberté apparente.

    Sans soutien, sans appui, sans argent, il est quasiment impossible aujourd’hui de gagner une élection parlementaire. Le trublion qui vient déranger la machine bien huilée du parcours obligatoire du candidat programmé ne passe plus que très rarement la barre du premier tour. Il faut être du « sérail ».

    Tous ces élus forment un conglomérat bien tassé dont les couleurs politiques se distinguent de moins en moins, tant le fonctionnement interne de ce bloc uniformisé procède d’un immobilisme prudent nécessaire pour conforter un parcours politique qu’ils veulent sans risque.

    Les parlementaires se gardent bien de s’aventurer dans des réformes profondes de la société en évolution ou sur des terrains trop voyants qui les exposeraient à la critique ou pire, à la vindicte populaire.

    La prise de risque altruiste s’amoindrit pour faire place à une prise de risque calculée qui n’entachera pas leur plan de carrière.

    Extrait de "Pilleurs d'Etat", de Philippe Pascot, publié aux éditions Max Milo, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.