Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Le narcissisme épidémique sur la toile

     

    Publié le 13 avril 2015 dans Technologies

    Ils sont partout sur la Toile. Les narcissiques tentent de monopoliser l’attention sur toutes les plateformes, que ça vous plaise ou non, et c’est épidémique.

    Par Daniel Girard, depuis Boston, États-Unis.

    Narcisse tout jours - ll0zz (CC BY-NC-SA 2.0)

     

     

    Les études se succèdent et disent toutes la même chose, le narcissisme est devenu épidémique sur la Toile. La première grande étude sur le sujet avait été menée auprès de 37 000 étudiants américains, il y a six ans. Les chercheurs avaient conclu que l’avènement de Facebook, Twitter et des autres réseaux sociaux avaient fourni aux jeunes universitaires dotés de tendances narcissiques tous les outils dont ils avaient besoin pour faire leur autopromotion.

    Facebook et l’exhibitionnisme grandiose

    Les chercheurs ont ciblé deux caractéristiques principales chez les narcissiques : l’exhibitionnisme grandiose et l’illusion de grandeur. Les narcissiques souffrant surtout d’exhibitionnisme grandiose se démarquent par leur activité frénétique sur Facebook où ils donnent tous les détails de leurs activités sociales et font l’étalage de leurs cercles d’amis.

    Selon Elias Aboujaoude, professeur de psychiatrie à l’université Stanford, l’espace virtuel créé par l’internet élimine toutes les restrictions au comportement humain créées par l’univers social.

    Les narcissiques peuvent donner libre cours à leur vanité, leur impulsivité, leur recours fréquent au mensonge, à la grandiloquence, à l’insulte et faire preuve de comportement infantile sans avoir à en découdre directement avec leurs interlocuteurs.

    Les experts soulignent qu’il n’y a rien de mal avec les réseaux sociaux, qui sont utilisés avec discernement par des millions de personnes pour maintenir des liens avec parents et amis et par des milliers d’entreprises pour bâtir et servir leur clientèle.

    Les réseaux sociaux deviennent des concours de popularité

    Le problème, selon l’expert Bill Davidow, c’est que les narcissiques sont en train de transformer ces réseaux sociaux en concours de popularité. Les amitiés sont comptées sur Facebook et les recommandations sont comptabilisées.

    Sur Twitter, dès que l’on commence à être un peu plus suivi, les propositions d’achats d’abonnés affluent. Comme si un abonné était seulement une statistique et non quelqu’un avec lequel il sera éventuellement possible d’échanger. Mais si le narcissisme déplaît aux internautes plus réservés et aux cartésiens, il fait le bonheur des marchands qui ont vite détecté une occasion d’affaires.

    Bill Davidow nous invite à ignorer le buzz, à ne pas nous laisser influencer par les narcissiques et à garder notre sens de la mesure. Si vous n’avez pas des milliers d’abonnés sur Twitter et des centaines d’amis sur Facebook, cela veut juste dire que vous êtes une personne normale, souligne-t-il, et ça c’est mieux que d’être narcissique.

    Et il y a aussi une vie, au-delà du clavier.

  • Game of Thrones

    Quand le gouvernement se la joue Game of Thrones

    Publié le 14 avril 2015 dans Médias

    Sur le moment, on se dit que c’est une blague ou que le site du gouvernement a été hacké par de vraiment très terrifiants individus.

    Par Phoebe Ann Moses.

    GOT

    Cette page n’est en réalité pas accessible depuis le site. Elle a été envoyée sur les réseaux sociaux, sans doute pour toucher un public plus jeune. Et pour emballer dans un paquet cadeau moderne les récentes réformes oligarchiques.

    Sur le moment, on se dit que c’est une blague ou que le site du gouvernement a été hacké par de vraiment très terrifiants individus.

    Mais pas du tout ! En cliquant sur chaque article, on tombe sur une page tout à fait sérieuse expliquant la réforme territoriale, ou la maîtrise des dépenses publiques. Toutefois ne manie pas l’art de la parodie qui veut, surtout pas un gouvernement en période de crise. Ainsi, l’internaute veillera à ne pas s’étrangler quand il tombera sur la jeunesse sans emploi :

    GOT2

    Le gouvernement nous avait déjà concocté un jeu pour Noël, preuve qu’en ce haut lieu du pouvoir on est loin d’être sinistre et qu’on a l’esprit taquin.
    Le but de cette présentation était de créer le buzz ; en parler nous fait donc participer à cette mascarade. Mais l’occasion était trop belle pour ne pas la saisir. On peut donc d’ores et déjà s’amuser à distribuer les rôles des protagonistes.

    En tous cas il semblerait que les blagounettes présidentielles aient contaminé l’ensemble du royaume. D’ailleurs dès 2012, sa campagne annonçait sa devise : Winter is coming (« le changement c’est maintenant »). On attend impatiemment un Lannister paye toujours ses dettes.

  • Surveillance de masse

    Surveillance de masse : statistiquement impossible

    Publié le 14 avril 2015 dans Libertés publiques

    Quelle est la probabilité pour que notre État de surveillance repère un terroriste ?

    Par Guillaume Nicoulaud.

    surveillance credits jonathan McIntosh (licence creative commons)

     

     

    La grande question que nous devrions tous nous poser est : sachant que notre système de surveillance vient de générer une alerte, quelle est la probabilité qu’il ait effectivement repéré un terroriste ?

    Pour répondre à cette question, nous allons devoir faire appel au théorème de Bayes et évaluer trois probabilités :

    Primo, la fréquence de base ; c’est-à-dire la proportion de terroristes dans la population — le chiffre de 3 000 individus circule ce qui, rapporté à la population française âgée de 20 à 64 ans (37,8 millions d’individus 1) nous donne une fréquence de base de l’ordre de 0,008%.

    Deuxio, le taux de précision du système de surveillance ; c’est-à-dire la probabilité qu’un terroriste génère effectivement une alerte — par hypothèse, nous allons retenir un taux extrêmement élevé de 99%.

    Tercio et pour finir, nous avons également besoin du taux d’erreur ; c’est-à-dire de la probabilité qu’un innocent soit accusé à tort par le système — prenons, là encore, une hypothèse très optimiste de 1%.

    Ce que nous dit le théorème de Bayes c’est qu’avec ces paramètres, la probabilité qu’une alerte ait effectivement identifié un terroriste est de l’ordre de 0,78%. Non, ce n’est qu’une typo : concrètement, notre système va générer 380 940 alertes dont 2 970 vrais positifs (99% des 3 000 terroristes) et 377 970 faux positifs : soit 1% des 37 797 000 citoyens innocents comme vous et moi.

    En d’autres termes, même en prenant des hypothèses hautement irréalistes quant au taux de précision et au taux d’erreur d’un hypothétique système de surveillance de masse, on aboutit à rien d’autre qu’une déperdition colossale d’énergie. La surveillance de masse en matière d’antiterrorisme est statistiquement impossible.

  • Loi Renseignement

    Loi Renseignement : cet entêtant parfum d’Epic Fail

    Publié le 14 avril 2015 dans Édito

    Il va être de plus en plus difficile d’ignorer la tendance maladive de l’État à mettre sous surveillance toute sa population. Ironie du sort : alors que cette tendance avait pris une accélération sensible avec les gouvernements successifs de droite, c’est avec un gouvernement bien de gauche, bien socialiste qu’elle passe le turbo avec la mise en place de la Loi sur le Renseignement. Ça, c’est du changement !

    Et à mesure que les différents aspects de cette loi sont détaillés, dans la presse et au travers des débats parlementaires, on se rend compte qu’on nous amène en souriant à une mise en coupe réglée de la liberté d’expression et des moyens de communication moderne à commencer par Internet. Si, depuis les lois LOPPSI, LOPPSI 2, la création de la HADOPI, la multiplication des caméras de surveillance, on pouvait craindre le pire, personne n’aurait pu croire qu’il arriverait si vite et serait même débordé par l’enthousiasme délirant de nos élus toujours prompts à en rajouter.

    De ce point de vue, tout se déroule comme prévu depuis les attentats de Charlie Hebdo : animés par le désir de montrer qu’ils font des trucs et des machins, même débiles, nos élus enchaînent les absurdités législatives proprement fascisantes, le tout avec la pire des décontractions, celle des cuistres qui votent ou, pire encore, qui laissent voter un microscopique nombre d’entre eux pendant qu’ils enfilent les buffets ou les accortes jeunes femmes pardon les Commissions et les séances de débat à l’Assemblée ahem brm mrfbb bref…

    C’est ainsi que le pays des Droits de l’Homme devient celui où la liberté d’expression sera la plus corsetée, la plus encadrée et la plus espionnée, à l’exception peut-être des derniers pays communistes et des plus totalitaires, ce qui ne constitue ni une référence, ni un soulagement.

    Et tout ceci aura été mis en place pour satisfaire une opinion publique aussi veule qu’évanescente … alors qu’en pratique, cette surveillance ne marche pas, du tout, ni en théorie, ni en pratique.

    Cette surveillance terroriste qui ne marche pas (cliquez pour agrandir)

     

    J’avais déjà évoqué la question dans un précédent billet, et Guillaume Nicoulaud est revenu sur le sujet dans un récent article paru sur Contrepoints : les mathématiques statistiques sont aussi implacables que les terroristes de DAECH ou les baltringues de l’Assemblée nationale et prouvent sans le moindre doute l’impossibilité physique d’attraper les vilains et les méchants avec des moyens raisonnables.

    On peut le dire, c’est, en soi, un magnifique FAIL qui ne semble absolument pas préoccuper nos élus.

    epic cat fail

    Ce serait déjà risible si on pouvait s’en tenir là. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas tout : nous sommes en France, et on doit encore ajouter un autre FAIL à cette erreur statistique manifeste, qu’aucune loi républicaine ne pourra corriger, aussi vibrante soit-elle de bonnes intentions (et d’intérêts cachés ou de capitalisme de connivence bien compris).

    Car en effet, ces mesures légales qui distribuent du passe-droit comme un pédophile des bonbons à la sortie de l’école ne sont même pas encore votées qu’elles sont déjà contournées. De surcroît, poussées par l’existence même de moyens légaux destinés à les espionner, les personnes les plus sensibles vont accroître leurs moyens de protection, de chiffrement et d’anonymisation, et seront rejointes par tous ceux qui ne veulent tout simplement pas se laisser faire par les espions gouvernementaux. Tout ceci va augmenter encore le coût d’interception, diminuer le coût des protections (VPN, anonymiseurs, …) par effet de massification, et donc le nombre de faux positifs. Pire encore : pendant que les sénateurs et les députés se tortillent pour trouver des arguments en faveur de leur espionnite aiguë et prétendent chercher des gardes-fous aux libertés fondamentales, on apprend que depuis 2007, les services de renseignements se passent déjà complètement de tout cadre légal, montrant ainsi l’étendue du foutage de gueule qui se joue actuellement.

    On peut le dire : c’est un deuxième FAIL pour cette loi.

    epic fail

    Malheureusement, lorsque l’erreur est humaine, il faut au moins un député ou un sénateur pour la transformer en catastrophe épique.

    Dans cette France où la surveillance se met en place au galop, et qui manque très manifestement de têtes bien faites et bien pleines aux postes clefs du gouvernement, de l’exécutif ou du législatif, le principal souci après, bien sûr, la surveillance des pédonazis, des dieudophiles, des islamocompatibles et des petits cons provocateurs, c’est la situation assez dégradée de l’emploi.

    Qu’à cela ne tienne puisque grâce à la loi de Renseignement, on peut faire d’une pierre deux coups : non seulement, elle ne servira statistiquement à rien, non seulement, elle est déjà contournable au grand dam de nos grandes oreilles étatiques, mais en plus, elle va réussir le pari de faire fuir de nombreuses entreprises, des investisseurs et des patrons dont justement la France a plus que besoin actuellement.

    En effet, les hébergeurs internet s’insurgent contre l’accès en temps réel à leurs données via un système de boîtes noires, prévu par le fameux projet de loi. Les arguments déployés par eux sont relativement simples et de bon sens, et donc complètement hermétiques à l’Assemblée nationale : pour eux, ce projet « n’atteindra pas son objectif, mettra potentiellement chaque Français sous surveillance, et détruira ainsi un pan majeur de l’activité économique de notre pays » ce qui poussera, on le comprend aisément, leurs clients à se tourner vers d’autres territoires moins intrusifs.

    Mhmmh, snif, snif, on dirait un effet délétère supplémentaire. Ah oui, c’est encore un nouveau FAIL.

    fail brouette

    Devant une telle avalanche d’erreurs fondamentales que cette loi va graver dans le marbre, en face des effets adverses, non envisagés mais pourtant prévisibles, qu’elle va entraîner, on est en droit de se demander ce que font nos élus. Sont-ils réellement à leur place ?

    En effet, soit ils ne comprennent pas ce qu’ils votent et il faut alors absolument qu’ils arrêtent de le faire, pour le bien-être collectif, la République, la liberté d’expression ou que sais-je encore. Soit ils comprennent parfaitement, et le sabotage qu’on observe est alors fait sciemment. Ce sont donc des traitres aux principes qu’ils ont normalement juré de défendre, la main sur le cœur ; il y a des lois et des sanctions prévues dans ce cas-là. Soit ils se contentent de laisser voter seulement « ceux qui comprennent » (ce qui explique leur faible nombre lors des votes cruciaux), et on assiste à une parodie de démocratie.

    Dans tous ces cas, absolument aucune excuse ne peut être retenue pour eux. Rien ne justifie les propositions de cette loi, et les évidentes dérives qui en découlent. Sucrer des pans entiers de nos libertés pour un gain sécuritaire nul est parfaitement stupide.

    On traite souvent (et je ne suis pas le dernier) nos élus de bouffons ou d’escrocs. Il y a cependant une subtile différence entre eux. En effet, le soir venu, après une dure journée de travail, l’escroc rentre chez lui. Le bouffon enlève ses frusques. L’escroc, au moins le temps d’un sommeil, n’escroque plus. Le bouffon, rentré chez lui, arrête de faire rire.

    Au contraire de ces escrocs et de ces bouffons, nos élus, eux, ne savent plus s’arrêter.

    epic fail

     

  • Roi des Rois de l’Empire du Mali

    Soundiata, Roi des Rois de l’Empire du Mali, premier des libéraux

    Publié le 13 avril 2015 dans Histoire du libéralisme

    Le premier libéral connu, historiquement, ne serait-il pas Soundiata, Roi des rois, qui vécut en Afrique durant le 13ème siècle ?

    Par Nafy-Nathalie D.

    L’histoire de l’Afrique est méconnue mais elle est d’une richesse infinie. C’est ainsi qu’en Afrique sub-saharienne se sont développés des empires et des royaumes médiévaux incroyables.

    Et alors qu’en Angleterre en 1215 se dessinait la Grande Charte, des textes fondaient le Royaume du Mali. En effet, à cette époque, le Manding (dans la Guinée) était dirigée par le roi Naré Maghann Konaté à qui un chasseur avait prédit que s’il épousait une femme laide, il aurait un fils qui deviendrait le plus grand des rois. Il mit donc de côté la prédiction et continua sa vie jusqu’au moment où lui fut amené Sogolon Kondé du pays de Do, avec laquelle il eut plusieurs enfants dont un fils Soundiata. À la mort de son père, Soundiata fut obligé de s’exiler au Royaume de Mena dans lequel il grandit et se forma aux armes pendant que le puissant roi-sorcier du Sosso envahissait le Manding.

    Lorsque Soundiata fut enfin assez grand et entraîné, il rassembla des guerriers et partit à la reconquête de son royaume en rassemblant les armées de différents petits royaumes, ce qu’il réussit à faire en remportant, en 1235, la bataille de Kirina. Les royaumes réunis constituèrent l’Empire du Mali dont Soundiata Keïta devient « Mansa », ce qui signifie « Roi des rois » vers la fin de l’année 1236.

    L’UNESCO inscrit en 2009 « la Charte du Mandén proclamée à Kouroukan Fouga » sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, confondant de manière surprenante les deux textes distincts qui ont fondé le nouvel empire du Mali.

    Le premier texte est autoproclamé par Soundiata au moment de son intronisation comme empereur du Mali en 1222. Il est nommé « le serment des chasseurs » ou « injonction au monde » ou encore Charte du Manden ou Manden kalikan. Ce texte est d’autant plus intéressant qu’il est considéré comme l’une des premières déclarations des droits de l’homme de l’humanité, il comporte sept articles de tendance libérale évidente :

    1. « Toute vie est une vie » : égalité entre les hommes.
    2. « Tout tort causé à une vie exige réparation » : droit à réparation et responsabilité de ses actes.
    3. « Que chacun veille sur son prochain » : respect des droits individuels et solidarité.
    4. « Que chacun veille sur le pays de ses pères » : principe écologique de sauvegarde de la terre et des peuples qui la composent, principe du capital.
    5. « La faim n’est pas une bonne chose » : principe de dignité de l’homme par l’autonomie alimentaire.
    6. « L’essence de l’esclavage est éteinte ce jour » : principe de liberté et de propriété qui commence par la propriété de sa propre vie.
    7. « Chacun dispose désormais de sa personne ; Chacun est libre de ses actes ; Chacun dispose désormais des fruits de son travail » : principes de liberté et de propriété.

    Le second texte est la charte du Kouroukan Fouga. Il date de 1236. Même s’il reprend en partie le serment des chasseurs, il diffère sur deux points :

    1. L’esclavage n’est plus à abolir mais à humaniser : liberté et égalité relative.
    2. Le concept d’égalité qui devient relative puisqu’il hiérarchise la société.

    C’est un texte, à mi-chemin entre un code civil et une constitution, qui résulte du travail des dignitaires et permet d’organiser le nouvel empire du Mali concrètement. Il s’avère qu’en effet, depuis le 11ème siècle, cette partie de l’Afrique s’entredéchirait et Soundiata ainsi que ses dignitaires avaient observé que la plupart des conflits naissaient de problèmes de propriété. Voyant cela, ils décidèrent donc d’organiser la société de manière à fixer des tempérances sociales. Dès lors, ce texte subdivise la société pour mieux en relier les parties dans un système complexe d’alliance perpétuelle avec la règle de la parenté à plaisanterie qui est toujours en cours. Cette fraternité dans un système de droits et de devoirs réciproques crée une égalité relative qui permet l’installation d’un humanisme très élevé et rapproche les peuples au sein d’un empire de 3000 km de long, de la presqu’île du Cap Vert jusqu’à Niamey.

    Pour Soundiata, la dignité et la liberté de l’homme passant par l’autosuffisance alimentaire, il met en avant la prospérité individuelle résultant du travail de l’homme libre. C’est l’article 4 : « Le travail étant facteur de libération et valorisation, il en est fait une obligation pour tous. » L’article 5 quant à lui institue le caractère sacré de la vie et le respect dû à la personne humaine. Un devoir d’éducation des enfants par la société est également créé (à l’article 9). Il n’oublie pas non plus les femmes, imposant leur respect tant dans la sphère privée que dans la politique, avec l’article 16 : « Les femmes, en plus de leurs occupations quotidiennes, doivent être associées à tous nos gouvernements. »

    Et s’il n’abolit pas l’esclavage, il institue un droit des esclaves à être bien traités, à avoir des jours de repos, posséder des biens qui leur sont inaliénables et même à s’enrichir (article 20). Il crée aussi l’immunité diplomatique, avec deux articles spécifiques : le 24, « Ne faites jamais de tort aux étrangers » et le 25, « Le chargé de mission ne risque rien au Mandé ».

    Les bases du droit de propriété qu’il crée sont repris dans différents articles, à commencer par l’article 34 : « Il y a cinq façons d’acquérir la propriété : l’achat, la donation, l’échange, le travail et la succession. Toute autre forme sans témoignage probant est équivoque. » Les articles suivants précisent même le rendement qui peut être attendu par des métayers :

    • Article 35 : « Tout objet trouvé sans propriété connue ne devient propriété commune qu’au bout de quatre ans. »
    • Article 36 : « La quatrième mise bas d’une génisse confiée est la propriété du gardien. »
    • Article 37 : « Un bovin doit être échangé contre quatre moutons ou quatre chèvres. »
    • Article 38 : « Un œuf sur quatre est la propriété du gardien de la poule pondeuse. »

    Il confirme le principe de solidarité et de dignité humaine comme valeur primordiale de la société. Personne ne peut ou ne doit mourir de faim dans le Royaume du Mail si son voisin est dans la prospérité. Ainsi, l’article 39 proclame que : « Assouvir sa faim n’est pas du vol si on n’emporte rien dans son sac ou sa poche. »

    Quant à la démocratie, il la met en place à un moment où l’Europe est dans les Ténèbres. Ainsi, l’article 42 énonce que « dans les grandes assemblées », il faut se contenter des légitimes représentants. En d’autres termes, chacun (y compris les femmes) doit y être représenté, à défaut d’y être présent.

    Sa gouvernance était fondée sur la concertation et il institue le kolagnokorognoya, c’est-à-dire l’obligation de faire connaître et de rendre compte à tous des actes que l’on mène au niveau de la cité et du pays afin de permettre à tous de savoir et de s’exprimer. Il a également laissé au peuple (confrérie des chasseurs et les 34 familles de base du Mandé) le soin de désigner son successeur.

    Il crée enfin une gestion écologique des ressources en proclamant dans son article 40 que « la brousse est notre bien le plus précieux, chacun se doit de la protéger et de la préserver pour le bonheur de tous. »

    À la lecture de ces articles, on ne peut donc écarter que le premier libéral connu, historiquement, serait Soundiata, Roi des rois, qui vécut en Afrique au 13ème siècle : il a mis le bonheur des hommes au cœur de son projet en essayant de fonder une société plus juste, équitable, basée sur le respect de l’Homme et sa dignité, en garantissant la liberté de chacun en donnant à tous les moyens financiers et matériaux de le devenir.

    Il meurt en 1255 après avoir instauré un gouvernement d’inspiration démocratique et libérale quasi-parfaite. Il fut d’une sagesse et d’une tolérance remarquables puisqu’il a permis durant sa vie, en instituant la liberté de culte, la coexistence pacifique de l’animisme ancestral et de l’Islam, dont il était pratiquant. Il est resté dans les souvenirs comme un remarquable guerrier, et également comme un grand administrateur qui a développé le commerce, l’exploitation de l’or et l’agriculture de son pays.