Un artiste palestinien
Un artiste palestinien empêché de quitter la Cisjordanie
L’artiste palestinien Khaled Jarrar privé de son exposition new-yorkaise.
L’artiste palestinien Khaled Jarrar n’assistera pas au vernissage de l’exposition “Here and elsewhere” qui ouvrira ses portes le 16 juillet au New Museum de New York. Il ne participera pas non plus au débat qu’il devait animer, ce même jour, avec Lamia Joreige, Charif Kiwan et Natalie Bell. C’est son galeriste français Bernard Utudjian qui a attiré notre attention sur sa situation.
Programmé dans le cadre de cette exposition collective dédiée aux scènes du monde arabe, cet artiste installé à Ramallah et qui écume toutes les biennales et les foires du monde, a été refoulé au poste-frontière d’Allenby, le pont qui relie la Cisjordanie à la Jordanie. “Jarrar est arrivé à la frontière à 15h hier (lundi 14 juillet). Mais au lieu de traverser le Jourdain comme il l’a fait des dizaines de fois ces dernières années, il a été bloqué par les services de renseignements” a indiqué le blog +972 (qui tire son nom de l’indicatif téléphonique commun d’une zone à cheval entre Israël et la Palestine), “après dix heures d’attente, il est retourné chez lui à une heure du matin.”
“Hier était la journée la plus longue et la plus humiliante de ma vie, a relaté l’artiste, l’un des soldats s’adressant à son supérieur m’a traité de ‘zevel’, ordure en hébreu.”
Artiste au parcours atypique – à 38 ans, il est aussi capitaine de la garde présidentielle (non armée) palestinienne – Khaled Jarrar s’est fait connaître avec ses timbres poste et tampons à l’effigie de l’Etat palestinien. La production dans les règles de l’art de ces insignes aux couleurs de la paix ornés d’une branche d’olivier et d’un sun bird, a démarré en 2010, deux ans avant que l’ONU n’accorde le statut d’Etat observateur à la Palestine. Depuis, il invite les visiteurs à tamponner leur passeport de ce sésame qui n’en est pas vraiment un, et à consigner leur expérience des frontières sur la page facebook du projet.
Notons au passage que le titre de l’exposition du New Museum, “Here and Elsewhere », s’inspire du film Ici et Ailleurs d’Anne-Marie Miéville et Jean-Luc Godard de 1974. Réalisé à partir d’images tournées en 1970 dans le camp palestinien d’Amman en Jordanie et avec le concours de Jean-Pierre Gorin écarté en cours de route, il connaîtra plusieurs étapes (la plupart des militants de l’OLP ayant entre temps été assassinés) jusqu’à sa mise en forme finale en 1974.