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  • Les droits de l’Homme à la une

     
     

    10 octobre 2013

     
     

    IRIB-Jamais les droits de l'Homme n'ont été autant mis à mal, depuis la fin des colonialismes, mais jamais ils n'ont été autant « défendus » que ces dernières années. Jamais les maîtres du crime contre les peuples n'ont développé un tel acharnement dans la « défense » de l'Humanité, que depuis qu'ils ont décidé de tuer en son nom. Jamais des militants des droits de l'Homme n'ont eu une telle consécration internationale et jamais ils n'ont disposé de tels moyens pour se faire entendre.

     

    Comme dans la nature, ils ont commencé à pulluler à la faveur d'un environnement qui encourage l'accroissement des effectifs et qui élimine les déperditions. Ces militants des droits de l'Homme sont d'un genre particulier, ils luttent contre les droits de l'Homme. Dès que la campagne de recrutement s'est ouverte, ils se sont rués vers les places offertes.
     
    A coups de millions de dollars, des officines ont ouvert des postes d'emplois dans un grand nombre de pays. Elles prennent en charge les frais de premier établissement, les salaires, les frais divers, les visas, les voyages, la technologie, la formation, la protection judiciaire et politique et les moyens publicitaires.
     
    Au bout de l'effort, une toile d'araignée couvre la planète et rares sont les pays, hors pays de l'OTAN, où l'on ne trouve pas un organe ou des individus avec la patente "certifiée" et "labélisée" au nom des "droits de l'Homme". Leur travail est très simple. Ils disposent de modes opératoires standardisés, qu'ils ne doivent pas mettre en œuvre sans qu'ils soient activés. Selon les objectifs, l'activation peut inciter à des actions de plus ou moins grande ampleur.
     
    Il peut s'agir de manifestations pour mettre à mal les gouvernements visés, tout en restant dans les limites de la légalité en vigueur, comme il peut s'agir de mouvements de grande ampleur, susceptibles de déstabiliser un pays ou même de provoquer une spirale de violence qui doit aboutir au démantèlement du pouvoir en place, au risque d'un chaos dévastateur.
     
    Cette activation est, bien sûr, coordonnée avec une mobilisation médiatique adaptée à la nature des résultats recherchés. En Ukraine, par exemple, il s'agissait d'imposer des "pro-occidentaux", contre des "pro-russes". En Syrie, il s'agit de "changer" le "régime".
     
    Dans le premier cas, le processus s'est contenté de manifestations de rue, largement soutenues et couvertes par les grands bouquets de télévisions.
     
    Dans le second cas, il fallait pousser à la violence armée et appeler à l'intervention militaire de la "communauté internationale".
     
    La conséquence fondamentale de cette situation réside dans la marginalisation, voire la neutralisation des mouvements populaires, qui ne trouvent plus d'espaces d'expression ou qui se voient débordés, s'ils arrivent à se construire suffisamment pour pouvoir peser et se faire entendre. L'actualité nous en livre la démonstration.
     
    En Syrie l'alternative démocratique et sociale a été balayée, au profit d'une dynamique dont les seules issues sont, soit une longue période de violences terroristes et contre-terroristes, soit la chute chaotique du gouvernement avec les risques de guerre de tous contre tous, soit une reprise en main par Bachar Al Assad, qui repoussera très loin dans le temps, l'institution d'une société ouverte. 

     

  • Israël, le boycott, l’art et le cinéma

     

     

    Peu importe l’histoire que vous choisissez de raconter ou les images que vous décidez de montrer, ce que vous sélectionnez indique quels sont vos intérêts. Si vous faites quelque chose d’entièrement fictif, dans un monde d’oppression, cela indique quelles sont vos priorités. Ainsi, un spot commercial majeur, pour faire beaucoup d’argent, montre quelque chose. Cela porte des conséquences politiques et implique une position politique. La plupart des arts ont un contexte et des implications politiques. Interview de Frank Barat.

     

     

     
    Frank Barat ; Pouvez-vous nous dire comment vous avez pris conscience et ensuite vous êtes impliqué dans la lutte pour les droits palestiniens ?
     
    Ken Loach : Cela a commencé il y a quelques années lorsque je travaillais à l’élaboration d’une pièce de théâtre nommée “perdition”. C’était une pièce à propos du sionisme durant la seconde guerre mondiale ainsi que sur le marché qui fut conclu entre certain sionistes et les nazis. Cela a éclairé d’une nouvelle perspective la création d’Israël ainsi que les politiques du sionisme. Je suis alors devenu conscient, et de plus en plus durant les années suivantes, que la fondation d’Israël était basée sur un crime envers les palestiniens. D’autres crimes ont ensuite suivi. L’oppression des palestiniens, qui ont perdu leur terre, dont les vies quotidiennes sont interrompues par l’occupation, dont la vie dans un état permanent de dépression qui se poursuit aujourd’hui, est quelque chose dont nous devons nous occuper.
     
     
    FB : Pourquoi la Palestine ? Pourquoi est-elle symbolique ?
     
    KL : Il y a de l’oppression partout dans le monde mais ce qui rend le conflit israélo-palestinien spécial est un certain nombre de choses. Tout d’abord, Israël se présente au monde en tant que démocratie. Un pays comme n’importe lequel de l’hémisphère ouest. Il se présente de cette manière alors qu’il est en fait en train de commettre des crimes contre l’humanité.
    Il a produit un état qui est divisé selon des lignes raciales comme l’apartheid en Afrique du Sud. Il est aussi militairement et financièrement supporté par l'Europe et l’Amérique. Il y a donc là une hypocrisie massive, on supporte un pays qui se vante être une démocratie, on l’aide de toutes les façons possibles et pourtant, il est impliqué dans ces crimes contre l’humanité.
     
     
    FB : Il y a divers outils pour essayer de changer cela et l’un d’entre eux est l’appel au BDS (boycott, désinvestissement et Sanctions). Vous avez été la première personnalité à soutenir et à demander un boycott culturel d’Israël. Vous avez depuis lors ouvert la voie pour que beaucoup d’autres vous rejoignent. Certaines personnes disent que vous ne devriez pas boycotter la culture. Que répondez-vous à cela ?
     
    KL : Tout d’abord vous êtes un citoyen, un être humain. Quand vous êtes confronté face à de tels crimes, vous devez réagir en tant qu’être humain, peut importe que vous soyez un artiste, un VIP ou quoi que ce soit. Vous devez en premier réagir et faire en sorte que vous ameniez cela à l’attention des gens. Un boycott est une tactique. Cela est efficace contre Israël parce que Israël se représente en tant que pilier, gyrophare culturel. Il est des lors très sensible au boycott culturel. Nous ne devrions rien avoir à faire avec les projets qui sont supportés par l’état israélien. Les individus ne sont pas concernés, nous devons nous concentrer sur les actions de l’état israélien. C’est lui que nous devons viser. Nous le visons parce que vous ne pouvez juste pas rester là à ne rien faire et regarder les gens vivre leurs vies dans des camps à tout jamais.
     
     
    FB : Israël utilise l’art et le cinéma pour sa campagne nommée “Marque Israël”. L’art est dès lors politique – même si certains artistes répondent à la campagne BDS qu’ils ne sont pas des politiciens mais juste des chanteurs, des musiciens, des acteurs. Pour vous, tous vos films sont politiques. Donc, selon votre opinion, l’art peut être un outil pour combattre l’oppression. 
     
    KL : Oui. L’élément fondamental est le suivant : peu importe l’histoire que vous choisissez de raconter ou les images que vous décidez de montrer, ce que vous sélectionnez indique quels sont vos intérêts. Si vous faites quelque chose d’entièrement fictif, dans un monde d’oppression, cela indique quelles sont vos priorités. Ainsi, un spot commercial majeur, pour faire beaucoup d’argent, montre quelque chose. Cela porte des conséquences politiques et implique une position politique. La plupart des arts ont un contexte et des implications politiques.
     
     
    FB : Avez vous entendu parler de “World War Z”, ce film avec Brad Pitt dans lequel un virus décime la population terrestre, et dont l’unique lieu sur est grâce au mur qu’ils ont construit ?
     
    KL : Cela a l’air d’un scenario d’extrême droite. Vous devrez voir le film avant de porter un jugement mais cela sonne vraiment, selon votre description, comme de la fantaisie d’extrême droite.
    C’est intéressant qu’Israël se révèle lui-même via ses alliés. Dans le nord de l’Irlande, – qui a une longue histoire de séparation entre les loyalistes et les républicains - les loyalistes, ont sur leurs murs le drapeau d’Israël ainsi que celui des blancs sud Africains ; les républicains ont eux le drapeau de la Palestine et de l’ANC. C’est curieux comme ces alliances révèlent autant de ce que pensent réellement les gens.
     
     
    FB : Etes vous inquiet de la montée de l’extrême droite et de leurs idées partout en Europe ? Cela me rappelle le début des années 30.
     
    KL : La montée de l’extrême droite accompagne toujours la récession et la dépression économiques ainsi que le chômage de masse. Les gens au pouvoir, qui veulent le maintenir, doivent toujours trouver des boucs émissaires car ils ne veulent pas combattre l’ennemi réel, qui est la classe capitaliste, les propriétaires des grosses industries, ceux qui contrôlent les politiques. Ils doivent donc trouver ces boucs émissaires. Les plus pauvres, les immigrants, les demandeurs d’asile, les gitans sont à blâmer. L’aile droite choisi ceux qui sont les plus vulnérables, les plus faibles pour justifier la crise dans leur système économique. En situation de chômage de masse les gens sont malheureux et doivent trouver quelque chose à combattre. Les juifs furent blâmés durant les années 30’, de terribles choses leur furent infligées. Maintenant, ce sont les immigrants, les chômeurs…
    Nous avons une presse terrible au Royaume-Uni qui va blâmer ceux sans emploi pour leur propre situation alors que bien sur, il n’y a pas de jobs.
     
     
    FB : Comment pouvons réagir face à cela quand les mêmes personnes contrôlent tout : la presse, le capital, les politiques,… ? Que pouvons nous, nous la société civile, sans l’accès à la presse populaire, défier et battre cette idéologie ?
     
    KL : Grosse question. Finalement, il n’y a pas de maison mais des politiques. Vous devez faire une analyse de la situation et organiser la résistance, Comment cela est organisé est toujours une grosse question. Vous devez mettre en échec chaque attaque sur le sol et vous lier solidairement avec ceux qui subissent l’attaque. Vous devez aussi organiser des partis politiques. Le problème est que nous avons des partis qui ont une analyse erronée. Nous avons les partis stalinistes de gauche qui guident les gens depuis des années dans un couloir aveugle ; nous avons les sociaux démocrates qui veulent faire croire aux gens que nous devons travailler dans le système, que nous pouvons le reformer, le faire fonctionner. Ce qui bien sur est une fantaisie, cela ne marchera jamais. La question principale est quelles politiques ? Les gens se débattent avec ca chaque jour.
     
     
    FB : Votre dernier film aborde ces points. A propos des gens qui sont marginalisés àcause de leurs opinions politiques. J’ai lu aujourd’hui que “Jimmy’s Hall” pourrait être votre dernier film et que vous voudriez vous concentrer après sur des documentaires, ce qui est une excellente nouvelle pour la Palestine.
      
    KL : Je ne sais pas à propos de cela. « Jimmy’s Hall » fut un assez long tournage et c’est un travail très difficile. Je ne suis pas sur de pouvoir refaire un autre film de ce genre.
    Mais il y a toujours du remous à faire quelque part donc je dois juste découvrir le meilleur moyen de déranger un peu plus. Certainement, des films devraient être faits sur la Palestine. Ils ont besoin de palestiniens pour les réaliser. La lutte palestinienne, au final, est un conflit qui sera gagné.
    Les choses ne restent pas les mêmes pour toujours. Il sera gagné à la fin. La grosse inconnue est quel type de Palestine en émergera ? La question n’est pas uniquement de mettre fin à mettre fin à l’oppression israélienne –question sempiternelle- mais quel état en émergera ?
    Sera-t-il dans l’intérêt de chacun ? Ou bien sera-t-il dominé par une classe riche qui opprimera le reste du peuple peut importe leur contexte ? Quel état se dessinera à partir de tout cela est la question principale.
     
     
    Traduit depuis l'anglais par Olivier Mignon pour Investig'Action
    Source : newint.org
     
  • Chroniques vénézuéliennes

    Venezuela : Les "démocrates" tombent le masque

     

    Jean Ortiz décrypte les résultats serrés de l'élection présidentielle de dimanche. Ainsi donc c'est désormais Washington qui déciderait de l'écart nécessaire pour valider une élection? Nous le savions déjà: la CIA et le Pentagone sont, pour l'Amérique latine, les meilleurs instruments de dépouillement...

    Les Etats-Unis, par des "audits" militaires en 1954 (Guatemala), 1961 (Cuba), 1965 (République Dominicaine),  1981-1988 (Nicaragua), 1989 (Panama), contre des gouvernements légitimes, souverains, ont montré à quel point ils étaient soucieux de démocratie électorale. Les GIS, les "Marines", savent se convertir en efficaces scrutateurs lorsque les intérêts de "l'empire" sont menacés.

    En 2002, la Maison Blanche reconnut en quelques minutes le président fantoche (Pedro Carmona) issu du coup d'Etat contre un président élu: Hugo Chavez. "Pedro l'éphémère" était  de surcroît président du Medef local, Fedecamaras, la meilleure agence électorale du pays... A l'époque, pour Washington et le fasciste Aznar (à la manoeuvre avec sa fondation FAES), pour toutes les droites et quelques brebis égarées, il n'y avait pas "abus de pouvoir" mais "rétablissement de la démocratie"... comme plus tard au Honduras du président Zelaya.

    Le même processus serait-il en marche aujourd'hui au Venezuela ?

    50,75% des voix ne suffiraient pas pour être élu? Prétexte pour tenter une revanche sur 15 ans de défaites politiques, électorales, démocratiques !! Depuis 15 ans, l'opposition vénézuélienne, qui va de l'ultra droite à trois partis affiliés à l'Internationale Socialiste, hurle à la fraude à toutes les élections, sans apporter aucune preuve tangible. Elle sait que derrière la prétendue "défense de la démocratie", se cache en fait une stratégie globale de déstabilisation contre un régime anti-néolibéral, anti-impérialiste...
    50,75% des voix pour 
    Nicolas Maduro ! L'écart est faible mais bien réel. Que dire alors de la victoire d'Aznar aux législatives espagnoles du 3 mars 1996 avec 37,6% des voix? de celle de Clinton en novembre 1992 avec 43% des voix?

    Stratégie irresponsable de l'opposition

    Par la violence (déjà 7 morts), l'opposition vénézuélienne cherche à transformer une défaite en "victoire volée par les chavistes". Stratégie irresponsable. Des groupes ultras ont incendié des locaux du PSUV, des dispensaires, saboté des installations électriques, agressé des dirigeants chavistes...Que se passerait-il si le président Maduro et les chavistes perdaient leur sang froid? La droite ne peut supporter, ici comme ailleurs, que l'on porte atteinte à ses intérêts de classe.

    Les factieux ne passeront pas mais ils veulent donner une image chaotique du Venezuela. Ils peuvent compter sur nos "grands" médias et nos politiciens de droite (et de quelques venus d'ailleurs), aux ordres de "l'empire", pour leur emboîter le pas. Ils confondent sciemment liberté de la presse et libre entreprise, démocratie et démocratie de marché... sans scrupules, et quelles qu'en soient les conséquences, pourvu que les intérêts des classes dominantes soient protégés. Opposition, oui, subversion, non, a mis en garde hier le président Maduro. Les factieux, encouragés par l'attitude de l'ultra-libéral (travesti en social-démocrate) Henrique Capriles, entendront-ils raison?

    17/04/2013, 11:30Par TOURITOURIST

    "La France, elle, n'a pour l'instant pas reconnu sa victoire."!!!!!!

    Alors Hollande, qu'est-ce que tu attends? Le feu vert d' Obama? Ou que Caprilès ait fait son coup d'état avec l'aide de la CIA? T'as oublié Allende? T'as pas honte?

     

    "République Bolivarienne du Venezuela

    Ministère du Pouvoir Populaire pour les Affaires Etrangères

             COMMUNIQUE

    Le Président de la République Bolivarienne du Venezuela, le Commandant Hugo Chavez, félicite le président élu de la République Française, Monsieur François Hollande, qui a remporté une nette victoire dans le second tour des élections présidentielles le dimanche 6 mai 2012.

    Trente et un ans après la victoire historique de François Mitterrand, et dans le contexte d’une Europe assiégée par la crise économique, le peuple français a réaffirmé sa profonde vocation républicaine, qui place la volonté politique au dessus de la fatalité des marchés, la sensibilité sociale au dessus des ordonnances financières et la justice et la solidarité au dessus de l’exclusion.

    Dans cette conjoncture historique marquée par la crise structurelle du capitalisme, le gouvernement bolivarien du Venezuela fait le vœu que dans cette nouvelle période politique, la France reprenne le chemin de la construction d’un monde multipolaire, où règnent la paix, le respect de la souveraineté et la solidarité entre les nations.

    En cette occasion spéciale, le Président Hugo Chavez et son gouvernement réitèrent leur volonté d’approfondir la coopération avec la République Française et, sur la base du respect mutuel, d’explorer des espaces d’échange novateurs qui aident à élever à un autre niveau les relations historiques d’amitié qu’ont maintenu nos pays.

    Caracas, le 06 mai 2012"

     

    Nouveau 16/04/2013, 14:29Par CHENPENEUZER

    La plus grande démocratie du monde dit-on ...

    "Une histoire populaire des etats unis" de Howard Zin ne raconte pas les évènements tout à fait comme il est "convenu" de les connaitre.

    "Nous sommes tous américains" voulait Le Monde à une certaine date.

    Humaniste, universaliste, citoyen du monde, sans aucun doute, mais pas américain.

    Les citoyens du monde sont plus proches des Kogis colombiens que des fast food et autres abominations guantanamesques.

    Heureusement, il existe des américains honteux de Guantanamo et de Goldman Sachs, mais nos mediacrates n'en parlent pas beaucoup.

    La politique est véritablement le terrain révélateur des poisons humains.

    Ici, nous avons Valls avec les Roms, Civitas avec les homosexuel-les, machin contre truc, ...

    Guantanamo ?

    Fruit du délire monothéiste de Bush, intégriste chrétien, du délire de ceux et celles qui se croient êtres humains supérieurs, de la peur des petits blancs, de l'angoisse du lendemain, de l'orgueil démentiel de ses croyances-vérité unique, de la folie de l'avidité, et en première cause fondamentale de la stupidité de l'ignorance d'une loi de la vie que tout le monde connait mais que très peu appliquent: quand on plante des cerises, on récolte des cerises. Quand on plante des chardons, on récolte des chardons. Nul n'a jamais récolté la paix en plantant la guerre et le vol organisé "légalement".

    La fraternité ne fait plus recette depuis longtemps, si tant est qu'elle l'ait déjà faite, à part dans quelques communautés très restreintes.

    Une petite Valls à l'ANI ?

     

     

     

     

    17/04/2013, 10:04Par LUTIN2

    Hollande et Ayrault sont plus prompts à encenser la vieille carne fachiste tatcher amie de pinochet, assassin des députés, tueuse de grévistes, que de reconnaître une élection au Vénézuela.

    un exemple de plus qui confirme qu'ils sont en train de faire de notre pays une colonie étésunienne (otan, marchés financiers, casse du service public, mise à mal des acquis sociaux, etc). Il n'y a plus rien à attendre de ces malfrats.

     

     

     

  • Marc-Edouard Nabe et Téléréalité

    Téléréalité et crépuscule d’une transcendance

    "A présent j'étais devant les faits bien assurés de mon néant individuel"

    « La légèreté c’est une valeur et je suis prêt à mourir pour elle(…) » Cette phrase de Frédéric Beigbeder, prononcée le 13 septembre 2003 sur le plateau de Thierry Ardisson face à Marc-Edouard Nabe, invite, avec une gravité relative, à une réflexion beaucoup plus large sur la dimension transcendantale de ce qu’on peut appeler la frivolité mortifère du système de valeur défendu par les Téléréalités. Extrapoler cette citation au milieu qui nous intéresse, à savoir celui des Téléréalités, nous permet de reconnaître que, au-delà d’être une valeur, la légèreté, comprise ici comme le cadre idéologique symbolique et fonctionnel dans lequel se sont structurées les Téléréalités françaises, est une conception de l’histoire et un formatage psychologique à une échelle massifiée, celles des sociétés humaines.

     Cette « légèreté », d’une lourdeur extraordinaire, permet également, et c’est souvent moins évident, la transformation d’individus décentralisés en consommateurs que l’on tourne, par la mutation forcée de l’inconscient collectif, vers des marchés nouveaux. A titre d’exemple, nul ne peut ignorer les immenses services rendus par le Loft Story, les Anges de la Téléréalité ou encore Secret Story à l’industrie de la chirurgie esthétique, des cosmétiques, de la mode, etc.  

    C’est en prolongeant l’analyse de Michel Clouscard en la matière qu’on peut affirmer qu’il existe un lien de causalité entre, d’une part, la rentabilité effective de certains secteurs de production de biens et/ou services et , d’autre part, l’affirmation des valeurs d’argent et de frivolité comme horizon absolu et nécessaire pour la jeunesse française. Cette alliance est celle d’un mariage, d’une union sacrée entre une production financiarisé répressive et un système de consommation permissif jusqu’auboutiste. Je ne fais rien d'autre ici qu'une réactualisation en somme de la pensée de Clouscard.

    En ce qui concerne la France, la transmission de cet horizon de valeurs d’avenir s’effectue d’autant plus facilement que la jeunesse vit la mort de l’idéologie, dans une société qui se caractérise par l’absence relative de transcendance traditionnelle partagée, en dehors de la sacralisation des droits de l'homme. La prétention des Téléréalités d’offrir une lecture de la réalité sociologique des rapports interindividuels du monde qui l’entoure s’opère par un regard biaisé qui retranscrit à grande peine la réalité sociale du pays. Je dirais même, en ce qui concerne la France, qu’en niant, pour parler vite, la valeur d’Egalité dans leurs programmes, les Téléréalités nient l’un des piliers du socle anthropologique synthétique français. Qui plus est, cette volonté de présenter une pseudo-réalité des rapports entre humains est d’autant plus paradoxale qu’elle se couple, dans le contenu brut des programmes des Téléréalités, d’une vulgarité glauque, assez bourgeoise dans sa superficialité, qui sacralise le voyeurisme et érige la célébrité au rang d’un sacré contradictoire. Ce sacré est contradictoire car il procède d’une dynamique propre, étrangère à la starification traditionnelle, telle qu’a pu l’identifier Edgar Morin. En effet, la « star » de Téléréalité se retrouve dans une position ambivalente où elle atteint un niveau de gloire médiatique appréciable, bien qu’éphémère, mais où elle doit faire face à l’absence apparente d’une dynamique de sympathie ou de soutien important de la part du « public », une autre notion à définir. En effet, une de ces stars de Téléréalité, Nabilla, personnage emblématique de ce « sacré contradictoire », parle pour désigner son public non pas de fans mais de followers. Sans doute a-t-elle conscience de la précarité de sa situation qui ne repose pas sur le fondement principal de la starification traditionnelle : le talent. L’absence de talent ne permet pas, en effet, l’instauration d’un lien d’amour ou d’admiration bilatéral qui puisse s’inscrire dans une durée. Il faut donc innover, se renouveler pour conserver la flamme du désir du téléspectateur ardente. Si on s’y refuse, dans un univers aussi concurrentiel, on prend le risque de sombrer dans l’oubli absolu. Il faut donc organiser le spectacle de sa propre survivance, théâtraliser sa fuite en avant personnel, grossir ou périr à la triste manière d’une roue tournant vite, certes, mais à vide. Chosifiées, les stars des Téléréalités se prennent et se jettent dans une communion à la fois morose et frivole où sont réconciliés, l’espace d’un instant, producteurs et consommateurs. Quand l'acteur se situe dans une perspective artistique, la star de téléréalité, dénuée en général de quelconque capacité de ce registre, est impuissante. 

    Pour recentrer les choses, être contre la « Téléréalité », une dénomination qui prend en compte un ensemble global complexe et méritant une analyse séquentielle, c’est afficher son hostilité à un ensemble de valeurs dont la fonction objective première, du moins telle qu’elle peut apparaître, est de permettre la fructification d’un marché, réel et concret, appuyé par la puissance publicitaire. Il faut à ce titre admettre que l’action consistant en la proposition d’une déchéance de cette transcendance malsaine est un combat, sans doute à mort au sens Beigbederien du terme.

    L’ambition de ces lignes est celle d’une volonté politique : déstabiliser le marché des Téléréalités. Ainsi présentée, l’approche est trop globalisante et il conviendra de procéder à la prudente dissection d’un certain nombre de programmes télévisés, dans le but affiché d’en dénoncer la dimension néfaste pour la société Française. C’est pourquoi, comme a pu le remarquer le lecteur, on parlera ici de les ou des Téléréalitésmais jamais de la Téléréalité. On évite ainsi de tuer la diversité propre à ces programmes aux spécificités nombreuses et, par ailleurs, de regrouper un ensemble de corps constitués différents sous une étiquette commune.

    Tout d’abord, il peut apparaitre, dans une tentative de délimitation générale des contours sémantiques du sujet abordé, que le terme de « Téléréalité » ne constitue pas un genre en soi. En effet, celui-ci relève de programmes pouvant prendre la forme de jeux, de divertissement télévisuels ou encore de magazines. Par ailleurs, sont à distinguer également toute une série d’avatars des Téléréalités comme la « scripted-reality », la « constructed-reality », ce qui n’est pas sans rajouter de la complexité à notre sujet : est-il possible de déstabiliser un marché aussi transcourant que celui des Téléréalités ? Adapter la règlementation télévisuelle française sur la question, satisfaisante sur certains points mais plutôt défaillante sur l’essentiel, est une tâche difficile pour le juriste qui doit prendre acte de la jurisprudence récente concernant cette amoncellement de sous-catégories liées par des caractéristiques communes que constitue le marché des Téléréalités, notamment en matière de dignité de la personne humaine.

    Avant d’aller plus loin, il est important de rappeler que le constat proposé se situe dans un cadre national, français, parfois européen, qui ne pourra prétendre à une analyse entièrement « internationalisante ». Certes, il peut apparaitre impératif de mettre en place une dialectique critique à l’encontre des valeurs pouvant servir de base commune aux différentes multinationales des Téléréalités dans leurs activités de production de services culturelles à travers la planète. Toutefois, on constate des différences dans l’adaptation qu’opèrent les Téléréalités dans les différentes régions du monde dans lesquelles elles s’implantent. Ces marchés nationaux, fruits d’une construction historique particulière, constituent, pour les transnationales des Téléréalités, des défis de taille. En effet, sans leur compréhension il ne peut y avoir, pour le marché des Téléréalités, de progression ou de stabilisation pérenne de ses activités de services. Par conséquent, ce changement continuel de stratégie dans l’approche mercantile rend impossible la généralisation au monde entier de l’impact des Téléréalités en France. La localisation géographique, dans ces lignes, « de ce combat à mort » est un point fondamental.

    Clouscard pensait que la Nation, après avoir été l’organisme oppressif et coercitif permettant la diffusion dans le corps social du capitalisme inégalitaire, était devenu la structure politique la plus à même, aujourd’hui, de résister à ce que le libéral-socialiste Allais appelait le « libre-échangisme mondialisé ». Le parti pris, ici, est celui d’une extrapolation de cette vision des choses : on comprend l’Etat-Nation républicain comme l’entité institutionnelle la mieux placée pour mettre en œuvre une politique publique de déstabilisation durable des Téléréalités. On écartera l’hypothèse d’une production législative à l’échelon européen pouvant contraindre le marché des Téléréalités en raison d’un scepticisme amer. Ce scepticisme est issu d’un constat froid : celui de la fragmentation du pouvoir Européen entre les différentes nations, institutions, groupements d’intérêts, cabinets d’expertises, think tanks, qui empêchent une action cohérente, structurée, drastique et adaptée pour le problème qui est le nôtre. Par ailleurs, la prégnance des groupements d’intérêts au parlement européen rendrait difficile, pour ne pas dire impossible, une action juridique déstabilisante pour le marché des Téléréalités en Europe. Malheureusement, la question de l’Europe ne pourra être épisodiquement envisagée que d’un point de vue critique à l’égard de sa production ou non-production législative sur le marché des formats européens ou sur les contraintes qu’elle pourrait faire peser sur la France si, demain, un gouvernement prenait la décision d’interdire telle ou telle programme, ce qui est en soit, Europe mis à part, loin d’être une chose aisée.

    Une première objection à ce combat peut se matérialiser sous la forme d’un discours dédramatisant, prônant l’idée suivant laquelle il existe des combats sociaux plus importants et plus fondamentaux pour la société française. A ce titre, un marxiste pourrait dire que la critique des Téléréalités est un combat d’arrière-garde servant la dissimulation de sujets plus importants au titre desquels, par exemple, l’introduction d’un nouveau type de rapports de classes en France via la crise du capitalisme financiarisée de 2008. La réponse à cette objection doit être claire. Critiquer les Téléréalités ne saurait occulter d’aucune manière la gravité extrême de la situation sociale en France. Par ailleurs, il pourrait être affirmé que la destruction opérée par les Téléréalités ne s’organise pas seulement du point de vue de l’intelligence, du concept et de la sagesse. Cette destruction peut aussi être concrète. A ce titre, on ne peut demander à un jeune spectateur de « A prendre ou à laisser » s’il est, supposons le, issu de quartiers défavorisés où l’émancipation sociale est un combat de survie économique de tous les instants, de prendre au sérieux « la valeur travail » quand il voit qu’il est possible, sans talent particulier, de gagner en quelques secondes le triple de ce que ses deux parents réunis peuvent gagner en un mois (par la simple sélection d’une boîte dans laquelle se cache une somme, inconnue par le joueur avant son ouverture). Pourra-t-on alors lui reprocher de se tourner vers une économie souterraine qui lui permet de fournir une quantité de travail minimum pour un revenu optimisé alors même que la Télévision, qui joue encore un rôle de socialisation fondamental malgré internet, promeut implicitement ce genre d’attitude ? La délinquance, qu’elle soit celle des banlieues ou des financiers à col blanc, peut dans certains cas s’expliquer, sans être pour autant excusée, par la dégénérescence apportée par de nouveaux types de transcendances banalisantes, d’autant plus fortes qu’elles sévissent dans un No Man’s Land idéologique.

     Une autre critique pourrait prendre la forme suivante : la liberté d’expression et de la presse se confond avec la Téléréalité dans un même ensemble de manifestation démocratique. Dans cette perspective, affirmer son désaccord dans une réserve sage et tranquille est acceptable mais, en revanche, il est inacceptable, si on se veut démocrate, de supposer l’interdiction de certaines Téléréalités. Ce détournement de la maxime bien connue : « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrais jusqu’à la mort pour que vous puissiez l’exprimer », est abject. Certes, prôner la liberté d’expression la plus absolue possible est une nécessité contemporaine (ex : dénoncer l’insulte d’ « antisémite » à l’encontre de certains intellectuels comme, dans certains cas, une arme d‘intimidation massive étouffant toute critique à l’encontre de l’Etat d’Israël, comme l’ont fait Eric Hazan et Alain Badiou, est une manière de défendre la liberté d’expression tout en en réclamant son élargissement relatif sur certains sujets difficiles).Cependant, le monde des Téléréalités n’est pas celui de la production des idées ou des concepts, il est celui du mensonge, de la manipulation (que ce soit des téléspectateurs ou des participants), du marketing et du formatage psychologique. En aucun cas il ne peut être rattaché à l’expression d’idées démocratiques regroupant, entre autre, une dimension relevant de la liberté d’expression ou de la presse. Les Téléréalités françaises sont le produit d’oligarques parisiens publicitaires qui, si on suit la chaine télévisée de leur évolution, ne sont rien d’autres que des grenouilles de bénitiers « Endemoliennes ». Je ne vois rien dans la disparition de ce que le polémiste Eric Naulleau identifie comme, je cite, « la poubelle de l’esprit », une atteinte aux fondements de la République ou de la démocratie d’opinions. La démocratie est un régime politique complexe aux possibilités de lectures et de manifestation multiples dont la première formulation concrète se fit durant l’Antiquité. Les téléréalités ont douze ans : il serait temps de prendre acte de la temporalité Endemolienne ainsi que de sa relative petitesse face au Léviathan Démocratique moderne en matière de passif historique. Pour finir sur cette question, l’utilisation de l’argument de la liberté d’expression et de la presse, en matière de défense des Téléréalités, constitue une extrapolation dangereuse dont on n’arrive pas à trouver une quelconque justification historique. Cette extrapolation donc, basée sur un vide conceptuel apparent, dissimule mal une volonté de protection d’intérêts économiques puissants sous couvert de démocratie, cette dernière notion, pourtant fondamentale, étant devenue tristement passe-partout.

     
     

     

    Qu’est-ce que les Téléréalités ?

    Il est important, à mon sens, de comprendre que les Téléréalités n’ont pas séduit le public malgré leur malséance mais grâce à celles-ci. Paradoxalement « le public », d’ailleurs, a plutôt tendance à comprendre, dans sa majorité, le côté artificiel de ce genre de manifestations télévisuelles. Celle-ci semble aller de soi : on la retrouve chez les participants des jeux des Téléréalités, exagérément décérébrés, comme chez les présentateurs aseptisés. Mais alors, comment expliquer le succès des Téléréalités ? Beaucoup ont émis l’hypothèse suivante : la tendance au voyeurisme et à l’exploitation mercantile de ce qu’il peut y avoir de pire chez l’homme a fait gagner des parts de marché plus qu’appréciables pour les chaînes privées françaises, en lutte constante pour leur maintien face à une concurrence internationale féroce. Ceci peut paraître absurde mais rejoint l’hypothèse du sacré contradictoire des vedettes des Téléréalités : les émissions de Téléréalités parviennent à atteindre un succès brut en termes de chiffres tout en provoquant un dégoût relatif dans une large partie de la population. C’est une dynamique d’attirance-répulsion assez déconcertante, qu’on peut rattacher à une forme d’addiction malsaine. Peut-être que la clé des réussites des Téléréalités réside dans leur capacité à mobiliser sous la forme d’un divertissement les pires instincts de notre époque, forçant ainsi nos populations à regarder dans un miroir déformant l’image présupposé de leur « réalité », une « réalité » dans laquelle elles sont censées se retrouver. Le problème est que, pour la plupart d’entre nous, nous ne nous y retrouvons pas. Il est possible que certains adoptent une attitude de témoin moqueur à l’encontre de ces émissions, en se mettant ainsi dans une position de recul amusé empêchant de constater qu’ils constituent alors le combustible permettant le fonctionnement de cette machinerie déroutante, qu’on peut très bien détester par ailleurs. Exaltation de l’hyper individualisme, consécration d’un type de « beauté », mise en avant de la manipulation stérile comme rampe de lancement personnel, défense du droit de chacun à la célébrité, négation du talent, etc. Toutes ces valeurs vont à l’encontre du message que tente de véhiculer l’éducation nationale (mérite, travail, respect de l’autre, etc) et l’individu se retrouve face à une double proposition de modèles de vie qui est problématique. En effet, quelle grille de valeurs faut-il alors choisir ?

    Ce choc de valeurs est porteur de déstabilisation dans une société en danger de fragmentation et devant faire face à la multiplication des égoïsmes catégoriels et communautaires. Ce constat amène à penser que les Téléréalités peuvent être comprises comme le symptôme d’un fléau de la pensée pervers qui guette les démocraties modernes de ce début de siècle.

    Une notion fondamentale à définir est celle du « carburant » permettant le fonctionnement de la grande machinerie des Téléréalités. Cet aspect des choses est complexe, la question du « public » des Téléréalités étant à comprendre comme un ensemble à la fois globalisant et exclusif, adapté à une partie assez large de la population française mais face auquel se construisent en opposition un nombre d’individus non-marginaux. Il est curieux de constater par ailleurs, dans ce que Bernard Stiegler appelle la « Télécratie » (une formulation abusive mais qui retranscrit assez justement une partie de ce qu’est devenu la télévision moderne), que lorsqu’on sollicite ce « public » sur les programmes télévisés qu’il préfère, on constate un décalage entre les préférences annoncées de ce « public », qu’on devrait appeler, là encore ,« les publics », et la réalité des chiffres en matière d’audience télévisuelle.. Les sondages d’opinion IFOP montrent que les gens, quand on leur pose la question, disent préférer le cinéma, les documentaires, les reportages et les programmes d’informations. Le décalage entre ces préférences affichées et la réalité « honteuse » de ce qu’ils regardent réellement, quand on voit le succès brut en matière d’audimat des Téléréalités, laisse perplexe.

    Bernard Stiegler compare ce comportement à celui d’une addiction : de la même manière qu’un toxicomane a un stade très avancé de dépendance est conscient du mal qu’il s’inflige et du danger que constitue sa drogue, il n’en demeure pas moins qu’il en a viscéralement besoin.

     Le procédé est plus implicite en ce qui concerne le spectateur des Téléréalités mais fonctionne dans une logique similaire : celui-ci se retrouve dans une situation où, quand il regarde des programmes relaxants et structurants son cerveau, il ne s’aperçoit pas qu’on le prépare à la réception mentale de publicités et de valeurs nouvelles formatant la psychologie collective du « public », dans lequel il s’insère alors, aux exigences du marché. Toute la force de cette technique est l’imposition indolore à l’individu, jusque dans l’intimité de sa sphère familiale, d’une posture de consommateur-récepteur. A mon sens, cette réalité concerne des milliers de victimes malheureuses, et les considérer ainsi ne revient pas à les déresponsabiliser car celles-ci sont assez prétentieuses ou inconscientes pour être convaincues d’avoir le contrôle sur les Téléréalités qu’elles visionnent. Peu de personnes, même si elles en ont les moyens, prennent le temps d’analyser l’emprise qu’opère la Télévision (et les Téléréalités constitue une excroissance grotesque de cette institution) sur leurs comportements d’achats les plus anodins. Beaucoup s’inquiètent, y compris au CSA, qu’il ait été mis au service du marketing, de la publicité et du marché le savoir acquis par la recherche fondamentale. Quand on demande à Michel Desmurget si les publicités télévisuelles sont dangereuses il répond : « (…) qu'il ne s'agit plus simplement de vendre, mais de générer des comportements à l'insu des gens, et l'éducation aux images ne peut pas combattre ces mécanismes infraconscients. Si le mot « viol » a un sens, cela en est une parfaite illustration. » On pourrait extrapoler cette citation pour affirmer que ce « neuro-marketing » est un viol de l’inconscient commun et les Téléréalités les complices vicieuses, soumises et dévouées de cette mécanique. Je souscris, pour ma part, à cette idée forte.

     

     Ce formatage ne pouvait être permis par les anciennes valeurs républicaines traditionnelles (parfois défendues par certains dans le cadre d’un discours nostalgique idéalisant et déformant) de méritocratie, de respect, de travail, d’égalité, etc. De la même manière, le rejet de l’argent et de la rapacité de la part du catholicisme et du communisme, même si ce n’était parfois qu’une apparence, ne permettait pas la production de consommateurs « efficients ». La disparition relative de ces deux églises longtemps fondatrices dans le paysage politique français fut une des conditions de l’avènement en France d’une société plus anglo-saxonne et individualiste. Par conséquent, les Téléréalités peuvent être comprises comme l’aboutissement d’une dynamique libérale-libertaire, au sens Clouscardien, ayant diffusé le marché dans toutes les structures du corps social, y compris dans ses parcelles les plus inattendues.

    Dans cette même lignée de réflexion, deux éléments sont à analyser : les mutations qu’on put connaître les institutions télévisuelles, d’une part, et, d’autre part, ce qu’entend la prétention à la retranscription de la réalité. Ces deux éléments se conjuguent ensemble, bien qu’ils relèvent tous deux de dynamismes distincts.

    Laissez-faire, laissez-passer et laissez-voir

    On ne peut pas éternellement discuter des Téléréalités sans parler des mutations profondes qu’on put connaître les télévisions françaises. Jean Louis Missika découpe l’histoire de la télévision française en trois phases : la paléo-télévision, la néo-télévision et la post-télévision.

    La première période s’étend des années 1950 aux années 1970 et se caractérise par un souci pédagogique de transmission de la culture, du savoir et des informations. Affirmer cela ne saurait angéliser la télévision de cette époque qui, comme celle d’aujourd’hui, n’hésitait pas, car au service de l’Etat, à manipuler l’information en transformant la réalité des faits, que ce soit par l’exagération ou la prétendue insignifiance. « On cache en montrant, et plus on dévoile plus on voile » comme disait Bourdieu.

    On ne peut d’ailleurs pas souhaiter si l’on désire une démocratie directe impliquant d’avantage l’esprit critique de ses citoyens une transposition à notre époque de cette paléo-télévision qui était réservé à une petite frange d’experts, de stars, d’hommes politiques et de journalistes. Il ne faudrait toutefois pas nier un certain nombre de vertus inspirantes de cette paléo-télévision, un site comme l’INA.fr permet de visualiser des émissions artistiques, politiques et culturelles mobilisant des débats contradictoires de qualité, de la poésie, de la chanson à textes, des grands films, en somme une grande plus-value intellectuelle qui pourrait permettre aux français de construire la télévision de demain. Si ce genre d’émissions continue d’exister aujourd’hui, elles sont malheureusement trop marginales pour peser face à l’Empire des Téléréalités et de la publicité. Toujours est-il que cette césure, qui apparaît au niveau des années 1970, semble confirmer l’avènement, en France, d’une dynamique libérale-libertaire d’après 68 envahissant l’univers de la Télévision et permettant le démarrage d’une nouvelle ère télévisuelle, celle de la néo-télévision au sens de Missika. Ce fut le réveil de la France à la mondialisation que nous connaissons, un réveil curieusement anesthésiant.

     La deuxième période s’étend des années 1970 aux années 1990, elle se base sur un rapport plus direct avec « le public » et le simple fait, pour certaines personnes, d’avoir pu être témoins d’évènements quelconques leur donne le droit de participer à des émissions. En outre, on offre aux gens lambda une source de légitimité et de revendication potentielle au droit d’être « télévisable ». Cette démarche s’inscrit dans un souci apparent de transparence et de retranscription avec la plus grande exactitude possible des « faits », de la part des journalistes en général. La télévision analyse ainsi des préoccupations particulières et tend à se rapprocher le plus possible des individus. Alexandra Faure parle du passage de la Télévision vers une mission de régulation et de médiation avec la tentative de résoudre, de sa part, dans le cadre de talk-shows et de reality-shows, des problèmes relevant de l’intime, des conflits personnels et interfamiliaux. A mon sens, cette affirmation est fausse et ce que l’on cherche plus à ce moment-là, de la part des producteurs, consiste en une innovation dans le rapport aux téléspectateurs en faisant de la Télévision un organe tourné vers la production de manière beaucoup plus importante qu’autrefois. L’enjeu est alors de mettre les téléspectateurs dans une situation où ils sont amenés à se retrouver en proximité relative avec leurs écrans, ce qui supprime une partie d’altérité et de distance dans le rapport entretenue à l’égard de ceux-ci et permet la transformation progressive de l’instance télévisuelle en un puissant support de propagande pour une société de consommation d’un type nouveau. La Télévision n’a pas inventé le consumérisme, certes, mais elle l’a exacerbé dans des proportions délirantes. Je ne parlerais donc pas d’une position de médiation et de régulation, surtout quand on est conscient du caractère artificiel, préparé et faussé de ces situations « problématiques » à réguler, mais d’un transfert, complexe et partiel, d’allégeance. Pour parler vite, nous dirons que ce transfert d’allégeance de la Télévision s’est opéré de l’Etat au marché. On énonce ainsi trois entités extrêmement abstraites qu’il conviendrait d’approfondir plus longuement (Télévision, Etat et marché). Pour conclure, l’intérêt soudain de la télévision pour la sphère privée relève d’avantage de la stratégie mercantile que de l’adoption samaritaine d’une volonté de voir évoluer son rôle, par rapport à la société civile, vers une mission de régulation et de médiation.

    La dernière période, celle que nous vivons, serait celle de la post-télévision. Celle-ci pourrait se résumer par le besoin croissant dans nos sociétés moderne d’une reconnaissance individuelle. Le « laissez-faire, laissez-passer » se couple alors du « laissez-voir ». Dans la même idée, alors qu’il semble y avoir une quête, de la part des téléspectateurs, vers plus « d’authentique », on pose les bases institutionnelles et morales d’un empire de l’imposture, en la personne des Téléréalités. La diffusion du Loft story en 2001 a provoqué une rupture radicale, certes, mais cette apparition ne se fit pas à partir de rien ou de manière soudaine. On peut en effet trouver toute une série de racines d’émissions dites de dévoilement dans les années 80 (Psy-Show, Moi, je) ou avec les reality shows (L’amour en danger, Perdue de vue). Jean Louis Missika parle de « lifeentainement », d’un genre télévisuel ayant évolué vers l’expérimental par la mise en situation de « cobayes », les participants, dans un environnement où ceux-ci se retrouvent confrontés à des « stimulis », sous le feu des projecteurs, dans l’attente, je n’ose dire l’étude, de leurs réactions. Alexandra Faure affirme que la fiction (réalité imaginaire), l’information (réalité rapportée) et le reality show (réalité constituée) sont des genres qui se sont faits dépassés par la réalité expérimentée, expression utilisée pour recouper l’ensemble des Téléréalités, un type d’émission inédit répondant à la recherche, par la télévision, de l’ordinaire. On constate en effet que tout est fait pour renforcer le sentiment de proximité des téléspectateurs avec les programmes qu’ils visualisent, que ce soit du présentateur aux candidats, du thème abordé aux règles du jeu (notamment sur le vote qui permet de faire participer le public directement en influant sur le cours du jeu par le biais de SMS surtaxés).

     Rien n’est plus amer pour l’analyse critique que ce maquillage astucieux du marketing sous les oripeaux de « l’ordinaire », du « concret » et du « réel ». Si l’Etat veut assumer son rôle de conservateur de l’ordre social, il lui revient de s’emparer de cette problématique qui pose des graves questions en matière d’aggravation de la destruction, permise par la crise, du lien social et du rapport à l’autre dans les milieux populaires. Sans doute les médias aiment-ils utiliser le vide, la vulgarité et la stupidité comme une pompe aspirante de la colère gagnant « la common deacency » orwellienne du peuple de France. Une fois le débat posé en ces termes, je pense qu’interdire une grande majorité des programmes de Téléréalité est une hypothèse envisageable, voir souhaitable si l’on désire des gens doués d’esprit critique et non pas des consommateurs obéissants.

     

  • le vrai visage de l’occupation israélienne en Palestine

    Gil Hilel dénonce le vrai visage de l’occupation israélienne en Palestine

    25/02/2014 | 19h23
    Des soldats israéliens entrent dans une maison à la recherche d'un Palestinien, en septembre 2013 (Reuters/Ammar Awad)

    Il y a vingt ans, la ville d’Hébron était ébranlée par le massacre du Tombeau des Patriarches. Divisée en deux zones, elle symbolise l’impossible cohabitation entre Israéliens et Palestiniens. Plusieurs milliers de soldats assurent leur pénible coexistence. Gil Hilel a servi trois ans dans cette ville fantôme. Aujourd’hui membre de l’association Breaking the silence, elle brise les tabous et témoigne de la réalité de l’occupation israélienne en Palestine.

     

    “Le premier jour de mon service, je pensais accomplir quelque chose de bien pour mon pays. J’étais très fière !” Gil Hilel a servi entre 2001 et 2003 dans l’unité Sahlav en charge du maintien de l’ordre à Hébron. En Israël, le service militaire est obligatoire pour les femmes comme pour les hommes, pendant trois ans. “L’armée, nous en parlions beaucoup à l’école, elle devait marquer une étape, celle du passage à l’âge adulte”,explique Gil. Devait…

    Gil Hilel

    Rapidement, Gil est confrontée à la réalité de l’occupation. La ville est divisée en deux secteurs : H1, administré par les autorités palestiniennes, et H2, contrôlé par l’armée israélienne. Une conséquence directe du massacre du Tombeau des Patriarches, survenu le 25 février 1994. Ce matin-là, Barouch Goldstein, un médecin israélien de 37 ans, ouvre le feu sur les fidèles musulmans palestiniens en prière. Bilan : 29 morts et 125 blessés. Aujourd’hui, un grillage sépare certaines rues empruntées par les Palestiniens des maisons israéliennes en surplomb. L’objectif : protéger les passants des projectiles lancés par les colons. Avec ses 177 000 habitants, Hébron est la ville la plus peuplée de Cisjordanie et la seule ville palestinienne au centre de laquelle vivent des colons israéliens. Pour permettre cette cohabitation, près de 3 000 militaires patrouillent nuit et jour pour assurer la protection de quelque 700 Israéliens.

    Stratégie de persécution

    “Occuper, c’est instaurer la peur”, résume Gil. Les soldats patrouillent en permanence, encerclent des maisons choisies au hasard au milieu de la nuit, réveillent ses habitants, séparent les hommes et les femmes, vérifient leurs papiers d’identité et fouillent toutes les pièces dans un vacarme inouï. Tout le quartier doit savoir que l’armée est partout, tout le temps et qu’elle peut surgir à n’importe quel moment. L’occupation repose sur cette stratégie de persécution. “Pour mon premier jour sur le terrain, mon commandant nous a emmenés dans un quartier palestinien d’Hébron. Il a arrêté un homme qui marchait dans la rue et l’a roué de coups.” De retour à la base, Gil demande pourquoi : “C’est lui ou moi, il doit avoir peur de moi, sinon il me tuera, c’est comme ça que tu resteras en vie Hilel”, répond son supérieur. On lui interdit de reposer la question, sous peine d’être sanctionnée. Or être puni, c’était risquer de ne pas rentrer chez soi pendant deux mois. “Alors je suis rentrée dans le rang”, soupire-t-elle. Plus les mois ont passé, plus les justifications de l’armée ont fini par faire leur effet :

    “J’étais en permanence au contact des Palestiniens, pourtant je ne les voyais plus comme des êtres humains, ils étaient de potentiels terroristes.”

    Gil apprend la langue de l’occupation : ordres et contre-ordres pour soumettre l’ennemi. Elle pouvait tout exiger, obliger un homme à rester debout, sans eau ni nourriture pendant plusieurs heures devant elle parce qu’elle estimait qu’il lui avait manqué de respect, lui demander de s’asseoir, puis de se relever et de s’asseoir encore, 50 fois de suite si elle le souhaitait. “On pouvait faire ce que l’on voulait. Et quand on avait passé une bonne journée, on se montrait parfois plus clément”, raconte-t-elle. Très mesurée et réfléchie, la jeune femme n’a pas peur des silences, elle prend son temps et cherche ses mots.

    Gil Hilel se souvient d’un regard, un regard qu’elle n’a pas compris à l’époque et qui la hante aujourd’hui.

    “Un jour, une jeune Palestinienne que je connais bien passe devant mon check point. Je l’arrête, lui demande sa pièce d’identité et l’interroge sur sa destination, alors que je sais qu’elle va à l’école. La petite demande pourquoi je l’arrête aujourd’hui encore, je lui réponds sèchement : ‘Parce que !’

    Gil s’interrompt, elle a du mal à rassembler ses souvenirs.  “Je décide de la punir pour son impertinence. Je l’ai forcée à rester debout devant moi pendant toute la durée de mon service. Il y avait tant de haine dans son regard, dans ses yeux d’enfants. Je n’ai compris la signification de ce regard qu’une fois redevenue civile. Comment pouvais-je lui demander de me voir comme un être humain quand je ne la voyais que comme un ennemi, un arabe ?” se souvient Gil.

    “Je ne veux pas savoir ce que tu fais là-bas”

    Le week-end suivant, Gil retourne chez ses parents et, toute fière, raconte cet épisode. Un silence gêné s’installe. “Je ne veux pas savoir ce que tu fais là-bas, reviens-moi juste saine et sauve”, lui répond sa mère. Gil réfléchit à ce silence, mais rapidement le quotidien reprend ses droits. “Je n’avais pas le temps de penser à tout ça. Huit heures sur le terrain, huit heures de corvées à la base, je dormais quelques heures et je repartais pour huit heures sur le terrain. C’était une routine très dure, la seule chose que je voulais, c’était avoir mes quelques jours de repos pour rentrer chez moi”, explique-t-elle.

    Aujourd’hui, Gil a 31 ans et termine son master “Action sociale”. Elle veut se lancer dans la politique pour changer les choses de l’intérieur et mettre un terme à l’occupation. Elle anime des conférences et des visites d’Hébron avec Breaking the silence, l’association de vétérans israéliens qui a recueilli son témoignage. Créée il y a près de dix ans, Breaking the silence a rassemblé plus de 900 récits qui dessinent le vrai visage de l’occupation.

    “Chaque mois, j’attends ces rendez-vous avec impatience, partager mon expérience avec des jeunes qui viennent de terminer leur service militaire, c’est difficile et très émouvant, mais c’est tellement gratifiant”, Gil glisse quelques mots en hébreu, se reprend et formule, hésitante : “Je n’arrive pas à exprimer tout ce que je ressens… Aujourd’hui j’ai vraiment le sentiment de faire quelque chose de bien pour ma communauté.”

    “Tout a changé quand je suis redevenue civile”

    La jeune femme ne regrette pas ses années de service, c’était la réalité du terrain, une réalité avec laquelle il fallait apprendre à composer si l’on voulait survivre. Aujourd’hui, elle veut changer les choses, mettre un terme à l’occupation morale, à cette stratégie de la peur. Gil a attendu dix ans avant de témoigner. “Quand j’étais soldat, j’étais très fière de ce que l’on faisait. J’obéissais aux ordres. Tout a changé quand je suis redevenue civile, je me suis dit : ‘Mais putain, qu’est qu’on a fait ?’ Au fur et à mesure, j’ai commencé à poser des questions sur l’action de mon gouvernement”,explique-t-elle. Et une question en entraînant une autre, toutes ses croyances ont été ébranlées. “Témoigner est un acte patriotique, il faut que la communauté israélienne sache ce qu’il se passe sur le terrain, qu’elle connaisse le prix à payer pour sa sécurité”, affirme-t-elle.

    Elle vit “au bout du monde” dans un kiboutz au nord du pays. Elle travaille d’arrache-pied pour valider son année, depuis qu’elle a commencé ses études, elle n’a plus une minute à elle. “C’est mon service académique !”, plaisante la jeune femme. Quand elle n’est pas dans ses livres, elle débat avec son petit ami, enseignant, à qui elle voue un véritable culte. Sa voix éraillée hésite : “Je sais que le processus que j’ai initié ne se terminera jamais, c’est une remise en cause permanente.”