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  • Yemen : La menace terroriste


    Yemen : La menace terroriste est une pure fabrication selon le diplomate français Gilles Gauthier
    Au sujet de la menace terroriste présentée par les États-Unis comme imminente au Yémen et des fermetures d’ambassades occidentales, M. Gilles Gauthier (*), ancien ambassadeur de France au Yémen, a déclaré sur les ondes de France Culture, que les dirigeants européens se sont couverts de ridicule.
    8 AOÛT 2013

    Gilles Gauthier 
     Au journaliste [1] qui demandait si les éléments qui ont permis aux États-Unis de faire état d’une menace imminente au Yémen étaient crédibles et si la fermeture des ambassades et l’évacuation des ressortissants américains ne servaient pas à justifier les écoutes généralisées dénoncées par Edward Snowden M. Gilles Gauthier a répondu :

    « Je voulais d’abord vous dire que j’ai beaucoup aimé votre présentation [2] parce que depuis quelques jours je suis ahuri par la présentation des évènements […] touchant le Yémen par la presse, par tous les médias.

    Effectivement on a un évènement totalement fabriqué ; une communication américaine qui devient un évènement […] et à ce moment là tout le monde commence à s’affoler [...]. Je crois qu’il y a un emballement ; c’est-à-dire que nos chancelleries à nous, nos dirigeants européens, sont pris dans le mouvement, ne savent plus trop ce qu’ils font et ils suivent et ils ferment eux aussi les ambassades […]. C’est un peu dérisoire tout ça…Je suis très content que votre radio, votre émission remette un peu les choses d’aplomb… ».

    […]

    « J’étais ambassadeur au Yémen jusqu’à il y a 3 ans ; et j’y suis retourné au mois de janvier [...] Il y avait eu un moment où le mouvement d’Al-Qaïda avait entièrement contrôlé une assez importante région proche d’Aden. Depuis, le président yéménite a réussi très intelligemment à la récupérer entièrement. On n’en a pas beaucoup parlé ; c’était un évènement positif. […] Les Américains avec leurs drones ne sont pas capables de faire ça. Cela a été fait en coopération avec le président et les tribus du sud. Du coup les gens d’Al-Qaïda se sont trouvés dispersés […] Donc effectivement il y a un danger de ce type … pour les Américains, mais ils sont en danger aussi à cause de leur politique… »

    À la question de savoir si la méthode des États-Unis – l’usage des drones pour combattre le terrorisme - n’est pas contreproductive et si on ne créé pas du terrorisme avec les drones, Obama étant sur la même ligne que George Bush junior, Gilles Gauthier a répondu :

    « Bien sûr, la politique des drones est une façon de fabriquer les terroristes […] Oui c’est dommage, c’est regrettable. Il (Obama) est totalement sur la même ligne ; il l’a même accentuée […] ; les États-Unis, un pays qui a des valeurs démocratiques, sont totalement en dehors de tout droit international ; l’usage des drones en dehors des situations de guerre […] les opérations de guerre sur un territoire étranger, sont une monstruosité. […] Le Yémen n’est pas les État-Unis ; ils n’ont aucun accord militaire officiel qui les autorise à faire cela ; ils sont dans un cadre tout à fait illégitime qui peut être qualifié d’opération terroriste […] ce sont des opérations qui n’entrent dans le cadre d’aucune légitimité internationale. »

    Silvia Cattori




     

    [1] Lors de l’émission « Les Matins d’été » de France Culture, du 8 août.

    [2] Nous avions nous aussi été agréablement surpris par l’honnêteté rare de la part du journaliste

     


  • Foutage de plomb ?


    Alerte anti-terro générale, fermeture des ambassades, mise en ordre de marche de mainstream …

    Seraient-ils en train de péter les plombs ?

    C'est étrangement le patron de l'armée himself qui ouvre le bal dans mainstream. Pourquoi lui d'ailleurs, et non les affaires étrangère ou la sécurité « domestique » ?

    On nous dit que l'alerte a été donner suite à des écoutes. Mais comment ces supposés terroristes, après des années de guerre clandestine, seraient-ils encore assez idiots pour se laisser intercepter ? Galéjade !

    Qui seraient d'ailleurs ces derniers sinon les héritiers de leurs alliés d'hier mis en place, recrutés, formés, et financés obligamment par des pays amis (ça continue d'ailleurs) pendant des années en Afghanistan contre les Soviétiques ? Et ne feraient-ils d'ailleurs pas partie de ces « rebelles » qui combattent en Syrie ?

    Ne voient-ils donc pas les incohérences et les incongruités de leur discours ?

    On nous parle de « guerre juste et d'autodéfense ».

    Mais qui peut bien avoir l'audace de menacer ceux qui, à eux seuls, détiennent pas moins de 50 % du budget mondiale en matière de défense, loin, très loin de ce qu'y consacre la Chine, la Russie et l'Inde réunies ?

    De plus qui attaque vraiment qui depuis des années et des années ?

    Et pourquoi maintenant ? Pour gâcher les légitimes vacances de millions de citoyens tranquilles ou parce que l'affaire syrienne et tout le Proche-orient ne tourne pas comme ils le souhaitent, ou que « la » monnaie est en train de s'écrouler, ou que … ou que ...

    Et quand bien même il y aurait de vraies attaques, comment ne pas penser qu'on ne ferait ainsi qu'alimenter l'ineffable machine à titiller les anti-conspirationistes ?

    Qui peut y croire vraiment sinon mainstream, dont on nous dit d'ailleurs, que paniqués, ils viennent de se rendre compte que personne ne l'écoute plus, qu'on le fiancerait à vide ?

    Toujours la même antienne, … « Bis répétita ne placet » auraient dits les anciens.

    Mais quand redeviendront-ils cette grande nation tant admirée ?

    Tiens, on me dit qu'on va se faire choper par les « grandes oreilles » informatiques !

     

  • Racistes, les amerloques?

    Trayvon Martin: quand le sweat à capuche devient symbole d’injustice raciste

    15/07/2013 | 18h10
    Des gens prient dans une église de New York le 14 juillet 2013 (Keith Bedford/Reuters)

    George Zimmerman, responsable du coup de feu qui a tué l’adolescent noir Trayvon Martin le 26 février 2012 à Sanford (Floride), a été acquitté dimanche. Des marches de protestation ont immédiatement été organisées aux quatre coins des États-Unis. Plusieurs participants avaient revêtu un sweat à capuche, rappelant celui que portait Trayvon Martin le soir de sa mort. Le « hoodie », symbole d’une injustice raciale ? Explications.

    Une étrange photo sépia représentant Martin Luther King en sweat à capuche est relayée à tour de bras sur les réseaux sociaux depuis l’acquittement de George Zimmerman dimanche soir. Américain d’origine hispanique, Zimmerman patrouillait régulièrement dans la banlieue de Sanford, en Floride. Le 26 février 2012 au soir, sa route croise celle de Trayvon Martin, lycéen américain noir, qu’il tue d’un coup de feu. Zimmerman affirme avoir agi en état de légitime défense, une thèse à laquelle adhèrent les six jurés qui l’ont fait acquitter. Un meurtre et un acquittement perçus par la communauté afro-américaine et bon nombre d’Américains comme racistes.

    lutherkinghoodie

    Le soir de sa mort, Trayvon Martin portait un sweat-shirt gris à capuche, qui, troué d’une balle, sera par la suite utilisé comme pièce à conviction dans le procès de Zimmerman. C’est un sweat de ce type, appelé « hoodie » en anglais, que porte Martin Luther King sur la photo qui fait le tour du Web après avoir été tweetée par Van Jones, défenseur des droits civiques et ancien conseiller d’Obama. Réalisée par Nikkolas Smith, illustrateur chez Disney, l’image est un photomontage, comme il nous le confirme par mail :  « Je l’ai réalisée sur Photoshop avec une vieille photo de Martin Luther King en costume-cravate et une photo plus récente de sweat à capuche. J’y ai ajouté des griffures et des filtres pour retrouver l’aspect photo des années 60. » Nikkolas Smith raconte l’avoir créée en 2012 à la suite de la mort de Trayvon Martin. « C’était un hommage au mouvement ‘hoodie’ et une façon de réclamer justice. »

    En dressant un parallèle entre ces deux Martin, deux hommes noirs tués par armes à feu, l’image s’inscrit dans la continuité du mouvement noir « I am Trayvon Martin », qui affirme que n’importe quelle autre personne noire aurait été tuée ce soir-là par Zimmerman, et donc que le meurtre de l’adolescent était un crime raciste. Depuis sa naissance en 2012, le mouvement « I am Trayvon Martin » se matérialise par le port de sweats à capuche, vêtement qui cristallise les clichés sur les jeunes délinquants. Le 23 mars 2012, Barack Obama prenait position en déclarant : « Si j’avais un fils, il ressemblerait à Trayvon Martin ». Cinq jours plus tard, le député démocrate Bobby Rush, ancien membre des Black Panthers, enlevait sa veste pour dévoiler un sweat, dont il revêtait la capuche, dans l’enceinte du Congrès, avant de se faire expulser pour outrage (le port de couvre-chef y est interdit).

    Le mouvement « hoodie » est aussi né en réaction aux propos de Geraldo Rivera, présentateur sur Fow News, qui avait lâché en mars 2012 :

    « J’invite les parents, particulièrement ceux des jeunes latinos et noirs, à ne pas laisser leurs enfants sortir vêtus d’un sweat-shirt à capuche. Je pense que ce vêtement est autant responsable de la mort de Trayvon Martin que George Zimmerman. (…) Je ne dis pas que Trayvon Martin avait une arme mais il portait un vêtement qui peut conduire quelqu’un à réagir de façon irrationnelle, trop zélée. Je pense qu’à moins qu’il ne pleuve ou que vous soyez à une rencontre d’athlétisme, laissez le sweat à capuche à la maison. Ne laissez pas vos enfants sortir avec. »

    Le mouvement « hoodie » a repris de l’ampleur depuis l’annonce de l’acquittement de George Zimmerman. Dans la continuité de la manifestation baptisée « Million Hoodie March » organisée à New York le 21 mars 2012, nombre de participants aux marches de protestation avaient revêtu, dimanche soir, un sweat, capuche rabattue sur la tête.

    Mais il n’y a pas que dans la rue que le « hoodie » a été adopté en signe de protestation. Plusieurs pasteurs afro-américains ont revêtu des sweats à capuches dans le cadre d’un « Hoodie Sunday », dimanche dernier. Le révérend Tony Lee de la Congrégation de l’Espoir, basée près de Washington, a raconté au Huffington Post avoir eu le déclic la veille en apprenant à la radio l’abandon des charges visant Zimmerman. Le révérend Mike McBride de l’Eglise The Way Christian Center (Californie), qui a aussi porté un « hoodie » dimanche , explique : « Nous envisageons de cibler la loi ‘Stand Your Ground’ [qui autorise le recours à une arme à feu en cas de légitime défense - ndlr] qui est largement utilisée contre les Afro-Américains. Nous devons parler de comment le système judiciaire continue de négliger les cadavres de personnes noires« .

     
  • « So Foot », putain 10 ans!

     

    16/06/2013 | 19h45
     

    Crée en 2003 avec un capital de 450 euros, le mensuel qui parle de football autrement fête ses 10 ans. L’occasion d’en savoir un peu plus sur les raisons de son succès à l’heure où la presse papier s’effondre.

    Commençons par le commencement. Fondé en 2003 par une bande de potes sortis de l’Essec, l’histoire du magazine tient un peu de la légende.« Un soir, on s’est dit : et si on faisait un magazine de foot qui ne ressemble pas à un magazine de foot ? » raconte Franck Annese, son directeur de la publication. C’est ainsi, au culot, que germe l’idée d’un mensuel parlant de football autrement, loin de la plume froide et des codes en vigueur dans le journalisme sportif à la française.

    Plus qu’un business plan bien ficelé, ce qui fait la réussite de So Foot, c’est son ton alliant impertinence et décalage, sans jugement moral. Actuel rédacteur en chef du titre, Marc Beaugé (ancien collaborateur des Inrockuptibles – ndlr) précise :

    « L’idée est de faire un magazine que nous, rédacteurs, aimerions lire plutôt que de chercher désespérément à savoir ce que voudrait le lecteur. Certaines personnes nous achètent pour découvrir une interview pointue, sur six pages, d’un entraineur qui parle de sa conception du jeu, d’autres ne nous lisent que pour savoir qui couche avec qui. Du coup, notre public est large et va du branché parisien qui travaille dans un label au mec de province en BTS action commerciale. »

    On touche au secret. Plutôt que de s’adresser à une cible définie au préalable, So Foot vise large et parle à l’ensemble du public amoureux de football, sans cloisonner. A l’image de son lectorat, divers comme le public d’un stade de football, l’équipe rédactionnelle de So Foot peut ressembler de loin à une sympathique armée mexicaine. Après une partie de ping-pong improvisée dans les locaux du magazine, Stéphane Régy, l’un des fondateurs, confirme : « Chez nous, il n’y a personne à l’accueil, pas de secrétariat, pas d’assistant. Javier, qui fait la compta, est aussi journaliste.So Foot n’est pas devenu une entreprise. On fonctionne toujours de manière fanzinale… »

    Alors que le magazine est toisé à ses débuts, son succès en kiosque (de 4000 exemplaires en 2003 à 45 000 dix ans plus tard) a mis tout le monde d’accord. En l’espace de dix ans, So Foot a vu sa ligne éditoriale évoluer et gagner en épaisseur. Les couvertures sont plus travaillées, les numéros mémorables se sont succédé (Domenech, Socrates, les Losers du foot…). Un saut qualitatif dont Marc Beaugé témoigne : « il y a une exigence journalistique qui n’a rien a voir avec celle des débuts. L’idée de se distraire avec la matière football, de ne pas être moralisateur est, elle, restée la même. Ce sont plutôt les moyens que nous mettons en œuvre pour arriver à nos fins (intervenants, maquette, voyages) qui ont changé. L’ensemble est plus professionnel. »

    « En face de nous, il n’y a que de la merde ! »

    Franck Annese et ses journalistes en sont convaincus : c’est grâce à son contenu et à la primauté donnée aux histoires et à l’humain que So Footprogresse. Et même si l’adage grincheux dit que « la France n’est pas un pays de football », le mensuel conquiert chaque année plus de lecteurs. Dans l’univers périclitant de la presse écrite, la parution fait même figure d’exception. Seule parution sportive à afficher une diffusion en amélioration constante à l’OJD, So Foot a vu ses ventes progresser de 13,6% entre 2011 et 2012. Pour autant, Franck Annese, son directeur de la publication, explique volontiers qu’il aurait aimé avoir plus de concurrence.

    « Contrairement à ce qu’on pourrait croire, on aurait besoin de magazines de foot forts à coté de nous. C’est bête mais on dit souvent ‘si tu veux ouvrir une boulangerie, installe-toi dans une rue où il y a déjà une boulangerie’. C’est la même logique en kiosque où les titres se renforcent les uns les autres sauf que pour l’instant, il n’y a pas d’achat d’impulsion puisqu’en face il n’y a que de la merde ! Si il y avait plus de bons magazines de foot, il y aurait de l’émulation, comme une rivalité PSG-OM, et la possibilité de toucher des lecteurs qui, à la base, n’étaient pas venus nous lire… »

    Îlot prospère dans un océan de titres de presse en difficultés, So Foot a réussi à sortir de l’underground parisien pour conquérir, au fil des années un public plus mainstream sans jamais se trahir. La suite promet d’être belle. En chef de meute, Annese assure que le développement du titre n’est pas terminé : « A Paris, on n’est pas loin d’avoir fait le plein mais en province, on peut progresser. Quand tu vois le nombre de gens qui vont au Stade tous les week-ends, ça nous donne de la marge… »

    « So Foot », un nouvel « Actuel » ?

    Si l’esprit So Foot n’a pas changé avec le temps, les moyens à disposition de la République autonome So Footienne se sont étendus. En complément de la version papier, le magazine dispose d’un site très prisé des fans de foot où la formule aux trois « H » (des histoires, de l’humain, de l’humour) trouve une nouvelle interprétation. Décryptages à chauds, utilisation de la vidéo (Mark The Ugly y sévissait avant de rejoindre Canal Street) et blogs affiliés, SoFoot.com a su prendre très tôt le virage du web. Lucide et un brin flingueur, son directeur explique qu’ »Onze Mondial et les autres n’ont pas compris tout de suite ce que l’arrivée d’Internet avait changé pour un mensuel. C’est en fait toute la mission d’information qui change. Il faut apporter de la plus-value. Cela ne va pas sans effort, avec une rédaction composée de trois personnes qui ne sortent jamais de leur bureau… »

    Forte du succès de So Foot papier + web, la joyeuse bande de potes a lancé Pédale, magazine consacré au cyclisme (si, si !) et So Film, un mensuel dédié au septième art. A l’horizon 2014, So Press, la société éditrice des trois magazines, songe sérieusement à étendre son influence en lançant un quinzomadaire destiné à concurrencer les newsmagazines. Lorsqu’il en parle, caché derrière sa casquette et ses cheveux longs, Franck Annese prend soudain des airs de Jean-François Bizot. Attendez voir… Et si So Foot, fort de la façon dont il réinvente la presse et de l’équipe qu’il fédère, était en fait l’Actuel des années 2000 ?

  • O FOOT, LE MAGAZINE DE FOOT

    SO FOOT, LE MAGAZINE DE FOOT QUI NE RESSEMBLE PAS À UN MAGAZINE DE FOOT

    Dix ans après, analyse du succès d'un media atypique
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    So Foot a dix ans. Lancé en 2003 sous les rires goguenards de certains spécialistes de la presse, le mensuel a réussi un étonnant pari : secouer la presse sportive et imposer un ton en marge des canons traditionnels. A coups de reportages, d'enquêtes et de distance par rapport au milieu du foot. Et au prix, selon certains, d'une certaine exploitation des pigistes.

    + 13 % ! C’est la progression de la diffusion, sur un an, de So Foot. Une performance pour laquelle de nombreux éditeurs de presse quotidienne, de magazines ou de presse spécialisée signeraient les yeux fermés. Mieux, pour la dixième année consécutive,So Foot a gagné des lecteurs d’une année sur l’autre. Dans un contexte généralisé de crise de la presse, de ventes en berne, et de disparition annoncée du papier, comment le mensuel a-t-il réussi cette prouesse ? 

    A en croire son fondateur, Franck Annese, rien de plus simple. "Un soir nous nous sommes dits avec deux copains de l’ESSEC (Guillaume Bonamy et Sylvain Hervé, qui à la différence de Annese n’ont pas de fonctions éditoriales dans le magazine, NDR) que nous avions envie de faire un magazine de foot, qui ne ressemble pas à un magazine de foot", se souvient Annese. Après deux numéros zéro et 450 euros de mise de départ, So Foot est lancé. L’astuce de départ : négocier avec l’imprimeur trois tirages d’avance, soit une économie momentanée de 60 000 euros. Pas mal pour démarrer.

    Lancé en 2003, So Foot séduit aujourd’hui quelques 50 000 lecteurs par mois. 15 000 abonnés et 35 000 acheteurs en kiosques.


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    Une société rentable désormais. Le tout avec très peu de publicité. "Si on se fie à la logique des achats médias en France, c’est normal. Par exemple, Sport&Style, ils ont 50 pages de pub parce qu’ils sont distribués avec L’Équipe, mais personne ne le lit. Les annonceurs préfèrent mettre de la publicité dans un magazine de mode qui n’est pas lu, plutôt que dans un canard de foot qui fait 50 000 ventes. Les gens qui font les achats médias, c’est des gens qui ne vont jamais dans les kiosques. Ils n’ont aucune notion de la réalité de la presse en France", balance Annese.

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    Franck Annese, fondateur et directeur de So Foot

    Le kiosque, c’est justement l’une des autres astuces de la bande de So Foot. "En fait, So Foot, c’est l’opposé de toutes les simagrées que l’on nous raconte sur la presse, détaille Annese. Nous ne considérons pas le lecteur comme un client qui aurait envie de telle ou telle chose. Au contraire même, nous faisons le journal que nous avons envie de lire". Loin des préceptes enseignés dans les écoles de journalisme. Et Annese de poursuivre : "Mes clients, ce ne sont pas mes lecteurs. Ce sont les kiosquiers. C’est vis-à-vis d’eux qu’il faut faire du marketing pour expliquer le projet et pour leur donner envie de mettre le magazine en avant". So Foot est actuellement disponible dans 14 000 points de vente dans l’hexagone. Et sur Paris, Annese assure "qu’il connaît personnellement la moitié des kiosquiers". Faire connaître le journal à ceux qui le vendent et dans les pages dudit journal faire exactement ce dont on a envie, voilà donc le créneau de So Foot.


    "Ce mag n’est pas fait par des journalistes sportifs, mais par des passionnés de foot. Par des gens qui ont envie de traiter le football comme un sujet de société en évitant l’écueil qui aurait été de faire des trucs chiants et larmoyants", raconte le fondateur. Il résume : "il faut faire des journaux qui nous font kiffer. Si on se marre à les faire, d’autres se marreront à les lire". Simple, finalement. Mais au final, qu’est ce qui différencie vraiment So Foot de feu Onze Mondial, de l’historiqueFrance Football ou encore de l’Equipe Mag ? Sur ce point précis, Erik Neveu, le sociologue des médias, qui sera l'invité de notre prochaine émission, a un avis.

    Regardez cet extrait picto

     


    UN JOURNAL DE SPORT QUI N'EST PAS FAIT PAR DES JOURNALISTES SPORTIFS 

    Le premier numéro de So Foot, ou plutôt son numéro zéro, est paru pendant la Coupe du Monde asiatique de juin 2002…sans une seule ligne sur l’évènement. L’anecdote peut faire sourire, mais elle en dit long sur la façon dont les "Sofooteux" envisagent leur magazine. Ce qui différencie ce journal des titres existants est définitivement son ton : décalé, ironique, quasi satirique parfois. Et son approche. "Considérer le foot comme un fait culturel implique d’en parler différemment. Sans tomber dans le cliché de la recette nous aimons bien la règle des trois H", glisse Annese. Les 3 H ? "Humour, humain, histoireNous pensons chacun des angles avec cette trilogie. Il doit y avoir une histoire à raconter, des histoires humaines et si possible contenant un peu d’humour. Nous ne portons pas de jugement sur les choses, nous ne donnons pas de point de vue moralisateur. Nous sommes tous des journalistes et nous aimons les histoires". Raconter des histoires, voilà une logique assez proche de celle de la revue XXI, lancée après So Foot.

    Le ton, mais aussi la place faite aux reportages ou à l’enquête : voilà également ce qui démarque le mensuel. Ainsi, dans le dernier numéro, les journalistes sont partis, entre autres, au Brésil, au Monténégro, en Suisse, en Roumanie, en Italie, en Turquie, en Colombie, à Chypre, dans la banlieue parisienne ou encore à Aix en Provence. Ces reportages et ces enquêtes au long cours coûtent cher. Chaque numéro de So Foot coûte environ 245 000 euros à produire. "C’est un choix. Ce que nous mettons ici, nous ne le mettons pas ailleurs. Mais c’est que qui fonde notre identité", confie Annese. Ainsi, le modèle économique, s’il est professionnel tient aussi un peu du fanzine. Il y a 200 pigistes réguliers par an, les conférences de rédaction sont "épiques" selon les dires de l’un des participants mais cette structure légère (à peine dix permanents) permet aussi les voyages aux quatre coins du monde.

    agentssofoot

    Le ton, les reportages, mais aussi les enquêtes. So Foot a été le premier journal français à s'intéresser en profondeur au racisme dans le football, aux entourloupes des agents de joueurs, au dopage, mais aussi à enquêter sur l'état du championnat tchétchène, sur la rivalité politique entre la Lazio de Rome (droite) et l'AS Roma (gauche), ou encore sur les liens entre quelques clubs libanais et le Hezbollah. Bref, So Foot tape partout, enquête sur tout et même sur des sujets aussi loufoques que les travelos du Bois de Boulogne : gagnent-ils davantage quand le PSG gagne ? C'est ce mix qui a plu au lectorat. C'est ce mix là aussi qui rend parfois la relation au milieu institutionnel du foot plus complexe.

    THIERRY HENRY ET PATRICE EVRA REFUSENT DE PARLER

    En effet reste une interrogation : avec son statut atypique, quel est le rapport entretenu par So Foot avec le milieu du foot : agents de joueurs, clubs, et joueurs ? Après enquête auprès de l’entourage de certains clubs ou joueurs, il ressort que l’image du magazine est plutôt bonne. Quoique regardée avec un brin de méfiance. "So Foot a acquis une vraie dimension, c’est un magazine plaisant à lire. Evidemment qu’il faut compter avec lui, mais pour des choses décalées et sans perdre de vue que l’on peut toujours s’y faire tacler, même lorsque l’on ouvre les portes", confie à @si, le directeur de la communication d’un grand club de Ligue 1. Côté So Foot le son de cloche est le même."Globalement, les gens nous prennent au téléphone. Mais le Oui comme le Non sont en général très francs", sourit Annese.

    Un journaliste du mensuel renchérit "Nous ne sommes pas au quotidien dans la relation aux clubs et aux joueurs, nous n’allons pas aux conférences de presse et nous ne sommes pas dans l’attribution de notes ou de bons points, du coup cela peut à la fois fluidifier certaines relations, mais aussi les compliquer". Clairement, un agent de joueur, un joueur, ou un club de foot, ont comme tous les personnages publics des séquences de communication : il vaut mieux apparaître lors d’une période faste que lors d’une période de blessure, idem pour ce qui est des transferts etc…Problème : cet agenda – dont So Foot se "contrefout"- peut tendre les relations. Ainsi, par exemple, un journaliste del’Equipe raconte. "Un jour j’ai interviewé un international français, il était très tendu, j’essaye de comprendre pourquoi, je lui demande, il me dit : je me méfie des journalistes, l’autre jour il y en a un de So Foot à qui j’ai fait confiance qui me l’a fait à l’envers". Sous entendu : qu’il ne s’est pas mué en porte voix. Impossible toutefois de connaître le nom de ce joueur en colère. Certains joueurs ou ex-joueurs refusent d'ailleurs toujours de parler à So Foot. C'est notamment le cas de Thierry Henry et de Patrice Evra.

    LA VRAIE-FAUSSE INTERVIEW DE LILY ALLEN : UNE CAGADE MÉMORABLE

    lily Dans ce tableau quasi idyllique aucun raté ? Il y en a au moins un, mémorable. En 2009, la chanteuse Lily Allen est interviewée par une journaliste pigiste du mensuel. L'entretien est publié et Lily Allen décide de saisir les tribunaux britanniques en arguant que l'interview n'avait jamais eu lieu et que la journaliste avait "tout inventé". "Nous étions dans une situation très compliquée. C'était parole contre parole", admet Annese qui a malgré tout pris la défense de sa journaliste. Au final, le conflit s'est arrangé à l'amiable mais la petite histoire a coûté 100 000 euros à So Foot. L'interview a-t-elle réellement eu lieu ? Au sein du magazine, les avis sont partagés. Tous, en tout cas, ont un doute. Résultat : depuis cet épisode la règle est d'enregistrer toutes les interviews.

     

    Autre interrogation : le site de So Foot. S'il fonctionne bien, est dans un entre deux. "En fait, avec le site on est dans une situation particulière, détaille un journaliste. Nous sommes dans une logique de flux d'actualité, et en même temps ce n'est pas ce qui fait l'identité de So Foot. Du coup, on essaye de faire des choses drôles et décalées". Ainsi, sur le site, les passionnés de foot peuvent trouver des classement des 100 meilleurs joueurs de l'histoire, des vidéos, des vannes, et des informations traitées de manière éditorialisée sur le marché des transferts. Plus proche de l'immédiateté et du travail classique d'un site d'actualité sportive. Pour le moment, le site coûte environ 30 000 euros par mois et n'a pas encore atteint le seuil de rentabilité. sofoothome

    Une autre critique qui revient souvent à l'encontre de So Foot est la façon dont les pigistes sont payés au lance-pierres. Cet aspect a d'ailleurs été évoqué en janvier 2013 par Libération dans un portrait plutôt élogieux de Franck Annese. "La pige reste le scandale de ses canards : il paye 60 euros la page. Autrement dit peanuts et pipi de chat, un montant si ridicule qu’il serait plus honnête d’admettre que bosser pour So Foot ne permet pas de bouffer", écrit ainsi Mathieu Palain avant de donner la parole à un pigiste "déçu de son chèque" qui décrypte le fonctionnement du canard et d'Annese. "Son fonctionnement, c’est "je te dis oui pour le tour du monde mais ne me demande pas de bien te payer", raconte à Libé ce collaborateur de So Foot. Et là-dessus, Annese répond de manière claire et vive. "On n'exploite pas les pigistes. Ils sont payés 65 euros le feuillet et pas la page, c'est autant qu'à Libération ou aux Inrocks. Je n'accepte donc pas que l'on me fasse des leçons là-dessus, surtout quand ceux qui les font payent autant ou moins que nous. Si Elle et Télérama viennent me dire que nos pigistes sont sous - payés, j'accepte. Venant des autres, c'est vraiment scandaleux".

    Si la réussite globale de So Foot est plutôt saluée par les autres médias, certains journalistes sportifs ou autres ricanent lorsque l'on évoque avec eux le sujet. "Franchement, quand je vois leurs articles je ne me dis pas qu'ils réinventent la presse sportive. Ils sont dans une niche, avec un ton décalé qui démontre un certain talent, mais à part ça c'est un peu court", tacle un journaliste de l'Equipe.

    QATARGATE : UN SCOOP RATÉ ?


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    Il ajoute : "Ce n'est pas dans So Foot que l'on a parlé du Qatargate (le scandale selon lequel le Qatar aurait acheté l'attribution de le Coupe du Monde 2022 avec la complicité de Michel Platini et Nicolas Sarkozy, nous vous en parlions ici), mais dans France Foot". Devant cette critique, Annese rigole. "En fait nous avions sorti les mêmes informations un an auparavant dans le numéro avec Mario Balotelli en Une. Nous avions les documents etc, mais en effet, il n'y a pas eu le même retentissement". En fait, les deux ont raison. Lors du rachat du PSG par les qataris en juin 2011, So Footavait évoqué la réunion entre Nicolas Sarkozy, le prince du Qatar, Tamin bin Hamad al-Thani, Michel Platini, président de l'UEFA, et Sébastien Bazin (Colony Capital, à l'époque, propriétaire du Paris SG en proie à de grosses difficultés financières et proche de Nicolas Sarkozy).

    Mais où France Football va plus loin, c'est qu'il fait la Une sur l'information, qu'il est partie prenante du monde du football et surtout qu'il publie des documents notamment des mails internes à la FIFA, des témoignages d'anciens salariés de l'institution etc... De fait, là où So Foot a évoqué la réunion, France Foot a apporté des éléments supplémentaires.

    Dans la discussion avec une autre journaliste, une autre critique apparaît : le relatif désintérêt de So Foot pour les questions sensibles du foot et notamment la place prépondérante de l'argent. Là-dessus, Annese a une réponse, tranchée. "D'abord, à chaque fois que nous avons eu des éléments nouveaux sur les zones d'ombres des flux d'argent dans le foot, nous avons traité le sujet". Pour lui "passer son temps à pourfendre l'argent roi dans le foot est une posture intellectuelle vaine". C'est pour cela que "le mag n'en parle pas tous les mois". Et il conclut dans un sourire :"Si on veut vraiment moins d'argent dans le foot, on éteint sa télé et on arrête de le regarder ou alors, on change le système capitaliste. Moi je suis pour, mais cela passe par une révolution".

    La révolution, So Foot se contente pour le moment de la faire dans ses méthodes, son ton et son approche culturelle du sport. Pour les dix ans du magazine, certains médias ont célébré cet anniversaire. Des médias amis bien sûr. AinsiLibération avec qui So Foot a fait plusieurs cahiers thématiques lors des Euro ou des Coupes du Monde, à travers un petit papier et un portrait d'Annese, (non sans critiques, on l'a vu). De même, pour les Inrocks qui sur le web ont consacré un papier au modèle So Foot. Enfin, il faut signaler aussi un article de l'Expansion - pas forcément un media ami - qui entrait lui aussi dans les coulisses de l'aventure.

    SO FOOT FAIT DES PETITS

    Dans dix ans, peut-être écrirons nous aussi sur les autres réussites d'Annese. Outre So Foot, l'éditeur a lancé Doolittle (un magazine trimestriel de mode culture et société sur le monde de l'enfance dédié aux parents), Pedale (qui sort une fois par an au moment du tour de France) vrai magazine de journalistes sur le vélo. Mais aussi et surtout So Film, réplique de So Footsur le monde du cinéma. Le pari : s'extraire de la promo, suivre des acteurs sur le long cours et raconter des histoires humaines sur le cinéma. L'idée de base est simple :"sortir de l'idée selon laquelle un mag de ciné est obligé de faire sa Une sur un blockbuster américain", souligne Annese. Au bout d'un an le titre écoule 18 000 exemplaires par mois. Situé entre l'historique Les Cahiers du Cinéma et le leader du groupe Lagardère Première.

    Dernier projet en date : un quinzomadaire de société, car Annese confie ne plus "croire au rythme hebdomadaire" qui aura pour but de "raconter la vie et le monde", loin de la trilogie "Le Point, l'Express, L'Obs qui se ressemblent et ne parlent à personne". Sortie prévue pour la rentrée 2014.

    sofilm

    Les années 1980-1990 ont connu Jean-François Bizot créateur de Nova et d'Actuel, inspirateur de toute une génération de journalistes. Et si dans la personne d'Annese, les années 2000-2010, avaient elles aussi découvert l'inventeur d'un nouveau style de presse ?