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Racistes, les amerloques?

Trayvon Martin: quand le sweat à capuche devient symbole d’injustice raciste

15/07/2013 | 18h10
Des gens prient dans une église de New York le 14 juillet 2013 (Keith Bedford/Reuters)

George Zimmerman, responsable du coup de feu qui a tué l’adolescent noir Trayvon Martin le 26 février 2012 à Sanford (Floride), a été acquitté dimanche. Des marches de protestation ont immédiatement été organisées aux quatre coins des États-Unis. Plusieurs participants avaient revêtu un sweat à capuche, rappelant celui que portait Trayvon Martin le soir de sa mort. Le « hoodie », symbole d’une injustice raciale ? Explications.

Une étrange photo sépia représentant Martin Luther King en sweat à capuche est relayée à tour de bras sur les réseaux sociaux depuis l’acquittement de George Zimmerman dimanche soir. Américain d’origine hispanique, Zimmerman patrouillait régulièrement dans la banlieue de Sanford, en Floride. Le 26 février 2012 au soir, sa route croise celle de Trayvon Martin, lycéen américain noir, qu’il tue d’un coup de feu. Zimmerman affirme avoir agi en état de légitime défense, une thèse à laquelle adhèrent les six jurés qui l’ont fait acquitter. Un meurtre et un acquittement perçus par la communauté afro-américaine et bon nombre d’Américains comme racistes.

lutherkinghoodie

Le soir de sa mort, Trayvon Martin portait un sweat-shirt gris à capuche, qui, troué d’une balle, sera par la suite utilisé comme pièce à conviction dans le procès de Zimmerman. C’est un sweat de ce type, appelé « hoodie » en anglais, que porte Martin Luther King sur la photo qui fait le tour du Web après avoir été tweetée par Van Jones, défenseur des droits civiques et ancien conseiller d’Obama. Réalisée par Nikkolas Smith, illustrateur chez Disney, l’image est un photomontage, comme il nous le confirme par mail :  « Je l’ai réalisée sur Photoshop avec une vieille photo de Martin Luther King en costume-cravate et une photo plus récente de sweat à capuche. J’y ai ajouté des griffures et des filtres pour retrouver l’aspect photo des années 60. » Nikkolas Smith raconte l’avoir créée en 2012 à la suite de la mort de Trayvon Martin. « C’était un hommage au mouvement ‘hoodie’ et une façon de réclamer justice. »

En dressant un parallèle entre ces deux Martin, deux hommes noirs tués par armes à feu, l’image s’inscrit dans la continuité du mouvement noir « I am Trayvon Martin », qui affirme que n’importe quelle autre personne noire aurait été tuée ce soir-là par Zimmerman, et donc que le meurtre de l’adolescent était un crime raciste. Depuis sa naissance en 2012, le mouvement « I am Trayvon Martin » se matérialise par le port de sweats à capuche, vêtement qui cristallise les clichés sur les jeunes délinquants. Le 23 mars 2012, Barack Obama prenait position en déclarant : « Si j’avais un fils, il ressemblerait à Trayvon Martin ». Cinq jours plus tard, le député démocrate Bobby Rush, ancien membre des Black Panthers, enlevait sa veste pour dévoiler un sweat, dont il revêtait la capuche, dans l’enceinte du Congrès, avant de se faire expulser pour outrage (le port de couvre-chef y est interdit).

Le mouvement « hoodie » est aussi né en réaction aux propos de Geraldo Rivera, présentateur sur Fow News, qui avait lâché en mars 2012 :

« J’invite les parents, particulièrement ceux des jeunes latinos et noirs, à ne pas laisser leurs enfants sortir vêtus d’un sweat-shirt à capuche. Je pense que ce vêtement est autant responsable de la mort de Trayvon Martin que George Zimmerman. (…) Je ne dis pas que Trayvon Martin avait une arme mais il portait un vêtement qui peut conduire quelqu’un à réagir de façon irrationnelle, trop zélée. Je pense qu’à moins qu’il ne pleuve ou que vous soyez à une rencontre d’athlétisme, laissez le sweat à capuche à la maison. Ne laissez pas vos enfants sortir avec. »

Le mouvement « hoodie » a repris de l’ampleur depuis l’annonce de l’acquittement de George Zimmerman. Dans la continuité de la manifestation baptisée « Million Hoodie March » organisée à New York le 21 mars 2012, nombre de participants aux marches de protestation avaient revêtu, dimanche soir, un sweat, capuche rabattue sur la tête.

Mais il n’y a pas que dans la rue que le « hoodie » a été adopté en signe de protestation. Plusieurs pasteurs afro-américains ont revêtu des sweats à capuches dans le cadre d’un « Hoodie Sunday », dimanche dernier. Le révérend Tony Lee de la Congrégation de l’Espoir, basée près de Washington, a raconté au Huffington Post avoir eu le déclic la veille en apprenant à la radio l’abandon des charges visant Zimmerman. Le révérend Mike McBride de l’Eglise The Way Christian Center (Californie), qui a aussi porté un « hoodie » dimanche , explique : « Nous envisageons de cibler la loi ‘Stand Your Ground’ [qui autorise le recours à une arme à feu en cas de légitime défense - ndlr] qui est largement utilisée contre les Afro-Américains. Nous devons parler de comment le système judiciaire continue de négliger les cadavres de personnes noires« .

 

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