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  • Réforme bancaire, pas encore cette fois-ci

    Réforme bancaire : encore une promesse de Hollande qui fait plouf

    Pascal Riché | Redchef Rue89


    Détournement de couverture de Martine

    « Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance », clamait François Hollande dans une formule restée comme le marqueur de sa campagne. Neuf mois plus tard, que reste-t-il de cette volonté de réformer la machine infernale à l’origine des crises de ces dernières années ?

    Hum... La réforme la plus simple, qui consisterait à séparer de façon étanche les activités de banque de dépôt et de banque d’investissement, est en train de passer à la trappe. Le candidat socialiste à la présidentielle proposaitde « séparer les activités des banques qui sont utiles à l’investissement et à l’emploi, de leurs opérations spéculatives » (engagement n°7), mais depuis, le lobby bancaire n’a pas été inactif : la réforme présentée ce mercredi en Conseil des ministre n’est pas à la hauteur de la promesse.

    L’idée était pourtant simple : une banque ne devrait pas pouvoir faire porter sur sa clientèle « classique » (les déposants, les épargnants, les emprunteurs) le risque de ses jongleries financières. Les pertes de Jérôme Kerviel n’ont rien à voir avec les dépôts ordinaires des clients de la Société générale. Il n’y a aucune raison que les épargnants ou les contribuables payent les pots cassés des activités spéculatives de leurs banques.

    Ça serait un retour « vingt ans en arrière »

    Cette idée poussée par la gauche avant qu’elle ne soit au pouvoir, et que partagede nombreux économistes dans le monde entier, est en passe d’être abandonnée. Dès le mois d’octobre, le ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici a pris ses distances :

    « Je pense que si on sépare, on risque de fragiliser les deux activités. »

    Pour finir par juger que ce serait un retour « vingt ans en arrière ».

    L’idée n’est certes pas nouvelle : elle avait fait l’objet d’une loi aux Etats-Unis dès les années 30 (le Glass-Steagall Act) et servi de pierre angulaire bancaire aux Trente Glorieuses en France. Bill Clinton, pressé par les lobbies, avait abrogé la loi et le regrette aujourd’hui publiquement !

    Plus récemment, la séparation a été prônée par un rapport britannique conduit par John Vickers et elle est étudiée dans de nombreux pays. La proposition de Vickers n’est pas radicale : il suggère de filialiser les deux types d’activités au sein de chaque établissement.

    Mais les banques, qui ont peur d’être découpées et de maigrir, ont argué que la qualité de leurs services vient de la diversité de leurs activités. Les activités de marché les rendraient plus compétitives, ce qui aurait un impact favorable sur les conditions de crédit aux particuliers ou aux entreprises...

    Pour un peu, à les écouter, Gordon Gekko, héros du « Wall Street » d’Oliver Stone, serait au service du bas de laine de madame Michu.

    Un simple « pistolet à bouchon » pointé sur les banques

    La vérité c’est que c’est le bas de laine de madame Michu qui sert d’assurance vie aux pirouettes et à la carrière des Gordon Gekko. En effet, si l’Etat, dans plusieurs pays, est intervenu pour soutenir les banques (Citigroup, Royal Bank of Scotland, Dexia..), c’est avant tout pour éviter le chaos général.

    Séparez les activités et Gekko aura du soucis à se faire : en cas d’accident, la liquidation de ses activités sera alors possible sans trop nuire à l’économie. Le contribuable ne sera plus là pour lui sauver la mise.

    Force est de constater que le projet présenté au Conseil des ministres est une reculade par rapport à ce qui était envisagé. La sanctuarisation des activités à risque est réduite à presque rien.

    Exemple que nous fournit Christophe Nijdam, analyste bancaire chez AlphaValue : dans le cas de la BNP, il s’agit de cantonner 0,5% de son « produit net bancaire » (le chiffre d’affaires d’une banque) dans une filiale. « Ce qui n’est que l’épaisseur du trait. On ne peut pas appeler cela une réforme », commente-t-il abruptement.

    Encore moins ambitieux qu’aux Etat-Unis


    Un pistolet en plastique (Noisemedia)

    On peut en revanche l’appeler un pistolet à bouchon, pour reprendre l’expression d’Olivier Berruyer, président de DiaCrisis. Même le trading haute fréquence a été épargné !

    Le projet est moins ambitieux que ce qui a été engagé aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. Et bien moins ambitieux que le projet de réforme bancaire européen à l’étude, connu sous le nom de rapport Liikanen. Pour reprendre l’exemple de Nijdam, l’application minimaliste de Liikanen cantonnerait, toujours dans le cas de la BNP, 13% de son produit net bancaire, soit 26 fois plus !

    Pierre Moscovici avait promis qu’avec la réforme bancaire, il y aurait un « avant » et un « après ». Sauf si le gouvernement ou les députés se ressaisissent, il n’y aura en réalité qu’un « avant » qui perdure.

    Pour le monde « d’après », celui dans lequel la finance sera remise à sa place, celle d’un outil au service de l’économie, il faudra attendre. Et hélas, probablement attendre la prochaine crise.

    HOLLANDE : « JE VAIS VOUS DIRE QUEL EST MON VÉRITABLE ADVERSAIRE »
  • Mediapart, média à abattre

     

    Chassez cette ligue de vertueux que je ne saurais entendre. Elisabeth Levy dans Causeur résume bien le sentiment d’une partie des médias et de l’élite parisienne qui à l’occasion de l’affaire Cahuzac revendique le droit de ne pas savoir. Autrement dit, de ne pas informer.

    Elisabeth Levy prompte pourtant d’habitude à l’apostrophe fait aujourd’hui l’apologie d’une presse en col blanc. Une presse de commentaires et de publi-reportage, bien pensante, peu dérangeante qui refuse de mettre les mains dans le cambouis. Bref, un quatrième pouvoir qui n’a de "pouvoir" que celui de se taire et de casser les miroirs. A moins qu’il ne s’agisse de monnayer son silence au cinquième pouvoir, celui de l’argent.

    L’affaire Mediapart-Cahuzac est le signe tangible du délitement de la société française comme en témoigne parle mauvais classement de notre pays dans la lutte contre la corruption. La démocratie française est malade, bien malade. Forte avec les faibles et faible avec les forts.

    Il flotte décidément sur la France à l’aube de 2012 un parfum d’ancien régime avec une aristocratie dirigeante bien décidée à laver son petit linge sale en famille mais certainement pas à la vue du peuple français au nom duquel pourtant se rend la justice. Au triptyque républicain, elle préfère le sien : cupidité, solidarité, immunité.

    L’invention du fameux responsable mais pas coupable a ouvert une porte dont on mesure aujourd’hui tous les effets. Elle a constitué un appel d’air à une nouvelle façon de faire de la politique. Sans panache, sans un sens minimum de l’honneur. Désormais, on ne démissionne plus. On s’accroche aux postes coûte que coûte, en faisant le gros dos, comme une moule à son rocher. Woerth et Cahuzac même combat, même scénario ?

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    De quoi Mediapart est-il le nom ? Pas de sanguinaires ou attardés tribunaux populaires mais, d’une aspiration légitime d’une société qui a la démocratie chevillée au corps et encore quelques gênes de sans culotte au fond de celle-ci. Car sur un plan constitutionnel, ce qui distingue la démocratie de l’absolutisme c’est que gouvernants sont comptables de leurs actes devant les gouvernés.

    Dans le combat engagé, le site d’Edwy Plenel compte les soutiens sur les doigts de la main. Les plus notoires sont Rue 89Sud-Ouest et Lyon capitale qui résume dans un titre la situation : "Jérôme Cahuzac : un silence médiatique étrange, des soutiens politiques inattendus". Pourtant même le très sérieux et réservé quotidien Helvétique Le Temps s’étonne que le mis en cause ne demande pas à UBS une simple attestation indiquant qu’il n’a jamais disposé de compte chez eux, ce qui serait une opportunité simple pour se disculper.

    L’avenir et peut être la justice diront si Mediapart avait raison. Les blessures seront longues à cicatriser entre une presse dont la complaisance a été mise à jour et les rares organes de presse qui disposent encore d’une réelle liberté de ton et d’une volonté d’investigation.

    Mais c’est dans le milieu politique que viendra le plus fort séisme. Pour ne pas avoir compris qu’à partir du moment où on a donné à l’austérité, au tour de vis budgétaire, c’est-à-dire à la réduction des crédits publics dans la vie quotidienne le visage de Jérôme Cahuzac, celui-ci ne pouvait pas, ne pas être exemplaire dans sa relation avec l’administration fiscale. Pour ne pas avoir saisi que les NTIC ont révolutionné les relations entre dirigeants et citoyens. En offrant à ces derniers un accès au savoir, à la mémoire et la possibilité de comparer les promesses d’hier avec les actes d’aujourd’hui.

    Mediapart par son travail, et c’est ce qui dérange, joue un rôle de lanceur d’alerte. Ces gens souvent ordinaires que Wikipédia définit comme des personnes ou groupes de personnes qui estiment avoir découvert des éléments qu'ils considèrent comme menaçants pour l'homme, la société, l'économie ou l'environnement et qui de manière désintéressée décident de les porter à la connaissance générale.

    On peut tenter de les ignorer par une politique de l’autruche comme le propose Elisabeth Levy ou, on peut tenter de les faire taire. Le plus sage est encore de les écouter.