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Mediapart, média à abattre

 

Chassez cette ligue de vertueux que je ne saurais entendre. Elisabeth Levy dans Causeur résume bien le sentiment d’une partie des médias et de l’élite parisienne qui à l’occasion de l’affaire Cahuzac revendique le droit de ne pas savoir. Autrement dit, de ne pas informer.

Elisabeth Levy prompte pourtant d’habitude à l’apostrophe fait aujourd’hui l’apologie d’une presse en col blanc. Une presse de commentaires et de publi-reportage, bien pensante, peu dérangeante qui refuse de mettre les mains dans le cambouis. Bref, un quatrième pouvoir qui n’a de "pouvoir" que celui de se taire et de casser les miroirs. A moins qu’il ne s’agisse de monnayer son silence au cinquième pouvoir, celui de l’argent.

L’affaire Mediapart-Cahuzac est le signe tangible du délitement de la société française comme en témoigne parle mauvais classement de notre pays dans la lutte contre la corruption. La démocratie française est malade, bien malade. Forte avec les faibles et faible avec les forts.

Il flotte décidément sur la France à l’aube de 2012 un parfum d’ancien régime avec une aristocratie dirigeante bien décidée à laver son petit linge sale en famille mais certainement pas à la vue du peuple français au nom duquel pourtant se rend la justice. Au triptyque républicain, elle préfère le sien : cupidité, solidarité, immunité.

L’invention du fameux responsable mais pas coupable a ouvert une porte dont on mesure aujourd’hui tous les effets. Elle a constitué un appel d’air à une nouvelle façon de faire de la politique. Sans panache, sans un sens minimum de l’honneur. Désormais, on ne démissionne plus. On s’accroche aux postes coûte que coûte, en faisant le gros dos, comme une moule à son rocher. Woerth et Cahuzac même combat, même scénario ?

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De quoi Mediapart est-il le nom ? Pas de sanguinaires ou attardés tribunaux populaires mais, d’une aspiration légitime d’une société qui a la démocratie chevillée au corps et encore quelques gênes de sans culotte au fond de celle-ci. Car sur un plan constitutionnel, ce qui distingue la démocratie de l’absolutisme c’est que gouvernants sont comptables de leurs actes devant les gouvernés.

Dans le combat engagé, le site d’Edwy Plenel compte les soutiens sur les doigts de la main. Les plus notoires sont Rue 89Sud-Ouest et Lyon capitale qui résume dans un titre la situation : "Jérôme Cahuzac : un silence médiatique étrange, des soutiens politiques inattendus". Pourtant même le très sérieux et réservé quotidien Helvétique Le Temps s’étonne que le mis en cause ne demande pas à UBS une simple attestation indiquant qu’il n’a jamais disposé de compte chez eux, ce qui serait une opportunité simple pour se disculper.

L’avenir et peut être la justice diront si Mediapart avait raison. Les blessures seront longues à cicatriser entre une presse dont la complaisance a été mise à jour et les rares organes de presse qui disposent encore d’une réelle liberté de ton et d’une volonté d’investigation.

Mais c’est dans le milieu politique que viendra le plus fort séisme. Pour ne pas avoir compris qu’à partir du moment où on a donné à l’austérité, au tour de vis budgétaire, c’est-à-dire à la réduction des crédits publics dans la vie quotidienne le visage de Jérôme Cahuzac, celui-ci ne pouvait pas, ne pas être exemplaire dans sa relation avec l’administration fiscale. Pour ne pas avoir saisi que les NTIC ont révolutionné les relations entre dirigeants et citoyens. En offrant à ces derniers un accès au savoir, à la mémoire et la possibilité de comparer les promesses d’hier avec les actes d’aujourd’hui.

Mediapart par son travail, et c’est ce qui dérange, joue un rôle de lanceur d’alerte. Ces gens souvent ordinaires que Wikipédia définit comme des personnes ou groupes de personnes qui estiment avoir découvert des éléments qu'ils considèrent comme menaçants pour l'homme, la société, l'économie ou l'environnement et qui de manière désintéressée décident de les porter à la connaissance générale.

On peut tenter de les ignorer par une politique de l’autruche comme le propose Elisabeth Levy ou, on peut tenter de les faire taire. Le plus sage est encore de les écouter.

 
 

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