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Lobbies du tabac -1-


Lobbies du tabac: les critiques se durcissent contre le patron de l'office européen anti-fraude

05 MAI 2013 | PAR LUDOVIC LAMANT

De notre envoyé spécial à Bruxelles

Les appels à la démission du patron de l'Olaf, l'office européen anti-fraude, se sont renforcés à Bruxelles, après la publication dans la presse maltaise de la quasi-intégralité du rapport à l'origine de la démission de l'ex-commissaire européen à la santé, John Dalli. 

Depuis son éclatement à l'automne dernier, le scandale du « Dalligate », qui ressemble de plus en plus aux intrigues des romans d'espionnage de John Le Carré, relance le débat sur l'influence de l'industrie du tabac au cœur de la commission européenne. 

La diffusion par le Malta Today du rapport, que l'Olaf comme la commission européenne refusaient jusqu'à présent de rendre public, prétextant l'enquête en cours à Malte, a rappelé à quel point le dossier contenait encore nombre de zones d'ombre, six mois après la démission forcée du Maltais Dalli. 

À la lecture du document (dont certaines pages manquent), deux conclusions s'imposent. D'abord, la conduite de John Dalli n'a pas été irréprochable de bout en bout, si l'on s'en tient aux conclusions du texte. Mais l'Olaf a aussi mené une enquête expéditive, que de nombreux observateurs jugent « à charge », contre l'ex-commissaire.



« Ce document confirme l'impression d'une enquête biaisée, menée dans un relatif amateurisme par l'Olaf, et à cela s'ajoutent les violations des droits fondamentaux », réagit Inge Grässle, une eurodéputée allemande du PPE (formation de droite, majoritaire au parlement) en pointe sur le dossier. « La partie disponible du rapport est remplie de spéculations. »

Pour l'élu français José Bové (Verts), qui suit lui aussi de près l'affaire, « les accusations contre M. Dalli ne reposent pas sur des faits concrets ». Quant au Corporate Europe Observatory (CEO), une ONG qui milite pour davantage de transparence à Bruxelles, « c'est comme si l'Olaf avait compilé, de manière sélective, des arguments allant tous dans le même sens, pour prouver la culpabilité de Dalli, sans se poser la question de la crédibilité des témoins interrogés »

Au moment où il est poussé vers la sortie, John Dalli travaillait à la révision de la directive « tabac », qu'il avait prévu de durcir, malgré les réticences des cigarettiers. À Malte, un proche de Dalli entre en contact avec un producteur de « snus », du tabac à mâcher interdit dans l'Union, et propose à l'entreprise d'approcher le commissaire pour assouplir, moyennant pas moins de 60 millions d'euros, la future directive tabac. 

D'après l'Olaf, qui estime détenir des « preuves circonstancielles non ambiguës et convergentes », le Maltais est coupable d'avoir appris les « machinations » qui se tramaient, et de ne pas en avoir fait état, encore moins d'avoir cherché à les bloquer. Mais Dalli jure qu'il s'est fait piéger par l'industrie du tabac. Démissionnaire en octobre, il a porté plainte pour diffamation, devant la justice belge, en décembre (lire nos premiers articles sur cette affaire ici ou encore ).

 

 

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