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ITALIE • Une ministre noire

ITALIE  Une ministre noire pour revenir sur la loi anti-immigrés

D’origine congolaise, la nouvelle ministre italienne de l’Intégration est la première femme de couleur au gouvernement. Depuis sa nomination et encore plus depuis qu'elle veut assouplir les lois anti-immigration votées par la droite en 2002,  elle est victime d'insultes racistes.
Cécile Kyenge compte abroger la loi de 2002 sur l'immigration - Andreas Solaro/AFPCécile Kyenge compte abroger la loi de 2002 sur l'immigration - Andreas Solaro/AFP
Dès le premier jour de sa nomination, Cécile Kyenge a fait l'objet d'insultes, notamment dans les commentaires de certains sites d'information en ligne qui annonçaient la nouvelle. Depuis quelques jours, ce sont carrément des hommes politiques qui profèrent des remarques racistes à son encontre. "C'est un choix de merde", a déclaré Mario Borghezio, député européen de la Ligue du Nord. "La ministre Kyenge doit rester chez elle, au Congo. C'est une étrangère dans ma maison", a de son côté déclaré Erminio bosco, un ex-sénateur de la Ligue du Nord. 

A tel point que le chef du gouvernement a pris soin de prendre sa défense. "Cécile Kyenge est fière d'être noire et nous sommes fiers de l'avoir dans notre gouvernement comme ministre de l'Intégration", ont affirmé dans un communiqué conjoint Enrico Letta et le vice-président du Conseil, Angelino Alfano (droite).

"La nouvelle ministre de la Coopération internationale et de l’Intégration du gouvernement Letta, Cécile Kyenge Kashetu, née en République démocratique du Congo, souhaite assouplir les lois anti-immigration, rapporte Il Fatto Quotidiano. Dans sa ligne de mire, la loi Bossi-Fini : voté en 2002, ce texte encadre très strictement l’entrée des étrangers, facilite les reconductions à la frontière et institue l’usage des centres de détention des immigrés clandestins.

Elue du Parti démocrate aux législatives de février 2013, Cécile Kyenge était déjà le premier député noir dans l’histoire italienne (élue conjointement à Khalid Chaouki, premier député maghrébin) ; elle est aujourd’hui la première ministre noire. "J’ai été surprise de cette nomination", déclare-t-elle, "mais elle est significative : elle montre que finalement, en Italie, les choses commencent à changer. Ce pays est aussi fait de personnes qui viennent d’autres nations, qui ont une autre couleur de peau mais qui vivent ici et forment, toutes ensemble, un corps unique de citoyens." C’est pour eux, pour "les invisibles, les sans-droits, les sans-voix" que "je parlerai comme ministre", ajoute-t-elle.

Etendre la citoyenneté

Diplômée de médecine et de chirurgie et spécialisée dans l’ophtalmologie, Cécile Kyenge "se bat depuis 2004 pour faire entrer ‘le métissage au Parlement’", explique le journal Il Fatto Quotidiano, sur le site duquel la nouvelle ministre avait accepté d’ouvrir un blog quelques jours avant sa nomination. Elle a commencé sa carrière politique avec une priorité en tête : "changer la loi Bossi-Fini".

"La charge qui m’est confiée par Enrico Letta est un pas décisif pour changer concrètement le pays, tant sur le plan légal, avec l’abrogation de la loi Bossi-Fini, que culturel", affirme la ministre au Fatto Quotidiano. "On compte sur toi", lui ont répondu de nombreux internautes sur les réseaux sociaux.  La Ligue du Nord ne l'entend pas ainsi. "Nous sommes déterminés à mener une opposition totale à la ministre de l’Intégration, symbole d’une gauche angélique et hypocrite, (...) qui ne pense qu’aux droits et jamais aux devoirs des immigrés", a fait savoir la formation régionaliste au discours musclé sur l'immigration. Ajoutant, par la voix de son secrétaire Matteo Salvini : "Qu’elle vienne dans certaines villes du Nord voir comment l’immigration de masse a réduit les Italiens à une minorité dans leurs quartiers."

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