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ITALIE • Du footballeur Balotelli

ITALIE  Du footballeur Balotelli à la ministre Kyenge, les racistes attaquent

"Au prochain chant raciste, je quitte le terrain", a récemment annoncé le footballeur Mario Balotelli après une énième humiliation au cours d'un match. On assiste ces dernières semaines en Italie à une explosion de propos racistes, se désole Giornalettismo.
Le footballeur Mario Balotelli, joueur italien de l'AC Milan - Photo AFP.Le footballeur Mario Balotelli, joueur italien de l'AC Milan - Photo AFP.
Le thème de l’intégration continue à diviser l’Italie. Derniers épisodes en date : l’exploitation de l’affaire Kabobo [du nom d'un clandestin ghanéen ayant tué plusieurs personnes début mai] par la Ligue du Nord, les insultes racistes contre Mario Balotelli qui ont contraint l’arbitre Rocchi à interrompre le match Milan-Rome pendant deux minutes [le 12 mai], et les sempiternelles attaques visant la ministre Cécile Kyenge, "coupable" d’avoir proposé d’élargir les droits en matière de nationalité. 

D’un côté, on a les défenseurs des minorités et des étrangers, de l’autre les instigateurs d’épisodes xénophobes, à commencer par Forza Nuova [Force nouvelle] et les mouvements d’extrême droite, bien souvent en première ligne. 

Les polémiques se sont multipliées ces derniers jours autour de l’affaire Kyenge, la nouvelle ministre de l’Intégration, qui a interpellé le gouvernement sur l’abolition du délit d’immigration clandestine et le droit du sol. De nombreuses voix ont invité la ministre et le président du Conseil Enrico Letta à poursuivre leur travail avec courage. Mais la ministre est en même temps devenue la cible des accusations du PDL (Peuple de la liberté, parti de Silvio Berlusconi) et de la Ligue du Nord – opposés à tout assouplissement en terme de nationalité – ainsi que des insultes et des campagnes de haine des mouvements néofachistes. 

S'ajoute à cela l’inexplicable coup de folie de Mada Kabobo, ce Ghanéen de 31 ans qui, le samedi 11 mai dans le quartier Niguarda de Milan, a agressé les passants à coups de pioche – tuant Alessandro Carolei, Daniela Carella et blessant trois autres personnes, dont l'une se trouve dans un état grave. 

"Vous spéculez sur le dos des morts"
Des mouvements comme la Ligue du Nord et Forza Nuova ont aussitôt cherché à exploiter les événements. Le mouvement d’extrême droite a lancé une campagne Internet avec le slogan : "L’immigration tue – la classe politique est fautive". Forza Nuova l’a annoncé elle-même par communiqué : "Les graves événements de Milan clouent les chantres de l’immigrationisme à leurs responsabilités." Mais c’est surtout la Ligue du Nord qui a exploité la violence de Mada Kabobo, notamment par la voix de Matteo Salvini qui a invité à "nettoyer" à la hâte les villes italiennes "en allant contrôler tous les clandestins, rue par rue, maison par maison”. 

La Ligue était déjà descendue dans la rue à Niguarda, après les meurtres du Ghanéen, pour recueillir des signatures contre l’immigration clandestine. Mario Borghezio et les militants léguistes avaient à cette occasion été pris à partie. "Dégagez", "Vous spéculez sur le dos des morts", "Honte à vous" : c’est par ces mots qu’un groupe d’habitants du quartier milanais bouleversé par les violences a accueilli les militants du Caroccio [le surnom de la Ligue du Nord], qui comptaient dans leurs rangs le parlementaire européen Mario Borghezio, l’ex-président du Conseil régional Davide Boni et quelques conseillers municipaux et généraux. 

Les militants brandissaient une banderole proclamant : "Accorder la nationalité aux immigrés conduit à l’invasion du pays". Il a fallu l’intervention de la police pour calmer les esprits, après que les manifestants eurent invité la Ligue à quitter le quartier : "Alessandro aurait craché au nez des gens de votre espèce."

Des tensions qui reflètent le visage d’un pays divisé entre partisans de l’intégration et adeptes de positions xénophobes. On peut inclure parmi ces derniers les pseudo-tifosi qui ont contraint l’arbitre Gianluca Rocchi à suspendre le match Milan-Rome du 12 mai, après les énièmes huées adressées à Mario Balotelli. Des chœurs ignobles que le foot italien, malgré les condamnations, n’est pas encore arrivé à faire taire. Et qui continuent à s’en prendre au footballeur noir que la ministre Kyenge avait choisi comme emblème de sa campagne sur la nationalité.

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