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Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley

Aldous Huxley est né le 26 Juillet 1894 à Godalming UK, décès par injection létale de LSD le 22 Novembre 1963 (à sa demande car gravement malade), le jour de l'assassinat de JFK.

J'entends parler ici très souvent du célèbre livre "Le meilleur des mondes" de Aldous ce qui m'a poussé à le lire.

Je voudrais ici en faire une synthèse afin de permettre à ceux qui ne l'ont pas (encore) lu de se faire une idée de cet ouvrage.

La forme est belle et agréable, se lit sans peine et fait sans cesse référence à William Shakespeare, ce qui parsème ce texte de culture ancienne dans un monde bien curieux comme nous allons le constater.

Dans la préface destinée à l'édition Française, Aldous prend soin de donner une sorte de clé :

"Tout livre est le produit d'une collaboration entre l'écrivain et ses lecteurs. Se fiant à cette collaboration, l'écrivain suppose l'existence, dans l'esprit de ses lecteurs, d'une certaine somme de connaissances, d'une familiarité avec certains livres, de certaines habitudes de pensée, de sentiment et de langage. Sans les connaissances nécessaires , le lecteur se trouvera inapte à comprendre le sujet du livre ( c'est le cas ordinaire des enfants). (NDR quel humour !).

Sans les habitudes appropriées de langage et de pensée, sans la familiarité nécessaire avec une littérature classique, le lecteur ne percevra pas ce que j'appelerai les harmoniques de l'écriture. Car ainsi qu'un son musical évoque tout un nuage d'harmoniques, de même la phrase littéraire s'avance au milieu de ses associations. Mais tandis que les harmoniques d'un son musical se produisent automatiquement et peuvent être entendus de tous, le halo d'associations autour d'une phrase littéraire se forme selon la volonté de l'auteur et ne se laisse percevoir que par les lecteurs qui ont une culture appropriée.

Le livre :

Suite à une guerre de neuf ans, le monde se retrouve divisé en deux, celui des sauvages qui correspond au notre actuel et le meilleur des mondes dans lequel tout est prévu, maitrisé, parfumé, agréable, beau etc. Les deux mondes sont séparés par des clotures éléctrifiées empéchant tout échanges.

Le monde des sauvages dispose encore de croyances, de Dieu, de livres, de groupes humains avec des langues propres , de familles et même de la reproduction sexuée, mais ce sont des sauvages, il faut les excuser.

Dans le meilleur des mondes, tout est bien plus aseptisé, plus de livres, plus de Dieu ni croyances, plus de doute, plus de famille, juste le travail, le loisir et le sexe.

Pas de maladie, pas de vieillesse chacun à sa place parcourt sa vie organisée ainsi.

Le seul culte est celui de Ford, on a scié la partie supérieure des croix pour en faire des "T" et dans chaque conversation, le nom de "Dieu" est remplacé par "Ford" (nom de Ford, oh mon Ford etc...)

Les habitants vivent sous "soma" une espèce de drogue qui efface tous les doutes, rend heureux et permet d'oublier, cette drogue est largement distribuée partout (restaurant cinémas "sentants" au travail etc.

Le point de départ de cette "civilisation" provient de centres d'incubations et de conditionnement qui fabriquent les êtres nécessaires en fonction des besoins. Ces centres ont pour devise : Communauté, Identité, Stabilité.

Ce sont les Prédestinateurs qui envoient les demandes aux Fécondateurs, et ainsi chaque embryon sera placé dans la chaine souhaitée qui donneront après incubation des Alphas,,Betas ou des Epsilons. Ces classes désignent la fonction dans la société, ainsi le DIC, directeur de ce centre serra un Alpha, le personnel des Betas, les soldats seront des Deltas et les Epsilons seront ouvriers ou serviteur.

Pour plus de facilité, chaque embryons est "Bolkanisé" pour produire le plus possible de jumeaux (1200 enfants par ovule).

Seuls les Alphas ou les Betas pourraient se reproduire par sexe mais ils doivent utiliser leur "Ceinture Malthusienne" pour éviter absolument cette abomination, les autres sont stériles.

Chacun d'eux reçoit un conitionnement par "Hypnopédie" pour être satisfait de son sort ( ne pas envier ceux qui sont dessous ni ceux du dessus) et accepter cette merveilleuse vie sous le regard de Notre Ford.

Au dessus de cette machine, il y a les Administrateurs (qui eux ont accès aux livres anciens) et qui contrôlent tout, c'est à dire surtout la science réservée bien sûr aux Alphas.

Tout se déroule bien jusqu'à ce qu'un Alpha soit autorisé à ramener un Sauvage dans ce merveilleux monde, et en plus celui-ci connaît presque par coeur les oeuvres de William, ce que seul l'Administrateur peut connaitre aussi.

Cela se termine bien sûr plutôt logiquement et donc mal.

Sur la fin du livre au chapitre 16 (il y en a 18), la conversation entre l'Administrateur et le Sauvage seuls est très interessante bien sur puisqu'elle se déroule entre lettrés et non plus avec des Hypnopédisés, quelques extraits :

Au sujet du monde d'avant : (c'est l'Administrateur qui parle)

-"Parce que notre monde n'est pas le même que celui d'Othello. On ne peut pas faire de tacots sans acier, et l'on ne peut pas faire de tragédies sans instabilité sociale. Le monde est stable, à présent. Les gens sont heureux ; ils obtiennent ce qu'ils veulent, et ils ne veulent jamais ce qu'ils ne peuvent obtenir. Ils sont à l'aise ; ils sont en sécurité ; ils ne sont jamais malades ; ils n'ont pas peur de la mort ; ils sont dans une sereine ignorance de la passion et de la vieillesse ; ils ne sont encombrés de nuls pères ni mères ; ils n'ont pas d'épouses, pas d'enfants, pas d'amants, au sujet desquels ils pourraient éprouver des émotions violentes ; ils sont conditionnés de telle sorte que pratiquement, ils ne peuvent s'empêcher de se conduire comme ils le doivent. Et si par hasard quelque chose allait de travers, il y a le "soma"- que vous flanquez froidement par la fenêtre au nom de la liberté, monsieur le Sauvage. La liberté ! et voilà que vous vous attendez à ce qu'ils comprennent Othello ! Mon bon ami !"

Plus loin :

"bien entendu. Le bonheur effectif paraît toujours assez sordide en comparaison des larges compensations qu'on trouve à la misère. Et il va de soi que la stabilité, en tant que spectacle, n'arrive pas à la cheville de l'instabilité. Et le fait d'être satisfait n'a rien du charme magique d'une bonne lutte contre le malheur, rien du pittoresque d'un combat contre la tentation, ou d'une défaite fatale sous les coups de la passion ou du doute. Le bonheur n'est jamais grandiose."

et encore :

"Notre civilisation a choisi les machines, la médecine et le bohneur. C'est pourquoi il faut que je garde ces livres enfermés dans le coffre-fort, ils sont de l'ordure, les gens seraient scandalisés si....."

Je vous remercie de votre lecture.

jacques

 

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