Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • EN PHOTOS • La vie quotidienne des femmes de Gaza

    Tanya Habjouqa, photographe d'origine jordanienne, est sur tous les fronts. Après avoir couvert le conflit irakien et la guerre au Darfour, la photographe s'est intéressée plus récemment à la vie quotidienne des femmes palestiniennes dans la bande de Gaza.

     
    Bien que ces étudiantes en médecine à l'Université Al Azhar de Gaza rêvent de poursuivre leurs études à l'étranger, elles veulent retourner dans la bande de Gaza pour pratiquer la médecine une fois diplômées Bien que ces étudiantes en médecine à l'Université Al Azhar de Gaza rêvent de poursuivre leurs études à l'étranger, elles veulent retourner dans la bande de Gaza pour pratiquer la médecine une fois diplôméesDroits réservés
    Sept jours après le début de l'offensive israélienne sur la bande de Gaza, la population civile vit toujours au rythme des bombardements. La photographe Tanya Habjouqa, qui a remporté le prix SND Silver Award en 2011 pour son reportage sur Gaza "Une vie moins ordinaire", a réalisé une série "femmes de Gaza, mettant en scène le quotidien des femmes palestiniennes. 

    Selon Tanya Habjouqa, "cette communauté côtière a absorbé plus de 60 ans de souffrance", pourtant "la vie continue, ainsi que les traditions et le respect de soi [...]. Les femmes continuent à s'occuper de leurs familles, à lutter pour l'éducation et à faire carrière, contre vents et marées". 


    2111gaza2.jpg
    Par exemple, elles continuent de faire du sport dans les gymnases publics "car elles sont trop à l'étroit à la maison" précise Tanya Habjouqa. Toutefois elles restent entièrement habillées avec le traditionnel "jilbab" pour ne pas dévoiler leur intimité dans les espace publics. 

    2111-gaza3.jpg
    Des étudiantes profitent également d'une excursion de dix minutes en bateau, sur la mer Méditerranée, au large de la côte de Gaza. Néanmoins, elles ne sont pas autorisées à voyager à l'extérieur de l'enclave de Gaza, à cause du siège. 

    Etant donné que l'économie est paralysée et que le gouvernement est en état de siège, les femmes se réunissent aussi dans des associations religieuses, et offrent des secours à la communauté, tels que des services de garde, d'assistance aux orphelins, ou bien des cours d'artisanat. 

    Pour en savoir plus sur le quotidien des femmes palestiniennes, vous pouvez également lire "Des femmes témoignent sous les bombes".

    Pour voir toutes les photos de la série, le site de Tanya Habjouba

  • BANDE DE GAZA • Des femmes témoignent sous les bombes

    Dans la presse ou sur leur propre blog, des jeunes femmes de Gaza livrent leurs récits de la guerre qui sévit sur leur territoire. Nous publions ceux d'Abeer Ayoub publié dans Ha'Aretz et de Layla Al-Haddad surGazamom.com.

     
    Une femme palestinienne passe devant une maison détruite lors d'un raid aérien israélien sur Gaza, le 20 Novembre 2012. Une femme palestinienne passe devant une maison détruite lors d'un raid aérien israélien sur Gaza, le 20 Novembre 2012.AFP
    "Plus de maison mais, Dieu merci, nous sommes en vie" 

    Vérifier que les batteries de la radio sont chargées et les lampes-torches à portée de main, rester le plus loin possible des fenêtres : mes deux sœurs et moi avons fait les préparatifs habituels, ceux que nous faisons toujours avant les nuits qui s'annoncent difficiles. 

    Une heure de sommeil ininterrompue tient désormais de l'impossible fantasme ici, dans la bande de Gaza, et je ne fais pas exception. Nous nous sommes tout de même couchées tôt ce soir-là, pour ne pas gaspiller une seule minute de calme relatif. Nous avions le bonheur de dormir depuis une heure et demie quand notre sommeil a été interrompu par une forte explosion – une bombe puissante venait de tomber non loin. J'ai bondi de mon lit en criant : "Fuyons !"

    Après nous être remis du choc et avoir vérifié que nous étions bien vivantes, nous nous sommes empressées d'allumer la radio pour essayer de voir où était tombée la bombe. Etonnamment, la station locale ne diffusait pas d'informations, mais un message des Israéliens qui mettait en garde contre le Hamas et la résistance. L'armée israélienne occupait la fréquence et nous appelait nous, les civils, à faire attention car le "Hamas joue avec [nos] vies". 

    J'étais ravie d'apprendre qu'Israël se soucie de mon existence. Cherchant à deviner d'où était venue l'explosion, nous avons compris que la frappe visait le ministère de l'Intérieur, dans le quartier sud de Tal Al-Hawa. Ayant vérifié que ça n'était pas trop près de chez moi, j'ai dû prendre des nouvelles de tous les amis que j'ai dans ce quartier et j'ai découvert que mon amie Areej venait de mettre à jour son statut Facebook : "Plus de maison mais, Dieu merci, nous sommes en vie." Areej m'a raconté que les bombardements étaient incessants autour d'eux et que, tout à coup, c'est sa maison qui a explosé. "Je n'arrive pas à oublier le bruit des vitres qui volent en éclats sur nous." 

    La maison d'Areej avait déjà subi des dégâts lors de l'opération Plomb durci (2008-2009) qui avait visé le QG de la sécurité préventive, situé juste derrière le ministère de l'Intérieur. Cette fois, les ravages sont bien plus graves : de la maison, il ne reste que les murs (ce qu'on peut considérer comme une chance). La maman d'Areej est désolée pour sa maison, mais heureuse que ses enfants soient sains et saufs. "Mon mari et moi avons travaillé toute notre vie pour nous construire cette jolie maison, et il n'a fallu qu'une seconde aux Israéliens pour tout détruire."
    Abeer Ayoub

    Terreur dans l’enclave palestinienne

    Le ciel continue à faire régnerla terreur sur Gaza. La ville était en flammes à la nuit tombée.Et tous les Palestiniens dans ce territoire en état de siège attendent avec inquiétude de savoir quelle sera la réaction du Hamas à la dernière surenchère israélienne. A Gaza, les dirigeants du Hamas se retrouvent dans une position délicate. D’un point de vue politique, ils ne peuvent risquer (et n’en ont d’ailleurs pas les moyens) de lancer une contre-offensive de grande ampleur. Pourtant, ne pas réagir serait considéré comme un aveu de faiblesse. Les circonstances de cette offensive israélienne sont étrangement similaires à la guerre menée par Israël à Gaza en 2008 sous le nom d’opération Plomb durci : l’hiver approche, le Congrès américain attend ses nouveaux élus après l’élection présidentielle et nous sommes à la veille d’une échéance électorale israélienne. Mais la comparaison s’arrête là. Cette fois, la rue arabe s’est réveillée. Le nouveau gouvernement en Egypte ne permettra pas un renforcement du siège de Gaza de connivence avec Israël, comme c’était le cas sous l’ex-président égyptien Hosni Moubarak. Le siège du Hamas n’est plus à Damas [et le mouvement est donc plus indépendant]. En outre, le vote des Nations unies pour accorder à la Palestine le statut d’Etat observateur devrait avoir lieu le 29 novembre. Israël a déjà menacé de riposter en faisant annuler les accords d’Oslo (déjà moribonds), une décision qui ferait peut-être la joie de nombreux Palestiniens. En réalité, tout cela n’aura aucune répercussion sur le terrain, sauf peut-être de brider la portée et la férocité des attaques israéliennes.

    (Layla Al-Haddad, gazamom.com)

  • ROUMANIE • La lutte contre la corruption

    ROUMANIE  La lutte contre la corruption, un combat loin d'être gagné

    Après une importante opération anticorruption parmi les douaniers, il y a un an, les procureurs viennent maintenant de vérifier de leur propre yeux les détournements de fonds par les contrôleurs de train.
     

    Les images prises avec une caméra cachée dans les trains roumains ont inondé depuis peu nos écrans. Il ne s'agit pas de reportages réalisés par des journalistes, mais le fruit d'une enquête des procureurs. Pendant plusieurs mois, cet automne, ces derniers ont surveillé le réseau des contrôleurs corrompus de la CFR (chemins de fer roumains).

    Une mission passionnante. On estime qu'au moins un tiers des passagers utilisant quotidiennement les services ferroviaires "voyagent avec le parrain". [En Roumanie, on monte dans le train sans billet, et on verse environ la moitié du prix officiel au contrôleur – on appelle ces contrôleurs corrompus : "parrains", et le procédé : "voyager avec le parrain".] Même le directeur de la CFR, Stefan Roseanu, le reconnaît.

    La mauvaise foi en bande organisée

    Les chaînes de télévision interrompent soudain leurs programmes pour montrer des contrôleurs de la CFR emmenés en bus pour interrogatoire, à Brasov, dans le centre du pays. En février 2011, elles avaient diffusé des images du même genre. A l'époque, les "gagnants" des excursions animées par des policiers armés étaient des agents des douanes et des gardes-frontières. La Roumanie était en pleine frénésie du dossier Schengen et une décision favorable était attendue pour mars 2011. Nos partenaires européens, les Allemands et les Français en tête, se faisaient cependant des soucis. Certes, disaient-ils, la Roumanie a satisfait aux critères techniques, la surveillance de la frontière externe de l'Union est opérationnelle et fonctionne, les procédures sont en place. Mais tout cela ne sert à rien si les gens qui doivent prendre les décisions ne sont pas réglo. Les systèmes sont faits pour des gens de bonne foi. Lorsque la mauvaise foi pointe son nez, en bande organisée qui plus est, la technologie du XXIe siècle n'y peut rien.

    Les craintes de nos partenaires étant connues à Bucarest, on a décidé de passer à la vitesse supérieure. L'opération Frontières, baptisée ainsi par les journalistes, débuta de manière spectaculaire, des fonctionnaires étant cueillis par grappes directement sur leur lieu de travail. Ce déploiement massif de forces n'a toutefois guère convaincu les représentants des Etats sceptiques. En fait, l'ampleur de l'opération semble avoir eu l'effet inverse. Si tant de fonctionnaires avaient été arrêtés, cela signifiait que les soupçons étaient justifiés, et que la Roumanie avait en effet un gros problème à la frontière, se sont-ils dit. Le dossier Schengen a été mis en attente – les Pays-Bas ont ensuite fait opposition à la solution de compromis de l'adhésion "par étapes" proposée par la France et l'Allemagne (certains observateurs à Bruxelles considèrent que La Haye aurait toutefois eu l'aval tacite de plusieurs Etats membres pour bloquer ainsi l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie).

    La Roumanie, encore et toujours une province poussiéreuse

    Puis la situation devait s'embourber définitivement après la crise politique de l'été [destitution du président Traïan Basescu, referendum etretour du président à son poste]. Au fil du temps, l'ardeur de l'opération Frontières est retombée, en même temps que l'enthousiasme autour de l'adhésion roumaine à l'espace Schengen. Laissant derrière elle maintes spéculations et questions. Pourquoi l'enquête n'a-t-elle pas concerné le port de Constanta [sur la mer Noire], par exemple, lui qui a été tant de fois désigné comme la principale porte d'entrée de la contrebande et l'un des pôles de l'évasion fiscale ? En attendant les explications, il n'en reste pas moins qu'on en est arrivé, dans notre rédaction, à nous demander ce qui se passait en ce moment, non pas à la CFR, mais aux frontières de la Roumanie justement, là où la plupart des fonctionnaires passés au crible des enquêtes un an auparavant sont retournés à leurs postes. Travaillent-ils maintenant comme ils le faisaient avant février 2011 ? Ou, qui sait, l'enquête les aurait-elle mortellement effrayés ?

     
  • ANIMAUX • Inde, la femme qui aimait les chats

    Une scientifique indienne consacre sa vie à étudier les félins et en particulier les plus petits comme le chat pêcheur ou le chat léopard. Bien que l'Inde soit riche en félins sauvages, certaines espèces sont menacées de disparition.

     

      En 1989, par une nuit de pleine lune, Shomita Mukherjee, 22 ans, s'est postée plusieurs heures durant sur la rive d'un canal du parc national de Keoladeo, l'ancienne réserve ornithologique de Bharatpur, dans le Rajasthan [ouest de l'Inde]. 
      Dans le cadre de son mémoire pour le Wildlife Institute of India (WII) de Dehradun, l'étudiante observait un chat viverrin - ou chat pêcheur - trois mètres plus loin, sur l'autre rive. "Il a passé presque cinq heures à batifoler et à épier la surface de l'eau, puis tout d'un coup il a plongé et disparu pour ressurgir de mon côté avec un gros poisson entre les mâchoires. Il ne m'a même pas regardée", se souvient-elle. 
      Les oreilles du chat pêcheur sont dotées de valves qui lui permettent d'empêcher l'eau d'entrer, précise-t-elle pour les non-initiés. 

      L'animal qu'observait Mukherjee est environ deux fois plus gros qu'un chat domestique et fait désormais partie des espèces menacées selon l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature). Vingt-trois ans plus tard, Mukherjee est toujours enchantée à la vue d'un félin. 
      "Pour moi, tous les félins se valent, les tigres comme les chats domestiques", affirme Mukherjee, que les défenseurs de l'environnement ont surnommée "la femme chat". 

      Le monde des petits félins 

      Mukherjee_Shomita.jpg“Malheureusement, au cours de mes échanges avec les habitants, j'ai découvert que les gens considèrent le tigre comme un ennemi“. 
      D'un point de vue physiologique ou comportemental, explique-t-elle, tous les félidés se ressemblent. Il suffit de regarder un tigre – le plus grand des félins – et on comprend qu'il appartient à la même famille que les chats. "L'Inde est le pays qui compte le plus de félins. Il en existe quinze espèces en tout, seize s'il y avait toujours des guépards. Ces animaux m'obsèdent. Mon père adorait les chats et nous en avons toujours eu dans notre maison à Bombay", explique Mukherjee qui a eu jusqu'à quatre chats chez elle. 

      La jeune fille a d'abord pensé devenir vétérinaire. Puis, elle a fait la connaissance de Yadvendradev Jhala, spécialiste des loups, qui lui a enseigné
      la physiologie alors qu'elle passait son bac, à Bombay. "Il m'a initiée au monde de l'écologie. Ça a été un tournant dans ma vie", se souvient-elle. 
      En 1988, elle entre au WII où elle passe les dix plus belles années de sa vie, voyageant à travers tout le pays pour étudier les félins dans différents types de forêts. 

      Des chats-léopards de l'Himachal Pradesh au nord-ouest de l'Inde aux chats rubigineux [ou chats rougeâtres] de la réserve de tigres de Sariska dans le Rajasthan, elle les a tous vus et a établi une cartographie de leurs habitants. Elle étudie aussi l'ADN des chats-léopards dans plusieurs régions et découvre qu'ils sont différents. “Par conséquent, en examinant les peaux de chats-léopards que vendent les braconniers, nous pouvons savoir de quelle zone elles proviennent", explique Mukherjee qui s'apprête à étendre ses études à d'autres félins. 

      Dans un pays obsédé par les grands félins, Mukherjee se démarque pourtant par son amour pour leurs cousins plus petits. En 2010, elle obtient une bourse pour étudier les chats pêcheurs et revient à Bharatpur. Elle apprend qu'on n'a pas vu ces animaux depuis plus de deux ans. 
      "J'ai commencé à collecter des déjections de divers félins et un échantillon s'est révélé appartenir à un chat pêcheur", explique Mukherjee. 
      C'était la preuve que l'espèce était toujours présente dans la région, peut-être seulement en nombre plus réduit après deux années particulièrement sèches. 

      Mukherjee s'intéresse avant tout au comportement de ses protégés. "Ils restent dans les mêmes zones. Comme les chats domestiques, ils ont leurs habitudes". Tous les félins ont aussi leur spécialité dans l'art de la chasse. Ils apprennent une certaine technique et presque tous arrivent à se souvenir des bons terrains de chasse. Elle a observé deux tigres de Ranthambore qui se servaient des traces des véhicules de touristes pour suivre leurs proies. L'Inde a beau abriter la plus grande diversité de petits félins dans le monde, il n'est pas facile d'en apercevoir. "Ce sont des prédateurs craintifs qui aiment chasser la nuit", explique-t-elle. Le chat rougeâtre - plus petit félin du monde - est présent dans la plupart des forêts indiennes. C'est lors d'un safari nocturne à Sariska que Mukherjee en a vu un pour la première fois. Comme pour les plus grands félins, ces rencontres sont généralement une question de chance. "Une fois repérés, ils disparaissent presque tout de suite pour se mettre à l'abri", explique la femme-chat. Malheureusement, tout ne va pas pour le mieux dans le monde des petits félins. Ils sont chassés pour leur peau ou parce que ce sont des prédateurs. "Ils se nourrissent de rongeurs et les gens ne comprennent pas que leur présence est, au contraire, bénéfique pour les paysans", déplore-t-elle.

       

       

    • MAROC • Pourquoi le "péril noir" de Maroc Hebdo provoque l'indignation

      Le magazine Maroc Hebdo, qui titre "Le péril noir" en une de son dernier numéro, soulève l'indignation et la colère de nombreux Marocains. Mais cette polémique ouvre aussi un débat salutaire sur le racisme ordinaire, estime l'éditorialiste de l'hebdomadaire TelQuel.

       


      "Le Maroc est un arbre dont les racines sont ancrées en Afrique mais dont les branches s'étendent en Europe." Vous avez deviné, cette phrase, qui ressemble à un slogan ronflant de l'office du tourisme, est du roi Hassan II [décédé en juillet 1999]. Elle n'est pas anodine. Le monarque l'avait improvisée au moment où il tentait, il y a trois décennies, d'intégrer le royaume dans la défunte Communauté économique européenne (CEE), devenue l'Union européenne (UE). Sans succès. L'Europe a dit non et le Maroc s'est retrouvé sans branches... et sans racines, puisque dans le même temps il avait claqué la porte de l'Organisation de l'Union africaine (OUA), devenue l'Union africaine (UA). Pas d'Europe et pas d'Afrique. Coupé de ses branches et de ses racines. Ni européen, ni africain.

      Le Point et Maroc Hebdo : même combat !

      Je me suis rappelé de la formule du roi Hassan II au moment où j'ai découvert, surpris, comme la plupart d'entre vous, la couverture deMaroc Hebdo : "Le péril noir". Notre confrère, qui voulait pointer la situation difficile des migrants africains, a déclenché bien involontairement un buzz énorme et, à vrai dire, malheureux. Nous avons vu fleurir partout des "périls", aussi stupides les uns que les autres : arabe, maghrébin, musulman, etc. Mais à quelque chose malheur est bon et la une de Maroc Hebdo renvoie, à sa manière, à celle du dernier numéro du magazine français Le Point : "Cet islam sans gêne". Vous êtes choqués ? Atterrés ? Dégoûtés ? Révoltés ? Indignés ? N'accablez pas trop nos confrères pour autant, ce n'est pas en effaçant leurs titres que l'on effacera le mal. Parce que, derrière le choc, se cache, bien tapi au fond de nos sociétés, le monstre : racisme, xénophobie, intolérance. Comment l'ignorer ?

      Il y a quelques semaines, TelQuel a publié le cri d'alarme de Boubacar Seck, un architecte d'origine sénégalaise qui a fait ses études dans "le plus beau pays du monde" [la France]. Notre frère africain nous rappelait notamment ceci : "Paradoxe, c'est au moment où un parti islamo-conservateur [Parti de la justice et du développement (PJD), vainqueur des législatives du 25 novembre 2011] arrive au pouvoir que les valeurs de tolérance, d'ouverture et d'hospitalité prônées par l'islam s'affaiblissent. C'est au moment où le pays questionne ses principes de liberté, de démocratie et de sécularisation que le repli s'organise."

      De terre de transit, le Maroc est devenu par la force des choses terre d'exil. Sans y être le moins du monde préparé. L'étranger, l'autre, n'était plus seulement européen, donc "supérieur", ou arabe, donc "frère", mais aussi et de plus en plus africain, donc noir, donc "inférieur". Noir et africain, cela fait double peine. L'imaginaire collectif méprise le Noir parce que "descendant d'esclaves", il méprise aussi l'Africain parce que "pauvre (et noir). C'est ainsi que le quotidien, notre quotidien, est devenu un théâtre permanent de haine "anti-Noirs". C'est de l'ordre du racisme ordinaire, que l'on condamne en silence, parce que l'"on comprend" : on sait d'où ça vient et à quoi ça tient.

      Je vais vous citer quelques échanges comme vous avez pu en entendre par dizaines : "Il est beau, riche, grand ? – Il est noir !" "Où va ce pays, il y a trop de Noirs !" "Mais que viennent faire tous ces Noirs, ils ne voient donc pas que l'on a suffisamment de problèmes entre nous ?"

      Puisse cette une de Maroc Hebdo (qui s'apprête, au moment où ces lignes sont écrites, à présenter des excuses, ce qui est tout à son honneur) nous faire comprendre qu'il est temps de rétablir l'africanité de ce pays. Parce que, contrairement à ce que pouvait laisser croire la fameuse phrase du roi Hassan II, tous les Marocains ne sont pas conscients de leurs "racines africaines".