Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

ONG's Compagnie

Ils m’ont énervé...

Ils sont beaux, ils sont blancs, ils sont investis d’une mission sacrée, ils ont de gros 4/4, ils ont dans le regard cette suffisance du pouvoir, ils maîtrisent leur sujet, ils brassent énormément d’argent, eux seuls comprennent ce qu’il en est réellement, ils sont inattaquables, ils sont toujours propres, j’en n’ai rarement vu de sales, ils connaissent les solutions. Un membre d’une ONG, dont je tairais le nom (FRIENDS INTERNATIONNAL) m’a fait remarquer que les enfants n’étaient pas une attraction photographique pour touristes.

Je lui ai répondu que ne servant pas à grand-chose, ils ne restaient aux ONG rien à faire sinon à s’accaparer la misère des autres pour en faire leur gagne-pain. Puis, m’ayant passablement énervé, (c’est plutôt rare) j’en ai profité pour leur détailler le train de vie fastueux qu’ils menaient et ce rang d’ambassadeur qu’ils s’octroyaient impunément, culpabilisant à outrance toute autre initiative que la leur. Les ONG ont tendance à croire qu’ils sont le seul remède à des situations catastrophiques. Et en guise de médicaments, ils ne proposent qu’une forme d’assistanat social dont malheureusement nous sommes bien placés pour en constater les effets néfastes. L’assistanat est leur maître-mot et vu que les Cambodgiens sont loin d’être cons ça marche aussi bien que chez nous.

Le monde des ONG au Cambodge est un monde larmoyant ou il est de bon ton de s’apitoyer sur la misère humaine. Paré de ce relent de sacrifice, ils se croient investi d’une mission quasi divine, une mission qu’eux seuls peuvent mener à bien.

- « Oui, tu comprends, c’est dur ! Mais, si nous ne faisons rien, qui va aider ces gens ? (Là, il baisse la tête de côté pour vous montrer combien ce n’est pas facile) - « Ah ! Je sais, ça ne résoudra rien, mais si cela peut apporter un peu de réconfort… ! » (là, l’œil se mouille d’une larme venu sûrement de la cavité nasale à moins que ce ne soit le piment !)           – Je n’attends rien, c’est… Tu comprends, je suis sensible, je ne supporte pas cette misère, j’ai besoin d’aider.        (Là, c’est moi qui réponds). – Déjà, tu ne me tutoies pas, face de thon ! Tu pues la charité bon marché, Tu t’enrichis à titre personnel ? Pauvre con, conne ! C’est ça le problème tu t’enrichis toi, mais pas les autres ! (Ils, elles, eux, m’avait énervé. Règle du participe passé employé avec avoir : Le participe passé employé avec avoir s’accorde en genre et en nombre avec le COD si celui-ci est placé avant. Ici, en l’occurrence m’).

Depuis 30 ans qu’ils arpentent ce pays le résultat est loin d’être probant. Rien n’a changé ! Tout au moins rien n’a évolué grâce à eux.

Ils vivent grâce aux dons de généreux donateurs qui se font de plus en plus rare et aussi grâce aux subventions de l’UNICEF, organisation elle-même sponsorisé par nombre d’états dont le mien. Au passage, ils savent aussi vous ponctionner de plusieurs milliers d’euros, si par hasard votre premier contact se fait par Internet ; en ça ils ont plutôt appris des cambodgiens, à savoir comment vous vider les poches.

J’ai par la suite rencontré bon nombre d’ONG ou de soi-disant responsable d’ONG.

Il en est d’excellentes.

C’est l’ONG individuelle.

Celle qui ne demande rien à personne et qui agit le plus souvent en fonctions de maigres moyens et de beaucoup de débrouillardises. Elle est discrète, ne s’affiche pas dans les rues et surtout elle a la dignité de ne pas donner de leçons à personnes. Elle est le fruit d’une réflexion personnelle, d’un stop à la misère universelle.

Les cambodgiens, n’ont nul besoin qu’on leur apprenne à lire, à compter, à bâtir des maisons, ils savent faire tout ça et depuis plus longtemps que nous. Les Cambodgiens en ont marre qu’on fasse passer leur pays pour une poubelle humaine, ils en ont marre d’accueillir des fumeurs de pétards investis d’une sacro-sainte mission, si les étrangers ont des problèmes de conscience qu’ils nettoient devant leurs portes.  Leur laisser régler leur problème est sûrement la meilleure façon de les aider, mais comme disait ma mémé : - L’argent des pauvres rend riches !

C’est un putain de monde corrompu, où l’argent brassé est énorme ; ces gens-là s’engraissent impunément tout en se targuant d’être des porteurs d’espoir. Quelle incompréhension du monde asiatique et surtout quelle perversion des valeurs de ces gens qui reposant sur des notions de fierté et de réussite transforment peu à peu ces gens, pauvres, certes, mais dignes, en autant de mendiants d’assistance.

Tous ces évangéliques à la con, toutes églises confondues qui viennent vendre leur soupe pour expliquer à de pauvres paysans que si ils croyaient en Dieu leur vie serait meilleure, tous ces lobotomiseurs d’idées, expliquant à des enfants que le litre de lait qu’ils ont dans les mains est un lait concentré fabriqué dans l’état de l’Utah par le Dieu des américains et qu’avant de le boire ils doivent apprendre le nôtre père, version étoilée. Toutes ces écoles étrangères venant dispenser le bon enseignement ; lorsque l’on voit le tarif qu’elle pratique, les pauvres ne sont pas prêt d’apprendre à lire. Tous ses scandales, pédophiles arrêtés membre d’une ONG, ONG en guinguette dans le monde des prostituées à cinq dollars, ONG tripotant dans les bars à hôtesses, ONG s’intéressant aux adolescents pubères, remarquez d’un autre côté ils peuvent toujours se justifier en prétendant initier toute une partie de la population à l’usage de la capote.

Et ils ont pour eux l’aval de quasiment tout le bien-pensant des nations donatrices, quelle fumisterie ! A quoi cela rime-t-il ? Aider n’est pas un métier. C’est l’inné naturel qui doit nous différencier de l’animal ; nul besoin de reconnaissance, l’acte se doit d’être irréfléchi, spontané et non pas géré comme une multinationale.

Les ONG me font penser aux restos du cœur.

– Oui, mais c’est bien les restos du cœur !

Non ce n’est pas bien ! C’est nul ! Tu réfléchis un peu à ce que tu dis avant de l’ouvrir ? Un état qui se respecte ne devrait pas supporte cela ; Les restos du cœur n’auraient dû que durer un an, puis la seule réaction logique aurait été de dire : - J’ai honte, je vais résoudre le problème ! Mais non, maintenant c’est institutionnalisé, on donne à manger à NOS PAUVRES ! Scandaleux ! Ils font partie du paysage, on accepte de vivre avec ça et tout va bien… Allez remets-nous une tournée Lucette, c’est la mienne !

Conclusion. Lorsque je prends une photo d’un enfant, d’un adulte, pauvre et miséreux ce n’est pas pour faire du sensationnel, ni témoigner, ni imposer quoi que ce soit à l’heure des repas. Ni pour m’entendre dire : - Ah ! Mon Dieu, mais qu’est-ce qu’ils sont pauvres… ou une connerie de ce genre !

Lorsque je prends une photo, et je ne la prends pas en cachette mais face à face, c’est qu’à un moment donné ce fut le seul moyen que j’ai eu de dire : Excuse-moi ! Je peux rien pour toi, il va falloir que tu te démerdes !

Alors à tous ces connards à l’auréole néo-colonisatrice, car ils me font penser à ces conquistadors qui importaient et imposaient la foi chrétienne à grands coups d’épées par la tronche : ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE !

Aujourd’hui je vais vous parler de ma mémé.

Mémé est née pendant la guerre, le grande ! Pas une de ces guerres minables où le nombre de tués est dérisoire, non une vraie guerre, une mondiale ! Des morts par millions, du sang, des os broyés, des bouts de cervelles tapissant la noble campagne d’incongrus champignons de Paris. Le ton était donné, sa vie sera à l’image de cette guerre, une lutte perpétuelle pour survivre ; (joliment dit)

Le premier qui en fit les frais, fut le microbe de la grippe espagnole qui lorsqu’il rencontra mémé sut d’emblée que la Madame était loin d’être facile. Le microbe repartit chez lui une paire de castagnettes accrochées à ses roubignoles : à défaut d’avoir contaminé mémé, il se lança dans des cours de danse à Madrid qui eurent un temps un réel succès ;

Coqueluche, choléra, polio, malaria, peste noire (sous toutes ses formes) tous tentèrent en vain de stopper la croissance de mémé. Mais, élevée avec les poings et une bonne dose de lard, mémé s’avéra indestructible ; elle atteignit l’âge de 9 ans ce qui à cette époque représentait déjà une performance. A 9 ans, mémé fut placé chez des paysans.

(La femelle du paysan est la paysanne) Elle apprit ainsi le rude contact de la vie à la ferme, ses us, ses coutumes et son droit de cuissage. Elle savait lire… Le A. Elle parlait le patois, s’initiait au Français et de temps en temps au François, et de plus avait quelques rudiments de bovidés et autres animaux hantant les basses-cours de cette époque.

Elle grandissait et aux dires de ses contemporains c’était une belle femme, en 1939, elle apprit à lire une seconde lettre, le Q, et tomba enceinte. Son fiancée de l’époque se tua quelques temps plus tard en moto. Du coup, on la maria en vitesse avec un boxeur, qui lui en donnait… Des coups.

Petite parenthèse sur pépé : Plus rouge que Staline, Espagnol, pépé a tué plein de nazis et de collaborateurs dans la joie et la bonne humeur. Puis il est mort avec 12 kilos de balles dans le ventre car faire la guerre entraîne parfois des complications. Depuis le paradis est devenu une MJC, Saint-Pierre à sa carte indestructible au parti et il y a de grandes chances que la vierge Marie ne le soit plus réellement.

Mémé fut décorée : VEUVE  Elle éleva ses enfants par le biais de personnes interposées. Le premier après de brillantes études de facteur finit alcoolique, clochard et à Sainte-Marie. Le deuxième a voulu faire curé, puis flic. Finalement il devint syndicaliste et comme bon nombre de retraités finit mort un an après. Le troisième s’engagea comme mousse, non pas dans une brasserie mais dans la marine. Mort au champ d’honneur en faisant un footing. La quatrième, ma mère fut malheureuse et se suicida à la Camel filtre.  Le cinquième, lui, né durant ce long veuvage est toujours en vie, comme quoi les bâtards sont souvent plus solides. Et le dernier, c’est RIKIKI, c’est moi, et j’ai rien eu.

Bref, mémé n’a pas eu une vie facile, elle s’est débattue pour survivre dans sa misère et je ne lui en veux pas, bien au contraire. Elle a fait ce qu’elle a pu et ce n’est pas moi qui oserais émettre un quelconque jugement sur sa vie.  Si elle a retrouvé pépé, ça doit chier là-haut, car le pépé ne doit pas apprécier de porter des cornes.  Mémé elle, sa seule chance fut son derrière, un peu comme au Cambodge. Mais hélas aucune ONG ne s’est penchée sur son cas.

Quelle fumisterie !

Bruno Rey

Les commentaires sont fermés.