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AH, AH, AH ! LA CRIIIISE…

Par Max Angel - Club de Mediapart

 

Je me marre.

Pourtant, il paraît que ce n’est pas drôle.
Ah bon ! M… Edwy Plenel nous a remis en mémoire le « discours de
Toulon » de notre Immense Président. Impeccable. Des propos d’une sagesse,
d’une clairvoyance, d’une volonté qui forçaient nécessairement le plus minus
des minus. Mêmes les anti-sarkosystes ! Sur le cul.

Deux minutes, parce que déjà, je me souviens,
je m’étais doucement marré.

« Je
vais moraliser le système »… «  Nous allons supprimer les paradis
fiscaux… 
», déjà rien que ces deux saillies, ça valait son pesant de
sperme de mammouth.

Et le plus bidonnant, c’est qu’il nous a
sorti ça avec une conviction, un allant, une sincérité à faire pleurer les
rombières et se pâmer les petits porteurs.

 

Parce que, comme disait l’autre :
« Faut pas prendre les enfants du
bon dieu pour des canards sauvages
 ».

La seule morale du système, c’est de s’en
mettre jusque là par tous les moyens en ayant des gouvernements à sa botte.

Parce que les paradis fiscaux, même les
états y ont recours et non seulement par le truchement des entreprises
nationalisées ou mixtes, mais les états tout seuls.

 

Je me marre.

 

N’importe quel lycéen qui redouble sa
troisième terminale sait que le capitalisme ne vit que de crise en crise. C’est
du yoyo. « Tu vends quand ça a bien
monté et t’achètes quand ça a bien baissé.
 » Donc, pour cela, il faut
que ça monte et que ça baisse. Et comme la mode est aux tours, aux gratte-ciel,
crois-moi que l’ascenseur il monte et il descend de plus en plus vite, de plus
en plus fréquemment.

T’ajoutes à ça des martingales de crânes
d’œufs issus de l’X, de Sup de Co, qui te transforment du vide en plein, de la
faillite en futur gain, de la dette en subprimes, de la titrisation, de
l’entourloupe et du vent, et on va se marrer. TOUS.

 

Et le tournis, l’illusion capitalistique,
la grande déconnade financière, ça a commencé vraiment avec Reagan et Thatcher,
les néo-cons, les pourfendeurs de keynesisme, les ennemis jurés  du care et du welfare, les vampires de la
classe ouvrière, des suceurs du sang des pauvres, qui se faisaient mettre et
suçaient les riches auxquels ils s’étaient acoquinés.

 

« Le
Saint Marché priez pour nous ! 
»

La solidarité devant l’adversité ?
C’est fini !

La défense de la veuve et de
l’orphelin ? C’est fini !

Le rôle régulateur de l’Etat ? C’est
fini !

Les entreprises nationalisées ? C’est
fini !

Tout au privé. Tout. Le Marché
s’autorégule, rien à craindre, tout le monde s’en trouvera bien.
Regardez-nous ! Ex- mauvais acteur de séries B devenu Président de
l’Empire Amerlocain. Ca vous en bouche un coin, ça ! And me, fille
d’épicier, devenue Lady, avant de devenir gaga. Et que je te cogne sur ces
salauds de pauvres qui font rien qu’à réclamer de ne plus l’être en voulant que
les riches partagent leurs richesses. Mais où est-ce qu’on a vu ça ?

 

Quand le charbon polak ou chinois débarqué
sur les quais de Liverpool ou de Dunkerque vaut dix fois moins que celui qui
vient d’à-côté, il n’y a pas photo. A la poubelle, les mineurs. Et plus vite que
cela. Peuvent crever de faim comme un salaud d’irlandais, soit disant
prisonnier politique que l’on traite comme un assassin  et qui ne vaut même pas le prix de la balle
qu’on ne peut même pas lui faire entrer dans le crâne. La G-B, c’est pas la
Chine. Mais la Chine, elle a bien du charme.

On a vu les délocalisations vers la
Maghreb, puis encore plus loin, vers l’Inde et la Chine, et dans quelques mois,
on va encore tourner et du coup, on va p’t’être bien relocaliser parce que les
salaires seront tellement tombés bas en Europe et aux States que cela
redeviendra rentable d’investir dans ces pays-là.

 

Je me marre…un peu moins.

 

« Prolétaires
de tous les pays, unissez-vous ! 
» qu’il leur avait suggéré le
barbu de Trier réfugié à London. Pas con le Marx, pas con !

Les riches ont reçu le message 5/5, et mis
en application. La planète est devenue un « village » dirigée par des
pantins que la finance a bien en mains parce que justement, dans le système
politique libéral, pour que les esclaves se donnent des maîtres, ceux-ci doivent
faire la pute, se vendre, et ça coûte de plus en plus cher. Faut lever des
fonds énormes. Record détenu par Barrack Obama. Mais il n’y a pas que là. En
Sarkosye aussi, une campagne électorale ça coûte bonbon. Alors tous les coups
et toutes les entourloupes sont permis, mais à condition qu’il y ait retour sur
investissement. Lire Médiapart et toutes ses enquêtes sur les rapports frelatés
de Nico de Neuilly et la pègre affairiste.

 

A la téloche, sur les écrans je les vois,
nos « représentants », au G8, à l’ONU, à Bruxelles. Ils ont des
costards taillés à leurs mesures, des robes griffées, mais en réalité, ils
n’ont rien sous la jupe et plus souvent le pantalon aux chevilles qu’à la
ceinture. (Au figuré le plus souvent, mais aussi au sale, apparemment, si j’en
juge par la rencontre fortuite entre un certain DSK et une femme de ménage peu
respectueuse de l’intimité des clients de l’hôtel.) Parce qu’ils sont à la
merci, aux ordres de ceux qui les financent, qui pourraient les reconduire dans
leurs fonctions de « chefs d’état ou de gouvernement ».

Les rois du CAC 40, les princes de la
thune, les filous et prédateurs en chefs, croyez-moi, ils sont comme moi quand
ils les voient se serrer les pognes, se bisouter, se tapoter les épaules,
sourire jaune devant les caméras, ils se marrent.

Ils « crisent ».

 

La preuve, en 2008, les états ont garanti
les pertes, avancé de l’oseille réelle et fictive, et évité le « krach
boum hue final ». Celui qui mettra le dollar au niveau du CFA et
l’euro à parité avec le monopoly.

Vu ce que l’on avait entendu, à Toulon, et
repris par les folliculaires, les « voix de son maître », la meute
des bassets en quête de maroquins ou titulaires et désirant le rester, c’est
humain ces inhumains-là, on s’attendait à ce que les états si généreux avec la
racaille en cols blancs exigent des garanties, nationalisent un peu, demandent
un droit de regard, élèvent des barrières de sécurité. Que dalle !
Nada ! Niente ! Nothing !

 

Les pauvres et les couches moyennes
paieront. Désengagement des états. Privatisation à tout va.

Même les routes nationales, on parle de les
faire payer quand on les porte à deux fois deux voies sur certains tronçons.
Après avoir revendu au privé des autoroutes payées par les contribuables et dont
les péages, avant, contribuaient à leur entretien et à la création de nouveaux
axes mais qui aujourd’hui, servent à enrichir ceux qui ont des actions chez les
compagnies que l’on n’a pas trop « égorgées » au moment de la vente. Politique
envisagée sous Jospin et mise en musique avec de Villepin.

Ajoutons à cela des exonérations pour les
plus hautes fortunes, une législation de la contribution des citoyens,
impitoyable pour les salariés, les revenus moyens, les petits entrepreneurs et
d’une compréhensive douceur pour les plus fortunés, qui, eux, ont les moyens de
se payer des « avocats fiscalistes » et autres « conseillers
fiscaux ». De l’art d’échapper à l’impôt en toute légalité.

 

Auquel s’ajoute, l’illégalité par le
truchement de sociétés écrans avec boites à lettres dans les paradis fiscaux
dont on nous avait promis, juré, craché, la disparition.

Et je ne parle pas des expatriés en Suisse
ou à Monaco, ces grands et immenses français admirables, Halliday, Aznavour et
autres joueurs de tennis, de golf ou de foot. Copains comme cochons avec les
marionnettes de l’info.

 

Depuis, quelques jours, suite aux émeutes
britanniques, les pilleurs de magasins défilent à la barre des tribunaux
ouverts vingt quatre heures sur vingt quatre. Le président est tout rouge sous
sa perruque, et il éructe des condamnations à la face de cette racaille de
jeunes qui sont allés faire leurs courses sans payer et en brûlant un peu
quelques immeubles, quelques voitures.

 

« Shame on you ! ».

A la City, on vole les états à coups de
milliards de livres, on joue sur les cours du pétrole, du cacao, du blé, du
riz. On réduit à la famine des régions entières. On jette à la rue des familles
par milliers. On condamne des pauvres types à la déchéance matérielle, puis
morale, et certains se suicident, ce qui fait au total bien plus de victimes
que durant les émeutes. Du moins pour le moment.

 

Que fait la justice ?

Que fait la police ?

Elles protègent ces braves employés de
banques, ces vertueux traders, gardiens du système, ces pourvoyeurs de fraîche
pour les hommes politiques qu’ils financent.

 

Un abruti pris la main dans le sac est
condamné avec la plus extrême rigueur, parce que c’est d’abord un imbécile qui
joue petit.

Une racaille qui joue des milliards et la
vie de milliers de gens, c’est un génie de la calculette. Tant qu’il gagne.

On a vu avec Kerviel, que lorsqu’il perd
trop, on lui fait pan pan cul cul. « Ce n’est pas bien, cher
Monsieur ».

 

Je me marre… jaune.

 

Moi, je n’ai pas de portefeuilles, je n’ai
que ma retraite que j’aimerais bien qu’on continue de me payer. Je paie des
impôts. Ce qui est normal, bon signe. J’aimerais même en payer plus, ce qui
signifierait que j’en gagnerais plus. Si je me marre tout de suite, en cas de
grand krach, j’espère bien continuer à me marrer jusqu’à ce que je me fasse
péter le caisson ce qui hâterait de quelques années une fin inéluctable.

 

Ce qui m’emmerde au plus haut point, c’est
l’avenir de mes enfants et petits-enfants. Mais je dois être un peu con sur les
bords.

Regardez les riches. Ils n’en n’ont rien à
cirer de l’avenir de leur progéniture. Mais alors rien de rien. Ils crèveront
asphyxiés par un air devenu irrespirable, emportés par des cyclones, des
typhons, des ouragans, noyés par la montée des eaux, irradiés par des centrales
obsolètes, repliés dans leurs marinas défendues de la pollution des mers et des
océans par des filets… Et alors ?

 

Ce qui compte, c’est « accumuler du
capital ». Point final.

 

Pour quoi ?

 

Pour rien. Parce que c’est comme ça. Vous
ne voulez tout de même pas la fin du système capitaliste ? Non. Bon.

Vous voulez l’améliorez ? Pourquoi
pas.

Avec qui et contre qui ?

Ah, ah ! On a du mal à répondre. On
peine. On se mord les doigts. On se triture les méninges.

En taxant.

Ben voyons ! Le plus facile.  En taxant les plus riches ? Oh !
Vous ne seriez pas un petit peu à gauche. Hein ?

 

Hum ! En taxant le moins possible les
riches et le plus possible le plus grand nombre.

Voilà qui est mieux. Beaucoup mieux. Je
sens que l’on va s’en sortir.

On.

Que les riches vont encore s’en sortir.

 

C’est qui les riches, au fait ?
Hein ?... On commence à combien de revenus par mois ? Eh, eh… Pas
facile.

 

Bof ! Un riche, pour moi, c’est
quelqu’un qui ne sait pas exactement combien il possède.

 

Ah ! La criiiise ! Je me marre.

 

Tenez, une dernière poilade avant de nous
quitter.

Je suggère, « en cette période
d’austérité nécessaire pour rééquilibrer les comptes de la Nation de supprimer le
Sénat, de le transformer en appartements pour les sans-abris et à reverser les
avoirs et la valeur de sa cassette au Trésor Public.

Je propose que les déplacements du Chef de
l’Etat soient considérés comme inutiles au bien de la Nation et relèvent de son
intérêt strictement personnel, ils seront donc inclus dans les frais de
campagne électorale.

Je souhaite que les indemnités versées aux
élus à quelque échelon des assemblées auxquelles ils appartiennent soient
versées au prorata de leur présence aux séances de travail de ces dites
assemblées.»

 

La taxe Tobin que je porte à 0,5% sur les
fluctuations boursières me semble obligatoire sur l’ensemble des places
financières de la planète, le montant serait reversé au trésor de l’ONU à
charge de le redistribuer aux ONG, Gouvernements sérieux, banques d’investissements
de travaux d’infrastructures des pays les plus pauvres.

 

J’arrête là pour aujourd’hui.

 

Et là, j’en connais qui ne se marrent plus
du tout.

 

12/08/2011

 

 

 

 

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