Les Palestiniens de Gaza reconnaissent que l’armée de l’air israélienne leur a causé d’énormes problèmes dans les affrontements militaires précédents - problèmes restés longtemps sans solution adéquate.
La domination du ciel a donné à Israël le moyen d’atteindre ses objectifs majeurs, tels que les assassinats et l’élimination des emplacements d’armes, le tout à un coût minime. Les factions armées de Gaza sont déterminées à contrer cette capacité par des missiles anti-aériens dont elles sont à présent en possession, bien qu’en quantités limitées.
Le Centre Al Mezan pour les droits de l’homme à Gaza, estime le nombre de Palestiniens tués par l’armée de l’air israélienne à 911 sur les 2 269 tués de la période de 2008 à aujourd’hui. La plupart de ces assassinats sont survenus au cours de la guerre menée en 2008-2009. En revanche, la confrontation de 2012 a vu 143 Palestiniens assassinés par l’ armée de l’air israélienne, sur un total de 171 morts.
Les combattants palestiniens ont essayé de se soustraire aux coups de l’aviation israélienne dans les affrontements récents, en adoptant la plus grande prudence dans leurs déplacements. Comme indiqué précédemment dans Al -Monitor, les combattants ont évité les communications filaires et sans fil, qui, à travers l’analyse des empreintes vocales auraient pu être l’un des principaux moyens de les localiser et les exposer, comme c’était le cas dans de nombreux assassinats.
En outre, Al-Monitor a appris qu’il y a quelques mois, les Palestiniens avaient commencé à utiliser une tactique consistant à couvrir les ruelles étroites avec de longs morceaux de tissu, des couvertures, des toiles et des bâches contre les survols israéliens, de façon à obscurcir la vision des avions de surveillance et les empêcher de suivre les mouvements sur le terrain, réduisant ainsi le risque d’être pris pour cible.
De nouveaux défis
Israël a reconnu en 2012 que 10 missiles anti-aériens Strela, tirés à l’épaule, avaient visé ses avions de guerre. Cette évolution a surpris les Israéliens et leur a imposé une nouvelle série de défis. Bien qu’aucun des avions n’a été endommagé, le tir de missiles marque une amélioration nette des capacités militaires du Hamas, lequel est resté silencieux sur la question .
Ce nouveau développement est cohérent avec les informations recueillies de sources militaires bien informées par Al-Monitor au sujet de la situation dans la bande de Gaza, laissant entendre qu’au début de janvier 2014, les combattants palestiniens ont mené un essai sur le terrain, tirant un missile anti-aérien vers un avion israélien tournant sur la frontière orientale de la bande de Gaza. Le missile a raté sa cible, mais l’incident n’a pas été signalé par les journaux israéliens et que brièvement mentionné par les médias pro-Hamas à Gaza. Les médias israéliens ont noté qu’Israël avait déposé une plainte officielle auprès de l’Organisation des Nations Unies à la suite d’un tir de roquette à partir de Gaza après l’enterrement d’Ariel Sharon, tandis que les sources militaires à Gaza disent qu’il s’agissait d’un test d’un missile anti-aérien.
L’aile militaire du Hamas, les Brigades Izz ad-Din al-Qassam, a annoncé à plus d’une occasion que ses canons et ses missiles anti-aériens avaient réalisé une percée qui aurait une incidence sur la capacité des avions d’attaque de manœuvrer pendant le combat. Les Brigades affirment avoir endommagé un hélicoptère israélien, qui a été forcé d’atterrir, et abattu un drone de surveillance armé. Elles ne fournissent pas les dates de ces incidents, mais diffusent des vidéos sur YouTube des restes de drones israéliens, qui selon elles, ont été abattu par des missiles anti-aériens du Hamas.
À la mi-septembre 2013, les Brigades al-Qassam ont révélé que leurs troupes à Gaza possédaient des missiles anti-aériens SA-7, qui ont été présentés au public lors d’un défilé militaire en présence de ce contributeur Al-Monitor. Apparaissaient également des mitrailleuses légères, des fusils de sniper, des lance-roquettes antichar RPG, ainsi que des armes lourdes montées sur les véhicules à quatre roues motrices.
Des sources militaires israéliennes en 2012 ont attribué le fait que ces armes soient disponibles, à l’effondrement du régime de Mouammar Kadhafi en Libye qui a conduit à l’écoulement de quantités massives d’armes sophistiquées dans la bande de Gaza. Selon un rapport d’Al-Monitor datant de 2012, environ 1 000 de ces missiles ont disparu des stocks militaires de la Libye. Malgré les efforts américains pour les localiser, quelques centaines d’exemplaires n’ont été jamais retrouvés.
Al-Monitor a également appris de sources militaires dans la bande de Gaza que le nombre d’armes anti-aériennes était de plusieurs dizaines et qu’elles étaient réparties entre les principales factions armées. Le flux de ces armes a considérablement ralenti après que l’Égypte ait détruit les tunnels de contrebande le long de sa frontière avec la bande de Gaza en juillet 2013. Cela a contraint les groupes armés palestiniens à ne pas faire usage des armes anti-aériennes aussi souvent qu’ils le souhaiteraient, puisque les fournitures de remplacement sont peu nombreuses et espacées.
La défense aérienne
Al-Monitor a examiné un document militaire de l’unité de défense aérienne de l’une des factions de Gaza. Ce document disait que l’ armée de l’air israélienne a grandement contribué au ciblage de dizaines de membres de la faction, par sa capacité à suivre leurs mouvements. L’ armée de l’air a également déjoué un certain nombre de plans au cours des deux guerres précédentes en empêchant des unités palestiniennes de tirer des roquettes sur les colonies israéliennes, ou en assassinant des combattants s’avançant vers la frontière orientale de la bande de Gaza.
Le document qui est une synthèse écrite et destinée à toutes les factions palestiniennes, ajoutait que l’unité s’est efforcé au cours des dernières années d’élaborer des plans militaires pour faire face à toute invasion israélienne de Gaza. Ils ont parfois réussi, selon le document, à repousser des incursions terrestres, comme cela s’est produit au cours de la guerre de 2008 sur la frontière sud de la ville de Gaza. Mais l’armée de l’air israélienne était à l’affût des unités armés palestiniennes d’avant-garde, fer de lance de la résistance face à l’armée israélienne.
L’objectif principal de l’acquisition d’armes anti-aériennes était de paralyser l’armée de l’air, mais cela reste un défi, étant donné le petit nombre de ces armes dans la bande de Gaza et la difficulté d’en acquérir plus en raison de la destruction des tunnels de contrebande par l’Égypte.
En conclusion, le document déclarait : « Tant que l’ armée de l’air israélienne aura pour rôle de déjouer tous les plans palestiniens de défense de Gaza contre les invasions terrestre, elle devra être attaquée, ses sorties aériennes déjouées, et il faudra mettre fin à ses survols 24h sur 24 de l’espace aérien palestinien. »
À cet égard, les Brigades al-Qassam ont affirmé que leur unité de défense aérienne a commencé ses opérations avec des capacités limitées, composées de canons de taille moyenne et de mitrailleuses lourdes. Le groupe affirme avoir réussi à poser une menace réelle pour l’aviation israélienne en entravant ses missions, et d’avoir descendu trois dirigeables de surveillance dans le sud et le nord de la bande de Gaza. Mais sans préciser les dates des incidents ou fournir des preuves pour étayer sa revendication.
Dans une ferme dans l’est de Gaza, un commandant de haut rang a dit à Al-Monitor dans une interview : « La résistance a le droit de posséder toutes les armes qui sont nécessaires pour faire face à la machine de guerre israélienne. Gaza a été transformée en un terrain d’essai pour tous les types de roquettes, les bombes au phosphore ou au vide, les bombes à percussion lancées par l’ armée de l’air israélienne. Dans toute nouvelle confrontation, la résistance ne donnera pas à Israël une nouvelle occasion de répéter ses tactiques ».
Malgré le manque de moyens pour une réponse anti-aérienne soutenue, le commandant sur le terrain [a affirmé que] les Palestiniens peuvent [maintenant] s’engager dans la lutte pour le ciel. « Je peux dire que l’époque où l’armée de l’air israélienne avait l’initiative et estimait que l’espace aérien de Gaza était grande ouvert pour que ses drones, hélicoptères et avions F-16 y manœuvrent librement du nord au sud, est révolue depuis longtemps et ne reviendra jamais. »