Artiste palestinienne
Artiste palestinienne : liberté pour l'art au Jeu de paume
LE MONDE | 21.06.2013 à 10h44 • Mis à jour le 21.06.2013 à 20h55 |Par Marie-José Mondzain (Philosophe, spécialiste du rapport à l'image)
Le vendredi 14 juin, le Centre d'art du Jeu de paume a été contraint de fermer brutalement ses portes pour des raisons de sécurité. Une alerte à la bombe, précédée de menaces qui continuent encore aujourd'hui de s'exercer contre sa directrice ainsi que contre son équipe, est à l'origine de cette soudaine et stupéfiante décision. De quoi s'agit-il exactement ?
On peine à croire au motif de cette décision qui révèle une terrible confusion entre la terreur et la censure, confusion perversement produite et cultivée par des extrémistes qui se livrent de plus en plus régulièrement à un sophisme dévastateur : ils menacent, cherchant à inspirer la crainte au coeur de la société civile. Incriminant tout geste créatif de leurs adversaires devenus à leurs yeux suppôts du terrorisme, ils entravent tout accès à une oeuvre et tout débat. Dès lors, comment débattre d'une oeuvre qui se trouve soustraite aux regards et à la pensée ?
Voici les faits : l'artiste palestinienne Ahlam Shibli expose actuellement, sous le titre "Foyer fantôme", un vaste ensemble de photographies qu'elle a pris soin d'accompagner de textes clairs qui informent le spectateur sur les circonstances et les lieux dans lesquels les personnes, le plus souvent nommées, acquièrent leur visibilité. Plusieurs sections rythment cette exposition.
L'une concerne les Bédouins palestiniens engagés volontaires dans l'armée israélienne, une autre les gays, lesbiennes, bi et transsexuels d'origines pakistanaise, libanaise, turque, palestinienne et somalienne, ...