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Lobbies du tabac -3-


Lobbies du tabac: les critiques se durcissent contre le patron de l'office européen anti-fraude

05 MAI 2013 | PAR LUDOVIC LAMANT

Où l'on reparle du Français Michel Petite...

L'eurodéputée allemande, qui parle au nom du PPE, fut la première à exiger la démission de Kessler. Depuis la fin du mois d'avril, elle a été rejointe par les Verts européens. Les socialistes, eux, se font plus discrets, mais assurent que le fait que Giovanni Kessler est lui-même un socialiste, n'y est pour rien. 

Du côté de l'Olaf, on s'indigne de la « désinformation » en cours : « L'enquête a été menée en toute légalité, et de manière professionnelle, et le rapport final, complet et pertinent, ne manipule aucune preuve. » Interrogés par Mediapart sur des points précis, les services de l'Olaf refusent de « discuter les détails d'une enquête dont les prolongements judiciaires ont lieu en ce moment à Malte ». 

Pour les Verts, l'affaire fragilise, non seulement Kessler et l'Olaf, mais aussi José Manuel Barroso, le président de la commission européenne, qui a lui aussi cautionné le rapport. Pour l'exécutif européen, il n'est pas question de remercier Giovanni Kessler. « C'est John Dalli qui a décidé de démissionner, en accord avec le président Barroso, parce que sa position était devenue intenable politiquement », rappelle-t-on prudemment du côté de la commission.

Pourtant, depuis le départ, plusieurs affaires confirment la porosité de la commission avec l'industrie du tabac. En novembre dernier, l'hebdo allemand Der Spiegel avait révélé que les services de la toute-puissante Catherine Day, à la tête du secrétariat général de la commission, sont intervenus à deux reprises, en 2012, pour repousser la présentation de la nouvelle directive tabac. 

Le rapport de l'Olaf, que la presse maltaise vient de publier, apporte, à cet égard, un nouvel élément stupéfiant : un certain Michel Petite a servi d'intermédiaire pour établir le contact entre Swedish Match et Catherine Day. 

Or, ce Michel Petite est bien connu à Bruxelles : ex-patron des services juridiques à la commission, il s'est recyclé dans le lobbying. Son cabinet d'avocats, Clifford Chance, compte parmi ses clients Philip Morris, qui s'est associé depuis 2009, dans une co-entreprise spécialisée dans le « snus », avec… Swedish Match. Pour compléter le paysage, Michel Petite a été reconduit pour trois ans, en décembre dernier, au sein d'un comité d'éthique censé gérer les conflits d'intérêts au sein de la commission (lire notre article).  

Pour l'eurodéputée allemande Inge Grässle, qui ne semble pas décidée à lâcher ce dossier tentaculaire, « l'Union, c'est d'abord une union de droit commun »« Si ce droit n'existe plus, je m'en vais. C'est une question qui va bien au-delà de Messieurs Dalli et Kessler. À quoi sert le droit dans l'Union? Si l'UE n'applique pas le droit, alors ce n'est plus la peine de parler à la Hongrie de l'évolution de son régime. »

Et de prévenir : « Si l'on ne fait pas la lumière pour de bon maintenant, cela va finir par éclater – et sans doute juste avant les élections européennes de 2014. Il est encore temps de gérer cette affaire. José Manuel Barroso peut encore se sortir de là en défendant le droit. » Mais le patron de la commission y est-il disposé ?

 

 

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