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Comment 750 millions de dollars

Comment 750 millions de dollars se sont évaporés entre l'Angola et la Russie

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L’avantage lorsqu’on cherche la trace des paradis fiscaux dans tous les recoins de l’économie mondialisée, c’est qu’on les trouve… partout. Dernière magistrale démonstration en date : le rapport que publient aujourd’hui deux ONG, la britannique Corruption Watch et l’angolaise Maos Livres, sur les mécanismes de détournement à l’œuvre dans le remboursement de la dette angolaise à la Russie, au milieu des années 1990. Mediapart y a eu accès en exclusivité pour la France. Au milieu de ce deal financier : l’île de Man, et Abalone Investments, la société intermédiaire créée par Arcadi Gaydamak et Pierre Falcone. Par un opaque tour de passe-passe, la société a réussi à détourner pas moins de 750 millions d’euros, en bénéficiant de la bienveillance de la Société de banque suisse (SBS), qui a fusionné en 1998 avec UBS.

La justice suisse a déjà fermé deux fois des investigations sur cette affaire, mais une nouvelle « dénonciation » (équivalant au dépôt de plainte sans constitution de partie civile, en France) a été déposée aujourd’hui par quatre citoyens angolais.

Gaydamak et Falcone ont été mis en cause dans « l’Angolagate » : l’entrepreneur franco-israélien d'origine russe et son ancien associé étaient accusés d’avoir vendu, entre 1993 à 1995, du matériel militaire russe à l'Angola, alors en pleine guerre civile, sans avoir reçu d'autorisation de l'État français. En mai 2011, la Cour d’appel de Paris a jugé qu’ils ne pouvaient pas être condamnés pour ces faits.

C’est pour une autre affaire que les deux hommes, et bien d’autres, dont le président angolais José Eduardo Dos Santos, sont à nouveau mis en cause aujourd’hui. Le rapport des ONG, intituléTromperie en hauts lieux : l’accord corrompu de restructuration de la dette Angola-Russie, rappelle minutieusement comment les paradis fiscaux, dont l’île de Man est un fleuron, permettent de faire disparaître des millions d’euros dans les trous noirs de la finance mondialisée. Il détaille comment Gaydamak et ses amis se sont mis dans la poche une énorme partie, peut-être la moitié, des 1,5 milliard de dollars que l’Angola devait rembourser à la Russie à partir de 2001.

Voici comment le rapport, qui s’appuie sur des documents déjà en partie connus, mais jamais aussi détaillés, résume les faits. En 1996, l'Angola conclut avec la Russie un accord de restructuration de sa dette, contractée à l’époque soviétique notamment pour acheter du matériel militaire. La dette de 5 milliards de dollars est réduite à 
1,5 milliard de dollars, à rembourser de 2001 à 2016. C’est alors qu’intervient l’intermédiaire Abalone Investments, créé uniquement pour être utilisé dans la transaction. À partir de 1997, Abalone, dont les créateurs sont très proches du pouvoir angolais, obtient que l’Angola lui verse la quasi-totalité des 1,5 milliard de dollars. Mais se débrouille, via un système de « billets à ordre », pour reverser à la Russie seulement 750 millions !

Pourquoi la Russie accepterait-elle un tel accord ? Aucune réponse logique. Pour ajouter aux soupçons, en décembre 1999, l’oligarque russe Vitaly Malkin, membre éminent du Parlement jusqu’à sa démission en 2013, achète 25 % d'Abalone, en versant à Gaydamak 60 millions de dollars. De plus, le rapport raconte comment Gaydamak a réussi à tromper l’Angola et a détourné une partie des versements sur un compte dont lui seul détenait les droits. Au total, le règlement de la dette n’a rapporté à la Russie que 422 millions de dollars.

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