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Comment 750 millions de dollars (2)

Comment 750 millions de dollars se sont évaporés entre l'Angola et la Russie

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UBS visée par une plainte en Suisse

Le calcul « est choquant », écrivent les deux ONG, qui s’appuient sur les investigations menées en 2000-2001 par les justices suisse et française dans le cadre de l’enquête sur l’Angolagate pour retracer le parcours d’une partie des sommes en jeu. Sur les 1,39 milliard de dollars réellement payés par l’Angola (via la société pétrolière nationale Sonangol), 138 millions seraient allés à Gaydamak, 125 millions à Pierre Falcone et presque 49 millions à Malkin. 36 millions sont allés à Dos Santos, 38 autres millions ayant été répartis entre quatre autres officiels angolais, dont l’actuel ministre de l’industrie, Joaquim Duarte da Costa David. Mais surtout, pointe le rapport, 500 millions ont disparu des écrans radars et sont allés à des bénéficiaires inconnus, via des circuits financiers compliqués, passant par Chypre, le Luxembourg et Israël.

Pour s’entendre, toutes les parties ont cherché un partenaire commercial rassurant, qu’ils ont trouvé sous l’enseigne de SBS, puis d’UBS après la fusion. La banque suisse s’est portée garante de diverses parties du deal, en ouvrant un compte séquestre, où chacun versait les sommes dues. Sa fonction était de superviser les montants de la société pétrolière angolaise versés à l’intermédiaire Abalone, puis à s’assurer que l’argent était envoyé vers la Russie. Apparemment, à aucun moment la banque n’a tiqué sur le montage financier de l’opération et le rapport publié aujourd’hui appelle les autorités (judiciaires) à s’intéresser sur le rôle de la banque.

C’est pour cette raison que quatre citoyens angolais, appuyés par une ONG suisse, la Déclaration de Berne, ont déposé une« dénonciation pénale » auprès du parquet suisse, visant trois employés ou anciens employés d’UBS, ainsi que Falcone, Gaydamak et les officiels angolais impliqués. Le texte de la dénonciation accuse les employés de la banque de s’être rendus coupables de « participation à la corruption active d’agents publics étrangers » et de « blanchiment aggravé ». Pour l'un des signataires de la dénonciation, l'avocat David Mendes, « le système bancaire suisse a permis de voler cette somme à l'un des pays les plus pauvres au monde ; il n'est pas trop tard pour que la Suisse enquête correctement sur tous ceux qui ont rendu cette spoliation possible et cherche la restitution des sommes ».

Une procédure avait déjà été ouverte, puis classée en 2004 par la justice suisse. Le parquet avait en particulier suivi l’avis d’un expert qui concluait que l’Angola et la Russie avaient eu raison d’utiliser ce montage acrobatique, et qu’il n’avait rien de très particulier. Aujourd’hui, le rapport apporte de nouveaux éléments : l’expert, Enrique Cosio-Pascal, spécialiste de finances publiques (passé par l’ONU, la Banque mondiale et le FMI), a admis auprès de l’un des auteurs avoir travaillé à l’époque à partir d’informations partielles, fournies notamment par les avocats de Pierre Falcone, qui était mis en cause par la justice. Il reconnaîtrait aujourd’hui que ni la Russie ni l’Angola n’ont bénéficié de la situation.

Pas sûr que ces éléments changent la situation judiciaire : en 2007, une première dénonciation pénale avait été déposée. En 2010, elle avait été classée sans suite, et sans enquête réelle, assure l’ONG suisse.

 

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