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Affaire Merah : un citoyen étonné

Par Pierre Conesa, chercheur associé à l’IRIS (Marianne, 22 novembre 2012)

 

Pourquoi François Hollande persiste-t-il à ignorer certaines des victimes du terroriste Mohamed Merah, s'interroge Pierre

Conesa, chercheur associé à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et maître de conférence à

Sciences Po.

La visite conjointe de Benyamin Netanyahou et de François Hollande le 1er novembre au collège-lycée Ohr Torah, où

trois enfants et un enseignant juifs ont péri sous les balles de Mohamed Merah, a donné l'occasion au président d'assurer

qu'il allait tout mettre en oeuvre afin de «pourchasser, poursuivre, éradiquer» l'antisémitisme. Il a affirmé que la France était

déterminée à le «combattre sans relâche» et à «le pourchasser partout», en faisant ainsi «une cause nationale».

C'était également le discours de Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, le 18 octobre, dans les mêmes lieux. Mais on reste

étonné de la différence entre les discours du Premier ministre israélien et du président français. La veille de la visite,

Benyamin Netanyahou, reçu à l'Elysée, fier d'aller à Toulouse, a dit vouloir «porter le message que l'extrémisme envers les

juifs et les non-juifs est inacceptable», montrant que le jihadisme menaçait aussi des non-juifs. Rien de tel dans le discours

du président français.

Morts pour la France

Avant les assassinats de l'école juive, Mohamed Merah avait exécuté de sang-froid trois parachutistes (le maréchal des

logis Imad Ibn Ziaten, 30 ans, et deux militaires du rang, Abel Chennouf, d'origine algérienne, 26 ans, et Mohamed

Legouad, Français musulman d'origine algérienne, 24 ans) et avait blessé grièvement à la tête un quatrième (Loïc Liber, 28

ans) les 11 et 15 mars à Toulouse et à Montauban. Aucun membre de ces familles n'a été associé à la visite présidentielle

à Toulouse. Qu'en est-il de ces victimes aujourd'hui ?

Le ministre de l'Intérieur avait reçu en octobre, à la préfecture de Haute-Garonne, Hatim Ibn Ziaten, frère aîné du premier

soldat tué, à Toulouse, la soeur de Mohamed Legouad et le père d'Abel Chennouf, et leurs avocats. L'avocate Me

Maktouf a évoqué «un ras-le-bol, un mal-être insupportables». L'un de ses clients, Albert Chennouf, perçoit 700 € de

retraite et a déjà dû faire l'avance de 1 700 € de frais en tant que partie civile. Les avocats de ces soldats veulent avec

raison faire reconnaître que les quatre militaires visés sont «morts pour la France», permettant ainsi une prise en charge

partielle de leurs frais de justice et une aide à leurs familles. Ce serait là un signe à l'égard de la communauté maghrébine

qui, à travers ces jeunes engagés, a démontré son attachement à la France et a payé un très lourd tribut.

Pour l'heure, le président Hollande n'a pas jugé bon de les recevoir, leur faisant répondre par un courrier d'un conseiller.

Sarkozy s'était au moins senti obligé de leur adresser une lettre manuscrite...

www.iris-france.org/informez-vous/tribune.php?numero=488 1/1

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