La vie des Nord-Africains à Paris en 1955
Des cours de français pour Algériens, des jeux d'enfant dans la boue des bidonvilles, la pause au café... C'est ce que racontent les photos prises par Pierre Boulat en 1955. Un témoignage unique qui montre, bien avant les années noires de la guerre d'Algérie, la ségrégation imposée par l'Etat français à ces "Français musulmans d'Algérie", selon les termes administratifs de l'époque. Né en 1924 et mort en 1998, Pierre Boulat a consacré sa vie à la photo, devenant après-guerre un des plus grands photoreporters publié par Life, Paris-Match, le Time, National Geographic...Certaines de ces photos sont exposées jusqu'au 19 mai à la Cité de l'immigration, dans le cadre deVies d'Exil, 1954-1962, des Algériens en France pendant la guerre d'Algérie. A voir aussi, sur Mediapart, l'entretien vidéo avec Monique Hervo: la guerre d'Algérie vue d'un bidonville de Nanterre.
En 1955, ce que l'on appelle communément la guerre d'Algérie (1954-1962) venait de commencer. Dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, la police fait face à des Nord-Africains à l’angle des rues de Chartres et de la Charbonnière.
Dans un bidonville de Nanterre. La commune comptait dix-sept bidonvilles où étaient regroupées quelque
10 000 personnes. © Pierre Boulat / Cosmos
Dans le bidonville de Nanterre. D'abord ce furent les hommes qui arrivèrent dans une France qui manquait alors de main d'œuvre. Puis, ils firent venir leur famille pour les protéger de la guerre. © Pierre Boulat / Cosmos
Une partie de dominos dans le café Maure de la rue Maitre Albert. © Pierre Boulat / Cosmos
Avant l'embauche, vérification des papiers.
Des immigrés prennent des cours de français.
Le marché au troc à la Porte de Saint-Ouen, au nord de Paris, où s'étalle aujourd'hui le marché aux Puces.
© Pierre Boulat / Cosmos
A Courbevoie devant des ouvriers métallurgistes, une danseuse du ventre récolte quelques billets dans le soutien-gorge. Elle fait tous les soirs la tournée des cafés. © Pierre Boulat / Cosmos
Fouille au corps dans le bidonville de Nanterre. Gendarmes et policiers contrôlaient à la première occasion ceux qu’ils appelaient les « bicots ». Il n’y avait pas de tension, les Arabes étaient calmes, éberlués, un peu peinés. Mais l’escalade commençait.
A Billancourt, une paillasse pour trois et l’on se relaie. © Pierre Boulat / Cosmos
Coupe de cheveux dans un café. © Pierre Boulat / Cosmos
Mr Abdel Krim Bouzekkar, gardien d’usine, a « réussi ». Il a fait venir sa famille et grâce au prêt de l’Association d’aide aux familles nord-africaines il a pu acheter cet appartement qu’il paiera en vingt ans.
Foyer pour les travailleurs algériens après le nettoyage du bidonville de Gennevelliers.
Repas dans un foyer. © Pierre Boulat / Cosmos
Vendeur des quatre saisons dans une rue.
LES 5 COMMENTAIRES LES PLUS RECOMMANDÉS
Les seuls français sur ces photos sont des flics et un prof de français ( à moins qu'il ne soit Hongrois ?) .
Ces photos me rappellent ma famille , des cousins qui debarquent du bled tout au long des années 50 /60 ...
J'ai 50 ans aujourd'hui, mon père etait venu en France en 1938 avec mon oncle , lui pour fuir la misere coloniale , l'autre pour defendre "le père- patrie" (l'empire) contre les nazis ...Ces deux hommes , comme beaucoup ont eu un parcours incroyable ( boucher ambulant, vendeur de moules à Caen, ouvriers chez Peugeot, cafetiers dans des petites villes de province, gerants de cinema...) . dans ma famille , les enfants sont nés entre 1947 et 1966 , la force vive des trente glorieuses !
j'ai connu l'école republicaine française , laïque , le melange des enfants de prolos , le retour definitif au bled à 15 ans ( en 1977 ) le retour en france constatant que j'etais bien français et puis les questions cycliques de ce beau pays de France : à savoir si je suis bien integré ?
Je suis un peu las .
Oui je suis d'ici , ces hommes aussi .
Je me rappelle. J'étais enfant et j'habitais Puteaux, dans des conditions à peine meilleures que celles présentées ici. Et pourtant mes parents, décédés depuis, m'avaient appris ce mot de "bicot". J'avais appris la peur, la méfiance. Ne pas leur parler. Ne pas accepter de bonbons forcément empoisonnés. Quand nous jouions ordre nous avait été donné de rentrer, les jambes à notre cou, dès qu'un "bicot" apparaissait au bout de la rue.
Je me rappele des bidonvilles de Nanterre si proches de Puteaux.
Depuis, j'ai appris.
Saisissant ...
pauvreté, dignité, courage, il en aura fallu à tous ces migrants pour venir s'entasser dans des cabanes de planches et tenter de survivre et de vivre, en se faisant traiter de bicots à chaque bout de rue
poignant
merci pour ce reportage photographique
Film "les oubliés de Cassis"© Sonia Kichah
Merci infiniment de rappeler cette exposition et ces photographies.
Voici un extrait Les oubliés de Cassis, un film documentaire de Sonia Kichah. L'un des derniers bidonville de France (film que j'ai coproduit en 2008 avec la société Movieda productions). La carrière Fontblanche. Un bindonville sans nom, sans enfants, ni femmes qui aura existé pendant 40 ans et qui abritait des Tunisiens venus dans les années 1970, contrat en main, pour construire les belles villas de la cité balnéaire de Cassis.
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http://www.metropolitiques.eu/La-police-et-les-Algeriens.html
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"Prolonger"
C'est sur TOULON (dommage) .... du lundi 22 octobre 2012 au vendredi 30 novembre 2012
du mardi au samedi de 11 h à 19 h et les soirs de spectacle jusqu’à 20 h 30 (Entrée libre)
"La guerre d’Algérie cinquante ans après" au Théâtre Liberté
« Algérie », photographies de Marc Riboud
« Un été à Alger » / Web documentaire
Exposition : « Algérie », photographies de Marc Riboud.
Du 1er octobre au 30 novembre, Marc Riboud a couvert les moments décisifs de la fin du conflit (1960-1962). Rarement montrées dans la presse française de l’époque, ces images réapparaissent aujourd’hui avec une force et une émotion incontestables.
« Un été à Alger », Web documentaire mis en espace/ Du 24 octobre au 24 novembre : Quatre jeunes réalisateurs algériens, Amina Zoubir, Lamine Ammar-Khodja, Hassen Ferhani et Yanis Koussim portent un regard documentaire sur leur ville, le temps d’un été, celui des cinquante ans de l’indépendance de leur pays. 04 98 07 01 01 / www.theatreliberte.fr
TOUS LES COMMENTAIRES
Saisissant ...
Vivre au paradis...
Remarquable, Giulietta. Ça me rappelle le foyer Sonacotra où les immigrés étaient entassés quand je les rencontrais en 1975 à Epinal. Entassés, exploités, mais tellement accueillants et chaleureux.
A Chevalier
Je ne suis pas de cette génération qui a connu cette période, mais ma grand-mère m'a raconté, cette condition de vie, même si elle vivait dans une autre région et à une autre période.
Le film vivre au paradis m'a marqué.
https://www.youtube.com/watch?v=NLyvOuXQRCA
il y a aussi le superbe doc de yasmina ben guigui "mémoires d'immigrés"
Je n'aime pas Yasmina Benguigui
Yamina Benguigui épinglée pour un vol en Falcon à 140.000 €
dans ce cas, il faudrait aussi publier le démenti...
http://www.leparisien.fr/politique/ce-deplacement-coute-88-000-euros-reagit-le-camp-benguigui-11-10-2012-2223861.php
A Massasté
Son démenti ne change rien à mon opinion sur elle.
Je mets au même niveau d'opportunisme Yamina Benguigui, Rachida Dati, Fadela Amara...
Quel rapport avec le documentaire "Mémoires d'Immigrés"..??
J'ai aimé "Z..." et ne me suis jamais préoccupée de la vie privée de Costa-Gavras..
J'ai aimé "La Belle et la Bête" sans "juger" (!!) Jean Cocteau...
Je me rappelle. J'étais enfant et j'habitais Puteaux, dans des conditions à peine meilleures que celles présentées ici. Et pourtant mes parents, décédés depuis, m'avaient appris ce mot de "bicot". J'avais appris la peur, la méfiance. Ne pas leur parler. Ne pas accepter de bonbons forcément empoisonnés. Quand nous jouions ordre nous avait été donné de rentrer, les jambes à notre cou, dès qu'un "bicot" apparaissait au bout de la rue.
Je me rappele des bidonvilles de Nanterre si proches de Puteaux.
Depuis, j'ai appris.
Et vous avez beaucoup de mérite d'avoir su remettre en question cette peur de l'autre !
Koikidi
Ceci explique, pourquoi des enfants pouvaient dire à d'autres enfants, dans la cour de récré : "on ne joue pas avec les arabes"..
Les arabes n'allaient pas à l'école avec nous. si je me souviens bien il n'y avait pas d'enfants.
Koikidi
Je ne parle pas spécialement de cette période.
Début des années soixante, nous habitions une HLM près des terrains vagues entre la Porte de la Chapelle et la Porte d'Aubervilliers à Paris.Le périf n'était pas tout à fait terminé.
J'ai connu aussi ce genre de propos, que ma mère me tenait...
Depuis, j'ai appris aussi.
en 1955 les conditions d'existence des petits Français n'étaient pas trés différente des immigrés. voir ces photos avec l'évolution de 2012 est une vision fausse
Les seuls français sur ces photos sont des flics et un prof de français ( à moins qu'il ne soit Hongrois ?) .
Ces photos me rappellent ma famille , des cousins qui debarquent du bled tout au long des années 50 /60 ...
J'ai 50 ans aujourd'hui, mon père etait venu en France en 1938 avec mon oncle , lui pour fuir la misere coloniale , l'autre pour defendre "le père- patrie" (l'empire) contre les nazis ...Ces deux hommes , comme beaucoup ont eu un parcours incroyable ( boucher ambulant, vendeur de moules à Caen, ouvriers chez Peugeot, cafetiers dans des petites villes de province, gerants de cinema...) . dans ma famille , les enfants sont nés entre 1947 et 1966 , la force vive des trente glorieuses !
j'ai connu l'école republicaine française , laïque , le melange des enfants de prolos , le retour definitif au bled à 15 ans ( en 1977 ) le retour en france constatant que j'etais bien français et puis les questions cycliques de ce beau pays de France : à savoir si je suis bien integré ?
Je suis un peu las .
Oui je suis d'ici , ces hommes aussi .
Ce que je vois aussi, sur ces photos, c'est qu'on sourit. C'est un point de vue un peu réducteur évidemment, mais il est une certaine pauvreté moins sinistre qu'une certaine aisance où l'avenir se voile. Ce qui compte souvent c'est de savoir si on descend, si on monte ou si l'on est sur un plateau; la vue n'est pas la même.
Film "les oubliés de Cassis"© Sonia Kichah
Merci infiniment de rappeler cette exposition et ces photographies.
Voici un extrait Les oubliés de Cassis, un film documentaire de Sonia Kichah. L'un des derniers bidonville de France (film que j'ai coproduit en 2008 avec la société Movieda productions). La carrière Fontblanche. Un bindonville sans nom, sans enfants, ni femmes qui aura existé pendant 40 ans et qui abritait des Tunisiens venus dans les années 1970, contrat en main, pour construire les belles villas de la cité balnéaire de Cassis.
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http://www.metropolitiques.eu/La-police-et-les-Algeriens.html
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"Prolonger"
C'est sur TOULON (dommage) .... du lundi 22 octobre 2012 au vendredi 30 novembre 2012
du mardi au samedi de 11 h à 19 h et les soirs de spectacle jusqu’à 20 h 30 (Entrée libre)
"La guerre d’Algérie cinquante ans après" au Théâtre Liberté
« Algérie », photographies de Marc Riboud
« Un été à Alger » / Web documentaire
Exposition : « Algérie », photographies de Marc Riboud.
Du 1er octobre au 30 novembre, Marc Riboud a couvert les moments décisifs de la fin du conflit (1960-1962). Rarement montrées dans la presse française de l’époque, ces images réapparaissent aujourd’hui avec une force et une émotion incontestables.
« Un été à Alger », Web documentaire mis en espace/ Du 24 octobre au 24 novembre : Quatre jeunes réalisateurs algériens, Amina Zoubir, Lamine Ammar-Khodja, Hassen Ferhani et Yanis Koussim portent un regard documentaire sur leur ville, le temps d’un été, celui des cinquante ans de l’indépendance de leur pays. 04 98 07 01 01 / www.theatreliberte.fr
Les français musulmans... en Algérie "française" c'était les "indigènes" et ils n'avaient pas les mêmes droits que les coloniaux.
Les français n'ont pas fini de se pardonner le mal qu'ils ont fait aux algériens...
pauvreté, dignité, courage, il en aura fallu à tous ces migrants pour venir s'entasser dans des cabanes de planches et tenter de survivre et de vivre, en se faisant traiter de bicots à chaque bout de rue
poignant
merci pour ce reportage photographique
Au CE2 en 1951 dans une classe d'une école des Frères du nord de la France on se disputait la première place mon copain Hamza et moi avec qui je rentrais de l'école pendant que son père été pompiste à l'aéroport d'Alger.
Mais j'aimerais qu'un économiste sérieux m' explique sans tabou si ce ne fut pas une erreur de plus de nos irresponsables politique que d'avoir fait venir, pas aux dépens de leur train de vie à eux, trop de Maghrébins, et encore plus après les accords d'Evian de 1962, ce qui permettait de sous-payer les ouvriers d'ascendance « européenne » qui auraient accepté certains boulots pénibles plus justement payés.
Oui ou non, en 2012 la France est-elle surpeuplée et physiquement surpolluée avec trop de chômeurs, dont pas mal de descendants des immigrés maghrébins des années 1945-1965 qui sont nos concitoyens à part entière avec théoriquement les même droits que les autres, y compris les mêmes avantages sociaux que leurs parents et grands parents ce qui est normal ? Mais des avantages qui ne correspondent pas à autant de cotisations salariales, donc payés avec de l'argent qui n'est pas disponible pour réduire la misère de trop nombreux Français de souche qui vivent difficilement.
EVOLSPIR demande : Oui ou non, en 2012 la France est-elle surpeuplée et physiquement surpolluée avec trop de chômeurs, dont pas mal de descendants des immigrés maghrébins des années 1945-1965 [...] ?
Physiquement polluée par les chômeurs, on croit rêver !
Le véritable polluant, celui qui détruit le lien social, c'est celui pour qui Égalité et Fraternité seraient des mots qu'il faudrait oublier afin, sans doute de réduire la misère de trop nombreux Français de souche
Les ouvriers d'ascendance "européenne" auraient-ils un droit de préséance sur les autres ?
Serait-ce là l'enseignement des écoles des Frères du nord de la France ?
Enfin, ça fait drôle de trouver sur Médiapart, ce discours au relents"bleu Marine" que la banalisation ne rend pas moins nauséabonds.
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Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'autant de cotisations salariales??? Moi, française de souche, j'ai bossé à l'étranger, et pour des étrangers sans convention avec notre douce France, moyennant quoi ces annes ne comptent pas dans ma retraite. S'il y a moins de cotis', il y a moins de retraite. Quant aux sous dépensés pour un étranger, il convient de rappeler à toute fins utiles qu'un étranger est un type qui ne coûte pas un traitre sou de formation. Un enfant ça coûte des sous à la nation. Or, ils arrivent tous chauds tous rôtis, adultes et sans enfance coûteuse.
Le capitalisme actuel vit d'un taux de chômage structurel hallucinant. Mais étrangers et nationaux sont logés à la même enseigne, et les travaux faits par le personnel semi esclave des illégaux continue d'exister même en période de chômage et de sous-emploi.
J'en déduis que Verslui se trompe d'ennemi, se trompe de misère, se trompe de beaucoup de choses en pensant que trop d'étrangers sont là. Les économistes du système savent très bien que le taux d'étrangers actuellement est plus bas qu'il n'a été, que les français ont fait peu d'enfants pendant une époque et que la population avait donc besoin du sang neuf injecté par les étrangers, et que le système actuel n'a nullement l'intention d'en finir avec le travail illégal et le trafic d'hommes, même s'il montre les dents occasionnellement.
Algériens, Roms, Juifs...même combat pour la liberté et l'acceptation de leurs identités...et cela bien avant 1945 tout comme aprés...Hélas.
Savoir qu'aujourd'hui, il existent encore des êtres dit " bien pensants " qui sont antisémites et osent l'écrire...dans quel démocratie sommes nous depuis tant de temps ?
André
Pendant ce temps, , une autre partie de la Méditerranée faisait la moue à la moitié de la Méditerranée , sans douter que entre le Nord et le Sud , il n'y a aucune barrière de mort ou de vie mais seulement un gommage de magnitude entre zéro et mille degrés de chaleur humaine .