Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Maroc:Immigration sursaharienne

Désolé pour la mise en page;

http://www.telquel-online.com/Actualite/Maroc/Immigration-Stand-up-for-your-rights/532%20

Immigration. Stand up for your rights

  • 25 Jui 2012
  • Par : Jules Crétois
  • Actualités
  • 0 commentaires(s)

Immigration. Stand up for your rights

(DR)

 

Les droits des Subsahariens clandestins sont de plus en plus bafoués. Au grand dam des militants associatifs, qui déplorent l’inertie de la classe politique.

“L'afflux de Subsahariens” serait, selon le ministre de l’Emploi, Abdelouahed Souhail, une des raisons de la crise de l’emploi au Maroc. C’est ce qu’il a affirmé à New York le jeudi 5 juillet 2012. Une déclaration qui arrive alors que la répression à l’encontre des migrants subsahariens présents clandestinement sur le territoire (estimés entre 10 et 12 000 selon les différents rapports) s’est accrue. Pierre Delagrange, président du Collectif des communautés subsahariennes, assure : “Je reçois de très nombreux appels de migrants qui se plaignent de la brutalité des contrôles et des renvois aux frontières. Les arrestations, quant à elles, se multiplient depuis quelques semaines.” L’indignation a logiquement traversé les frontières. De nombreux articles ont été écrits par des journaux étrangers rapportant le calvaire que vivent leurs compatriotes sous nos cieux. Ainsi, le journal sénégalais Le Quotidien titrait en mai dernier : “Casa casse du Sénégalais.” Ces temps-ci, les rapports sur la question des migrants pleuvent. Cet été 2012, deux paraîtront : un du très officiel Conseil national des droits de l’homme (CNDH), et l’autre de l’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH).

 

Procédures cavalières

De son côté, l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) a rendu le sien en juin 2012. Un rapport peu élogieux quant à l’attitude des autorités marocaines, qui se résumait à une effrayante liste d’entorses aux droits humains : des migrants refoulés à la frontière algéro-marocaine sans qu’aucun procès-verbal ne soit signé, des interventions surprises à 6h du matin, des bagages détruits, des personnes qui se blessent en tentant de prendre la fuite et même des rumeurs de viol par les garde-frontières… Les militants associatifs pointent du doigt des procédures cavalières frisant l’illégalité. L’exemple le plus récurrent : les expulsions en Algérie en l’absence d’avocats ou de représentants d’ambassade. Il s’agit là d’une violation de la loi marocaine 02-03 relative aux droits migratoires ainsi que d’importants traités internationaux ratifiés par le royaume, qui prévoient que les migrants ne soient expulsés que vers leur pays d’origine ou au minimum vers un pays prêt à les accueillir et où leur sécurité sera garantie. Hicham Rachidi, membre du Gadem, un groupe de soutien aux migrants, enfonce le clou : “Les seules réponses à l’immigration clandestine sont d’ordre sécuritaire. Aucune autre solution, même d’ordre humanitaire, n’est proposée.”

Les premières conclusions d’un rapport publié mercredi 4 juillet 2012 par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), dirigé par Driss El Yazami —spécialiste des problématiques migratoires—, s’ouvraient sur ces mots : “Il est aujourd’hui largement admis que le Maroc est à la fois un pays de transit et de destination.” Plus loin, on peut lire : “L’immigration irrégulière change le Maroc et pose des défis aux responsables politiques.” Et c’est là que le bât blesse. L’activisme de la société civile contraste avec l’inertie de la classe politique. Saïd Tbel, qui s’occupe des questions migratoires à l’AMDH, explique : “Pour le moment, nous réclamons la reconnaissance des droits fondamentaux des migrants, mais nous ne parlons même pas de régularisation ou de questions politiques car nous savons que personne en face n’a de point de vue. Les rares sorties sur l’immigration sont simplement hors sujet.” Et Tbel de citer cet amalgame du député de l’USFP, Abdelhadi Khayrat, en mai dernier, entre immigrés subsahariens et terroristes venus de Libye. Effectivement, trouver un élu ou un cadre de parti capable d’aborder en connaissance de cause le sujet de la migration relève du défi. Kenza El Ghali, parlementaire de l’Istiqlal et chercheuse sur les questions migratoires, est une des rares élues à s’être penchée sur la question. Elle déplore “l’inexistence de discussions au parlement à ce propos”, ajoutant : “Il faut légiférer, la seule loi dont nous disposons (02/03) date de 2003” ! La députée istiqlalienne, qui semble avoir accepté son isolement, a prévu de passer à l’action dans les jours qui viennent, en envoyant une lettre au Premier ministre pour l’alerter sur la gravité de la situation des migrants (manque de reconnaissance, frustration, déscolarisation des plus jeunes, etc.) “Le Maroc n’a pas de plan d’action alors même que les Subsahariens, en s’installant durablement, deviennent une nouvelle composante de la société”, souligne-t-elle.

 

Les harraga contre-attaquent

En attendant que la classe politique veuille bien prêter l’oreille à leurs doléances, certains immigrés ont décidé de sortir de l’ombre et de prendre leur destin en main. Un projet de regroupements des travailleurs migrants est d’ailleurs sur les rails. Camara Laye, militant pour le droit des immigrés, explique : “Dans la classe politique, impossible de trouver une oreille attentive. Nous nous sommes donc tournés vers les militants syndicaux.” Le 1er mai dernier, ils étaient 260 travailleurs clandestins à défiler à Rabat, encadrés par des syndicalistes marocains. Et les discussions entre représentants communautaires et cadres de l’Organisation démocratique du travail (ODT) commencent à porter leurs fruits : les migrants clandestins pourront bientôt —la création de la section interne est prévue pour l’été 2012— intégrer le syndicat pour défendre eux-mêmes leurs droits.       

 

Profil. Dessine-moi un migrant

Les données sur cette population sont rares. Le tout récent rapport du CCME situe l’âge moyen des migrants à 31 ans. Majoritairement des hommes, sans enfants, célibataires, bien que les choses changent et que de plus en plus de personnes mariées s’installent au Maroc. Sans surprise, la plupart affirment émigrer pour des raisons économiques : ils recherchent un travail ou fuient une extrême pauvreté. La majorité d’entre eux viennent du Cameroun, du Sénégal, du Ghana et du Nigéria. Jusqu’à très récemment, beaucoup de clandestins ne vivaient que de mendicité ou de vente à la sauvette. Mais depuis peu, les choses commencent à évoluer : certains trouvent des emplois -informels- dans le BTP, l’agriculture et, dans une moindre mesure, comme employés de maison. La phrase à retenir du rapport du CCME est sûrement celle-ci : “La moitié des migrants disent qu’ils seraient tentés de séjourner au Maroc, si une régularisation avait lieu.”

                

 

 

Les commentaires sont fermés.