La destruction de la Libye vus d’Afrique
La destruction de la Libye et le meurtre de Mouammar Kadhafi - vus d’Afrique (I Just Said That !?)
Je suis terriblement bouleversé par ce qui se passe de nos jours, et j’avoue qu’il m’est difficile d’être impartial.
Il y a pourtant un certain nombre de faits que nous devons garder en mémoire si nous voulons rester assez sains d’esprit pour trouver le moyen de nous protéger des criminelles agressions européennes et américaines. Les voici :
Mouammar Kadhafi venait d’une tribu arabe libyenne. Il appartenait à une culture complètement différente de celle des Américains et des Européens. par conséquent il n’était pas —et n’a jamais prétendu être— le champion des soit disantes valeurs occidentales de "démocratie" et de "liberté". Cela ne l’a cependant pas empêché de faire du bien à son peuple et à d’autres peuples de l’Afrique.
Quand il a pris le pouvoir, il y a 42 ans, par un coup d’état PACIFIQUE —notez bien cela : il n’a pas eu besoin de verser le sang de son propre peuple pour renverser le gouvernement du roi Idriss (un gouvernement léthargique qui laissait les Libyens vivre dans la misère et le sous-développement)— il a pris des mesures pour s’assurer que la richesse pétrolière de la Libye profiterait au peuple libyen. Au cours des années, il a mis en place un vrai état providence avec des soins médicaux de grande qualité gratuits pour tous les Libyens, l’enseignement public gratuit, la reforestation de larges territoires de la Libye et il a fait passer la Libye d’une économie à faible revenu à une économie à revenu moyen.
Des Africains noir non-libyens sont venus y travailler en masse. Un Kényan qui travaillait dans une compagnie basée en Libye quand les Européens nous ont attaqués en mars dernier était effondré : il parlait du haut niveau de vie de la Libye et de la vie confortable qu’on menait dans ce pays où on trouvait de l’essence pour seulement 10 shillings kényans le litre !
Kadhafi n’était pas un européen ni un Américain moderne assez arrogant et idiot pour prétendre que la bonne gouvernance consiste en des élections régulières et des mandats limités pour les leaders. Comme un commentateur ghanéen l’a écrit l’autre jour, Kadhafi considérait qu’il avait consacré ses 42 ans de règne à prendre soin de son peuple. Ce qui est ridicule c’est que les Occidentaux pensent que seuls les systèmes de gouvernement qu’ils ont élaborés doivent être utilisés. On oublie qu’il y a de très bons systèmes de gouvernement différents créés par d’autres peuples. Avant d’être, hélas, conquis par les prédateurs blancs, les Agikuyu, par exemple, pratiquaient la démocratie et chaque génération transmettait le pouvoir à la suivante pacifiquement par cycles de 35 ans.
Kadhafi a soutenu les mouvements de libération dans d’autres pays d’Afrique, notamment en Afrique du Sud. Il a financé et armé le Congrès National Africain de Nelson Mandela quand les puissances occidentales faisaient des affaires avec le régime d’apartheid (séparation des races) dirigé par les blancs. Quand Bill Clinton est allé en Afrique du Sud et a critiqué la Libye dirigée par Kadhafi, Nelson Mandela lui a répondu sur un ton de reproche : "Nous ne pouvons pas vous accompagner dans la critique de ceux qui nous ont aidés au moment le plus noir de notre histoire."
C’est honteux de voir les médias dominants, les médias kényanes y comprises, se gargariser de clichés comme "le dictateur Kadhafi", le despote Kadhafi" et la "tyrannie" imposée par Kadhafi. L’autre jour un journal local a publié un dessin humoristique extrêmement insultant et de mauvais goût sur Kadhafi. Tout cela est le résultat de l’ignorance et du lavage de cerveau opéré par le Juggernaut (force implacable ndt) des médias occidentales. Nous avons beaucoup d’Africains qui sont incapables de penser par eux-mêmes et pour eux-mêmes. On peut dire que ces gens sont des esclaves sur les plans intellectuel et spirituel. Un aspect du caractère et de la personnalité de Kadhafi leur échappe. Kadhafi croyait que les Arabes descendaient des Africains Noirs et il enjoignait à son peuple à respecter tout spécialement les noirs. (Un de ses fils, Hannibal, a reçu le nom d’un célèbre général africain qui a utilisé des éléphants pour lutter contre l’armée romaine au temps de Jésus ; Hannibal était au service de Carthage qui était situé en Libye.) Et Kadhafi a mis en place une politique d’accueil pour que des Africains noirs viennent travailler en Libye comme employés ou même soldats dans l’armée. Kadhafi voulait former une Union Africaine qui aurait inclut les Arabes de son pays et la vaste population de l’Afrique sub-saharienne. On dit que sa mort l’a empêché de réaliser son idée de créer une Banque Africaine qui serait rentrée en compétition avec la Banque Mondiale dominée par les blancs.
Il est clair que les médias dominants n’appréciaient pas ces projets-là ; et d’ailleurs ils ne sont pas du tout horrifiés par ce que les "révolutionnaires" ont fait —à savoir arrêter et massacrer des noirs et en mettre d’autres dans des camps de concentration.
Les esclaves intellectuels ne sont pas capables de se rendre compte de la honte, de l’horreur et de la duplicité de la campagne occidentale contre Kadhafi. Le Grand Mensonge a été de prétendre qu’il y avait un soulèvement populaire contre Kadhafi. C’était en fait une rébellion armée fomentée depuis Paris et autres capitales occidentales et qui aurait échoué sans les armes de destruction massive de pointe françaises, anglaises et américaines. UNE CHOSE EST SURE : KADHAFI JOUISSAIT D’UN SOUTIEN ARME POPULAIRE ET LOCAL MASSIF et il aurait vaincu les rebelles sans les bombardements et les missiles des assassins américains, anglais et français. Un homme qui dirigeait un pays de seulement 6,5 millions d’habitants a tenu tête pendant plus de six mois à une alliance de pays regroupant près de 500 millions d’habitants. Pour moi, Kadhafi était un lion qui se défendait contre des brutes sans foi ni loi, des homme sans honneur : Barrack Obama, David Cameron et Nicolas Sarkozy. Ces assassins entreront dans l’histoire pour leurs agissements criminels et abjectes.
Quels leçons devons-nous tirer de tout ça en tant qu’Africains qui se respectent ? Il faut s’attendre à ce que ces gens dont la puissance militaire est immense se rendent coupables d’autres crimes. Mais nous avons une arme redoutable contre eux : nous pouvons prendre de plus en plus conscience de leurs objectifs et dénoncer leur prétention à diriger le monde comme grotesque et impropre. Nous pouvons leur donner leurs vrais noms : brutes, prédateurs avides, voleurs des ressources d’autres peuples, menteurs et manipulateurs. Et bien sûr, je peux voir le reste du monde s’allier pour se défendre mutuellement : L’Afrique, L’Inde, le Brésil et d’autres pays d’Amérique du sud, la Russie et la Chine. Les jours des ces dirigeants malfaisants sont comptés.
Et voilà, je l’ai dit !
P. Ngigi Njoroge est maître de conférence dans une université locale