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Politique - Page 3

  • Chers gouvernants, partez

     

    Publié le 27 juin 2015 dans Édito

    Chers dirigeants, partez. On ne vous regrettera pas.

    Chers gouvernants,

    Vous appeliez de vos vœux un discours de vérité. Vous le jugiez nécessaire, et je pense que vous avez raison. Je pense aussi qu’il ne faut pas attendre de vous que vous le teniez ; que c’est à chacun d’entre nous de montrer l’exemple, surtout à vous qui en avez si cruellement besoin.

    Vous mentez. Vous mentez quand vous cherchez des prétextes politiques urgents pour justifier d’utiliser l’argent public pour assister en famille à un match de football. C’était la finale, monsieur Valls, et vous aimez cette équipe ; c’est le cas de nombreux supporters qui font le déplacement, et pas tous en jet privé.

    Que répondez-vous au légitime mécontentement des Français ? Fidèle à votre passion du sport, vous déclariez – depuis Roland Garros !

    « Il faut que ceux qui critiquent se disent qu’au fond, parfois, il faut être un peu plus optimiste et se dire que le sport ça apaise, c’est le respect des uns et des autres. » – Manuel Valls, Premier ministre de la République française en 2015.

    Sous votre gouvernement, l’optimisme consiste bien en une capacité à accepter les outrages et mensonges quotidiens. Pour vos prochaines déclarations en public, sachez cependant que l’idée que vous cherchez à exprimer peut s’appeler par exemple clémence ou mansuétude.

    Vous faites d’ailleurs, chers dirigeants, preuve de clémence. D’une clémence de benêt. Vous condamnez les chauffeurs de taxis, mais leur pardonnez aussitôt et leur donnez raison après quelques heures de sauvagerie, de vandalisme et d’agressions violentes.

    Vous acceptez la violence comme un mode de contestation et cédez à la pression et à la peur. Vous agissez sans délai, et sans réfléchir, et demandez la dissolution d’Uber comme d’un groupuscule d’extrême droite évalué à 40 milliards de dollars. Vous courbez l’échine devant des individus violents qui s’en prennent à des innocents. Certes, leur situation n’est pas enviable ; ils ont payé cher pour obtenir sans attendre une licence que vous leur imposez. Mais c’est une affaire entre vous et eux ; Uber n’a rien à voir là-dedans.

    Et vous avez par là transmis un message fort – celui de votre faiblesse. Vous avez démontré à tous ceux qui pourraient prochainement être tentés de recourir à la violence pour défendre leurs privilèges que vous leur donnerez raison, renoncerez aux économies budgétaires bientôt inévitables et accèderez à leurs demandes, aussi illégitimes soient-elles.

    Vous vous êtes émus des écoutes américaines. Vous avez protesté contre un État allié qui espionnerait vos secrets professionnels et vos conversations privées. Vous avez protesté parce que cette fois, c’est vous que l’on surveille – pas comme dans la loi sur le renseignement que vous avez demandée et votée il y a quelques semaines à peine, qui instaurait (ou légalisait ?) la surveillance généralisée des citoyens. Quel niveau d’hypocrisie faudra-t-il désormais juger comme inacceptable, alors que vous placez la barre si haut ?

    Certains d’entre vous, chers dirigeants, proposaient des mesures préventives, au premier rang desquelles un changement de la Constitution américaine. À quel point faut-il être ignorant de la politique et des fondements de l’État américain pour avoir ce genre d’idées, pire : les exposer en public, pire ! À des journalistes ?

    Il y a quelques jours, chers dirigeants, l’un d’entre vous, et pas des moindres : le chef de l’État, la plus haute autorité du pays pour ceux qui lui en reconnaissent une, échangeait avec Bill Gates. Dans un anglais épouvantable, qui en dit long sur sa curiosité et son ouverture au monde. Pour la postérité (1’50):

    « You have promote the great idea to to to be in solidarity with people we can increase your intervention and there’s and there’s also intervention of France in the next years in speciocially (?) in particularly in Africa. » – François Hollande, Président de la République française en 2015

    Et ce même Président de la République se félicitait qu’il existe des riches qui « redistribuent ce qu’ils ont pu gagner », et se congratulait d’avoir reconduit le soutien de la France à la recherche contre le SIDA pendant toute la durée de son quinquennat. Sachez, chers dirigeants, qu’il y a une immense différence entre vous et Bill Gates (plus d’une, croyez-moi) : il redistribue l’argent qu’il a gagné. Vous redistribuez l’argent des autres. Vous le leur prenez, et vous décidez de ce que vous en faites.Tenez-vous le pour dit : il est très louable de chercher à guérir le SIDA, mais vous n’y avez absolument aucun mérite.

    Vous auriez du mérite, chers dirigeants, si vous saviez quoi faire et comment le faire. Des gens, crédules certes, vous ont fait confiance – si vous ne le faites pas pour vous, faites le pour eux. Réduisez enfin la dépense publique, abolissez les privilèges (y compris les vôtres) et ramenez l’égalité. Supprimez l’emploi à vie, mettez fin à tous ces gaspillages dont vous avez le secret. Simplifiez la vie des citoyens en simplifiant la loi, le code, le règlement. Décoincez l’étau administratif et fiscal qui empêche les entreprises d’être flexibles et la France de se développer.

    Prenez l’exemple des taxis : il n’y aurait aucun problème si vous ne leur imposiez pas en premier lieu une licence. C’est aussi simple que cela. Vous voulez demander des gages de qualité et de sécurité aux chauffeurs, aux compagnies ? Non pas que je le propose ou l’approuve. Mais il est frappant qu’à aucun moment, les chauffeurs de taxi n’aient proposé une telle mesure, qui répond parfaitement aux considérations altruistes qu’ils affichent. Tout comme il est frappant que vos préoccupations incluent le choix qu’ils ont fait de faire un marché d’une chose que vous donnez gratuitement.

    Car oui, c’est vous qui leur imposez la licence. En arrivant au pouvoir, vous prenez la responsabilité de l’État et tout ce qu’il impose. Tout ce que vous n’enlevez pas aussi rapidement que possible de la loi, vous l’approuvez. Tout comme ce que vous laissez derrière vous sera votre héritage, le cadeau ou le fardeau que vous laisserez à la France. Et compte tenu de l’estime que vous avez de vous-mêmes et du crédit que vous vous donnez, j’ose penser que vous faites de votre mieux.

    J’ose penser donc, chers dirigeants, que ce discours de vérité vous inspirera des envies d’autre chose, des envies d’ailleurs. J’ose espérer que vous saurez réaliser que vous n’êtes pas à la hauteur, que vous n’avez pas l’étoffe de ce que vous croyez être. Vous êtes incapables de changer la France, vous êtes incapables de la sauver du mal dans lequel vous semblez vous échiner à l’enfoncer. Vous êtes incapables de délester la France de cet État devenu monstrueux, qui se veut tout à la fois Big Brother, catalyseur de l’économie, historien et coach en nutrition.

    Alors, s’il vous plaît, partez.

  • Toujours notre comique BHL

    Grèce : l’inévitable contribution de BHL à la propagande anti-Tsipras

    par Martin Coutellier , le 3 juillet 2015

     

    Dans la tempête actuelle, Bernard-Henri Levy fait preuve d’une constance admirable : autant que sa force d’attraction pour les tartes à la crème, ses méthodes – mensonges, insinuations, insultes – résistent à l’épreuve du temps. À l’évidence, la crise politique actuelle en Grèce, qui excite toute l’éditocratie française [1], nécessitait toute la sagacité du philosophe milliardaire. Dans son « bloc-notes » paru le 30 juin sur le site du Point, son « analyse » subtilement titrée « Tchao Tsipras » ne nous apprend rien sur la situation de la Grèce, mais dit beaucoup de l’état de rage dans lequel cette situation le plonge.

    Après avoir expliqué qu’il s’autorise à donner son avis sur l’attitude d’Alexis Tsipras parce qu’il s’est autorisé, « ailleurs », à donner son avis sur tout (« J’ai assez dit, ailleurs, la colère que m’inspire l’Europe sans âme d’aujourd’hui (…), j’ai assez dénoncé l’aveuglement, à quelques notables exceptions près (...), de la plupart des acteurs de l’époque (…) pour m’interdire de dire, aussi, les sentiments que m’inspire l’attitude, ces jours-ci, de M. Tsipras »), BHL entre dans le vif du sujet.

     

    Mensonges

    En deux courts paragraphes, BHL prétend résumer le contenu des négociations en cours entre le gouvernement grec et ses « partenaires » : on demanderait à la Grèce « un effort fiscal minimal », un relèvement de la retraite à 67 ans, et une diminution du budget de la défense ; « en échange de quoi M. Tsipras s’était vu offrir une nouvelle tranche d’aide de la part du FMI » [2], prétend l’ancien nouveau philosophe. Peu lui chaut que le FMI en question ait refusé des propositions du gouvernement grec visant à augmenter les rentrées fiscales, comme relaté – entre autres – dans cet article du Monde. Peu lui chaut également que « l’offre » du FMI soit conditionnée à d’autres mesures, comme la suppression de retraites complémentaires pour les plus fragiles, et surtout que la question de la dette soit tout à fait centrale dans ces négociations (voir par exemple cet article de La Tribune). Si Bernard-Henri Lévy expose une situation compliquée de façon simpliste, c’est qu’il en ignore volontairement certains aspects cruciaux. Le philosophe à la crème ment donc au moins par omission.

    Second mensonge, et pas des moindres, celui selon lequel Alexis Tsipras aurait pris la décision d’avoir recours à un référendum « entre deux visites à Poutine ». Une argutie rhétorique destinée à jeter le soupçon sur le Premier ministre grec, qui agirait donc sur ordre de Moscou. Le problème est que, là encore, BHL raconte n’importe quoi : la dernière visite d’Alexis Tsipras en Russie remonte au 19 juin, soit une semaine avant l’annonce de l’organisation du référendum et il n’y est, depuis, pas retourné. Certes, BHL finira par avoir raison la prochaine fois qu’Alexis Tsipras rencontrera Vladimir Poutine : la décision d’organiser le référendum aura été prise « entre deux visites à Poutine ». Mais quel rapport entre le référendum et les visites ? Aucun. Mais signalons tout de même à Bernard-Henri Lévy cet autre fait troublant : le vote en première lecture de la Loi Macron (février 2015) a eu lieu « entre deux visites d’Hollande à Poutine » (décembre 2014 et avril 2015). Voilà qui mériterait une enquête de l’inspecteur BHL …

     

    Insinuations… et insultes

    De longue date, Bernard-Henri Lévy a trouvé ce qui unit les gens qui ne lui plaisent pas : ils sont tous nazis ! Alexis Tsipras, lui, se contenterait dans un premier temps de « reprendre la rhétorique d’extrême droite », en appelant le FMI, la BCE et les représentants de l’UE « les institutions » et en faisant référence à « l’humiliation grecque ». On ne voit pas bien en quoi cette rhétorique est « d’extrême-droite », mais si BHL le dit… Quant aux raisons qui ont poussé Alexis Tsipras à demander un référendum, BHL « sent » et « devine » qu’elles n’ont « probablement » rien à voir avec l’inflexibilité de la Troïka : « On sent, derrière l’opération, la lutte de courants minable au sein de Syriza. On devine, derrière ce coup de poker qu’il a probablement cru habile, le politicien ménageant l’aile radicale de son parti en même temps que son image, son avenir personnel, ses arrières. » Ménager son image et son avenir personnel, voilà bien le genre de comportement que le modeste et altruiste BHL a toujours refusé.

    Au total, selon Bernard-Henri Lévy, ce référendum « ressemble moins à une juste et saine consultation populaire qu’à un chantage en bonne et due forme à l’adresse de l’Occident. » Où cet Occident avec majuscule permet de sous-entendre que le gouvernement d’Alexis Tsipras, en organisant une consultation de tous les Grecs, s’en prend au fond à tous les Français, Allemands, Belges, Américains [3], etc. La Grèce exclue de « l’Occident » ? Étonnant de la part de quelqu’un qui se prétend « philosophe »... Ou alors le gouvernement grec ne fait pas partie de « l’Occident »... parce qu’il n’agit pas en conformité avec les « valeurs occidentales » ? Le référendum concernant la suite des négociations entre la Grèce et ses créanciers serait-il le dernier épisode en date du « choc des civilisations » ?

    De l’autre côté de la table des négociations, le FMI devient une association philanthropique sous la plume de BHL : il s’agit « d’un fonds supposé aider, aussi, le Bangladesh, l’Ukraine ou les pays d’Afrique ravagés par la misère, la guerre et l’échange inégal », dont les versements à la Grèce sont à mettre en balance avec « l’avant-dernier décaissement des sommes promises à la Tunisie, le maintien ou non de la facilité élargie de crédit au Burundi et la révision des plans d’aide aux systèmes de santé des pays les plus frappés par le virus Ebola. » Alexis Tsipras allié objectif d’Ebola ? Il fallait oser ! Mais BHL ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît.

    Sans surprise, BHL finit par franchir le pas, et passe des insinuations à l’insulte franche : Tsipras est en réalité un « démagogue pyromane s’alliant avec les néonazis d’Aube Dorée ». Mais de quelle alliance parle-t-on ? Syriza et Aube dorée auraient-ils un programme politique commun ? Évidemment, non. BHL ment et diffame en prenant prétexte du fait que le parti Aube dorée est également favorable à un référendum (et à un vote « non »). Mais s’agit-il pour autant d’une « alliance » ? Dans ce cas, on ne pourra s’empêcher de noter qu’en soutenant l’intervention française au Mali en janvier 2013, BHL s’était « allié » avec le Front national, également partisan de l’intervention. Vous avez dit amalgames ?

    Mensonges, insinuations et insultes qui n’empêchent pas BHL d’asséner une grande leçon de morale politique en guise de conclusion : « on ne mène pas son peuple au précipice pour se sortir de l’impasse où l’on s’est soi-même enfermé. » Et nous le reconnaissons sans peine : la leçon serait valable si elle avait le moindre rapport avec la situation actuelle de la Grèce.

     

    ***


    L’image représentant les tenanciers de nos « grands » médias, éditocrates ubiquitaires et chroniqueurs multicartes, en chiens de garde de l’ordre établi ne s’était pas donnée à voir avec autant d’éclat depuis quelque temps [4]. À lire et entendre BHL et les autres éditorialistes et chroniqueurs aboyant et écumant de rage contre le gouvernement grec sous prétexte que celui-ci a pris la décision de consulter les électeurs qui l’ont placé aux responsabilités, on ne peut que trouver l’analogie frappante de justesse.

    Martin Coutellier (avec Julien Salingue)

  • Les tiraillements du Camp du Bien

     

    Publié le 13 mai 2015 dans Édito

    Il y a encore quelques années, il était assez facile de repérer les bons des méchants. Mais petit à petit, avec la crise et l’arrivée au pouvoir des Socialistes officiels, les cartes se sont brouillées, les méchants sont devenus foutrement plus nombreux, à mesure que les dénonciations des bons s’empilaient. En ce mois de mai 2015, on doit se rendre à l’évidence : le Camp du Bien s’est démultiplié pour ne faire qu’une succession de petits baraquements retranchés d’où partent des tirs nourris, tous azimuts.

    Pour tout dire, c’est le bazar et une vache n’y retrouverait pas ses chatons.

    Chat bourré

    Jusqu’au 7 janvier dernier, on pouvait encore trouver des grandes idées qui rassemblaient mollement les individus, à l’instar des petits coquillages ballotés par une mer paresseuse. Il y avait l’antiracisme, bien sûr, la lutte contre les discriminations et pour l’égalité, décidément, la volonté d’en finir avec le méchant turbo-libéralisme (évidence nécessaire). À dose plus ou moins modérée, les combats pouvaient comprendre aussi ceux contre la pollution et le réchauffement climatique, la domination patriarcale et le massacre des bébés phoques. Simple, vous dis-je.

    Après le 8 janvier, les choses sont devenues nettement plus complexe, tout d’un coup. Le Camp du Bien s’est retrouvé plongé dans un abîme de perplexité.

    charlie hebdo intouchablesIl devait dénoncer l’abominable, mais devait à tout prix éviter l’amalgame, ce truc dangereux à base de bête immonde pilée et macérée dans du jus de communautarisme le plus aigre. Le Camp du Bien devait à la fois garantir, rubis sur l’ongle, la liberté des uns à s’exprimer, de préférence en faisant des dessins de figures religieuses sodomisant des enfants (suggestion de présentation), tout en expliquant aux autres la notion de respect et l’absolue nécessité de ne pas stigmatiser qui que ce soit, le tout en poursuivant ceux qui affirmaient s’exprimer autrement que dans les cases prévues à cet effet, tout en préparant ouvertement une loi de surveillance que la NSA n’aurait même pas osé pousser en loucedé.

    Fatalement, même pour le Camp du Bien dont la souplesse intellectuelle est légendaire et lui permet de plier la réalité avec une dextérité invraisemblable, ce genre d’exercices acrobatiques peut provoquer des foulures (du droit) et autres entorses (aux principes de base) assez carabinées. Ce qui devait arriver arriva : le Camp du Bien explosa.

    À présent, l’état des lieux est impossible à faire. Les Camps du Bien se tirent les uns sur les autres. Tenez, dans l’actualité, on trouve de tout.

    Le Camp du Bien ne stigmatise pas, c’est dit. Mais comme le Camp du Bien est laïc, il ne voudra pas de certains signes ostentatoires, comme … une jupe trop longue. Le Camp du Bien est poursuivi par une association du Camp du Bien pour discrimination. Là encore, rassurez-vous, le Camp du Bien gagnera à la fin (je vous laisse choisir lequel, moi, je m’y perds).

    Le Camp du Bien Caroline Fourest est pour la liberté d’expression, on l’a vu, et il lui arrive même de se fendre de livres entiers pour l’expliquer en long, en large et parfois un peu de travers. Alors le Camp du Bien Aymeric Caron dissèque et critique, dans une émission officiellement Camp du Bien Laurent Ruquier. Et parfois, ça se termine en distribution d’anathèmes. Prendre parti sera complexe. Le Camp du Bien gagnera, quoi qu’il arrive.

    Le Camp du Bien, il n’aime vraiment pas trop discriminer. C’est très vilain, ça, monsieur. Mais le Camp du Bien admet que, parfois, faire des statistiques ethniques, ça peut le faire, à tort ou à raison. Bien sûr, lorsque le Camp du Mal entreprend de faire mine de s’y employer, c’est la tempête : Ménard qui tente de savoir combien d’enfants musulmans il peut avoir sur sa commune en comptant les patronymes arabes, c’est insupportable en République Socialiste du Bisounoursland. Sauf qu’à bien y réfléchir, il devient difficile de lui reprocher ce que d’autres prônent, ou font carrément. Au sein même du Camp du Bien, le Deux Poids, Deux Mesures entraîne des crispations…

    D’un côté, on comprend que le Camp du Bien (ici, le ministre du Chômage, François Rebsamen), travaille pour l’égalité entre les hommes et les femmes au travail. De l’autre, le Camp du Bien ne saura pas tolérer qu’on supprime le « rapport de situation comparée » (RSC), institué par la loi Roudy de 1983. Le Camp du Bien lance donc une pétition contre le Camp du Bien. Rassurez-vous, le Camp du Bien gagne à la fin, même si on peut s’étonner que le Camp du Bien désire si ardemment faire des statistiques sexuelles, alors qu’il s’interdit de faire des statistiques ethniques.

    Egalité, Taxes, Bisous : République du Bisounoursland

    Le Camp du Bien, il a été Charlie. Mais à lire les Grands Penseurs Inévitables de ce Camp, il n’aurait pas dû, ou s’il l’a été, c’était pour camoufler son islamophobie. Le Camp du Bien bondit (forcément, se faire traiter de cryptofascisme et de pétainisme, ça picote un peu). La bataille sera homérique, le Camp du Bien en sortira vainqueur, c’est évident.

    Et bon courage pour y comprendre quelque chose …

    Alors que les scories de mai 68 retombaient en France, la société s’est progressivement accommodée de ces individus aux agendas politiques socialistes les plus agressifs, qui ont eu la présence d’esprit de se placer dans les strates les plus efficaces pour diffuser leurs messages, essentiellement les médias, l’enseignement et la politique. Ces messages bien spécifiques ont, « avec brio » si l’on regarde la société actuelle, fait passer le plaisir immédiat avant le bonheur, la consommation avant l’épargne, l’amusement et le divertissement avant le sérieux, et l’insouciance inculte avant la culture et le savoir. Après presqu’un demi-siècle, ça y est, la mission est réussie, qui consistait à faire en sorte que partout, tout le temps, les soldats de la Pensée Autorisée soient à l’affût, prêts à dégainer et à fusiller sur place le moindre impétrant qui aurait eu l’audace de penser de travers et de le dire.

    Cette observation peut être faite dans à peu près tout le monde occidental, avec des variantes en fonction du terreau local, parfois plus conservateur, parfois plus progressiste. Mais en France, le mal est si profond, si bien implanté et la liberté d’expression est si bien corsetée que la moindre formule de dissidence est rapidement attaquée par des meutes de sicaires fanatisés du Camp du Bien.

    Jusqu’à présent, cela avait eu pour effet de réduire au silence, ou à peu près, tout ceux qui ont le malheur de réclamer moins d’État, moins de cette solidarité gluante, de cette déresponsabilisation galopante, de cet égalitarisme forcené qu’on nous fourre partout, à toutes les sauces, dans tous les discours, à toutes les occasions, dans chaque commémoration, célébration ou événement. A contrario, tous ceux qui réclamaient exactement l’inverse ont eu des boulevards médiatiques, et, par voie de conséquence, les subsides généreux d’une République reconnaissante.

    Seulement voilà : deux effets sont apparus progressivement.

    D’une part, comme je l’ai dit, la mission du Camp du Bien est un succès : l’attrition des ennemis sous ses feux est complète. Malheureusement, des mercenaires sans ennemis finissent bien vite par s’ennuyer, et finissent par se chamailler.

    D’autre part, la crise aidant, les subsides sont plus difficiles à distribuer. Le nombre de mercenaires du Camp du Bien a tant augmenté que payer leur solde devient fort coûteux. Il faut choisir celles des factions qui recevront, celles qui seront aidées, celles qui devront se débrouiller. Les repas sont plus frugaux, les appétits s’aiguisent, les crocs sortent. Et comme, en plus, aucun alpha n’a vraiment pris la direction, que le seul qui pourrait y prétendre est tout sauf un chef crédible, … les dissensions se muent en batailles rangées.

    Le Camp du Bien n’a plus ni ressources intellectuelles ou morales, ni plus la moindre colonne vertébrale doctrinaire. Les penseurs et intellectuels, depuis longtemps éteints, ont été remplacés par des vendeurs de soupe populiste qui ont choisi de se tirer dans les pattes en s’accusant mutuellement de censure, de fascisme, de racisme ou de discrimination amalgamante pétaino-islamophobe (ne reculons devant rien) pour exister médiatiquement et grappiller, tant que cela sera possible, les quelques miettes que la France pourra encore leur offrir.

    Le délitement du pays continue. Regardez-les bien se débattre dans la purée collante que tous ces groupes ont contribué à former. Regardez cette magnifique élite se focaliser sur ces kyrielles de sujets dilatoires alors que l’économie n’a jamais été aussi mauvaise. Regardez-les bien se foutre presque sciemment (j’insiste sur presque) de ceux qui paient pour leurs combats grotesques, leurs idées pourries et leurs débats indigents.

    Regardez-la bien, cette élite, et profitez-en tant que vous pouvez. Parce qu’à un moment ou un autre, la réalité, implacable, va reprendre ses droits et tout ça va devoir s’arrêter. Ça risque d’être un peu douloureux.

    le socialisme c'est magique

     

  • Une dominance bête et méchante

     

    Hidalgo, BHL, Basse, Le ParisienLibé, Fourest, Val, Taubira… Difficile d’être au cœur du système, d’en profiter, et d’être populaire. Aujourd’hui, ça ne marche plus. Il faut tellement avaler et faire avaler de serpents pour arriver en haut de la pyramide du mensonge, qu’à la fin, les serpents ressortent dans tous leurs discours. Les gens s’écartent de ces empoisonneurs, et ça coupe le pays en deux : pas seulement entre élite et peuple, mais entre lucides et non lucides. Ceux qui vomissent ont besoin de ceux qui avalent, les méchants ont besoin des idiots, mais ils finissent par devenir idiots eux-mêmes.

     

    Référendum européen : Oui ou oui ?

     

     

    10 ans après avoir entubé le peuple français et montré que le référendum est une grosse blague dans une fausse démocratie, l’évolution de l’Europe a confirmé les pires craintes des pires sceptiques de l’avant 29 mai 2005. Rien que pour ça, l’arnaque du 29 mai (une date à marquer au fer rouge sur les fesses de la Nation) est une excellente chose, qui devrait déciller les yeux des Français encore gobe-mensonges. Les crédules qui croient dur comme fer que la démocratie existe, alors que l’actualité leur met chaque jour sous les yeux des exemples frappants de menterie. Visiblement, ça ne suffit toujours pas. Faudra-t-il crever les yeux des gens pour qu’ils consentent à les ouvrir ? Le Réel s’en chargera.

     

    Le peuple n’a pas le choix du choix

     

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    Nicolas Jamet-Dupont-Aignan

     

    Dominique Jamet, journaliste de droite devant l’Éternel, est aussi le vice-président de DLR (Debout la République, la boîte de Dupont-Aignan). À ce titre, il prend sa plume chaque dimanche. Dans la livraison du 31 mai 2015, on a retenu ça :

    « L’enseignement des deux sondages parus à quelques jours d’intervalle dans Le Parisien est pourtant assez clair : “Vous ne nous aurez pas une seconde fois. On vous a essayés, on vous a testés, on vous a rejetés. Comment Hollande pourrait-il être l’homme du changement ? Comment Sarkozy pourrait-il être l’homme du renouveau ? On ne veut plus de vous. On ne prend pas les mêmes et on ne recommence pas.” Sont-ils à ce point durs d’oreille, sont-ils à ce point prisonniers de leur ego et de leur cour que le cri du peuple ne parvient pas jusqu’à eux ? Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. »

    Notre petit commentaire, en toute modestie : c’est le système qui produit ces paires d’hommes usés et usants, faux concurrents et menteurs pathologiques. Opposition binaire seulement en apparence, qui est un produit du système, pas un choix du peuple, qui n’a jamais eu le choix du choix, c’est-à-dire du pré-choix ! En vérité, la présidentielle commence longtemps avant l’élection proprement dite, car il faut « vendre » non pas le candidat, mais le futur président au peuple. Ainsi, Sarkozy a-t-il été adoubé par les puissances de l’Argent dès la chute de Balladur, en 1995. Dix ans plus tard, le maire de Neuilly resurgira, tout neuf malgré un passé glandilleux, avec le même programme que Balladur : la privatisation des morceaux juteux du pays et sa dénationalisation dans tous les sens du terme. Le reste, c’est de la littérature.

     

    Anne Hidalgo contre la rumeur

     

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    À bientôt 56 ans, Anne, aussi pudique qu’elle est bien conservée, excite les convoitises au PS (Parti sexy)

     

    C’est pas nous m’sieur c’est Fogiel qu’a posé la question vache à la reine de Paris ! Dans son émission Le Divan, cette psychanalyse pour les nuls, Marco reçoit Hidalgo et lui demande – car c’est plus fort que lui, hein, le scorpion pique et Marco verse dans le people même pendant une séance d’analyse – Marco donc lui demande si son enfant ne serait pas aussi un petit peu celui de François Hollande. Rumeur balayée d’une main par la danseuse espagnole de Bertrand Delanoë et des services culturels de l’Ambassade israélienne, avec l’élégance qu’on lui connaît :

    « Des conneries comme ça y en a un paquet sur la Toile et dans les dîners en ville ! »

    Ce qui est vrai. Dans un dîner parisien, même si on essaye de faire dans le sérieux (« et toi Shlomo, tu nous prépares un article sur quoi cette semaine ? »), on finit toujours par déraper dans le kibezki, c’est fatal, que voulez-vous, humains, trop humains. La réponse vigoureuse de la fabuleuse socialiste ne laisse aucune place au doute, et nous sommes rassurés. Traduction : ce sont mes compétences politiques qui m’ont permis de monter les échelons au PS, ce que d’autres n’auront pas pu ou su faire. Sélection naturelle, voilà tout. Les bons en haut, les nazes en bas. Il y a une dernière possibilité : discrimination positive due à la parité, avec un net avantage catégoriel pour les femmes sexy et pas farouches. C’est le côté sombre du féminisme : laissez-moi passer, je suis une (jolie) femme !

     

    Europe 1 fête ses 60 ans de sionisme

     

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    Hé, attends, mais attends, Nico !

     

    On plaisante, comme Coluche. La radio a commencé officiellement dans l’indépendance, jusqu’à ce qu’elle vire, comme la plupart des initiatives médiatiques trop indépendantes, dans le giron de la pensée dominante. Mais non, on déconne encore ! Europe numéro un a été créée par Charles Michelson, émigré de Roumanie en 1900, qui à force de combines, transformera une petite station de Tanger en grande radio française, qui bénéficiera au départ des avantages de l’extraterritorialité. À la manière de RTL avec le Luxembourg.

    « Dans les années 20, Charles Michelson est un commercial pur et dur. Patron de presse à 36 ans, ses fréquentations l’ont amené à sympathiser avec Marcel Bleustein, déjà patron de Publicis, qui le présente à Georges Mandel, alors Ministre des PTT, duquel Michelson deviendra conseiller. »

    En France, on ne devient pas riche si on ne sait pas mélanger public et privé. Cette petite note est tirée du site officiel de la maison de production audiovisuelle de Monaco, la SAMIPA. On rappelle que Georges Mandel est soupçonné d’être un rejeton non officiel de la dynastie Rothschild. Michelson, avec un flair exemplaire, constitue un petit empire audiovisuel dans les failles du monopole d’État, juste après la guerre, dans les années 50. Sa régie commerciale, baptiséePropagande et Publicité, (sa « Régie n°1 » étant partagée à 50 % avec Publicis), assure le liant entre toutes ses sociétés. Il gagne énormément d’argent lorsqu’il cède ses activités à Sylvain Floirat, qui sera le père spirituel de Jean-Luc Lagardère, dont tout le monde connaît le succès. Arnaud, c’est autre chose. Et une autre histoire, que nous vous conterons dans La Fabuleuse Histoire des Fils et Filles De. Ah oui, Europe 1 : aujourd’hui, le parti pris américano-sioniste de la station en a fait la risée de tous les amoureux de l’information intelligente. Même les Guignols, pourtant pas bien lucides, ont senti le basculement. Et Aphatie, ancien patron de l’info sur RTL, la rejoint. C’est dire.

     

    Lâche attaque antisémite sur un juif sans défense et innocent

     

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    Le palais de Tanger visé par un missile, les 45 membres du personnel de maison de BHL perdent leur emploi.

     

    La photo circule sur le réseau des réseaux. BHL, l’homme qui a détruit la Libye, s’est pris une tarte par Le Gloupier. Jusque-là, rien de nouveau. Le philosophe en charge de la politique extérieure de la France depuis 10 ans a dénoncé la « meute » à l’origine de cette agression inqualifiable (donc on ne la qualifiera pas). Comprendre lynchage, comprendre pogrom, ghetto, injustice, violon, etc. Après le trauma, ayant repris ses esprits, Lévy lance :

    « On ne peut pas se laisser intimider par des incultes pareils qui ne savent même pas qui est Baudelaire. »

    Genre c’est la Culture qu’on assassine. Si nous ne cautionnons pas l’entartage d’un homme – nous on entarte plutôt les idées – qui contribue à lui donner une image de victime, ce qu’il n’est absolument pas, on ne peut pas laisser croire que c’est la Barbarie qui a voulu punir la Culture. Quand on appelle à bombarder tel ou tel pays, tel ou tel groupe humain, on prend ses responsabilités. Une tarte dans la gueule, c’est quand même moins dur qu’un missile sur la chaise d’un handicapé, fût-il extrêmement antisioniste. Israël s’étant fait une spécialité de l’élimination physique de ses opposants non plus militaires (ce qu’on pourrait comprendre), mais politiques, voire scientifiques ! Au fait, pourquoi on parle d’Israël ? Aucun rapport avec BHL, toutes nos excuses à nos lecteurs.

     

    Pierre-Louis, l’homme des Basse œuvres

     

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    Le fascisme ne passera pas par mon standard !

     

    Le Canard enchaîné du 27 mai nous apprend que c’est le transfuge d’Europe 1 qui a écrit le discours de Hollande au Panthéon, pour la canonisation des quatre Résistants, deux hommes plus deux femmes. Ça tombe bien, Pierre-Louis était l’animateur d’Europe 1 le plus en pointe dans la lutte contre le fascisme, le vichysme, le nazisme, et donc un ardent défenseur de la Résistance (lui, le collabo du moment), de la shoah (qui avait bien besoin de l’aide d’un relou) et de l’équipe de France de foot multicolore qui gagne. Avant qu’il ne mange dans la gamelle élyséenne, le faux journaliste mais vrai propagandiste ne manquait pas une occasion de fustiger ses invités s’ils se montraient coupables de la moindre proximité, même accidentelle, avec le nauséabond marais fasciste. Il montait alors sur ses grands chevaux, criait dans le micro, invectivait les impudents (Paul-Marie Coûteaux se fera copieusement insulter) pour qu’on entende bien de quel bon côté il se situait, faisant l’admiration de ses maîtres, le ridicule de son émission, et de la station.

     

    Le Parisien : mort d’un grand journal devenu petit

     

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    Le Parisien, un nouveau parfum (de luxe)

     

    Il aurait pu être le journal des gens, du petit peuple, il est devenu le torchon du ministère de l’Intérieur, une espèce de variante de Détective avec trois infos sur le PSG et une interview d’homme politique par des « lecteurs » bien triés. Quand on pense que les journaux des autres pays mettent des enquêtes dans leurs pages, des sujets magazine, de la culture, de la vraie, pas de la merde pour les cons, on a mal pour le journalisme français et ses lecteurs captifs. 300 journalistes pour pondre un journal maigrelet de 32 pages, qu’on croirait sorti un jour de grève de la rédaction. Un service minimum, contrôlé par le gouvernement pour ses pages « politique » et par des amis de l’axe américano-israélien pour ses pages « international ».

    Il y a 20 ans, on aimait ouvrir Le Parisien dans un bistrot, les clients le voulaient, le commentaient ensemble, ça faisait du lien social. Aujourd’hui, la rédac de qualité s’est barrée, laissant les faits divers (même pas bien traités) manger le cœur du canard. Quant aux pages « people », n’en parlons pas. Elles auront juste permis de recycler des containers de cirage de basse qualité. Dans le monde de la presse, petit poisson deviendra grand, pourvu que le public lui prête vie. Et qu’on ne se foute pas de sa gueule. Comment alors regretter un seul instant que cet organe prestigieux bascule dans les bras d’un annonceur, comme au Monde ou à Libé ? Un journal pour annonceurs, mais pas pour ses lecteurs. Nos décideurs ont juste oublié une loi d’airain : sans lecteurs, plus d’annonceurs.

     

    « Libération fait peau neuve » (Le Grand Journal du 29 mai)

     

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    « Épée, lève-toi sur mon Bergé. Et sur l’homme qui est mon compagnon ! Dit l’Eternel des armées. Frappe le Bergé, et que les brebis se dispersent ! Et je tournerai ma main vers les petits. » (Zacharie, 13 :7)

     

    On aurait bossé à Libé, on aurait titré « Libé fait pot neuve », mais c’est méchant. Homophobe et vulgaire. Justement, Le Monde nous apprend que l’homophobie recule (de 38 %), mais qu’elle « s’enracine en France ». Une agression tous les deux jours, sous-titre le journal du Bergé.

    Mais alors, comment qualifier les sorties lourdement homophiles et hétérophobes du Petit Journal ? L’homophobie vaut-elle mieux que l’hétérophobie ? Les homos sont-ils une race supérieure ? Beaucoup de Français ressentent ces déclarations et sketches comme de véritables agressions à la « normalité », à l’hétérosexualité, devenue déviante, et à la défense des valeurs (travail, famille, patrie), carrément associées au nazisme. De la dinguerie pure et dure.

    Les chiffres des associations du type LGBT sont tellement trafiqués que ça a dû leur faire mal au cul d’admettre une chute de 38 %. En réalité, ça doit faire dans les 380 %, mais ça n’a pas dû être trop vendeur.

     

    La bonne de Maître Bergé lutte contre l’esclavage…

     

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    « L’égalité est reconnue mais pas quotidiennement appliquée, c’est pourquoi il faut continuer la lutte. Je suis et resterai une banderille fichée dans le coeur sec des profiteurs ! » Lol.

     

    Restons dans le domaine des races sup/inf avec notre ministre à la fois la plus inquiétante, et la plus discrète. Son discours contre l’esclavage à Saint-Denis et donc pour le respect humain est un peu malvenu de la part de l’esclave personnelle de Pierre Bergé, qui l’oblige à faire passer des lois contre… le respect humain ! Mais bon, une contradiction n’a jamais empêché personne de vivre, sinon on serait tous morts, reconnaissons-le.

    Là, ce qui gêne, c’est qu’on parle du ministre de la justice, qui fait dans le clientélisme éhonté. Pas de leçons à donner à Sarkozy et sa clique de ce côté-là ! Nous, ce qu’on voudrait, par exemple, c’est criminaliser tous les assassins de vieilles dames, tous les violeurs d’enfants, ou tous ceux qui traitent les autres d’antisémites à la moindre incartade ou trait d’humour, histoire de bousiller leur image ou leur carrière. Ce maccarthysme français (mac-sionisme ?) fait du mal au pays, à son information, à son humour, à son unité. Puisse-t-il un jour dégager, comme a dégagé le sénateur américain du même nom, symbole de la paranoïa de tout un système. Bon, OK, aujourd’hui, les lobbies sionistes américains font un peu la loi dans des domaines secondaires (finance, médias, politique étrangère, renseignement), mais c’est pas une raison pour ne pas en gommer les aspects les plus excessifs. Un peu moins de sionisme voyant, quoi, merde. Soyons réalistes, demandons le possible !

     

    Pas bête… et méchant

     

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    « Non je lirai pas Caroline Fourest et Val, mais c’est très clair, je vois bien ce qu’ils disent ; honnêtement… pour moi ce serait intellectuellement dégradant quand même. J’ai mon travail. Mais pour moi ce sont des fanatiques religieux. Et des fanatiques religieux qui mettent toutes les minorités en danger. » (Emmanuel Todd, Clique TV, 28 mai 2015)

    Méchant, pas bête, et dur pour Val et Fourest, triste paire d’illusionnistes ultrasionistes déguisés en laïcards républicains. La phrase de fin pour Todd :

    « L’esprit du 11 janvier, pour moi, c’est ferme ta gueule. »

    Manu, tu prends ta carte chez E&R quand tu veux.

  • Le très "cultivé" Philippe Val

    Le nouveau marathon promotionnel du très cultivé Philippe Val

    par Martin Coutellier , Mathias Reymond, le 20 mai 2015

     

    Si la surface médiatique dont dispose un auteur pour faire connaître ses ouvrages était corrélée à l’intérêt du contenu de ceux-ci, cela se saurait. Pour autant, lire, voir et entendre Philippe Val tenir un discours parfois grotesque et souvent simpliste dans les médias pourrait surprendre. Malheureusement, il n’y là rien de nouveau : copinages, renvois d’ascenseur et bienveillance du petit groupe des éditocrates pour l’un des leurs. Même si les plus enthousiastes ne sont pas ceux que l’on attendait !

    Dans son dernier livre, Philippe Val se surpasse [1]. Ayant déjà démontré sa maestria dans l’art de la calomnie, du mensonge, de la compromission, de la fabulation et de l’expertise psychiatrique, l’ancien directeur de Charlie Hebdo n’a plus rien à prouver, et continue de parsemer ses idées de noms d’auteurs connus (jusqu’à cinq en une seule phrase), usant jusqu’à la corde le name dropping qui lui vaut parfois l’appellation d’« intellectuel ». De longue date également, Philippe Val méconnaît la sociologie, et en particulier celle de Pierre Bourdieu dont il construit de mauvaises contrefaçons pour les battre en brèche. Ce thème – central dans son livre – est au cœur de ses nombreuses interventions médiatiques : la France souffre du « sociologisme » qui « dit où est le bien et le mal » et « déresponsabilise l’individu ». D’après Val, cette pensée remonte à Jean-Jacques Rousseau, dont la thèse serait : « c’est la faute à la société », et aurait « engendré » des discours aussi divers que ceux de Lénine, Trotsky, Bourdieu, Pol Pot, Sartre ou plus généralement « la gauche totalitaire ».

    On pourrait naïvement penser que ces amalgames grotesques ne susciteraient que peu d’écho dans la presse. Ce serait se méprendre profondément sur les règles qui régissent la médiatisation des idées. Pourtant, force est de constater que les médias n’ont pas tous applaudi aussi fort… Si à droite, le livre est adoré, à gauche, et surtout chez certains de ses amis, on est embarrassé, voire agacé. 

    Une campagne médiatique

    Le 5 mars 2007, nous écrivions déjà : « Le regard hautain, la verve méprisante, le ton arrogant, Philippe Val se montre partout. Philippe Val - son personnage et non sa personne - est un symptôme. Un symptôme, parmi d’autres, des consécrations croisées et des complaisances mondaines qui permettent à l’"élite" de s’en décerner le titre. (…) Un symptôme des capacités digestives du cercle fermé des omniprésents qui absorbent toutes les formes de contestation. » La sortie de son dernier livre [2] est l’occasion de constater que peu de choses ont changé depuis. Si sa présence médiatique s’est largement réduite puisqu’il ne signe plus d’éditorial dans Charlie Hebdo et ne chronique plus sur France Inter, Philippe Val jouit toujours d’une attention soutenue pour cette nouvelle campagne de promotion.

    Le livre sortant le 8 avril 2015, les festivités commencent dès le 2 avril par un long entretien dans Le Point. Ensuite, le 5 avril, il enchaîne sur Canal Plus dans l’émission « Le Supplément ». Il accorde une interview au Figaro le 6 avril et s’installe sur France 5 le 9 avril : d’abord dans « C à vous », puis dans « La Grande Librairie ». Le lendemain, il est questionné par ses anciens subordonnés dans la matinale de France Inter. Puis c’est Europe 1 et Anne Sinclair qui l’accueillent le 11 avril. Il est invité le 17 avril dans « Le Grand Journal » sur Canal Plus. Le 20 avril, il se rend sur TF1 dans l’unique émission littéraire de la chaîne « Au fil de la nuit ». Les auditeurs de France Culture peuvent l’écouter le 5 mai. Enfin, il est convié par L’Express le 7 mai. Ouf ! À l’heure où nous écrivons, ses apparitions se font plus rares, mais gageons que la campagne n’est pas complètement terminée… Un marathon qui a donné lieu à quelques échanges cocasses et parfois fort intéressants (!). 

    « C’est la faute au système » donc « c’est la faute aux juifs »

     Le 5 avril, « Le Supplément » de Canal Plus consacre 15 minutes à la sortie de son livre, avec un long portait suivi d’un entretien. Le portrait, qui relate très favorablement les « milles vies » de l’ancien troubadour libertaire, ses « coups d’éclat, [ses] coups de gueule et [ses] polémiques », contient néanmoins une charge critique, au travers de l’intervention de Catherine Sinet, rédactrice en chef de Siné Mensuel et épouse du dessinateur Siné licencié par Val en août 2008 [3]. Concernant son livre, l’invité ne se voit poser qu’une seule question, dont l’énoncé incohérent et caricatural semble assez bien résumer le contenu de l’ouvrage : 
    - Maïtena Biraben : « Dans ce livre, […] vous dites "le monde n’est pas noir et blanc", y a pas les méchants et les gentils, et tout le monde en prend pour son grade : Snowden roule pour l’Iran, Assange est antisémite, la palme d’or "Entre les murs" minimise l’antisémitisme en France et Edwy Plenel c’est Claude François. C’est pour rire ou vous pensez tout ça vraiment ? » 
    - Philippe Val (avec aplomb) : « Non, je le pense vraiment. »

     Le 9 avril, Philippe Val campe sur France 5. Dans « C à vous », entouré de gens bienveillants (Pierre Lescure trouve son livre « absolument passionnant »), il expose une nouvelle fois le fond de sa pensée : « L’islamophobie c’est un mot pour éviter de parler du danger que représente la radicalisation au sein de l’Islam ». Ou encore : « il faut arrêter d’inverser la charge de la preuve entre la démocratie et les terroristes, mais c’est une vieille histoire, parce que ça vient aussi, comment dire, de la famille sartrienne, qui au moment de la guerre d’Algérie a cru bon de justifier le terrorisme. Voilà. » L’animatrice Anne-Sophie Lapix ne bronche pas.

    Le même jour, sur la même chaîne, dans l’émission littéraire « La Grande Librairie », l’ex patron de France Inter décrète : « Quand on sait où est le bien et où est le mal grâce à la sociologie, c’est plus la peine de se cultiver ». Puis il enchaîne et se déchaîne : « Rousseau prétend que l’homme est bon dès le départ, ce qui est une connerie, c’est quand même la culture, la sensibilité, la confrontation aux autres, aux talents des autres, aux défauts des autres, qui fait qu’un homme devient, qu’une femme devient, civilisé. Rousseau prétend le contraire, c’est sa thèse, c’est sa thèse de base, et la sociologie de l’EHESS d’aujourd’hui, majoritairement (…), elle pense ça, elle pense que la société rend l’homme mauvais, et pire que tout, surtout les États de droit, c’est toujours les États de droit qui ont tort. »

     Ensuite, le 10 avril, c’est en terrain non seulement conquis, mais connu, que se rend Philippe Val : chez Patrick Cohen dans le « 7-9 » de France Inter [4]. Après avoir permis à son ancien patron de se présenter comme le seul défenseur de la liberté d’expression en France depuis 2006 et « l’affaire des caricatures », l’animateur formule sa première question : « Expliquez-nous cette détestation de la sociologie, ou disons des explications sociologisantes ? ». Ayant fabriqué l’amalgame qui convient à son invité, Cohen ouvre la voie à cet échange burlesque :


    - Philippe Val : « Le premier chapitre du livre commence par Rousseau parce que Rousseau est celui qui relance l’idée pour les temps modernes que l’homme est bon et que la société le pervertit, ce qui veut dire que l’homme est bon… » 
    - Patrick Cohen : « Enfin depuis Rousseau il y a eu, Lénine, Trotsky, Mao, Bourdieu, Sartre… » 
    - Philippe Val : « Oui, oui, mais ce sont ses enfants. Ce sont les enfants de Rousseau. » 
    - Patrick Cohen : « Oui. » 
    - Philippe Val : « Et, le pauvre, on ne peut pas l’accuser d’avoir engendré Pol Pot. » 
    - Patrick Cohen : « Non, et puis on ne peut plus débattre avec lui. » 
    - Philippe Val : « On ne peut plus débattre avec lui, il peut plus se défendre. Mais il a engendré tout ça, il a engendré cette famille de la gauche qu’on appelle la gauche totalitaire. »

    Les approbations monosyllabiques de l’intervieweur semblent galvaniser l’interviewé, qui s’élance à corps perdu dans « l’antisociologisme », c’est-à-dire dans la bataille contre le moulin à vent qu’il vient de construire (celui qui abrite Rousseau, Bourdieu, Mao et Pol Pot – entre autres) : « Accuser le système, la mécanique intellectuelle qui consiste à dire c’est la faute au système, ensuite c’est la faute à la société, ensuite c’est la faute à un bouc émissaire forcément, ensuite la faute aux riches, et ensuite d’avatar en avatar (sic), on arrive toujours à c’est la faute aux Juifs. » Qu’en pense Patrick Cohen ? Il accompagne gentiment le délire de Philippe Val lorsque celui-ci ne trouve plus ses mots pour condamner cette fameuse « mécanique intellectuelle » : 
    - Philippe Val : « Ça tue la culture, (…) ça remplace le jugement, on sait où est le bien, c’est-à-dire, euh, euh... » 
    - Patrick Cohen : « Les opprimés ? » 
    - Philippe Val : « Les opprimés. Et on sait où est le mal, c’est-à-dire la société. »

    Pourtant Patrick Cohen et ses comparses sentent bien que quelque chose ne tourne pas rond, et, comme de nombreux relais habituels de Philippe Val, ils sont embarrassés… 

    Des amis embarrassés

    Ainsi, pour prétendre défendre l’existence de la sociologie sans contredire Philippe Val, l’animateur use de quelques contorsions intellectuelles qui ne peuvent que briser la logique la plus élémentaire : « Vous ne pouvez pas jeter le bébé de la sociologie avec toute l’eau du bain de l’actualité (sic), tous les sociologues n’ont pas des explications qui tiennent à 100% à la sociologie. » En substance : certains sociologues ne sont pas entièrement mauvais, puisqu’ils ne font pas de la sociologie à 100% ! Puis, dans la seconde partie de l’entretien, Philippe Val se verra opposer quelques arguments (un peu) plus sérieux, notamment par Thomas Legrand.

    Le samedi 11 avril, c’est au tour d’Anne Sinclair, sur Europe 1 [5], d’être désorientée quand Philippe Val pourfend à nouveau le « sociologisme », exactement dans les mêmes termes que la veille sur France Inter. Mais l’animatrice semble mieux réveillée que Patrick Cohen, et reste interdite devant tant d’amalgames. Ainsi, lorsqu’elle dénonce un raccourci (« blâmer la société, c’est excuser les terroristes : on n’en est plus là quand même »), et signale que « dans l’ensemble de la gauche, personne ne s’est trouvé derrière les terroristes », cela débouche sur une réponse amphigourique :


    - Philippe Val : « Non bien sûr, une fois qu’ils commettent leurs crimes, on les lâche. Mais… Regardez Dieudonné par exemple, le nombre d’intellectuels, le nombre même de certains juristes de haut niveau, le nombre de journalistes, le nombre d’humoristes qui l’ont soutenu, soutenu, soutenu, alors que c’était une évidence qu’il était antisémite, qu’il tenait des propos scandaleux, mais enfin, avec des métaphores, des machins… Il a fallu vraiment qu’il fasse monter Faurisson sur scène, et qu’il tienne des propos nazis, pour qu’ils le lâchent... jusqu’au dernier moment… Alors, quand ils passent la ligne, on les lâche, mais tant qu’ils passent pas la ligne, on les soutient. Tout ça est insupportable. Et je pense que tous les mômes qui aujourd’hui se convertissent à l’Islam radical dans les banlieues, on ne peut plus analyser ça comme un phénomène social, c’est un phénomène politique et culturel qu’il faut traiter politiquement et culturellement, mais on ne va pas dire : c’est la faute à la société. Faut regarder les chiffres, les chiffres de l’argent public, qui s’est déversé sur les banlieues ces vingt dernières années, mais c’est énorme ! Il fallait le traiter culturellement, et politiquement. » 
    - Anne Sinclair, ne sachant que répondre, enchaîne : « Euh … Euh … Bon, alors, Rousseau … Euh … L’état de nature, on l’a vu (…). »

    Dans L’Express également, si l’hebdomadaire a soutenu Philippe Val à l’époque des caricatures de Mahomet et si Christophe Barbier fait partie de ses obligés, les questions qui lui sont posées laissent à penser que la pitance servie par l’ancien comparse de Patrick Font est trop indigeste : « Vous dénoncez dans votre livre les intellectuels qui pratiquent "l’exécution sommaire". Mais vous-même n’hésitez pas à tirer dans le tas, à "exécuter" brutalement Bourdieu, les sociologues, les écologistes, Plantu, Le Monde...  »  ; « Plantu et Bourdieu ne se résument pas à ce que vous en dites dans votre livre... »  ; « [Les gens] ne peuvent-ils être à la fois déterminés par l’histoire, l’environnement social et leur libre arbitre ? » ; « Dire que la crise économique est partie de la dérégulation sauvage de la finance mondiale, est-ce céder à ce principe du bouc émissaire ? » ; « Il n’est donc pas autorisé de reprocher aux États-Unis d’espionner ses alliés européens et de s’en offusquer ? » ; etc.

    En conclusion de ce long entretien, on comprend que toute critique venant de l’intérieur est inacceptable pour Val, « comme Bradley Mannings, s’interroge le journaliste, ce soldat américain qui a alimenté en informations Wikileaks parce qu’il se disait révolté par la torture de son armée ? » La réponse est sans appel : « La torture est inefficace, grotesque, horrible, on n’a pas le droit de torturer. Mais la torture vient après le terrorisme. Qu’est-ce qui engendre la torture ? C’était vrai pour la France au moment de la guerre d’Algérie, c’est vrai aujourd’hui pour les démocraties confrontées au terrorisme. On rend responsables de la torture les seules démocraties, alors que la torture et le terrorisme sont l’avers et le revers d’une même médaille. » [6].

    Mais la plus grande déception provient de Libération et elle est signée Laurent Joffrin : « on ne peut s’empêcher de conclure, en refermant le livre, qu’il y a là beaucoup de circonvolutions pour masquer une conversion. Philippe Val quitte la gauche comme certains quittent leur femme, en lui trouvant soudain tous les défauts de la Terre. » (17 avril 2015). Puis le directeur du quotidien se retrouve même à défendre Pierre Bourdieu : « La sociologie de Pierre Bourdieu, par exemple, est autrement plus complexe que ce qu’en dit ce procureur sommaire. » Et de conclure en soulignant le grotesque de la thèse de Val : « Reste la question-clé, celle de l’égalité, dont Val se défie avec vigueur. Comment peut-on qualifier de "totalitaires" ceux qui s’en soucient ? Chacun voit bien que l’égalité des chances, dont il se réclame, n’est pas assurée dans une société où le capitalisme dérégulé crée d’énormes inégalités de condition qui se reproduisent inéluctablement. » 

    Adoré par la droite

    Si les médias de centre-gauche, ses alliés habituels, sont parfois un peu frileux dans leur soutien, ce n’est pas du tout le cas à droite où l’on acclame le revirement conservateur du libertaire des années 1970.

    Dans Le Point, Emmanuel Berretta chronique le livre de Val avec l’exaltation d’un fan authentique : « Sa protection policière renforcée depuis les attentats ne le dissuade pas d’attaquer toujours et encore, d’une plume acérée, les ennemis de la liberté. (…) Un brûlot animé d’un esprit voltairien. À lire absolument ». Dans Le Figaro, quotidien de droite s’il en est, Yves Thréard, qui recueille les propos de l’ancien chansonnier, contient difficilement sa joie : « Révolté par le prêt-à-penser médiatique, indigné par la lâcheté des intellectuels, déçu par la gauche française », « iconoclaste », l’ex-patron de presse aux « mille métiers » est loué pour son désir proclamé de vouloir « regarder la réalité en face ».

    Le 19 avril, dans le périodique libéral L’Opinion, le très droitier Éric Le Boucher est aux anges : « Ah le bon livre ! Voilà des années qu’on attendait un joyeux et méchant livre contre la bien-pensance de gauche, contre la sociologie du ressentiment, contre le journalisme moralisateur. » Et rend grâce à l’ex-patron de Charlie Hebdo : « Merci à Philippe Val (…). Il cogne, il disperse façon Audiard, les intellos, les gauchos, les écolos, les bobos, dans des formules assassines, des jugements à la hache, parfois exagérés, toujours jubilatoires. »

    Enfin, dans l’hebdomadaire ultra réactionnaire Valeurs Actuelles, le 24 avril 2015, on rassure d’abord le lecteur : « L’homme n’est pas un habitué de Valeurs actuelles, c’est même le moins que l’on puisse dire… Il est issu de cette gauche libertaire, antimilitariste et provocatrice plus à l’aise dans les colonnes de Libération ou de Charlie Hebdo, dont il a été le rédacteur en chef, que dans les nôtres. » Puis on tente d’expliquer l’évolution : « Il est très probablement de gauche, mais il est avant tout un homme libre, ce qui est bien pire aux yeux de certains, car un homme libre est un homme capable de renier en partie ce en quoi il a cru et ce qu’il a défendu, dès lors que la raison le lui commande. » Avant de s’enthousiasmer devant « ce livre aux démonstrations parfois fulgurantes. »

    « Les masques tombent ! » s’exclameront les nouveaux pourfendeurs de Philippe Val. Pourtant Acrimed avait déjà mis en garde ses aficionados dès 2003, et avant nous, PLPL l’avait rangé dans la catégorie des « faux impertinents » en juin 2000. Il y a donc bien longtemps que le masque tombe. Même si la chute est longue, nous attendons avec une impatience éberluée de voir où se fera l’atterrissage.

    Martin Coutellier et Mathias Reymond 



    Annexe – En guise de bonus, un échange très significatif sur France Inter

    Sur France Inter, l’échange entre Thomas Legrand et Philippe Val, commencé avec des « vous » et fini avec des « tu » est finalement interrompu par Patrick Cohen : « Bon, alors, on va sortir de cet entre-soi, certes sympathique, mais qui reste un peu un entre-soi ». On retrouve cette idée dans un tweet d’auditeur lu à l’antenne par « Bernadette » (les liseuses de tweets n’ayant apparemment pas de nom de famille) : « MadMarx qui vous voit invité partout et qui se demande si c’est pour votre seule mérite individuel, le tutoiement de Thomas fait penser effectivement à un certain entre-soi ». Le froid jeté dans le studio par cette remarque justifie que Patrick Cohen y revienne (après une nouvelle démonstration de « philosophie valienne » sur « l’expérience marxiste ») : « Je réponds à la dernière question qui s’adresse d’avantage à nous qu’à Philippe Val, qui ne s’est pas invité lui-même au micro de France Inter, c’est nous qui l’avons invité. Et si nous l’avons fait ce n’est pas parce que Philippe Val est ancien directeur de France Inter, mais parce qu’on a jugé que son livre était intellectuellement intéressant et stimulant, comme on invite un certain nombre d’essayistes, d’intellectuels à ce micro, qu’il méritait en tout cas d’être débattu ». Serait-ce verser dans le sociologisme que d’envisager qu’une certaine proximité, un certain « entre-soi » justement, puissent expliquer l’inclinaison de Patrick Cohen à trouver les analyses de Philippe Val intéressantes et stimulantes intellectuellement ?