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  • PHALLUS CACHÉS SUR LA COUVERTURE DU DERNIER CHARLIE HEBDO ?

     

    "Ils glissent des bites comme d'autres glissent des quenelles" (Berruyer)

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    Mots-clés : BerruyerbiteCharlie HebdoLuzMahometphallus

    "Luz a assez clairement dessiné Mahomet en partant de deux bites". Cette hypothèse est celle d'Olivier Berruyer, blogueur, actuaire, jusque-là spécialisé dans les questions monétaires et le conflit ukrainien, bien connu des @sinautes, et qui estime sur son blog que Charlie Hebdo, avec son dernier numéro, a manipulé une bonne partie de l'opinion française et provoqué la colère d'une partie du monde musulman. Un billet polémique, qui a trouvé un certain écho dans nos forums où la discussion s'est poursuivie, images à l'appui.

    Dans son dernier billet, inspiré par une chronique de Daniel Schneidermann et une analyse du sémiologue Jean-Didier Urbain, Berruyer a décidé de mettre les pieds (ou autre chose) dans le plat. Pour le blogueur, cela ne fait aucun doute : il y a bien deux phallus cachés sur la dernière couverture de Charlie. Comment en arrive-t-il à cette conclusion ? En épluchant les sites de presse tout d'abord, où les auteurs de Charlie auraient disséminé, ici ou là, quelques indices sur leurs réelles intentions. Selon lui, le plus gros est même dans Le Parisien qui a interviewé le dessinateur Luz, auteur de la couverture, et qui écrit en introduction : "Mais ce dessin a fait marrer la rédaction du journal satirique et c'est pour lui bien l'essentiel". "«Emu», je comprends. «Plu» ou «renforcé la conviction» je comprends. «Donné un clin d'oeil», je comprends. Mais «Marrer» ?", s'interroge alors le blogueur avant de rentrer dans le vif du sujet.

    Le sujet ? La Une du dernier Charlie. Berruyer note tout d'abord que la forme du turban de Mahomet, tel que dessiné par Luz, a évolué entre 2011 et 2015 :

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    "Vous remarquez que la forme de la tête et du chapeau sont vraiment différents des autres fois" Berruyer

    Mais la démonstration ne s'arrête pas là. Il suffirait, selon le blogueur, de retourner la couverture du dernier numéro, et de zoomer sur le visage et le turban de Mahomet pour découvrir le pot aux roses. Une expérience que le blogueur n'hésite pas à mettre en scène dans son billet, la couverture du dernier Charlie dans une main, la dernière version de Photoshop dans l'autre.

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    "Et encore, je ne parle pas de la larme blanche", ajoute Berruyer

    "IL FALLAIT LE DIRE CLAIREMENT EN CONFÉRENCE DE PRESSE"

    "Qu'on ne vienne pas me dire que j'exagère ou que je fantasme, on parle de Charlie Hebdo (...) C'est le coeur de leur métier de faire des bites !!!! Ils glissent des bites comme d'autres glissent des quenelles" se justifie Berruyer, en produisant, à l'appui, cette vieille couverture de Charlie où le doute, en effet, est moins permis :

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    Et Berruyer, après avoir rappelé qu'il condamne sans ambiguité l'attentat, de s'adresser directement aux journalistes de Charlie : "Vous vouliez créer un Mahomet-bites (un Hollande-bites, j’aurais hurlé de rire, mais là, dans ce contexte…) ? Mais enfin, il fallait le dire clairement en conférence de presse". Un Berruyer très remonté qui accuse, dans l'ordre, l'équipe de Charlie "d'être des irresponsables qui jettent de l'huile sur le jeu", "de jouer avec la sécurité et la vie de nos citoyens avec inconséquence" et "de semer la haine dans le monde". Sur sa lancée, le blogueur accuse aussi les médias "de taire ceci et de laisser les Français dans l'ignorance". Des médias qui ont pourtant posé la question à Luz, sur ce prétendu double-phallus. Réponse du dessinateur dans Libé : "Je l’ai toujours dessiné comme ça. En tout cas, s’il a une paire de couilles sur la tête, il est super bien épilé". Démenti ou confirmation ? Comprendra qui pourra...

    LIEN ÉVIDENT AVEC LA COLÈRE DU MONDE MUSULMAN

    Dans son billet, le blogueur n'hésite pas à faire le lien entre ce dessin et les multiples réactions dans le monde musulman. Depuis hier, les manifestations en réaction à la couverture du dernier Charlie se sont multipliées dans une dizaine de pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Des manifestations parfois violentes, comme au Niger, où au moins sept églises et lieux de culte chrétiens, notamment évangéliques, ont été incendiées samedi à Niamey. La veille, à Zinder, la deuxième ville du pays, trois civils et un policier avaient été tués et environ 45 personnes blessés. 35 000 personnes ont également manifesté, vendredi, à Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée par Israël. 2500 manifestants ont été recensés dans la capitale jordanienne. Et le roi Abdallah II, qui avait pourtant participé à la marche de dimanche dernier, a depuis retourné sa veste, qualifiant Charlie Hebdo d'"irresponsable et inconscient". De son côté, l'Union mondiale des oulémas, dont le siège est au Qatar et qui est dirigée par Youssef al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des "manifestations pacifiques" tout en critiquant le "silence honteux" de la communauté internationale sur cette "insulte aux religions".

    Une discussion qui a rebondi dans nos forums, où s'est poursuivie la recherche de la bite subliminale dans les dessins de Luz. Et à ce petit jeu, l'un de nos @sinateurs, IT, l'a emporté haut la main, démontrant par l'image, exemples à l'appui, que le dessinateur a l'habitude de rendre "éloquents" les yeux et le nez de ses personnages :


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  • RESPONSABLES, JUSQU'AU BOUT...

     

    Par Daniel Schneidermann le 19/01/2015 - 09h15 - le neuf-quinze

    Attention, chronique garantie responsable. Car maintenant, assez joué, il faut être responsables. Evidemment, ça ne pouvait pas durer. Après le pape, voilà les sondages. Pour 40% des Français (oui, les mêmes qui étaient Charlie par millions, dans les rues, le 11 janvier), il vaudrait mieux s'abstenir de caricaturer Mahomet. Et voilà qu'on entend, ici et là, les premiers appels à la responsabilité. Formidable, votre liberté, les gars, formidable, mais faudrait voir à être responsables, maintenant. Res-pon-sables. Regardez le Niger. Regardez le Pakistan. Dix morts, pour vos petits dessins. Et ça ne fait que commencer. Contents ?


    &gt; Cliquez sur l'image pour un gros plan &lt;

    Et là-dessus, en plein week-end, comme si ça ne suffisait pas, déboule cette affaire du dessin caché dans le dessin. Ayant décidé d'être responsable, je ne précise pas la nature de l'offense, vous renvoyant à notre article irresponsable. Embrasement immédiat de nos forums. Curieusement, ce sont d'ailleurs les plus anciens défenseurs de Charlie Hebdo, les plus fervents, qui démentent l'hypothèse du dessin dans le dessin, formulée par le blogueur Olivier Berruyer. Un dessin sournois dans le dessin ? Pas du tout ! Quelle curieuse idée. A la niche, l’obsédé. Va soigner ta libido !

    Eh, chers défenseurs de Charlie : savez-vous bien qui sont vos nouveaux héros, ce qu'est votre nouvel emblème ? Une équipe de dessinateurs de zizis, de foufounes, et de nénés. Pas seulement, mais aussi. D'accord, Luz a démenti, mollement, avoir glissé un dessin dans le dessin. N'empêche : connaissant les lascars, la lecture malintentionnée de Berruyer est pour le moins, disons, plausible.

    Et alors ? Même s’ils l’ont fait exprès, au nom de quoi leur demanderions-nous de se l’interdire ? Ils sont morts pour ça. Morts pour garder le droit dérisoire, le droit scandaleux, d’être irresponsables. Regardez notre émission. Ecoutez bien ce que rappelle notre invité, Fethi Benslama, sur le droit à l’irresponsabilité pour les artistes, cette conquête des Lumières. Sachez bien qu'en les sommant d'être responsables, vous les tuez une deuxième fois.

    J’entends bien que le problème, aux yeux de Berruyer, n’est pas le dessin. C’est le dessin caché sur le visage du prophète -référence évidemment au croquis déclencheur de la grande controverse des caricatures, qui dessinait le turban de Mahomet en forme de bombe. Ce dessin caché prendrait en otages les millions d’innocents marcheurs, d’innocents acheteurs du journal, que le pervers Luz tranformerait à leur insu en armée, enrôlée malgré elle, au service de la lubricité chafouine.

    Ne croyez pas : évidemment, je me sens moi-même un peu pathétique, à me retrouver en défenseur du droit imprescriptible à dessiner des phallus, même cachés. Mais je ne me sens pas d’autre choix que de le défendre, ce droit. Je ne dis pas que ce dessin me fait rire. Je ne dis pas que je l’approuve. Ca fait longtemps qu'on n'en est plus là, à rire ou approuver. Je ne demande pas à Hollande, à Valls et aux autres de rire, ou de l’approuver. Ce n’est pas leur métier. Je dis seulement qu’on n’a pas, aujourd'hui, d’autre choix que de défendre ce droit. Dix siècles d'Histoire de France, deux siècles de guerres et de révolutions, et Henri IV, et Molière, et Pasteur, pour en arriver là ? Oui. Et c’est l'obligation de l'Etat, de défendre le droit des dessinateurs à dessiner ce qu'ils veulent, y compris le cul de Jehovah, d'Allah ou de Vichnou, si ça leur chante. La nouvelle ligne de front, redessinée le 7 janvier par deux artistes qui ne travaillaient pas au porte-plume, passe aussi par ce droit. On en est là.

    Ces incendies d'églises au Niger, tout de même, quand on y réfléchit. Ces manifestants qui vont, pour répliquer à Charlie Hebdo, incendier des églises, comme si Jésus y était pour quoi que ce soit. Ces quelques milliers de manifestants d’Alger, de Karachi, d’Islamabad, de Lahore, de Peshawar, sur lesquels zoome comme d'habitude l'information mondiale, comment les appeler ? Des jeunes ? Des croyants offensés ? Des paumés manipulés ? Ou simplement des cons obtus ? Elle passe aussi par là, la ligne de front. Par le choix des mots. Qu'il faut peser. D'ailleurs, et si on commençait, simplement, par s'abstenir de zoomer sur eux ? Si on écoutait les centaines de millions de musulmans qui, en se levant le matin, pensent à autre chose qu'à la couverture de Charlie Hebdo. Tant qu'à être responsables...

    Dessin de Marcel Gotlib, extfrait de Rhâââââ Lovely, Tome 2, 1977