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  • L’ARROGANCE DU SHOW BIZZ

    L’ARROGANCE DU SHOW BIZZ

    Posté par 2ccr le 28 mars 2012

    L’ARROGANCE DU SHOW BIZZ Quelle est la légitimité de Florent Pagny pour dire à Philippe Poutou lors de l’émission « on n’est pas couché » : « travailler 32H, ce n’est pas possible pour tout le monde, moi je fais beaucoup plus ! » Ce monsieur fait donc plus que 32H par semaine, mais 32H de quoi ? D’écrire des chansons, de jouer avec des musiciens, de passer à la télévision ou de donner des concerts ? Bref de faire sa passion, de nombreux français s’ils pouvaient vivre grassement de leur passion feraient plus de 35H par semaine. Mais est-ce que Florent Pagny sait ce que c’est de travailler pour un salaire qui permet juste de survivre comme des millions de français ? Est-ce qu’il sait ce que c’est que d’avoir des horaires imposés par un patron, d’avoir derrière son dos un chefaillon toute la journée, d’être obligé de fermer sa gueule parce que l’on a peur d’être licencié. De ne pouvoir prendre des congés seulement aux dates imposées par l’entreprise. Ce monsieur devrait au moins avoir la décence de se taire.

    Lorsque Hélène Ségara se permet de dire qu’elle sait ce que c’est que la galère alors qu’a 23 ans elle enregistrait son premier disque et connaissait le succès à 25. Elle se la joue en disant « je fais travailler du monde », elle ne se rend pas compte que c’est surtout les français qui la font travailler ! Directement en achetant ses CD et en allant l’écouter et indirectement en mettant à sa disposition les infrastructures qu’ils payent avec leurs impôts ! Elle a réussi, tant mieux pour elle, elle a du talent, c’est bien, mais elle doit comprendre que ce n’est pas pour cela que d’autres méritent la galère dans laquelle ils se trouvent. Pour réussir il faut aussi une bonne dose de chance et nombres de personnes pétris de talents n’ont pas percé parce qu’ils n’ont pas rencontré les bonnes personnes ou ne se sont pas trouvé au bon endroit au bon moment, alors elle ne peut pas se poser en donneuse de leçons !

    Lors d’une émission, j’ai même entendu un représentant de cette « classe laborieuse » déclarer qu’il ne comprenait pas cette polémique sur le travail dominical et au nom de quoi l’on empêcherait les gens de travailler le dimanche, lui-même travaillait le dimanche et ne comprenait pas le problème ! Cet idiot ne s’est même pas dit que si les gens travaillaient le dimanche, ils ne seraient pas à ses spectacles ! Et lui aussi confond travail obligatoire et subi  avec passion choisie et  lucrative.

    Lorsque des humoristes « Les Lascars Gays » à une émission sur une chaine du service public, donc financé en partie par nos impôts, trouvent facile de faire des gags sur le personnel de la poste, on se dit qu’ils ont choisi leur « camp » ! Est-ce qu’ils savent que des personnels de la poste, et de France télécom se suicident ? Que savent-ils des conditions de travail de ces gens dont ils se moquent ? Ce rendent-ils compte que ce dénigrement perpétuel des salariés des entreprises publiques fait le jeu des capitalistes qui ont entrepris de détruire toutes les solidarités afin de les remplacer par des services payants et lucratifs. Evidement une bonne blague sur les fonctionnaires ne coute pas cher et fait toujours plaisir à des gens bien placés, ça peut toujours servir ! D’ailleurs, tout le monde se souvient des bons mots de Coluche sur les fonctionnaires, mais est-ce que quelqu’un se rappelle de ses blagues sur le Medef par exemple ? On fait toujours plus de mal en se moquant des pauvres qu’en vilipendant les riches !

    Les Réno, Depardieu, Clavier, Johnny ou autres vénèrent le fric,  caressent la main qui protège leurs intérêts, en oubliant que ce sont les pauvres qui les nourrissent. . Ils ont remplacé la petite noblesse qui vivait sur le dos du peuple. Cette classe de privilégiés perpétue le système en se cooptant ou en plaçant leurs proches et leurs familles dans un système très lucratif. L’on ne verra bientôt plus que les fils de, les cousins de, les frères ou sœur de…si le métier était si pénible et mal payé, ils seraient moins pressés d’y trouver une place pour leurs rejetons. Nombres d’entre eux en plus de profiter du système, de faire un maximum d’argent en France, vont tranquillement ensuite s’installer à l’étranger pour échapper au fisc. Alors messieurs continuez à nous amuser mais ne  parlez pas de ce que vous ne connaissez pas, et cesser de vous comporter en parasites.

    Il est loin le temps ou des acteurs comme Mastroiani reconnaissaient qu’ils vivaient de leur passion et que ce n’était pas un travail. Mastroiani disait qu’il avait de la chance et ne comprenait pas ces jeunes acteurs qui se la jouaient en déclarant que le métier était dur, le tournage de tel film épuisant, ou qu’il faut beaucoup travailler : ils n’ont qu’à aller à l’usine et ensuite on en rediscute !

    « L’argent pollue toute chose et dégrade inexorablement la personne humaine »…A.EINSTEIN

  • Le planteur de cannabis

     

    Le planteur de cannabis qui voulait être jugé comme un criminel
    Emmanuelle Germain | Journaliste

    Pierre-Michel Zipstein, 57 ans, fume entre cinq et dix joints par jour. Depuis trente ans, il fait pousser du cannabis chez lui, près de Carlucet dans le Lot. Il ne deale pas, mais le consomme avec ses amis. Il a été coincé il y a trois ans.

    Engagé au Circ – mouvement prônant la dépénalisation du cannabis –, il a alors mené jusqu’à la Cour de cassation une bataille étonnante : il a exigé d’être jugé non pas par un tribunal correctionnel, mais par le jury d’une cour d’assises spéciale : la loi considère en effet comme un crime la production de stupéfiants. Mais sa croisade, visant à mettre en lumière l’absurdité de la loi, a échoué : mercredi, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi.

    Une législation kafkaïenne

    Août 2009 : M. Zipstein est poursuivi pour la détention de 29 pieds de cannabis. Son avocat plaide par l’absurde l’incompétence du tribunal correctionnel de Cahors : il n’est pas qualifié pour juger des crimes. Les juges ne tiennent pas compte de ce qu’ils considèrent comme une provocation et condamnent Zipstein à 10 000 euros d’amende et douze mois de prison, dont six ferme.

    Il fait appel en soulevant une question prioritaire de constitutionnalité devant la cour d’Agen sur la question de l’absence de définition du mot « stupéfiant ». Jugée « sérieuse » par le tribunal d’Agen, la QPC est transmise à la Cour de cassation. C’est un échec. L’affaire revient donc devant la cour d’appel d’Agen où M. Zipstein argue à nouveau de l’incompétence de la juridiction correctionnelle. Pas de surprise, c’est un rejet.

    En dernier recours, il forme un pourvoi en cassation contre cet arrêt. Mais la Cour de cassation a rejeté sa demande en validant ce mercredi l’arrêt attaqué. Son avocat, maître Caballero, dénonce une pratique illicite du parquet. Il explique :

    « Pour le cannabis et les stupéfiants, les principes généraux du droit sont souvent violés par la jurisprudence et en particulier par la chambre criminelle de la Cour de cassation. En rejetant le pourvoi, elle dit que les tribunaux correctionnels sont compétents pour juger les planteurs. C’est une fois de plus une violation de la procédure pénale, du droit pénal, et des principes normaux dans une société démocratique. Ça me choque, la loi est mal faite. »

    Des peines inapplicables ?

    Les faits reprochés constituent un délit de détention de stupéfiant (article 222-37 du code pénal) mais aussi un crime de production (article 222-35), une infraction relevant de la compétence exclusive de la cour d’assises spéciale (article 706-27 du code de procédure pénale).

    L’avocat dénonce une technique de « correctionnalisation » du parquet, pratique illégale qui consiste à négliger la primauté de la qualification criminelle sur la qualification correctionnelle.

    Cette mauvaise habitude évite l’encombrement des cours d’assises spéciales et permet de mieux contourner la loi. Car « vingt ans de réclusion pour quelques plants de cannabis dans son jardin, c’est une peine manifestement disproportionnée », souligne maître Caballero.

    Hippie des premières heures qui assure ne pas être « redescendu depuis l’île de Wight en 68 », héritier d’une famille enrichie dans la distribution (les magasins Hamon), Pierre-Michel Zipstein revendique son mode de vie :

    « Depuis plus de quarante ans, la justice m’ennuie pour le cannabis. J’ai bientôt 60 ans et je continue à me battre pour sa légalisation. Je n’ai pas le choix : je suis consommateur, j’en fais pousser, ils me poursuivent, donc je me défends. »

    « J’adore la peine de prison »

    Sur sa propriété de 50 hectares, ce « pur et dur » comme il se décrit, ne craint plus les hélicoptères de la gendarmerie qui repèrent ses plantations :

    « Je continue de planter pour ma consommation. Je me bats pour les 5 à 10 millions de consommateurs que nous sommes en France et que la justice ne veut pas reconnaître. »

    Il ne craint pas la prison ou le bracelet qui l’attend :

    « J’adore la peine de prison qu’on me donne à chaque fois ! De toute façon, ils ont fermé la prison du coin donc ils vont devoir me mettre un bracelet électronique. Sauf que moi, je suis hippie, j’adore les bracelets ! Ce qui m’ennuie le plus dans l’histoire, c’est cette amende. »

    Jardinier bio, Zipstein milite chez les Verts. Mais sa philosophie de vie va au-delà d’un banal engagement politique : 

    « La guerre de la drogue, ça fait quarante ans qu’elle dure, et c’est toujours les mêmes hypocrisies. Moi, ça m’est égal, je suis là pour continuer l’histoire, de toute façon je suis déjà tellement repéré, ils ne peuvent pas me repérer plus ! Faudrait que la loi change et elle va changer. La lutte continue tant que le cannabis ne sera pas dépénalisé ou légalisé. »


  • L'Internet et "l'élite" française

    Ma réponse aux «élites» qui détestent l'Internet

    Non, le web n'est pas un monstre fasciste mangeant le cerveau des humains. Non, nous n'évoluons pas dans le far-west de la jungle du chaos. Non, cela n'a rien à voir avec Auschwitz. Et non, ce n'est pas l'immédiateté le problème.

    Angry Blue Eyed Cat / Felinest via FlickrCC Licence by

    Angry Blue Eyed Cat / Felinest via FlickrCC Licence by -

    Les Français n’aiment pas Internet (1). Est-ce le résultat d’une nouvelle enquête menée auprès de 85 internautes? Nan. En fait, précisons: les élites françaises n’aiment pas Internet. Enfin… les élites… Disons les gens dont on parle dans les médias.

    Florilège des propos anti-web classés par «métiers»

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    (NDLE: si vous voulez passer directement à la réponse, cliquez là, mais ce serait dommage de rater ces déclarations)

    Les politiques

    Michèle Alliot-Marie, Le Figaro, le 5 septembre 2011

    «A travers les blogs et les tweets, il y a une mise en cause des principes de l’information. Le vrai et le faux sont traités de la même façon. L’exigence d’immédiateté empêche la vérification de l’info.»

    ***

    Patrick Ollier, à Public Sénat le 23 février 2011

    «Les .fr vont chercher des infos dans le caniveau.»

    ***

    Nadine Morano, le 15 août 2008

    «Internet, c’est comme une magnifique voiture de course. Si vous n’avez pas votre permis de conduire et que vous ratez un virage, c’est la mort.»

    La même à Rue89, le 8 mai 2008

    «Ah, Internet, je déteste, c’est le temple des rumeurs et de la caricature.»

    ***

    Jacques Myard, à l’Assemblée nationale en décembre 2009

    «J’espère que l’on va prendre conscience de la nécessité de nationaliser ce réseau.»

    ***

    Rassurez-vous, à gauche aussi

    Ségolène Royal, le 21 septembre 2009:

    «Je veux un site qui nous ressemble et pas nous qui ressemblions au site. Vous savez, c’est très rare ce que je dis-là. Parce que c’est très puissant le lobby d’Internet.»

    ***

    Martine Aubry, dans Le Point, le 6 juillet 2011:

    «Facebook et Twitter, j’ai horreur de ça… C’est typique de cette société où chacun pense à son nombril… Et puis tous ces faux amis… Ce n’est pas mon truc d’expliquer mes états d’âme (…) C’est typique de cette société où chacun pense à son nombril.» 

    ***

    Aurélie Filipetti, dans Polka magazine, juillet/août 2012

    «Si la presse abandonne la qualité, il n’y aura plus de différence entre les journaux, les magazines payants et la presse gratuite, notamment sur le Net où rien n’est éditorialisé.» 

    Les gens de la télévision

    Patrick Sébastien, dans Les Grandes Gueules sur RMC, le 29 novembre 2010:

    «Internet est une poubelle sans nom. (…) C’est un outil donné à la bassesse, à la lâcheté! Des anonymes se défoulent et se planquent derrière des pseudos pour balancer leurs opinions! Ils n’ont pas de couilles ! (…) Pendant la guerre on appelait ça des collabos, dans les milieux on appelait ça des balances, dans les villages on appelait ça des corbeaux et là, on a tout ça réuni.»

    ***

    Amanda Lear, dans Voici, le 18 novembre 2009:

    «C’est vrai qu’Internet ça me rend folle. Attendez, si je dis dans un magazine que Claire Chazal a les pieds plats, elle peut me faire un procès. Mais si j’écris sur Internet que le président de la République est un con, y’a pas de problème. C’est un espace de liberté mais à l’arrivée, ça devient n’importe quoi. Je vous le dis franchement, je rêve qu’on interdise ce truc!»

    ***

    Elizabeth Tchoungui sur AuFéminin.com, le 17 juin 2011:

    «En plus d’être inutile, Twitter est un réseau infréquentable. On y croise au choix: des pros de la drague lourdingue (...), des e-terroristes (..), des as du canular pas drôle. (…) n’en déplaise aux geeks qui me lisent, oui, Tweeter n’est que littérature de concierge, le style en moins: en 140 signes maximum, difficile de faire des miracles. »

    ***

    Jacques Séguéla, à On n’est pas couchés sur France 2, le 17 octobre 2009:  

    «Le Net est la plus grande saloperie qu'aient jamais inventée les hommes! C'est un dieu vivant! Car Internet permet à tous les hommes de communiquer avec les autres hommes. En quelques secondes, le Net peut détruire une réputation!»

     
    Séguéla attaque le web par Keyman_off

     Les journalistes des médias dits traditionnels   

    Catherine Naydans un éditorial sur Europe1, le 5 décembre 2010: 

    «Vous savez qu’aujourd’hui n’importe qui peut dire n’importe quoi sur autrui, balancer des vérités comme des calomnies et ça se promène sur la toile indéfiniment. Parce qu’Internet, c’est la Stasi en pire, parce que rien n’est jamais effacé, il n’y a pas de droit à l’oubli, c’est la damnation éternelle. En fait c’est l’œil dans la tombe qui regarde Caïn.»

    ***

    Christine Ockrent à Aujourd’hui la Chine, le 5 novembre 2010:

    «Il y a les blogs et les sites, ils disent ce qu’ils veulent et la plupart du temps leur job consiste à salir les gens. Ça correspond tellement à l’esprit français! Avec les nouvelles technologies on peut écrire absolument n’importe quoi sur n’importe qui, on ne vérifie rien, on voit si la mayonnaise prend et après c’est génial c’est parti! Cette course à la polémique amuse des gens mais ce n’est pas ce que j’appelle de l’info.»

    ***

    Philippe Val, éditorial paru dans Charlie Hebdo le 10 janvier 2001:

    «A part ceux qui ne l’utilisent (Internet) que pour bander, gagner en bourse et échanger du courrier électronique, qui est prêt à dépenser de l’argent à fonds perdus pour avoir son petit site personnel? Des tarés, des maniaques, des fanatiques, des mégalomanes, des paranoïaques, des nazis, des délateurs, qui trouvent là un moyen de diffuser mondialement leurs délires, leurs haines, ou leurs obsessions. Internet, c’est la Kommandantur du monde ultra-libéral. C’est là où, sans preuve, anonymement, sous pseudonyme, on diffame, on fait naître des rumeurs, on dénonce sans aucun contrôle et en toute impunité. Vivre sous l’Occupation devait être un cauchemar. On pouvait se faire arrêter à tout moment sur dénonciation d’un voisin qui avait envoyé une lettre anonyme à la Gestapo. Internet offre à tous les collabos de la planète la jouissance impunie de faire payer aux autres leur impuissance et leur médiocrité. C’est la réalité inespérée d’un rêve pour toutes les dictatures de l’avenir.»

    ***

    Laurent Joffrin, tribune dans Libération le 2 avril 2010:

    «Il faut rappeler que si le Net est un magnifique outil de diffusion, il ne produit rien.»

    ***

    Alain Duhamel dans Libération, le 17 septembre 2009: 

    «Dans l’affaire Brice Hortefeux, il n’y a qu’une victoire, celle des vidéos, et qu’un triomphe, celui d’Internet. Une fois de plus, la Toile a imposé son règne. Désormais, il se trouve toujours une caméra, un mobile, un appareil numérique pour saisir une scène, pour enregistrer une séquence ou une phrase, pour intercepter un geste, une mimique, un mot, un regard (…) Dès que la photo, la séquence ou la boutade se retrouve sur Internet, c’est aussitôt la fièvre, la théâtralisation, la contagion, la dénonciation, le scandale, la polémique. (…) La vidéo se rue sur Internet et déferle sur l’information, sans réflexion, sans recul et sans frein. C’est de l’information sauvage, du journalisme barbare, de la traque totale.»

    Les intellectuels/écrivains

    Frédéric Beigbeder, dans Sud-Ouest, le 24 août 2012:

    «Le numérique me fait peur, Facebook, c’est le nouvel opium du peuple (…) Internet, c’est l’empire de la méchanceté, de la bêtise; n’importe quel abruti a droit au chapitre.»

    ***

    Raphaël Enthoven, dans L’Express, le 21 avril 2011:

    «Sans loi, Internet n'est qu'un revolver entre les mains de milliards d'enfants.»

    ***

    Alain Finkielkraut, à Arrêt sur Images, le 30 avril 2009

    «Je vous explique qu’Internet est un asile pour les photos, les images, les conversations volées. C’est tout ce que j’essaie de dire, et peu importe l’auteur, peu importe le médiateur de ce nouveau type d’information (…) Est-ce qu’Internet est ce lieu que je décris ou non? Est-ce que ce n’est pas cette poubelle de toutes les informations?»


    Pour Finkielkraut, internet est une poubelle par asi

    ***

    Patrick Besson, dans Le Point, le 30 août 2012:

    «Les réseaux sociaux se déchaînent vite, car ils n’ont pas de chaînes. On devrait les appeler les réseaux asociaux, les messages de haine y étant beaucoup plus nombreux que les déclarations d’amour

    ***

    Luc Ferry, dans Le Figaro TV, le 1er  septembre 2011:

     «C’est un excellent outil mais dangereux. Certains disent que c’est la liberté; pour moi, c’est davantage Vichy! Rien ne s’efface, j’ai un sentiment mitigé. L’anonymat permet toutes les horreurs.»

    ***

    Les acteurs

    Mathilde Seignersur Europe 1, le 1er avril 2012:

    «Malheureusement, il y a cette machine qui s’appelle Internet qui est dramatique, qui est un drame de l’humanité. Je le pense.»

    ***

    Carla Bruni-Sarkozy, dans Le Figaro TV, le 16 février 2012:

    «A mon sens, Internet ou les jeux vidéo sont bien plus diaboliques que la télé, qui en serait presque devenue sage.»

    ***

    Alain Delon, dans Le Matin, le 1er juillet 2011:

    «Avec les jeux vidéo ultraviolents, Facebook, Internet et tout le reste, nos enfants vivent en permanence dans le virtuel. C’est vachement grave. Moi, je n’ai pas connu ça. Qu’est-ce que ça va donner dans vingt ans ? (…) Regardez ce qui se passe en France, cette enfant tuée à la sortie de l’école. C’est une horreur!»

    ***

    Mélanie Laurent, le 23 avril 2011:

    «Internet c’est une ouverture sur la haine, sur le principe des likes “j’aime/j’aime pas”, mais tu es qui pour venir déferler toute ta haine? Qu’est-ce que tu fais dans la vie?»

     

    Mais alors, face à un tel nombre de personnalités s’insurgeant devant l’abomination du web, peut-on simplement répondre qu’ils racontent des conneries?

    Oui.

    Ils déversent des torrents d’inepties. Pour la simple raison qu’ils ne connaissent pas ce dont ils parlent. Ce qu’ils disent est faux. Décryptage des éléments récurrents de leurs discours.

    1.Le monstre de l’Internet

    Ces personnalités médiatiques détestent l’Internet. Mais qu’est-ce que l’Internet pour elles? Après une étude approfondie de leurs discours, il semblerait qu’il s’agisse d’une entité monstrueuse se situant au croisement de Terminator, Frankenstein, Body Snatchers et Philippe Pétain. Une invention technique mise au point par les humains mais qui a brusquement pris une vie propre, une existence fasciste dont le but est de détruire la dignité humaine notamment en mangeant le cerveau des humains qui ont le malheur de s’approcher d’elle (victimes plus connues sous le nom d’internautes) de sorte qu’elle fait d’eux ses pantins désormais mus par la seule volonté de propager le mal.  

    Pourquoi une telle vision?

    On ne peut pas douter que ces personnalités sachent qu’en réalité Internet n’est qu’un médium, au même titre que le papier, et non pas une entité aliénante qui vampirise les humains. Avançons une hypothèse: peut-être que ces personnalités auraient du mal à dire qu’en réalité ce sont les internautes qu’ils détestent dans la mesure où ces internautes sont les mêmes individus qui achètent leurs livres, leurs journaux, vont voir leurs films, écoutent leurs émissions, etc.

    (Exception faite de Frédéric Beigbeder qui a le courage de dire le fond de sa pensée à savoir qu’avec Internet «n’importe quel abruti a voix au chapitre». Ce qui est tout à fait exact, cher Frédéric, mais ne suffit pas à condamner le principe même du réseau, à moins de limiter également le droit de vote en démocratie.)

    2.La jungle

    On ne compte plus le nombre de déclarations à base de «c’est un espace sans aucune loi, qui échappe à tout contrôle, un far-west de la jungle du chaos conduit par un revolver chargé à bord d’une décapotable qui fonce droit sur un enfant handicapé». Ce qui amène à «il est temps de civiliser/réguler/réglementer/surveiller» le web.

    Alors, répétons-le une énième fois: Internet est déjà soumis au code pénal. Sur le site Légifrance, quand on cherche «Internet» dans les textes législatifs depuis 1990, on trouve 13.040 mentions du mot.

    Non, la loi n’a pas oublié Internet, loin s’en faut.

    Ah oui, mais ces lois ne sont jamais respectées! Heu… Bah, ça dépend de vous en fait. Si vous portez plainte ou non. Un peu comme dans la «vraie vie» vous voyez… Prenons Marion Cotillard. Elle a très bien compris, en tout cas son avocat lui a très bien expliqué que de même qu’elle pouvait attaquer des magazines, elle peut attaquer d’obscurs sites. En août dernier, Anne Hildago (ou plutôt son avocat) avait mis en demeure Twitter en ciblant quelques tweets qui relayaient une rumeur sur sa vie.

    Oui, mais on ne va pas attaquer comme ça tout le temps! En règle générale, amis peoples, vous n’avez même pas besoin d’attaquer en justice. Il suffit de contacter le responsable du site et de lui signaler son infraction à la loi pour qu’il retire le contenu incriminé. C’est l’avantage avec les gens de l’Internet, ils sont souvent trop fauchés pour risquer un procès. 

    Par contre, il est vrai que vous ne pouvez pas déposer plainte contre un internaute parce qu’il a dit que votre dernier livre était une daube fourrée à la merde.

    Mais beaucoup d’autres propos tombent sous le coup de la loi. Les propos racistes et antisémites, la diffamation, les menaces de mort, les appels à la violence physique, etc. Des internautes sont régulièrement condamnés pour leurs commentaires outranciers –y compris, attachez-vous bien, quand ils les ont tenus sous couvert d’anonymat.

    C’est fou, non? Donc l’obsession de nos people pour l’anonymat révèle également leur ignorance crasse en la matière. La notion d’anonymat sur Internet reste en réalité très limitée. S’il y a un dépôt de plainte, la police remonte facilement jusqu’à l’identité du suspect. (Rappelons que 97% des trolls ne sont pas franchement des as du cryptage.)

    3.Le point Godwin

    Ce supposé anonymat nous amène donc au troisième argument: le Godwin de la dénonciation calomnieuse. Partant du postulat faux que l’anonymat est total sur le web et qu’aucune loi ne régit cet espace, on arrive je ne sais comment à comparer Internet au régime de Pétain. Cette comparaison est particulièrement répugnante: les lettres de dénonciation sous l’Occupation pouvaient vous conduire dans un camp de concentration. Non Patrick Sébastien, Philippe Val et Luc Ferry, vous ne finirez pas à Auschwitz parce qu’un internaute a écrit que vous étiez des gros cons. Et on ne va pas non plus tondre tous les blogueurs qui écrivent sous pseudo.

    Merci de nous épargner vos comparaisons douteuses.  

    4.L’immédiateté

    = Idée selon laquelle Internet a tué la déontologie journalistique.

    Excusez-moi, je pars calmer mon fou rire et je reviens.

    Comme l’explique cet article d’un blogueur du Monde.fr, Internet sert souvent de bouc-émissaire pour dénoncer des maux dont la société souffrait bien avant.

    C’est particulièrement vrai pour cette idée d’immédiateté. Non, le journalisme n’était pas meilleur avant. Albert Londres lui-même, qu’on nous érige systématiquement comme parangon de la vertu journalistique, n’était pas exempt de reproche sur ce qu’on appelle aujourd’hui la déontologie. Même du temps de Patrick Poivre d’Arvor, figurez-vous que le journalisme n’était pas d’une pureté aveuglante. Et Jean-Pierre Elkabbach n’a pas été étouffé par les scrupules quand il a tué Pascal Sevran.

    La course à l’info s’est accélérée avec les chaînes d’infos en continu. Mais ce n’est pas Internet qui est à l’origine de ce malheur. La seule question qui vaille, c’est celle de l’intégrité du journaliste. Une info, ça se vérifie —peu importe le média. Evidemment, il y a la tentation de faire la course pour être le premier. La peur de perdre du temps en vérifiant une info et de se faire passer devant par tous les autres sites. Sauf que cet impératif n’est pas technologique. Il est financier.

    Pourquoi vouloir être le premier? Parce que ça assure des visites, parce qu’une pression économique pèse sur tous les sites d’infos. Quand cette pression fait oublier les principes de base, ce n’est pas Internet qu’il faut blâmer mais à l’échelle individuelle le manque de sérieux d’un journaliste/d’une rédaction, et à une échelle plus large un système économique.

    Dans la presse papier, il existe de mauvais journalistes qui ne vérifient pas leurs infos.

    Sur Internet, il existe de bons journalistes qui vérifient leurs infos.

    L’avantage du web, c’est qu’il y a toujours des internautes pour signaler une erreur. Des fouineurs qui cherchent la petite bête, l’approximation, la déclaration tronquée, le chiffre arrondi. Le démenti arrive donc dans la minute et non pas 24h après.

    L’immédiateté fonctionne dans les deux sens. On peut peut-être se tromper plus vite, mais on rectifie plus rapidement. Comme l’écrit le blogueur Glenn Greenwald:

    «Les erreurs et les impostures ont une durée de vie très courte sur Internet. La possibilité de puiser dans les connaissances et les recherches collectives est tellement plus vaste que lorsqu’on est cantonné à une seule forme de publication journalistique. »

    (La suite de l’article explique que là où Internet échoue, c’est pour démanteler des croyances tenaces –du type théorie du complot–, croyances qui préexistaient au réseau.)  

    Dans tous ces propos anti-web, on lit l’horreur et le dégoût. Ces gens ont l’air de détester Internet. C’est peut-être une question de génération pour certains comme Alain Delon. Déteste-t-on les innovations techniques apparues après nos 40 ans?

    Une chose est sûre: la lutte contre le monstre de l’Internet est la lutte d’une classe sociale précise. Ces personnes qui sont médiatiquement exposées sont mécaniquement celles dont les moindres propos seront les plus durement commentés. Etre ainsi bousculé voire insulté, c’est évidemment désagréable.

    Ne minimisons pas le traumatisme que représente Internet pour ceux qui avaient l’habitude d’être écoutés, regardés, à qui on servait la soupe à température sans que personne ne les remette jamais en question.

    Internet a donné une voix à ceux qui n’avaient jusqu’alors que la possibilité de se taire. Cette brusque ouverture donne lieu à des exagérations qui sont sans doute proportionnelles au sentiment de frustration et d’exclusion des sphères de paroles traditionnelles. Rappelons trois éléments:

    • 1) la démocratisation d’Internet est récente, ses usages ne sont pas figés, il y a une éducation au web qui se fait petit à petit;
    • 2) la majorité des internautes ne commente pas. Réduire Internet à ses trolls, c’est méconnaître tous les autres utilisateurs;
    • 3) l’humanité n’est pas faite que de gens intelligents, mais tant qu’ils respectent la loi, même les abrutis ont le droit de s’exprimer —par contre personne n’est obligé de les lire. 

    Titiou Lecoq

    (1) J’utilise alternativement les mots Internet et Web pour désigner la même chose –ce qui techniquement est faux, mais c’est par facilité de langage. Je présente d’avance mes excuses aux puristes. Retourner à l'articlePARTAGER

     

     
     
     
  • Label BIO:Ah ces Incorrigibles Italiens...

    Comme si les fraudes n'existaient pas, la réglementation européenne autorise désormais toutes les dérives. 

    C'est une affaire dont la presse n'a pas fait ses choux gras. En décembre, la police italienne a démantelé un énorme trafic de faux produits bio. Les margoulins, soupçonnés d'être liés à la mafia, avaient trouvé la combine: acheter en Roumanie des céréales et des fruits secs bon marché, transformés en produits bio grâce à de faux documents, et revendus quatre fois plus cher à des grossistes qui n'y voyaient que du feu. Neuf pays européens, dont la France, ont profité de ces marchandises pleines de pesticides, dûment étiquetées « bio ». 

    Depuis cinq ans que durait le trafic, des milliers de tonnes de faux produits bio auraient ainsi été écoulées pour un paquet d'oseille, au moins 220 millions d'euros. Parmi les fraudeurs, cinq dirigeants italiens d'entreprises agroalimentaires et ça ne s'invente pas - deux responsables d'organismes de certification censés contrôler la filière bio... 

    Question : quelles quantités de céréales, pâtes alimentaires, farine de froment, raisins secs ou huile de tournesol faussement bio les consommateurs français ont-ils ingurgitées ? Huit mois après ce joli coup de filet, on n'en sait que pouic. Comme d'habitude, la Répression des fraudes, dont la mission est de traquer les tricheurs, est dans les choux. Incapable d'apporter la queue d'une précision. Au ministère de l'Agriculture, on parle de 7 000 tonnes importées en deux ans. 

    Ça la fiche mal quand on sait que 32 % du bio qui est dans notre assiette est importé. Même si les prix sur l'étiquette sont de 20 à 50 % plus élevés, les ventes de bio, chez nous, ont quadruplé en dix ans. 

    Pour ne pas tuer la poule aux œufs d'or - un marché annuel de 4 milliards - , les tenants français de l'agriculture biologique font valoir que leur filière est archi contrôlée. 

    « AB », ah bon ? 

    Au fait, comment ça marche, les contrôles du bio en France ? Neuf organismes certificateurs sont chargés de repérer les tricheurs parmi les 22 500 producteurs et 7 400 transformateurs qui arborent le fameux logo « AB ». Ces gendarmes du bio épluchent les dossiers de candidature et renouvellent, ou pas, les licences octroyées pour un an. On compterait chaque année une petite centaine de suspensions ou de retraits de licence. Dans sa chasse aux filous, la Répression des fraudes intervient en deuxième ligue, sur les étals. Ou plutôt sur le papier, parce qu'elle n'a pas les troupes suffisantes pour veiller au grain. D'ailleurs, quand on demande le nombre et le résultat des contrôles à la chef de cabinet du patron, responsable de la com', c'est silence radio. 

    Mais, qu'on ne s'y trompe pas, la vraie menace qui pèse sur le bio, ce n'est pas la fraude mais une entourloupe parfaitement légale, et même encouragée par l'Europe : le bio « industriel ». Un oxymore inventé par de puissantes coopératives agricoles liées aux géants de l'agroalimentaire. 

    Une nouvelle réglementation, pondue par Bruxelles, a rendu possible cette dérive. Quand vous achetez votre poulet bio, vous n'imaginez pas un instant qu'il ait pu être élevé dans un poulailler de 25 600 places. C'est pourtant ce qu'autorise, depuis 2009, le logo « AB » revu par la Commission européenne. Et, du côté des pondeuses bio, il n'existe aucune limite de taille pour les ateliers. 

    Privilège du bio, les poulets profitent toutefois, dès leur âge adulte, d'un parcours extérieur où ils peuvent s'ébattre en journée sur... 40 cm2 chacun. Mais la promiscuité leur tape sur les nerfs, et ils sont souvent « ébecqués » pour ne pas s'étriper. Enfin, le poulet bio a désormais droit, une fois par an, à des antibiotiques et, sans aucune limite, aux traitements antiparasitaires. 

    Poulet ou pigeon ? 

    Autrefois, la réglementation imposait qu'au moins 40 % du menu des volailles soit cultivé dans la ferme. Aujourd'hui, l'éleveur bio n'a plus à se décarcasser pour faire pousser lui-même blé ou maïs : il peut acheter toute la pitance à l'extérieur. Exit, le sacro-saint « lien au sol »qui garantissait la traçabilité et une transparence sur le contenu de la gamelle. 

    Tout cela permet de faire du poulet bio en système « intégré », pour le plus grand bonheur des monstres coopératifs qui ont investi le créneau. Comme Terrena (4 milliards de chiffre d'affaires annuel) ou Maïsadour (1,2 milliard), filiale du géant suisse de l'agrochimie Syngenta. Simple exécutant,l'éleveur bio se contente d'engraisser en quatre-vingt-un jours des volailles qui ne lui appartiennent pas, nourries avec des aliments fournis par la coopérative. Comme son cousin industriel, le poulet estampillé « AB » se goinfre désormais de soja importé, certes bio, mais qui peut contenir jusqu'à 0,9 % d'OGM sans perdre son label. Un aliment hypercalorique moins cher que le maïs ou le blé. Sauf qu'en s'approvisionnant à bas coût sur les marchés internationaux on n'y voit pas toujours plus clair sur la qualité du produit. Il y a quatre ans, Terrena s'est fait refourguer par les Chinois 300 tonnes de tourteaux de soja bio contaminé à la mélamine... 

    La qualité aux fraises 

    Le consommateur, lui, ne décèle aucune différence sur l'étiquette quand il achète son poulet bio. Le gallinacé élevé dans une ferme traditionnelle, où il picore ce qui pousse sur place, et la volaille produite en élevage intensif ont droit au même logo « AB ». 

    Avec les fruits et légumes bio, au moins, il ne devrait pas y avoir de mauvaises surprises. Eh bien, si ! Grâce à l'Europe, on peut produire hors-sol dans des serres géantes. La mode du bio a même gagné la province de Huelva, en Espagne, l'usine à fraises de l'Europe, avec 7 000 hectares de serres qui produisent toute l'année. « Un des plus gros maraîchers du coin, qui faisait de l'intensif, produit aujourd'hui des fraises bio en exploitant les mêmes immigrés et avec quasiment les mêmes techniques agricoles dans les mêmes serres », raconte Philippe Baqué, coauteur du décapant livre La bio entre business et projet de sociétéAu lieu de plonger les racines dans du gravier ou de la laine minérale, on utilise du sable, isolé du sol par une enveloppe en plastique, le tout irrigué au goutte-à-goutte. Et rebelote : aucune différence de logo entre une tomate bio cultivée en plein champ par un producteur local et une autre élevée hors-sol et hors saison. 

    C'est bio comme l'antique !

  • La répression contre Julian Assange

    La répression contre Julian Assange : une attaque contre la liberté et une farce journalistique.

     
    John PILGER

    La menace du gouvernement britannique d’envahir l’ambassade équatorienne à Londres pour s’emparer de Julian Assange est d’une importance historique. David Cameron, ancien chargé des relations publiques d’un magnat de la télévision et marchand d’armes auprès des monarchies du Golfe, est bien placé pour déshonorer les conventions internationales qui ont protégé des Britanniques qui s’étaient retrouvés au milieu d’un soulèvement. Tout comme l’invasion de l’Irak par Tony Blair a directement mené aux attentats terroristes de Londres le 7 juillet 2005, Cameron et le Ministre des Affaires étrangères William Hague ont mis en péril la sécurité des représentants britanniques à travers le monde.

    En menaçant de violer une loi prévue pour expulser des assassins d’une ambassade étrangère, tout en diffamant un homme innocent qualifié de « criminel présumé », Hague a fait de la Grande-Bretagne la risée du monde entier, même si cette information a été largement censurée dans la presse britannique. Les mêmes journaux et télévisions courageux qui ont soutenu le rôle britannique dans les crimes sanglants historiques, depuis le génocide en Indonésie jusqu’aux invasions de l’Irak et de l’Afghanistan, et aujourd’hui une attaque contre « le bilan des droits de l’homme » de l’Equateur dont le véritable crime a été de tenir tête aux voyous de Londres et de Washington.

    Comme si les joyeuses festivités des Jeux Olympiques s’étaient transformées en l’espace d’une nuit en un étalage de férocité colonialiste. Observez l’officier de l’armée britannique devenu reporter de la BBC, Mark Urban, « interviewant » l’ancien apologiste de Blair à Washington, Sir Christopher Meyer en train de beugler devant l’ambassade équatorienne, et regardez les tous les deux exploser d’une indignation réactionnaire contre l’insociable Assange et l’inflexible Rafael Correa pour avoir exposé le système de pouvoir rapace de l’Occident. Un affront similaire est encore tout frais dans les pages du Guardian, qui a conseillé à Hagues d’être « patient » et qu’un assaut contre l’ambassade provoquerait plus de problèmes qu’il n’en résoudrait. Assange n’est pas un réfugié politique, a déclaré the Guardian, parce que « ni la Suède ni la Grande-Bretagne ne déporterait quelqu’un qui risque la torture ou la mort ».

    L’irresponsabilité de cette déclaration est parfaitement dans la lignée du rôle perfide joué par the Guardian dans toute l’affaire Assange. Le journal sait parfaitement que les documents révélés par Wikileaks montrent que la Suède a constamment cédé aux pressions des États-Unis en matière de droits civiques. En décembre 201, le gouvernement suédois a brutalement révoqué le statut de réfugié politique de deux Égyptiens, Ahmed Agiza et Mohammedel-Zari, qui ont été remis à un escadron de la CIA à l’aéroport de Stockholm et « remis » à l’Égypte où ils ont été torturés. Une enquête par le médiateur de la justice suédois a conclu que le gouvernement avait « gravement violé » les droits humains de ces deux hommes. Dans un câble de l’ambassade US de 2009 obtenu par Wikileaks, intitulé « Wikileaks jette la neutralité dans les poubelles de l’histoire », la réputation tant vantée de la neutralité de l’élite suédoise se révèle une arnaque. Un autre câble US révèle que « l’étendue de la coopération [de l’armée et des services de renseignement suédois avec l’OTAN] n’est pas très connue » et devait être tenue secrète « au risque de provoquer des critiques contre le gouvernement ».

    Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a joué un rôle notoire dans le Comité pour la Libération de l’Irak de George W. Bush et entretient des relations étroites avec l’extrême-droite du Parti Républicain. Selon l’ancien procureur en chef suédois, Sven-Erik Alhem, la décision suédoise de demander l’extradition d’Assange sur accusation de « délit sexuel » est « déraisonnable et peu professionnel, ainsi qu’injuste et disproportionnée. » S’étant porté volontaire lui-même pour être interrogé, Assange a été autorisé à quitter la Suède pour Londres où là encore il s’est proposé pour être interrogé. Au mois de mai, lors d’un dernier appel contre l’extradition, la Cour Suprême britannique a rajouté dans la farce en faisant référence à des « charges » qui n’existent pas.

    Le tout a été accompagné d’une campagne virulente contre la personne d’Assange. Une bonne partie de cette campagne est venue du Guardian qui, tel un amoureux éconduit, s’est retourné contre son ancien informateur assiégé, après avoir énormément profité des révélations de Wikileaks. Un livre du Guardian a fait l’objet d’un contrat lucratif à Hollywood et ni Assange ni Wikileaks ne toucheront un centime. Les auteurs, David Leigh et Luke Harding, insultent gratuitement Assange en le qualifiant de « caractère fêlé » et d’« insensible ». Ils ont révélé aussi le mot de passe secret qui avait été confié au journal et qui était censé protéger le fichier informatique qui contenait les câbles US. Le 20 août, Harding se trouvait devant l’ambassade équatorienne, jubilant sur son blog que « Scotland Yard pourrait bien avoir le dernier mot ». Quelle ironie, mais en même temps assez logique, que de constater que l’éditorial du Guardian, qui assène le dernier coup en date contre Assange, s’inspire de la presse (à scandale – NdT) de Murdoch en surenchérissant de manière prévisible dans la bigoterie. Au temps pour Leveson, le Hackgate et tous les discours sur le journalisme respectable et indépendant et qui n’auront duré qu’un temps.

    Ce sont les assaillants d’Assange qui révèlent toute l’étendue de la persécution dont il fait l’objet. Accusé d’aucun crime, il n’est donc pas un fugitif de la justice. Les pièces versées au dossier, dont les textos envoyés par les femmes impliquées, démontrent à toute personne douée d’un minimum de raison toute l’absurdité des accusations de viol – accusations qui ont pratiquement été totalement écartées par la procureure en chef de Stockholm, Eva Finne, avant que n’intervienne un politicien, Claes Borgström. Au cours des auditions préliminaires de Bradley Manning, un enquêteur de l’armée US a confirmé que le FBI ciblait secrètement « les fondateurs, propriétaires ou dirigeants de Wikileaks » pour espionnage.

    Il y a quatre ans, un document du Pentagon qui est passé pratiquement inaperçu, et révélé par Wikileaks, décrivait comment Wikileaks et Assange allaient être détruits par une campagne de calomnies et un procès intenté pour « crime ». Le 18 août, le (quotidien australien) Syndey Morning Herald a révélé, grâce à des documents officiels obtenus dans le cadre de la loi sur la liberté d’information, que le gouvernement australien a régulièrement reçu la confirmation que les Etats-Unis menaient une persécution « sans précédent » contre Assange mais n’a formulé aucune objection.

    Parmi les motifs invoqués par l’Equateur pour accorder l’asile à Assange, se trouve celui d’avoir été abandonné « par l’état dont il est citoyen ». En 2010, une enquête de la Police Fédérale Australienne a conclu qu’Assange et Wikileaks n’avaient commis aucun délit. Sa persécution est une attaque contre nous tous et contre la liberté.

    John Pilger

    http://www.johnpilger.com/articles/the-pursuit-of-julian-ass...

    Traduction « s’il avait été Russe, on l’appellerait "le célèbre dissident" » par VD avec probablement les fautes et coquilles habituelles