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  • L’OMS et l’Unicef:Solution Finale

    L’OMS et l’Unicef ont stérilisé des populations du tiers monde sous couvert de vaccination

     
         

    Après les scandales qui ont déjà secoué le Mexique, le Nicaragua et les Philippines, l’OMS et l’Unicef sont à nouveau mises en cause au Kenya pour avoir administré des produits stérilisants à l’insu des patients qu’elles prétendaient vacciner contre le tétanos.

    La Conférence épiscopale catholique du Kenya, qui administre de nombreux hôpitaux, a participé à la campagne de vaccination contre le tétanos organisée par l’OMS et l’Unicef en mars et octobre 2014 pour les patients de 14 à 49 ans. Face aux rumeurs qui circulaient, la Conférence épiscopale a demandé au ministre kenyan de la Santé, James Wainaina Macharia, de vérifier la composition des vaccins. Devant son refus, la Commission épiscopale a mandaté le laboratoire AgriQ Quest Ltd pour procéder à des expertises. Les expert ont constaté la présence de 24 à 37,5 % d’hormones beta humaines chorioniques gonadotrophiques (βhCG), une quantité largement suffisante pour provoquer la stérilité des patientes. Le ministre de la Santé a réfuté ces résultats, affirmant qu’il était impossible d’introduire des βhCG dans ces vaccins.

    La Commission parlementaire de la Santé a alors invité le ministère d’une part et la Conférence épiscopale d’autre part à lui présenter leurs travaux. Contrairement aux déclarations antérieures du gouvernement, il s’est avéré que celui-ci n’avait pas testé les vaccins avant leur inoculation. Aussi fournit-il alors 10 échantillons du vaccins qui s’avérèrent négatifs, tandis que la Conférence épiscopale en présenta 9, dont 3 s’avérèrent positifs. Le ministère de la Santé se retira du débat.

    Mgr Paul Kariuki Njiru, évêque d’Embu et président de la Commission de la Santé de la Conférence épiscopale catholique du Kenya, a alors largement communiqué, accusant l’OMS, l’Unicef et le gouvernement kenyan d’avoir délibérément inoculé à leur insu du βhCG à des patientes afin de les stériliser à leur insu.

    Le vaccin du tétanos s’administre en trois prises. Un tiers des doses étaient empoisonnées.

    L’Organisation mondiale de la santé n’a pas souhaité communiquer.

  • France, défends ta viande !

     

    Partie 2/2

     
         

    [Lire la première partie]

     

    Le petit boucher qui va chercher sa vache chez son éleveur, avec pâturages l’été, étable et foin l’hiver, semblait un modèle dépassé, et pourtant, il revient à la lumière : c’est ce que prône Yves-Marie Le Bourdonnec, établi à Asnières, et qui représente la boucherie de pointe. Une race de boucher chic pas si éloignée que ça du petit artisan de province, qui résiste, et qui a raison de résister. En fait, à lui tout seul, Bourdonnec a plus fait en 10 ans de médias pour la filière que toutes les campagnes officielles. Avec son discours énergique, informatif et cohérent, il ne prend pas le consommateur pour un bœuf, et ne fuit pas les problèmes : au contraire, il propose des solutions pragmatiques, parfois douloureuses. Même s’il fait partie des bouchers de luxe (il pratique des prix « au réel »), ses principes sont les mêmes que le vrai boucher à l’ancienne. Et se résument en deux mots : qualité et respect. Certes, la « filière » a fait un gros travail sur la qualité et la transparence, en réponse aux scandales qui l’ont minée. Avec la création des labels (VBF pour viande bovine française, Label rouge, AB), une hiérarchisation des viandes avec un début d’information a diffusé dans le public. Qui, il faut le dire, n’y connaît pas grand-chose. Aimer l’entrecôte ne suffit pas : une entrecôte de quelle vache ? Race à viande ou laitière ? De quel pays, Irlande ou France ? De quel éleveur ? Avec quelles méthodes ? On en arrive à des crus, petits et grands, comme dans le vin.

     

     

    70 % des viandes consommées par le grand public, qui l’ignore, sont issues de races à lait, mixtes et réformées. Les réformées sont ces vieilles vaches, dont on a exploité le lait pendant 8 à 10 ans, tout juste bonnes pour l’abattoir, et qui finissent en steak haché ou viande cuisinée. Nourries à l’hyperprotéine pour surproduire du lait, leur viande est sans saveur. Les mixtes changeant de fonction au cours de leur vie, au bout de 5 ou 6 ans en général. Les connaisseurs préféreront les pures races à viande comme la limousine, la charolaise, la salers, l’aubrac ou la blonde d’Aquitaine. Des bêtes à meilleur « rendement », c’est-à-dire qu’on y taille une quantité supérieure de meilleurs morceaux à griller. Mais au prix multiplié par deux par rapport au système industriel. Le soleil et l’herbe (avec le trèfle qui donne le gras) suffisent à la croissance de vaches « pures » : les bouses fertilisent le sol, pas besoin d’accélérateurs de croissance. Mais ces vaches poussent 6 à 8 mois de plus que les autres, d’où leur prix double.

    L’exemple de l’aubrac, qui a failli disparaître, redonne espoir : une vache à l’hectare dans des prairies permanentes à 1000 mètres d’altitude, broutant des flores riches en oméga 3 (source : Global steak). De l’autre côté de l’Atlantique, les jeunes bovins des feedlots (parcs d’engraissement) sont gavés de résidus de maïs et de pulpe de betterave, très énergétique. Ces vaches américaines prennent 1 à 2 kg par jour (sans oublier l’implant derrière l’oreille, qui diffuse une stéroïde qui augmente la croissance de 25 %, une méthode interdite en Europe), passant en 200 jours de 250 kg à 600 kg ! Un record absolu de rentabilité.

     

     

    Et même si Le Bourdonnec, s’appuyant sur le superbe terroir national, préconise un croisement des races françaises – les Anglais ont deux longueurs génétiques d’avance dans ce domaine –, pour trouver le meilleur rendement, des vaches de qualité supérieure qu’on pourra abattre avant 24 mois au lieu des 48 actuellement, tout en désindustrialisant leur élevage via une alimentation plus saine, il reste décrié : en important le système anglais, il fait figure de traître à la patrie ! Cependant, son discours sans concession, plus raisonnable que les dénonciations négatives habituelles, fait mouche, et des petits.

    Les restaurants à viande se mettent à la page : alors que les menus dépliants avaient l’habitude de communiquer sur les morceaux (le filet, le rosbif) et leur tendreté (chez Hippopotamus), aujourd’hui, on voit apparaître les races et leur élevage. À Paris, la mode du viandard branché fait fureur : du très chic Beef Club aux viandes select du croiseur de races Tim Wilson, fournisseur du Bourdonnec, en passant par la salers d’Hugo Desnoyer (l’autre boucher des stars) chez Bang… À noter que les journalistes du Figaroscope commettent toujours la confusion bœuf/vache. Il s’agit en général bien de vaches, à part le bœuf de Kobe, et de races à viandes.

    Certains éleveurs sont même devenus restaurateurs : Hugo Desnoyer, Boris Leclercq, qui a fondé Chez Boris, avec sa viande suisse Simmental. Les bourses plus modestes – à Paris il faut lâcher 50-60 € pour mâcher de l’extra – iront dans les ateliers, qui vendent des morceaux à emporter ou à griller sur place, une sorte de boucher qui ferait goûter. Là on est dans la relation humaine et le conseil pur. Expérience pilote que tente le groupe Auchan avec le retour du conseil en magasin, grâce à la réintroduction du boucher artisan qui travaille sur carcasses et non sur prêt-à-découper (PAD).

     

     

    Encore moins cher, mais plus haché, coup de pouce mérité à King Marcel, la petite chaîne qui monte en Rhône-Alpes, avec ses employés en bleu de chauffe qui servent de succulents burgers qui n’ont rien à voir avec le MacDo de base, et encore moins avec la viande hachée issue des déchets de découpe recompactés, dite aussi « minerai », matière première de nombreux plats cuisinés industriels, à l’origine du scandale des raviolis, lasagnes et autres hachis parmentier. C’est sur ces produits douteux que les marges sont les plus fortes. Les traders néerlandais excellent dans ce sport qui consiste à réinjecter les sous-produits théoriquement incomestibles dans le circuit commercial.

    « Le scandale des lasagnes Findus – de la sauce bolognaise étiquetée pur bœuf contenant une proportion significative de viande de cheval – fut une leçon de choses sur la malbouffe. Ses origines, ses circuits, sa fabrication, son commerce, ses profits et ses acteurs. Le public a ainsi découvert que, tel le haut-fourneau, il était nourri au « minerai » de viande. Un agrégat de maigre, de gras, de collagène malaxé et congelé par pains de 20 kilos. Le carburant des boulettes, merguez, lasagnes, raviolis ou hachis parmentier industriels. Même les professionnels n’arriveraient pas à démêler le minerai de boeuf de celui de cheval, selon certains menteurs, qui connaissent en revanche la différence de prix entre les deux. La viande arrivait de Roumanie achetée par un trader hollandais, sous-traitée à un trader chypriote, livrée chez Spanghero à Castelnaudary (Aude), réexpédiée à Comigel au Luxembourg et diffusée dans toute l’Europe. L’illustration parfaite de la standardisation et de l’uniformisation de notre assiette. La même viande trafiquée pour tous et partout. » (M le magazine du Monde, du 20 décembre 2013)

    « Sur mes terres le travail se fait tout seul, la vache sert de fertilisant et de faucheuse. » (Food Inc., documentaire)

     

    Fermons ce petit aparté écœurant. La décrue du fast-food à l’américaine laisse place à du vrai hamburger français, avec produits racés et tracés. Ces nouvelles tendances en restauration sont le résultat de la diffusion d’une meilleure connaissance de la viande. Rien n’empêche un amateur d’aller, non pas brûler son RSA pour 500 grammes d’entrecôte de Wagyu (bœuf japonais dont la graisse a pénétré le muscle, donnant ce parfum à la fois unique et violent) à 179 €, mais acheter des morceaux moins nobles mais tout à fait goûteux, comme le paleron, à condition d’être paré par le boucher (dénervé et dégraissé). La plupart des bouchers ne savent ou ne veulent pas communiquer sur ces morceaux moins connus, donc moins chers, mais très mangeables. D’ailleurs, un vrai artisan évoquera devant nous la distinction à faire entre « celui qui achète sa bête et celui qui achète le muscle sous vide dans des ateliers découpe ».

    Encore un paradoxe : la viande connaît son heure de gloire en restauration (même si Ducasse la supprime de sa carte au Plaza Athénée), au moment où les médias la déboulonnent. Pour être honnêtes, c’est la viande d’excellence qui fait fureur sur les bonnes tables, tandis que les médias attaquent la médiocrité à tous points de vue (goût trafiqué ou formaté, opacité des origines et des injections) de la viande bas de gamme. Ce avec quoi les éleveurs, bouchers et restaurateurs réformistes sont d’accord. Comme souvent, tout est question d’argent. C’est d’ailleurs ce qui a motivé la colère, quasi-récurrente, des éleveurs dans les années 2010. Afin de satisfaire aux nouvelles exigences en matière de sécurité alimentaire, ces derniers, qui sont aussi nombreux que modestes, en revenus (c’est le plus bas revenu agricole, avec 10 000 € par an, trois fois moins qu’un exploitant céréalier) et en nombre de bêtes, ont voulu augmenter leurs prix, mais la grande distribution n’a pas suivi. Pour cette dernière, et son client sacré, seul le prix (bas) compte. Les éleveurs locaux ont alors attaqué des hypermarchés, et des abattoirs, car les grandes et moyennes surfaces (GMS) se fournissent directement en carcasses à l’abattoir, sans toujours s’arrêter sur les provenances. Ils voulaient vérifier si ces acheteurs n’avaient pas dans leurs frigos de viande un peu trop allemande, ces jeunes bovins (JB) sans goût mais pas chers… Ce sont les commerçants, malgré le soutien en faveur des éleveurs des ministres successifs de l’Agriculture (soucieux de leur réélection locale en tant que futurs députés ?), qui auront le dernier mot : le prix de la viande de base, à l’image du pain, doit rester bas.

     

    L’ancien ministre de l’agriculture Bruno Le Maire : « Si vous démantelez la politique agricole commune vous ne permettrez plus à un seul agriculteur de survivre en France…. 70 % des exploitations agricoles disparaîtraient en quelques années. » (Le Grand Journal de Canal+, 22 février 2011)

     

    Alors, quel avenir pour le petit éleveur, ou même l’éleveur moyen, quand la distribution devrait lui acheter son kilo de viande (d’une bête de 5 ans) à 6 €, alors que le kilo de vache de réforme dite industrielle (les vieilles vaches à lait passées dans la broyeuse) culminent à 3 € (revendues en magasin 6 € le kilo brut), sachant que les Allemands vendent du bovin encore moins cher abattu à tout juste 24 mois, en payant 4 à 5 € de l’heure leurs ouvriers roumains ou polonais… Un avenir sombre, avec une seule porte de sortie : la refonte qualitative. On met de côté le steak conçu en laboratoire par culture de tissus à 250 000 €, son goût chimique et ses impulsions électriques pour simuler le sport, qui ne remplacera pas l’autre avant longtemps. La qualité dans une filière courte, ce que prônent les néo-bouchers, ces tenants pas forcément écolos radicaux du « produire local, consommer local ». Qui devient un argument d’achat imparable, une sorte de « viande équitable » à la française ! Car aider Pedro, le petit paysan du Pérou, en achetant un peu plus cher son chocolat, c’est bien ; mais acheter de la bonne viande française locale à Raymond, c’est très bien aussi. Encourager la production indépendante en délaissant la médiocrité industrielle à bas prix, voici un début de réponse. En termes de budget, cela équivaut à de la viande moins fréquemment, mais meilleure à tous points de vue : pour le consommateur, pour le producteur, et pour la nature. Tout ça avec un peu d’information. C’est jouable, non ?

    Caroline Chenet, vice-présidente de l’association Phyto-Victimes : 

    « On a traité leurs grands-pères de bouseux, eux ont été considérés comme plus modernes avec la mécanisation et la chimie, ils ont pu enfin participer à la société de progrès, voir leurs conditions de vie améliorées et aujourd’hui, le monde urbain commence à les traiter de pollueurs, d’assassins. » (M le magazine du Monde, 21 février 2014)

     

    C’est d’ailleurs ce que prône plus à l’échelle de la planète Olivier De Schutter, auteur d’un rapport sur l’alimentation mondiale pour les Nations unies : limiter la dépendance à l’agro-industrie pour développer l’agro-écologie. Concrètement, réduire les intrants intensifs (engrais et pesticides, dont la France est l’une des premières consommatrices en Europe) du productivisme destructeur. Il recommande, dans les pays pauvres (c’est valable chez nous), de reconstituer l’agriculture familiale, celle des circuits courts, seule à même de palier la pauvreté rurale.

    Notre système d’élevage est cher, et dépassé : sans aide, la majorité des exploitations mourraient. Le régime céréalier enchaîne l’éleveur aux aléas du marché de cette matière première qu’est devenue la céréale destinée à l’animal, et donc aux subventions bruxelloise (10 milliards d’euros pour l’agriculture française en 2013) et élyséenne. Sans oublier le système de cotation Europ, qui conduit à des sur-cotations et des sous-cotations déséquilibrantes. La France, qui produisait 110 % de sa consommation il y a 30 ans, n’en produit plus que 70 aujourd’hui. L’éleveur est mal payé, et le consommateur de base hérite d’une viande importée abordable, mais de piètre qualité. Le prix plancher entraîne la qualité vers le bas, tout le monde y perd. Sauf l’intermédiaire. Voilà pourquoi les Français se jettent sur le poulet, et consomment de plus en plus de « produits » de l’aquaculture, dont les ventes en volume approchent déjà celles du bœuf. Le poisson d’élevage étant du point de vue de son alimentation dix fois plus rentable que le bœuf.

     

    Dans le genre hyper-rentable, le criquet est imbattable : il transforme 2 kg de nourriture en 1 kg de viande. Cinq fois mieux que le bœuf, qui a besoin de 10 kg d’aliments pour produire 1 kg de viande. Les larves d’insectes comportant 40 % de protéines, contre 20 pour le poulet et 18 pour le bœuf.

     

    Le végétarisme : solution radicale ?

     

    Le 2 décembre 1992 sort La Crise, le film de Coline Serreau. 2 350 000 entrées, et une scène visionnaire entre le député socialiste embourgeoisé, son épouse et ses deux adolescents…

    Le fils : « On a jeté le foie gras, parce que c’est le foie toxique et malade d’un animal qu’on a torturé, on a jeté la côte de bœuf parce que les bœufs ils sont piqués aux antibiotiques et aux hormones et ils mangent que des pilules chimiques…

    La fille : Si vous voulez mourir à 50 ans de sclérose en plaques, de cancer ou de crise cardiaque c’est votre problème mais nous on mangera plus comme ça pasqu’on veut pas vivre comme des bêtes malades, on veut vivre longtemps et en bonne santé !

    La mère coincée : Mais vous êtes complètement, complètement fous !

    Le père à son fils : Tu es un idéaliste c’est très bien. Mais il y a des réalités économiques derrière la pollution : il y a des éleveurs, il y a la concurrence !

    La fille : Et alors ? Faudrait tous qu’on s’intoxique pour que les éleveurs puissent continuer à se faire du fric sur le dos de la santé des gens et surtout qu’ils continuent à voter pour toi ? Mais qu’ils crèvent les éleveurs, et leur viande pourrie, ben qu’ils se la gardent ! Et si demain les gens comprennent que la viande c’est mauvais qu’ils arrêtent d’en acheter eh ben les éleveurs ils arrêteront d’élever, ils cultiveront des céréales à la place. Et si toi t’es pas réélu, eh ben peut-être que tu commenceras à t’intéresser à ce qui est bon pour les gens et pas seulement ce qui est bon pour toi ! »

     

     

    Il y a une seconde solution, crient les amis de la Terre et des animaux : plus de viande du tout ! Si dans les années 70 le végétarisme – devenu veganisme – était associé à une marginalité romantique, aujourd’hui, c’est beaucoup plus sérieux. Sociologues, philosophes, journalistes et écrivains appuient les thèses qui commencent à faire vaciller les tenants du tout-viande et les professionnels du secteur.

    Florence Burgat, philosophe devenue végétarienne :

    « Tant que l’homme mangera les animaux, rien ne pourra changer dans sa conduite envers les autres hommes. On ne peut pas éduquer à la non-violence envers son prochain quand des espèces très proches de nous restent tuables. » (Le Monde, 27 décembre 2014)

    L’association de défense animale L214 (en souvenir de la loi du 30 octobre 2014 qui reconnaît dans les animaux des « êtres vivants doués de sensibilité ») se sert de la souffrance animale et de l’ambiance atroce des abattoirs pour promouvoir son mouvement, et faire pression sur les pouvoirs publics. Le mouvement antiviande, constellation bigarrée qui va des sympathisants soumis à la mode du moment aux activistes radicaux (les eco-warriors britanniques partisans d’opérations coup de poing), fonctionne désormais sur un ressort moral et politique, avec des arguments sanitaires et environnementaux. En France ce mouvement ne dépasse pas 5 % de la population, et encore, on parle de végétariens non-ultra, comme les végétaliens. C’est le livre de Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ?, qui a mis le feu aux poudres végétariennes de l’autre côté de l’Atlantique. L’historien américain Charles Patterson ira, lui, jusqu’à comparer le massacre des animaux à celui des juifs dans Un éternel Treblinka (Calmann-Lévy, 2008) ! À ceci près, et sans faire d’humour macabre, que les nazis ne mangeaient pas leurs victimes.

     

    Un léopard ouvre une boucherie…

     

    Les trois-quarts des végétariens invoquent la souffrance animale comme raison de leur choix alimentaire. L’argument sanitaire, largement évoqué, vient juste derrière l’argument moral. Même si on ne peut pas écarter la motivation amaigrissante de nouveaux bataillons de femmes, pas insensibles à une méthode qui joint l’utile à l’agréable… et qui ne coûte pas cher.

    « Le problème éthique majeur aujourd’hui, ce n’est pas celui de la consommation de viande. C’est l’ignominie de l’élevage industriel. Il y a une dégradation non seulement de l’animal mais aussi de l’humain à travers ces pratiques. » (Dominique Lestel, philosophe et éthologue à Normale sup, auteur de livres sur l’animal, et aussi d’une étonnante Apologie du carnivore, chez Fayard, 2011)

    Le documentaire Food, Inc. se termine par une sorte de prière : « Encouragez les entreprises qui respectent les travailleurs, les animaux et l’environnement. » Les nouveaux agriculteurs prônent la production – et donc la consommation – d’aliments nutritifs, non-altérés, et qui protègent des maladies. Quand on y pense, il y a un terrain commun entre amateurs de viande éclairés et végétariens non-extrémistes : le refus de l’animal-machine (machine à lait ou à viande), de l’animal-marchandise.

    Conscients de la situation, les « démocrates » compatibles des deux camps se retrouveront peut-être sur une consommation de viande plus sage, non-violente, et plus durable.

  • "Charlie" et l’Afrique"

    "Charlie" et l’Afrique : témoignage d’un général français de retour du Mali

     
         

    Je viens de rentrer d’une semaine à Bamako, où j’ai travaillé avec des Maliens, des Nigériens et des Mauritaniens, sur des questions de lutte anti-terrorisme. J’étais accompagné là-bas par une collègue belge et un collègue espagnol.

    Dans le petit hôtel « le Campagnard », où nous étions logés et où se déroulaient nos réunions, la télévision, comme souvent en Afrique était allumée toute la journée. La chaîne France 24, chaîne chargée de faire connaître le rayonnement de la France, diffusait plusieurs fois par jour, un petit clip d’une minute où l’on pouvait voir toute une succession de personnes, de toutes origines ethniques, portant une pancarte « Je suis Charlie ». À la fin, ça devenait énervant, même pour moi. Cela l’était encore plus pour mes amis africains. Depuis la parution du dernier numéro de Charlie Hebdo, vendu à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires, à des collectionneurs opportunistes et à des gens sincères, encore sous le coup de l’émotion, les Musulmans d’Afrique noire sont de moins en moins Charlie et de plus en plus Coulibaly.

    Ils ne sont pas pour autant complices des djihadistes, dont ils subissent tous les jours les atrocités, dans l’indifférence générale de tous les Charlies, partis depuis en vacances de neige, mais ils n’aiment pas que l’on se moque de leur Prophète.

    Évidemment, ils ne sont pas assez développés, ni instruits, ni tolérants, pour apprécier à leur juste valeur les subtilités de la laïcité à la française, de la liberté d’expression et du droit au blasphème germanopratin. Moi non plus d’ailleurs, mais c’est normal étant donné que j’ai passé toute ma vie à essayer, comme « l’adjudant Kronenbourg, soldat à la solde du grand capital » [personnage de Cabu, NDLR], de défendre mon pays et de permettre à ceux de Charlie, qui au fond, me haïssaient, de le faire en toute liberté.

    Il n’empêche que grâce à tous ces bien-pensants, les trois abrutis qui ont assassiné les journalistes de Charlie Hebdo, puis les clients du magasin casher de la porte de Vincennes, ont atteint leur but au-delà de tout ce qu’ils avaient pu imaginer dans leurs petites têtes de crapules, rattrapées par la foi.

    Le chef d’état du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, doit, rappelons-le, son élection à l’appui du Président du Haut Conseil Islamique de son pays, l’Imam wahhabite Mahmoud Dicko. Il a, je suppose, dû être fortement convaincu de venir à Paris le 11 janvier, pour manifester sa solidarité au nom de ce qu’il doit à la France et à ses amis socialistes. Il est désormais complétement discrédité. Son peuple, depuis la parution du dernier Charlie, lui reproche sa complicité avec les blasphémateurs.

    France 24 le lui rappelle toutes les deux heures.

    Le chef d’État du Niger, Mahamadou Issoufou, de la même obédience, et en difficulté face à son opposition, mais aussi face à la menace venant de Libye, du Mali et de Boko Haram, a également dû être convaincu par les conseillers de l’Élysée qu’il serait bien qu’il vienne aussi défiler à Paris. Que pourrait-il refuser à Paris dans la situation où il se trouve ? Manque de chance, depuis la sortie de la dernière caricature du Prophète, son peuple l’assimile aux blasphémateurs, aux chrétiens, aux Blancs, aux Occidentaux, donc aux Français. Le peuple a d’ailleurs réagi plus violemment qu’au Mali. Les manifestations ont fait plus de dix morts, tous musulmans. 25 églises ont été détruites, le centre culturel français de Zinder également, ainsi que le restaurant « Le Toulousain » de Niamey. C’est dans ce petit restaurant, tenu par un Français, qu’avaient été enlevés, par les djihadistes en janvier 2011, deux jeunes Français retrouvés morts le lendemain par nos forces spéciales, près de la frontière malienne. Au Niger aussi, France 24 rappelle toutes les deux heures que nous sommes Charlie.

    Et deux de chute, Messieurs les Présidents.

    Dans la rue à Bamako, certains vous disent qu’ils sont Coulibaly. Il faut dire que ce patronyme est plus courant là-bas que celui de Charlie.

    Coulibaly de France, tu n’es pas mort pour rien.

    Ma collègue Belge, qui s’était aventurée de l’autre côté de la rue, devant l’Institut National de Formation Judiciaire de Bamako, où un certain Moussa Coulibaly (encore un) avait fort bien organisé une formation sur « les menaces terroristes pesant sur le Sahel et les moyens d’y faire face », avec notre appui, a été prise à partie par un septuagénaire en boubou, affichant une belle barbe blanche de notable. Ce dernier s’est proposé à deux fois de la gifler, la prenant pour une Française. Il déclarait avoir servi dans l’armée française, et reprochait à notre pays de tout manipuler au Mali, et en particulier son Président, qu’il qualifiait de marionnette. Il lui a annoncé que tout cela finirait très mal pour nous. C’est la première fois, en 45 ans de fréquentation de l’Afrique noire, que je constate ce type de menace, surtout de la part d’un vieil homme qui n’avait rien d’un fou, et s’exprimait très clairement.

    Bravo Charlie.

    J’ai longuement discuté avec un officier de gendarmerie nigérien, amoureux de la France et des philosophes français. Comme musulman, il ne comprenait pas que l’on puisse continuer à soutenir ceux qui avaient humilié son prophète. Il sortait de cette affaire très admiratif des Américains, qui avaient refusé de montrer à la télévision la caricature du dernier Charlie.

    Merci France 24.

    J’ai également longuement discuté avec un serveur de mon petit hôtel. Il était licencié en histoire et avait passé plusieurs années en Côte-d’Ivoire, où il connaissait très bien tous les anciens petits chefs rebelles, désormais au pouvoir. Il ne m’a pas vraiment dit ce qu’il avait fait là-bas. Il avait renoncé à trouver un poste dans l’éducation nationale malienne, ou dans une autre administration, car la corruption est telle qu’il est impossible pour un pauvre gars comme lui de pouvoir être retenu. Il a conclu son propos en disant que son seul recours désormais était Dieu (lire Allah). D’après l’officier de gendarmerie nigérien, cet homme est mur pour basculer.

    Encore un effort Charlie.

    Un officier de gendarmerie français m’a dit qu’il avait demandé aux deux femmes qui travaillent à son domicile de venir désormais voilées, car on leur avait lancé des cailloux pour les punir de travailler chez lui.

    Bravo la France.

    J’ai aussi rencontré un officier français à la retraite, installé au Mali depuis plus de vingt ans, marié à une Malienne, et qui m’a confié que sa femme, musulmane, avec laquelle il avait deux enfants, chrétiens, passait, depuis peu, beaucoup plus de temps à faire ses prières.

    Continue, Charlie.

    Ils croient tous là-bas que nous sommes Charlie. Du coup ils sont de plus en plus Coulibaly et en arrivent à admirer les Américains. C’est un comble.

    Bref, j’ai passé une excellente semaine.

    Merci pour ce moment.

    Michel Joana
  • Biopiraterie

    Biopiraterie : comment des entreprises privées menacent de s’approprier des semences et des plantes

     
         

    Aider les chercheurs à cataloguer des semences, et se retrouver ensuite privés du droit de les planter : c’est la menace qui pèse sur les paysans français. Des entreprises privées nouent des partenariats avec des instituts de recherche publique pour collecter des graines dans les champs des éleveurs et des cultivateurs. Puis déposent des brevets, qui privatisent l’utilisation future de ces plantes et de leurs vertus, grâce à des failles réglementaires qui permettent aux multinationales de s’accaparer la biodiversité. « Aujourd’hui, un paysan qui partage ses ressources génétiques avec la recherche n’est plus protégé », dénonce la Confédération paysanne. Enquête sur ces nouveaux risques de biopiraterie.

    « On veut mutualiser nos semences, pas se les faire voler ! Non aux brevets sur le vivant ! ». Déguisés en bagnards, boulets aux pieds, une dizaine de paysans déambulent dans les allées du Salon de l’agriculture ce 23 février. Direction, le stand de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Pourquoi cet institut de recherche est-il dans la ligne de mire de la Confédération paysanne ? Tout a commencé par un banal coup de fil. Jean-Marc Arranz, animateur à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques, est contacté au printemps 2014 par un centre de ressources génétiques (CRG), basé à Lusignan en Poitou-Charentes. Il a déjà entendu parler de cette « banque publique de graines » rattachée à l’Inra. Ce centre collecte, répertorie et stocke des échantillons de plantes et de graines. Ses chercheurs s’intéressent justement aux semences pyrénéennes et « souhaitaient discuter des modalités d’une collecte de graines chez des éleveurs », explique Jean-Marc Arranz.

    Les éleveurs donnent leur accord sur le principe, mais certains s’inquiètent d’un risque de biopiraterie : quelles sont les garanties que, suite à la collecte de l’Inra, des entreprises privées ne brevettent les caractéristiques des plantes identifiées qui deviendront ainsi leur propriété ? « Nous ne voulons pas nous retrouver dans la situation des éleveurs en Italie : il y a eu un prélèvement de trèfle dans la montagne et des entreprises sont venues ensuite réclamer des royalties aux paysans. C’est ce qui s’est aussi passé pour le riz basmati en Inde », craint Pascale Rey, éleveuse laitière installée en vallée d’Aspe. Une discussion s’engage entre les éleveurs de la Chambre d’agriculture et le CRG. Rapidement, l’échange bute sur quelques détails pour le moins... épineux.

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  • Dieudonné et Liberté d'expression

    Art Spiegelman défend la liberté d’expression de Dieudonné

     
         

    Dans un entretien donné en janvier dernier à l’hebdomadaire allemand Die Zeit, le célèbre dessinateur Art Spiegelman a estimé que le deux poids, deux mesures entre Dieudonné et Charlie Hebdo était absurde et que l’humoriste devait pouvoir s’exprimer librement.

    « En France, il est parfaitement normal de se moquer de Mahomet, Jésus, le pape, les rabbins ou les prêtres […] Mais il y a des frontières en France – et, sans vous en apercevoir, vous vous retrouvez face à une contradiction hypocrite. Le blasphème est dans l’ordre des choses, mais dès que vous dites quelque chose d’antisémite… […]

    L’exemple frappant est le comédien Dieudonné, qui a été arrêté parce qu’il s’est moqué des victimes des attentats […] Si je devais censurer quelqu’un, ce serait lui. Mais la réaction rationnelle à cette situation devrait être différente, je ne vais pas aller manger au restaurant avec ce gars, je vais réfuter ses opinions à chaque occasion. Mais bien sûr, il a le droit de les exprimer. Mais il ne peut pas en France, car il y a des lois contre les discours de haine, comme en Allemagne.

    Dieudonné est dangereux, et des mesures doivent être prises contre lui. Mais ce qui se passe actuellement est absurde. Et surtout contre-productif. […] Même moi, en tant qu’enfant de survivants de l’Holocauste, je ne peux pas comprendre ce deux poids, deux mesures [1]. […] Ce que la France est en train de faire est très stupide. »

    Des déclarations qui pourraient donc laisser entendre que les lois mémorielles comme la loi Fabius-Gayssot devraient être abolies, pour laisser place à un débat qui permettrait de « réfuter » les thèses les plus fallacieuses. Cet entretien n’a pas choqué outre-Rhin, le quotidien Die Welt (24 février 2015) ayant même titré, sans ironie : « Bien sûr que nous pouvons nier l’Holocauste ! », dans un article relatant l’entretien donné par Spiegelman au Zeit.

    Au cours de cet entretien, Art Spiegelman a également estimé que « la France est en train de faire les mêmes erreurs que l’Amérique dans l’après-11 Septembre ».

    Âgé de 67 ans, Art Spiegelman est mondialement connue pour la bande dessinée Maus, réalisée dans les années 1970 et 80. Cette œuvre majeure du répertoire de la Shoah, où les Nazis sont représentés en chats et les juifs en souris, a notamment obtenu le prix Pulitzer en 1992. Le dessinateur new-yorkais s’est déjà manifesté par des œuvres non-conformistes, comme ce dessin paru dans The New Yorker le 15 mars 1999 :

     

    Notes

    [1] Phrase originale : « Selbst ich, als Kind von Holocaustüberlebenden, kann dieses Messen mit zweierlei Maß nicht richtig verstehen. »